Gli Scritti di Maria Valtorta

517. En route vers Nobé, le remords

517. Verso Nobe, resipiscenza

517.1

Le vent humide et froid décoiffe les arbres des collines et pousse dans le ciel des amas de nuages grisâtres. Tout emmitouflés dans leurs lourds manteaux, Jésus, les Douze et Etienne descendent de Gabaon par le chemin qui mène à la plaine. Ils parlent entre eux pendant que Jésus, absorbé dans un de ses silences, est loin de ce qui l’entoure. Il reste ainsi jusqu’à ce que, arrivés à un croisement à mi-côte, et même presque au bas de la colline, il dise :

« Prenons de ce côté et allons à Nobé.

– Comment ? Tu ne reviens pas à Jérusalem ? demande Judas.

– Pour celui qui est habitué à de longues marches, Nobé et Jérusalem, c’est tout un. Mais je préfère être à Nobé. Cela te déplaît ?

– Oh ! Maître ! Pour moi, que ce soit ici ou là… Je regrette plutôt que, à un endroit qui t’était si favorable, tu te sois si peu montré. Tu as parlé davantage à Bétéron qui ne t’était certainement pas amie. Tu devrais faire le contraire, il me semble : chercher à t’attirer toujours plus les villes que tu sens bienveillantes, en faire des… défenses contre les cités dominées par tes adversaires. Tu sais quelle importance revêt le fait que les villes voisines de Jérusalem soient de ton côté ? Enfin, Jérusalem n’est pas tout. Les autres endroits peuvent également avoir de l’importance, et ainsi faire pression sur les volontés de Jérusalem. Les rois, généralement, sont proclamés dans les plus fidèles des villes, et les autres se résignent une fois la proclamation faite…

– Quand elles ne se révoltent pas, devenant cause de luttes fratricides. Je ne crois pas que le Messie veuille inaugurer son Règne par une guerre intestine, dit Philippe.

– Je désirerais une seule consolation : qu’il commence en vous par une juste vision des choses. Mais vous n’y parvenez pas encore… Quand donc comprendrez-vous ? »

517.2

Se rendant compte qu’il risque un reproche, Judas détourne la conversation :

« Pourquoi donc, ici à Gabaon, as-tu si peu parlé ?

– J’ai préféré écouter et me reposer. Vous ne comprenez pas que, moi aussi, j’aie besoin de repos ?

– Nous pouvions nous y arrêter et leur faire plaisir. Si tu es si épuisé, pourquoi t’es-tu remis en route ? demande Barthélemy, d’un air désolé.

– Ce ne sont pas mes membres qui sont fatigués. Je n’ai pas besoin de m’arrêter pour leur donner du repos. C’est mon cœur qui est las, qui a besoin de repos. Or je le trouve là où je rencontre de l’amour. Croyez-vous donc que je sois insensible à tant de haine ? Que les refus ne m’affligent pas ? Croyez-vous que les conjurations contre moi me laissent de marbre ? Que les trahisons de celui qui simule l’amitié et qui est un espion de mes ennemis, placé à côté de moi pour…

– Que cela n’arrive jamais, Seigneur ! Et tu ne dois même pas le supposer. Tu nous offenses en disant cela ! » proteste Judas avec une indignation affligée qui dépasse celle de tous les autres, bien que tous se récrient :

« Maître, tu nous attristes par ces paroles, tu doutes de nous ! »

Impulsif, Jacques, fils de Zébédée, s’écrie :

« Eh bien, moi, je te salue, Maître, et je rentre à Capharnaüm. Le cœur brisé. Mais je m’en vais. Et si Capharnaüm ne suffit pas, j’irai avec les pêcheurs de Tyr et de Sidon, j’irai à Cintium, j’irai je ne sais où, mais tellement loin qu’il te sera impossible de penser que, moi, je te trahis. Donne-moi ta bénédiction en viatique ! »

Jésus l’embrasse :

« Paix, mon apôtre. Nombreux sont ceux qui se prétendent mes amis, vous n’êtes pas les seuls. Mes paroles te peinent, elles vous peinent tous. Mais dans quels cœurs dois-je déverser mes angoisses et chercher quelque réconfort, sinon auprès de mes apôtres bien-aimés et de mes disciples de confiance ? Je cherche en vous une partie de l’union que j’ai quittée pour unir les hommes : l’union avec mon Père dans le Ciel ; et une goutte de l’amour que j’ai quitté pour l’amour des hommes : celui de ma Mère. Je le cherche en guise de soutien. Ah ! une vague d’amertume, un poids inhumain envahissent mon cœur et font pression sur lui, sur le Fils de l’homme !… Ma Passion, mon heure, se fait toujours plus pleine… Aidez-moi à la supporter, à l’accomplir… car elle est si douloureuse ! »

Touchés par la douleur profonde qui vibre dans les paroles du Maître, les apôtres se regardent sans rien savoir faire d’autre que de se serrer contre lui, le caresser, l’embrasser… et c’est en même temps que Judas l’embrasse à droite et Jean à gauche… Jésus baisse les yeux pour voiler son regard pendant ces baisers.

517.3

Ils reprennent leur marche et, après cette interruption, Jésus peut reprendre sa pensée :

« Dans une si grande angoisse, mon cœur cherche des lieux où trouver amour et repos, des endroits où, au lieu de s’adresser à des pierres arides, à des serpents sournois ou à des papillons distraits, il peut écouter parler d’autres cœurs et être consolé en les sentant sincères, affectueux, justes. Gabaon est l’un de ces endroits. Je n’y étais jamais venu. Mais j’y ai trouvé un champ labouré et ensemencé par d’excellents ouvriers de Dieu. Ce chef de la synagogue ! Il est venu à la Lumière, mais son âme était déjà lumineuse. Que peut faire un bon serviteur de Dieu ! Gabaon n’est certainement pas à l’abri des menées de ceux qui me haïssent. Même là, on essaiera insinuation et corruption, mais elle a pour chef de synagogue un juste, de sorte que les poisons du mal y perdent leur toxicité. Croyez-vous qu’il me soit agréable de toujours corriger, censurer, réprouver même ? Il m’est beaucoup plus doux de pouvoir dire : “ Tu as compris la Sagesse. Avance sur ta route et sois saint ”, comme je l’ai dit au chef de Gabaon.

– Alors, nous y retournerons ?

– Quand le Père me fait trouver un lieu de paix, j’en profite et j’en bénis mon Père, mais ce n’est pas pour cela que je suis venu. Je suis venu convertir au Seigneur les lieux coupables et éloignés de

lui.

517.4

Vous le voyez, je pourrais rester à Béthanie, et je ne le fais pas.

– C’est aussi pour ne pas nuire à Lazare.

– Non, Judas. Même les pierres savent que Lazare est mon ami. Il serait par conséquent inutile que je réfrène mon désir de réconfort. Mais c’est pour…

– A cause des sœurs de Lazare, de Marie spécialement.

– Non plus, Judas. Même les pierres savent que la luxure de la chair ne me trouble pas. Remarque que, parmi les nombreuses accusations que l’on m’a faites, la première qui est tombée a été celle-là, car même mes adversaires les plus acharnés ont compris que, la soutenir, c’était démasquer leur habitude du mensonge. Personne d’honnête n’aurait cru que j’étais un sensuel. La sensualité ne peut avoir d’attirance que pour ceux qui ne se nourrissent pas de surnaturel et qui abhorrent le sacrifice. Mais pour celui qui s’est voué au sacrifice, pour celui qui est victime, quelle attirance veux-tu que possède le plaisir d’une heure ? La jouissance des âmes victimes est tout entière d’ordre spirituel, et si elles revêtent une chair, celle-ci n’est pas plus qu’un vêtement. Penses-tu que les habits que nous portons aient des sentiments ? Il en est de même de la chair pour ceux qui vivent de l’esprit : un vêtement, rien de plus. L’homme spirituel est le véritable surhomme parce qu’il n’est pas esclave des sens, alors que l’homme matériel est une non-valeur, par rapport à la vraie dignité de l’homme, car il a trop d’appétits qui lui sont communs avec l’animal. Il lui est même inférieur, tout en le surpassant, puisqu’il fait de l’instinct, naturel à l’animal, un vice dégradant. »

Perplexe, Judas se mord les lèvres, puis il déclare :

« Oui. Et, du reste, tu ne pourrais plus nuire à Lazare. D’ici peu, la mort le soustraira à tout danger de vengeance… Dans ce cas, pourquoi ne vas-tu pas à Béthanie plus souvent ?

– Parce que je ne suis pas venu pour rechercher mon plaisir, mais pour convertir. Je te l’ai déjà dit.

– Pourtant… tu es heureux d’avoir tes frères avec toi ?

– Oui. Mais il est vrai aussi que je n’ai pas de préférences pour eux. Quand on doit se séparer pour trouver des maisons qui nous accueillent, ce ne sont pas eux qui restent généralement avec moi, mais vous. Et cela pour vous montrer qu’aux yeux et à l’esprit de celui qui s’est voué à la rédemption, la chair et le sang n’ont pas de valeur ; la seule chose qui en ait, c’est la formation des cœurs et

leur rédemption.

517.5

Maintenant, nous allons nous rendre à Nobé et nous nous séparerons de nouveau pour la nuit ; et je vais encore te garder avec moi ainsi que Matthieu, Philippe et Barthélemy.

– Nous sommes peut-être les moins formés ? Moi, spécialement, que tu gardes toujours près de toi ?

– C’est exact, Judas.

– Merci, Maître. Je l’avais compris, lance Judas avec une colère mal contenue.

– Si tu l’as compris, pourquoi ne t’efforces-tu pas de te former ? Crois-tu donc que, pour ne pas t’humilier, je pourrais mentir ? Nous sommes entre frères, d’ailleurs, et les défauts de l’un ne doivent pas être objet de raillerie ; de même, les avertissements donnés en présence des autres — qui savent déjà réciproquement en quoi manque chacun des frères — ne doivent pas être un objet d’abattement. Personne n’est parfait, c’est moi qui vous le dis. Mais même les imperfections de chacun, si pénibles à voir et à supporter, doivent susciter une amélioration de soi-même pour ne pas accroître les ennuis réciproques. Et, crois-moi, Judas, même si je te vois pour ce que tu es, personne, pas même ta mère, ne t’aime comme je t’aime, et personne ne s’efforce de te rendre bon comme ton Jésus.

– Mais, en attendant, tu me fais des reproches et tu m’humilies, qui plus est en présence d’un disciple.

– Est-ce la première fois que je te rappelle à la justice ? »

Judas se tait.

« Réponds, te dis-je ! lance Jésus impérieusement.

– Non.

– Et combien de fois l’ai-je fait publiquement ? Peux-tu dire que je t’ai couvert de honte ? Ou bien dois-tu reconnaître que je t’ai protégé et défendu ? Parle !

– Tu m’as défendu, c’est vrai. Mais aujourd’hui…

– Aujourd’hui, c’est pour ton bien. Celui qui caresse un fils coupable, dit le proverbe[1], devra ensuite bander ses plaies. Et un autre dit encore qu’un cheval indompté devient intraitable, et le fils abandonné à lui-même un casse-cou.

– Mais suis-je ton fils ? demande Judas, tandis que son visage perd son air courroucé pour prendre une expression de regret.

– Si je t’avais engendré, tu ne pourrais l’être davantage, et je me ferais arracher les entrailles pour te donner mon cœur et te rendre tel que je voudrais… »

Judas a un de ses retours… et sincère, vraiment sincère, il se jette dans les bras de Jésus en s’écriant :

« Ah ! je ne te mérite pas ! Je suis un démon et je ne te mérite pas ! Tu es trop bon ! Sauve-moi, Jésus ! »

Et il pleure, il pleure réellement avec les sanglots agités d’un cœur troublé par des pensées qui ne sont pas bonnes, et par leur contraste avec le remords d’avoir affligé celui qui l’aime.

517.1

Il vento umido e freddo pettina le piante del colle e spinge nel cielo cumuli di nubi bigiastre. Tutti intabarrati nei loro mantelli pesanti, Gesù coi dodici e con Stefano scendono da Gabaon alla via che conduce verso la pianura. E parlano fra loro mentre Gesù, assorto in uno dei suoi silenzi, è lontano da ciò che lo circonda. E vi sta finché, giunti ad un crocicchio a mezza costa, anzi quasi alla base del colle, dice: «Prendiamo di qui e andiamo a Nobe».

«Come? Non torni a Gerusalemme?», chiede l’Iscariota.

«Nobe e Gerusalemme è quasi tutta una cosa, per chi è uso al molto cammino. Ma Io preferisco essere a Nobe. Te ne dispiaci?».

«Oh! Maestro! Per me qui o là… Piuttosto mi dispiace che Tu, in un luogo così a Te propizio, abbia figurato così poco. Hai parlato di più a Beteron che non ti era certo amica. Dovresti fare il contrario, mi pare. Cercare di attrarre sempre più a Te le città che senti propizie, farne delle… controarmi verso le città dominate da chi ti è nemico. Sai che valore avere le città vicine a Gerusalemme dalla tua parte? Infine Gerusalemme non è tutto. Anche gli altri luoghi possono avere valore e premere col loro volere sul volere di Gerusalemme. I re, generalmente, vengono proclamati tali presso città fedelissime e, a proclamazione fatta, anche le altre si rassegnano…».

«Quando non si ribellano, e allora sono lotte fratricide. Non credo che il Messia voglia iniziare il suo regno con una guerra intestina», dice Filippo.

«Io vorrei una sola cosa: che esso fosse iniziato in voi con un giusto vedere. Ma voi non vedete ancora giusto… Quando dunque comprenderete?».

517.2

Sentendo che forse è un rimprovero quello che sta per venire, l’Iscariota torna a chiedere: «Perché dunque qui a Gabaon hai parlato così poco?».

«Ho preferito ascoltare e riposare. Non comprendete che Io pure ho bisogno di riposo?».

«Potevamo fermarci e farli felici. Se sei così stanco, perché ti sei rimesso in cammino?», domanda afflitto Bartolomeo.

«Non sono stanco nelle membra. Non ho bisogno di sostare per dare riposo ad esse. È il mio cuore che è stanco, che ha bisogno di riposo. Ed Io ho riposo dove trovo amore. Credete forse che Io sia insensibile a tanto astio? Che le ripulse non mi addolorino? Credete che le congiure contro Me mi lascino insensibile? Che i tradimenti di chi mi si finge amico, ed è una spia dei miei nemici, messa al mio fianco per…».

«Questo non sia mai, Signore! E non lo devi neppur sospettare. Dicendo così, Tu ci offendi!», protesta l’Iscariota con uno sdegno accorato che è superiore a quello di tutti gli altri, benché tutti protestino dicendo: «Maestro, Tu ci addolori con queste parole, Tu dubiti di noi!». E Giacomo di Zebedeo, impulsivo, esclama: «Io ti saluto, Maestro, e torno a Cafarnao. Col cuore spezzato. Ma vado via. E se non basterà Cafarnao, andrò coi pescatori di Tiro e Sidone, andrò a Cintium, andrò non so dove. Ma tanto lontano che sia impossibile che Tu possa pensare che io ti tradisco. Benedicimi per viatico!».

Gesù lo abbraccia dicendo: «Pace, mio apostolo. Sono tanti coloro che si dicono amici miei, non siete voi soli. Ti addolorano, vi addolorano le mie parole. Ma in che cuori devo versare gli affanni e cercare conforto se non in quelli dei miei diletti apostoli e discepoli fidati? Cerco in voi una parte dell’unione che ho lasciato per unire gli uomini: l’unione col Padre mio nel Cielo, e una stilla dell’amore che ho lasciato per amore degli uomini: l’amore di mia Madre. Li cerco a mio sostegno. Oh! l’onda amara, il peso inumano sormontano e premono sul mio cuore, sul Figlio dell’uomo!… La Passione mia, l’Ora mia, si fa sempre più piena… Aiutatemi a sopportarla e a compierla… perché è tanto dolorosa!».

Gli apostoli si guardano commossi del dolore profondo che vibra nelle parole del Maestro e non sanno fare altro che stringersi a Lui, carezzarlo, baciarlo… ed è simultaneo il bacio di Giuda a destra, di Giovanni a sinistra, sul volto di Gesù, che abbassa le palpebre velando gli occhi mentre Giuda Iscariota e Giovanni lo baciano…

517.3

Riprendono ad andare, e Gesù può terminare il suo pensiero interrotto: «In tanto affanno il mio cuore cerca luoghi dove trova amore e riposo. Dove, in luogo di parlare ad aride pietre o a subdole serpi o a svagate farfalle, può ascoltare le parole di altri cuori e consolarsi perché le sente sincere, amorose, giuste. Gabaon è uno di questi luoghi. Non c’ero mai venuto. Ma vi ho trovato un campo arato e seminato da ottimi operai di Dio. Quel sinagogo! È venuto verso la Luce, ma era già spirito luminoso. Cosa può fare un buon servo di Dio! Gabaon non è certo esente dalle mene di chi mi odia. Insinuazioni e corruzioni saranno tentate anche lì. Ma essa ha un sinagogo che è un giusto, e i veleni del Male perdono tossico in essa. Credete forse che mi sia piacevole dover sempre correggere, censurare, rimproverare anche? Molto più dolce mi è poter dire: “Tu hai compreso la Sapienza. Procedi per la tua via e sii santo”, come ho detto al sinagogo di Gabaon».

«Ci torneremo, allora?».

«Quando il Padre mi fa trovare un luogo di pace, Io ne gusto e benedico il Padre mio. Ma non sono venuto per questo. Sono venuto per convertire al Signore i luoghi colpevoli e lontani da Lui.

517.4

Vedete che potrei stare a Betania e non ci sto».

«Anche per non nuocere a Lazzaro».

«No, Giuda di Simone. Anche le pietre sanno che Lazzaro mi è amico. Perciò, per questo, sarebbe inutile che Io mettessi freni al mio desiderio di conforto. Ma è per…».

«Per le sorelle di Lazzaro, per Maria in specie».

«Neppure, Giuda di Simone. Anche le pietre sanno che la lussuria della carne non mi turba. Osserva che, fra le molte accuse che mi sono state fatte, la prima a cadere è stata questa, perché anche i più accaniti miei avversari hanno compreso che sostenerla era smascherare la loro abitudine alla menzogna. Nessuno fra gli onesti avrebbe creduto che Io sono un sensuale. La sensualità può avere attrattive unicamente per quelli che non si nutrono di soprannaturale e che abborrono il sacrificio. Ma per chi si è votato al sacrificio, per chi è vittima, che attrattive vuoi che abbia il piacere di un’ora? Il godere delle anime vittime è tutto nello spirito e, se vestono una carne, essa non è più di una veste. Pensi tu che le vesti che indossiamo abbiano dei sentimenti? Ugualmente è la carne per quelli che vivono di spirito: una veste, nulla più. L’uomo spirituale è il vero superuomo, perché non è schiavo del senso, mentre l’uomo materiale è un non-valore, secondo la dignità vera dell’uomo, perché ha in comune col bruto troppi appetiti, ed è anche inferiore ad esso superandolo, facendo dell’istinto connesso all’animale un vizio degradante».

Giuda si morde le labbra perplesso, poi dice: «Sì. E poi, del resto, non potresti più nuocere a Lazzaro. Fra poco la morte lo trarrà fuori da ogni pericolo di vendette… E allora perché non vai a Betania più spesso?».

«Perché non sono venuto per godere, ma per convertire. Te l’ho già detto».

«Però… Tu gioisci di avere con Te i tuoi fratelli?».

«Sì. Ma è anche vero che non ho parzialità per loro. Quando c’è da dividersi per trovare posto nelle case, essi non restano con Me generalmente, ma vi restate voi. E questo per dimostrarvi che agli occhi e alla mente di chi si è votato alla redenzione, la carne e il sangue non hanno valore, ma soltanto ha valore la formazione dei cuori e la loro redenzione.

517.5

Ora andremo a Nobe e torneremo a dividerci per il sonno. E Io terrò ancora te con Me e terrò Matteo, Filippo e Bartolomeo».

«Siamo forse i meno formati? Io in specie, che Tu trattieni sempre presso di Te?».

«Tu lo hai detto, Giuda di Simone».

«Grazie, Maestro. Lo avevo capito», dice con ira mal repressa l’Iscariota.

«E se lo hai capito, perché non ti sforzi a formarti? Credi forse che per non darti una mortificazione Io potessi mentire? Siamo tra fratelli, d’altronde, e non devono essere oggetto di scherno le manchevolezze di uno, o di abbattimento l’esser ammonito al cospetto degli altri, che sanno già a vicenda in che mancano i singoli fratelli. Nessuno è perfetto, Io ve lo dico. Ma anche le imperfezioni reciproche, così penose a vedersi e a sopportarsi, devono essere cagione di migliorare se stessi per non aumentare il disagio reciproco. E, credimi, o Giuda, se anche Io ti vedo per ciò che sei, nessuno, neppur tua madre, ti ama come Io ti amo e si sforza di farti buono come il tuo Gesù».

«Ma intanto mi rimproveri ed umilii, e al cospetto anche di un discepolo».

«È la prima volta che ti richiamo alla giustizia?». Giuda tace. «Rispondi, dico!», dice Gesù imperiosamente.

«No».

«E quante volte l’ho fatto pubblicamente? Puoi dire che ti ho svergognato? O devi dire che ti ho ricoperto e difeso? Parla!».

«Mi hai difeso, è vero. Ma ora…».

«Ma ora è per tuo bene. Chi accarezza un figlio colpevole ne dovrà poi fasciar le piaghe, dice[1] il proverbio. E dice ancora un altro proverbio che il cavallo non domato diventa intrattabile, e il figlio abbandonato a se stesso un rompicollo».

«Ma io ti son forse figlio?», domanda Giuda mentre il suo viso spiana il suo cipiglio in contrizione.

«Se ti avessi generato non lo potresti essere di più. E mi farei strappare le viscere per darti il mio cuore e farti qual vorrei…».

Giuda ha uno dei suoi ritorni… e sincero, veramente sincero, si getta nelle braccia di Gesù gridando: «Ah! io non ti merito! Io sono un demonio e non ti merito! Sei troppo buono! Salvami, Gesù!», e piange, realmente piange con un pianto affannoso di cuore turbato da cose non buone e da un contrasto di esse col rimorso di aver addolorato chi lo ama.


Notes

  1. dit le proverbe, en Si 30, 7-8.

Note

  1. dice, in: Siracide 30, 7-8.