Il est sérieux, silencieux… A tel point que, une fois le repas terminé et la faim des apôtres – qui ont toujours bon appétit –, apaisée, ils finissent par remarquer son mutisme.
André est le premier à lui demander :
« Qu’as-tu Maître ? Tu me sembles triste ou fatigué…
– Je ne nie pas que je le sois.
– Pourquoi ? A cause de ces pharisiens ? Mais maintenant tu devrais en avoir pris l’habitude… Je m’y suis presque fait, moi qui… allons ! Tu sais comment j’étais les premières fois avec eux. C’est toujours la même chanson !… Les serpents, en effet, ne peuvent que siffler et jamais aucun d’eux ne réussira à reproduire le chant du rossignol. On finit par ne plus en faire cas, dit Pierre aussi bien par conviction, que pour rasséréner Jésus.
– Et c’est de cette façon qu’on perd le contrôle et qu’on tombe dans leurs nœuds. Je vous prie de ne jamais vous habituer aux voix du Mal, comme si elles étaient inoffensives.
– Oh, bien ! Mais si c’est seulement pour cela que tu es triste, tu as tort. Tu vois comme le monde t’aime, dit Matthieu.
– Mais est-ce pour cela seulement que tu es si triste ? Dis-le-moi, bon Maître. Ou t’a-t-on rapporté des mensonges, insinué des calomnies, des soupçons, que sais-je ? sur nous qui t’aimons ? » demande Judas, prévenant et caressant, en passant un bras autour de Jésus qui est assis sur le foin à côté de lui.