Gli Scritti di Maria Valtorta

645. Le procès et la lapidation d’Etienne.

645. Il processo a Stefano e la sua lapidazione.

645.1

La disposition de la salle du Sanhédrin est la même qu’au procès de Jésus, dans la nuit du jeudi au vendredi, et les personnes aussi. Le grand-prêtre et les autres sont assis sur leurs sièges. Au centre, devant le grand-prêtre, dans l’espace vide où se tenait Jésus durant le procès, se tient maintenant Etienne. Il doit déjà avoir confessé sa foi[1] et apporté son témoignage sur la vraie nature du Christ et sur l’Eglise, car le tumulte est à son comble ; dans sa violence, il est en tout semblable à celui qui s’agitait contre le Christ dans la nuit fatale de la trahison et du déicide.

Coups de poing, malédictions, blasphèmes horribles sont lancés contre le diacre Etienne qui, sous les coups brutaux, vacille et chancelle tandis que, férocement, ils le tirent d’un côté ou de l’autre. Mais lui garde son calme et sa dignité, et même davantage : il est non seulement calme et digne, mais même bienheureux, presque en extase.

Sans s’occuper des crachats qu’il reçoit en pleine face, ni du sang qui coule de son nez brutalement frappé, il lève à un certain moment son visage inspiré et son regard lumineux et souriant pour regarder fixement une vision connue de lui seul. Il ouvre ses bras en croix et les lève comme pour étreindre ce qu’il voit. Puis il tombe à genoux en s’écriant :

« Je vois les Cieux ouverts et le Fils de l’Homme, Jésus, le Christ de Dieu, que vous avez tué, qui siège à la droite de Dieu. »

Alors le tumulte perd le minimum d’humanité et de légalité qu’il gardait encore, et avec la furie d’une meute de loups, de chacals, de fauves enragés, tous s’élancent sur le diacre, le mordent, le piétinent, le saisissent, le relèvent en le tirant par les cheveux, le traînent, le laissent retomber… La furie s’oppose à la furie, car dans la rixe ceux qui cherchent à entraîner le martyr dehors sont contrariés par ceux qui le tirent dans une autre direction pour le frapper et le piétiner de nouveau.

645.2

Parmi les plus furieux, se trouve un jeune homme laid et de petite taille, qu’on appelle Saul. Il est impossible de décrire la férocité de son visage.

Dans un coin de la salle se tient Gamaliel. A aucun moment il n’a pris part à la bagarre, ni adressé la parole à Etienne, ni à aucun puissant. Son dégoût devant cette scène injuste et cruelle est bien visible. Dans un autre coin, l’air écœuré et étranger au procès et à la mêlée, se trouve Nicodème, qui regarde Gamaliel dont le visage a une expression plus claire que toute parole. Soudain, quand il voit que, pour la troisième fois, on soulève Etienne par les cheveux, Gamaliel s’enveloppe dans son ample manteau et se dirige vers une sortie opposée à celle vers laquelle on traîne le diacre.

Son geste n’échappe pas à Saul qui s’écrie :

« Rabbi, tu t’en vas ? »

Gamaliel ne répond rien. Saul, qui craint que Gamaliel n’ait pas compris que la question s’adressait à lui, répète et précise :

« Rabbi Gamaliel, tu te détournes de ce jugement ? »

Gamaliel fait volte-face et, avec un regard terrible tant il est dégoûté, l’air hautain et glacial, il répond seulement : “ Oui. ” Mais c’est un “ oui ” qui a plus de portée qu’un long discours.

Saul comprend tout ce qu’il y a dans ce “ oui ” et, abandonnant la meute féroce, il court vers Gamaliel, le rejoint, l’arrête et lui dit :

« Tu ne veux pas dire, rabbi, que tu désapprouves notre con­damnation ! »

Gamaliel ne le regarde pas et ne lui répond pas.

Saul poursuit :

« Cet homme est doublement coupable : pour avoir renié la Loi en suivant un Samaritain possédé par Belzébuth, et pour l’avoir fait après avoir été ton disciple. »

Gamaliel continue à ne pas le regarder et à se taire.

Alors Saul demande :

« Serais-tu donc, toi aussi, un partisan de ce malfaiteur appelé Jésus ? »

Cette fois, Gamaliel lui répond :

« Je ne le suis pas encore. Mais s’il était ce qu’il disait — et en vérité beaucoup de choses tendent à le prouver —, je prie Dieu de le devenir.

– Horreur ! s’écrie Saul.

– Il n’y a là aucune horreur. Chacun a une intelligence pour s’en servir et une liberté pour l’appliquer. Que chacun l’utilise donc d’après la liberté que Dieu a donnée à tout homme et la lumière qu’il a mise dans le cœur de chacun. Les justes, tôt ou tard, emploieront ces deux dons de Dieu pour le bien, et les mauvais pour le mal. »

A ces mots, il part vers la cour où se trouve le Trésor et va s’appuyer à la même colonne contre laquelle Jésus avait parlé de la pauvre veuve[2] qui donne au Trésor du Temple tout ce qu’elle a : deux piécettes.

645.3

Après quelque temps, Saul le rejoint et se plante devant lui.

Il y a entre les deux hommes un très grand contraste. Gamaliel est grand, il a une certaine noblesse, il a un beau visage aux traits fortement sémitiques, un front haut, des yeux très noirs, intelligents, pénétrants, longs et très enfoncés sous d’épais sourcils droits, un nez droit lui aussi, long et fin qui rappelle un peu celui de Jésus. La couleur de sa peau, sa bouche aux lèvres fines rappellent également celles du Christ. Mais les moustaches et la barbe de Gamaliel, autrefois très noires, sont maintenant grisonnantes et plus longues.

Saul, au contraire, est petit, trapu, presque rachitique, avec des jambes courtes et grosses, un peu écartées aux genoux — on les voit bien, car il a enlevé son manteau et porte seulement une légère tunique grise. Il a des petits bras musclés comme les jambes, le cou raide et trapu qui soutient une grosse tête brune, avec des cheveux ras et rêches, des oreilles plutôt écartées, un nez camus, de grosses lèvres, des pommettes hautes et épaisses, un front bombé, des yeux sombres un peu bovins, sans douceur, mais très intelligents sous des sourcils arqués, drus et hérissés. Ses joues sont couvertes d’une courte barbe aussi hirsute que les cheveux et très fournie. Peut-être à cause de son cou si court, il paraît légèrement bossu ou avec des épaules très voûtées.

645.4

Il se tait un moment en fixant Gamaliel, puis il dit quelque chose à voix basse. Gamaliel lui répond d’une voix bien nette et forte :

« Je n’approuve pas la violence. Pour aucun motif. Tu n’auras jamais de moi la moindre approbation d’un dessein violent. Je l’ai même dit publiquement, à tout le Sanhédrin, quand on a pris pour la seconde fois Pierre et les autres apôtres et qu’ils ont été amenés devant le Sanhédrin pour y être jugés. Et je le répète : “ Si c’est une œuvre humaine, elle périra d’elle-même ; si elle vient de Dieu, les hommes ne pourront la détruire, en revanche, ils pourront être frappés par Dieu. ” Ne l’oublie pas.

– Es-tu le protecteur de ces blasphémateurs, disciples du Nazaréen, toi qui es le plus grand rabbi d’Israël ?

– Je suis le protecteur de la justice. Or elle enseigne que, dans les jugements, il faut faire preuve de prudence et de justice. Je te le répète : si c’est une œuvre qui vient de Dieu, elle résistera, sinon elle tombera d’elle-même. Mais moi, je ne veux pas me tacher les mains avec un sang dont je ne sais pas s’il mérite la mort.

– C’est toi, un pharisien et un docteur, qui parles ainsi ? Tu ne crains pas le Très-Haut ?

– Plus que toi. Mais je réfléchis.

645.5

Et je me souviens… Tu n’étais qu’un enfant, pas encore un fils de la Loi, alors que j’enseignais déjà dans ce Temple avec le rabbi le plus sage de ce temps… et avec d’autres qui étaient sages, mais pas justes. Notre sagesse reçut, entre ces murs, une leçon[3] qui nous donna à réfléchir pour le reste de notre vie. Les yeux du plus sage et du plus juste de notre temps se fermèrent sur le souvenir de cette heure, et son esprit sur l’étude de ces vérités, entendues des lèvres d’un enfant qui se révélait aux hommes, spécialement aux justes. Mes yeux ont continué à veiller, et mon esprit à réfléchir, en coordonnant les événements et les choses… J’ai eu le privilège d’entendre le Très-Haut parler par la bouche d’un enfant, qui devint un homme juste, sage, puissant, saint, et qui fut mis à mort précisément à cause de ces qualités. Les paroles qu’il a dites alors ont pu être confirmées par des faits arrivés plusieurs années après, à l’époque annoncée par Daniel[4]

Malheureux que je suis de n’avoir pas compris plus tôt… d’avoir attendu le dernier et terrible signe pour croire, pour comprendre ! Malheureux peuple d’Israël qui n’a pas compris alors et ne comprend toujours pas aujourd’hui ! La prophétie de Daniel et celle d’autres prophètes et de la Parole de Dieu continuent, et elles s’accompliront pour Israël entêté, aveugle, sourd, injuste, qui continue à persécuter le Messie dans ses serviteurs !

– Malédiction ! Tu blasphèmes ! Vraiment, il n’y aura plus de salut pour le peuple de Dieu si les rabbis blasphèment, reniant Yahvé, le Dieu vrai, pour exalter et croire un faux Messie !

– Ce n’est pas moi qui blasphème, mais tous ceux qui ont insulté le Nazaréen, et continuent à le mépriser, en méprisant ses fidèles. Toi, oui, tu le blasphèmes parce que tu le hais, en lui et dans les siens. Mais tu as raison quand tu dis qu’il n’y a plus de salut pour Israël. Cependant, ce n’est pas parce que des juifs passent dans son troupeau, mais parce qu’Israël l’a frappé à mort, lui.

– Tu me fais horreur ! Tu trahis la Loi, le Temple !

– Alors dénonce-moi au Sanhédrin, pour que j’aie le même sort que celui que l’on se prépare à lapider. Ce sera le commencement et la fin heureuse de ta mission. Et moi, grâce à mon sacrifice, je serai pardonné de n’avoir pas reconnu et compris le Dieu qui passait, Sauveur et Maître, parmi nous, ses fils et son peuple. »

645.6

Avec un geste de colère grossier, Saul s’éloigne, pour retourner dans la cour qui donne sur la salle du Sanhédrin et où la clameur de la foule, exaspérée contre Etienne, est plus forte que jamais. Saul rejoint les bourreaux dans cette cour, s’unit à eux, qui l’attendaient, et sort, avec les autres, du Temple puis des murs de la ville. Insultes, moqueries, coups, continuent à l’adresse du diacre qui avance, déjà épuisé, blessé, chancelant vers le lieu du supplice.

Hors des murs, il y a un espace inculte et pierreux, absolument désert. Arrivés là, les bourreaux forment un cercle autour du condamné, seul au milieu. Ils lui arrachent ses vêtements, déchirés et couverts de sang à plusieurs parties du corps à cause des blessures reçues. Etienne ne garde qu’une tunique très courte. Tous s’écartent alors et enlèvent leurs vêtements longs pour rester en tunique courte comme celle de Saul, à qui ils confient leurs vêtements. Celui-ci ne prend pas part à la lapidation, soit qu’il ait été impressionné par les paroles de Gamaliel, soit qu’il se sache incapable de viser juste.

645.7

Les bourreaux ramassent de grosses pierres et des silex coupants, qui abondent à cet endroit, et commencent la lapidation.

Etienne reçoit les premiers coups en restant debout, et avec un sourire de pardon sur ses lèvres blessées. Un instant avant le début de la lapidation, il a crié à Saul, occupé à rassembler les vêtements des bourreaux :

« Mon ami, je t’attends sur le chemin du Christ. »

Saul lui avait répondu : “ Porc ! Obsédé ! ” en unissant aux injures un vigoureux coup de pied dans les jambes du diacre, qui manque de tomber sous la violence de l’agression et à cause de la douleur.

Après plusieurs jets de pierre qui l’atteignent de tous côtés, Etienne tombe à genoux, appuyé sur ses mains blessées et, se rappelant certainement un lointain épisode[5], il murmure en touchant ses tempes et son front blessés :

« C’est bien ce qu’il m’avait prédit ! La couronne… les rubis… ô mon Seigneur, mon Maître, Jésus, reçois mon esprit ! »

Une autre grêle de coups sur sa tête déjà blessée le couche complètement sur le sol, qui s’imprègne de son sang. Pendant qu’il s’abandonne au milieu des pierres, toujours sous une grêle d’autres projectiles, il expire en murmurant :

« Seigneur… Père, pardonne-leur… ne leur impute pas ce péché… Ils ne savent pas ce qu’ils…»

La mort coupe la phrase sur ses lèvres. Un dernier sursaut le pelotonne sur lui-même et il reste ainsi. Mort.

Les bourreaux s’avancent, lancent sur lui une autre grêle de pierres sous lesquelles ils l’ensevelissent presque. Puis ils reprennent leurs habits et retournent au Temple, pour raconter, ivres d’un zèle satanique, ce qu’ils ont fait.

645.8

Pendant qu’ils parlent avec le grand-prêtre et d’autres puissants personnages, Saul part à la recherche de Gamaliel. Comme il ne le trouve pas tout de suite, il revient sur ses pas, enflammé de haine contre les chrétiens, va trouver les prêtres, parle avec eux, et se fait remettre un parchemin portant le sceau du Temple qui l’autorise à persécuter les chrétiens. Le sang d’Etienne doit l’avoir rendu furieux comme un taureau qui voit rouge, ou un vin généreux versé à un alcoolique.

Il s’apprête à sortir du Temple quand il aperçoit Gamaliel sous le Portique des Païens. Il se dirige vers lui. Peut-être veut-il continuer sa discussion et se justifier. Mais Gamaliel traverse la cour, entre dans une salle et ferme la porte au nez de Saul qui, offensé et furieux, sort en courant du Temple pour persécuter les chrétiens.

645.9

[Jésus dit :]

« Je me suis manifesté bien des fois, et à plusieurs, même de façon extraordinaire. Mais ces témoignages n’ont pas agi chez tous de la même façon. Nous pouvons voir comment à chacune de mes apparitions correspond la sanctification de ceux qui possédaient la bonne volonté demandée aux hommes pour avoir paix, vie, justice.

Ainsi, chez les bergers, la grâce a travaillé pendant les trente années de ma vie cachée. Puis elle a fleuri en donnant un saint épi quand vint le temps où les bons se séparèrent des mauvais pour suivre le Fils de Dieu, qui parcourait les chemins du monde en appelant par son cri d’amour les brebis du Troupeau éternel, disséminées et égarées par Satan, à se rassembler. Présents parmi les foules qui me suivaient, ils étaient mes messagers car, par leurs récits simples et convaincus, ils faisaient connaître le Christ en disant :

“ C’est lui, nous le reconnaissons. Sur ses premiers vagissements descendirent les berceuses des anges. Les anges nous ont dit, à nous, que les hommes de bonne volonté auront la paix. La bonne volonté, c’est le désir du bien et de la vérité. Suivons-le ! Suivez-le ! Nous obtiendrons tous la paix promise par le Seigneur. ”

Humbles, ignorants, pauvres, mes premiers messagers parmi les hommes s’échelonnèrent comme des sentinelles le long des routes du Roi d’Israël, du Roi du monde. Yeux fidèles, bouches honnêtes, cœurs affectueux, encensoirs qui exhalaient le parfum de leurs vertus pour rendre moins corrompu l’air de la terre autour de ma divine Personne, qui s’était incarnée pour eux et pour tous les hommes, je les ai trouvés jusqu’au pied de la croix, après les avoir bénis de mon regard le long de la voie sanglante du Golgotha. Ils sont les seuls — avec quelques rares personnes — à ne pas m’avoir maudit au milieu de la foule déchaînée. Eux m’ont aimé, ils ont cru, espéré contre tout, et ils ont porté sur moi un regard de compassion en se remémorant la nuit lointaine du jour de ma naissance, et en pleurant sur l’Innocent qui avait dormi de son premier sommeil sur un bois inconfortable et de son dernier sur un bois encore plus douloureux. Cela parce qu’en me manifestant à eux, qui avaient l’âme droite, je les avais sanctifiés.

Et il en fut ainsi pour les trois sages d’Orient, pour Siméon et Anne dans le Temple, pour André et Jean au Jourdain, pour Pierre, Jacques et Jean au Thabor, pour Marie-Madeleine à l’aube de Pâque, pour les Onze, pardonnés sur l’Oliveraie, et encore avant à Béthanie, de leur égarement… Non, Jean, le pur, n’eut pas besoin de pardon. Il fut le fidèle, le héros toujours aimant. L’amour très pur qu’il avait en lui et sa pureté d’esprit, de cœur, de chair, l’a préservé de toute faiblesse.

645.10

Gamaliel et Hillel n’étaient pas simples comme les bergers, saints comme Siméon, sages comme les trois mages. Chez Gamaliel, et chez son maître et parent, s’étaient développées des lianes pharisaïques pour étouffer la lumière et le libre développement de l’arbre de la foi. Mais, dans leur être pharisien, ils gardaient la pureté d’intention. Ils croyaient être dans le juste, et ils désiraient l’être. Ils le désiraient par instinct, parce que c’étaient des justes, et par intelligence, car leur esprit mécontent s’écriait :

“ Ce pain est mêlé à trop de cendre. Donnez-nous le pain de la vérité. ”

Or Gamaliel n’avait pas assez de force pour trouver le courage de briser ces lianes pharisaïques. Son humanité le tenait encore trop esclave, et avec elle, les considérations de l’estime humaine, du danger personnel, du bien-être familial. Pour toutes ces raisons, Gamaliel n’avait pas su comprendre “ le Dieu qui passait parmi son peuple ”, ni employer “ cette intelligence et cette liberté ” que Dieu a données à tout homme pour qu’il en use pour son bien. Seul le signe attendu pendant tant d’années, le signe qui l’avait terrassé et torturé par d’incessants remords, allait susciter en lui la reconnaissance du Christ et le changement de son ancienne manière de penser. Celle-ci était due à ce que les scribes, les pharisiens et les docteurs avaient corrompu l’essence et l’esprit de la Loi, en étouffant la simple et lumineuse vérité venue de Dieu sous un tas de préceptes humains souvent erronés, mais toujours avantageux pour eux. Mais, de rabbi de l’erreur, Gamaliel allait devenir, après une longue lutte entre son ancien moi et son moi actuel, disciple de la vérité divine.

645.11

Du reste, il n’avait pas été le seul à rester dans l’indécision et à manquer de force pour agir. Joseph d’Arimathie, et plus encore Nicodème, ne surent pas écarter sur-le-champ les coutumes et les lianes juives pour embrasser ouvertement la nouvelle Doctrine, si bien qu’ils avaient l’habitude de venir trouver le Christ “ en secret ” par crainte des juifs, ou bien de le rencontrer comme par hasard, et tout au plus dans leurs maisons de campagne ou dans celle de Béthanie, chez Lazare, parce qu’ils la savaient plus sûre et plus redoutée par les ennemis du Christ, qui connaissaient bien la protection de Rome pour le fils de Théophile.

Pourtant ceux-ci furent toujours plus avancés dans le bien et plus courageux que le rabbi Gamaliel, au point d’oser manifester leur pitié par leur attitude le vendredi saint.

645.12

Mais remarquez, vous qui lisez, la puissance de sa droiture d’intention. Grâce à elle sa justice, très humaine, se teinte de spirituel. Celle de Saul, au contraire, se souille de démoniaque à l’heure où le déchaînement du mal les met, lui et son maître Gamaliel, au carrefour du choix entre le bien et le mal, entre le juste et l’injuste.

L’arbre du bien et du mal se dresse devant tout homme pour lui présenter ses fruits mauvais sous un aspect plus attirant et plus alléchant, alors que dans le feuillage, avec une voix trompeuse de rossignol, siffle le Serpent tentateur. Il appartient à l’homme, créature douée de raison et dotée d’une âme que Dieu lui a donnée, de savoir discerner et vouloir le fruit qui est bon parmi ceux, nombreux, qui ne le sont pas, qui blessent et font mourir l’esprit. Il lui faut cueillir le bon fruit, même s’il se pique et si cela lui coûte, même si le goût en est amer et l’aspect médiocre. La métamorphose qui le rend tellement plus lisse et agréable au toucher, doux au palais, beau à voir, arrive seulement lorsque, par justice d’esprit et par raison, il sait choisir le bon fruit, et se nourrir de son suc, qui est amer, mais saint.

Saul tend des mains avides vers le fruit du mal, de la haine, de l’injustice, du crime, et cela jusqu’à ce qu’il soit foudroyé, abattu, rendu aveugle à la vue humaine afin d’acquérir la vue surnaturelle et de devenir, non seulement juste, mais apôtre et confesseur de Celui qu’il haïssait et persécutait dans ses serviteurs.

Gamaliel tend les mains vers les fruits du bien, en rompant les lianes tenaces de son humanité et du judaïsme, pour faire naître et fleurir une lointaine semence de lumière et de justice, non seulement humaine mais surnaturelle, que ma quatrième épiphanie — ou manifestation, pour employer un mot peut-être plus clair et plus compréhensible —, lui avait mise dans le cœur, dans son cœur aux intentions droites. Cette semence, il l’avait gardée et défendue avec une honnête affection et une noble soif de la voir pousser et fleurir. Sa volonté et mon sang rompirent la dure écorce de cette lointaine semence qu’il avait conservée dans son cœur pendant des dizaines d’années, dans ce cœur de pierre qui se fendit en même temps que le voile du Temple et que la terre de Jérusalem, et qui cria son suprême désir vers moi qui ne pouvais plus l’entendre de mes oreilles, mais qui l’entendais bien avec mon divin esprit quand il était, allongé par terre, au pied de la croix. Et sous le soleil de feu des paroles des apôtres et des meilleurs disciples, et à la vue de la pluie de sang d’Etienne, mon premier martyr, cette semence fit des racines, devint un arbre, fleurit et fructifia.

La plante nouvelle de son christianisme a poussé là où la tragédie du vendredi saint avait abattu, déraciné, détruit toutes les plantes et herbes anciennes. La plante de son christianisme nouveau et de sa sainteté nouvelle est née et s’est dressée devant mes yeux.

Pardonné par moi, bien que coupable de ne pas m’avoir compris plus tôt, en raison de sa justice qui ne voulut pas participer à ma condamnation ni à celle d’Etienne, son désir de devenir pour moi un disciple, un fils de la Vérité, de la Lumière, fut béni aussi par le Père et l’Esprit Sanctificateur. De désir, il devint réalité, sans avoir besoin d’être puissamment et violemment foudroyé, comme cela fut nécessaire pour Saul sur le chemin de Damas, pour cet arrogant qu’aucun autre moyen n’aurait pu conquérir et amener à la justice, à la charité, à la lumière, à la vérité, à la vie éternelle et glorieuse des Cieux. »

645.1

L’aula del Sinedrio, uguale, e per disposizione e per persone, a come era nella notte tra il giovedì e il venerdì, durante il processo di Gesù. Il Sommo Sacerdote e gli altri sono sui loro scanni. Al centro, davanti al Sommo Sacerdote, nello spazio vuoto dove, durante il processo, era Gesù, è ora Stefano.

Egli deve aver già parlato[1], confessando la sua fede e testimoniando sulla vera Natura del Cristo e sulla sua Chiesa, perché il tumulto è al colmo e nella sua violenza è in tutto simile a quello che si agitava contro il Cristo nella notte fatale del tradimento e deicidio. Pugni, maledizioni, bestemmie orrende sono lanciati contro il diacono Stefano che, sotto le percosse brutali, traballa e vacilla mentre con ferocia lo stiracchiano qua e là. Ma egli conserva la sua calma e dignità. Anzi più ancora. È non solo calmo e dignitoso, ma persino beato, quasi esta­tico.

Senza curarsi degli sputi che gli rigano il volto, né del sangue che gli scende dal naso violentemente colpito, alza, ad un certo momento, il suo volto ispirato e il suo sguardo luminoso e sorridente per affissarsi su una visione nota a lui solo. Apre poi le braccia in croce, le alza e le tende verso l’alto, come per abbracciare ciò che vede, poscia cade in ginocchio esclamando: «Ecco, io vedo aperti i Cieli, ed il Figlio dell’Uomo, Gesù, il Cristo di Dio, che voi avete ucciso, stare alla destra di Dio».

Allora il tumulto perde quel minimo che ancora conservava di umanità e di legalità e, con la furia di una muta di lupi, di sciacalli, di belve idrofobe, tutti si slanciano sul diacono, lo mordono, lo calpestano, lo afferrano, lo rialzano sollevandolo per i capelli, lo trascinano, facendolo cadere di nuovo, facendo ostacolo con la furia alla furia, perché, nella ressa, chi cerca di strascinare fuori il martire è ostacolato da chi lo tira in altra direzione per colpirlo, per calpestarlo di nuovo.

645.2

Tra i furenti più furenti vi è un giovane basso e brutto, che chiamano Saulo. La ferocia del suo volto è indescrivibile.

In un angolo della sala sta Gamaliele. Egli non ha mai preso parte alla zuffa, né mai ha rivolto parola a Stefano né ad alcun potente. Il suo disgusto per la scena ingiusta e feroce è palese. In un altro angolo, anche lui disgustato e non partecipante al processo e alla mischia, sta Nicodemo, che guarda Gamaliele, il cui volto è di una espressione più chiara di ogni parola. Ma, ad un tratto, e precisamente quando vede per la terza volta sollevare Stefano per i capelli, Gamaliele si ammanta nel suo amplissimo mantello e si dirige verso un’uscita opposta a quella verso cui è strascinato il diacono.

L’atto non sfugge a Saulo, che grida: «Rabbi, te ne vai?».

Gamaliele non risponde.

Saulo, temendo che Gamaliele non abbia capito che la domanda era diretta a lui, ripete e specifica: «Rabbi Gamaliele, ti astrai da questo giudizio?».

Gamaliele si volge tutto d’un pezzo e, con uno sguardo terribile tanto è disgustato, altero e glaciale, risponde soltanto: «Sì». Ma è un “sì” che vale più d’un lungo discorso.

Saulo capisce tutto quanto c’è in quel “sì” e, abbandonando la muta feroce, corre verso Gamaliele. Lo raggiunge, lo ferma e gli dice: «Non vorrai dirmi, o rabbi, che tu disapprovi la nostra condanna».

Gamaliele non lo guarda e non gli risponde.

Saulo incalza: «Quell’uomo è doppiamente colpevole, per aver rinnegato la Legge, seguendo un samaritano posseduto da Belzebù, e per averlo fatto dopo esser stato tuo discepolo».

Gamaliele continua a non guardarlo e a tacere.

Saulo allora chiede: «Ma sei tu forse, anche tu, seguace di quel malfattore detto Gesù?».

Gamaliele ora parla e dice: «Non lo sono ancora. Ma, se Egli era Colui che diceva, e in verità molte cose stanno a dimostrare che lo era, io prego Dio che io lo divenga».

«Orrore!», grida Saulo.

«Nessun orrore. Ognuno ha un’intelligenza per adoperarla e una libertà per applicarla. Ognuno dunque l’usi secondo quella libertà che Dio ha dato ad ogni uomo e quella luce che ha messo nel cuore di ognuno. I giusti, prima o poi, li useranno, questi due doni di Dio, nel bene, ed i malvagi nel male».

E se ne va, dirigendosi verso il cortile dove è il gazofilacio, e va ad appoggiarsi contro la stessa colonna contro la quale Gesù parlò alla povera vedova[2] che dà al Tesoro del Tempio tutto quanto ha: due piccioli.

645.3

È lì da poco quando lo raggiunge nuovamente Saulo e gli si pianta davanti. Il contrasto tra i due è fortissimo.

Gamaliele alto, di nobile portamento, bello nei tratti fortemente semitici, dalla fronte alta, dai nerissimi occhi intelligenti, penetranti, lunghi e molto incassati sotto le sopracciglia folte e diritte, ai lati del naso pure diritto, lungo e sottile, che ricorda un poco quello di Gesù. Anche il colore della pelle, la bocca dalle labbra sottili, ricordano quelle di Cristo. Solo che Gamaliele ha la barba e i baffi, un tempo nerissimi, ora molto brizzolati e più lunghi.

Saulo invece è basso, tarchiato, quasi rachitico, con gambe corte e grosse, un poco divaricate ai ginocchi, che si vedono bene perché si è levato il manto ed ha solo una veste a tunica corta e bigiognola. Ha le braccia corte e nerborute come le gambe, collo corto e tozzo, sorreggente una testa grossa, bruna, con capelli corti e ruvidi, orecchie piuttosto sporgenti, naso camuso, labbra tumide, zigomi alti e grossi, fronte convessa, occhi scuri, piuttosto bovini, per nulla dolci e miti, ma molto intelligenti sotto le ciglia molto arcuate, folte e arruffate. Le guance sono coperte da una barba ispida come i capelli e foltissima, però tenuta corta. Forse, per causa del collo così corto, pare lievemente gobbo o con spalle molto tonde.

645.4

Per un poco tace, fissando Gamaliele. Poi gli dice qualcosa sottovoce.

Gamaliele gli risponde, con voce ben netta e forte: «Non approvo la violenza. Per nessun motivo. Da me non avrai mai approvazione ad alcun disegno violento. L’ho detto anche pubblicamente, a tutto il Sinedrio, quando furono presi, per la seconda volta, Pietro e gli altri apostoli e furono portati davanti al Sinedrio perché li giudicasse. E ripeto le stesse cose: “Se è disegno e opera degli uomini, perirà da sé; se è da Dio, non potrà essere distrutta dagli uomini, ma anzi questi potranno esser colpiti da Dio”. Ricordalo».

«Sei protettore di questi bestemmiatori seguaci del Nazareno, tu, il più grande rabbi d’Israele?».

«Sono protettore della giustizia. E questa insegna ad essere cauti e giusti nel giudicare. Te lo ripeto. Se è cosa che viene da Dio resisterà, se no cadrà da sé. Ma io non voglio macchiarmi le mani di un sangue che non so se meriti la morte».

«Tu, tu, fariseo e dottore, parli così? Non temi l’Altissimo?».

«Più di te. Ma penso.

645.5

E ricordo… Tu non eri che un piccolo, non ancora figlio della Legge, ed io insegnavo già in questo Tempio con il rabbi più saggio di questo tempo… e con altri, saggi ma non giusti. La nostra saggezza ebbe, tra queste mura, una lezione[3] che ci fece pensare per tutto il resto della vita. Gli occhi del più saggio e giusto del tempo nostro si chiusero sul ricordo di quell’ora e la sua mente sullo studio di quelle verità, udite dalle labbra di un fanciullo che si rivelava agli uomini, specie se giusti. I miei occhi hanno continuato a vigilare e la mia mente a pensare, coordinando eventi e cose… Io ho avuto il privilegio di udire l’Altissimo parlare per mezzo della bocca di un fanciullo, che fu poi uomo giusto, sapiente, potente, santo, e che fu messo a morte proprio per queste sue qualità. Le sue parole di allora hanno poi avuto conferma dai fatti accaduti molti anni dopo, all’epoca detta da Daniele[4]… Misero me che non compresi avanti! che attesi l’ultimo terribile segno per credere, per capire! Misero popolo d’Israele che non comprese allora e non comprende neppur ora! La profezia di Daniele, e quella d’altri profeti e della Parola di Dio, continuano e si compiranno per Israele cocciuto, cieco, sordo, ingiusto, che continua a perseguitare il Messia nei suoi servi!».

«Maledizione! Tu bestemmi! Veramente non vi sarà più salvezza per il popolo di Dio se i rabbi d’Israele bestemmiano, rinnegano Javé, il Dio vero, per esaltare e credere in un falso Messia!».

«Non io bestemmio. Ma tutti coloro che insultarono il Nazareno e continuano a fargli spregio, spregiando i suoi seguaci. Tu sì che lo bestemmi, poiché lo odi, in Lui e nei suoi. Ma hai detto giusto dicendo che non c’è più salvezza per Israele. Ma non perché vi sono israeliti che passano nel suo gregge, ma perché Israele ha colpito Lui, a morte».

«Mi fai orrore! Tradisci la Legge, il Tempio!».

«Denunciami allora al Sinedrio, perché io abbia la stessa sorte di colui che sta per essere lapidato. Sarà l’inizio e il compendio felice della tua missione. E io sarò perdonato, per questo mio sacrificio, di non aver riconosciuto e compreso il Dio che passava, Salvatore e Maestro, tra noi, suoi figli e suo popolo».

645.6

Saulo, con un atto d’ira, va via sgarbatamente, tornando nel cortile prospiciente all’aula del Sinedrio, cortile nel quale dura il gridio della folla esasperata contro Stefano. Saulo raggiunge gli aguzzini in questo cortile, si unisce a loro, che lo attendevano, ed esce insieme agli altri dal Tempio e poi dalle mura della città. Insulti, dileggi, percosse continuano ad esser lanciati contro il diacono, che procede già spossato, ferito, barcollante, verso il luogo del supplizio.

Fuori delle mura vi è uno spazio incolto e sassoso, assolutamente deserto. Là giunti, i carnefici si allargano in cerchio, lasciando solo, al centro, il condannato, con le vesti lacere e sanguinante in molte parti del corpo per le ferite già ricevute. Gliele strappano prima di allontanarsi. Stefano resta con una tunichetta cortissima. Tutti si levano le vesti lunghe, rimanendo con le sole tuniche, corte come quella di Saulo, al quale affidano le vesti, dato che egli non prende parte alla lapidazione, o perché scosso dalle parole di Gamaliele, o perché si sa incapace di colpire bene.

645.7

I carnefici raccolgono i grossi ciottoli e le aguzze selci, che abbondano in quel luogo, e cominciano la lapidazione.

Stefano riceve i primi colpi rimanendo in piedi e con un sorriso di perdono sulla bocca ferita, che, un istante prima dell’inizio della lapidazione, ha gridato a Saulo, intento a raccogliere le vesti dei lapidatori: «Amico mio, ti attendo sulla via di Cristo». Al che Saulo gli aveva risposto: «Porco! Ossesso!», unendo alle ingiurie un calcio vigoroso sugli stinchi del diacono, che solo per poco non cade, e per l’urto e per il dolore.

Dopo diversi colpi di pietra, che lo colpiscono da ogni parte, Stefano cade in ginocchio puntellandosi sulle mani ferite e, certo ricordando un episodio lontano[5], mormora, toccandosi le tempie e la fronte ferita: «Come Egli m’aveva predetto! La corona… I rubini… O Signore mio, Maestro, Gesù, ricevi lo spirito mio!».

Un’altra grandine di colpi sul capo già ferito lo fanno stramazzare del tutto al suolo, che si impregna del suo sangue. Mentre si abbandona tra i sassi, sempre sotto una grandine di altre pietre, mormora spirando: «Signore… Padre… perdonali… non tener loro rancore per questo loro peccato… Non sanno quello che…». La morte gli spezza la frase tra le labbra, un estremo sussulto lo fa come raggomitolare su sé stesso, e così resta. Morto.

I carnefici gli si avvicinano, gli lanciano addosso un’altra scarica di sassate, lo seppelliscono quasi sotto di esse. Poi si rivestono e se ne vanno, tornando al Tempio per riferire, ebbri di zelo satanico, ciò che hanno fatto.

645.8

Mentre parlano col Sommo Sacerdote e altri potenti, Saulo va in cerca di Gamaliele. Non lo trova subito. Torna, acceso d’odio verso i cristiani, dai sacerdoti, parla con loro, si fa dare una pergamena col sigillo del Tempio che lo autorizza a perseguitare i cristiani. Il sangue di Stefano deve averlo reso furente come un toro che veda il rosso, o un vino generoso dato ad un alcoolizzato.

Sta per uscire dal Tempio quando vede, sotto il portico dei Pagani, Gamaliele. Va da lui. Forse vuole iniziare una disputa o una giustificazione. Ma Gamaliele traversa il cortile, entra in una sala, chiude la porta in faccia a Saulo che, offeso e furente, esce di corsa dal Tempio per perseguitare i cristiani.

645.9

[Dice Gesù:]

«Mi sono manifestato molte volte e a molti, anche nelle straordinarie manifestazioni. Ma non in tutti in ugual modo la mia manifestazione operò. Possiamo vedere come ad ogni mia manifestazione corrisponda una santificazione di coloro che possedevano la buona volontà richiesta agli uomini per avere Pace, Vita, Giustizia.

Così, nei pastori la Grazia lavorò per i trent’anni del mio nascondimento e poi fiorì con spiga santa quando fu il tempo in cui i buoni si separarono dai malvagi per seguire il Figlio di Dio, che passava per le vie del mondo gettando il suo grido d’amore per chiamare a raccolta le pecore del Gregge eterno, sparpagliate e sperdute da Satana. Presenti tra le turbe che mi seguivano, messi miei, perché, coi loro semplici e convinti racconti, bandivano il Cristo dicendo: “È Lui. Noi lo riconosciamo. Sul suo primo vagito scesero le ninna-nanne degli angeli. E a noi, dagli angeli, fu detto che avranno pace gli uomini di buona volontà. Buona volontà è il desiderio del Bene e della Verità. Seguiamolo! Seguitelo! Avremo tutti la Pace promessa dal Signore”.

Umili, ignoranti, poveri, i miei primi messi tra gli uomini si scaglionarono come scolte lungo le vie del Re d’Israele, del Re del mondo. Occhi fedeli, bocche oneste, cuori amorosi, incensieri esalanti il profumo delle loro virtù per fare meno corrotta l’aria della Terra intorno alla mia divina Persona, che s’era incarnata per loro e per tutti gli uomini, e persino ai piedi della Croce li ho trovati, dopo averli benedetti col mio sguardo lungo la via sanguinosa del Golgota, unici, con pochissimi altri, che non maledicessero fra la plebe scatenata ma che amassero, credessero, sperassero ancora, e che mi guardassero con occhi di compassione, pensando alla notte lontana del mio Natale e piangendo sull’Innocente, il cui primo sonno fu su un legno penoso e l’ultimo su un legno ancor più doloroso. Questo perché la mia manifestazione a loro, anime rette, li aveva santificati.

E così pure avvenne ai tre Savi d’Oriente, a Simeone ed Anna nel Tempio, ad Andrea e Giovanni al Giordano, e a Pietro, Giacomo e Giovanni al Tabor, a Maria di Magdala nell’alba pasquale, agli undici perdonati sull’Uliveto, e ancor prima a Betania, del loro smarrimento… No. Giovanni, il puro, non ebbe bisogno di perdono. Fu il fedele, l’eroe, l’amante sempre. L’amore purissimo che era in lui e la sua purezza di mente, di cuore, di carne, lo preservò da ogni debolezza.

645.10

Gamaliele, e con lui Hillele, non erano semplici come i pastori, santi come Simeone, sapienti come i tre Savi. In lui, e nel suo maestro e parente, era il viluppo delle liane farisaiche a soffocare la luce e la libera espansione della pianta della Fede. Ma nel loro essere farisei era purità d’intenzione. Credevano di essere nel giusto e desideravano di esserlo. Lo desideravano per istinto, perché erano dei giusti, e per intelletto, perché il loro spirito gridava malcontento: “Questo pane è mescolato a troppa cenere. Dateci il pane della vera Verità”.

Gamaliele però non era forte al punto di avere il coraggio di spezzare queste liane farisaiche. L’umanità sua lo teneva ancor troppo schiavo e, con essa, le considerazioni della stima umana, del pericolo personale, del benessere famigliare. Per tutte queste cose Gamaliele non aveva saputo comprendere “il Dio che passava tra il suo popolo”, né usare “quell’intelligenza e quella libertà” che Dio ha dato ad ogni uomo perché le usi per il suo bene. Solo il segno atteso per tanti anni, il segno che lo aveva atterrato e torturato con rimorsi che non cessavano più, avrebbe suscitato in lui il riconoscimento del Cristo e la mutazione del suo antico pensiero, per cui, da rabbi dell’errore — avendo gli scribi, i farisei ed i dottori corrotta l’essenza e lo spirito della Legge, soffocandone la semplice e luminosa verità, venuta da Dio, sotto cumuli di precetti umani, sovente errati, ma sempre di utilità per loro — sarebbe divenuto, dopo lunga lotta tra il suo io antico e il suo io attuale, discepolo della Verità divina.

645.11

Non era, del resto, stato il solo nell’essere incerto nel decidere e forte nell’agire. Anche Giuseppe d’Arimatea, e più ancora Nicodemo, non seppero mettere subito sotto i piedi le consuetudini e le liane giudaiche e abbracciare palesemente la nuova Dottrina, tanto che usavano venire dal Cristo “in occulto” per timore dei giudei, oppure costumavano incontrarlo come per caso, e per lo più nelle loro case di campagna o in quella di Betania, da Lazzaro, perché la sapevano più sicura e più temuta dai nemici del Cristo, ai quali era ben nota la protezione di Roma per il figlio di Teofilo.

Certamente, però, sempre molto più avanti nel Bene e più coraggiosi questi rispetto a Gamaliele, al punto da osare i gesti pietosi del Venerdì Santo. Meno avanti rabbi Gamaliele.

645.12

Ma osservate, voi che leggete, la potenza della sua retta intenzione. Per essa la sua giustizia, umanissima, si intinge di sovrumano. Quella di Saulo, invece, si sporca di demoniaco nell’ora che lo scatenarsi del male pone lui e il suo maestro Gamaliele davanti al bivio della scelta tra il Bene e il Male, tra il giusto e l’ingiusto.

L’albero del Bene e del Male si drizza davanti ad ogni uomo per presentargli, col più invitante e appetitoso aspetto, i suoi frutti del Male, mentre tra le fronde, con ingannevole voce di usignolo, sibila il Serpente tentatore. Sta all’uomo, creatura dotata di ragione e di un’anima datagli da Dio, saper discernere e volere il frutto buono tra i molti che buoni non sono e che dànno lesione e morte allo spirito, e quello cogliere, anche se pungente e faticoso a cogliersi, amaro a gustarsi e meschino d’aspetto. La sua metamorfosi, per cui diviene tanto più liscio e morbido al tatto, dolce al gusto, bello all’occhio, avviene solo quando, per giustizia di spirito e ragione, si sa scegliere il frutto buono e ci si è nutriti del suo succo, amaro ma santo.

Saulo tende le mani avide al frutto del Male, dell’odio, del­l’in­giu­stizia, del delitto, e le tenderà sinché non verrà folgorato, abbattuto, fatto cieco della vista umana perché acquisti la vista sovrumana e divenga non solo giusto, ma apostolo e confessore di Colui che prima odiava e perseguitava nei suoi servi.

Gamaliele, spezzando le liane tenaci della sua umanità e dell’ebraismo, per il nascere e fiorire del lontano seme di luce e giustizia, non solo umana ma anche sovrumana, che la mia quarta epifania — o manifestazione, che forse vi è parola più chiara e comprensibile — gli aveva posto in cuore, nel suo cuore dalle rette intenzioni, seme che egli aveva custodito e difeso con onesta affezione ed eletta sete di vederlo nascere e fiorire, tende le mani al frutto del Bene. Il suo volere ed il mio Sangue ruppero la dura scorza di quel lontano seme, che egli aveva conservato nel cuore per decenni, in quel cuore di roccia che si fendette insieme al velo del Tempio e alla terra di Gerusalemme — e che gridò il suo supremo desiderio a Me, che più non potevo udirlo con udito umano ma che ben l’udivo col mio spirito divino — là, gettato a terra ai piedi della croce. E sotto il fuoco solare delle parole apostoliche e dei discepoli migliori e la pioggia del sangue di Stefano, primo martire, quel seme mette radici, fa pianta, fiorisce e fruttifica.

La pianta novella del suo cristianesimo, nata là dove la tragedia del Venerdì Santo aveva abbattuto, sradicato, distrutto tutte le piante ed erbe antiche. La pianta del suo nuovo cristianesimo e della sua santità nuova è nata e s’erge davanti agli occhi miei.

Perdonato da Me, benché colpevole per non avermi compreso avanti, per la sua giustizia che non volle partecipare alla mia condanna né a quella di Stefano, il suo desiderio di divenire mio seguace, figlio della Verità, della Luce, viene benedetto anche dal Padre e dallo Spirito Santificatore, e da desiderio diviene realtà, senza bisogno di una potente e violenta folgorazione quale fu necessaria per Saulo sulla via di Damasco, per il protervo che con nessun altro mezzo avrebbe potuto esser conquistato e condotto alla Giustizia, alla Carità, alla Luce, alla Verità, alla Vita eterna e gloriosa dei Cieli».


Notes

  1. Il doit déjà avoir confessé sa foi : Ac 6, 8-15 ; 7, 1-54.
  2. à la pauvre veuve, en 596.8.
  3. une leçon, celle de Jésus adolescent, en 41.3/9.
  4. annoncée par Daniel en Dn 9.
  5. un lointain épisode, en 354.5.

Note

  1. deve aver già parlato, come in: Atti 6, 8-15; 7, 1-54.
  2. parlò alla povera vedova, in 596.8.
  3. una lezione, quella di Gesù adolescente, in 41.3/9.
  4. all’epoca detta da Daniele, in: Daniele 9.
  5. un episodio lontano, in 354.5.