Los Escritos de Maria Valtorta

392. L’hostilité de Massada, cité-forteresse.

392. La hostilidad de Masada, ciudad-fortaleza.

392.1

Ils sont en train de monter par un sentier de chèvres vers une ville qui semble être un nid d’aigle sur un sommet alpin. Ils grimpent avec beaucoup de difficultés, de l’occident vers l’orient, en tournant le dos à une chaîne de montagne ininterrompue qui fait déjà partie de l’ensemble des monts de Judée. Par une avancée puissante, semblable au contrefort d’une muraille colossale, elle s’avance vers l’extrémité sud de la rive occidentale de la Mer Morte. C’est vraiment un pic élevé, solitaire, escarpé, tels que les aiment les aigles pour leurs amours royales, dédaigneux des témoins et de toute société.

« Quel chemin, mon Dieu ! gémit Pierre.

– Pire encore que celui de Jiphtaël, confirme Matthieu.

– Cependant, ici il ne pleut pas, il n’y a pas d’humidité, on ne glisse pas. C’est déjà quelque chose… constate Jude.

– Hé ! oui ! C’est une consolation… Mais il n’y a pas que cela. Pas de danger que les ennemis te prennent ! Ce n’est pas l’homme qui peut te faire tomber, il y faudrait un tremblement de terre ! dit Pierre en s’adressant à la cité-forteresse, ceinturée par l’anneau étroit de ses défenses, avec ses maisons tassées, serrées les unes contre les autres comme les grains d’une grenade dans l’écrin de sa peau épaisse.

– Tu crois cela, Pierre ? demande Jésus.

– Si je le crois ? Bien plus, je le vois ! »

Jésus hoche la tête et ne réplique rien.

« Il aurait peut-être mieux valu arriver du côté de la mer. Si Simon avait été là… lui, il connaît ces parages, soupire Barthélemy, qui n’en peut plus.

– Quand nous serons dans la ville et que vous verrez l’autre chemin, vous me remercierez d’avoir choisi celui-là. Par ici, un homme peut monter, quoique avec difficulté. Par l’autre sentier, une chèvre y parvient difficilement, répond Jésus.

– Comment le sais-tu ? Quelqu’un t’en a-t-il parlé, ou bien… ?

– Je le sais. D’ailleurs, c’est de ce côté que se trouve la bru d’Ananias. Je veux d’abord lui parler.

– Maître… il n’y aura pas des dangers là-haut ?… C’est que… d’ici, il est impossible de sortir rapidement, et s’ils nous poursuivent… nous ne rentrerons plus chez nous. Regarde ces précipices et ces pierres tranchantes ! dit Thomas.

– Ne craignez rien. Nous n’allons pas trouver une Engaddi — il y en a bien peu en Israël —, mais il ne nous arrivera rien de mal.

– C’est que… tu sais que c’est une forteresse d’Hérode ?

– Eh bien ? N’aie pas peur, Thomas ! Tant que ce n’est pas l’heure, rien n’arrive de vraiment grave. »

392.2

Après une longue marche, ils parviennent enfin près des murs à l’aspect peu engageant. Le soleil est maintenant très haut, mais l’altitude tempère la chaleur.

Ils entrent dans la cité en passant sous l’arche d’une porte étroite, sombre. Les murs des bastions sont puissants, avec des tours épaisses et des meurtrières.

« Quel piège à gibier ! lance Matthieu.

– Moi, je pense aux malheureux qui ont transporté ici ces matériaux, ces blocs, ces plaques de fer… dit Jacques, fils d’Alphée.

– L’amour saint de la patrie et de l’indépendance ont rendu légers les fardeaux aux hommes de Jonathan Maccabée[1]. L’amour pervers de soi-même et la terreur de la colère du peuple a imposé un joug pesant, non à des sujets, mais à des gens tombés plus bas que des esclaves, par la folle volonté d’Hérode le Grand. Mais, baptisée dans le sang et les larmes, elle périra dans le sang et les larmes quand viendra l’heure de la punition divine.

– Mais, Maître, les habitants y sont-ils pour quelque chose ?

– Pour rien et pour tout. Quand les sujets rivalisent avec leurs chefs par les fautes ou les bonnes actions, ils partagent leurs récompenses ou leurs châtiments.

392.3

Mais voici la maison : c’est la troisième de la seconde rue, avec le puits devant. Allons-y… »

Jésus frappe à la porte fermée d’une maison haute et étroite. Un enfant lui ouvre.

« Es-tu parent d’Ananias ?

– Je porte son nom, car c’est le père de mon père.

– Appelle ta mère. Dis-lui que je viens de la ville où se trouve Ananias et le tombeau de son époux défunt. »

L’enfant part et revient.

« Elle a répondu qu’elle n’a pas envie d’avoir des nouvelles du vieillard, et que tu peux t’en aller. »

Jésus prend un visage très sévère.

« Je ne partirai pas avant de lui avoir parlé. Mon enfant, va lui dire que Jésus de Nazareth, en qui croyait son mari, est ici, et qu’il veut s’entretenir avec elle. Dis-lui de ne pas avoir peur. Le vieil homme n’est pas avec nous… »

Le garçon s’éloigne de nouveau. L’attente est longue. Des gens se sont arrêtés pour observer et certains interrogent les disciples. Mais l’ambiance est dure, indifférente ou ironique… Les apôtres essaient de se montrer polis, mais ils sont visiblement impressionnés. Et ils le sont davantage quand surviennent des notables de la cité et des gens armés, les uns et les autres avec des visages… de galériens qui n’inspirent guère confiance.

Jésus, sur le seuil, adossé au chambranle, les bras croisés, attend patiemment, l’air absorbé.

392.4

La femme arrive enfin. Grande, brune, l’œil dur, le profil accentué, elle n’est ni laide ni vieille, mais son expression lui en donne l’air.

« Que veux-tu ? Dépêche-toi, j’ai à faire, dit-elle avec hauteur.

– Je ne veux vraiment rien, rassure-toi. Je t’apporte seulement le pardon d’Ananias, son affection, sa prière…

– Je ne le reprends pas ! Inutile de m’en prier. Je ne veux pas de vieux pleurnicheurs. Tout est fini entre nous. Du reste, je vais bientôt me remarier et je ne puis imposer ce grossier paysan à la maison d’un riche. J’en ai assez de l’erreur d’avoir accepté d’épouser son fils ! Mais j’étais alors une jeune sotte et je ne regardais qu’à la beauté de l’homme. Malheur à moi ! Malheur à moi ! Qu’il soit maudit, le motif qui l’a mis sur mon chemin ! Que soit anathème jusqu’au souvenir de… »

On dirait une machine…

« Assez ! Respecte les vivants et les morts que tu ne méritais pas d’avoir, femme plus aride qu’un silex. Malheur à toi ! Oui, malheur ! Car tu n’as aucun amour pour le prochain, donc Satan est en toi. Mais tremble, femme ! Tremble que les larmes du vieillard, que celles de ton époux, que tu as certainement accablé par ton manque d’amour, ne deviennent une pluie de feu sur ce qui t’est cher ! Tu as des enfants, femme !…

– Des enfants ! Ah ! si je pouvais ne pas en avoir ! Même ce dernier lien serait rompu ! Du reste, je ne veux rien entendre. Je ne veux pas t’écouter. Va-t’en ! Je suis chez moi, dans la maison de mon frère. Je ne te connais pas. Je ne veux pas me rappeler le vieillard. Je ne… »

Elle crie comme une pie plumée toute vivante. C’est une véritable harpie…

« Prends garde à toi ! dit Jésus.

– Tu me menaces ?

– Je te rappelle à Dieu, à sa Loi, par pitié pour ton âme. Quels enfants veux-tu élever avec ces sentiments ? Ne crains-tu pas le jugement de Dieu ?

– Oh, assez ! Saül, va appeler mon frère et dis-lui de venir avec Jonathas. Je vais t’en faire voir ! A toi…

– Non, pas besoin. Ton âme ne sera pas forcée par Dieu. Adieu. »

Et Jésus, fendant la foule, s’éloigne.

392.5

La rue est étroite entre les hautes maisons. Mais l’essentiel de la défense de la ville, conçue dans ce but, se trouve dans sa partie orientale, où elle surplombe tout sur des centaines de mètres et où l’étroit ruban d’un sentier qui serpente, d’une raideur vraiment impressionnante, monte de la plaine, des rives de la mer, vers le sommet du pic.

C’est justement là que Jésus va. Il s’y trouve une petite place pour les machines de guerre. Il commence à parler en répétant une nouvelle fois son invitation au Royaume des Cieux, dont il donne les grandes lignes.

Il s’apprête à les développer quand, se frayant un chemin dans la petite foule plus curieuse que croyante, s’avancent des notables qui discutent entre eux. A peine arrivent-ils en face de Jésus, que, parlant confusément et n’ayant en commun que l’intention de le chasser, ils lui ordonnent :

« Va-t’en ! Ici, il y a assez de nous pour éduquer les fils d’Israël.

– Va-t’en ! Nos femmes n’ont pas besoin de subir des reproches de ta part, galiléen !

– Va-t’en, perturbateur ! Comment te permets-tu de t’en prendre à la femme d’un hérodien, dans l’une des villes préférées du grand Hérode ? Tu as usurpé, dès ta naissance, ses droits souverains ! Hors d’ici ! »

Jésus les regarde, spécialement ces derniers, et leur dit un seul mot :

« Hypocrites !

– Vas-tu filer ! »

C’est un vrai tumulte de voix discordantes. Chacun pour son compte accuse ou défend sa caste. On ne comprend plus rien. Sur l’étroite petite place, des femmes crient et s’évanouissent, des enfants pleurent, des hommes armés cherchent à se frayer un chemin en descendant de la forteresse proprement dite. Ce faisant, ils blessent des gens entassés sur la place qui réagissent en lançant des imprécations contre Hérode et ses soldats, contre le Messie et ses disciples. C’est un beau vacarme ! Les apôtres, serrés autour de Jésus, les seuls à le défendre plus ou moins courageusement, lancent à leur tour des injures salées, et il y en a pour tous.

Jésus les appelle :

« Sortons d’ici. Faisons le tour par derrière la ville et nous nous en irons…

– Et pour toujours, tu sais ? Pour toujours ! hurle Pierre, rouge de colère.

– Oui, pour toujours… »

Ils défilent, l’un derrière l’autre, et le dernier, malgré les instances des siens, c’est Jésus. Les gardes, tout en se moquant du “ prophète éconduit ” — comme ils disent en faisant toutes sortes de plaisanteries —, ont assez de bon sens pour se hâter de fermer la porte des remparts et s’y adosser, leurs armes tournées vers la place.

392.6

Jésus marche sur un étroit sentier qui longe les murs, un sentier large de deux paumes ; au-dessous, c’est le vide, la mort. Les apôtres le suivent en évitant de regarder l’abîme effrayant.

Et les voilà de nouveau devant la porte par laquelle ils sont entrés. Jésus, sans s’arrêter, commence la descente. La cité a aussi fermé la porte de ce côté…

A plusieurs mètres de la ville, Jésus s’arrête et pose la main sur l’épaule de Pierre, qui dit en essuyant sa sueur :

« Nous l’avons échappé belle ! Maudite ville ! Et maudite femme ! Ah ! pauvre Ananias ! Elle est pire que ma belle-mère ! Quel serpent !

– Oui, elle a le cœur froid des serpents… Simon-Pierre, qu’en dis-tu ? Malgré toutes ses défenses, cette ville te paraît-elle sûre ?

– Non, Seigneur. Elle n’a pas Dieu en elle. Je dis qu’elle aura le même sort que Sodome et Gomorrhe.

– Tu as raison, Simon ! Elle est en train d’amonceler contre elle les foudres de la colère divine. Et ce n’est pas tant pour m’avoir chassé que parce que, chez elle, tous les commandements du Décalogue sont violés. Marchons, maintenant. Une grotte nous accueillera dans son ombre fraîche en ces heures de soleil. Et, au crépuscule, nous nous dirigerons vers Kérioth tant que la lune le permettra…

– Mon Maître ! gémit Jean avec un sanglot inattendu.

– Mais qu’as-tu ? » demandent tous les autres.

Jean ne s’explique pas. Il pleure en se cachant le visage dans les mains, un peu penché… On dirait déjà le Jean torturé du jour de la Passion…

« Ne pleure pas ! Viens ici… Nous avons encore de douces heures devant nous » dit Jésus en l’attirant à lui.

Cela console son cœur, mais ses larmes augmentent.

« Oh ! Maître ! Mon Maître ! Comment vais-je faire ? Comment vais-je faire ?

– Mais pour quoi, mon frère ?

– Pour quoi, mon ami ? » demandent Jacques et les autres.

Jean hésite à parler, puis il lève la tête et, jetant ses bras au cou de Jésus et l’obligeant à se pencher vers son visage bouleversé, il crie et s’adresse à lui au lieu de répondre à ceux qui l’interrogent :

« Pour te voir mourir !

– Dieu viendra à ton secours, car tu es son enfant bien-aimé ! Son aide ne te fera pas défaut. Ne pleure plus. Allons ! Allons… »

Et Jésus reprend la route en tenant par la main l’apôtre aveuglé par les larmes…

392.1

Están ascendiendo por una subida de cabras a una ciudad que parece un nido de águilas en la cima de un pico alpino. Sí, es verdaderamente un pico alto, solitario, de laderas escarpadas, como les gusta a las águilas para sus regios amores, que desdeñan testigos y colectividades. Y con gran fatiga lo acometen, yendo de occidente hacia oriente, volviendo las espaldas a una cadena continua de montes que ya forman parte del sistema montañoso judío, y que, con un ramal poderoso, semejante al contrafuerte de una colosal muralla, se extiende hacia el Mar Muerto en su lado occidental extremo, o sea, hacia el extremo sur de este mar.

«¡Qué camino, Dios mío!» gime Pedro.

«Peor todavía que el de Yiftael» confirma Mateo.

«Pero aquí no llueve, no hay humedad, no resbala uno; lo cual ya es algo…» observa Judas Tadeo.

«¡Sí, bueno, tenemos este consuelo… pero sólo éste! ¡Que no, hombre, que no caes en manos de los enemigos! ¡Si no te echa abajo un terremoto, tú, por mano de hombre, no caes!» dice Pedro hablando a la ciudad-fortaleza, bien cerrada dentro del anillo estrecho de sus defensas, con sus casas apiñadas, apretadas unas contra otras como las semillas de una granada en el escriño de su gruesa cáscara.

«¿Tú crees, Pedro?» pregunta Jesús.

«¿Que si lo creo? ¡Lo veo, que es más!».

Jesús mueve la cabeza, pero no rebate.

«Quizás hubiera sido mejor venir por la parte del mar. Si hubiera estado Simón… Conoce bien estos lugares» suspira Bartolomé, que ya no puede más.

«Cuando estemos en la ciudad y veáis el otro camino, me agradeceréis haber elegido éste. Por aquí puede subir con fatiga un hombre. Por el otro, con fatiga sube una cabra» responde Jesús.

«¿Cómo lo sabes? ¿Alguno te ha informado, o…?».

«Sé. Y, además, por esta parte está la nuera de Ananías. La primera cosa que quiero hacer es hablar con ella».

«Maestro… ¿no habrá peligros allá arriba?… Porque… aquí no puede uno escaparse rápidamente, y, si nos siguen… no volvemos a ver nuestra casa. ¡Mira que precipicios! ¡Y qué piedras tan cortantes!…» dice Tomás.

«No tengáis miedo. No encontraremos una Engadí. Poquísimas hay como Engadí en Israel. Pero no nos sucederá nada malo».

«Es porque… ¿Sabes que es una fortaleza de Herodes?…».

«¿Y qué quieres decir con eso? ¡Que no tengas miedo, Toma! Hasta que no llega la hora, nada sucede verdaderamente grave».

392.2

Caminan, caminan, y llegan al pie de los adustos muros cuando el Sol ya está alto. Pero la altura mitiga el calor.

Entran en la ciudad pasando bajo el arco de una puerta estrecha, tenebrosa. Los muros de los bastiones son robustos, con macizas torres y estrechas aberturas.

«¡Qué trampa para caza!» dice Mateo.

«Yo pienso en los desdichados que hayan traído aquí los materiales, estos bloques, estas grandes láminas de hierro…» dice Santiago de Alfeo.

«El amor santo a la patria y a la independencia les hizo ligeros los pesos a los hombres de Jonatán Macabeo[1]; el amor malvado de sí mismo y el terror a la ira del pueblo impuso un pesado yugo, no a súbditos sino a peor que esclavos, por voluntad de Herodes el Grande. Y, bautizada con sangre y lágrimas, perecerá en la sangre y en las lágrimas, cuando llegue la hora del castigo divino».

«Maestro, ¿pero qué culpa tienen los habitantes?».

«Ninguna. Y toda. Porque cuando los súbditos emulan a los jefes en las culpas o en los méritos, reciben el mismo premio o castigo que sus jefes.

392.3

Pero hemos llegado a la casa, que es la tercera de la segunda calle, la que tiene el pozo delante. Vamos…».

Jesús llama a la puerta cerrada de una casa alta y estrecha. Abre un niño.

«¿Eres pariente de Ananías?».

«Llevo su nombre porque es padre de mi padre».

«Llama a tu madre. Dile que vengo del pueblo donde está Ananías y el sepulcro de su marido fallecido».

El niño se marcha y vuelve. «Ha dicho que no le interesa saber nada del viejo. Que te puedes marchar».

Jesús pone una cara muy severa. «No me iré sino después de haber hablado con ella. Niño, ve y dile que Jesús de Nazaret, en quien creía su marido, está aquí y quiere hablar con ella. Dile que no tema. El anciano no está…».

El niño se marcha otra vez. La espera es larga. Algunas personas se han parado a observar y alguno pregunta a los discípulos. Pero se percibe un ambiente arisco, o indiferente, o irónico… Los apóstoles tratan de ser amables, pero están visiblemente influenciados por la situación. Y terminan de estarlo cuando llegan los notables de la ciudad y hombres de armas; tanto unos como otros con unas caras de… delincuentes, que no inspiran ni pizca de confianza.

Jesús, en el umbral de la puerta, apoyado en una jamba, con los brazos cruzados, espera, paciente, absorto.

392.4

Por fin sale la mujer. Alta, morena, de mirada dura y perfil desabrido. No es ni vieja ni fea, pero su expresión la hace parecer vieja y fea. «¿Qué quieres? Date prisa, que tengo cosas que hacer» dice altanera.

«No quiero nada. Nada. Tranquila. Que sólo te traigo el perdón de Ananías, su afecto, su súplica…».

«¡No le tomo conmigo de nuevo! Inútil suplicar. No quiero viejos lamentosos. Ya no tenemos nada que ver yo y él. Y, además, pronto me voy a casar otra vez y no puedo imponer en la casa de un rico a ese burdo labriego que es él. ¡Ya he tenido de sobra con mi error de aceptar casarme con su hijo! Pero entonces era una niña ignorante y me fijé sólo en la belleza del hombre. ¡Qué desventura para mí! ¡Qué desventura! ¡Maldito sea el motivo que me le puso en mi camino! ¡Y maldito el recuerdo de…». Parece una máquina…

«¡Basta! Respeta, mujer más árida que el sílex, a los vivos y a los muertos que no merecías tener. ¡Desventura para ti! ¡Sí! ¡Desventura! Porque en ti no hay amor al prójimo, y por tanto Satanás está en ti. ¡Pues teme, mujer! ¡Teme que las lágrimas del anciano, que las del marido, al cual ciertamente has oprimido con tu aborrecimiento, no se vuelvan lluvia de fuego sobre lo que tú amas! ¡Tienes hijos, mujer!…».

«¡Hijos! ¡Ojalá no los tuviera! ¡Habría desaparecido el último vínculo! Y… bueno, además no quiero oír nada. No quiero oírte. ¡Vete! Estoy en mi casa, en casa de mi hermano. No te conozco. No quiero recordar al viejo. No…» grita como una urraca desplumada viva. Una verdadera arpía…

«¡Atenta!» dice Jesús.

«¿Me estás amenazando?».

«Es un llamamiento que te hago en orden a Dios, a su Ley, por piedad hacia tu alma. ¿Qué hijos vas a educar con estos sentimientos? ¿No temes el juicio de Dios?».

«¡Basta! Saúl, ve a llamar a mi hermano y dile que venga con Jonatán. ¡Ahora verás! Te…».

«No. No hace falta. Dios no va a forzar tu alma. Adiós». Y Jesús se marcha abriéndose paso entre la gente.

392.5

La calle es estrecha, entre altas casas. Pero la ciudad, adecuada para la defensa, tiene el corazón como la propia defensa de la parte oriental, donde todo cae a plomo por cientos de metros, y donde la delgada cinta de un sendero sinuoso, de una inclinación verdaderamente impresionante, sube desde la llanura, desde las orillas del mar, hasta la cima del pico.

Jesús va precisamente allí, donde hay una placita para las máquinas de guerra, y empieza a hablar, repitiendo una vez más su llamada al Reino de los Cielos, del cual expone las líneas esquemáticas.

Y está para desarrollarlas cuando, abriéndose un pasaje entre la pequeña muchedumbre, más curiosa que creyente, van hacia Él, voceando entre sí, unos notables. En cuanto están frente a Jesús, dicen — confusamente porque hablan todos juntos, concordes sólo en expulsarle — en tono conminatorio: «¡Vete de esta ciudad! Aquí nos bastamos nosotros para educar a los hijos de Israel»; «¡Márchate! ¡Nuestras mujeres no necesitan de tus recriminaciones, galileo!»; «¡Vete con tus ultrajes! ¿Cómo te atreves a ofender a la mujer de un herodiano, en una de las ciudades predilectas del gran Herodes? ¡Usurpador, ya desde el nacimiento, de sus derechos soberanos! ¡Fuera de aquí!».

Jesús los mira, especialmente a estos últimos, y dice una sola palabra: «¡Hipócritas!».

«¡Fuera! ¡Fuera!».

Un verdadero tumulto de voces discordes, y, cada una por su cuenta, acusa o defiende a la propia casta. No hay quien se aclare. En la placita estrecha, hay mujeres que chillan y se desmayan, niños que lloran, soldados que tratan de abrirse paso — salen de la fortaleza propiamente dicha — y que para abrirse paso hacen daño a la gente que está apiñada en la plaza, la cual reacciona imprecando contra Herodes y sus soldados, contra el Mesías y sus seguidores. ¡Un buen jaleo! Los apóstoles, formando una barrera en torno a Jesús — son los únicos que le defienden, más o menos valientemente — gritan a su vez improperios punzantes, y no se salva de sus improperios ninguno.

Jesús los llama y dice: «Nos marchamos de aquí. Torcemos por detrás de la ciudad y nos marchamos…».

«¡Y para siempre, ¿eh?! ¡Para siempre!» grita Pedro, lívido de ira.

«Sí, para siempre…».

Se marchan, uno después de otro. Contra todas las insistencias de los suyos, el último es Jesús. Los soldados, a pesar de sus burlas hacia el «profeta burlado», como dicen, haciendo todo tipo de gestos burlescos, tienen la prudencia de cerrar enseguida el portillo de la muralla y apoyarse contra él con las armas vueltas hacia la plaza.

392.6

Jesús camina por un senderito que bordea las murallas, un sendero de dos palmos de ancho, bajo el cual está el vacío, la muerte. Los apóstoles le siguen, evitando mirar al abismo pavoroso. Ya están otra vez delante de la puerta por la que habían entrado. Jesús, sin detenerse, empieza a bajar. La ciudad tiene cerrada la puerta también por este lado…

A muchos metros de la ciudad, Jesús se para y pone la mano en el hombro de Pedro, el cual, secándose el sudor, dice: «¡De buena nos hemos librado! ¡Maldita ciudad! ¡Y maldita mujer! ¡Pobre Ananías! ¡Ésa es peor que mi suegra!… ¡Qué serpiente!».

«Sí. Tiene el corazón frío de las serpientes… Simón de Jonás, ¿tú qué opinas? ¿Te parece segura esta ciudad, a pesar de todas las defensas?».

«¡No, Señor! No tiene a Dios consigo. Digo que compartirá con Sodoma y Gomorra la misma suerte».

«Bien has respondido, Simón de Jonás. Está acumulando contra sí los rayos de la ira divina. Y no tanto por haberme echado, cuanto porque en ella se violan todos los mandamientos del Decálogo. Vámonos. Nos acogerá la sombra fresca de una gruta, en estas horas de sol. Y, cuando se ponga el Sol, nos encaminaremos hacia Keriot, mientras lo permita la Luna…».

«¡Maestro mío!» gime Juan en un improviso acceso de llanto.

«¿Pero qué te pasa?» preguntan todos.

Juan no se explica. Llora, llevadas las manos a la cara, un poco agachado… Parece ya el Juan desolado del día de la Pasión…

«¡No llores! Ven aquí… Nos quedan todavía horas dulces por delante» dice Jesús arrimándole hacia sí (lo cual consuela el corazón, pero hace aumentar el llanto).

«¡Oh! ¡Maestro! ¡Maestro mío! ¡¿Cómo voy a resistir?! ¡¿Cómo voy a resistir?!».

«¿Pero el qué, hermano?», «¿El qué, amigo?» preguntan Santiago y los otros.

Juan no logra hablar. Luego, levantando la cara y echándole los brazos al cuello a Jesús, y obligándole a agacharse hacia su rostro desolado, grita, respondiendo a Jesús en vez de a los que le han preguntado: «¡El verte morir!».

«Dios te socorrerá, niño suyo predilecto! No te faltará su ayuda. No llores más. ¡Vamos! Vamos…», y Jesús se echa a andar, llevando de la mano al ciego a causa de las lágrimas…


Notes

  1. hommes de Jonathan Maccabée, dont parle 1 M 9, 62.

Notas

  1. ...a los hombres de Jonatán Macabeo, in 1 Macabeos 9, 62, como señala MV en una copia mecanografiada.