Los Escritos de Maria Valtorta

84. La rencontre de Jésus avec Lazare à Béthanie.

84. El encuentro con Lázaro de Betania.­

84.1

Une très claire aurore d’été. Plus qu’une aurore, d’ailleurs, car le jour est déjà né, le soleil est déjà sorti de la ligne d’horizon et il ne cesse de s’élever, riant à la terre riante. Il n’est pas un brin d’herbe qu’une goutte scintillante de rosée ne fasse rire. On dirait que les astres de la nuit se sont pulvérisés pour se transformer en or et pierreries sur toutes les plantes, dans toutes les frondaisons. Cela atteint jusqu’aux cailloux qui couvrent le sol dont les éclats de silice couverts de rosée semblent être poudre de diamants et poussière d’or.

Jésus et Simon marchent sur un petit chemin qui s’écarte de la route principale avec laquelle il forme un V. Ils s’avancent vers de magnifiques vergers et des champs de lin de la taille d’un homme, prêts à être coupés. D’autres champs, plus loin, montrent une grande tache rouge de coquelicots dans le jaune des blés.

« Nous sommes déjà dans les propriétés de mon ami. Tu vois, Maître, que la distance ne dépassait pas les prescriptions de la Loi. Je ne me serais jamais permis de te tromper. Derrière cette pommeraie, il y a l’enceinte du jardin où se trouve la maison. Je t’ai fait justement arriver par ce raccourci pour ne pas dépasser le mille prescrit par la Loi.

– Il est très riche, ton ami !

– Très, mais pas heureux. Il a encore des propriétés ailleurs.

– Il est pharisien ?

– Son père ne l’était pas. Lui… observe strictement la Loi. Je te l’ai dit : c’est un véritable israélite. »

Ils marchent encore un peu. On arrive à un mur élevé ; de l’autre côté on distingue à peine la maison à travers une multitude d’arbres. Le terrain est ici un peu surélevé, mais pas assez pour permettre au regard de découvrir le jardin, si vaste que nous le qualifierions plutôt de parc.

Ils tournent à l’angle du mur qui continue à la même hauteur, laissant retomber de son sommet des branches toutes couvertes de roses et de jasmins parfumés et splendides avec leurs corolles humides de rosée.

84.2

Voici la lourde grille de fer ouvragé. Simon actionne le battant de bronze.

« L’heure est bien matinale pour entrer, Simon, objecte Jésus.

– Oh ! Mon ami se lève avec le soleil car il ne trouve d’agrément que dans son jardin et dans ses livres. La nuit est un tourment pour lui. Ne tarde pas, Maître, à lui donner ta joie. »

Un serviteur ouvre la grille.

« Aseo, je te salue. Dis à ton maître que Simon le Zélote est arrivé avec son ami. »

Le serviteur s’en va vivement, après les avoir fait entrer, en disant :

« Votre serviteur vous salue. Entrez : la maison de Lazare est ouverte aux amis. »

Simon, qui est un habitué, tourne non pas vers le chemin principal, mais vers un sentier entouré d’une bordure de rosiers qui mène à une tonnelle de jasmins.

En effet, c’est par-là que depuis un instant s’avance Lazare, maigre et pâle, comme je l’ai toujours vu, avec des cheveux courts, peu épais et sans boucles, et une petite barbiche raide qui se limite au menton. Habillé de lin très blanc, il marche difficilement, comme quelqu’un qui a mal aux jambes. A la vue de Simon, il le salue affectueusement puis, comme il le peut, court vers Jésus, se jette à genoux et se baisse jusqu’au sol pour embrasser la frange de son vêtement, en disant :

« Je ne suis pas digne d’un tel honneur. Mais puisque ta sainteté s’abaisse jusqu’à ma misère, viens, mon Seigneur, entre et sois le Maître dans ma pauvre maison.

– Relève-toi, mon ami, et reçois ma paix. »

Lazare se lève et baise les mains de Jésus ; il le regarde avec une vénération qui n’est pas exempte de curiosité. Ils marchent vers la maison.

« Comme je t’ai attendu, Maître ! Chaque matin, à l’aube, je disais : “ Il va venir aujourd’hui ”, et chaque soir : “ Au­jourd’hui encore, il n’est pas venu ! ”

– Pourquoi m’attendais-tu si anxieusement ?

– Parce que…

84.3

qui attendons-nous, nous le peuple d’Israël, si ce n’est toi ?

– Et tu crois que c’est moi, l’Attendu ?

– Simon ne m’a jamais menti, et ce n’est pas un garçon qui s’exalte pour des nuées mensongères. L’âge et la souffrance l’ont mûri comme un sage. Et puis… même s’il ne t’avait pas connu dans la réalité de ton être, tes œuvres auraient parlé et t’auraient proclamé “ Saint ”. Qui fait les œuvres de Dieu doit être un homme de Dieu. Or toi, tu les fais. Et tu les accomplis de telle façon qu’elles proclament que tu es bien l’Homme de Dieu. Lui, mon ami, est venu à toi, attiré par ta renommée de thaumaturge, et il a obtenu le miracle. Et je sais que ton chemin est marqué par d’autres miracles. Pourquoi donc ne pas croire que tu es l’Attendu ? Ah ! Il est si doux de croire à ce qui est bon ! Il nous faut feindre de croire bonnes tant de choses qui ne le sont pas, par amour de la paix ou parce qu’on n’y peut rien changer. Il nous faut montrer que nous croyons à tant de paroles rusées qui paraissent flatteries, louanges, gentillesses, et sont au contraire sarcasme et blâme, venin couvert de miel, tout en sachant ce qu’il en est réellement… Il faut bien s’y plier parce que… on ne peut pas faire autrement et que nous sommes faibles contre tout un monde qui est puissant, et que nous sommes seuls contre tout un monde qui nous est ennemi… Dès lors, pourquoi avoir de la difficulté à croire ce qui est bon ? D’ailleurs, les temps sont mûrs et les signes des temps existent. Ce qui pourrait encore manquer pour affermir notre foi et la mettre à l’abri du doute, cela nous est apporté par notre volonté de croire et d’apaiser notre cœur dans la certitude que l’attente est finie et que le Rédempteur est là, que le Messie existe… Celui qui rendra la paix à Israël et aux enfants d’Israël. Celui qui… nous assurera un trépas tranquille dans la certitude d’être rachetés et nous fera vivre sans ce souci nostalgique pour nos morts… Ah ! Les morts ! Pourquoi les pleurer sinon parce que, n’ayant plus leurs enfants, ils n’ont pas encore le Père et Dieu ?

– Il y a longtemps que ton père est mort ?

– Trois ans, et sept qu’est morte ma mère… Mais je ne les regrette plus depuis quelque temps… Moi aussi, je voudrais être là où j’espère qu’ils sont en attendant le Ciel.

– Dans ce cas, tu n’aurais pas comme hôte le Messie.

– C’est vrai. Maintenant je suis plus favorisé qu’eux parce que je te possède… et cette joie donne la paix à mon coeur.

84.4

Entre, Maître. Accorde-moi l’honneur de faire de ma maison la tienne. Aujourd’hui, c’est le sabbat et je ne puis te faire l’honneur d’inviter des amis…

– Ce n’est pas mon désir. Aujourd’hui je suis tout à celui qui est l’ami de Simon et le mien. »

Ils entrent dans une belle salle où des serviteurs sont prêts à les recevoir.

« Je vous prie de les suivre, dit Lazare. Vous pourrez d’abord vous restaurer en prenant le repas du matin. »

Et, pendant que Jésus et Simon partent ailleurs, Lazare donne des ordres aux serviteurs. Je me rends compte que la maison est riche, et même seigneuriale…

… Jésus boit du lait que Lazare veut absolument lui servir de sa main avant de s’asseoir pour le repas du matin.

Je m’aperçois que Lazare se tourne vers Simon et lui dit :

« J’ai trouvé l’homme qui est disposé à acheter tes biens, et au prix que ton intendant a estimé juste. Pas une drachme de moins.

– Mais est-il disposé à observer mes conditions ?

– Oui, il accepte tout pour entrer en possession de ces terres, et j’en suis heureux, parce que, au moins, je sais qui j’aurai comme voisin. Pourtant, de même que tu veux ne pas assister à la vente, lui aussi veut te demeurer inconnu. Je te prie d’accéder à son désir.

– Je n’ai nulle raison de m’y opposer. Toi, mon ami, tu me remplaceras… Tout ce que tu feras sera bien. Il suffit que mon fidèle serviteur ne soit pas mis à la rue… Maître : je vends, et pour ma part je suis heureux de n’avoir plus rien qui m’attache à quoi que ce soit d’autre que ton service. Mais j’ai un serviteur fidèle qui est âgé, le seul qui m’est resté après mon malheur. Comme je te l’ai déjà dit, il m’a toujours aidé pendant que j’étais banni de la société. Il a pris soin de mes biens comme si c’étaient les siens, en les faisant passer, grâce à Lazare, pour ses biens à lui pour me sauver et subvenir à mes besoins, grâce à eux. Maintenant qu’il est âgé, il ne serait pas juste que je le laisse sans toit. J’ai décidé qu’une petite maison, à la limite de la propriété, reste en sa possession et qu’une partie de la somme lui soit remise pour ses besoins à venir. Les vieillards, tu sais, sont comme du lierre : quand ils ont toujours vécu dans un endroit, ils souffrent trop qu’on les en arrache. Lazare voulait le prendre chez lui, parce que Lazare est bon. Mais j’ai préféré agir ainsi. Mon vieux serviteur souffrira moins…

84.5

– Toi aussi, tu es bon, Simon. S’il n’y avait que des justes comme toi, ma mission serait plus facile…, souligne Jésus.

– Tu trouves le monde rétif, Maître ? demande Lazare.

– Le monde ?… Non. La force du monde : Satan. S’il n’était pas le maître des cœurs et ne les tenait pas en sa possession, je ne trouverais pas de résistance. Mais le Mal s’oppose au Bien, et je dois vaincre en chacun le mal pour y mettre le bien… mais tous ne le veulent pas…

– C’est vrai. Ce n’est pas tous qui le veulent ! Maître : quelles paroles trouves-tu pour les coupables, pour les convertir, pour les soumettre ? Des paroles de réprimande sévère comme celles dont est remplie l’histoire d’Israël à l’égard des coupables – et le dernier à les employer, c’est le Précurseur –, ou des paroles de pitié ?

– Je mets en œuvre l’amour et la miséricorde. Crois bien, Lazare, que, sur celui qui est tombé, un regard d’amour a plus de puissance qu’une malédiction.

– Et si l’amour est méprisé ?

– Insister encore. Insister jusqu’au bout. Lazare, connais-tu ces terrains où la traîtrise du sol engloutit les imprudents ?

– Oui, je les connais par mes lectures. Dans mon état de santé, je lis beaucoup, à la fois par passion et pour occuper les longues heures d’insomnie. Je sais qu’il en existe en Syrie et en Egypte, et d’autres encore près de la Chaldée et je sais qu’ils agissent comme des ventouses : quand ils vous attrapent, ils vous aspirent. Un Romain prétend que ce sont des bouches de l’Enfer habitées par des monstres païens. Est-ce vrai ?

– Non, ce n’est pas vrai. Ce sont des formations spéciales du sol terrestre. L’Olympe n’a rien à y voir. On cessera de croire à l’O­lympe et ces terrains existeront toujours. Les progrès de l’homme pourront donner une explication plus véridique du fait, mais ils ne pourront pas le faire disparaître. Maintenant, je te dis : comme tu les as connus par tes lectures, tu as pu lire aussi comment on peut sauver ceux qui y sont tombés.

– Oui, avec une corde qu’on leur lance au bout d’une perche, même avec une branche. Alors ce petit secours suffit pour donner à celui qui s’enlise le peu d’aide qu’il lui faut pour se dégager et lui permet de se tenir tranquille sans se débattre, jusqu’à l’arrivée de secours plus efficaces.

– Eh bien ! Le coupable, c’est celui qui s’est laissé posséder par un sol trompeur dont la surface est couverte de fleurs, mais qui, par-dessous, est une boue mouvante. Crois-tu que si l’homme savait ce que c’est que de remettre un seul atome de soi au pouvoir de Satan, il le ferait ? Mais il l’ignore… et après… Soit il est paralysé par la stupeur et le venin du Mal, soit il s’affole et, pour échapper au remords de sa perdition, il se débat, s’enlise dans une autre fange, met en mouvement de lourdes ondes mouvantes par ses mouvements inconsidérés et celles-ci précipitent sa perte. L’amour, c’est la corde, le filin, la branche dont tu parles. Il faut insister, insister… jusqu’à ce qu’il les saisisse… Une parole… un pardon… une plus grande indulgence pour sa faute… uniquement pour arrêter la descente et attendre le secours de Dieu… Lazare, connais-tu la puissance du pardon ? Il amène Dieu à l’aide du sauveteur…

84.6

Tu lis beaucoup ?

– Beaucoup. Je ne sais pas si je fais bien. Mais la maladie et… et d’autres choses m’ont privé de nombreuses satisfactions humaines… et maintenant, je n’ai plus que la passion des fleurs et des livres… des arbres et aussi des chevaux… Je sais qu’on me critique. Mais puis-je aller sur mes terres dans cet état (et il découvre ses énormes jambes toutes bandées) à pied ou sur le dos d’une mule ? Je dois utiliser un char, qui plus est rapide. C’est pour cela que j’ai pris des chevaux et que je m’y suis attaché, je l’avoue. Mais si tu me dis que c’est mal… je les fais vendre.

– Non, Lazare, ce ne sont pas ces choses qui corrompent. Ce qui corrompt, c’est ce qui trouble l’âme et l’éloigne de Dieu.

– Voici, Maître, une chose que je voudrais savoir. Je lis beaucoup. Je n’ai que ce réconfort. J’aime savoir… je crois qu’au fond mieux vaut s’instruire que de faire le mal, mieux vaut lire que… que de faire d’autres choses. Mais je ne lis pas seulement nos écrits. J’aime aussi connaître le monde des autres : Rome et Athènes m’attirent. Je sais maintenant combien le contact avec les Assyriens et l’Egypte a été nocif pour Israël, et combien de mal nous ont fait les gouvernants hellénisants. Je ne sais si une personne privée peut se causer à elle-même autant de mal que Juda[1] s’est en fait à lui-même et à nous, ses fils. Mais toi, qu’en penses-tu ? Je veux que tu m’enseignes, toi qui n’es pas un rabbi, mais le Verbe sage et divin. »

Jésus le fixe, pendant quelques minutes, d’un regard pénétrant, et en même temps lointain. On dirait que, à travers le corps de Lazare, il lui scrute le cœur et qu’allant plus loin encore, il voit je ne sais quoi… Il dit enfin :

« Tes lectures provoquent-elles en toi le moindre trouble ? t’éloignent-elles de Dieu et de sa Loi ?

– Non, Maître. Cela me pousse au contraire à comparer notre vérité à la fausseté païenne. Je les analyse et je médite les gloires d’Israël, ses justes, les patriarches, les prophètes et les figures louches des histoires étrangères. Je compare notre philosophie, si l’on peut donner ce nom à la sagesse qui s’exprime dans les textes sacrés, à la pauvre philosophie grecque et romaine où il y a des étincelles, mais pas la flamme tranquille qui brûle et resplendit dans les livres de nos sages. Et ensuite, avec encore plus de vénération, je m’incline en esprit pour adorer notre Dieu qui parle en Israël par l’intermédiaire des événements, des personnes et de nos écrits.

– Dans ce cas, continue à lire… Cela te servira à connaître le monde païen… Continue. Tu peux continuer. Tu n’as pas le ferment du mal et de la gangrène spirituelle. Tu peux donc lire sans crainte. L’amour vrai que tu as pour ton Dieu rend stériles les germes profanes que la lecture pourrait introduire en toi. Tout acte de l’homme peut être bon ou mauvais selon la manière dont il l’accomplit. Aimer n’est pas péché si on aime saintement. Travailler n’est pas péché si on travaille quand il le faut. Gagner de l’argent n’est pas péché, si on se contente d’un gain honnête. S’instruire n’est pas péché si, par l’instruction, on ne tue pas en soi l’idée de Dieu. En revanche, c’est un péché, même de servir à l’autel, si on le fait par intérêt personnel. En es-tu persuadé, Lazare ?

– Oui, Maître. J’avais posé ces questions à d’autres, mais ils ont achevé de me mépriser… Toi, tu m’apportes lumière et paix. Ah ! Si tout le monde t’écoutait ! Viens, Maître. Au milieu des jasmins règnent l’ombre et le silence. Il est doux de se reposer en attendant le soir dans la fraîcheur de leur ombre. »

Ils sortent et tout se termine là.

84.1

Una clarísima aurora estiva. Más que aurora, ya infancia de día, porque el Sol ya ha dejado todo límite de horizonte y sube cada vez más, sonriéndole a la tierra sonriente. No hay tallito que no ría con destellos de rocío. Parece como si los astros nocturnos se hubieran pulverizado, para ser oro y gemas en todos los tallos, en todas las frondas, y hasta incluso sobre las piedras esparcidas en el suelo, con sus escamitas silíceas, humedecidas por el rocío, que parecen polvos de tocador hechos de diamante, o polvo de oro.

Jesús y Simón andan por un camino que se aleja de la calzada principal haciendo una V. Se dirigen hacia unos magníficos huertos de árboles frutales, y espléndidos campos de lino tan alto como un hombre, ya cercano a la siega; otros campos, más lejanos, muestran sólo un gran rojear de amapolas entre la amarillez de los rastrojos.

«Estamos ya en la propiedad de mi amigo. Como puedes ver, Maestro, la distancia estaba dentro de la prescripción de la Ley. Jamás me habría permitido un engaño contigo. Detrás de aquel pomar está el muro que circunda el jardín; dentro está la casa. Te he traído por este atajo precisamente para no salirnos de la milla prescrita».

«¡Es muy rico tu amigo!».

«Mucho. Pero no es feliz. Su casa tiene propiedades en otros lugares».

«¿Es fariseo?».

«Su padre no lo era. Él... es muy observante. Ya te lo he dicho: un verdadero israelita».

Andan un poco más. Se ve un alto muro. Luego, al otro lado, árboles y más árboles, entre los cuales apenas si se ve la casa. El terreno aquí se eleva un poco, pero no tanto como para permitirle a la vista penetrar en el jardín, tan vasto que podríamos llamarle “parque”.

Dan la vuelta a la esquina. El muro prosigue igual, dejando descender desde su parte alta ramas despeinadas de rosas y jazmines llenas de fragancia y esplendor en sus corolas bañadas de rocío.

84.2

Llegan a la sólida puerta de hierro forjado. Simón golpea con el pesado aldabón de bronce.

«Es una hora muy temprana para entrar, Simón» objeta Jesús.

«¡Pero si mi amigo, que sólo encuentra alivio en su jardín o entre los libros, se levanta nada más salir el Sol! La noche es para él un tormento. No tardes más, Maestro, en darle tu alegría».

Un criado abre la puerta.

«¡Hola, Aseo! Dile a tu jefe que Simón el Zelote ha venido con su Amigo».

El criado los invita a entrar diciendo: «Vuestro siervo os saluda. Entrad, que la casa de Lázaro está abierta para los amigos». Luego se marcha corriendo.

Simón, que conoce bien el lugar, se dirige no hacia el paseo central sino hacia un sendero que entre rosales lleva a una pérgola de jazmines.

Y de allí, en efecto, sale Lázaro poco después. Éstá delgado y pálido, como siempre le he visto; alto, pelo corto ni tupido ni rizado, barba rala apenas limitada a la barbilla. Viste de lino blanquísimo y anda con dificultad, como si le dolieran las piernas.

Cuando ve a Simón, hace un gesto de afectuoso saludo, y luego, como puede, corre hacia Jesús y se hinca de rodillas, y se inclina profundamente para besar el borde del vestido de Jesús, diciendo: «No soy digno de tanto honor, pero, puesto que tu santidad se humilla hasta mi miseria, ven, mi Señor, entra, y sé dueño en mi pobre ­ca­sa».

«Levántate, amigo. Recibe mi paz».

Lázaro se levanta y besa las manos de Jesús y le mira con veneración no exenta de curiosidad. Caminan hacia la casa.

«¡Cuánto te he esperado, Maestro! Cada alba decía: “Hoy vendrá”, y cada noche decía: “¡Tampoco hoy le he visto!”».

«¿Por qué me esperabas con tanta ansia?».

«Porque...

84.3

¿qué esperamos nosotros, los israelitas, sino a ti?».

«¿Y tú crees que Yo soy el Esperado?».

«Simón no ha mentido jamás, y no es un muchacho que se exalte por quimeras. La edad y el dolor le han hecho maduro como un sabio. Y, además... aunque él no te hubiera conocido por la verdad de tu ser, tus obras habrían hablado y te habrían llamado “Santo”. Quien hace las obras de Dios debe ser hombre de Dios. Y Tú las haces. Y las haces de un modo que dice cuánto eres Tú el Hombre de Dios. Él, mi amigo, fue a ti por la fama de milagros y obtuvo un milagro. Y sé que tu camino está marcado con otros milagros. ¿Por qué no creer entonces que eres el Esperado? ¡Oh, es tan dulce creer lo bueno! De muchas cosas que no son buenas debemos fingir creer que lo son, por amor a la paz, por no poderlas cambiar; debemos mostrar que creemos muchas palabras falsas, que parecen halagos, alabanzas, benignidad, y son por el contrario sarcasmo y censura, veneno recubierto de miel; debemos mostrar que las creemos aun sabiendo que son veneno, censura y sarcasmo..., debemos hacerlo porque... no se puede actuar de otra manera y somos débiles contra todo un mundo que es fuerte, y estamos solos contra todo un mundo que, como enemigo, está contra nosotros... ¿Por qué, entonces, tener dificultad en creer lo bueno? Pero es que, además, estamos en la plenitud de los tiempos y los signos de los tiempos se dan. Y cuanto pudiera faltar para robustecer la fe y hacerla impasible ante la duda, lo pone nuestra voluntad de creer y de aplacar nuestro corazón en la certeza de que la espera ha terminado y de que el Redentor está entre nosotros; está entre nosotros el Mesías... Aquel que devolverà la paz a Israel y a los hijos de Israel, Aquel que... hará que muramos sin angustia, sabiendo que hemos sido redimidos, y que vivamos sin ese aguijón de nostalgia por nuestros muertos... ¡Oh..., los muertos! ¿Por qué sentir pena por ellos, sino porque no tienen ya a sus hijos y todavía no tienen a su Padre y Dios?».

«¿Hace mucho que se te ha muerto tu padre?».

«Tres años. Y siete que se me murió mi madre... Pero ya hace algo de tiempo que no los compadezco... Yo mismo quisiera estar donde espero que estén ellos aguardando el Cielo».

«No tendrías, entonces, como huésped al Mesías».

«Es cierto. Ahora yo soy más que ellos porque te tengo... y el corazón se aplaca con esta alegría.

84.4

Entra, Maestro. Concédeme el honor de hacer de mi casa la tuya. Hoy es sábado y no puedo honrarte convidando a amigos.…».

«No lo deseo. Hoy soy todo para el amigo común de Simón y mío».

Entran en una hermosa sala, donde unos criados están preparados para recibirlos. «Os ruego que los sigáis» dice Lázaro. «Podréis reponer fuerzas o tomar algo fresco antes de la comida matutina». Y, mientras Jesús y Simón van a otro lugar, Lázaro da órdenes a los siervos. Comprendo que la casa es rica, y señorial además de rica...

... Jesús bebe leche (Lázaro quiere servírsela personalmente a toda costa antes de sentarse para la comida matutina).

Veo que Lázaro se vuelve a Simón y le dice: «He encontrado al hombre que está dispuesto a adquirir tus bienes, y al precio que tu intendente ha estimado justo. No quita ni una dracma».

«Pero ¿está dispuesto a observar mis cláusulas?».

«Está dispuesto. Acepta todo, con tal de estar en esas tierras. Y yo me alegro porque al menos sé con quién confino. No obstante, de la misma forma que tú deseas permanecer al margen en la venta, él desea que no sepas quién es. Te ruego que secundes este deseo suyo».

«No veo motivo para no hacerlo. Tú, amigo mío, harás mis veces... Todo lo que hagas estará bien. Me conformo sólo con que mi servidor fiel no se quede en la calle... Maestro, yo vendo, y, por lo que a mi respecta, me siento feliz de no tener ya nada que me ligue a ninguna cosa que no sea servirte a ti. Pero tengo un viejo criado fiel, el único que ha quedado después de mi desventura y que — ya te lo dije — me ayudo siempre en los momentos de segregación, cuidando de mis bienes como de los propios, haciéndolos incluso pasar con la ayuda de Lázaro por propios para salvármelos y poder socorrerme con ellos. Ahora no sería justo que yo le despidiera sin casa, ahora que es anciano. He decidido que una pequeña casa, en los lindes de la propiedad, se quede para él, y que parte de la suma se le dé para su sustento futuro. Los viejos, ya sabes, son como la hiedra: cuando han vivido siempre en un lugar, sufren demasiado si se les aleja de él. Lázaro le quería consigo, porque Lázaro es bueno, pero he preferido hacer esto. Sufrirá menos el anciano.…».

«Tú también eres bueno, Simón.

84.5

Si todos fueran justos como tú, resultaría más fácil mi misión.…» observa Jesús.

«¿Sientes que el mundo es reacio, Maestro?» pregunta Lázaro.

«¿El mundo?... No. La fuerza del mundo: Satanás. Si él no fuera dueño de los corazones y los tuviera en su poder, Yo no encontraría resistencia. Pero el Mal está en contra del Bien, y tengo que vencer en cada uno al mal para introducir en ellos el bien... y no todos quieren.…».

«Es cierto. ¡No todos quieren! Maestro, ¿qué palabras encuentras para el culpable; para convertirle, para doblegarle? ¿Palabras de severa reprobación como las que llenan la historia de Israel hacia los culpables — el último que las usa es el Precursor — o por el contrario palabras de piedad?».

«Practico el amor y la misericordia. Cree, Lázaro, que para quien ha caído tiene más poder una mirada de amor que una maldición».

«¿Y si el amor es objeto de burla?».

«Seguir insistiendo. Insistir hasta el extremo. Lázaro, ¿conoces esas tierras traidoras que se tragan a los incautos?».

«Sí. Lo he leído — en el estado en que me encuentro leo mucho, por pasión y por pasar las largas horas de insomnio —. Sí, he leído acerca de ellas. Sé que existen en Siria y en Egipto, y otras en donde los Caldeos, y sé que son como ventosas, aspiran cuando hacen presa. Un romano dice que son bocas del Infierno, habitadas por monstruos paganos. ¿Es verdad?».

«No es verdad. No son más que especiales formaciones del suelo terrestre. El Olimpo no tiene nada que ver aquí. Dejará de creerse en el Olimpo y aquéllas seguirán existiendo, y el progreso del hombre no podrá más que proporcionar una explicación más verídica del hecho, pero no eliminarlo. Ahora Yo te digo: De la misma forma que has leído acerca de esas tierras, habrás leído también de qué manera puede salvarse quien cae en ellas».

«Sí, lanzándole una soga, o con una estaca o una rama. En ocasiones es suficiente poco para darle al que se está hundiendo eso mínimo que necesita para mantenerse, que es además ese mínimo imprescindible para que esté tranquilo, sin movimientos convulsivos, mientras espera un socorro mayor».

«Pues bien. El culpable, el que está en manos de Satanás, es como si sufriera la succión de un suelo engañoso (cubierto de flores en la superficie, pero lodo movedizo por debajo). ¿Tú crees que, si uno supiera qué significa poner aunque sólo fuera un átomo de sí mismo en manos de Satanás, lo haría? Pero no sabe... y, después... o le paraliza el aturdimiento y el veneno del Mal o le enloquece, y para huir del remordimiento de haberse procurado la propia ruina empieza a moverse convulsivamente, a agarrarse al lodo, creando así pesadas ondas con su movimiento imprudente, las cuales aceleran cada vez más su fin. El amor es la soga, el hilo, la rama de que tú hablas. Insistir, insistir... hasta que se aferre... Una palabra... y perdón... un perdón más grande que la culpa... al menos para impedir que siga hundiéndose y esperar el socorro de Dios... Lázaro, ¿sabes qué poder tiene el perdón?: Hace que Dios acuda a ayudar a quien está socorriendo a otro...

84.6

¿Lees mucho?».

«Mucho; y no sé si hago bien, pero la enfermedad y... y otras cosas... me han privado de muchas delicias del hombre... y ahora no tengo más que la pasión de las flores y los libros..., de las plantas y los caballos... Sé que se me critica, pero ¿puedo yo ir a mis propiedades en este estado (y descubre unas piernas enormes completamente vendadas) a pie o ni siquiera en mula? Debo usar un carro, y además que sea rápido. Por eso he adquirido caballos y me he encariñado con ellos; lo digo. Pero si Tú me dices que está mal... pues que se los lleven a venderlos».

«No, Lázaro, no son estas cosas las que corrompen; corrompe lo que turba el espíritu y lo aleja de Dios».

«Precisamente esto, Maestro, es lo que querría saber. Yo leo mucho. Sólo tengo este consuelo. Me gusta saber. Yo creo que en el fondo es mejor saber que hacer el mal, es mejor leer que... que hacer otras cosas. Pero yo no leo sólo lo que se refiere a nosotros. Me gusta conocer también el mundo de los demás, y Roma y Atenas me atraen. Ahora sé cuánto mal le vino a Israel cuando se corrompió con los asirios y con Egipto, y cuánto mal nos hicieron los gobiernos helenizantes. No sé si un particular puede hacerse a sí el mismo daño que Judas se hizo a sí mismo y a nosotros, sus hijos. Pero Tú qué piensas de ello. Deseo que me enseñes. Tú, que no eres un rabí, pero que eres el Verbo sapiente y divino».

Jesús le mira fijamente durante unos minutos; una mirada penetrante y al mismo tiempo lejana. Parece como si, traspasando el cuerpo opaco de Lázaro, Él escrutara su corazón y, yendo aún más allá, viera quién sabe qué... Al final, habla: «¿Sientes turbación por lo que lees? ¿Te separa de Dios y de su Ley?».

«No, Maestro; me mueve, por el contrario, a hacer comparaciones entre nuestra verdad y la falsedad pagana. Comparo y medito las glorias de Israel, sus justos, sus patriarcas, sus profetas, y las figuras deshonestas de las historias de otros. Comparo nuestra filosofía — si se puede llamar así la Sabiduría que habla en los textos sagrados — con la pobre filosofía griega y romana, en las cuales hay, sí, chispas de fuego, pero no la segura llama que arde y resplandece en los libros de nuestros Sabios. Y luego, con mayor veneración aún, me inclino con el espíritu a adorar a nuestro Dios que habla en Israel a través de hechos, personas y escritos nuestros».

«Pues entonces continúa leyendo... Te será útil conocer el mundo pagano... Continúa. Puedes continuar. Careces del fermento del mal y de la gangrena espiritual; por tanto puedes leer sin miedo: el amor verdadero que tienes hacia tu Dios hace estériles los gérmenes profanos que la lectura puede esparcir en ti. En todas las acciones del hombre hay posibilidad de bien o de mal, según se cumplan. Amar no es pecado, si se ama santamente. Trabajar no es pecado, si se trabaja cuando es justo. Ganar no es pecado, si uno se conforma con lo que es justo. Instruirse no es pecado, si, por la instrucción, no se mata la idea de Dios en nosotros. Por el contrario, es pecado incluso el servir al altar, si ello se hace por interés propio. ¿Estás convencido de esto, Lázaro?».

«Sí, Maestro. He preguntado esto a otros, y han terminado de despreciarme... Pero Tú me das luz y paz. ¡Oh, si todos te oyeran!... Ven, Maestro. Entre los jazmines se siente frescura y silencio, y dulce es descansar entre sus frescas sombras esperando a que decline el día».

Salen y todo termina.


Notes

  1. Juda est le nom du royaume qui fut ensuite nommé Judée. Le mal que Lazare mentionne fut l’œuvre de ses rois impies, comme cela est relaté en 2 R 21 et en 2 Ch 33.