The Writings of Maria Valtorta

625. Apparition aux disciples d’Emmaüs.

625. Jesus appears to the disciples of Emmaus.

625.1

Sur une route montueuse, deux hommes entre deux âges marchent rapidement en tournant le dos à Jérusalem, dont les hauteurs disparaissent de plus en plus derrière les autres qui se suivent, avec de continuelles ondulations de sommets et de vallées.

Ils discutent. Le plus âgé dit à l’autre, qui peut avoir trente-cinq ans tout au plus :

« Il te faut croire que nous faisons bien d’agir ainsi. J’ai une famille et toi aussi. Le Temple ne plaisante pas. Il veut vraiment en finir. A-t-il raison ? A-t-il tort ? Je l’ignore. Je sais qu’il a l’intention bien claire d’en finir pour toujours avec cela.

– Avec ce crime, Simon. Donne-lui son vrai nom, parce que c’est au moins un crime.

– Cela dépend. L’amour nous fait bouillir contre le Sanhédrin. Mais peut-être… qui sait !

– Rien. L’amour éclaire. Il ne porte pas à l’erreur.

– Le Sanhédrin, les prêtres et les chefs aiment eux aussi. Ils aiment Yahvé, Celui qu’Israël tout entier a aimé depuis que l’alliance a été conclue entre Dieu et les Patriarches. Alors, pour eux aussi, l’amour est lumière et ne porte pas l’erreur !

– Ce n’est pas de l’amour pour le Seigneur qu’ils éprouvent. Oui, Israël a cette foi depuis des siècles. Mais dis-moi : peux-tu m’assurer que la foi que nous transmettent les chefs du Temple, les pharisiens, les scribes et les prêtres en est encore réellement une ? Tu vois bien… Avec l’or consacré au Seigneur on le savait déjà, ou du moins on soupçonnait que cela arrivait ; avec l’or consacré au Seigneur, ils ont payé le traître, et maintenant ils soudoient les gardes. Le premier pour qu’il trahisse le Christ, les seconds pour qu’ils mentent. Vraiment, je ne sais pas comment la Puissance éternelle s’est bornée à secouer les murs et à déchirer le Voile ! Je t’assure que j’aurais voulu que ces nouveaux Philistins soient ensevelis[1] sous les décombres. Tous !

– Cléophas ! Tu aurais été habité par un esprit de vengeance !

– Oui ! Car, même si l’on admet que Jésus n’était qu’un prophète, est-il permis de tuer un innocent ? Car il était innocent ! L’as-tu jamais vu commettre un seul des crimes dont on l’a accusé pour le tuer ?

– Non. Aucun.

625.2

Pourtant, il a fait une erreur.

– Laquelle, Simon ?

– Il n’a pas manifesté sa puissance du haut de la croix, pour confirmer notre foi et punir les incrédules sacrilèges. Il aurait dû relever le défi et descendre de la croix.

– Il a fait davantage. Il est ressuscité.

– Est-ce que c’est vrai ? Ressuscité comment ? Avec son seul esprit, ou avec l’esprit et la chair ?

– Mais l’esprit est éternel ! Il n’a pas besoin de ressusciter ! s’exclame Cléophas.

– Je le sais bien. Je voulais dire : s’il est ressuscité uniquement avec sa nature de Dieu, supérieure à tous les pièges humains. Car maintenant son esprit a connu les embûches par la terreur de l’homme. Tu as entendu, hein ? Marc raconte qu’à Gethsémani, où Jésus était allé prier contre un rocher, il y avait du sang partout. Et Jean, qui a parlé avec Marc, lui a dit : “ Ne laisse pas piétiner cet endroit, car il y a du sang sué par l’Homme-Dieu. ” S’il a sué du sang avant d’être torturé, quelle a dû être sa terreur !

– Notre pauvre Maître !… »

Attristés, ils se taisent.

625.3

Jésus les rejoint et les interroge :

« De qui parliez-vous ? Dans le silence, j’entendais vos paroles par intervalles. Qui a été tué ? »

C’est un Jésus voilé sous l’apparence modeste d’un pauvre voyageur pressé.

Les deux hommes ne le reconnaissent pas.

« Tu es d’ailleurs, homme ? Tu ne t’es pas arrêté à Jérusalem ? Ton vêtement poussiéreux et tes sandales en piteux état nous paraissent appartenir à un inlassable pèlerin.

– Je le suis. Je viens de très loin…

– Tu dois être fatigué, alors. Et tu vas loin ?

– Très loin. Plus loin encore que de l’endroit d’où j’arrive.

– Tu fais du commerce ? Des marchés ?

– Je dois acquérir une quantité infinie de troupeaux pour le plus grand Seigneur. Je dois faire le tour du monde pour choisir des brebis et des agneaux, et descendre même parmi les troupeaux sauvages qui, quand ils seront rendus domestiques, deviendront meilleurs que ceux qui maintenant ne sont pas sauvages.

– Travail difficile… Et tu as continué ta route sans t’arrêter à Jérusalem ?

– Pourquoi demandez-vous cela ?

– Parce que toi seul sembles ignorer ce qui s’est passé ces jours-ci.

– Qu’est-il arrivé ?

– Tu viens de loin, et c’est vraisemblablement la raison pour laquelle tu l’ignores. Pourtant, tu as l’accent galiléen. Aussi, même si tu es serviteur d’un roi étranger ou fils de Galiléens expatriés, tu dois savoir, si tu es circoncis, que depuis trois ans un grand prophète du nom de Jésus de Nazareth s’est levé dans notre patrie. Il était puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant les hommes. Il a traversé le pays en tout sens en prêchant. Il disait être le Messie. Ses paroles et ses œuvres étaient réellement celles du Fils de Dieu, comme il disait l’être. Mais seulement du Fils de Dieu. Tout Ciel… Maintenant, tu sais pourquoi…

625.4

Mais es-tu circoncis ?

– Je suis premier-né et consacré au Seigneur.

– Alors tu connais notre religion ?

– Je n’en ignore pas une syllabe. Je connais les préceptes et les usages. La halakha, le midrash et la haggadah me sont connus comme les éléments de l’air, de l’eau, du feu et de la lumière qui sont les premiers vers lesquels tend l’intelligence, l’instinct, les besoins d’un nouveau-né.

– Alors tu sais qu’Israël a eu la promesse du Messie, mais comme d’un roi puissant qui aurait rassemblé Israël. Celui-ci, au contraire, n’était pas ainsi…

– Comment donc ?

– Lui ne visait pas un pouvoir terrestre. Mais c’était d’un royaume éternel et spirituel qu’il se disait roi. Lui n’a pas rassemblé, mais au contraire a divisé Israël, qui est maintenant partagé entre ceux qui croient en lui et ceux qui le prétendent malfaiteur. En vérité, il n’avait pas l’étoffe d’un roi, car il ne voulait que douceur et pardon. Or comment dominer et vaincre avec de telles armes ?

– Et alors ?

– Alors les chefs des prêtres et les Anciens d’Israël l’ont pris et l’ont jugé passible de mort… en l’accusant, à vrai dire, de fautes qu’il n’avait pas commises. En fait, sa faute était d’être trop bon et trop sévère…

– Comment pouvait-il être l’un et l’autre ?

– Il était trop sévère en disant la vérité aux chefs d’Israël, et trop bon pour ne pas accomplir contre eux des miracles de mort, en foudroyant ses injustes ennemis.

– Il était sévère comme Jean-Baptiste ?

– Voilà… je ne saurais… Il faisait de durs reproches, surtout dans les derniers temps, aux scribes et aux pharisiens, et il menaçait ceux du Temple, qu’il disait marqués par la colère de Dieu. A l’inverse, si un pécheur se repentait, et s’il reconnaissait dans son cœur un véritable repentir — car le Nazaréen lisait dans les cœurs mieux qu’un scribe dans le texte —, alors il était plus doux qu’une mère.

– Et Rome a permis qu’on tue un innocent ?

– C’est Pilate qui l’a condamné… Pourtant, il ne le voulait pas et le qualifiait d’homme juste… Mais les Juifs l’ont menacé de l’accuser auprès de César et il a pris peur.

625.5

Bref, il a été condamné à la croix et y est mort ; cela, ajouté à la crainte des membres du Sanhédrin, nous a beaucoup humiliés. Car je suis Cléophas, fils de Cléophas, et lui est Simon. Nous sommes tous les deux d’Emmaüs, et parents, car j’ai épousé sa première fille, et nous étions disciples du Prophète.

– Et maintenant, vous ne l’êtes plus ?

– Nous espérions que ce serait lui qui libérerait Israël et que, par quelque prodige, il confirmerait ses paroles. Au contraire !…

– Quelles étaient ces paroles ?

– Nous te l’avons dit : “ Je suis venu au Royaume de David. Je suis le Roi pacifique ”, et ainsi de suite. Il déclarait : “ Venez au Royaume ”, mais ensuite il ne nous a pas donné le royaume. Il déclarait : “ Le troisième jour je ressusciterai. ” C’est aujourd’hui le troisième jour qu’il est mort, il est même déjà fini, car l’heure de none est passée, or il n’est pas ressuscité. Des femmes et des gardiens disent qu’il est effectivement ressuscité. Mais nous, nous ne l’avons pas vu. Les gardiens prétendent maintenant avoir menti pour justifier le vol du cadavre fait par les disciples du Nazaréen. Mais les disciples !… Nous l’avons tous quitté par peur quand il était vivant… et, évidemment, nous ne l’avons pas dérobé maintenant qu’il est mort. Quant aux femmes… qui se fie à elles ? Nous étions en train de réfléchir à tout cela. Et nous voulions savoir s’il a voulu dire s’il ressusciterait avec l’esprit redevenu divin ou avec sa chair aussi. Les femmes racontent que les anges — car elles disent avoir vu également des anges après le tremblement de terre, et c’est possible, car le vendredi déjà des justes sont sortis de leur tombeau — elles racontent que les anges leur ont expliqué que Jésus est comme s’il n’était jamais mort. Et c’est en effet ainsi que les femmes ont cru le voir. Mais deux de nous, deux chefs, sont allés au tombeau. Et, s’ils l’ont vu vide, comme les femmes l’avait décrit, ils ne l’ont pas vu lui, ni là, ni ailleurs. C’est pour nous une grande tristesse, car nous ne savons plus que penser !

625.6

– Oh ! comme vous êtes sots, comme vous avez du mal à comprendre, et comme vous êtes lents à croire aux paroles des prophètes ! Cela n’avait-il pas été annoncé ? L’erreur d’Israël est d’avoir mal interprété la royauté du Christ. C’est pour cela qu’on ne l’a pas cru. C’est pour cela qu’on l’a craint. C’est pour cela que maintenant vous doutez. En haut, en bas, au Temple et dans les villages, partout on imaginait un roi selon la nature humaine. Contrairement à ce que vous supposiez, dans la pensée de Dieu la reconstruction du royaume d’Israël n’était pas limitée dans le temps, dans l’espace et dans les moyens.

Dans le temps : aucune royauté, même la plus puissante, n’est éternelle. Rappelez-vous les puissants pharaons qui opprimèrent[2] les Hébreux au temps de Moïse. Combien de dynasties ne sont-elles pas finies, dont il ne demeure que les momies sans âme au fond des hypogées secrets ! Et il reste un souvenir, si encore il en reste un de leur pouvoir d’une heure, et encore moins, si on mesure leurs siècles à l’aune du Temps éternel. Ce Royaume est éternel.

Dans l’espace : il était appelé “ Royaume d’Israël ”, parce que c’est d’Israël qu’est venue la souche de l’espèce humaine, et parce qu’en Israël, dirais-je, se trouve la semence de Dieu. C’est pourquoi, sous le nom d’Israël, on entendait : le royaume de ceux qui ont été créés par Dieu. Mais la royauté du Roi Messie ne se borne pas à la petite étendue de la Palestine, elle s’étend du septentrion au midi, de l’orient à l’occident, partout où se trouve un être qui possède une âme dans sa chair, c’est-à-dire partout où il y a un homme. Comment un seul homme aurait-il pu réunir en lui-même tous les peuples ennemis entre eux, et en faire un unique royaume sans répandre des fleuves de sang et les assujettir tous par la cruelle oppression des soldats ? Dans ce cas, comment aurait-il pu être le roi pacifique dont parlent les prophètes ?

Dans les moyens : le moyen humain, comme je viens de le dire, c’est l’oppression. Le moyen spirituel, c’est l’amour. Le premier est toujours limité, car les peuples finissent par se révolter contre l’oppresseur. Le second est infini parce que l’amour est aimé ou, s’il ne l’est pas, il est tourné en dérision. Mais comme c’est une réalité spirituelle, il ne peut jamais être directement attaqué. Et Dieu, l’Infini, veut des moyens qui soient comme lui. Il veut ce qui est infini parce qu’il est éternel : l’esprit, ce qui appartient à l’esprit, ce qui mène à l’Esprit. Voici quelle a été leur erreur : ils se sont fait du Messie une idée erronée dans les moyens et dans la forme.

Quelle est la royauté la plus élevée ? Celle de Dieu, n’est-ce pas ? Donc cet Admirable, cet Emmanuel, ce Saint, ce Germe sublime, ce Fort, ce Père du siècle à venir, ce Prince de la paix, ce Dieu comme Celui dont il vient — car tel il est appelé et tel est le Messie — n’aura-t-il pas une royauté semblable à celle de Celui qui l’a engendré ? Si, il aura une royauté toute spirituelle et éternelle, pure de violence et de sang, ignorante des trahisons et des injustices. Sa Royauté ! Celle que la Bonté éternelle accorde aux pauvres hommes, pour procurer honneur et joie à son Verbe.

625.7

Mais David n’a-t-il pas dit[3] que ce Roi puissant a mis toute chose sous ses pieds pour lui servir d’escabeau ? Isaïe n’a-t-il pas annoncé toute sa Passion et David n’a-t-il pas énuméré, pourrait-on dire, toutes ses tortures ? N’est-il pas écrit qu’il est le Sauveur et le Rédempteur dont l’holocauste sauvera l’homme pécheur ?

N’est-il pas précisé, comme Jonas en est la figure, que pendant trois jours il serait englouti dans le ventre insatiable de la terre, puis en serait expulsé comme le prophète l’a été de la baleine ? Or Jésus n’a-t-il pas dit : “ Le troisième jour après sa destruction, mon Temple, c’est-à-dire mon corps, sera reconstruit par moi (c’est-à-dire par Dieu) ? ” Que vous imaginiez-vous donc ? Qu’il allait relever les ruines du Temple par magie ? Non : il ne s’agissait pas des murs, mais de lui-même. Et Dieu seul pouvait se faire ressusciter lui-même. Il a relevé le véritable Temple : son corps d’Agneau immolé, comme Moïse en reçut l’ordre et la prophétie, pour préparer le “ passage ” de la mort à la Vie, de l’esclavage à la liberté, des hommes fils de Dieu et esclaves de Satan.

“ Comment est-il ressuscité ? ”, vous demandez-vous. Je réponds : il est ressuscité avec sa vraie chair et avec son esprit divin qui l’habite, de même que toute chair mortelle est habitée par l’âme, qui est reine dans le cœur. C’est ainsi qu’il est ressuscité après avoir tout souffert pour tout expier, et pour réparer l’offense primitive ainsi que les offenses infinies que chaque jour l’humanité accomplit. Il est ressuscité comme cela était annoncé sous le voile des prophéties. Venu à son temps, je vous rappelle Daniel, il a été immolé à son temps. Enfin, écoutez et rappelez-le-vous, au temps prédit après sa mort, la ville déicide sera détruite.

625.8

Je vous donne ce conseil : lisez, avec l’âme et non avec une intelligence orgueilleuse, les prophètes, depuis le début du Livre jusqu’aux paroles du Verbe immolé, rappelez-vous le Précurseur qui l’indiquait comme Agneau, rappelez-vous quel était le destin de l’agneau symbolique de Moïse. C’est par ce sang que furent sauvés les premiers-nés d’Israël. C’est par ce sang que seront sauvés les premiers-nés de Dieu, c’est-à-dire ceux qui, par leur bonne volonté, se seront consacrés au Seigneur. Souvenez-vous du psaume messianique de David et du prophète messianique Isaïe, et comprenez-les. Rappelez-vous Daniel, remettez-vous en mémoire, mais en l’élevant de la fange à l’azur céleste, toutes les paroles sur la royauté du Saint de Dieu, et comprenez qu’il ne pouvait vous être donné d’autre signe plus juste, plus fort de cette victoire sur la mort, que cette Résurrection accomplie par lui-même.

Rappelez-vous qu’il aurait été contraire à sa miséricorde et à sa mission de punir du haut de la croix ceux qui l’y avaient mis. Il était encore le Sauveur, même s’il était le Crucifié méprisé et cloué à un gibet ! Crucifiés étaient les membres, mais libres étaient son esprit et sa volonté. Et avec ceux-ci, il a voulu encore attendre pour donner aux pécheurs le temps de croire et d’appeler son sang sur eux, non par des cris blasphématoires, mais par des gémissements de contrition.

625.9

Le voilà donc ressuscité. Il a tout accompli. Il était glorieux avant son incarnation. Il est trois fois glorieux maintenant que, après s’être anéanti pendant tant d’années dans une chair, il s’est immolé lui-même en portant l’obéissance à la perfection, c’est-à-dire en sachant mourir sur une croix pour accomplir la volonté de Dieu. Il est très glorieux avec sa chair glorifiée, à présent qu’il monte au Ciel et entre dans la gloire éternelle, en commençant le Règne qu’Israël n’a pas compris.

C’est à ce Royaume qu’il appelle les tribus du monde, d’une manière plus pressante que jamais, en y mettant tout son amour, toute son autorité. Comme l’ont vu et prévu les justes d’Israël et les prophètes, tous les peuples viendront au Sauveur. Et il n’y aura plus de Juifs ou de Romains, de Scythes ou d’Africains, d’Ibères ou de Celtes, d’Egyptiens ou de Phrygiens. Ce qui est au-delà de l’Euphrate s’unira aux sources du Fleuve éternel. Les Hyperboréens à côté des Numides viendront à son Royaume, les races et les langues disparaîtront. Les coutumes, tout comme les couleurs de peau et de cheveux, n’auront plus lieu d’exister, mais il y aura un peuple infini, resplendissant et pur, une langue unique, un seul amour. Ce sera le Royaume de Dieu, le Royaume des Cieux, avec un Monarque éternel l’Immolé ressuscité — et des sujets éternels ceux qui croient en sa foi. Croyez, pour lui appartenir.

625.10

Voici Emmaüs, mes amis. Je vais plus loin. Il n’est pas accordé de repos au Voyageur qui a tant de route à faire.

– Seigneur, tu es plus instruit qu’un rabbi. Si Jésus n’était pas mort, nous dirions que c’est lui qui nous a parlé. Nous voudrions encore entendre de toi d’autres vérités, et plus développées. Car désormais, nous qui sommes des brebis sans berger, troublées par la tempête de la haine d’Israël, nous ne savons plus comprendre les paroles du Livre. Veux-tu que nous venions avec toi ? Tu nous instruirais encore pour compléter l’œuvre du Maître qui nous a été enlevé.

– Vous l’avez eu si longtemps auprès de vous, et vous n’avez pas su acquérir une instruction complète ? N’est-ce pas une synagogue ?

– Oui. Je suis Cléophas, fils de Cléophas, le chef de la synagogue[4] mort dans la joie d’avoir connu le Messie.

– Et tu n’es pas encore arrivé à croire sans nuage ? Mais ce n’est pas votre faute. Après le Sang, il manque encore le Feu. Ensuite, vous croirez, car vous comprendrez. Adieu.

– Seigneur, déjà le soir approche et le soleil est à son déclin. Tu es las et assoiffé. Entre, et reste avec nous. Tu nous parleras de Dieu pendant que nous partagerons le pain et le sel. »

625.11

Jésus entre et on le sert, avec l’habituelle hospitalité hébraïque, en lui donnant une boisson et de l’eau pour ses pieds fatigués.

Puis ils se mettent à table et les deux hommes le prient d’offrir pour eux la nourriture.

Jésus se lève alors, tenant dans ses mains le pain et, les yeux levés vers le ciel rouge du soir, il rend grâce pour la nourriture puis s’assied. Il rompt le pain et en donne à ses deux hôtes et, ce faisant, il se révèle pour ce qu’il est : le Ressuscité.

Ce n’est pas le Ressuscité resplendissant apparu à ceux qui lui sont le plus cher. Mais c’est un Jésus plein de majesté, aux plaies bien nettes sur ses longues mains : roses rouges sur l’ivoire de la peau. C’est un Jésus bien vivant avec sa chair recomposée, mais bien Dieu aussi par la majesté de son regard et de tout son aspect.

Les deux hommes le reconnaissent et tombent à genoux… Mais lorsqu’ils osent relever la tête, il ne reste de lui que le pain rompu…

Ils le prennent et le baisent. Chacun prend son morceau, l’enveloppe dans un linge et le met comme une relique sur sa poitrine.

Ils disent en pleurant :

« C’était lui ! Et nous ne le reconnaissions pas ! Pourtant, ne sentais-tu pas ton cœur tout brûlant dans ta poitrine pendant qu’il nous parlait et nous expliquait les Ecritures ?

– Si. Et j’ai maintenant l’impression de le voir de nouveau, dans une lumière qui vient du Ciel, la lumière de Dieu. Et je vois que c’est lui le Sauveur.

– Partons. Moi, je ne sens plus la lassitude ni la faim. Allons l’annoncer aux disciples de Jésus, à Jérusalem.

625.12

– Allons-y. Ah ! si mon vieux père avait pu vivre cette heure, comme il s’en serait réjoui !

– Ne dis pas cela ! Il s’en est réjoui plus que nous. Sans le voile dont il s’est servi par pitié pour notre faiblesse charnelle, le juste Cléophas a vu en esprit le Fils de Dieu rentrer au Ciel. Allons ! Allons ! Nous arriverons en pleine nuit mais, si Jésus le veut, il fera en sorte que nous puissions passer. S’il a ouvert les portes de la mort, il pourra bien ouvrir les portes des murs ! Partons ! »

Et dans le couchant entièrement pourpre, ils prennent avec empressement la direction de Jérusalem.

625.1

Along a mountain road two middle-aged men are walking fast turning their backs on Jerusalem, whose mountains are disappearing more and more behind those that follow with uninterrupted undulations of summits and valleys.

They are speaking to each other. The elder one says to the other, who must be about thirty-five years old at most: «Believe me: it was better to do so, I have a family, and you have one, too. The Temple is not joking. They want to have really done with this matter. Are they right? Are they wrong? I don’t know. I know that they clearly intend to put an end to this matter once for all.»

«To this crime, Simon. Give it its right name. Because it is at least a crime.»

«It depends. Love instigates us against the Sanhedrin. But perhaps… who knows!»

«Not at all. Love enlightens. It does not lead to error.»

«Also the Sanhedrin, also the Priests and the Chiefs love. They love Jehovah, Whom all Israel has loved since the agreement was made between God and the Patriarchs. So, love is light also for them and does not lead to error!»

«Their love is not for the Lord. Yes. Israel has been in that Faith for ages. But tell me. Can you say that it is still Faith what the Chiefs of the Temple, the Pharisees, the scribes, the Priests give us? You can see it. With the gold sacred to the Lord – people already knew or at least suspected that it happened – with the gold sacred to the Lord they have paid the Traitor and now they are paying the guards. The former, to make him betray the Christ, the latter to make them lie, Oh! I don’t know how the eternal Power has limited Itself to overthrowing the walls and tearing the Veil! I tell you that I would have liked the new Philistines to have been buried under the ruins. All of them!»

«Cleopas! You would be complete vengeance.»

«I would. Because, let us admit that He was only a prophet, is it legal to kill an innocent? Because He was innocent! Have you ever seen Him commit one of the crimes with which they charged Him to kill Him?»

«No. Not even one.

625.2

But He made one mistake.»

«Which, Simon?»

«He did not show His power from the height of His Cross, to confirm our faith and to punish the incredulous sacrilegious people. He should have accepted the challenge and descended from the Cross.»

«He has done more than that. He has risen from the dead.»

«Is it really true. Risen how? Only with His Spirit or with His Spirit and His Body?»

«But the spirit is eternal! It need not rise!» exclaims Cleopas.

«I know that, too. What I mean is whether He has risen only with His Nature of God, superior to all the snares of man. Because they laid snares to His Spirit through the terror of man. You did hear, didn’t you? Mark said that at Gethsemane, where He went to pray against a rock, there is blood everywhere. And John, who has spoken to Mark, said to him: “Do not let that place be trampled on, because it is Blood sweated by the Man-God”. If He sweated blood before being tortured, He must have been terrified of the torture!»

«Our poor Master!…»

They become silent feeling dejected.

625.3

Jesus joins them and asks: «What were you speaking of? In the silence I could hear your words at intervals. Who has been killed?»

It is a Jesus veiled under the humble appearance of a poor wayfarer who is in a hurry. The two do not recognise Him.

«Have you come from far away, man? Have you not stopped in Jerusalem? Your dusty tunic and your sandals in that state look like those of an indefatigable pilgrim.»

«I am. I have come from very far…»

«So you must be tired. Are you going far?»

«Yes, very far, even farther than the place from which I come.»

«Are you in business? Markets?»

«I have to purchase an enormous number of herds for the greatest Lord. I have to go round the whole world to choose sheep and lambs, and I have to go also among wild herds, which, however, once they have been tamed, will be better than the ones which at present are not wild.»

«Hard work. And have you gone on your way without stopping in Jerusalem?»

«Why do you ask Me?»

«Because you seem to be the only one who is unaware of what happened there these past days.»

«What happened?»

«You have come from afar and therefore perhaps you do not know. And yet your way of speaking is Galilean. So, even if you are the servant of a foreign king or the son of emigrated Galileans, you must know, if you are circumcised, that for three years in our Fatherland a great Prophet had risen, named Jesus of Nazareth, powerful in deeds and in words before God and before men, and He went preaching all over the Country. And He said that He was the Messiah. His words and His deeds were really those of the Son of God, of the Son of God only, as He said He was. All Heaven… Now you know why…

625.4

But are you circumcised?»

«I am the first-born and sacred to the Lord.»

«Then do you know our Religion?»

«I know every syllable of it. I know the precepts and the customs. The Halacha, the midrash and the Haggadah are known to Me like the elements of the air, of the water, of the fire and of the light, that are the first to which tend the intelligence, the instinct and the needs of man, shortly after he is born.»

«Well, in that case you know that Israel was promised the Messiah, but as a powerful king who would re-unite Israel. This one instead was not so…»

«How, then?»

«He did not aim at earthly power. But He said that He was the king of an eternal spiritual kingdom. He did not re-unite, on the contrary He divided Israel, because the country is now divided between those who believe in Him and those who say that He is a criminal. Really, He was not the stuff kings are made of, because He only wanted meekness and forgiveness. And can one subdue and defeat with such weapons?…»

«So?»

«So the Chiefs of the Priests and the Elders of Israel captured Him and sentenced Him to death… charging Him, really, with crimes of which He was not guilty. His only fault was to be too good and too severe…»

«If He was one, how could He be the other?»

«It was possible, because He was too severe in speaking the truth to the Chiefs in Israel and too good in not working miracles of death on them, striking His unjust enemies dead.»

«Was He as severe as the Baptist?»

«Well… I would not know. He used to reproach scribes and Pharisees very severely, particularly recently, and He threatened those of the Temple, as if they were marked by the wrath of God. But if one was a sinner and repented, and He saw true repentance in that heart, because the Nazarene read hearts better than a scribe can read the text, then He was kinder than a mother.»

«And did Rome allow an innocent to be killed?»

«Pilate condemned Him… But he did not want to, and said that He was “just”. But they threatened to report him to Caesar, and he was frightened.

625.5

In short He was condemned to be crucified and He died on the Cross. And that, together with the fear of the members of the Sanhedrin, has greatly disheartened us. Because I am Cleopas, the son of Cleopas, and he is Simon, both from Emmaus, and relatives, because I am the husband of his oldest daughter, and we were disciples of the Prophet.»

«And are you no longer so?»

«We hoped that He would free Israel and also that, by means of a miracle, He would confirm His words. Instead!…»

«What words had He spoken?»

«We have told you: “I have come to the Kingdom of David. I am the peaceful King” and so forth. And He used to say: “Come to the Kingdom”, but, then, He did not give us the kingdom. And He would say: “On the third day I will rise from the dead”. Now this is the third day since He died. And it is even finished, because it is later than the ninth hour, and He has not risen. Some women and guards say that He has risen. But we have not seen Him. The guards now state that they said so to justify the theft of the corpse made by the disciples of the Nazarene. But the disciples!… We all abandoned Him out of fear when He was alive… and we certainly did not steal Him now that He is dead. And the women… who believes them? That is what we were talking about. And we wanted to know whether He intended to say that He would rise only with the Spirit that had become divine again, or also with His body. The women say that the angels – because they say that they saw also angels after the earthquake, and it may be, because on Friday some just people had already appeared out of their sepulchres – they say that the angels said that He is like one who has never died. And in fact that is how the women seemed to see Him. But two of us, two chiefs, went to the Sepulchre. And while they saw it empty, as the women had said, they did not see Him there or anywhere else. And it is a great desolation, because we no longer know what to think!»

625.6

«Oh! how foolish you are and hard to understand! And how slow you are in believing the words of the prophets! And had all that not already been said? The error of Israel is this: they have misinterpreted the regality of the Christ. That is why He was not believed. That is why He was feared. That is why you are now in doubt. In high places, in low ones, in the Temple, in villages, everywhere people thought of a king according to human nature. The reconstruction of the Kingdom of Israel was not limited, in the mind of God, in time, in space and in means, as it was in you.

Not in time: no royalty, even the most powerful one, is eternal. Remember the mighty Pharaohs who oppressed[1] the Jews in the days of Moses. How many dynasties have come to an end, and only soulless mummies remain of them at the bottom of secret hypogea! And a remembrance remains, if even that still remains, of their power of one hour, and even less, if we measure their centuries by the eternal Time. This Kingdom is eternal.

In space. It was called: Kingdom of Israel. Because the stock of the human race came from Israel; because in Israel there is, so to say, the seed of God; and therefore, by saying Israel, it was meant: the kingdom of those created by God. But the regality of the King Messiah is not limited to the small space of Palestine, but it stretches from north to south, from east to west, wherever there is a being with a spirit in its body, that is, wherever there is a man. How could one person alone gather under him all the peoples, hostile to one another, and form only one kingdom, without shedding rivers of blood and subjecting them all by means of cruel oppressions of armed men? So, how could He have been the peaceful king mentioned by the prophets?

In means: the human means, I said, is oppression. The superhuman means is love. The former is always limited, because peoples rebel against the oppressor. The latter is unlimited, because love is loved or, if it is not loved, it is derided. But as it is spiritual, it cannot be attacked directly. And God, the Infinite, wants means to be like Himself. He wants what is not finite, because He is eternal: the spirit; what belongs to the spirit; what leads to the Spirit. That has been the error: that men conceived in their minds a Messianic idea that is wrong in means and form.

Which is the highest regality? God’s. Is it not so? Therefore, this Admirable, this Immanuel, this Holy, this sublime Germ, this Strong, this Father of the future century, this Prince of peace, this God like Him from Whom He comes, because so is He named and so is the Messiah, will He not have a regality like that of Him Who generated Him? Of course, He will! A regality which is completely spiritual and eternal, immune from violence and blood, unaware of betrayals and abuse of power. His Regality! That which the Eternal Goodness bestows also on poor men, to give honour and joy to His Word.

625.7

But did David not say[2] that this powerful King had all things placed under His feet as a footstool? Did Isaiah not narrate all His Passion, and did David not count, one might say, also His tortures? And is it not said that He is the Saviour and Redeemer, Who with His holocaust will save sinful mankind?

And is it not stated, and Jonah is the sign, that for three days He would be swallowed by the insatiable stomach of the Earth, and then He would be ejected as the prophet was by the whale? And was it not said by Him: “My Temple, that is My Body, the third day after being destroyed, will be rebuilt by Me (that is, by God)?” And what did you think? That by magic He would raise the walls of the Temple again? No. Not the walls. But Himself. And God only could make Himself rise from the dead. He has raised the true Temple: His Body of the Lamb. Sacrificed, as Moses received the order and the prophecy, to prepare the “passage” from death to Life, from slavery to freedom, of men, the children of God and slaves of Satan.

How did He rise? you ask each other. I reply: He has risen with His true Body and with His Divine Spirit that dwells in it, as in every mortal body there dwells the soul as queen of the heart. That is how He has risen after suffering everything to expiate everything, and make amends for the primitive Offence and for the countless ones that every day are committed by Mankind. He has risen as it had been said under the veil of the prophecies. He had come at His time, I remind you of Daniel, at His time He was sacrificed. And listen and remember, at the time predicted after His death the deicide town will be destroyed.

625.8

I advice you to do this: read the prophets with your souls, not with proud minds, from the beginning of the Book to the words of the Sacrificed Word; remember the Precursor who indicated Him as the Lamb; recall which was the destiny of the symbolic Mosaic lamb. The first-born of Israel were saved through that blood. Through this Blood the first-born of God will be saved, that is, those who with goodwill have made themselves sacred to the Lord. Remember and understand the Messianic psalm of David and the Messianic prophet Isaiah. Remember Daniel, recall to your minds, but raising these from the filth of the earth to the celestial blue, recall every word on the regality of the Saint of God, and you will understand that no other more just or more strong sign could be given to you than this victory over Death, than this Resurrection accomplished by Himself. Remember that it would have been contrary to His mercy and to His mission to punish from the height of His Cross those who had put Him on it. He was still the Saviour, even if He was the Crucified scoffed at and nailed to a scaffold! His limbs were crucified, but His spirit and will were free. And with the latter He wanted to wait, to give the sinners time to believe and to invoke His Blood on themselves, not with blasphemous cries, but with groans of contrition.

625.9

Now He is risen. He has accomplished everything. Glorious He was before His incarnation. Three times glorious He is now that, having humbled Himself in a body for so many years, He sacrificed Himself, elevating Obedience to the perfection of being able to die on the Cross to do God’s Will. Most glorious, with His glorified Body, now that He ascends to Heaven, and enters into the eternal Glory, beginning the Kingdom that Israel has not understood.

To this Kingdom, in a more and more pressing manner, through the love and the authority of which He is full, He calls the tribes of the world. As foreseen and predicted by the just of Israel and by the prophets, all peoples will come to the Saviour. And there will no longer be Judaeans or Romans, Scythians or Africans, Iberians or Celts, Egyptians or Phrygians. The land beyond the Euphrates will join the springs of the perennial River. The Hyperborians beside the Numidians will come to His Kingdom, and races and languages will fall away. There will no longer be different customs and different colours of skins and hair, but there will be an immense bright pure people, one language only and one love. It will be the Kingdom of God. The Kingdom of Heaven. And eternal Monarch: the Sacrificed Lord Who has risen again from the dead. The eternal subjects: the believers in His Faith. Do believe, in order to belong to it.

625.10

Here is Emmaus, My friends. I am going farther. No stop is granted to the Wayfarer Who has to travel so far.»

«Sir, you are more learned than a rabbi. If He were not dead, we should say that He has spoken to us. We should like to hear some more and wider truths from you. Because now, we are like sheep without a shepherd, upset by the storm of Israel’s hatred, and we are no longer able to understand the words of the Book. Do you want us to come with you? See, you would go on teaching us, completing the work of the Master Who was taken away from us.»

«You have had Him for such a long time and was He not able to complete your instruction? Is this not a synagogue?»

«Yes, it is. I am Cleopas, the son of Cleopas the synagogue[3] Leader who died in the joy of having become acquainted with the Messiah.»

«And have you not succeeded yet in believing with clear firm faith? But it is not your fault. After the Blood, the Fire is still missing. And then you will believe, because you will understand Goodbye.»

«O sir, it is nearly evening and the sun is beginning to set. You are tired and thirsty. Come in. Stay with us. You will speak to us of God, while we share bread and salt.»

625.11

Jesus goes in and they serve Him with the customary Jewish hospitality, offering Him drinks and water for His tired feet.

Then they sit at the table and the two beg Him to offer the food for them.

Jesus stands up holding the bread in the palms of His hands, and raising His eyes to the red sky of the evening, He recites the thanksgiving for the food and sits down. He breaks the bread and gives some to His two guests. And, in doing so, He reveals Himself for what He is: the Risen Lord. He is not the bright Risen Lord Who appeared to the others who are dearer to Him. But He is a Jesus full of majesty, with the wounds very clear in His long Hands: red roses against the ivory of His skin. A Jesus fully alive in His recomposed Body.

But He is also clearly God in the majesty of His eye and of all His aspect.

The two recognise Him and fall on their knees… But when they dare to lift their faces, there is nothing left of Him except the broken bread. They take it and kiss it. Each takes his own piece and after enveloping it in a linen cloth, he puts it, like a relic, on his chest.

They weep saying: «It was He! And we did not recognise Him. And yet did you not feel your heart burn within you while He spoke and explained the Scriptures to us?»

«Yes, I did. And now I seem to see Him again. And in the light coming from Heaven. The light of God. And I see that He is the Saviour.»

625.12

«Let us go. I am no longer hungry or tired. Let us go and tell Jesus’ disciples in Jerusalem.»

«Let us go. Oh! I wish my oId father had enjoyed this hour!»

«Don’t say that! He has enjoyed it more than we have. Without the veils used out of pity for the weakness of our flesh, he, the just Cleopas, with his spirit has seen the Son of God enter heaven again. Let us go! Let us go! We shall arrive at dead of night. But if He so wishes, He will find a way to let us pass. If He has opened the gates of death, He will certainly be able to open those of the walls! Let us go.»

And in the fully purple sunset, they go speedily towards Jerusalem.


Notes

  1. soient ensevelis… comme en Jg 16, 23-30.
  2. les puissants pharaons qui opprimèrent… à commencer par celui dont il est question en Ex 1, 8-22.
  3. David n’a-t-il pas dit dans le Ps 110. Les nombreuses citations de ce chapitre sont déjà accompagnées de notes, auxquelles renvoie l’index thématique à la fin du volume.
  4. Cléophas, le chef de la synagogue, rencontré en 126.1 et au chapitre 140.

Notes

  1. Pharaohs who oppressed… starting from the one of whom is narrated in Exodus 1:8-22.
  2. say in Psalm 110.
  3. Cleopas the synagogue, in chapter 126.1 and in 140.