Gli Scritti di Maria Valtorta

621. Apparition[59] à Lazare.

621. Apparizione[66] a Lazzaro.

621.1

Le soleil d’une sereine matinée d’avril emplit de scintillements les bosquets de roses et de jasmins du jardin de Lazare. Les haies de buis et de lauriers, le feuillage d’un grand palmier qui ondule à l’extrémité d’une allée, le laurier très touffu près du vivier semblent lavés par une main mystérieuse tant l’abondance de la rosée nocturne en a baigné et constellé les feuilles, qui maintenant paraissent couvertes d’un émail nouveau tant elles sont luisantes et nettes.

Mais la maison est silencieuse comme si tout le monde était mort. Les fenêtres sont ouvertes, mais pas une voix, pas un bruit ne monte des pièces ; celles-ci, d’ailleurs, sont dans la pénombre car tous les rideaux sont baissés.

A l’intérieur, au-delà du vestibule dans lequel il y a de nombreuses portes toutes ouvertes — qu’il est étrange de voir sans aucun apparat les salles qui servent habituellement pour les banquets plus ou moins nombreux ! — se trouve une large cour pavée, entourée d’un portique couvert de sièges. De nombreux disciples y ont pris place, d’autres sont assis sur le sol, sur des nattes ou même sur le marbre. Je distingue les apôtres Matthieu, André, Barthélemy, les frères Jacques et Jude, Jacques, fils de Zébédée, les bergers avec Manahen, et d’autres encore que je ne connais pas. Je ne vois pas Simon le Zélote, ni Lazare, ni Maximin.

Finalement, ce dernier entre avec des serviteurs, et il distribue à tous du pain et divers aliments : des olives ou du fromage, du miel ou encore du lait frais pour ceux qui en désirent. Mais ils n’ont guère d’appétit, bien que Maximin les invite à manger. Leur accablement est profond. En quelques jours, les visages se sont creusés, sont devenus terreux et rougis par les larmes. Les apôtres en particulier, et ceux qui se sont enfuis dès les premières heures, ont un air humilié, alors que les bergers et Manahen paraissent moins accablés ou plutôt moins honteux ; quant à Maximin, il est virilement affligé.

621.2

Simon le Zélote entre presque en courant, et il demande :

« Lazare est-il ici ?

– Non, il est dans sa chambre. Que veux-tu ?

– Au bout du sentier, près de la fontaine du Soleil, se trouve Philippe. Il vient de la plaine de Jéricho. Il est épuisé. Il ne veut pas s’approcher parce que… comme tous, il se sent pécheur. Mais Lazare le persuadera. »

Barthélemy se lève :

« Je viens, moi aussi… »

Ils vont appeler Lazare, qui sort avec un visage déchiré de la pièce à demi-obscure, où il a sûrement pleuré et prié.

Ils sortent tous et traversent d’abord le jardin, puis la partie du village du côté qui mène vers les pentes du mont des Oliviers. Une fois qu’ils en ont atteint l’extrémité, à la fin du plateau sur lequel il est édifié, ils continuent par le chemin de montagne qui s’élève et descend par des marches naturelles à travers les monts. Ceux-ci s’inclinent en pente douce vers la plaine à l’est, et s’élèvent vers la ville de Jérusalem, à l’ouest.

Il y a là une fontaine avec un large bassin où hommes et troupeaux se désaltèrent certainement. L’endroit, à cette heure, est solitaire et frais. Des arbres touffus ombragent le bassin, rempli d’une eau pure qui descend d’une source de montagne, ne cesse de se renouveler et déborde en gardant le sol humide.

621.3

Philippe est assis sur le bord le plus élevé de la fontaine, tête basse, ébouriffé, poussiéreux, avec des sandales trouées qui pendent de son pied écorché.

Lazare l’appelle avec pitié :

« Philippe, viens près de moi ! Aimons-nous par amour pour Jésus. Soyons unis en son nom. C’est encore l’aimer que de faire cela !

– Oh ! Lazare ! Lazare ! Je me suis enfui… et hier, après avoir passé Jéricho, j’ai appris qu’il était mort !… Je… je ne puis me pardonner de l’avoir abandonné…

– Tous, nous avons fui, sauf Jean qui lui est resté fidèle, et Simon qui nous a rassemblés sur son ordre après notre lâche fuite. Et puis… aucun de nous n’a été fidèle, dit Barthélemy.

– Et tu peux te le pardonner ?

– Non. Mais je pense réparer comme je le peux, en ne tombant pas dans un abattement stérile. Nous devons nous unir entre nous et nous unir à Jean, connaître les dernières heures de Jésus. Jean l’a toujours suivi, répond Barthélemy.

– Et ne pas laisser mourir sa Doctrine. Il faut l’annoncer au monde, la garder vivante, elle au moins, puisque nous n’avons pas su pourvoir à temps pour sauver Jésus de ses ennemis, intervient Simon.

– Vous n’auriez pas pu le sauver. Rien ne le pouvait. C’est lui qui me l’a dit. Je le répète, déclare Lazare avec assurance.

– Tu le savais, Lazare ? demande Philippe.

– Oui. Cela a été pour moi une torture d’être au courant de sa mort, dès le soir du sabbat, et de savoir, dans les détails, comment nous allions réagir… »

Barthélemy l’interrompt vivement :

« Non, pas toi. Tu as seulement obéi et souffert. Nous, nous avons agi lâchement. Simon et toi, vous avez été sacrifiés à l’obéissance.

– Oui. A l’obéissance. Ah ! comme il est dur de résister à l’amour pour obéir à l’Aimé !

621.4

Viens, Philippe. Presque tous les disciples sont chez moi. Viens, toi aussi.

– J’ai honte de paraître devant le monde, devant mes compagnons…

– Nous sommes tous pareils ! gémit Barthélemy.

– Oui. Mais moi, j’ai un cœur qui ne se pardonne pas.

– C’est de l’orgueil, Philippe. Viens. Il m’a dit, le soir du sabbat : “ Ils auront du mal à se pardonner. Dis-leur que, moi, je leur pardonne, car je sais qu’ils n’ont pas agi librement, mais que Satan les a dévoyés. ” Viens. »

Philippe redouble de larmes, mais il cède. Courbé comme s’il était devenu vieux en quelques jours, il marche à côté de Lazare jusqu’à la cour où tous l’attendent. Le regard qu’il échange avec ses compagnons est l’aveu le plus clair de leur accablement total.

621.5

Lazare le remarque et s’adresse à eux :

« Une nouvelle brebis du troupeau du Christ, effrayée par la venue des loups et en fuite après la capture du Berger, a été recueillie par son ami. Puisqu’elle était égarée et a connu l’amertume d’être seule, sans avoir le réconfort de pleurer la même erreur parmi des frères, je répète le testament d’amour de Jésus.

Je le jure en présence des chœurs célestes, il m’a confié bien des choses que votre faiblesse humaine présente ne peut supporter car, vraiment, elles sont d’une tristesse qui me déchire le cœur depuis dix jours et, si je ne savais pas que ma vie sert à mon Seigneur, aussi pauvre et imparfaite qu’elle soit, je m’abandonnerais à la blessure de cette douleur d’ami et de disciple qui a tout perdu en le perdant, lui. Il m’a dit notamment : “ Les miasmes putrides de Jérusalem corrompue rendront fous mes disciples eux-mêmes. Ils fuiront et iront chez toi. ” Vous voyez que, effectivement, c’est ce que vous avez fait, tous pourrais-je dire, car hormis Simon-Pierre et Judas, vous êtes tous venus chez moi pour vous tourner vers mon cœur d’ami. Il m’a encore enjoint ceci : “ Tu les rassembleras. Tu rendras courage à mes brebis dispersées. Tu leur diras que je leur pardonne. Je te confie mon pardon pour eux. Ils ne s’accorderont aucune paix à cause de leur fuite. Recommande-leur de ne pas tomber dans un plus grand péché, celui de désespérer de mon pardon. ”

Voilà ce qu’il a dit. Et moi, c’est en son nom que je vous ai transmis son pardon. Et j’ai rougi de vous donner en son nom cette action si sainte, si sienne, qu’est le pardon, c’est-à-dire l’amour parfait, car aime parfaitement celui qui pardonne au coupable. Ce ministère a réconforté ma dure obéissance… Car j’aurais voulu être présent, comme Marie et Marthe, mes douces sœurs. Et si Jésus a été crucifié sur le Golgotha par les hommes, moi ici, je vous le jure, je suis crucifié par l’obéissance. C’est un martyre bien déchirant. Mais s’il sert à réconforter son Esprit, si cela sert à sauver ses disciples jusqu’au moment où il les réunira pour les perfectionner dans leur foi, alors j’immole une fois encore mon désir d’aller au moins vénérer sa dépouille avant que le troisième jour ne s’achève.

621.6

Je sais que vous doutez. Vous ne le devez pas. Moi, je ne connais pas ses paroles du banquet pascal autrement que par ce que vous m’en avez relaté. Mais plus j’y pense, plus j’élève un par un ces diamants de ses vérités, et plus je sens qu’elles se rapportent au futur immédiat. Il ne peut avoir dit : “ Je vais au Père, puis je reviendrai ”, s’il ne devait pas vraiment revenir. Il ne peut avoir dit : “ Quand vous me reverrez, vous serez remplis de joie ”, s’il avait disparu pour toujours. Il a toujours annoncé : “ Je ressusciterai. ” Vous m’avez rapporté ces mots : “ Sur les semences jetées en vous va tomber une rosée qui les fera toutes germer, puis viendra le Paraclet qui les fera devenir des arbres puissants. ” N’a-t-il pas parlé ainsi ? Ah ! veillez à ce que cela n’arrive pas uniquement pour le dernier de ses disciples, pour le pauvre Lazare qui a bien rarement pu profiter de sa présence ! Préparez-vous pour que, à son retour, il trouve germées ses semences sous la rosée de son sang.

Je sens en moi un éclatement de lumière, un jaillissement de forces depuis cette heure terrible où il est monté sur la croix. Tout s’illumine, tout naît, tout pousse. Il n’est pas, à mes yeux, de mot qui se borne à son seul sens humain. Mais tout ce que j’ai entendu par lui ou de lui prend vie, et réellement ma lande aride se change en un fertile parterre où chaque fleur porte le nom de Jésus et où tout suc tire la vie de son cœur béni.

Moi, je crois, ô Christ ! Mais pour que ceux-ci croient en toi, en toutes tes promesses, en ton pardon, en tout ce qui est toi, je t’offre ma vie. Consume-la, mais fais que ta Doctrine ne meure pas ! Brise le pauvre Lazare, mais rassemble les membres dispersés du noyau apostolique. Tout ce que tu veux, mais en échange que soit vivante et éternelle ta Parole, et qu’à elle, maintenant et toujours, viennent ceux qui ne peuvent obtenir que de toi la vie éternelle. »

621.7

Lazare est réellement inspiré. Ses transports d’amour l’élèvent si haut qu’il entraîne ses compagnons. On l’appelle à droite, on l’appelle à gauche, comme si c’était un confesseur, un médecin, un père…

La cour de la riche maison de Lazare, je ne sais pourquoi, me fait penser à la demeure des patriciens chrétiens en temps de persécution et de foi héroïque…

Il est penché sur Jude, qui ne parvient pas à trouver une raison suffisante pour calmer son angoisse d’avoir abandonné son Maître et cousin, quand quelque chose le fait se redresser brusquement. Il se retourne en regardant autour de lui, puis il dit nettement :

« Je viens, Seigneur. »

Ce sont ces mots de prompte adhésion de toujours. Et il sort en courant comme s’il suivait quelqu’un qui l’appelle et le précède.

Tous se regardent avec étonnement et s’interrogent.

« Qu’aura-t-il vu ?

– Mais il n’y a rien !

– As-tu entendu une voix, toi ?

– Moi, non.

– Et moi non plus.

– Alors ? Lazare serait-il malade de nouveau ?

– Peut-être… Il a souffert plus que nous, et il nous a donné tant de force à nous, les lâches ! Peut-être que le voilà maintenant pris de délire.

– En effet, son visage est très altéré.

– Et son regard était ardent pendant qu’il nous parlait.

– Serait-ce Jésus qui l’a appelé au Ciel.

– Effectivement, Lazare lui a offert sa vie tout à l’heure… Il l’a aussitôt cueilli comme une fleur… Ah ! malheureux que nous sommes ! Qu’allons-nous devenir ? »

Les commentaires sont disparates et douloureux.

621.8

Lazare traverse le vestibule, sort dans le jardin sans cesser de courir, souriant, murmurant, et c’est son âme qui parle :

« Je viens, Seigneur. »

Il arrive à un bosquet de buis qui forme un asile vert, nous dirions un pavillon vert, et il tombe à genoux, le visage sur le sol, en s’écriant :

« Oh ! mon Seigneur ! »

Car Jésus, dans sa beauté de Ressuscité, est sur le bord de ce coin de verdure, il lui sourit et lui dit :

« Tout est accompli, Lazare. Je suis venu te remercier, mon fidèle ami. Je suis venu te demander de dire à mes frères de se rendre immédiatement à la maison de la Cène. Quant à toi — fais encore cet autre sacrifice, mon ami, par amour pour moi —, restes ici pour le moment… Je sais que tu en souffres, mais je te sais généreux. Marie, ta sœur, est déjà consolée, car je l’ai vue et elle m’a vu.

– Tu ne souffres plus, Seigneur. Et cela me dédommage de tous les sacrifices. J’ai… souffert de te savoir dans la douleur… et de ne pas être là…

– Oh si, tu étais présent ! Ton esprit était au pied de ma croix et dans l’obscurité de mon tombeau. Tu m’as appelé plus tôt des profondeurs où je me trouvais, comme tous ceux qui m’ont aimé de tout leur cœur. Je viens à l’instant de te dire : “ Viens, Lazare ”, comme au jour de ta résurrection. Mais toi, depuis de longues heures, tu me disais : “ Viens. ” Je suis venu, et je t’ai appelé pour te tirer, à mon tour, du fond de ta douleur. Va ! Paix et bénédiction à toi, Lazare ! Continue à croître dans mon amour. Je reviendrai encore. »

621.9

Lazare est toujours resté à genoux sans oser faire un geste. La majesté du Seigneur, bien que tempérée par l’amour, est telle qu’elle paralyse la manière d’agir habituelle de Lazare.

Mais Jésus, avant de disparaître dans un tourbillon de lumière qui l’absorbe, fait un pas et effleure de sa main le front de son fidèle ami.

C’est alors que Lazare sort de sa stupeur bienheureuse. Il se lève et court précipitamment vers ses compagnons, avec une clarté de joie dans les yeux et une lueur sur le front effleuré par le Christ. Il crie :

« Il est ressuscité, frères ! Il m’a appelé. J’y suis allé et je l’ai vu. Il m’a parlé. Il m’a demandé de vous dire de vous rendre immédiatement à la maison de la Cène. Dépêchez-vous ! Partez ! Moi, je reste, car c’est sa volonté. Mais ma joie est complète… »

Lazare pleure de joie tout en pressant les apôtres de se mettre en route.

« Allez ! Allez ! Il veut vous voir ! Il vous aime ! N’ayez pas peur de lui… Il est plus que jamais le Seigneur, la bonté, l’amour ! »

Les disciples se lèvent, Béthanie se vide. Il reste Lazare avec son grand cœur consolé…

621.1

Il sole di un sereno mattino d’aprile empie di brillii i boschetti di rose e gelsomini del giardino di Lazzaro. E le siepi di bosso e d’alloro, il ciuffo di un’alta palma che ondeggia lieve al limite di un viale, il foltissimo lauro presso la peschiera, sembrano lavati da una mano misteriosa, tanto la copiosa rugiada notturna ne ha deterse e irrorate le foglie, che ora paiono coperte di uno smalto nuovo tanto sono lucide e nette.

Ma la casa tace come fosse piena di morti. Le finestre sono aperte, ma non una voce, non un rumore viene dalle stanze, in penombra perché tutte le tende sono calate.

Nell’interno, oltre il vestibolo nel quale si aprono molte porte tutte aperte — ed è strano vedere senza nessun apparato le sale solitamente usate per i conviti più o meno numerosi — vi è un ampio cortile lastricato e circondato da un portico sparso di sedili. Su questi, e persino seduti sul suolo, su stuoie, o anche sul marmo stesso, sono numerosi discepoli. E fra essi vedo gli apostoli Matteo, Andrea, Bartolomeo, i fratelli Giacomo e Giuda d’Alfeo, Giacomo di Zebedeo e i discepoli pastori con Mannaen, oltre ad altri che non conosco. Non vedo lo Zelote, non Lazzaro, non Massimino.

Infine questo entra con dei servi e distribuisce a tutti del pane con cibi diversi, ossia ulive o formaggio, o miele, e anche latte fresco per chi lo vuole. Ma non c’è voglia di mangiare, per quanto Massimino esorti tutti a farlo. L’accasciamento è pro­fondo. I visi si sono in pochi giorni infossati, fatti terrei sotto il rossore del pianto. Specie gli apostoli e quelli fuggiti fin dalle prime ore mostrano un aspetto avvilito, mentre i pastori con Mannaen sono meno accasciati, anzi, meno vergognosi, e Massimino è solo virilmente addolorato.

621.2

Entra quasi di corsa lo Zelote e chiede: «È qui Lazzaro?».

«No, è nella sua stanza. Che vuoi?».

«Sul limite del sentiero, presso la fontana del Sole, è Filippo. Viene dalla piana di Gerico. È sfinito. E non vuole venire avanti, perché… come tutti, si sente peccatore. Ma Lazzaro lo persuaderà».

Si alza Bartolomeo e dice: «Vengo anche io…».

Vanno da Lazzaro che, chiamato, esce con un volto straziato dalla stanza semibuia, dove certo ha pianto e pregato.

Escono tutti e traversano prima il giardino, poi il paese nella parte che si dirige già verso le pendici del monte Uliveto, e poi raggiungono il limite di questo paese dalla parte dove esso termina col terminare del pianoro su cui è costruito, per proseguire unicamente colla via montana che scende e sale a scalinate naturali per le montagne, che degradano verso la pianura a est e salgono verso la città di Gerusalemme a ovest.

Qui è una fontana dal largo bacino, dove certo armenti e uomini si dissetano. Il luogo è in quest’ora solitario e fresco, perché molta ombra di alberi folti è intorno alla cisterna piena di un’acqua pura, che sempre si rinnova scendendo da qualche sorgiva montana e trabocca tenendo umido il suolo.

621.3

Filippo è seduto sull’orlo più alto della fonte, a capo basso, spettinato, polveroso, con i sandali rotti che pendono dal piede scorticato.

Lazzaro lo chiama, con pietà: «Filippo, vieni a me! Amiamoci per amor suo. Stiamo uniti nel suo Nome. È amarlo ancora fare questo!».

«Oh! Lazzaro! Lazzaro! Io sono fuggito… e ieri, oltre Gerico, ho saputo che è morto!… Io… io non mi posso perdonare di essere fuggito…».

«Tutti siamo fuggiti. Meno Giovanni che è rimasto a Lui fedele e Simone che ci ha radunati per ordine suo dopo che da vili fuggimmo. E poi… di noi apostoli, nessuno fu fedele», dice Bartolomeo.

«E te lo puoi perdonare?».

«No. Ma penso riparare come posso col non cadere nell’abbattimento sterile. Dobbiamo unirci fra noi. Unirci a Giovanni. Sapere le sue ultime ore. Giovanni lo ha sempre seguito», risponde a Filippo il compagno Bartolomeo.

«E non fare morire la sua Dottrina. Bisogna predicarla al mondo. Tenere viva quella almeno, posto che, troppo pesanti e tardi, non sapemmo provvedere in tempo a salvarlo dai suoi nemici», dice lo Zelote.

«Non potevate salvarlo. Nulla lo poteva salvare. Egli me lo ha detto. Lo ridico un’altra volta», dice sicuro Lazzaro.

«Tu lo sapevi, Lazzaro?», chiede Filippo.

«Lo sapevo. La mia tortura è stata di sapere, dalla sera del sabato, la sua sorte da Lui, e nei particolari, nel sapere come noi avremmo agito…».

«No. Tu no. Tu hai solo ubbidito e sofferto. Noi abbiamo agito da vili. Tu e Simone siete i sacrificati all’ubbidienza», prorompe Bartolomeo.

«Sì. All’ubbidienza. Oh! come è pesante fare resistenza al­l’amore per ubbidienza all’Amato!

621.4

Vieni, Filippo. Nella mia casa sono quasi tutti i discepoli. Vieni tu pure».

«Mi vergogno di apparire al mondo, ai compagni…».

«Tutti uguali siamo!», geme Bartolomeo.

«Sì. Ma io ho un cuore che non si perdona».

«Ciò è orgoglio, Filippo. Vieni. Egli mi ha detto la sera del sabato: “Essi non si perdoneranno. Di’ loro che Io li perdono, perché so che non sono loro che agiscono liberamente. Ma è Satana che li travia”. Vieni».

Filippo piange più forte, ma cede. E, curvo come fosse divenuto vecchio in pochi giorni, va a fianco di Lazzaro fino al cortile dove tutti lo attendono. E lo sguardo che egli dà ai compagni, e quello che i compagni dànno a lui, è la confessione più chiara del loro accasciamento totale.

621.5

Lazzaro lo nota e parla:

«Una nuova pecora del gregge di Cristo, intimorita dalla venuta dei lupi e fuggita dopo la cattura del Pastore, è stata raccolta dall’amico di Lui. A questa dispersa, che ha conosciuto l’amarezza dell’essere sola, senza neppure il conforto di piangere lo stesso errore fra i fratelli, io ripeto il suo testamento di amore.

Egli, lo giuro alla presenza dei cori celesti, mi ha detto, con tante altre cose che la vostra umana debolezza presente non può sopportare perché, veramente, sono di una desolazione che mi lacerano da dieci giorni il cuore — e se non sapessi che la mia vita serve al mio Signore, benché così povera e manchevole come è, mi abbandonerei alla ferita di questo dolore di amico e di discepolo che tutto ha perduto, Lui perdendo — mi ha detto: “I miasmi di Gerusalemme corrotta renderanno folli anche i miei discepoli. Essi fuggiranno e verranno da te”. Infatti, vedete che tutti siete venuti. Tutti, potrei dire. Perché, meno Simon Pietro e l’Iscariota, tutti siete venuti verso la mia casa e il mio cuore di amico. Ha detto: “Tu le radunerai. Le rincuorerai le mie pecore disperse. Dirai loro che Io le perdono. Ti affido il mio perdono per loro. Non si daranno pace di essere fuggiti. Di’ loro di non cadere nel più grande peccato del disperare del mio perdono”.

Così ha detto. E io, perdono per Lui vi ho dato. E ne ho avuto rossore di darvi in suo Nome questa cosa così santa, così sua, che è il Perdono, ossia l’Amore perfetto, perché perfettamente ama chi al colpevole perdona. Questo ministero ha confortato la mia aspra ubbidienza… Perché là avrei voluto essere, come Maria e Marta, le mie dolci sorelle. E se Lui fu crocifisso sul Golgota dagli uomini, io qui, ve lo giuro, sono crocifisso dall’ubbidienza, ed è ben straziante martirio. Ma se serve a dargli conforto allo Spirito, se ciò serve a salvargli i suoi discepoli sino al momento in cui Egli li radunerà per perfezionarli nella fede, ecco, io immolo una volta ancora il mio desiderio di andare almeno a venerarne la salma prima che il terzo giorno muoia.

621.6

Lo so che dubitate. Non dovete. Io non so le sue parole del banchetto pasquale altro che per quello che voi mi avete detto. Ma più le penso, più alzo uno per uno questi diamanti delle sue verità, e più sento che essi hanno un sicuro riferimento al domani immediato. Egli non può avere detto: “Vado al Padre e poi tornerò” se non avesse veramente a tornare. Non può avere detto: “Quando mi rivedrete sarete pieni di gaudio” se fosse scomparso per sempre. Egli lo ha sempre detto: “Io risusciterò”. Voi mi avete detto che disse: “Sui semi gettati in voi sta per cadere una rugiada che li farà tutti germogliare, e poi verrà il Paraclito che li farà divenire alberi potenti”. Non disse così? Oh! non fate che ciò avvenga solo per l’ultimo dei suoi discepoli, per il povero Lazzaro che non fu con Lui che raramente! Quando Egli tornerà, fate che trovi germogliati i suoi semi sotto la rugiada del suo Sangue.

In me è tutta una accensione di luce, è tutto un erompere di forze dall’ora tremenda in cui Egli salì sulla Croce. Tutto si illumina, tutto nasce e mette stelo. Non c’è parola che mi resti nel suo povero significato umano. Ma tutto ciò che da Lui o di Lui udii, ecco che ora prende vita, e realmente la mia landa brulla si muta in fertile aiuola dove ogni fiore ha il suo Nome e dove ogni succo trae vita dal suo Cuore benedetto.

Io credo, Cristo! Ma perché questi credano in Te, in ogni tua promessa, nel tuo perdono, in tutto quanto è Te, ecco, ti offro la mia vita. Consumala, ma fa’ che la tua Dottrina non muoia! Frantuma il povero Lazzaro. Ma riunisci le membra disperse del nucleo apostolico. Tutto ciò che Tu vuoi, ma in cambio sia viva ed eterna la tua Parola, e ad essa ora e sempre vengano coloro che solo per Te possono avere la vita eterna».

621.7

Lazzaro è realmente ispirato. L’amore lo trasporta ben in alto. Ed è tanto forte il suo trasporto che solleva anche i compagni. Chi lo chiama a destra e chi a sinistra, quasi fosse un confessore, un medico, un padre. Il cortile della ricca casa di Lazzaro, non so perché, mi fa pensare alle dimore dei patrizi cristiani in tempi di persecuzione e di eroica fede…

È curvo su Giuda d’Alfeo, che non riesce a trovare una ragione per calmare il suo affanno di avere lasciato il Maestro e cugino, quando qualcosa lo fa rialzare di scatto. Si volge intorno e poi dice netto: «Vengo, Signore». La sua parola di pronta adesione di sempre. Ed esce, correndo come dietro a qualcuno che lo chiami e preceda.

Tutti si guardano stupiti. Si interrogano.

«Che ha visto?».

«Ma non c’è nulla!».

«Hai udito una voce tu?».

«Io no».

«E io neppure».

«E allora? Lazzaro è forse malato di nuovo?».

«Forse… Ha sofferto più di noi, e ha tanto dato di forza a noi, vili! Forse ora lo ha preso il delirio».

«Infatti è molto sciupato nel volto».

«E il suo occhio nel parlare ardeva».

«Sarà Gesù che lo ha chiamato al Cielo».

«Infatti Lazzaro gli ha offerto la vita poco fa… Come un fiore lo ha subito colto… Oh! noi miseri! E che faremo ora?».

I commenti sono disparati e dolorosi.

621.8

Lazzaro traversa il vestibolo, esce nel giardino, sempre correndo, sorridendo, mormorando, e c’è la sua anima nella sua voce: «Vengo, Signore». Giunge ad un folto di bossi che fanno un recesso verde, noi diremmo un chiosco verde, e cade a ginocchi, col volto al suolo gridando: «Oh! mio Signore!».

Perché Gesù, nella sua bellezza di Risorto, è sul limitare di questo verde recesso e gli sorride… e gli dice: «Tutto è compiuto, Lazzaro. Sono venuto a dirti grazie, amico fedele. Sono venuto a dirti di dire ai fratelli di venire subito alla casa della Cena. Tu — un altro sacrificio, amico, per amor mio — tu resta, per ora, qui… So che ne soffri. Ma so che sei generoso. Maria, tua sorella, è già consolata, perché l’ho vista e mi ha visto».

«Non soffri più, Signore. E questo mi ripaga di ogni sacrificio. Ho… sofferto a saperti nel dolore… e a non esserci…».

«Oh! c’eri! Il tuo spirito era ai piedi della mia croce ed era nel buio del mio sepolcro. Tu mi hai evocato più presto, come tutti quelli che mi hanno totalmente amato, dal profondo dove ero. Ora Io ti ho detto: “Vieni, Lazzaro”. Come nel giorno della tua risurrezione. Ma tu da molte ore mi dicevi: “Vieni”. Sono venuto. E ti ho chiamato. Per trarti, a mia volta, dal profondo del tuo dolore. Va’. Pace e benedizione a te, Lazzaro! Cresci nel­l’amore di Me. Tornerò ancora».

621.9

Lazzaro è sempre rimasto in ginocchio senza osare un gesto. La maestà del Signore, per quanto temperata d’amore, è tale che paralizza il solito modo di fare di Lazzaro.

Ma Gesù, prima di scomparire in un gorgo di luce che lo assorbe, fa un passo e sfiora con la sua Mano la fronte fedele.

È allora che Lazzaro si desta dal suo stupore beato e si alza e, correndo precipitosamente dai compagni, con una luminosità di gioia negli occhi e una luminosità sulla fronte sfiorata dal Cristo, grida: «È risorto, fratelli! Mi ha chiamato. Sono andato. L’ho visto. Mi ha parlato. Mi ha detto di dirvi di andare subito alla casa della Cena. Andate! Andate! Io resto perché Egli lo vuole. Ma il mio giubilo è completo…». E Lazzaro piange nella sua gioia, mentre spinge gli apostoli ad andare per primi dove Egli comanda. «Andate! Andate! Vi vuole! Vi ama! Non temete di Lui… Oh! è più che mai il Signore, la Bontà, l’Amore!».

Anche i discepoli si alzano… Betania si svuota. Resta Lazzaro col suo grande cuore consolato…