Ecoutez cette autre parabole pour comprendre ce qui a de la valeur aux yeux de Dieu. Elle vous enseignera à vous corriger d’une pensée qui n’est pas bonne, mais que beaucoup partagent. La plupart des hommes se jugent eux-mêmes et, comme un homme sur mille est vraiment humble, il se produit que l’homme se croit le seul parfait, alors que chez le prochain, il remarque des péchés par centaines.
Un jour, deux hommes qui étaient allés à Jérusalem pour affaires, montèrent au Temple, comme il convient à tout bon juif chaque fois qu’il met les pieds dans la Cité sainte. L’un était pharisien, l’autre publicain. Le premier était venu percevoir les revenus de certains magasins et faire ses comptes avec ses intendants qui habitaient dans les environs de la ville. L’autre venait verser les impôts perçus et demander pitié au nom d’une veuve qui ne pouvait payer la taxe de sa barque et des filets, car la pêche, faite par l’aîné des fils, suffisait à peine à donner à manger à ses nombreux autres enfants.
Avant de monter au Temple, le pharisien était passé chez les tenanciers des magasins et avait jeté un coup d’œil sur ces commerces qu’il avait vus remplis de marchandises et d’acheteurs. Il s’était réjoui, avait appelé le tenancier du lieu et lui avait dit :
“ Je vois que tes affaires prospèrent.
– Oui, grâce à Dieu, je suis content de mon travail. J’ai pu augmenter le stock de marchandises, et j’espère faire encore mieux. J’ai amélioré le magasin ; l’an prochain, je n’aurai pas les dépenses de bancs et d’étagères et j’aurai donc un plus grand profit.
– Bien ! Bien ! J’en suis heureux ! Combien paies-tu pour cet endroit ?
– Cent didrachmes par mois. C’est cher, mais la situation est bonne…
– Tu l’as dit : la situation est bonne. Par conséquent, je double la redevance.
– Mais, seigneur ! s’écria le marchand, de cette manière, tu m’enlèves tout profit !
– C’est juste. Dois-je peut-être t’enrichir à mes dépens ? Vite ! Ou bien tu me donnes tout de suite deux mille quatre cents didrachmes, ou bien je te mets dehors, et je prends la marchandise. Ce lieu est à moi, et j’en fais ce que je veux. ”
Ainsi fit-il pour le premier, le second, le troisième de ses tenanciers, doublant pour tous la redevance, restant sourd à toute prière. Comme le troisième, chargé de famille, voulait résister, il appela les gardes et fit poser les scellés en jetant le malheureux dehors.
De retour dans son palais, il examina les registres des intendants pour trouver de quoi les punir comme paresseux et s’accaparer la part qu’ils s’étaient réservée de droit. L’un d’eux avait son fils mourant et, à cause de ses nombreuses dépenses, il avait vendu une partie de son huile pour payer les remèdes. Il n’avait donc rien à donner au maître exigeant.
“ Aie pitié de moi, maître. Mon pauvre fils va mourir, et ensuite je ferai des travaux supplémentaires pour te rembourser ce qui te semble juste. Mais maintenant, tu le comprends, je ne peux pas payer.
– Tu ne peux pas ? Je vais te faire voir si tu peux ou si tu ne peux pas ! ”
Et étant allé au pressoir avec le pauvre intendant, il enleva le reste d’huile que l’homme s’était réservé pour sa misérable nourriture et pour alimenter la lampe qui lui permettait de veiller son fils pendant la nuit.
Le publicain, de son côté, était allé chez son supérieur et, après avoir versé les impôts perçus, il s’entendit dire :
“ Mais il manque ici trois cent soixante as. Comment cela se fait-il ?
– Voilà, je vais te l’expliquer : dans la ville, il y a une veuve qui a sept enfants. Seul le premier est en âge de travailler, mais il ne peut s’éloigner de la rive avec la barque parce que ses bras sont encore faibles pour la rame et la voile, et il ne peut payer un employé de barque. Restant près de la rive, il prend peu de poissons, et sa pêche suffit à peine pour nourrir ces huit malheureuses personnes. Je n’ai pas eu le cœur d’exiger la taxe.
– Je comprends, mais la loi c’est la loi. Malheur, si on savait qu’elle a pitié ! Tout le monde trouverait des raisons pour ne pas payer. Que le jeune change de métier et vende la barque s’ils ne peuvent pas payer.
– C’est leur pain pour l’avenir… et c’est le souvenir de leur père.
– Je comprends, mais on ne peut transiger.
– C’est bien. Mais moi, je ne puis penser à huit malheureux privés de leur unique bien. Je paie de ma bourse les trois cent soixante as. ”