Los Escritos de Maria Valtorta

136. La fête des Encénies dans la maison de Lazare.

136. En la fiesta de las Encenias, en casa

136.1

La maison de Lazare, déjà superbe en temps normal, est ce soir toute splendeur. Elle semble embrasée par les innombrables lumières qui y brillent et leur clarté ressort à l’extérieur en cette nuit qui commence, débordant des salles dans l’atrium et de là dans le portique, s’allongeant pour revêtir d’or les pierres des sentiers, les plantes et les buissons des parterres, rivalisant avec le clair de lune et en triomphant même pendant les premiers mètres grâce à sa splendeur jaune et charnelle, tandis qu’un peu plus loin le vêtement de pur argent que la lune étend sur toutes choses leur donne un air angélique.

Même le silence qui enveloppe le magnifique jardin, où l’on n’entend que l’arpège du jet d’eau dans le bassin, paraît augmenter la paix recueillie et paradisiaque de la nuit lunaire, pendant que près de la maison, beaucoup de voix joyeuses, accompagnées du glissement familier des meubles qu’on met en place et des nappes qu’on pose sur les tables, rappellent que l’homme est l’homme et pas encore un pur esprit.

Marthe circule rapidement dans son ample vêtement, splendide et pudique, rouge violet ; on dirait une fleur, une belle campanule ou un papillon qui s’agite entre les murs pourpres de l’atrium ou ceux, parés de petits dessins qui rappellent un tapis, de la salle du banquet.

Jésus, de son côté, se promène seul près du bassin, l’air pensif. Il semble absorbé tantôt par l’ombre noire que projette un laurier de grande taille, un vrai géant, tantôt par la lumière phospho­rescente de la lune qui devient de plus en plus nette. Lumière si vive que le jet d’eau du bassin ressemble à un plumet de cristal qui se brise ensuite en éclats de brillants pour retomber et se perdre sur la surface tranquille du petit lac d’argent de la vasque. Jésus regarde et écoute les paroles de l’eau dans la nuit. Elles possèdent un son si musical qu’il réveille un rossignol endormi dans le laurier touffu. Il répond à l’arpège lent des gouttes par un son aigu de flûte, puis s’arrête comme pour prendre le ton et s’accorder à l’eau, enfin il attaque, en vrai roi du chant, son hymne de joie, parfait, varié, plein de douceur, de béatitude.

Jésus ne marche plus pour ne pas troubler par le bruit de ses pas la joie sereine du rossignol, sa propre joie aussi je crois, car il sourit, la tête inclinée, avec ravissement. Le rossignol tient et module par tons ascendants une note très pure. Je me demande comment un si petit gosier arrive ainsi à tenir une telle note. Quand finalement son chant s’arrête, Jésus s’écrie :

« Je te bénis, Père saint, pour cette perfection et pour la joie que tu m’as donnée ! »

Puis il reprend sa marche lente, lourde du poids de je ne sais quelle méditation.

136.2

Simon le Zélote le rejoint :

« Maître, Lazare te prie de venir. Tout est prêt.

– Allons. Et qu’ainsi tombe aussi le dernier doute qu’ils me seraient moins chers à cause de Marie.

– Quel chagrin, Maître ! Seul quelque secret miracle de toi a pu guérir cette douleur. Mais ne sais-tu pas que Lazare a été près de fuir lorsque, à leur retour, elle est sortie de la maison en disant qu’elle abandonnait les tombeaux pour la joie… et d’autres insolences ? Marthe et moi l’avons conjuré de n’en rien faire, aussi parce que… on ne connaît jamais la réaction d’un cœur. S’il l’avait trouvée, je crois qu’il l’aurait punie une fois pour toutes. Ils auraient voulu au moins le silence de sa part à ton sujet…

– Et un miracle immédiat de ma part pour elle. J’aurais pu le faire, mais je ne veux pas de résurrection forcée dans les cœurs. Je forcerai la mort, et elle me rendra sa proie, car je suis le Maître de la mort et de la vie. Mais quand il s’agit des âmes, ce n’est pas une matière inanimée et sans vie, mais ce sont des essences immortelles capables de se redresser par leur propre volonté, si bien que je ne force pas leur résurrection. J’adresse le premier appel et je fournis la première aide, comme quelqu’un qui ouvrirait un tombeau où l’on aurait enfermé une personne encore vivante. Elle y mourrait à la longue si elle restait dans ces ténèbres asphyxiantes, mais j’y laisse entrer l’air et la lumière… et puis j’attends. Si l’âme a la volonté d’en sortir, elle sort. Si elle ne le veut pas, elle s’enténèbre encore plus et s’ensevelit. Mais si elle sort !… Ah ! Si elle sort, en vérité je te dis que personne ne sera plus grand que cette âme ressuscitée ! Seule l’innocence absolue est plus grande que ce mort qui redevient vivant par la force de son propre amour et pour la joie de Dieu… Ce sont là mes plus grands triomphes !

Regarde le ciel, Simon. Tu y vois des étoiles plus ou moins grandes, et des planètes de différentes tailles. Toutes possèdent vie et splendeur grâce à Dieu qui les a faites, mais toutes n’ont pas la même splendeur et la même taille. Dans mon Ciel, également, il en sera ainsi. Tous les rachetés posséderont par moi la vie, et par ma lumière la splendeur. Mais tous n’auront pas une égale splendeur, une égale grandeur. Certains ne seront qu’une simple poussière d’astres, comme celle qui compose la voie lactée. Ceux-là seront les innombrables qui, du Christ, auront eu ou plutôt auront aspiré le minimum indispensable pour n’être pas damnés, et qui parviendront au Ciel uniquement grâce à l’infinie miséricorde de Dieu, après un long purgatoire. D’autres seront plus brillants et plus formés : ce seront les justes qui auront uni leur volonté – note bien, leur volonté, pas leur bonne volonté – à la volonté du Christ et auront obéi à mes paroles pour ne pas être damnés. Puis il y aura les planètes, les volontés bonnes, oh ! D’une splendeur inouïe ! Leur éclat sera celui du diamant pur ou celui des gemmes de diverses couleurs : le rouge du rubis, le violet de l’améthyste, le blond de la topaze, la blancheur éclatante des perles : ceux qui auront fait preuve d’amour jusqu’à en mourir, ceux qui auront embrassé la pénitence par amour, ceux qui auront agi par amour, ceux qui par amour seront restés sans tache.

De plus, parmi ceux que représentent ces planètes – et ce seront mes gloires de Rédempteur –, certains auront en eux la lumière du rubis, de l’améthyste, de la topaze et de la perle parce que tout en eux sera amour. Ils se seront montrés héroïques pour arriver à se faire pardonner de n’avoir pas su aimer plus tôt, pénitents pour s’imprégner d’expiation, de même qu’Esther[1], avant de se présenter à Assuérus, s’imprégna de parfums, infatigables pour faire en peu de temps – le peu de temps qui leur reste – ce qu’ils n’ont pas fait au cours des années qu’ils ont perdues dans le péché, purs jusqu’à l’héroïsme pour oublier jusque dans leurs entrailles – pas seulement en leur âme et pensée – que leurs sens existent. Ce seront eux qui attireront par leur splendeur multiforme les yeux des croyants, des purs, des pénitents, des martyrs, des héros, des ascètes, des pécheurs et pour chacune de ces catégories, leur splendeur sera parole, réponse, invitation, assurance…

136.3

Mais allons. Nous parlons et, là-bas, on nous attend…

– C’est que, lorsque tu parles, on oublie d’être des vivants. Puis-je dire tout cela à Lazare ? Il me semble qu’il y a là une promesse…

– Tu dois le lui dire. La parole de l’ami peut se poser sur leur bles­sure et ils ne rougiront pas d’avoir rougi devant moi… Nous t’avons fait attendre, Marthe. Mais je parlais à Simon des étoiles et nous avons oublié toutes ces lumières. Vraiment ta maison est un firmament, ce soir…

– C’est non seulement pour nous et les serviteurs que nous avons fait de telles illuminations, mais aussi pour toi et pour tes amis, nos hôtes. Merci d’être venu pour la dernière soirée. C’est maintenant la vraie fête, de la Purification, justement… »

Marthe voudrait en dire plus, mais elle sent les larmes qui lui montent aux yeux, et elle se tait.

« Paix à vous tous » dit Jésus, en entrant dans l’atrium où brillent des dizaines de lampes d’argent toutes allumées et disposées un peu partout.

Lazare s’avance, souriant :

« Paix et bénédiction à toi, Maître, et nombreuses années de sainte félicité. »

Ils s’embrassent.

« Certains de nos amis m’ont dit que tu es né pendant que Bethléem étincelait d’une lointaine encénie. Nous comme eux, nous jubilons de t’avoir ce soir. Tu ne demandes pas de qui il s’agit ?

– Je n’ai pas d’autres amis qui ne soient pas mes disciples et mes chers amis de Béthanie, en dehors des bergers. Ce sont donc eux. Ils sont venus ? Pourquoi ?

– Pour t’adorer, notre Messie. Jonathas nous a annoncé ta présence et nous sommes ici. Avec nos troupeaux qui sont maintenant dans les étables de Lazare, et avec nos cœurs, qui sont maintenant comme toujours sous tes pieds saints. »

Isaac a parlé au nom d’Elie, de Lévi, de Joseph et de Jonathas qui sont tous prosternés à ses pieds. Jonathas a sa belle tenue d’intendant très aimé de son maître, Isaac celle d’un infatigable pèlerin, un vêtement en laine épaisse marron foncé imperméable à l’eau ; Lévi, Joseph, Elie sont habillés de neuf par Lazare pour pouvoir prendre place aux tables sans avoir à porter le pauvre vêtement déchiré et imprégné de l’odeur des troupeaux des bergers.

« C’est pour cela que vous m’avez envoyé au jardin ? Que Dieu vous bénisse tous ! Il ne manque que ma Mère à mon bonheur. Levez-vous, levez-vous. C’est mon premier anniversaire en l’absence de ma Mère. Mais votre présence m’enlève toute tristesse, toute nostalgie de ses baisers. »

136.4

Tout le monde entre dans la salle du banquet. Ici, la plupart des lampes sont en or. Le métal est avivé par la lueur de la lumière et la lumière semble plus brillante, réfléchie par tant d’or. La table a été disposée en U pour faire place à tant de convives et pour faciliter le travail des trancheurs et des serveurs. En plus de Lazare, il y a les apôtres, les bergers et Maximin, le vieux serviteur de Simon.

Marthe surveille la répartition des places et voudrait rester debout. Mais Jésus s’y oppose :

« Aujourd’hui, tu n’es pas l’hôtesse : tu es la sœur, et tu prends place avec moi comme si nous étions du même sang. Nous sommes une famille. Les règles tombent pour laisser la place à l’amour. Ici, à côté de moi, et près de toi Jean. Moi avec Lazare. Mais donnez-moi une lampe. Qu’entre Marthe et moi, une lumière veille… une flamme, pour celles qui sont absentes, mais présentes à notre esprit. Pour celles que nous aimons, que nous attendons, pour les femmes qui nous sont chères mais loin d’ici. Pour toutes. La flamme a des paroles lumineuses, l’amour a des mots enflammés, et elles vont loin, ces paroles, sur les ondes immatérielles des âmes qui se retrouvent toujours, au-delà des monts et des mers, et apportent baisers et bénédictions… Elles apportent tout. N’est-ce pas vrai ? »

Marthe pose la lampe là où Jésus le veut, à une place qui reste vide… et Marthe, comprenant son intention, se penche pour embrasser la main de Jésus qui la pose sur sa tête brune, la bénissant et la réconfortant.

136.5

Le repas commence. Les trois bergers sont un peu gênés au début, alors qu’Isaac montre plus d’assurance et que Jonathas ne manifeste aucun embarras. Mais ils s’enhardissent à mesure que le repas avance, et après avoir gardé le silence ils commencent à parler. Et de quoi doivent-ils parler, sinon de leurs souvenirs ?

« Je m’étais retiré depuis peu, dit Lévi. Et j’avais tellement froid que je m’étais réfugié au milieu des brebis. Je pleurais et j’aurais voulu être avec ma mère…

– Moi, je pensais à la jeune mère que j’avais rencontrée peu avant et je me disais : “ Aura-t-elle trouvé une place ? ” Si j’avais su qu’elle était dans une étable ! Je l’aurais conduite dans notre bercail !… Mais elle était si délicate – un lys de nos vallées – que j’aurais cru l’offenser de lui dire : “ Viens parmi nous. ” Mais je pensais à elle… et je sentais encore plus le froid, en pensant qu’elle devait en souffrir. Te rappelles-tu la lumière de ce soir-là ? Et ta peur ?

– Oui… mais ensuite… l’ange… Oh !… »

Lévi, un peu perdu dans son rêve, sourit à son souvenir.

« Ah ! écoutez, mes amis. Nous ne savons pas grand-chose et nous sommes mal renseignés. Nous avons entendu parler d’anges, de crèche, de troupeaux, de Bethléem… Et nous savons qu’il est galiléen et charpentier… Il n’est pas juste que nous ne soyons pas au courant, nous ! J’ai questionné le Maître à la Belle Eau… mais ensuite on a parlé d’autre chose. Celui-ci, qui sait, ne m’a rien dit… Oui, c’est à toi que je parle, Jean, fils de Zébédée. Tu as un beau respect pour moi qui suis âgé ! Tu gardes tout pour toi et tu me laisses grandir comme un disciple borné. Ne le suis-je pas déjà trop ? »

On rit de l’indignation de Pierre, mais lui se tourne vers son Maître :

« Ils rient, mais c’est moi qui ai raison » et puis, s’adressant à Barthélemy, Philippe, Matthieu, Thomas, Jacques et André :

« Allons, dites-le, vous aussi. Protestez avec moi ! Pourquoi ne savons-nous rien, nous ?

– Vraiment… Où étiez-vous à la mort de Jonas ? Et où étiez-vous sur le mont Liban ?

– Tu as raison, mais pour Jonas, moi, du moins, j’ai cru que c’était un délire de mourant, et sur le mont Liban… j’étais fatigué et endormi. Pardonne-moi, Maître, mais c’est la vérité.

– Et ce sera vrai de tant de monde ! Le monde de ceux qui, bien qu’ayant été évangélisés, répondront souvent au Juge éternel, pour excuser leur ignorance malgré l’enseignement de mes apôtres, ce que tu viens de dire : “ Je croyais que c’était du délire… J’étais fatigué et endormi. ” Et souvent ils n’admettront pas la vérité car ils la prendront pour du délire ou ne s’en souviendront pas en raison d’une fatigue due à trop de choses inutiles, passagères, coupables même. Or, une seule chose est nécessaire : connaître Dieu.

– Eh bien ! Maintenant que tu nous as dit ce que nous méritons, raconte-nous les choses telles qu’elles se sont passées… A ton Pierre ! Ensuite, je le dirai aux gens. Sinon… je te l’ai dit : de quoi puis-je leur parler ? Le passé, je l’ignore, les prophéties et le Livre, je ne sais pas les expliquer, l’avenir… ah ! Pauvre de moi ! Qu’est-ce que je vais annoncer, alors ?

– Oui, Maître. Que, nous aussi, nous sachions… Nous savons que tu es le Messie et nous le croyons. Mais, au moins, pour mon compte, j’ai eu du mal à admettre que de Nazareth il pouvait sortir quelque chose de bon… Pourquoi ne nous as-tu pas fait connaître tout de suite ton passé ? dit Barthélemy.

– Pour éprouver ta foi et la luminosité de ton âme.

136.6

Mais maintenant je vais vous parler, bien plus : nous allons vous parler de mon passé. Je raconterai même ce que les bergers ne savent pas, et eux diront ce qu’ils ont vu. Ainsi vous connaîtrez l’aube du Christ. Ecoutez :

Le temps de la grâce étant venu, Dieu prépara pour lui sa Vierge. Vous pouvez bien comprendre comment Dieu ne pouvait résider là où Satan avait posé son signe ineffaçable. La Puissance disposa par avance son futur tabernacle immaculé. Et c’est par deux justes, d’âge avancé et contre les règles habituelles[2] de la procréation, que fut conçue celle sur laquelle ne pèse aucune tache.

Qui a déposé cette âme dans la chair embryonnaire qui reverdissait le vieux sein d’Anne, fille d’Aaron, ma grand-mère ? Toi, Lévi, tu as vu l’archange de toutes les annonciations. Tu peux dire : c’est celui-là. Car la “ Force de Dieu ”[3] fut toujours le victorieux qui apporta la nouvelle de la joie aux saints et aux prophètes, l’indomptable sur lequel la plus grande force de Satan s’est brisée comme une tige de mousse desséchée, l’intelligent qui a utilisé sa bonne et lucide intelligence pour détourner les pièges de l’autre intelligent, mais malfaisant, en faisant exécuter avec promptitude les ordres de Dieu.

Avec un cri de joie, l’Annonciateur qui connaissait déjà les chemins de la terre, parce qu’il était descendu parler aux prophètes, recueillit auprès du Feu divin l’étincelle immaculée qui allait être l’âme de l’Enfant éternelle ; enserrée dans un cercle de flammes angéliques, celles de son amour spirituel, elle fut portée par lui sur la terre dans une maison, dans un sein. A partir de cet instant, le monde posséda l’Adoratrice ; et Dieu, à partir de cet instant, put regarder un point de la terre sans en éprouver de dégoût. Une petite créature naquit, l’Aimée de Dieu et de ses anges, la Consacrée à Dieu, saintement aimée par ses parents.

“ Et Abel donna à Dieu les prémices de son troupeau. ” Oh ! En vérité les parents de l’éternel Abel surent donner à Dieu les prémices de leur bien, tout leur bien, en mourant pour avoir donné ce bien à l’auteur de ce don !

Ma Mère fut une enfant du Temple depuis l’âge de trois ans à quinze ans et hâta la venue du Christ par la force de son amour. Vierge avant sa conception, vierge dans l’obscurité d’un sein, vierge lors de ses vagissements, vierge lors de ses premiers pas, la Vierge appartint à Dieu, et à Dieu seul. Elle proclama son droit, supérieur au décret de la Loi d’Israël, en obtenant de l’époux qui lui fut donné par Dieu de rester inviolée après ses noces.

Joseph de Nazareth était un juste. C’est à lui seul que pouvait être confié le Lys de Dieu et seul il le posséda. Ange en son âme comme en sa chair, il aima comme aiment les anges de Dieu. L’abîme de cet amour fort qui eut toutes les tendresses conjugales sans dépasser la barrière du feu céleste au-delà de laquelle se trouvait l’Arche du Seigneur, sera compris par peu de personnes sur la terre. C’est le témoignage de ce que peut-être un juste pourvu qu’il le veuille, de ce qu’il peut, car même l’âme encore blessée par la tache originelle possède des forces puissantes d’élévation, de souvenir et de retour à sa dignité de fille de Dieu, et elle agit divinement pour l’amour du Père.

Marie était encore dans sa maison dans l’attente de la cohabitation avec son époux, lorsque Gabriel, l’ange des divines annonciations, revint sur la terre et demanda à la Vierge d’être mère. Déjà il avait promis le Précurseur au prêtre Zacharie qui ne l’avait pas cru. Mais la Vierge crut que cela pouvait se faire par la volonté de Dieu et, sublime dans son ignorance, demanda seulement : “ Comment cela peut-il se faire ? ”

L’Ange lui répondit alors : “ Tu es la pleine de grâce, Marie. Ne crains donc pas car tu as trouvé grâce aux yeux du Seigneur même pour ce qui est de ta virginité. Tu concevras et enfanteras un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui le Sauveur promis à Jacob et à tous les patriarches et prophètes d’Israël. Il sera grand et vrai Fils du Très-Haut, car c’est par l’opération de l’Esprit Saint qu’il sera conçu. Le Père lui donnera le trône de David, comme cela est annoncé, et il régnera sur la maison de Jacob jusqu’à la fin des siècles, mais son vrai Règne n’aura jamais de fin. Maintenant, le Père, le Fils, l’Esprit Saint attendent ton obéissance pour accomplir la promesse. Déjà le Précurseur du Christ est dans le sein d’Elisabeth, ta cousine et, si tu consens, l’Esprit Saint descendra sur toi, et celui qui naîtra de toi sera saint et portera son vrai nom de Fils de Dieu. ”

Marie répondit alors : “ Voici la Servante du Seigneur. Qu’il soit fait de moi selon sa parole. ” Et l’Esprit de Dieu descendit sur son Epouse et par cette première étreinte lui conféra ses lumières, qui achevèrent de perfectionner les vertus de silence, d’humilité, de prudence et de charité dont elle était remplie ; car elle ne fit qu’un avec la Sagesse et, désormais inséparable de la charité, l’Obéissante, la Chaste se perdit dans l’océan d’obéissance que je suis. Puis elle connut la joie d’être mère sans connaître le trouble d’être déflorée. Elle fut la neige qui devint toute fleur et s’offrit ainsi à Dieu…

136.7

– Mais son mari ? glisse Pierre, étonné.

– Le sceau de Dieu retint closes les lèvres de Marie, si bien que Joseph ne connut le prodige qu’au moment où, de retour de la maison de Zacharie, son parent, Marie apparut mère aux yeux de son époux.

– Et qu’est-ce qu’il a fait ?

– Il a souffert… tout comme Marie…

– Si ç’avait été moi…

– Joseph était un saint, Simon Pierre. Dieu sait où il dépose ses dons… Il souffrit profondément et décida de l’abandonner, en acceptant d’être lui-même tenu pour injuste. Mais l’ange descendit lui dire : “ Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse. Car celui qui s’est formé en elle est le Fils de Dieu et c’est par l’opération de Dieu qu’elle est mère. Et quand le Fils sera né, tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui le Sauveur. ”

– Joseph était-il instruit ? demande Barthélemy.

– Comme tout descendant de David.

– Dans ce cas, il aura été aussitôt éclairé en se souvenant du prophète : “ Voici qu’une vierge concevra… ”

– Oui, il l’a été. A l’épreuve a succédé la joie…

– Si ç’avait été moi, reprend Simon Pierre, ça ne se serait pas passé comme ça, car auparavant j’aurais… Oh ! Seigneur, comme il est bon que ce n’ait pas été moi ! Je l’aurais brisée comme une fleur sans lui donner le temps de parler. Et après, si je n’avais pas été un assassin, j’aurais eu peur d’elle… La peur d’Israël tout entier, depuis des siècles, à l’égard du Tabernacle…

– Moïse lui-même eut peur de Dieu et pourtant il fut secouru et resta avec lui sur la montagne… Joseph alla donc habiter dans la maison sainte de son épouse et pourvut aux besoins de la Vierge et de celui qui devait naître. Et lorsque vint pour tous le temps de l’édit, il se rendit avec Marie dans la terre de ses pères, mais Bethléem les repoussa parce que le cœur des hommes est fermé à la charité.

136.8

Maintenant, à votre tour de parler.

– Moi, un soir, j’ai rencontré une jeune femme souriante montée sur un ânon. Un homme l’accompagnait. Il m’a demandé du lait et des renseignements. Je lui ai dit ce que je savais… Puis la nuit est tombée… et une grande lumière… nous sommes sortis… et Lévi a vu un ange près de l’enclos des animaux. Alors l’ange a dit : “ Le Sauveur est né. ” C’était la pleine nuit, et le ciel fourmillait d’étoiles. Mais leur lumière disparaissait devant celle de l’ange et de milliers d’anges… (Elie pleure encore à ce souvenir). Et l’ange nous a dit : “ Allez l’adorer. Il est dans une étable, dans une crèche, entre deux animaux… Vous trouverez un tout petit enfant enveloppé dans de pauvres langes… ” Ah ! Comme il étincelait, l’ange, en disant ces mots… ! Mais te souviens-tu, Lévi, comment ses ailes projetaient des flammes quand, après s’être incliné pour nommer le Sauveur, il a dit : “ C’est le Christ, le Seigneur ” ?

– Ah ! Si je me souviens ! Et les voix des milliers d’anges… Oh !… “ Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté ! ” Cette musique est ici, elle est ici, et elle me porte au Ciel chaque fois que je l’entends. »

Lévi lève un visage extasié sur lequel brille une larme.

« Et nous y sommes allés, dit Isaac. Chargés comme des bêtes de somme, joyeux comme pour des noces et puis… nous n’avons plus su que faire quand nous avons entendu ta petite voix, et celle de ta Mère. Nous avons alors poussé Lévi, qui était tout jeune, pour qu’il regarde. Nous nous sentions lépreux devant tant de pureté… Et Lévi écoutait, et il riait tout en pleurant, et il répétait, avec une telle voix d’agneau que la brebis d’Elie se mit à bêler. Joseph vint alors à l’entrée de l’étable et nous fit entrer… Oh ! Comme tu étais petit et beau ! Un bouton de rose carnée sur le foin qui piquait… et tu pleurais… Puis tu souriais dans la tiédeur de la peau de brebis que nous t’avons offerte et pour le lait que nous avons trait… Ton premier repas… Oh !… et puis… et puis nous t’avons embrassé… Tu sentais l’amande et le jasmin… et nous ne pouvions plus te quitter…

– Vous ne m’avez plus quitté, en effet.

– C’est vrai, dit Jonathas. Tes traits restèrent fixés en nous, tout comme ta voix et ton sourire… Tu grandissais… tu étais de plus en plus beau… Le monde des bons venait se réjouir de ta présence… et celui des méchants t’évitait… Anne… tes premiers pas… les trois Sages… l’étoile…

– Ah ! Cette nuit-là, quelle lumière ! Le monde paraissait enflammé par mille lumières. Le soir de ton arrivée, au contraire, la lumière était immobile et couleur perle… La première fois, les astres adoraient mais cette fois, ils dansaient. Et nous, d’une hauteur, nous avons vu passer la caravane et nous l’avons suivie pour voir si elle s’arrêtait… Le lendemain, Bethléem tout entière vit l’adoration des Sages.

136.9

Plus tard… Ah, ne parlons pas de l’horreur !… N’en parlons pas !… »

Elie pâlit à ce souvenir.

« Oui, n’en parlons pas. Silence sur la haine…

– La plus grande douleur était de ne plus avoir ta présence et d’être sans nouvelles de toi. Zacharie lui-même ne savait rien. C’était notre dernier espoir… Plus rien.

– Pourquoi, Seigneur, n’as-tu pas réconforté tes serviteurs ?

– Tu en demandes la raison, Philippe ? Parce qu’il était prudent d’agir ainsi. Tu vois que même Zacharie, dont la formation spirituelle s’est complétée depuis lors, ne voulut pas soulever le voile. Zacharie…

– Mais tu nous as dit que ce fut lui qui s’occupa des bergers. Pourquoi donc ne vous a-t-il pas dit, à eux d’abord, à toi ensuite, que les uns cherchaient l’Autre ?

– Zacharie était un juste, mais aussi pleinement un homme. Il devint moins homme et plus juste au cours de ses neuf mois de mutisme, il se perfectionna dans les mois qui suivirent la naissance de Jean, mais il devint une âme juste lorsque sur son orgueil d’homme tomba le démenti de Dieu. Il avait dit : “ Moi qui suis prêtre de Dieu, j’affirme que c’est à Bethléem que doit vivre le Sauveur. ” Or Dieu lui avait montré comment un jugement – même celui d’un prêtre – n’est qu’un pauvre jugement s’il n’est pas éclairé par Dieu. C’est en repensant avec horreur : “ Mes paroles auraient pu faire tuer Jésus ” que Zacharie devint le juste qui repose maintenant dans l’attente du paradis. Et la justice lui enseigna la prudence et la charité. Charité envers les bergers, prudence à l’égard du monde pour lequel le Christ devait absolument être inconnu. Quand, de retour dans notre patrie, nous avons pris la direction de Nazareth, nous avons évité Hébron et Bethléem avec la même prudence qui désormais guidait Zacharie, et c’est en longeant la mer que nous revînmes en Galilée. Même le jour de ma majorité, il ne fut pas possible de voir Zacharie, parti la veille avec son fils pour la même cérémonie.

Dieu veillait, Dieu mettait à l’épreuve, Dieu pourvoyait, Dieu perfectionnait. Avoir Dieu, c’est un effort, pas seulement de la joie. Mon père d’amour connut l’effort et aussi ma Mère d’âme et de chair. Même ce qui était permis fut interdit pour que le mystère couvre d’ombre le Messie enfant.

136.10

Que cela explique à beaucoup de gens qui ne le comprennent pas la double raison de l’angoisse de mes parents quand je fus égaré pendant trois jours. Amour d’une mère, amour d’un père pour leur enfant disparu ; crainte des gardiens du Messie qu’il soit découvert avant le temps voulu ; terreur d’avoir mal protégé le Salut du monde et le grand don de Dieu. C’est la raison du cri insolite : “ Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Ton père et moi, angoissés, nous te cherchions ! ” Ton père, ta Mère… un voile est jeté sur l’éclat du Verbe incarné. Alors vient cette rassurante réponse : “ Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? ” Réponse accueillie et comprise par la Pleine de grâce pour ce qu’elle veut dire, en d’autres termes : “ Ne craignez rien. Je suis petit, un enfant. Mais si, selon l’humanité je croîs en taille, en sagesse et en grâce aux yeux des hommes, je suis le Parfait en tant que Fils du Père ; par conséquent, je sais me conduire parfaitement, servant le Père pour faire resplendir sa lumière, servant Dieu en lui conservant le Sauveur. ” Et c’est ainsi que j’ai agi jusqu’à il y a maintenant un an.

A présent, le temps est venu. Les voiles se lèvent. Et le Fils de Joseph se montre sous sa nature de Messie de la Bonne Nouvelle, de Sauveur, de Rédempteur, de Roi du siècle à venir.

– Et tu n’as jamais revu Jean ?

– Au Jourdain seulement, mon Jean, quand j’ai voulu le baptême.

– En sorte que tu ne savais pas que Zacharie avait rendu service aux bergers ?

– Je te l’ai dit : après le bain de sang innocent, les justes devinrent saints, les hommes devinrent justes. Seuls les démons restèrent ce qu’ils étaient. Zacharie apprit à se sanctifier par l’humilité, la charité, la prudence, le silence.

136.11

– Je veux me rappeler tout cela, mais le pourrai-je ? dit Pierre.

– Sois tranquille, Simon. Demain, je me le fais répéter par les bergers, tranquillement… Dans le verger. Une, deux, trois fois s’il le faut. J’ai une bonne mémoire. Je l’ai développée à mon comptoir et j’en garderai le souvenir pour tout le monde. Quand tu voudras, je pourrai te répéter tout. Je ne tenais pas de comptes à Capharnaüm, et pourtant…, dit Matthieu.

– Oh ! Non, tu ne te trompais pas d’un didrachme !… Je m’en souviens… Parfaitement ! Je te pardonne le passé, et de tout cœur, si tu te rappelles ce récit… et si tu me le répètes souvent. Je veux qu’il m’entre dans le cœur comme dans celui des bergers… comme en Jonas… Oh ! Mourir en prononçant son nom !… »

Jésus regarde Pierre et sourit. Puis il se lève et embrasse sa tête grisonnante.

« Pourquoi, Maître, me donnes-tu ce baiser ?

– Parce que tu as été prophète. Tu mourras en prononçant mon nom. J’ai embrassé l’Esprit qui parlait en toi. »

Puis Jésus entonne un psaume d’une voix forte et tous, debout, lui font écho :

« “ Levez-vous et bénissez le Seigneur votre Dieu, d’éternité en éternité. Que soit béni son nom sublime et glorieux par toute louange et toute bénédiction. Toi seul, tu es le Seigneur. Tu as fait le ciel et le ciel des cieux et toute leur armée, la terre et tout ce qu’elle contient ”, etc. » (C’est l’hymne chantée par les lévites à la fête de la Consécration du peuple, chap. 9 du 2 livre d’Esdras) puis tout se termine sur ce long cantique[4]. Je ne sais s’il appartient au rite antique ou si Jésus le dit de lui-même.

136.1

La ya de por sí espléndida casa de Lázaro, esta noche está maravillosa. Parece arder por el número de lámparas encendidas, y la luz se derrama hacia fuera, en este comienzo de la noche, rebosando desde las salas al atrio y desde éste al pórtico, para alargarse luego vistiendo de oro los guijarrosos senderos, el césped y las matas de los cuadros del jardín, luchando — venciendo en los primeros metros — con el claror de la luna con su amarillo y carnal esplendor, mientras que más lejos todo toma aspecto angélico por el vestido de pura plata que la luna extiende sobre las cosas.

También el silencio que envuelve al magnífico jardín, en que suena sólo el arpegio del chorro de agua cayendo en el estanque de los peces, parece aumentar la recogida y paradisíaca paz de la noche lunar, mientras junto a la casa voces alegres y numerosas y un festivo rumor de correr muebles y de sacar la vajilla a las mesas recuerdan que el hombre es hombre y no todavía espíritu.

Marta se mueve ágilmente con su amplio vestido espléndido y pudoroso de un color violeta rojo; parece una flor, una hermosa campanilla; o una mariposa en vivaz movimiento chocándose contra las paredes purpúreas del atrio o contra las paredes de diminutas representaciones — parecen una alfombra — de la sala del banquete.

Jesús, sin embargo, pasea solo y absorto junto al estanque de los peces, y parece como si alternadamente quedara subsumido en la oscura sombra proyectada por un alto laurel, un verdadero árbol gigante, o en la fosfórica luz lunar que cada vez se hace más clara; tan viva, que el surtidor del estanque parece un penacho de plata que luego se fragmenta en lascas de brillantes, que van a caer, para perderse en ella, en la lámina quieta, pura plata, del pilón. Jesús mira y escucha las palabras del agua en la noche. Éstas llegan a tener un sonido tan musical, que despiertan a un ruiseñor que, en el tupido laurel, responde al arpegio lento de las gotas con un agudo de flauta, y luego se para, como para tomar la nota y seguir el acorde del agua, y finalmente comienza, como rey del canto que es, su perfecto, variado, suave himno de alegría.

Jesús ya ni siquiera camina, para no turbar con el rumor de los pasos la serena alegría del ruiseñor, y creo que también suya porque sonríe, con la cabeza agachada, con una sonrisa de alegría realmente serena. Cuando el ruiseñor, después de una nota purísima sostenida y modulada en tono ascendente — que no sé cómo puede sostenerla una garganta tan pequeña —, interrumpe su canto, Jesús exclama: «¡Te bendigo, Padre santo, por esta perfección y por el gozo que con ella me has proporcionado!» y sigue su lento paseo lleno de quién sabe qué profundidades de meditación.

136.2

Llega Simón: «Maestro, Lázaro te ruega que vayas. Todo está ya dispuesto».

«Vamos. Desaparezca así el último motivo de duda que pudiera existir de que les hubiera perdido estima por causa de María».

«¡Cuánto llanto, Maestro! Sólo un secreto milagro tuyo ha podido aplicar una cura a ese dolor. ¿No sabes que Lázaro casi decide huir después de que ella, cuando volvieron, salió de casa diciendo que dejaba los sepulcros y abrazaba la alegría y... otras insolencias? La posición mía y de Marta fue: “¡Te conjuramos: no lo hagas!” — entre otras cosas porque... nunca se sabe la reacción de un corazón; si la hubiera encontrado, yo creo que la habría escarmentado de una vez por todas —. Habrían deseado de ella al menos el silencio acerca de ti…».

«Y el inmediato milagro mío respecto a ella. Y habría podido hacerlo. Pero no quiero una resurrección forzada en los corazones. A la muerte la forzaré y me devolverá sus presas, porque Yo soy el Señor de la muerte y de la vida. Pero en los espíritus, que no son materia que, sin hálito, carezca de vida, sino que son inmortales esencias capaces de renacer por voluntad propia, Yo no fuerzo la resurrección. Otorgo la primera llamada y la primera ayuda, como quien abriera un sepulcro en que alguien hubiera sido enterrado semivivo, donde moriría si permaneciera largo tiempo, en esas tinieblas asfixiantes; dejo entrar aire y luz... luego, espero. Si el espíritu tiene deseos de salir, sale; si no lo desea, sus tinieblas aumentan y queda hundido. Pero, si sale... ¡Oh, si sale... en verdad te digo que ninguno será mayor que el renacido en su espíritu! Sólo la Inocencia absoluta es mayor que este muerto que vuelve a vivir en virtud del propio amor y para alegría de Dios... ¡Son mis mayores triunfos!

Observa el cielo, Simón. ¿Ves que tiene estrellas y planetas, más o menos grandes? Todos poseen vida y esplendor por Dios, que los ha hecho, y por el sol que los ilumina, mas no todos son luminosos y grandes en igual medida. Así será también en mi Cielo: todos los redimidos tendrán vida por mí y esplendor por mi luz, mas no todos serán luminosos y grandes en igual medida. Unos serán simple polvo de astros, como el que hace láctea a Galatea: serán aquellos, innumerables, que habrán recibido del Cristo, o, mejor dicho, habrán aspirado, sólo ese mínimo indispensable para no ser réprobos, y sólo por la infinita misericordia de Dios, después de un largo purgatorio, irán al Cielo. Otros serán más fúlgidos y estarán más formados: los justos que hayan unido su voluntad (nota que digo “voluntad” no “buena voluntad”) a la del Cristo, y hayan prestado obediencia, para no condenarse, a mis palabras. Luego, estarán los planetas, las buenas voluntades, ¡oh..., luminosísimos!: son los enamorados hasta la muerte por el amor, los penitentes por amor, los que obran por amor, los inmaculados por amor; su luz es de puro diamante o de resplandor de gemas de distintos colores (rojo-rubí o violado-amatista o amarillo-topacio o cándido-perla).

Y habrá algunos entre estos planetas — y serán mis glorias de Redentor — que tendrán en sí destellos de rubí y de amatista y de topacio y de perla, porque serán todo por amor. Heroicos hasta llegar a perdonarse el no haber sabido amar antes, penitentes hasta saturarse de expiación como Ester antes de presentarse a Asuero se saturó de perfumes, incansables para hacer en poco tiempo, en el poco tiempo que les queda, cuanto no hicieron durante los años que perdieron en el pecado, puros hasta la heroicidad para olvidarse — no sólo en el alma y en el pensamiento, sino también en las propias entrañas — de que existe el sentido. Serán aquellos que atraerán hacia sí, por su multiforme resplandor, los ojos de los creyentes, de los puros, de los penitentes, de los mártires, de los héroes, de los ascetas, de los pecadores, y, para cada una de estas categorías, su resplandor será palabra, respuesta, llamada, garantía...

136.3

Pero, vamos, que nosotros estamos aquí hablando y allí nos esperan».

«Es que cuando Tú hablas uno se olvida de que vive. ¿Puedo decir todo esto a Lázaro? Me parece ver en ello una promesa…».

«Lo debes decir. La palabra del amigo puede posarse sobre su herida y no se ruborizarán de haberse puesto colorados en mi presencia... Te hemos hecho esperar, Marta; es que estaba hablando con Simón de estrellas y nos hemos olvidado de estas luces. Tu casa es verdaderamente un firmamento esta noche…».

«Las hemos encendido no sólo para nosotros y la servidumbre, sino también para ti y para los huéspedes, tus amigos. Gracias por haber venido para la última noche. Ahora la fiesta es realmente la Purificación…». Marta querría continuar hablando, pero siente que le sube el llanto y calla.

«Paz a todos vosotros» dice Jesús entrando en el atrio resplandeciente de decenas de luces de plata, todas encendidas, colocadas por todas partes.

Lázaro, sonriente, se dirige hacia Jesús: «Paz y bendición a ti, Maestro, y muchos años de santa felicidad». Se besan. «Me han dicho ciertos amigos nuestros que Tú naciste mientras Belén ardía por una lejana fiesta de las Luminarias. Ellos y nosotros estamos jubilosos de tenerte esta noche. ¿No preguntas quiénes son?».

«No tengo más amigos que los discípulos y mis amados de Betania, aparte de los pastores. Por tanto son ellos. ¿Han venido? ¿Para qué?».

«Para adorarte, Mesías nuestro. Lo supimos por Jonatán, y aquí estamos, con nuestros rebaños, que ahora están en los establos de Lázaro, y con nuestros corazones, ahora y siempre a tus pies santos».

Isaac ha hablado por Elías, Leví, José y Jonatán, que están postrados a los pies de Jesús: Jonatán con su esponjoso vestido del intendente estimado por su señor; Isaac con el suyo de incansable peregrino, de gruesa lana marrón oscura, impermeable al agua; Leví, José, Elías, con las vestiduras que Lázaro les ha dado, frescas, limpias, para poder tomar asiento en las mesas sin tener que llevar el pobre indumento, roto y con olor a aprisco, de los pastores.

«¿Por este motivo me habéis mandado al jardín? ¡Dios os bendiga a todos! Sólo falta mi Madre para completar mi felicidad. Alzaos, alzaos. Es la primera Navidad que celebro sin mi Madre. Pero vuestra presencia me alivia la tristeza, la nostalgia de su beso».

136.4

Entran todos en la sala de las mesas. Aquí la mayoría de las lámparas son de oro. El metal aumenta su brillo por la luz de la llama, la llama parece más resplandeciente por el reflejo de tanto oro. La mesa está dispuesta en forma de U para que quepa tanta gente como hay y poderla servir sin dificultar las operaciones de los trinchadores y de los criados. Además de Lázaro están los apóstoles, los pastores, y Maximino, el anciano servidor de Simón.

Marta cuida de la disposición de los puestos. Querría permanecer en pie, pero Jesús se impone: «Hoy no eres la hospedadora, eres la hermana, y te vas a sentar como si fueras de mi misma sangre. Somos una familia. Cesen las reglas para dar paso al amor. Aquí, a mi lado, y, junto a ti, Juan. Yo con Lázaro. Dadme una lámpara. Entre mí y Marta vele una luz... una llama, por las ausentes que a pesar de todo están presentes: por las amadas, esperadas, por las mujeres amadas y lejanas. Todas. La llama tiene palabras de luz. El amor tiene palabras de llama, y estas palabras van lejos, siguiendo la onda incorpórea de los espíritus que se encuentran siempre, más allá de los montes y de los mares, llevando besos y bendiciones... Llevando todo. ¿No es, acaso, verdad?».

Ella deposita la lámpara en el lugar donde Jesús desea, en un puesto que quedará vacío, y, habiendo comprendido, se inclina a besarle la mano (la que luego, bendecidora y reconfortante, Jesús pone sobre la cabeza morena de Marta).

136.5

Comienza la cena. Al principio un poco confusos, los tres pastores — Isaac se siente ya más seguro y Jonatán no da signos de sentirse incómodo — van tomando cada vez más confianza a medida que la cena se desarrolla, y, después de un tiempo de silencio, comienzan a hablar: ¿de qué podría ser, sino de su recuerdo?

«Hacía poco que nos habíamos recogido» dice Leví. «Tenía tanto frío, que me resguardé entre las ovejas, llorando por la nostalgia de mi madre…».

«Yo, sin embargo, pensaba en la joven Madre que había visto poco antes, y me decía a mí mismo: “¿Habrá encontrado lugar?”. ¡Si hubiera sabido que estaba en un establo, la habría traído al aprisco!... Pero, era tan delicada — una azucena de nuestros valles — que me pareció una ofensa el decirle: “Ven con nosotros”. Yo pensaba en Ella... y sentía más vivamente el frío, pensando en cuánto le debía hacer sufrir. ¿Te acuerdas qué luz aquella noche? ¿Y te acuerdas de tu miedo?».

«Sí... pero luego... el ángel... ¡Oh!…». Leví, un poco absorto como en estado de ensoñación, sonríe al recordarle.

«¡Un momento! ¡Escuchadme, amigos! Nosotros sabemos poco y lo sabemos mal. Hemos oído hablar de ángeles, de pesebres, de rebaños, de Belén... Y sabemos que Él es galileo y carpintero... ¡No es justo que estemos en la ignorancia! Yo le he preguntado al Maestro en Agua Especiosa... pero luego se habló de otras cosas. Éste, que sabe, no me ha dicho nada... Sí, hablo contigo, Juan de Zebedeo. ¡Vaya forma de respeto hacia el anciano! Te lo tienes todo para ti y me dejas que vaya adelante como un tarugo de discípulo. ¿Es que ya por mí mismo no soy suficiente tarugo?».

Se echan a reír por el gesto bueno de indignación de Pedro. Pero él se vuelve hacia su Maestro y dice: «Se ríen, pero tengo razón». Luego se vuelve a Bartolomé, Felipe, Mateo, Tomás, Santiago y Andrés: «¡Venga, decidlo también vosotros, protestad conmigo! ¿Por qué no sabemos nada nosotros?».

«¿Dónde estabais cuando murió Jonás? ¿Dónde estabais en los altos del Líbano?».

«Tienes razón. Pero, por lo que se refiere a Jonás, yo al menos, creí que se tratase del delirio de un moribundo, y, en los altos del Líbano... estaba cansado y con sueño. Perdóname, Maestro, pero es la verdad».

«¡Y será la verdad de muchos! El mundo de los evangelizados frecuentemente responderá, al Juez eterno, para disculparse de su ignorancia a pesar de la enseñanza de mis apóstoles, eso mismo que tú dices: “Creí que se trataba de un delirio... Estaba cansado y tenía sueño”. Y, frecuentemente, no admitirá la verdad porque la confundirá con un delirio, y no se acordará de la verdad porque estará cansado y tendrá sueño por demasiadas cosas inútiles, caducas e incluso pecaminosas. Una sola cosa es necesaria: conocer a Dios».

«Bien, después de decirnos lo que nos corresponde, cuéntanos cómo sucedieron los hechos... Cuéntaselo a tu Pedro. Yo después hablaré de ello a la gente. Si no... ya te lo he dicho, ¿qué puedo decir? El pasado no lo conozco; las profecías y el Libro... no los sé explicar; el futuro... ¡oh, pobre de mí! Y entonces ¿qué anuncio?».

«Sí, Maestro, que lo sepamos también nosotros... Sabemos que eres el Mesías, y esto lo creemos, pero, al menos por lo que a mí respecta, me ha costado trabajo admitir que de Nazaret pudiera provenir algo bueno... ¿Por qué no me has dado a conocer, ya desde el principio, tu pasado?» dice Bartolomé.

«Para probar tu fe y la luminosidad de tu espíritu.

136.6

Pero ahora sí os voy a hablar; es más, os vamos a hablar de mi pasado. Yo diré lo que incluso los pastores no saben y ellos dirán lo que vieron. Conoceréis así el alba de Cristo. Oíd.

Habiéndose cumplido el tiempo de la Gracia, Dios se preparó su Virgen. Os será fácil comprender cómo Dios no podía residir donde Satanás había puesto un incancelable signo. Por tanto, la Potencia actuó para hacer su futuro tabernáculo sin mancha, y de dos justos, en la ancianidad, y contra las reglas comunes de la procreación[1], fue concebida aquella en la que no existe mancha alguna.

¿Quién depositó esa alma en la carne embrional que con su presencia daba nueva lozanía al anciano seno de Ana de Aarón, la abuela mía? Tú, Leví, viste al Arcángel de todos los anuncios. Puedes decir: es ése. Porque la “Fuerza de Dios”[2] fue siempre el Victorioso que llevó el tañido de alegría a los santos y a los profetas; el Indomable, contra el que la fuerza, también grande, de Satanás se quebró cual sutil tallo de musgo seco; el Inteligente que desvió con su buena y lúcida inteligencia las insidias del otro inteligente, si bien malvado, poniendo en acto con prontitud el mandato de Dios.

Con un grito de júbilo, él, el Anunciador, que ya conocía los caminos de la Tierra por haber descendido a hablarles a los Profetas, recogió del Fuego divino esa chispa inmaculada que era el alma de la eterna Doncella, y, custodiada dentro de un círculo de llamas angélicas, las de su espiritual amor, la condujo a la Tierra, a una casa, a un seno. El mundo, desde ese momento, tuvo consigo a la Adoradora; y Dios, desde ese momento, pudo mirar a un punto de la Tierra sin experimentar disgusto. Y nació una criaturita: la Amada de Dios y de los ángeles, la Consagrada a Dios, la santamente Amada de sus familiares.

“Y Abel dio a Dios las primicias de su rebaño”. ¡Oh..., realmente los abuelos del eterno Abel supieron ofrecer a Dios la primicia de lo que constituía su bien, todo su bien, muriendo por haber dado este bien a quien se lo había dado a ellos!

Mi Madre fue la Jovencita del Templo desde los tres a los quince años y aceleró la venida del Cristo con la fuerza de su amar. Virgen antes de su concepción, virgen en la oscuridad de un seno, virgen en sus vagidos, virgen en sus primeros pasos, la Virgen fue de Dios, de Dios sólo, y proclamó su derecho, superior al decreto de la Ley de Israel, obteniendo del esposo que le había sido dado por Dios el permanecer intacta después del desposorio.

José de Nazaret era un justo. Sólo él podía ser destinatario de la Azucena de Dios, y sólo él la recibió. Ángel en el alma y en la carne, él amó como aman los ángeles de Dios. La profundidad abismal de este fuerte amor, que supo dar toda la ternura conyugal sin sobrepasar la barrera de celeste fuego tras la que estaba el Arca del Señor, será comprendida en la Tierra sólo por pocos. Es el testimonio de lo que puede un justo, con el simple hecho de que quiera; lo que puede, porque el alma, aun estando herida por la mancha de origen, posee poderosas fuerzas de elevación, y recuerdos y retornos a su dignidad de hija de Dios, y divinamente obra por amor al Padre.

Aún estaba María en su casa, en espera de unirse a su esposo, cuando Gabriel, el ángel de los divinos anuncios, volvió a la Tierra y pidió a la Virgen ser Madre. Ya había prometido al sacerdote Zacarías el Precursor, y no había sido creído. Pero la Virgen creyó que ello podía acaecer por voluntad de Dios y, sublime en su desconocimiento, sólo preguntó: “¿Cómo puede acontecer esto?”.

Y el ángel le respondió: “Tú eres la Llena de Gracia, María. No temas, por tanto, porque has hallado gracia ante el Señor también en cuanto a tu virginidad. Concebirás y darás a luz un Hijo al que pondrás por nombre Jesús, porque es el Salvador prometido a Jacob y a todos los Patriarcas y Profetas de Israel. Será grande e Hijo verdadero del Altísimo, porque será concebido por obra del Espíritu Santo. El Padre le dará el trono de David, como ha sido predicho, y reinará en la casa de Jacob hasta el fin de los siglos, mas su verdadero Reino no tendrá nunca fin. Ahora el Padre, el Hijo y el Espíritu Santo esperan tu obediencia para cumplir la promesa. El Precursor del Cristo ya está en el seno de Isabel, tu prima, y, si das tu consentimiento, el Espíritu Santo descenderá sobre ti, y será santo Aquel que nacerá de ti y llevará su verdadero nombre de Hijo de Dios”.

Entonces María respondió: “He aquí la Esclava del Señor. Hágase de mí según su palabra”. Y el Espíritu Santo descendió sobre su Esposa y en el primer abrazo le impartió sus luces, que sobreperfeccionaron las virtudes de silencio, humildad, prudencia y caridad que Ella poseía en plenitud, y Ella resultó un todo con la Sabiduría e inseparable de la Caridad. La Obediente y Casta se perdió así en el océano de la Obediencia que Yo soy, y conoció el gozo de ser Madre sin conocer la turbación de ser siquiera tocada. Fue la nieve que se concentra en flor y se ofrece a Dios así…».

136.7

«¿Y el marido?» — pregunta Pedro lleno de estupor.

«El sigilo de Dios cerró los labios de María, y José no tuvo noticia del prodigio sino cuando, de vuelta de la casa de Zacarías, su pariente, María apareció como madre ante los ojos de su esposo».

«¿Y qué hizo él?».

«Sufrió... y María también…».

«Si hubiera sido yo…».

«José era un santo, Simón de Jonás. Dios sabe dónde poner sus dones... Sufrió acerbamente y decidió abandonarla, cargándose sobre sí el ser tachado de injusto. Pero el ángel bajó a decirle: “No temas tomar contigo a María, tu esposa; porque lo que en Ella se está formando es el Hijo de Dios; es Madre por obra de Dios. Cuando nazca el Hijo, le pondrás por nombre Jesús, porque es el Salvador”».

«¿Era docto José?» pregunta Bartolomé.

«Como conviene a un descendiente de David».

«Entonces habrá recibido una inmediata luz recordando al Profeta: “He aquí que una virgen concebirá…”».

«Sí. La recibió. A la prueba sucedió el gozo…».

«Si hubiera sido yo — vuelve a decir Simón Pedro — no hubiera sucedido, porque antes yo habría... ¡Oh, Señor, qué bien que no fuera yo! La habría quebrantado como a un tallo delgado sin dejarle tiempo ni de hablar. Pero después — caso de que no me hubiera convertido en un asesino — habría tenido miedo de Ella... El miedo secular, al Tabernáculo, de todo Israel…».

«También Moisés tuvo miedo de Dios, y, no obstante, fue socorrido y estuvo con Él en el monte... José se dirigió, pues, a la casa santa de la Esposa, para cubrir las necesidades de la Virgen y del Niño que había de nacer. Y habiendo llegado, para todos, el tiempo del edicto, fue con María a la tierra de los padres. Pero Belén los rechazó porque el corazón de los hombres está cerrado a la caridad.

136.8

Ahora hablad vosotros».

«Yo, cayendo ya la tarde, me encontré con una mujer joven y sonriente a caballo de un borriquillo. Un hombre venía con ella. Me pidió leche y algunas informaciones. Yo dije lo que sabía... Luego vino la noche... y una gran luz... y salimos... y Leví vio a un ángel que estaba cerca del aprisco. El ángel dijo: “Ha nacido el Salvador”. Ya era completamente de noche y el cielo estaba lleno de estrellas, aunque la luz quedaba absorbida por la de aquel ángel y la de otros miles de ángeles... (Elías llora aún al recordarlo). Y nos dijo el ángel: “Id a adorarle. Está en un establo, en un pesebre, entre dos animales... Encontraréis a un Pequeñuelo envuelto en unos pobres pañales...”. ¡Oh..., qué fulgor el del ángel al decir estas palabras!... ¿Te acuerdas, Leví, cómo despedían llamas sus alas cuando, después de inclinarse para nombrar al Salvador, dijo: “... que es el Cristo Señor”?».

«¡Claro que me acuerdo! ¿Y las voces de esos millares de ángeles: “Gloria a Dios en los Cielos altísimos y paz en la Tierra a los hombres de buena voluntad”! Aquella música está aquí, está aquí, y me transporta al Cielo cada vez que la oigo» — y Leví alza el rostro, un rostro extático en que luce el llanto.

«Y fuimos — dice Isaac —, cargados como bestias, alegres como para una boda, y, luego..., cuando oímos tu tenue voz y la de tu Madre, ya no supimos hacer nada, y empujamos a Leví, que era un niño, para que mirase. Nosotros nos sentíamos como unos leprosos junto a tanto candor... Y Leví escuchaba y reía llorando y repetía las palabras, con una voz tal de cordero, que la oveja de Elías baló. José vino al portillo y nos invitó a pasar... ¡Qué pequeño y lindo eras! Un capullo de rosa encarnada sobre el rudo heno... Y llorabas... Luego te reíste por el calorcito de la piel de oveja que te ofrecimos y por la leche que ordeñamos para ti... Tu primera comida... ¡Oh!... y luego... y luego te besamos... Dejaste en nosotros un sabor a almendra y a jazmín... y nosotros ya no podíamos separarnos de ti…».

«Efectivamente, desde entonces no me habéis dejado».

«Es verdad — dice Jonatán —. Tu rostro quedó grabado en nosotros y lo mismo tu voz y tu sonrisa... Crecías... eras cada vez más hermoso... El mundo de los buenos venía a deleitarse en ti... y el de los malvados no te veía... Ana... tus primeros pasos... los tres Sabios... la estrella…».

«¡Qué luz aquella noche! El mundo parecía arder con mil luces. Sin embargo, la noche de tu venida la luz estaba fija y era como de perla... Ahora era la danza de los astros; entonces, la adoración de los astros. Nosotros, desde un alto, vimos pasar la caravana y la seguimos para ver si se detenía... Al día siguiente, toda Belén vio la adoración de los Sabios.

136.9

Y luego... ¡Oh..., no hablemos de aquel horror, no hablemos de él!…». — Elías palidece al recordarlo.

«Sí, no hables de ello. Guárdese silencio sobre el odio…».

«El mayor dolor era el hecho de no tenerte ya y el no tener noticias tuyas. Ni siquiera Zacarías sabía nada; él, que era nuestra última esperanza... Luego... luego ya nada más».

«¿Por qué, Señor, no confortaste a tus siervos?».

«¿Preguntas el porqué, Felipe? Porque era prudente hacerlo. Mira cómo Zacarías, cuya formación espiritual se completó después de ese momento, tampoco quiso descorrer el velo. Zacarías…».

«Tú nos dijiste que Zacarías fue quien se ocupó de los pastores. Siendo así, ¿por qué él no dijo, primero a ellos y luego a ti, que los unos estaban buscando al Otro?».

«Zacarías era un justo enteramente hombre. Se hizo menos hombre y más justo durante los nueve meses de mutismo. Luego, durante los meses que siguieron al nacimiento de Juan, se perfeccionó. Pero fue en el momento en que sobre su soberbia de hombre cayó el mentís de Dios, cuando se hizo espíritu justo. Había dicho: “Yo, sacerdote de Dios, digo que en Belén debe vivir el Salvador”. Dios le había mostrado cómo el juicio, aunque sea sacerdotal, si no está iluminado por Dios, es un pobre juicio. Horrorizado por el pensamiento de que por su palabra hubiera podido provocar que mataran a Jesús, vino a ser el justo, el justo que ahora descansa en espera del Paraíso. Y la justicia le enseñó prudencia y caridad. Caridad hacia los pastores, prudencia respecto al mundo que debía permanecer en la ignorancia acerca del Cristo. Cuando, regresando a la patria, nos dirigimos a Nazaret, por la misma prudencia que ya guiaba a Zacarías, evitamos Hebrón y Belén, y, costeando el mar, volvimos a Galilea. Ni siquiera el día de mi mayoría de edad fue posible ver a Zacarías, que había partido el día antes con su niño para la misma ceremonia.

Dios velaba, Dios probaba, Dios proveía, Dios perfeccionaba. Tener a Dios significa también esfuerzo, no sólo contento. Y así mi padre de amor y mi Madre de alma y de carne tuvieron que esforzarse también. Se puso veto incluso a lo lícito, para que el misterio envolviese en sombra al Mesías niño.

136.10

Y que esto les sirva de explicación a muchos que no comprenden la dúplice razón de la congoja cuando no me encontraban durante tres días. Amor de madre, amor de padre hacia el niño perdido; temblor de custodios por el Mesías que podía quedar de manifiesto antes de tiempo; terror a haber tutelado mal la Salud del mundo y el gran don de Dios. Éste fue el motivo de aquella insólita exclamación: “¡Hijo, ¿por qué nos has hecho esto? Tu padre y yo, angustiados, te estábamos buscando!”. “Tu padre”, “tu madre”... El velo echado sobre el resplandor del divino Encarnado. Y la tranquilizante respuesta: “¿Por qué me buscabais? ¿No sabíais que Yo debo ser activo en las cosas del Padre mío?”. Y la Llena de Gracia recogió y comprendió tal respuesta en su justo valor, o sea: “No tengáis miedo. Soy pequeño, un niño; mas, si bien crezco, según la humanidad, en estatura, sabiduría y gracia ante los ojos de los hombres, Yo soy el Perfecto en cuanto que soy el Hijo del Padre y, por tanto, sé conducirme con perfección, sirviendo al Padre haciendo resplandecer su luz, sirviendo a Dios conservándole el Salvador”. Y así hice hasta hace un año.

Ahora el tiempo ha llegado. Se descorren los velos, y el Hijo de José se muestra en su naturaleza: el Mesías de la Buena Nueva, el Salvador, el Redentor y el Rey del siglo futuro».

«¿Y no volviste a ver nunca a Juan?».

«Sólo en el Jordán, Juan mío, cuando solicité el Bautismo».

«De modo que ¿Tú no sabías que Zacarías les había beneficiado a éstos?».

«Ya te he dicho que después del baño de sangre, de sangre inocente, los justos se hicieron santos, los hombres se hicieron justos. Sólo los demonios permanecieron como eran. Zacarías aprendió a santificarse con la humildad, la caridad, la prudencia, el silencio».

136.11

«Deseo recordar todo esto. Pero, ¿podré hacerlo?» dice Pedro.

«Tranquilo, Simón. Mañana — dice Mateo — les pido a los pastores que me lo repitan, con sosiego, en el huerto, una, dos, tres veces, si hace falta. Tengo buena memoria, ejercitada en mi banco de trabajo, y me acordaré por todos. Cuando quieras, te podré repetir todo. Tampoco tenía notas en Cafarnaúm y sin embargo…».

«¡No te equivocabas ni en un didracma!... ¡Sí que me acuerdo... y bien! Te perdono el pasado, de corazón realmente, si te acuerdas de esta narración... y si me la cuentas a menudo. Quiero que me entre en el corazón de la misma forma que está en éstos... como lo tuvo Jonás... ¡Morir diciendo su Nombre!…».

Jesús le mira a Pedro y sonríe. Luego se levanta y le besa en la entrecana cabeza.

«¿A qué se debe este beso tuyo, Maestro?».

«A que has sido profeta: tú morirás diciendo mi Nombre; he besado al Espíritu, que hablaba en ti».

Luego Jesús entona, fuerte, un salmo, y todos, en pie, le secundan: «“Alzaos y bendecid al Señor vuestro Dios, de eternidad en eternidad. Bendito sea su Nombre sublime y glorioso, con toda alabanza y bendición. Tú sólo eres el Señor. Tú has hecho el cielo y el cielo de los cielos y todo su ejército, la Tierra y todo lo que contiene”, etc. (es el himno que cantan los levitas en la fiesta de la consagración del pueblo, cap. IX del libro II de Esdras)».

Todo termina con este largo canto, que no sé si se encuentra en el rito antiguo o si Jesús lo dice motu proprio.


Notes

  1. de même qu’Esther dans le récit en : Est 2, 1-18.
  2. contre les règles habituelles, expression que Maria Valtorta explique par la note suivante sur une copie dactylographiée : Marie est née d’une union charnelle. Mais “ contre les règles habituelles ” car Anne, à cause d’une impossibilité organique et de son âge, n’en aurait plus été capable sans un miracle voulu par Dieu.
  3. Force de Dieu est le sens étymologique de Gabriel, le nom de l’archange de toutes les annonciations, qui était descendu parler aux prophètes, comme en Dn 8, 15-27 ; 9, 20-27.
  4. long cantique : dans la nouvelle Vulgate, il se trouve en Ne 9, 5-36.

Notas

  1. MV explica la expresión contra las reglas comunes de la procreación con la siguiente nota autógrafa puesta en una copia mecanografiada: María nació de unión carnal. Pero “contra las reglas comunes” porque por defecto orgánico y por edad Ana, sin un milagro puesto por Dios, ya no habría podido hacerlo.
  2. “Fuerza de Dios” es el significado etimológico de “Gabriel”, el nombre del arcángel de los anuncios.