Los Escritos de Maria Valtorta

498. Jésus exhorte Jude et Jacques, les fils de Zébédée,

498. Exhortación a Judas Tadeo y a Santiago de Zebedeo

498.1

« Tu veux vraiment prendre cette route ? Cela ne me paraît guère prudent, pour plusieurs raisons… objecte Judas.

– Lesquelles ? Des hommes de ces villages, jusqu’à Capharnaüm, ne sont-ils pas venus à moi pour chercher le salut et la sagesse ? Ne sont-ils pas eux aussi des créatures de Dieu ?

– Oui… Mais… Il n’est pas prudent pour toi de t’avancer trop près de Machéronte… C’est un endroit funeste aux ennemis d’Hérode.

– Machéronte est loin, et je n’ai pas le temps d’aller jusque là. Je voudrais me rendre à Pétra, et au-delà… Mais je n’arriverai qu’à mi-route, ou moins encore. De toute façon, avançons…

– Joseph t’a conseillé…

– De rester sur des routes surveillées. Celle-ci est justement la route sur l’autre rive du Jourdain, sur laquelle les Romains ont établi de fortes garnisons. Je ne suis pas lâche, Judas, ni imprudent.

– Moi, je ne m’y fierais pas. Moi, je ne m’éloignerais pas de Jérusalem. Moi…

– Mais laisse donc faire le Maître. C’est lui le Maître, et nous sommes ses disciples. Quand donc a-t-on vu que c’est au disciple de conseiller son maître ? dit Jacques, fils de Zébédée.

– Quand ? Cela ne fait pas des années que ton frère lui a recommandé[1] de ne pas se rendre à Acor, et il l’a écouté. A présent, qu’il m’écoute !

– Tu es jaloux et autoritaire. Si mon frère a parlé et a été écouté, c’est signe que sa remarque était juste et qu’il fallait l’écouter. Il suffisait de regarder Jean, ce jour-là, pour comprendre que c’était le cas !

– Oh ! avec toute sa sagesse, il n’a jamais su le défendre, et ne le saura jamais. En revanche, ce que j’ai fait, moi, en arrivant à Jérusalem est récent.

– Tu as fait ton devoir. Mon frère aussi l’aurait fait à l’occasion, mais par d’autres moyens, car lui ne sait pas mentir, même pour de bonnes raisons… et j’en suis heureux !

– Tu m’offenses ! Tu me traites de menteur…

– Tu voudrais que je te dise sincère, alors que tu as menti si habilement sans changer de couleur ?

– Je le faisais…

– Oui. Je sais, je sais : pour sauver le Maître ! Mais cela ne me va pas, ni à aucun d’entre nous. Nous préférons la simple réponse du vieil homme[2]. Nous préférons nous taire, quitte à être traités de débiles ou même malmenés, plutôt que de mentir. On commence à mentir pour une bonne raison, et on finit dans un but qui ne l’est pas.

– Qui est mauvais ? Pas moi. Qui est débile ? Pas moi.

498.2

– Cela suffit ! Même si vous avez raison, vous finissez par avoir tort, un tort différent de celui que vous vous reprochez, car il s’en prend à la charité. Ce que je pense de la sincérité, vous le savez tous, et ce que j’exige pour la charité aussi. Allons. Vos disputes me sont plus pénibles que les insultes de mes ennemis. »

Et Jésus, visiblement attristé, se met à marcher rapidement, seul, sur la route : il n’est pas besoin d’être archéologue pour comprendre qu’elle a été construite par les Romains. Elle va vers le sud, presque toute droite à perte de vue entre deux chaînes de montagnes assez remarquables. La voie est monotone, assombrie par les pentes boisées qui l’enserrent et empêchent de découvrir l’horizon, mais en bon état. De temps à autre, quelque pont romain est jeté sur un torrent ou un ruisseau qui descend certainement vers le Jourdain ou la mer Morte. Je ne le sais pas précisément, car les monts m’empêchent de voir du côté de l’occident où doivent se trouver les fleuves et la mer. Il passe des caravanes sur cette route, des caravanes qui remontent peut-être de la mer Rouge pour aller je ne sais où, avec de nombreux chameaux et chameliers, et des marchands d’une race visiblement différente de l’hébraïque.

Jésus marche toujours en avant, seul. Derrière, divisés en deux groupes, les apôtres discutent. Les Galiléens devant, les Judéens derrière, avec, en plus, André et Jean et les deux disciples qui se sont unis à eux. Le premier groupe essaie de consoler Jacques, fils de Zébédée, accablé par le sévère reproche du Maître ; l’autre tente de persuader Judas de ne pas être toujours aussi obstiné et agressif. Les deux groupes sont d’accord pour conseiller aux deux hommes qui ont reçu des reproches d’aller trouver le Maître et de faire la paix avec lui.

« Moi ? Mais j’y vais tout de suite ! Je sais que j’ai raison. Je me connais bien : ce n’est pas moi qui ai fait des insinuations malveillantes. J’y vais » dit Judas.

Il montre de l’assurance, il semble effronté. Il accélère le pas pour rejoindre Jésus. Je me demande une fois de plus si, ces jours-là, il était déjà disposé à trahir et s’il conspirait déjà avec les ennemis du Christ…

Jacques, au contraire, qui au fond est le moins coupable, est si abattu d’avoir peiné le Maître qu’il n’a pas le courage d’aller en avant. Il le regarde, son Maître, qui maintenant parle avec Judas… Il le regarde, et le désir d’entendre qu’il est pardonné se manifeste vivement sur son visage. Mais son amour même, sincère, constant, fort, lui fait paraître impardonnable son méfait.

498.3

Maintenant, les deux groupes se sont réunis, et même Simon le Zélote, André, Thomas et l’autre Jacques l’exhortent :

« Mais, allons ! Comme si tu ne le connaissais pas ! Il t’a déjà pardonné ! »

Et, avec beaucoup de finesse de jugement, Barthélemy, qui est âgé et sage, pose sa main sur l’épaule de Jacques en lui disant :

« Je peux te l’assurer : c’est pour ne pas susciter d’autres tempêtes qu’il a fait impartialement des reproches à vous deux, mais son cœur s’adressait seulement à Judas.

– C’est bien cela, Barthélemy ! Mon Frère s’épuise à supporter cet homme dont il s’obstine à vouloir le repentir, et il s’efforce de le faire paraître… comme l’un de nous. Lui, c’est le Maître, et moi… je suis moi… Mais si j’étais lui… l’homme de Kérioth ne serait pas avec nous ! lance Jude, avec des éclairs dans ses yeux très beaux qui rappellent ceux du Christ.

– Tu crois ? Tu as des soupçons ? A quel propos ? demandent plusieurs.

– Sur rien, rien de précis. Mais cet homme-là ne me plaît pas.

– Il ne t’a jamais plu, mon frère. C’est une répulsion irraisonnée car elle s’est produite dès la première rencontre, tu me l’as avoué. C’est contraire à l’amour. Tu devrais la vaincre, ne serait-ce que pour faire plaisir à Jésus, intervient Jacques, fils d’Alphée, sur un ton calme mais persuasif.

– Tu as raison, mais… je n’y arrive pas.

498.4

Viens, Jacques, allons ensemble trouver mon Frère. »

Et Jude saisit résolument le bras de Jacques, fils de Zébédée, et l’entraîne avec lui.

Judas les entend venir et il se retourne, puis il dit quelque chose à Jésus. Jésus s’arrête et les attend. Judas, l’œil malicieux, observe l’apôtre dépité.

« Excuse-moi. Pousse-toi un peu. J’ai besoin de parler à mon Frère » dit Jude.

La phrase est polie, mais le ton est très sec.

Judas a un petit rire puis, haussant les épaules, il revient sur ses pas pour rejoindre ses compagnons.

« Jésus, nous sommes pécheurs… dit Jude.

– C’est moi qui suis pécheur, pas toi, murmure Jacques, la tête basse.

– Nous sommes pécheurs, Jacques, car ce que tu as fait, moi je l’ai pensé, je l’ai approuvé, je l’ai dans le cœur. Je suis donc, moi aussi, dans le péché. Car ce jugement sur Judas sort de mon cœur pour contaminer ma charité… Jésus, tu ne dis rien à tes disciples qui reconnaissent leur péché ?

– Que dois-je dire que vous ne sachiez déjà ? Allez-vous peut-être changer à l’égard de votre compagnon à cause de mes paroles ?

– Non. Pas plus que lui ne change pour celles que tu lui dis, lui répond franchement son cousin, pour lui et pour les autres.

– Laisse faire, Jude, laisse faire ! C’est moi qui suis fautif. C’est de moi qu’il est question, et je dois m’occuper de moi, pas des autres. Maître, ne sois pas fâché contre moi…

498.5

– Jacques, j’attends de toi, de tous, un appui. J’ai tant de douleur devant toutes les incompréhensions que je rencontre… toutes les résistances obstinées. Vous le voyez vous-mêmes : pour un village qui me donne de la joie, trois me la refusent et me chassent comme un malfaiteur. Mais ce réconfort, cette adhésion dont les autres me privent, je voudrais l’avoir au moins de vous. Que le monde ne m’aime pas, que je me sente étouffé par toute cette haine, cette antipathie, cette inimitié, ces soupçons qui m’entourent, par les vilenies de toute espèce, par les égoïsmes, par tout ce que seul mon amour infini pour l’homme me fait endurer, c’est pénible. Mais je le supporte encore. Je suis venu pour le subir de la part de ceux qui haïssent le Salut. Mais vous ! Non, je ne supporte pas que vous ne soyez pas capables de vous aimer les uns les autres et par conséquent de me comprendre, que vous n’adhériez pas à mon esprit en vous efforçant de m’imiter.

Croyez-vous, pouvez-vous croire, vous tous, que je ne voie pas les erreurs de Judas, que j’ignore quoi que ce soit de lui ? Ah ! soyez bien sûrs qu’il n’en est pas ainsi. Mais si j’avais voulu des hommes parfaits spirituellement, j’aurais fait s’incarner des anges et je m’en serais entouré. J’aurais pu le faire. Cela aurait-il été un vrai bien ? Non. De ma part, cela aurait été égoïsme et mépris. J’aurais évité la douleur qui me vient de vos imperfections, et j’aurais méprisé les hommes créés par le Père et qu’il a aimés au point de m’envoyer les sauver. Et de la part de l’homme, cela aurait été nuisible pour l’avenir. Une fois ma mission achevée, quand je serais remonté au Ciel avec mes anges, que serait-il resté qui puisse continuer ma mission, et qui? Quel homme aurait pu s’efforcer de faire ce que je dis, s’il n’y avait qu’un Dieu et des anges pour donner l’exemple d’une vie nouvelle, réglée par l’esprit ?

Il était nécessaire que je revête une chair pour persuader l’homme que, s’il le veut, il peut être chaste et saint à tous points de vue. Et il était nécessaire que je choisisse des hommes qui, par leur esprit, répondraient à l’appel de mon esprit, sans regarder s’ils étaient riches ou pauvres, doctes ou ignorants, citadins ou paysans ; que je les choisisse comme je les trouvais, et que ma volonté et la leur les transforment lentement en maîtres des autres hommes.

L’homme peut croire à l’homme, qu’il voit. Mais il lui est difficile, lui qui est tombé si bas, de croire à un Dieu qu’il ne voit pas. Les foudres sur le Sinaï n’avaient pas encore fini de tomber, que déjà l’idolâtrie réapparaissait au pied de la montagne… Moïse n’était pas encore mort, lui dont on ne pouvait regarder le visage, que déjà on péchait contre la Loi. Mais quand vous, une fois transformés en maîtres, vous serez comme un exemple, comme un témoignage, comme un levain parmi les hommes, ceux-ci ne pourront plus prétendre : “ Ce sont des dieux descendus parmi les hommes, et nous ne pouvons pas les imiter. ” Ils devront dire : “ Ce sont des hommes comme nous. Il ne fait aucun doute qu’ils ont les mêmes instincts et les mêmes penchants que nous, les mêmes réactions, et cependant ils savent y résister et réagir sans la brutalité que nous y mettons. ” Ils auront ainsi la certitude que l’homme peut se diviniser, pourvu qu’il veuille entrer dans les voies de Dieu.

Observez les païens et les idolâtres. Tout leur Olympe, toutes leurs idoles les rendent-ils meilleurs ? Non. Car s’ils sont incrédules, ils disent que ce n’est qu’une fable ; et s’ils sont croyants, ils pensent : “ Ce sont des dieux, mais moi, je suis un homme ”, donc ils ne s’efforcent pas de les imiter. Pour vous, cherchez donc à devenir d’autres moi-même, et n’ayez pas de hâte. L’homme évolue lentement de l’état d’animal raisonnable à celui d’être spirituel. Ayez de l’indulgence les uns pour les autres ! Personne, à part Dieu, n’est parfait.

498.6

Et maintenant tout est passé, n’est-ce pas ? Transformez-vous par une ferme volonté à l’imitation de Simon-Pierre qui, en moins d’un an, a fait des pas de géant. Et pourtant… qui parmi vous était plus homme que Simon avec tous les défauts d’une humanité très matérielle ?

– C’est vrai, Jésus. Je ne cesse pas de l’étudier. Il fait mon admiration, avoue Jude.

– Oui. Je suis avec lui depuis l’enfance. Je le connais comme s’il était mon frère, mais j’ai en face de moi un nouveau Simon. Je t’avoue que, lorsque tu as annoncé qu’il était notre chef, je suis resté perplexe — et je ne suis pas le seul. Il me semblait le moins indiqué de tous. Je me disais : “ Qu’est-ce que Simon par rapport à l’autre Simon et à Nathanaël, à mon frère Jean et à tes frères ! ” Surtout par rapport à ces cinq-là ! Cela me paraissait vraiment être une erreur… A présent, je sais que tu avais raison.

– Et vous ne voyez que la surface de Simon ! Mais moi, j’en vois le fond. Pour être parfait, il a encore beaucoup à faire et à souffrir. Mais je voudrais que tous aient sa bonne volonté, sa simplicité, son humilité et son amour… »

Jésus regarde devant lui. Il semble voir je ne sais quoi. Il est absorbé dans ses pensées et sourit à ce qu’il voit. Puis il baisse les yeux sur Jacques et lui sourit.

« Alors… Je suis pardonné ? demande ce dernier.

– Je voudrais pouvoir pardonner à tous comme à toi… Voilà, cette ville doit être Hesbon. L’homme l’a dit : “ La ville se trouve après le pont à trois arches. ” Attendons les autres pour y entrer ensemble. »

498.1

«¿Pero quieres ir por este camino?, ¿precisamente por éste? No me parece prudente por muchas razones…» objeta Judas Iscariote.

«¿Cuáles? ¿No han venido, acaso, a mí, hasta Cafarnaúm, hombres de estos pueblos, buscando salud y sabiduría? ¿No son ellos también criaturas de Dios?».

«Sí… Pero… No es prudente para ti acercarte demasiado a Maqueronte… Es lugar infausto para los enemigos de Herodes».

«Maqueronte está lejos. Y no tengo tiempo de ir hasta allá. Quisiera ir hasta Petra, e incluso más allá… Pero llegaré sólo a mitad de camino, y ni siquiera. De todas formas, vamos…».

«José te ha aconsejado…».

«Que estuviera por caminos vigilados. Éste es precisamente el camino de Transjordania, intensamente vigilado por los romanos. No soy un cobarde, Judas, y tampoco un imprudente».

«Yo no me fiaría. No me alejaría de Jerusalén. Yo…».

«Pero déjale al Maestro. Él es el Maestro y nosotros sus discípulos. ¿Pero cuándo se ha visto que el discípulo sea el que aconseje al Maestro?» dice Santiago de Zebedeo.

«¿Cuándo? No hace años que tu hermano dijo[1] al Maestro que no fuera a Acor y Él le escuchó. Ahora que me escuche a mí».

«Eres celoso y prepotente. Si mi hermano habló y fue escuchado, señal es de que eran palabras justas y había que atenderlas. ¡Bastaba mirarle a Juan aquel día para comprender que era justo darle oídos!».

«Con toda su sabiduría, nunca ha sabido defenderle, y nunca sabrá hacerlo. Sin embargo, está reciente aún lo que hice yo yendo a Jerusalén».

«Cumpliste con tu deber. Mi hermano también lo habría hecho en esas circunstancias; con otras maneras, porque no sabe mentir ni siquiera para cosas buenas, lo cual me alegra…».

«Me estás ofendiendo. Me estás llamando embustero…».

«¿Y quieres que te llame sincero, si mentiste con tanta habilidad sin cambiar de color!».

«Lo hacía…».

«Sí. Lo sé. ¡Lo sé! Para salvar al Maestro. Pero eso no va conmigo, ni con ninguno de nosotros. Preferimos la sencilla respuesta del anciano[2]. Preferimos guardar silencio y que nos llamen tontos, e incluso que nos maltraten, pero no mentir. Se empieza por una cosa buena y se acaba con una cosa no buena».

«El malo, no yo; el necio, no yo».

498.2

«¡Basta! Teniendo razón, acabáis en el yerro, un yerro distinto del que os impugnáis, porque es un yerro contra la caridad. Todos sabéis lo que pienso sobre la sinceridad. Y también lo que exijo en la caridad. Vamos. Estas disputas vuestras me son más penosas que los insultos de los enemigos».

Y Jesús, visiblemente enojado, se pone a andar rápidamente, Él solo, por una calzada que, sin necesidad de ser arqueólogo, se comprende que ha sido hecha por los romanos, y que va hacia el Sur, casi recta hasta donde alcanza la vista, entre dos cadenas de montes respetables. Calzada monótona, obscura a causa de las laderas boscosas que la cierran e impiden a la vista desplegarse hasta el horizonte; pero bien cuidada. De tanto en tanto, algún puente romano construido sobre torrentes y pequeños ríos, que, sin duda, bajan al Jordán o al Mar Muerto. No lo sé con exactitud, porque los montes me impiden ver hacia Occidente, donde deben estar el río y el mar. Y alguna caravana por la calzada, caravana que quizás sube desde el Mar Rojo para ir quién sabe a dónde, con muchos camellos y camelleros y mercaderes de raza visiblemente distinta de la hebrea.

Jesús continúa delante, solo. Detrás, divididos en dos grupos, los apóstoles, cuchicheando unos con otros: los galileos, delante; detrás, los judíos, más Andrés, Juan y los dos discípulos que se han unido a ellos. Los dos grupos tratan, uno, de consolar a Santiago, que se ha quedado deprimido por la severa corrección del Maestro, otro, de convencer a Judas de no ser siempre tan obstinado y agresivo. Y los dos grupos están de acuerdo en aconsejar a los dos corregidos a ir donde el Maestro y hacer la paz con Él.

«¿Yo? Hombre, pues voy enseguida. Sé que tengo razón. Conozco mis acciones. No he sido yo el que ha metido cizaña; así que voy» dice Judas Iscariote. Se muestra atrevido, yo diría descarado. Acelera el paso para alcanzar a Jesús. Me pregunto una vez más si en esos días estaba ya dispuesto a traicionar y conspiraba ya con los enemigos de Cristo…

Santiago, por el contrario, que en el fondo es el menos culpable, está tan abatido por haber causado dolor al Maestro, que no se atreve a ir adelante. Mira a su Maestro, que ahora está hablando con Judas… Le mira, y es vivo en su rostro el deseo de las palabras de perdón de Jesús. Pero su mismo amor, sincero, constante, fuerte, le hace parecer imperdonable su yerro.

498.3

Ahora los dos grupos se han reunido, y también Simón Zelote, Andrés, Tomás y Juan dicen: «¡Venga, hombre! ¡Si no le conocieras! ¡Ya te ha perdonado!» y, con mucha agudeza de juicio, Bartolomé, anciano y sabio, dice, poniendo la mano en el hombro de Santiago: «Yo te lo digo: por no suscitar otras disputas, os ha corregido imparcialmente a vosotros dos. Pero su corazón lo decía sólo a Judas».

«¡Así es, Tolmái! Mi hermano se consume en soportar a ese hombre, al cual se empeña en querer convertirlo; y se cansa en tratar de mostrárnoslo… como nosotros somos. Él es el Maestro, y yo… soy yo… Pero, si yo fuera Él, ciertamente el hombre de Keriot no estaría con nosotros» dice Judas Tadeo con centellas en esos hermosísimos ojos suyos que recuerdan a los de Cristo.

«¿Tú piensas?, ¿sospechas? ¿Qué?» dicen varios.

«Nada. Nada concretamente. Pero ese hombre no me gusta».

«No te ha gustado nunca, hermano. Es una repulsa irracional, porque surgió con el primer encuentro. Tú me lo has confesado. Es contraria al amor. Deberías vencerla, aunque sólo fuera por dar una alegría a Jesús» dice, calmo y persuasivo, Santiago de Alfeo.

«Tienes razón, pero… no soy capaz.

498.4

Ven, Santiago, vamos juntos donde mi hermano» y Judas de Alfeo toma resueltamente el brazo de Santiago de Zebedeo y se le lleva consigo.

Judas los oye venir y se vuelve, y luego dice a Jesús algo. Jesús se para y los espera. Judas, con mirada maliciosa, observa al compungido apóstol.

«Perdona, apártate un poco. Necesito hablar con mi Hermano» dice Judas Tadeo. La frase es amable, pero el tono con que la dice es muy seco.

Una risita de Judas Iscariote, que luego se encoge de hombros y vuelve sobre sus pasos y se une a los otros.

«Jesús, somos pecadores…» dice Judas Tadeo.

«Yo soy pecador, no tú» susurra Santiago, cabizbajo.

«Nosotros somos pecadores, Santiago, porque lo que tú has dicho yo lo he pensado, lo he aprobado, lo tengo en el corazón. Por tanto, yo también estoy en pecado. Porque de mi corazón sale —y ello contamina mi caridad— el juicio sobre Judas… Jesús, ¿no dices nada a tus discípulos que reconocen su pecado?».

«¿Qué debo decir que no sepáis ya? ¿Cambiáis, acaso, respecto a vuestro compañero, por mis palabras?».

«No. No más de lo que él cambie por las que Tú le dices» le responde, sincero, por sí y por los otros, su primo.

«¡Deja, Judas, deja! Yo he errado. De mí se trata y debo ocuparme de mí, no de otros. Maestro, no estés enojado conmigo…».

498.5

«Santiago, Yo quisiera de ti, de todos, una cosa. Mucho dolor me causan las muchas incomprensiones que encuentro… las muchas resistencias obstinadas. Ya lo veis vosotros… Por cada lugar que me da alegría, tres no me la dan, y me expulsan como a un malhechor. Pero, esa comprensión, esa adhesión que los otros no me dan quisiera recibirla al menos de vosotros. Que el mundo no me ame, que me sienta asfixiado por todo este odio, por esta antipatía, enemistad, sospecha, que me rodea, y por todo tipo de indignidades, por los egoísmos, por todo lo que sólo mi amor infinito hacia el hombre me hace soportar… todo esto es penoso. Pero, bueno, pues lo sufro con paciencia. He venido para sufrir esto por parte de los que odian la Salud. ¡Pero vosotros! ¡No, esto no lo soporto! Esto, es decir, el que no seáis capaces de amaros entre vosotros, y, por tanto, de comprenderme; esto, es decir, el que no prestéis adhesión a mi espíritu, esforzándoos en hacer lo que Yo hago.

¿Creéis, podéis creer todos vosotros, que no veo los errores de Judas?, ¿que ignoro cosa alguna de él? Convenceos de que no es así. Pero, si Yo hubiera querido tener personas perfectas en el espíritu, habría hecho que se encarnaran los ángeles y me habría rodeado de ellos. Habría podido hacerlo. ¿Habría sido un verdadero bien? No. Por mi parte, hubiera sido egoísmo y desprecio. Habría evitado el dolor que me viene de vuestras imperfecciones, pero habría despreciado a los hombres a quienes el Padre mío ha creado y a los que ama tanto, que me ha enviado para que los salve. Y, por parte del hombre, habría sido un perjuicio para el futuro. Una vez terminada mi misión, una vez que hubiera subido de nuevo al Cielo con mis ángeles, ¿qué cosa apta para continuar mi misión habría quedado, y quién? ¿Qué hombre hubiera podido esforzarse en hacer lo que digo, si sólo un Dios y unos ángeles hubieran dado el ejemplo de una vida nueva reglada por el espíritu? Ha sido necesario que Yo me revistiera de carne para convencer al hombre de que, si quiere, puede ser casto y santo en todos los modos. Y ha sido necesario que tomara conmigo unos hombres… así… aquellos que con su espíritu respondieron a la llamada de mi espíritu, sin mirar si eran ricos o pobres, doctos o ignorantes, de ciudad o de pueblo. Que los tomara así, como los iba encontrando, y que mi voluntad y la suya los transformara lentamente en maestros de otros hombres.

El hombre puede creer en el hombre, en el hombre al que ve. Le es difícil al hombre, tan postrado, creer en Dios a quien no ve. No habían terminado todavía los rayos en el Sinaí, y ya al pie del monte había surgido la idolatría… No había muerto Moisés todavía, cuyo rostro no se podía mirar, y ya se pecaba contra la Ley. Pero, cuando vosotros, transformados en maestros, estéis como ejemplo, como testimonio, como levadura, entre los hombres, ya no podrán decir: “Son seres que han descendido a estar entre los hombres y no podemos imitarlos”. Deberán decir: “Son hombres como nosotros. Ciertamente tienen los mismos instintos y estímulos nuestros, las mismas reacciones; y, a pesar de todo, saben resistir contra los estímulos e instintos, y saben tener otras reacciones bien distintas de las nuestras, que son viles”. Y se convencerán de que el hombre puede divinizarse, con sólo querer entrar en los caminos de Dios.

Observad a los gentiles y a los idólatras. ¿Todo su Olimpo, todos sus ídolos, acaso los hacen mejores? No. Porque ellos, si son incrédulos, dicen que sus dioses son una patraña; si son creyentes, piensan: “Son dioses y yo hombre” y no se esfuerzan en imitarlos. Vosotros, pues, tratad de haceros como Yo. Y no tengáis prisas. El hombre evoluciona lentamente de animal racional a ser espiritual. ¡Sed compasivos, sed compasivos los unos para con los otros! Nadie, excepto Dios, es perfecto.

498.6

Y ahora, todo ha pasado, ¿no es verdad? Transformaos con firme voluntad imitando a Simón de Jonás, que en menos de un año ha dado pasos de gigante. Y… ¿Quién, de entre vosotros, era hombre, más hombre que Simón con todas las imperfecciones de una humanidad muy material?».

«Es verdad, Jesús. Es mi objeto de estudio continuo ese hombre. Y mi admiración» confiesa Judas Tadeo.

«Sí. Yo estoy con él desde la niñez. Le conozco como si fuera hermano mío. Pero ahora tengo ante mí a un Simón nuevo. Te confieso que cuando dijiste que era nuestro jefe, yo —y no sólo yo— me quedé desorientado. Me parecía el menos indicado de todos. ¡Simón respecto al otro Simón y a Natanael! ¡Simón respecto a mi hermano y a tus hermanos! Sobre todo, respecto a estos cinco. Me parecía un completo error… Ahora digo que tenías razón».

«¡Y vosotros no veis más que la superficie de Simón! Pero Yo veo su profundidad. Para ser perfecto, aún tiene que hacer mucho y mucho que padecer. Pero quisiera en todos vosotros su buena voluntad, su sencillez, su humildad y su amor…».

Jesús mira hacia delante, y parece que viera… ¡quién sabe qué? Está absorto en un pensamiento suyo y sonríe a lo que ve; luego baja los ojos hacia Santiago y le sonríe.

«¡¿Entonces… estoy perdonado?!».

«Quisiera poder perdonar a todos como a ti… Mirad, esa ciudad debe ser Esebón. El hombre dijo que después del puente de tres arcos estaba la ciudad. Vamos a esperar a los otros para entrar en ella juntos».


Notes

  1. recommandé, en 379.2 (Judas rappelle déjà cet épisode en 422.6).
  2. la simple réponse du vieil homme, c’est-à-dire d’Ananias, en 496.3.

Notas

  1. tu hermano dijo, en 379.2 (episodio ya recordado por el mismo Judas Iscariote en 422.6).
  2. la sencilla respuesta del anciano, es decir, de Ananías, en 496.3.