Gli Scritti di Maria Valtorta

358. A Pella. Le jeune Jaias et la mère de Marc fils de Josias.

358. A Pella. Il giovinetto Jaia e la madre di Marco di Giosia.

358.1

La route qui mène de Gadara à Pella traverse une région fertile qui s’étend entre deux rangées de collines, l’une plus haute que l’autre. On dirait deux énormes marches d’un escalier de géants fabuleux pour monter de la vallée du Jourdain aux monts de l’Auran. Quand la route s’approche davantage de la marche occidentale, l’œil domine non seulement les monts de l’autre rive — je crois que ce sont ceux de Galilée méridionale et certainement ceux de Samarie — mais aussi la splendide étendue de verdure qui longe les deux rives du fleuve bleu. Quand elle s’en écarte, et se rapproche des chaînes orientales, alors le regard perd de vue la vallée du Jourdain, mais il aperçoit encore les cimes des chaînes de Samarie et de Galilée qui se détachent avec leur végétation sur le ciel gris.

Par temps de soleil, ce serait un beau panorama aux jolies teintes vives. Aujourd’hui le ciel reste décidément couvert de nuages bas, amoncelés par le sirocco qui souffle de plus en plus fort et forme de nouveaux amas de nuages plus épais, abaissant d’autant le ciel sous toute cette ouate grise ébouriffée. Le spectacle perd ainsi la luminosité des couleurs vertes qui semblent atténuées comme par l’opacité du brouillard.

Ils traversent quelques petits villages sans qu’il arrive rien de notable. L’indifférence accueille et suit le Maître. Seuls les mendiants ne manquent pas de s’intéresser au groupe des pèlerins galiléens et viennent demander l’aumône. Il y a toujours les habituels aveugles dont, pour la plupart, les yeux sont détruits par le trachome, ou les malvoyants qui marchent la tête baissée, supportant mal la lumière, rasant les murs, parfois seuls, parfois accompagnés d’une femme ou d’un enfant. Dans un village où la route de Pella croise celle qui mène à Gérasa et à Bozra par le lac de Tibériade, il y en a toute une foule qui assaille les caravanes de ses lamentations semblables à des jappements de chiens, interrompus de temps à autre par de véritables hurlements. Ils sont à l’écoute – groupe miséreux, sale, fatigué –, adossés aux murs des premières maisons, grignotant des croûtes de pain et des olives, ou sommeillant, tandis que les mouches se repaissent à l’aise sur les paupières ulcérées ; mais au premier bruit de sabots ou de pas nombreux, ils se lèvent et se dirigent, tels le chœur va-nu-pieds d’une tragédie antique, proférant tous les mêmes paroles et faisant les mêmes gestes, vers les gens qui arrivent. Quelques pièces de monnaie ou quignons de pain volent, et les aveugles ou malvoyants cherchent à tâtons dans la poussière ou dans les ordures pour trouver l’obole.

358.2

Jésus les observe et dit à Simon le Zélote et à Philippe :

« Apportez-leur de l’argent et du pain. Judas a l’argent et Jean le pain. »

Pressés de faire ce qui leur a été ordonné, les deux apôtres vont de l’avant et s’arrêtent pour parler, pendant que Jésus s’avance lentement, retardé par une file d’ânes qui barrent le chemin.

Les mendiants sont étonnés par la salutation et la grâce avec lesquelles ils sont accueillis et secourus par les arrivants. Ils demandent :

« Qui êtes-vous, pour vous montrer si aimables à notre égard ?

– Les disciples de Jésus de Nazareth, le Rabbi d’Israël, celui qui aime les pauvres et les malheureux parce qu’il est le Sauveur, et qui passe en annonçant la Bonne Nouvelle et en faisant des miracles.

– Le miracle, le voilà » dit un homme aux paupières atrocement dévastées.

Et il frappe sur son morceau de pain, en véritable animal qui ne comprend et n’admire que les choses matérielles.

Une femme qui passe avec des brocs de cuivre et qui l’entend, lui dit :

« Tais-toi donc, dégoûtant paresseux. »

Et elle se tourne vers les disciples :

« Il n’est pas d’ici. Il est bagarreur et violent avec ses semblables. Il faudrait le chasser car il vole les pauvres du village. Mais nous avons peur de ses vengeances. »

Et plus bas, avec à peine un filet de voix, elle murmure :

« On dit que c’est un voleur qui a dévalisé et tué pendant des années, en descendant des monts de Caracamoab et de Séla, que les troupes d’occupation qui surveillent les chemins des déserts appellent maintenant Pétra. On dit que c’est un soldat déserteur des troupes de ce Romain qui est venu là… pour faire connaître Rome… Hélios, me semble-t-il, et un autre nom encore… Si vous le faites boire, il va vous raconter… Maintenant qu’il est aveugle, il est arrivé ici… C’est lui, le Sauveur ? demande-t-elle ensuite en montrant Jésus qui est passé tout droit.

– C’est lui. Tu veux lui parler ?

– Oh, non ! » dit la femme, indifférente.

Les deux apôtres la saluent et vont rejoindre le Maître.

358.3

Mais un tumulte se produit chez les aveugles et on entend une plainte qui pourrait être celle d’un enfant. Plusieurs se retournent et la femme de tout à l’heure, qui est sur le seuil de sa maison, explique :

« Ce doit être ce misérable qui soutire leurs pièces de monnaie aux plus faibles. Il le fait toujours. »

Même Jésus s’est retourné pour regarder. En effet, un enfant, ou plutôt un adolescent, sort du groupe tout couvert de sang et en pleurs, et il se lamente :

« Il m’a tout pris ! Et maman n’a plus de pain ! »

Les uns le plaignent, d’autres rient.

« Qui est-ce ? demande Jésus à la femme.

– Un enfant de Pella. Pauvre. Il vient mendier. Ils sont tous aveugles à la maison. Ils se sont transmis la maladie. Le père est mort, la mère reste à la maison, l’enfant quémande l’obole aux passants et aux paysans. »

Le garçon s’avance avec son bâton. Il se sert de son manteau déchiré pour essuyer ses larmes et le sang qui coule de son front.

La femme l’appelle :

« Arrête-toi, Jaias. Je vais te laver le front et te donner un pain !

– J’avais de l’argent et du pain pour plusieurs jours ! Maintenant, je n’ai plus rien ! Maman m’attend pour manger… » se plaint le malheureux tout en se lavant avec l’eau de la femme.

358.4

Jésus s’avance :

« Je vais te donner ce que j’ai. Ne pleure pas.

– Mais Seigneur ! Pourquoi ? Où allons-nous loger ? Qu’allons-nous faire ? dit Judas avec humeur.

– Nous louerons le Seigneur qui nous garde en bonne santé. C’est déjà une très grande grâce. »

Le garçon dit :

« Ah ! C’est sûr ! Moi, si j’y voyais, je travaillerais pour maman.

– Voudrais-tu guérir ?

– Oui.

– Pourquoi ne vas-tu pas voir les médecins ?

– Aucun ne nous a jamais guéris. Ils nous ont dit qu’il y a quelqu’un en Galilée qui n’est pas médecin, mais qui guérit. Mais comment faire pour aller le trouver ?

– Va à Jérusalem, à Gethsémani. Il y a une oliveraie au pied du mont des Oliviers près de la route de Béthanie. Demande Marc et Jonas. Tous les habitants du faubourg d’Ophel te les indiqueront. Tu peux te joindre à une caravane. Il en passe tant ! A Jonas demande Jésus de Nazareth…

– Voilà ! C’est ce nom-là ! Il me guérira ?

– Si tu as la foi, oui.

– Et j’ai la foi. Où vas-tu, toi qui es si bon ?

– A Jérusalem, pour la Pâque.

– Oh ! Emmène-moi avec toi ! Je ne te causerai pas d’ennuis. Je dormirai à la belle étoile et il me suffira d’un quignon de pain ! Allons à Pella… Tu y vas n’est-ce pas ? On prévient ma mère, et puis on va… Ah ! Voir ! Sois bon, Seigneur !… »

Le jeune homme s’agenouille pour chercher les pieds de Jésus et les baiser.

« Viens. Je t’amènerai à la lumière.

– Béni sois-tu ! »

358.5

Ils reprennent leur marche, et la main fuselée de Jésus tient l’enfant par un bras pour le conduire avec sollicitude. L’adolescent dit :

« Et toi, qui es-tu ? Un disciple du Sauveur ?

– Non.

– Mais tu le connais, au moins ?

– Oui.

– Et tu crois qu’il va me guérir ?

– Je le crois.

– Mais… il demandera de l’argent ? Je n’en ai pas. Les médecins en veulent tant ! Nous avons souffert de la faim pour nous soigner…

– Jésus de Nazareth ne demande que la foi et l’amour.

– Il est très bon, alors. Mais toi aussi, tu es bon » dit le jeune homme et, pour prendre et caresser la main qui le conduit, il palpe la manche du vêtement. « Quel bel habit tu as ! Tu es un seigneur ! Tu n’as pas honte de moi, déguenillé comme je le suis ?

– Je n’ai honte que des fautes qui déshonorent l’homme.

– Moi, j’ai celles de me plaindre parfois de mon état, et de désirer des habits chauds, du pain, et surtout la vue. »

Jésus lui fait une caresse :

« Ce ne sont pas des fautes déshonorantes. Cependant cherche à n’avoir pas même ces imperfections, et tu seras saint.

– Mais si je guéris, je ne les aurai plus… Ou bien… je ne guéris pas et toi, tu le sais, et tu me prépares à mon sort et tu m’instruis pour me sanctifier comme Job ?

– Tu guériras. Mais après, surtout après, tu dois te réjouir de ton état, même s’il n’est pas des plus heureux. »

Ils sont arrivés à Pella. Les potagers qui précèdent toujours les villes montrent la fécondité de leur sol par la luxuriance de leurs cultures.

Des femmes, occupées au travail dans les sillons ou encore aux cuves de lessive, saluent Jaias et lui disent :

« Tu reviens vite aujourd’hui, ça a bien marché ? » ou encore : « Tu as trouvé un protecteur, mon pauvre enfant ? »

Une femme âgée crie du fond d’un potager :

« Jaias ! Si tu as faim, voici une écuelle pour toi. Sinon, ce sera pour ta mère. Tu rentres à la maison ? Prends-la.

– Je vais dire à maman que je vais avec ce bon seigneur à Jérusalem pour guérir. Il connaît Jésus de Nazareth et il me con­duit à lui. »

358.6

La route est envahie par la foule presque jusqu’aux portes de Pella. Il y a des marchands, mais aussi des pèlerins.

Une femme bien mise qui voyage sur un mulet, accompagnée d’une servante et d’un serviteur, se retourne en entendant parler de Jésus. Elle tire sur les rênes, arrête le mulet, descend et se dirige vers Jésus.

« Tu connais Jésus ? Et tu vas le trouver ? Moi aussi, j’y vais… pour la guérison d’un fils. Je voudrais parler avec le Maître parce que… »

Elle se met à pleurer sous son voile fin.

« De quoi ton fils est-il malade ? Où est-il ?

– Il est de Gerasa, mais maintenant il est du côté de la Judée. Il va comme un obsédé… Oh ! Qu’ai-je dit !

– C’est un possédé ?

– Seigneur, il l’était et il a été guéri. Maintenant… il est plus démon qu’auparavant parce que… Ah ! Je ne pourrais en parler qu’à Jésus de Nazareth !

– Jacques, prends l’enfant entre toi et Simon, et allez de l’avant avec les autres. Vous m’attendrez après la Porte. Femme, tu peux envoyer tes serviteurs en avant, nous parlerons entre nous. »

La femme dit :

« Mais tu n’es pas le Nazaréen ! C’est à lui seul que je veux me confier. Lui seul peut comprendre et avoir miséricorde. »

Désormais ils sont seuls, pourtant. Les autres vont de l’avant et discutent de leurs affaires. Jésus attend que la route soit déserte, puis il dit :

« Tu peux parler. Je suis Jésus de Nazareth. »

La femme gémit et elle va tomber à genoux.

« Non, pour le moment, les gens ne doivent pas savoir. Allons. Il y a là une maison ouverte. Nous demanderons à nous reposer et nous parlerons. Viens. »

Par une ruelle entre deux potagers, ils se dirigent vers une habitation modeste dans la cour de laquelle s’ébattent des enfants.

« Que la paix soit avec vous. Me permettez-vous de faire reposer la femme pendant un moment ? Je dois m’entretenir avec elle. Nous venons de loin pour cela, et Dieu nous a fait nous rencontrer avant le but.

– Entrez. Tout hôte est une bénédiction. Nous vous donnerons du lait et du pain ainsi que de l’eau pour vos pieds fatigués, dit une petite vieille.

– Pas besoin. Il nous suffit d’un endroit tranquille pour pouvoir parler.

– Venez. »

Elle les conduit sur une terrasse ornée d’une vigne où se forment des feuilles émeraude.

358.7

Ils restent seuls.

« Parle, femme. Je l’ai dit : Dieu nous a fait rencontrer avant le but du chemin, pour ton soulagement.

– Il n’y a pas, il n’y a plus de soulagement pour moi ! J’avais un fils. Il est devenu possédé : une bête sauvage dans les tombeaux. Rien ne le retenait, rien ne le guérissait. Il t’a vu. Il t’a adoré par la bouche du démon, et tu l’as guéri. Il voulait venir avec toi. Tu as pensé à sa mère et tu me l’as renvoyé pour me rendre la vie et la raison qui vacillaient à cause de la douleur que me donnait un fils possédé. Et tu l’as envoyé pour qu’il t’annonce, puisqu’il voulait t’aimer. Quant à moi… ah ! Être mère de nouveau et d’un fils saint ! Qui serait ton serviteur ! Mais dis-moi, dis-moi ! Quand tu l’as renvoyé, savais-tu qu’il était… qu’il redeviendrait un démon ? Parce que c’est un démon, qui te quitte après avoir tant reçu de toi, après t’avoir connu, après avoir été choisi pour le Ciel… Dis-le-moi ! Le savais-tu ? Mais je divague ! Je parle et je ne te dis pas pourquoi c’est un démon… Il est devenu comme fou depuis quelque temps ; en réalité, depuis quelques jours seulement, mais qui furent plus pénibles pour moi que les longues années où il était possédé… Je croyais alors que je n’aurais jamais de douleur plus grande que celle-là… Il est venu… et il a démoli la foi en toi que Gerasa cultivait, grâce à toi et à lui, en racontant des infamies sur ton compte. Et il te précède vers le gué de Jéricho, en te faisant du tort, en te faisant du tort ! »

La femme, qui n’avait pas enlevé le voile derrière lequel elle sanglotait, l’âme déchirée, se jette aux pieds de Jésus en le suppliant :

« Va-t’en ! Va-t’en ! Ne te fais pas insulter ! Je suis partie en accord avec mon mari malade, en priant Dieu de te trouver. Il m’a exaucée ! Ah ! Qu’il en soit béni ! Je ne veux pas, je ne veux pas permettre que toi, le Sauveur, tu sois maltraité à cause de mon fils ! Oh ! Pourquoi l’ai-je mis au monde ? Il t’a trahi, Seigneur ! Il défigure tes paroles. Le démon l’a repris. Et… ô Très-Haut et Très-Saint ! Aie pitié d’une mère ! Mon enfant, mon fils, sera damné ! Auparavant ce n’était pas sa faute s’il était plein de démons. C’était un malheur qui lui était arrivé. Mais maintenant ! Maintenant que tu lui avais accordé ta grâce, maintenant qu’il avait connu Dieu, maintenant que tu l’avais instruit ! Maintenant, c’est lui qui a voulu être un démon et aucune force ne le délivrera plus ! Oh ! Oh ! »

La femme s’est jetée au sol, tas de vêtements et de chair qu’a–gitent des sanglots: Et elle gémit :

« Dis-moi, que dois-je faire pour toi, pour mon fils ? Pour réparer ! Pour sauver ! Non : réparer ! Tu vois que ma douleur est réparation. Mais sauver ! Je ne puis sauver celui qui a renié Dieu. Il est damné… Et qu’est-ce, pour moi qui suis juive, sinon une torture ? »

358.8

Jésus se penche, il pose la main sur l’épaule de la femme.

« Lève-toi, calme-toi ! Tu m’es chère. Ecoute, pauvre mère.

– Tu ne me maudis pas pour l’avoir engendré ?

– Oh non ! Tu n’es pas responsable de son erreur et, sache-le pour ton réconfort, tu peux au contraire être cause de son salut. Les déchéances des enfants peuvent être réparées par les mères. C’est ce que tu feras. Ta douleur, parce qu’elle est bonne, n’est pas stérile mais féconde. Par ta souffrance, l’âme que tu aimes sera sauvée. Tu expies pour lui, et tu expies avec une intention si droite que tu mérites l’indulgence pour ton fils. Il reviendra à Dieu. Ne pleure pas.

– Mais quand ? Quand donc?

– Quand tes larmes se seront mêlées à mon sang.

– A ton sang ? Mais alors c’est vrai ce qu’il dit ? Que tu seras tué parce que tu mérites la mort ? … Quel horrible blasphème !

– C’est vrai pour la première partie. Je serai tué pour vous rendre dignes de la Vie. Je suis le Sauveur, femme. Et le salut se donne par la parole, par la miséricorde et par l’holocauste. Il faut cela pour ton fils, et je le donnerai. Mais toi, aide-moi. Offre-moi ta douleur. Va avec ma bénédiction. Conserve-la en toi pour pouvoir être miséricordieuse et patiente auprès de ton fils, et lui rappeler ainsi qu’un Autre a été miséricordieux envers lui. Va, va en paix.

– Mais toi, ne parle pas à Pella ! N’en dis rien en Pérée ! Il les a tournées contre toi. Et il n’est pas le seul. Mais moi, je ne vois que lui et ne parle que de lui…

– Je parlerai par un signe. Et il suffira pour anéantir l’œuvre des autres. Rentre en paix chez toi.

– Seigneur, maintenant que tu m’as absoute de l’avoir engendré, regarde mon visage pour savoir ce qu’est celui d’une mère quand elle est déchirée. »

Et elle se découvre en disant :

« Voici le visage de la mère de Marc, fils de Josias[1], qui a renié le Messie et torturé celle qui lui a donné la vie. »

Puis elle rabaisse son voile fin sur ses yeux ravagés par les larmes en gémissant :

« Aucune mère d’Israël ne connaîtra pareille douleur ! »

358.9

Ils descendent de cet endroit hospitalier et reprennent la route. Ils entrent à Pella et se réunissent, la femme à ses serviteurs, et Jésus à ses apôtres.

Mais la femme lui emprunte le pas, comme fascinée, alors que Jésus suit le jeune garçon qui se dirige vers sa masure, située au sous-sol d’une construction adossée au flanc de la montagne, caractéristique de cette ville qui s’élève par terrasses, de sorte que le premier étage du côté ouest est le second étage du côté est, mais en réalité c’est un terrain là aussi, parce qu’on peut y accéder par la rue située au-dessus, qui est au niveau du second étage. Je ne sais pas si je réussis à bien m’expliquer.

Le jeune garçon appelle d’une voix forte :

« Maman ! Maman ! »

De cet antre misérable et sombre sort une femme encore jeune, aveugle, aux manières aisées parce qu’elle connaît bien ce qui l’entoure.

« Déjà revenu, mon fils ? Les oboles ont été assez nombreuses pour que tu sois ici alors qu’il fait encore grand jour ?

– Maman, j’ai trouvé quelqu’un qui connaît Jésus de Nazareth et qui dit qu’il va me conduire à lui pour être guéri. Il est très bon. Me laisses-tu y aller, maman ?

– Mais oui, Jaias béni ! Même si je dois rester seule, va, va et regarde le Sauveur pour moi aussi ! »

L’adhésion, la foi de la femme est absolue. Jésus sourit. Il dit :

« Tu ne doutes pas de moi, femme, ni du Sauveur ?

– Non. Si tu le connais et que tu es son ami, tu ne peux être que bon. Lui, enfin ! Va, va, mon fils ! Ne prends pas de retard. Donnons-nous un baiser et pars avec Dieu. »

Ils se cherchent à tâtons et s’embrassent. Jésus pose sur la table rudimentaire un pain et des pièces de monnaie.

« Adieu, femme. Il y a ici de quoi te procurer de la nourriture. Que la paix soit avec toi. »

358.10

Ils sortent. La troupe reprend sa marche. La pluie commence à tomber.

« Mais nous ne nous arrêtons pas ? Il pleut… disent les apôtres.

– Nous nous arrêterons à Jabès Galaad. Marchez. »

Ils mettent leurs manteaux sur la tête et Jésus étend le sien sur la tête du jeune garçon. La mère de Marc, fils de Josias, les suit sur sa monture, avec ses serviteurs. On dirait qu’elle ne peut se séparer de lui.

Ils sortent de Pella. Ils pénètrent dans une campagne verte et triste en cette journée pluvieuse.

Ils font au moins un kilomètre, puis Jésus s’arrête. Il prend la tête du petit aveugle dans ses mains et dépose un baiser sur ses yeux éteints en disant :

« Et maintenant, retourne sur tes pas. Va dire à ta mère que le Seigneur récompense celui qui a foi, et va dire aux habitants de Pella que c’est le Seigneur. »

Il le laisse partir et s’éloigne rapidement.

Mais il ne se passe pas trois minutes que le garçon crie :

« Mais je vois ! Oh ! Ne t’enfuis pas ! Tu es Jésus ! Fais que je te voie, toi, en premier ! »

Et il tombe à genoux sur la route détrempée par la pluie.

La femme de Gerasa et ses serviteurs d’un côté, les apôtres de l’autre, accourent pour voir le miracle. Jésus aussi revient lentement en souriant. Il s’incline pour caresser le garçon.

« Va, va trouver ta maman, et sache croire en moi, toujours.

– Oui, mon Seigneur… Mais rien pour maman ? Elle restera dans le noir, elle qui croit comme moi ? »

Jésus sourit d’un sourire encore plus lumineux. Il regarde autour de lui, voit au bord de la route une touffe de margue­rites trempées par la pluie, se penche, les cueille et les donne à l’enfant.

« Passe-les sur les yeux de ta mère et elle verra. Moi, je ne reviens pas sur mes pas, je vais de l’avant. Que celui qui est bon me suive avec son âme et qu’il parle de moi à ceux qui doutent. Toi, parle de moi à Pella dont la foi vacille. Va ! Dieu est avec toi. »

Puis il se tourne vers la femme de Gerasa :

« Quant à toi, suis-le. Voici la réponse de Dieu à tous ceux qui tentent de diminuer la foi des hommes dans le Christ. Et que cela raffermisse ta propre foi et celle de Josias. Va en paix. »

Ils se séparent. Jésus reprend sa marche vers le sud. L’enfant, la Gérasénienne et ses serviteurs, vers le nord. Un voile de pluie les sépare comme un nuage de fumée…

358.1

La strada che da Gadara va a Pella corre per una zona fertile, distesa fra due ordini di colli, l’uno più alto dell’altro. Sembrano due enormi scalini di una scala da giganti favolosi, per salire dalla valle del Giordano ai monti dell’Auran. Quando la strada si accosta maggiormente allo scaglione di occidente, l’occhio domina non solo sui monti dell’altra sponda, credo quelli della Galilea meridionale e certamente quelli della Samaria, ma anche sulla verde bellezza che fa da ala all’azzurro fiume dall’una parte e dall’altra. Quando se ne scosta, avvicinandosi alle catene di oriente, allora perde di vista la valle del Giordano, ma ancora vede le cime delle catene di Samaria e di Galilea stagliarsi col loro verde sul cielo grigio.

In giorno di sole sarebbe un bel panorama, dalle tinte vaghe di bellezza e decise. Oggi che il cielo è ormai tutto coperto di nuvole basse, ammonticchiate dallo scirocco che cresce sempre e spinge nuovi ammassi di nuvole pesanti a sovrapporsi a quelli già esistenti, abbassando il cielo con tutta questa ovatta grigia e arruffata, il panorama perde la luminosità dei verdi, che appaiono smorzati come per una opacità di nebbia.

Qualche paesello viene raggiunto e sorpassato senza che accada nulla di notevole. L’indifferenza accoglie e segue il Maestro. Solo gli accattoni non mancano di interessarsi del gruppo di pellegrini galilei, e vanno chiedendo elemosina. Non mancano i soliti ciechi dagli occhi per lo più distrutti dal tracoma, o i quasi ciechi che vanno a capo basso, mal soffrendo la luce, rasente ai muri, talora soli, altre volte uniti ad una donna o ad un bambino. In un paese, dove si interseca la strada per Pella con quella di Gerasa e Bosra per il lago di Tiberiade, ve ne è tutta una turba, che assalta le carovane coi suoi lamenti simili ad uggiolii di cani, rotti ogni tanto da veri ululati. Stanno in ascolto, un gruppo di miseria, di sudiciume e di stracci, addossato alle mura delle prime case, rosicchiando croste di pane e ulive, oppure sonnecchiano mentre le mosche pascolano a loro piacere sulle palpebre ulcerate; ma al primo rumore di zoccoli o al primo scalpiccio di numerosi piedi, sorgono e vanno, simili ad un cencioso coro di tragedia antica, tutti con le stesse parole e gli stessi gesti, verso i sopravvenienti. Qualche moneta vola e qualche tozzo di pane, e i ciechi o i semi-ciechi annaspano nella polvere e nelle lordure per trovare l’obolo.

358.2

Gesù li osserva e dice a Simone Zelote e a Filippo: «Portate loro denaro e pane. Il denaro lo ha Giuda, il pane Giovanni».

I due vanno avanti solleciti a fare quanto è stato ordinato e si fermano a parlare mentre Gesù viene avanti adagio, ritardato da una fila di asinelli che sbarra la via.

I mendichi sono stupiti del saluto e della grazia con i quali vengono salutati e beneficati dai sopraggiunti, e chiedono:

«Chi siete che avete buona grazia con noi?».

«I discepoli di Gesù di Nazaret, il Rabbi di Israele, Colui che ama i poveri e gli infelici perché è il Salvatore, e passa annunziando la Buona Novella e facendo miracoli».

«Il miracolo è questo», dice uno dalle palpebre atrocemente devastate. E picchia sul suo pezzo di pane pulito, vero animale che non sente e ammira che le cose materiali.

Una donna, che passa con le brocche di rame e che sente, dice: «Taci là, lurido poltrone». E si volge ai discepoli dicendo:

«Non è del paese. Ed è rissoso e violento coi suoi simili. Bisognerebbe cacciarlo perché ruba ai poveri del paese. Ma abbiamo paura delle sue vendette»; e piano, proprio con un filo di voce, mormora: «Si dice che sia un ladrone che per anni ha rubato e ucciso, calando dai monti di Caracamoab e di Sela, che ora è detta Petra dai dominatori, coloro che fanno le vie dei deserti. Si dice che è un soldato disertore di quel romano venuto là a… fare conoscere Roma… Elio, mi pare, e un altro nome ancora… Se lo fate bere racconta… Ora, cieco, è capitato qui…

È quello il Salvatore?», chiede poi accennando Gesù che è passato diritto.

«È quello. Gli vuoi parlare?».

«Oh! no!», dice la donna indifferente.

I due apostoli la salutano e si avviano a raggiungere il Maestro.

358.3

Ma un tumulto avviene fra i ciechi e vi è un pianto quasi di fanciullo. Si voltano in diversi, e la donna di prima, che è sulla soglia della sua casa, spiega: «Sarà quel crudele che leva i soldi ai più deboli. Fa sempre così».

Anche Gesù si è voltato a guardare…

Infatti un fanciullo, meglio, un adolescente, esce sanguinando e piangendo dal gruppo e si lamenta: «Tutto mi ha levato! E la mamma non ha più pane!».

Chi compassiona, chi ride…

«Chi è?», chiede Gesù alla donna.

«Un fanciullo di Pella. Povero. Viene mendicando. Tutti ciechi nella casa, per malattia presa l’uno dall’altro. Il padre è morto. La madre sta in casa. Il giovinetto chiede l’obolo ai passanti e ai contadini».

Il ragazzo viene avanti col suo bastoncello, asciugandosi il pianto e il sangue, che gli scende dalla fronte, con un angolo del suo mantello sdruscito.

La donna lo chiama: «Fermati, Jaia. Ti laverò la fronte e ti darò un pane!».

«Avevo denaro e pane per più giorni! Ora più niente! La mamma mi aspetta per mangiare…», si lamenta l’infelice mentre si deterge con l’acqua della donna.

358.4

Gesù si fa avanti e dice: «Ti darò quanto ho. Non piangere».

«Ma Signore! Perché? Dove alloggeremo? Che faremo?», dice inquieto Giuda.

«Loderemo Dio che ci conserva sani. È già somma grazia».

Il ragazzo dice: «Oh! sì che lo è! Ci vedessi! Lavorerei io, per la mamma».

«Vorresti guarire?».

«Sì».

«Perché non vai dai medici?».

«Nessuno ci ha mai guariti. Ci hanno detto che c’è Uno in Galilea che non è medico ma guarisce. Ma come si fa ad andare da Lui?».

«Va’ a Gerusalemme. Al Getsemani. È un uliveto alle falde del monte degli ulivi presso la via di Betania. Chiedi di Marco e di Giona. Tutti quelli del sobborgo di Ofel te lo indicheranno. Puoi unirti a una carovana. Ne passano tante. A Giona chiedi di Gesù di Nazaret…».

«Ecco! È quello il nome! Mi guarirà?».

«Se hai fede, sì».

«E fede ho. Tu dove vai, Tu che sei buono?».

«A Gerusalemme, per la Pasqua».

«Oh! prendimi con Te! Non ti darò noia. Dormirò all’aperto e mi basterà un pezzo di pane! Andiamo a Pella… Tu vai là, vero? E lo diciamo alla madre, e poi si va… Oh! vederci! Sii buono, Signore!…». E il giovanetto si inginocchia cercando i piedi di Gesù per baciarli.

«Vieni. Ti condurrò alla luce».

«Te benedetto!».

358.5

Riprendono a camminare e la mano affusolata di Gesù tiene per un braccio il fanciullo per guidarlo sollecitamente. E il fanciullo parla.

«Tu chi sei? Un discepolo del Salvatore?».

«No».

«Ma lo conosci, almeno?».

«Sì».

«E credi che mi guarirà?».

«Lo credo».

«Ma… vorrà denaro? Non ne ho. I medici ne vogliono tanto! Alla fame siamo andati per curarci…».

«Gesù di Nazaret non vuole che fede e amore».

«È molto buono, allora. Però anche Tu sei buono», dice il giovinetto, e per prendere e carezzare la mano che lo conduce palpeggia la manica della veste. «Che bell’abito che hai! Sei un signore! Non ti vergogni di me, stracciato come sono?».

«Mi vergogno solo delle colpe che disonorano l’uomo».

«Io ho quelle di mormorare qualche volta sul mio stato e di desiderare abiti caldi, pane e soprattutto la vista».

Gesù lo carezza: «Non sono colpe disonoranti queste. Però cerca di non avere neanche queste imperfezioni e sarai santo».

«Ma se guarisco non le avrò più… Oppure… non guarisco e Tu lo sai, e mi prepari alla mia sorte e mi istruisci a santificarmi come Giobbe?».

«Tu guarirai. Ma dopo, soprattutto dopo, devi sempre essere contento del tuo stato anche se non sarà dei più lieti».

Pella è raggiunta. Le ortaglie che sempre precedono le città espongono la fecondità delle loro aiuole con un verzichio rigoglioso di verdure.

Delle donne intente al lavoro sui solchi, oppure alle conche del bucato, salutano Jaia e gli dicono: «Torni presto, oggi. Ti è andata bene?», o anche: «Hai trovato un protettore, povero figlio?». Una, anziana, grida dal fondo di un’ortaglia: «O Jaia! Se hai fame c’è una scodella per te. Se no per tua madre. Vai a casa? Prendila».

«Vado a dire alla mamma che vado con questo signore buono a Gerusalemme per guarire. Conosce Gesù di Nazaret e mi ci conduce».

358.6

La via, quasi alle porte di Pella, è piena di folla. Vi sono mercanti, ma vi sono anche pellegrini.

Una donna di buon aspetto, che viaggia su un ciuco, accompagnata da una serva e da un servo, si volta sentendo parlare di Gesù e poi tira le redini, ferma il ciuco, scende e si dirige da Gesù.

«Tu conosci Gesù di Nazaret? E vai da Lui? Io pure ci vado… Per la guarigione di un figlio. Vorrei parlare col Maestro perché…». Si mette a piangere sotto il fitto velo.

«Che malattia ha tuo figlio? Dove sta?».

«È di Gerasa. Ma ora è verso la Giudea. Va come un invasato… Oh! che ho detto!».

«È indemoniato?».

«Signore, lo era e fu guarito. Ora… è più demonio di prima perché… Oh! posso dire questo solo a Gesù di Nazaret!».

«Giacomo, prendi il fanciullo fra te e Simone, e andate avanti con gli altri. Mi attenderete di là della porta. Donna, puoi mandare avanti i servi. Parleremo fra noi».

La donna dice: «Ma Tu non sei il Nazareno! Solo a Lui io voglio parlare. Perché Lui solo può capire e avere misericordia».

Ormai sono soli, però. Gli altri vanno avanti per conto loro. Gesù attende che la via sia vuota e poi dice: «Puoi parlare. Io sono Gesù di Nazaret».

La donna ha un gemito e fa per cadere in ginocchio.

«No. La gente non deve sapere per ora. Andiamo. Là vi è una casa aperta. Chiederemo riposo e parleremo. Vieni».

Vanno per una stradella fra due ortaglie ad una casa popolana sulla cui aia ruzzano dei bambini.

«La pace sia con voi. Mi permettete di fare riposare la donna per qualche momento? Devo parlare con lei. Veniamo da lontano per poterci parlare e Dio ci ha uniti prima della mèta».

«Entrate. L’ospite è benedizione. Vi daremo latte e pane, e acqua per i piedi stanchi», dice una vecchia.

«Non occorre. Ci basta un luogo quieto per poter parlare».

«Venite», e li conduce su una terrazza che si inghirlanda di una vite che sboccia in foglie smeraldine.

358.7

Restano soli.

«Parla, donna. Io l’ho detto: Dio ci ha uniti prima della mèta per tuo sollievo».

«Non c’è, non c’è sollievo più per me! Avevo un figlio. Divenne indemoniato. Una belva nei sepolcri. Nulla lo teneva. Nulla lo guariva. Ti vide. Ti adorò con la bocca del demonio e Tu lo guaristi. Voleva venire con Te. Tu pensasti alla madre sua e me lo mandasti. A ridarmi vita e ragione che vacillavano così, per il dolore di un figlio indemoniato. E lo mandasti anche perché ti predicasse, posto che voleva amarti. Io… oh! esser madre di nuovo e di un figlio santo! Di un tuo servo! Ma dimmi, dimmi! Quando lo hai mandato indietro Tu sapevi che egli era… che sarebbe divenuto un demonio ancora? Perché è un demonio, che ti lascia dopo tanto bene avuto, dopo averti conosciuto, dopo essere stato eletto al Cielo… Dimmelo! Lo sapevi? Ma io vaneggio! Parlo e non ti dico perché è un demonio… È tornato come un folle da qualche tempo, oh! pochi giorni! ma più penosi per me dei lunghi anni in cui fu posseduto… E allora credevo che mai avrei avuto dolori più grandi di quello… È venuto… e ha demolito la fede che Gerasa coltivava per Te, per tuo e suo merito, dicendo infamie di Te. E ti precede verso il guado di Gerico facendoti del male, facendoti del male!».

La donna, che non si è mai levata il velo dietro il quale singhiozza straziantemente, si getta ai piedi di Gesù supplicando:

«Va’ via! va’ via! Non ti fare insultare! Io sono partita, d’accordo col marito malato, pregando Dio di trovarti. Mi ha esaudita! Oh! ne sia benedetto! Non voglio, non voglio permettere io che Tu, Salvatore, sia malmenato per causa di mio figlio! Oh! perché l’ho messo al mondo? Ti ha tradito, Signore! Riporta male le tue parole. Il demonio lo ha ripreso. E… oh! Altissimo e Santo! Pietà di una madre! E sarà dannato. Mio figlio, mio figlio! Prima non ne aveva colpa di essere pieno di demoni. Era una sventura capitata a lui. Ma ora! Ma ora che Tu lo avevi graziato, ora che aveva conosciuto Dio, ora che Tu lo avevi istruito! Ora egli ha voluto essere un demonio, e nessuna forza lo libererà più! Oh! Oh!».

La donna è gettata al suolo, mucchio di vesti e di carni che si agitano nei singhiozzi. E geme: «Dimmi, dimmi, che devo fare per Te, per mio figlio? Per riparare! Per salvare! No. Riparare! Tu vedi che il mio dolore è riparazione. Ma salvare! Non posso salvare il rinnegatore di Dio. È dannato… E per me, israelita, cosa è questo? Tormento».

358.8

Gesù si china. Le posa la mano sulla spalla. «Alzati, calmati! Tu mi sei cara. Ascolta, povera madre».

«Non mi maledici di averlo generato?!».

«Oh! no! Non sei responsabile del suo errore e, sappilo per tuo conforto, puoi invece essere causa della sua salvezza. Le rovine dei figli possono essere riparate dalle madri. E tu lo farai. Il tuo dolore, perché è buono, non è sterile, ma è fecondo.

Per il tuo soffrire sarà salva l’anima che ami. Tu espii per lui, ed espii con così retta intenzione che tu sei l’indulgenza del figlio tuo. Egli tornerà a Dio. Non piangere».

«Ma quando? Quando mai?».

«Quando il tuo pianto si sarà disciolto nel mio Sangue».

«Il tuo Sangue? Ma allora è vero ciò che egli dice? Che Tu sarai ucciso perché degno di morte?… Bestemmia orrenda!».

«È verità vera nella prima parte. Io sarò ucciso per farvi degni di Vita. Sono il Salvatore, donna. E salvezza si dà con la parola, con la misericordia e con l’olocausto. Per tuo figlio questo ci vuole. E questo darò. Ma tu aiutami. Dàmmi il tuo dolore. Va’ con la mia benedizione. Conservala in te per poter essere misericorde e paziente presso tuo figlio e ricordargli così che Un altro fu misericorde con lui. Va’, va’ in pace».

«Ma Tu non parlare a Pella! Non parlare in Perea! Egli te li ha messi contro. E non è solo. Ma io vedo e parlo solo di lui…».

«Parlerò con un atto. E sarà sufficiente ad annullare l’opera di altri. Va’ in pace alla tua casa».

«Signore, ora che mi hai assolta di averlo generato, vedi il mio volto per conoscere quale è il viso di una madre quando è straziata», e si scopre il volto dicendo: «Ecco la faccia della madre di Marco di Giosia[1], rinnegatore del Messia e torturatore della sua genitrice», e riabbassa poi il fitto velo sul volto devastato dal pianto gemendo : «Nessun’altra madre d’Israele sarà pari a me nel dolore!».

358.9

Scendono dal luogo ospitale e riprendono la via. Entrano in Pella e si riuniscono: la donna ai servi, Gesù ai discepoli.

Ma la donna lo segue come affascinata mentre Gesù va dietro al ragazzo che si dirige alla sua casupola, situata in uno scantinato di una costruzione addossata al fianco del monte, caratteristica di questa città che sale a scaglioni, di modo che il terreno del lato ovest è il secondo piano del lato est, ma in realtà è un terreno anche là, perché vi si può accedere dalla via soprastante che è al livello dell’ultimo piano. Non so se riesco a spiegarmi bene.

Il ragazzo chiama forte: «Madre! Madre!».

Dall’antro misero e buio viene avanti una donna ancora giovane, cieca, disinvolta perché cognita dell’ambiente.

«Già di ritorno, figlio mio? Così numerosi gli oboli da farti tornare mentre è ancora alto il giorno?».

«Mamma, ho trovato uno che conosce Gesù di Nazaret e che dice che mi conduce da Lui per essere guarito. È molto buono. Mi lasci andare, mamma?».

«Ma sì, Jaia! Anche se resto sola, va’, va’, benedetto, e guardalo anche per me il Salvatore!». L’adesione, la fede della donna è assoluta.

Gesù sorride. Parla: «Tu non dubiti, donna, né di me, né del Salvatore?».

«No. Se tu lo conosci e gli sei amico, non puoi essere che buono. Lui poi! Va’, va’, figlio! Non tardare un momento. Diamoci un bacio e va’ con Dio».

Si baciano, trovandosi a tentoni.

Gesù pone sulla tavola grezza un pane e delle monete. «Addio, donna. Qui vi è di che procurarti cibo. La pace sia con te».

358.10

Escono. La comitiva riprende l’andare. Cadono le prime gocce di pioggia.

«Ma non ci fermiamo? Piove…», dicono gli apostoli.

«Ci fermeremo a Jabes Galaad. Camminate».

Si tirano su i mantelli sul capo e Gesù stende il suo sul capo del ragazzo. La madre di Marco di Giosia lo segue coi servi, sul suo asinello. Sembra non si possa separare da Lui.

Escono da Pella. Si inoltrano per la campagna verde e triste nella giornata piovosa.

Fanno almeno un chilometro, poi Gesù si ferma. Prende il capo del ciechino fra le mani e lo bacia sugli occhi spenti dicendo: «Ed ora torna indietro. Va’ a dire a tua madre che il Signore premia chi ha fede, e va’ a dire a quelli di Pella che questo è il Signore». Lo lascia andare e si allontana rapido.

Ma non passano tre minuti che il ragazzo grida: «Ma io ci vedo! Oh! non fuggire! Tu sei Gesù! Fa’ che io veda Te per primo!», e cade in ginocchio sulla via bagnata di pioggia.

La donna gerasena e i servi da una parte, gli apostoli dall’altra, corrono a vedere il miracolo.

Anche Gesù torna, lentamente, sorridente. Si china ad accarezzare il ragazzo. «Va’, va’ dalla mamma e sappi credere in Me, sempre».

«Sì, Signor mio… Ma alla mamma nulla?! Nel buio lei che crede come me?».

Gesù sorride più luminosamente ancora. Si guarda intorno. Vede sul ciglio della via un ciuffo di margheritine roride d’acqua. Si china e le coglie, le benedice, le dà al fanciullo.

«Passale sugli occhi di tua madre ed ella vedrà. Io non torno indietro. Io vado avanti. Chi è buono mi segua col suo spirito e parli di Me ai dubbiosi. Tu parla di Me a Pella che tituba nella fede. Va’. Dio è con te».

E poi si volge alla donna di Gerasa: «E tu seguilo. Questa è la risposta di Dio a tutti coloro che tentano sminuire la fede degli uomini nel Cristo. E ciò rafforzi la tua fede e quella di Giosia. Va’ in pace».

Si separano. Gesù riprende la marcia a sud. Il fanciullo, la gerasena e i servi, verso nord. Il velo dell’acqua fitta li separa come dietro una tenda fumosa…


Notes

  1. Marc, fils de Josias, l’un des deux possédés géraséniens guéris (en 186.5/8), devenu disciple (en 296.1 et 338.2). Après le discours sur le Pain du Ciel il fait partie des disciples qui abandonnent Jésus (en 354.15). De nouveau possédé, il l’est si totalement qu’il semble irrécupérable (en 368.12 et 369.4). Néanmoins, les paroles de Jésus à sa mère lui permettent de comprendre que, même si sa déchéance est complète, elle ne sera pas définitive. L’œuvre de Maria Valtorta affirme que Judas Iscariote lui-même aurait pu être sauvé s’il s’était repenti après avoir trahi.

Note

  1. Marco di Giosia, uno dei due indemoniati geraseni guariti (in 186.5/8), divenuto discepolo (in 296.1 e 338.2). Dopo il discorso sul Pane del Cielo viene annoverato tra i discepoli che abbandonano Gesù (in 354.15). Di nuovo indemoniato, lo è in maniera tanto completa da sembrare irrecuperabile (in 368.12 e 369.4). Tuttavia, le parole di Gesù alla madre di lui fanno capire che la sua rovina, per quanto completa, non sarà definitiva. L’opera valtortiana afferma che perfino Giuda Iscariota si sarebbe salvato se si fosse pentito dopo il tradimento.