Une soirée déjà sombre de décembre, froide, venteuse. Hormis les feuilles arrachées aux arbres qui en ont encore et qui gémissent au sifflement du vent, il n’y a pas d’autre bruit dans les rues de Nazareth, obscures comme celles d’une ville morte. Il ne sort ni lumière ni son des logements fermés. Une vraie soirée de loups…
En revanche, dans ces rues de Nazareth, l’Agneau de Dieu marche droit vers sa maison. Grande ombre obscure dans son vêtement sombre, il semble se perdre dans les ténèbres de la nuit sans étoiles. Son pas est à peine perceptible quand il le pose sur un tas de feuilles sèches qui, après avoir tournoyé dans l’air, ont été déposées par le vent sur le sol, prêtes à repartir pour être transportées ailleurs.
Arrivé devant la maison de Marie, femme de Cléophas, il reste un instant indécis : doit-il entrer dans le jardin et frapper à la porte de la cuisine ou bien poursuivre ? Finalement, il continue sa route sans s’arrêter. Le voilà maintenant dans la ruelle où se trouve sa maison. On voit déjà l’ondoiement tourmenté des oliviers – noirs sur le ciel noir – sur le talus auquel la maison s’adosse. Il hâte le pas, arrive à la porte, écoute attentivement. C’est tellement facile d’entendre ce qui se passe dans cette si petite maison! Il suffit d’appuyer l’oreille sur l’huisserie pour n’avoir que quelques centimètres de bois de la porte entre celui qui écoute et celui qui parle… Et pourtant on n’entend aucune voix.
« Il est tard » soupire-t-il. « J’attendrai l’aube pour frapper. »