Os Escritos de Maria Valtorta

88. Dans la plaine d’Esdrelon.

88. Na planície de Esdrelon. O amor de João

88.1

Jésus, accompagné de Lévi et de Jean, chemine au chant des grillons sur un petit sentier, au milieu de champs brûlés tout en chaume. Suivent Joseph, Judas et Simon, en groupe.

Il fait nuit, mais on ne sent pas la moindre fraîcheur. La terre est un feu qui continue de brûler, même après l’incendie du jour. La rosée ne peut rien sur ces terres desséchées. Je crois qu’elle s’évapore avant même de toucher le sol, si grande est la chaleur qui se dégage des sillons et des crevasses du sol.

Tous se taisent, épuisés et en sueur. Mais je vois Jésus sourire. La nuit est claire, bien que la lune, qui va se coucher, luise à peine à l’orient.

« Tu crois qu’il sera là ? demande Jésus à Lévi.

– Certainement. A cette époque, les moissons sont rentrées et la récolte des fruits n’est pas encore commencée. Les paysans sont donc occupés à surveiller les vignobles et les pommeraies contre les voleurs, et ils ne s’en écartent pas, surtout quand les patrons sont exigeants comme celui de Jonas. La Samarie est proche et quand ces renégats le peuvent… ils nous pillent volontiers, nous qui venons d’Israël. Ne savent-ils pas qu’après cela, les serviteurs passent à la bastonnade ? Bien sûr qu’ils le savent, mais ils nous haïssent, voilà tout.

– N’aie pas de rancœur, Lévi, dit Jésus.

– Non. Mais tu verras comment par leur faute Jonas fut mis à mal il y a cinq ans. Depuis lors il passe la nuit à monter la garde. Car la flagellation est un supplice cruel…

– C’est encore loin ?

– Non, Maître, regarde, là où finit cette terre désolée et où se trouve une tache sombre. Ce sont les pommeraies de Doras, le dur pharisien. Si tu permets, je te précède pour me faire reconnaître par Jonas.

– Va.

88.2

– Mais les pharisiens sont-ils tous comme ça, mon Seigneur ? demande Jean. Ah ! Je ne voudrais pas être à leur service ! Je préfère ma barque !

– C’est la barque que tu préfères ? demande Jésus, à moitié sérieux.

– Non, c’est toi ! La barque, c’était quand j’ignorais ce qu’est l’Amour sur la Terre » répond Jean avec fougue.

Jésus rit de sa véhémence.

« Tu ne savais pas que l’amour existait sur la terre ? Comment es-tu donc né, si ton père n’a pas aimé ta mère ? demande Jésus comme pour plaisanter.

– Cet amour est beau, mais ne me séduit pas. C’est toi mon amour ! Pour le pauvre Jean, c’est toi l’Amour sur terre. »

Jésus le serre contre lui et dit :

« Je voulais te l’entendre dire. L’Amour est avide d’amour et l’homme donne et donnera toujours à son avidité d’imperceptibles gouttes comme celles qui tombent du ciel et sont si insignifiantes qu’elles s’évaporent dans l’atmosphère, dans l’embrasement de l’été. Même les gouttes d’amour des hommes se consumeront dans l’air, brûlées par la fièvre de trop de choses. Le cœur en produira encore… mais les intérêts, les passions, les affaires, les désirs égoïstes, tant, tant de choses humaines les feront disparaître. Et qu’est-ce qui montera vers Jésus ? Ah ! Trop peu de choses ! Les restes de tous les battements du cœur humain, ce qui peut bien encore en survivre, les battements intéressés des hommes qui veulent demander, et encore demander quand le besoin s’en fait sentir. M’aimer uniquement par amour sera le propre d’un petit nombre : des Jean… Regarde cet épi poussé hors saison. C’est peut-être une graine tombée au moment de la moisson. Elle a su naître, résister au soleil, à la sécheresse, grandir, murir… Regarde : cet épi est déjà formé. Il n’y a que lui de vivant dans ces champs vides. D’ici peu ses grains mûrs tomberont sur le sol en rompant l’enveloppe lisse qui les rattachait à la tige, et ce sera charité pour les oiseaux, ou bien, donnant le cent pour un, ils repousseront encore et, avant le labour d’hiver, ils arriveront de nouveau à maturité et rassasieront une foule d’oiseaux déjà tenaillés par la faim de la plus triste des saisons … Vois-tu, mon Jean, tout ce que peut réaliser une seule graine courageuse ? Tels seront les rares hommes qui m’aimeront d’amour. Un seul suffira pour apaiser la faim d’un grand nombre. Un seul embellira la région où règne la laideur du néant, et où il n’y avait d’abord que néant. Un seul fera surgir la vie là où régnait la mort, et les affamés viendront à lui. Ils mangeront un grain de son amour agissant, puis, égoïstes et distraits, ils s’envoleront ailleurs. Mais, même à leur insu, ce grain déposera un germe de vie dans leur sang, dans leur âme… et ils reviendront… Et aujourd’hui, demain, après-demain encore, comme disait Isaac, la connaissance de l’Amour se développera dans les cœurs. La tige, dégarnie, ne sera plus rien : un brin de paille brûlé. Mais que de bien naîtra de son sacrifice et quelle récompense pour elle ! »

Jésus qui s’était arrêté un instant devant un maigre épi, poussé au bord du sentier, dans un caniveau qui, au temps des pluies, était peut-être un ruisseau, a continué de parler, toujours écouté par Jean dans son attitude habituelle de disciple aimant qui boit non seulement les paroles, mais aussi les gestes de l’être aimé.

Les autres discutent sans s’apercevoir de ce doux colloque. Les voici maintenant arrivés à la pommeraie ; ils s’arrêtent et se regroupent. La chaleur est telle que, même sans manteau, ils transpirent. Ils se taisent et attendent.

88.3

De la sombre plantation, qu’éclaire à peine un rayon de lune, émerge la tache claire que fait Lévi et, derrière, une ombre plus épaisse.

« Maître, voici Jonas.

– Que ma paix vienne à toi ! » dit Jésus en le saluant, avant même que Jonas l’ait rejoint.

Mais Jonas ne répond pas. Il court, se jette en pleurant à ses pieds et les embrasse. Quand il peut parler, il dit :

« Combien je t’ai attendu ! Combien je t’ai attendu ! Quel découragement de voir la vie passer, la mort arriver et devoir se dire : “ Je ne l’ai pas revu ! ” Et pourtant, non, toute mon espérance ne faiblissait pas, même quand j’étais sur le point de mourir. Je pensais : “ Elle me l’a dit : ‘ Vous le servirez encore ’ et elle n’a pu me dire une chose qui ne soit pas vraie. C’est la Mère de l’Emmanuel. Personne donc, plus qu’elle, n’a Dieu avec soi, et qui a Dieu sait ce qui est de Dieu. ”

– Lève-toi. Elle te salue. Tu l’as eue et tu l’as pour voisine. Elle habite Nazareth.

– Toi ! Elle ! A Nazareth ? Oh, si je l’avais su ! La nuit, en hiver, pendant les mois de gel, quand la campagne sommeille et que les méchants ne peuvent nuire aux cultivateurs, je serais venu en hâte baiser vos pieds et je serais rentré avec mon trésor de certitude. Pourquoi ne t’es-tu pas manifesté, Seigneur ?

– Ce n’était pas l’heure. Maintenant, l’heure est venue. Il faut savoir attendre. Tu l’as dit : “ Pendant les mois de gel, quand la campagne sommeille. ” Et pourtant, elle est déjà ensemencée, n’est-ce pas ? Eh bien, moi aussi, j’étais comme le grain déjà semé. Tu m’avais vu au moment des semailles. Puis j’avais disparu, enseveli dans un silence nécessaire. Pour croître et arriver au temps de la moisson et briller aux yeux de ceux qui m’avaient vu nouveau-né et appartenant au monde. Ce temps est venu. Le nouveau-né est désormais prêt à être le Pain du monde. Avant tous les autres, je cherche mes fidèles, et je leur dis : « Venez, rassasiez-vous de moi. ” »

L’homme l’écoute en souriant comme un bienheureux, et il ne cesse de répéter comme pour lui-même :

« Oh, c’est bien toi ! C’est bien toi !

– Tu as été sur le point de mourir ? Quand ?

– Quand j’ai été fouetté presque à mort parce qu’on avait pillé deux vignes. Regarde toutes ces blessures ! »

Il descend son vêtement et montre ses épaules toutes balafrées de cicatrices irrégulières.

« Il m’a frappé avec un fouet garni de fer. Il a compté les grappes enlevées, cela se voyait par la trace du pédoncule arraché, et m’a assené un coup pour chaque grappe. Puis il m’a laissé sur place, à demi mort. J’ai été secouru par Marie, la jeune femme d’un compagnon à moi. Elle m’a toujours bien aimé. Son père était régisseur avant moi et, à mon arrivée ici, je me suis attaché à cette petite parce qu’elle s’appelait Marie. Elle m’a soigné, et je suis guéri depuis deux mois car, à cause de la chaleur, les plaies s’étaient infectées, ce qui me donnait une forte fièvre. J’ai dit au Dieu d’Israël : “ Peu importe. Laisse-moi revoir ton Messie. Ces souffrances ne comptent plus guère. Accepte-les en sacrifice. Je ne peux jamais aller t’offrir un sacrifice. Je suis le serviteur d’un homme cruel et tu le sais. Même à la Pâque, il ne me laisse pas venir à ton autel. Prends-moi comme hostie, mais donne-le-moi, Lui ! ”

88.4

– Et le Très-Haut t’a donné satisfaction. Jonas, veux-tu me servir comme tes compagnons le font déjà ?

– Mais comment faire ?

– Comme eux. Lévi sait, et il te dira combien il est simple de me servir. Je ne demande que de la bonne volonté.

– Je te l’ai donnée quand tu n’étais qu’un bébé vagissant. Grâce à elle, j’ai triomphé de tout, aussi bien du découragement que des haines. C’est que… ici je ne peux pas trop parler… Le patron, une fois, m’a donné un coup de pied parce que j’affirmais avec insistance que tu existais. Mais quand il n’était pas là et que je me trouvais avec des gens à qui je pouvais me fier, ah ! Je le racontais, le prodige de cette nuit-là !

– Eh bien, maintenant, parle du prodige de ma rencontre ! Je vous ai retrouvés presque tous, et tous fidèles. N’est-ce pas un prodige ? Il vous a suffi de m’avoir contemplé avec foi et amour pour devenir justes aux yeux de Dieu et des hommes.

– Ah ! Maintenant, j’aurai un de ces courages ! Un de ces courages ! Maintenant que je sais que tu es là et que je peux annoncer : “ Il est là. Allez à lui !… ” Mais où, mon Seigneur ?

– Dans tout Israël. Jusqu’en septembre, je serai en Galilée. Nazareth ou Capharnaüm me verront souvent dans leurs murs et on pourra venir m’y trouver. Puis… je serai partout. Je suis venu rassembler les brebis d’Israël.

– Ah ! Mon Seigneur, tu trouveras beaucoup de boucs. Défie-toi des grands, en Israël !

– Ils ne me feront pas de mal, tant que l’heure n’est pas venue. Toi, dis aux morts, à ceux qui dorment, aux vivants : “ Le Messie est parmi nous. ”

– Aux morts, Seigneur ?

– Aux âmes mortes. Les autres, les justes morts dans le Seigneur, tressaillent déjà de joie pour leur prochaine libération des limbes. Dis aux morts que je suis la Vie, à ceux qui dorment que je suis le Soleil qui se lève pour les tirer du sommeil. Dis aux vivants que je suis la Vérité qu’ils cherchent.

– Et tu guéris aussi les malades ? Lévi m’a parlé d’Isaac. Ce miracle lui est-il réservé parce qu’il est ton berger, ou bien y en aura-t-il pour tous ?

– Pour les bons, le miracle est une juste récompense. Pour les moins bons, il sert à les amener à une bonté véritable. Pour les mauvais aussi, parfois, il sert à les secouer, à les persuader que j’existe et que Dieu est avec moi. Le miracle est un don et ce don est destiné aux bons. Mais celui qui est miséricorde et voit combien les hommes sont lourds et que seul un événement prodigieux peut les secouer, y recourt aussi pour pouvoir dire : “ J’ai tout fait pour vous, et cela n’a servi à rien. Dites-moi donc, vous-mêmes, ce que je dois faire de plus. ”

88.5

– Seigneur, ne dédaignes-tu pas d’entrer chez moi ? Si tu m’assures que le voleur ne pénétrera pas dans le domaine, je voudrais te donner l’hospitalité et appeler autour de toi les quelques personnes qui te connaissent par ma parole. Le patron nous a méprisés et piétirés comme de mauvaises herbes. Nous n’avons que l’espérance d’une récompense éternelle. Mais si tu te montres à des cœurs brisés, ils auront en eux une autre force.

– Je viens. Ne crains pas pour les arbres et les vignes. Peux-tu croire que les anges monteront une garde fidèle à ta place ?

– Oh ! Seigneur, je les ai vus, tes serviteurs célestes. Je crois et je viens avec toi en toute sécurité. Bénis soient-ils, ces arbres et ces vignes pour lesquels la brise sera vol des ailes d’anges et chants des voix angéliques ! Béni soit-il ce sol que tu sanctifies de ton pied ! Viens, Seigneur Jésus ! Ecoutez, arbres et vignes. Ecoutez, campagnes. Maintenant, ce Nom que je vous avais confié pour ma consolation, je le lui dis à lui. Jésus est ici. Ecoutez et que dans les branches et les sarments tressaille la sève. Le Messie est avec nous. »

Tout se termine sur ces joyeuses paroles.

88.1

Por uma pequena vereda entre campos abrasados, cheios de restolhos e grilos, Jesus caminha, tendo ao lado, Levi e João. Atrás, em grupo, estão: José, Judas e Simão.

É noite. Mas não há refrigério. A terra é um fogo que continua a queimar, mesmo depois do incêndio do dia. O orvalho nada pode contra este abrasamento. Acho que tudo seca, antes mesmo de tocar o chão, tão grande é o ardor que sai dos sulcos e das fendas do solo.

Todos se calam, cansados e acalorados. Mas vejo Jesus sorrir. A noite é clara, ainda que a lua minguante esteja apenas começando a aparecer lá no extremo oriente.

– Achas que ele estará aqui? –pergunta Jesus a Levi.

– Estará com certeza. A este ponto, já está feita a colheita dos cereais, embora nem se começou ainda a colheita das frutas. Por isso, os camponeses estão ocupados em vigiar os vinhedos e pomares, evitando predadores, e não se afastam, especialmente quando os patrões são exigentes, como é o de Jonas. Samaria fica perto daqui e, quando aqueles renegados podem, nos prejudicam com gosto, a nós de Israel. Não sabem que os servos depois vão ser espancados? Sim, que o sabem. Mas nos odeiam, esta é a verdade.

– Não tenhas ódio, Levi –diz Jesus.

– Não tenho. Mas verás como, por culpa deles, Jonas foi ferido, há cinco anos. Desde então, ele passa as noites de guarda. Porque o flagelo é um suplício cruel…

– Falta ainda muito para chegarmos?

– Não, Mestre. Estás vendo lá onde termina esta pobre terra, naquele montão escuro? Lá estão os pomares de Doras, o duro fariseu. Se me deixas, vou na frente para fazer que Jonas me ouça.

– Vai.

88.2

– Mas, os fariseus são todos assim, meu Senhor? –pergunta João–. Oh! Eu não queria estar a serviço deles! Prefiro o meu barco.

– O barco, é o teu tudo? –pergunta Jesus, semi-sério.

– Não, és Tu! O barco era meu tudo, quando eu não sabia que existia o Amor sobre a terra –responde prontamente João.

Jesus ri da sua veemência.

– Não sabias que sobre a terra existia o amor? E, então, como nasceste, se teu pai não amou a tua mãe? –pergunta Jesus, como por brincadeira.

– Aquele amor é bonito, mas não me seduz. Tu és o meu amor. Tu és o Amor na terra para o pobre João.

Jesus o aperta contra si, e diz:

– Eu queria ouvir-te dizer isso. O Amor é ávido de amor, e o homem à sua avidez dá e dará sempre gotas imperceptíveis como aquelas que caem do céu. São tão fracas, que se consomem no ar, nas chamas do verão. Também as gotas de amor dos homens se consumirão no ar, mortas pelas chamas de muitas coisas. O coração as espremerá ainda, mas os interesses, os amores, os negócios, a avidez, tantas coisas humanas, as queimarão. E o que então subirá a Jesus? Oh! Muito pouca coisa! Os restos, os sobreviventes as palpitações humanas, as interesseiras palpitações somente para pedir, quando urge a necessidade. Amar-me mesmo, só por amor, será coisa de poucos: dos Joãos… Olha uma espiga que tornou a nascer. Talvez tenha sido uma semente que caiu na hora da ceifa. Soube nascer, resistir ao sol, à seca, levantar-se, crescer, produzir espiga… Olha, já está formada. Nestes campos despojados somente ela está viva. Daqui a pouco, os grãos maduros cairão no chão, rompendo a casca lisa que os conserva presos ao caule, e serão caridade para os passarinhos, ou então, produzindo cem por um, renascerão ainda e, antes que o inverno traga de volta o arado à lavoura, estarão de novo maduros e matarão a fome de muitos pássaros, que já estarão sofrendo a fome das mais tristes estações… Vê, meu João, quanto pode fazer uma semente corajosa! Assim serão os poucos que me amarão por amor. Um só matará a fome de muitos. Um só tornará bonito o lugar onde está, onde antes reinava a feiura do nada. Um só dará vida ao lugar onde antes havia morte, atraindo os famintos. Comerão do grão produzido pelo trabalho do seu amor, e depois, egoístas e distraídos, voarão para longe. Mas, ainda que eles não o saibam, aquele grão vai criar germes vitais no sangue deles e em seu espírito… e voltarão… Hoje, amanhã e depois também, como dizia Isaque, aumentar-se-á nos corações o conhecimento do Amor. O caule, despojado, não será mais nada. Um fio de palha queimada. Mas, quanto bem advirá do seu sacrifício! E, pelo seu sacrifício, quanta recompensa!

Jesus havia parado um instante, diante de uma fina espiga nascida à beira do caminho, num pequeno rego que, em tempos de chuva, talvez fôsse um riacho. Depois prosseguiu, sendo sempre ouvido por João em sua costumeira pose de namorado, que bebe não só as palavras, mas os gestos do amado.

Os outros, que falam entre si, nem percebem aquele doce colóquio. Acabam de chegar ao pomar, e param, reunindo-se todos. O calor é tal, que eles suam, não obstante estejam sem os mantos. Calam-se e ficam esperando.

88.3

Da densa escuridão, que a lua agora começa a iluminar, surge o vulto claro de Levi e, atrás, um outro mais escuro:

– Mestre, aqui está Jonas.

– A minha paz esteja contigo! –saúda Jesus, antes mesmo que Jonas o alcance.

Mas Jonas não responde. Corre e se lança chorando aos seus pés e os beija. Quando pode falar, diz:

– Quanta espera por Ti! Quanta! Quanto desgosto sentir a vida passar, a morte chegar, e ter que dizer: “Eu não o vi!” Contudo, nem toda a esperança estava morrendo. Nem mesmo quando estive para morrer. “Ela tinha dito: ‘Vós ainda o servireis’, e Ela não pode ter dito uma coisa que não seja verdade. É a Mãe do Emanuel. Por isso ninguém mais do que Ela tem Deus consigo, sabe o que é de Deus.”

– Levanta-te. Ela te manda saudações. Moraste perto dela e agora estás também morando perto. Nazaré a hospeda.

– Tu! Ela! Em Nazaré? Oh! Se eu o tivesse sabido! De noite, nos frios meses gelados, quando dorme o campo e os malvados não podem prejudicar os cultivadores, eu teria ido, correndo, beijar vossos pés, e teria voltado de lá com o tesouro de uma certeza. Por que não te manifestaste, Senhor?

– Porque não era hora ainda. Agora, a hora chegou. É preciso saber esperar. Tu disseste: “Nos meses gelados, quando o campo dorme.” No entanto já está semeado, não é verdade? Pois bem, Eu também era como o grão já semeado. E tu me havias visto no ato da semeadura. Depois, Eu desapareci. Sepultado debaixo de um necessário silêncio. Para crescer e chegar ao tempo da seara, brilhando aos olhos de quem me tinha visto Recém-Nascido, e aos olhos do mundo. Este tempo chegou. Agora o Recém-Nascido está pronto para ser o Pão do mundo. E, em primeiro lugar, procuro os meus fiéis, dizendo-lhes: “Vinde. Alimentai-vos de Mim.”

O homem o escuta, sorrindo feliz, e continua a dizer, como se estivesse falando consigo mesmo:

– Oh! Estás mesmo aí! Estás mesmo aí!

– Estivestes para morrer? Quando?

– Quando eu fui fustigado até quase morrer, porque me tinham saqueado duas vinhas. Olha quantas feridas! Abaixa a veste e mostra as costas marcadas por cicatrizes irregulares. Ele me bateu com um açoite de ferro. Contou os cachos apanhados — via-se onde o pedúnculo tinha sido arrancado — e me deu uma vergastada por cada cacho. E depois, deixou-me lá, semimorto. Maria me socorreu, a jovem esposa de um meu companheiro, que sempre me quis bem. Seu pai era o feitor antes de mim, e eu, quando vim para aqui, me afeiçoei à menina, porque se chamava Maria. Cuidou de mim, e me curei, depois de dois meses, pois, com o calor, as feridas haviam se agravado, e me causavam febre alta. Eu disse ao Deus de Israel: “Não importa. Faz que eu reveja o teu Messias. Não me importa este mal. Aceita-o como um sacrifício. Não posso mais oferecer-te outros sacrifícios. Sou servo de um homem cruel e Tu o sabes. Nem mesmo na Páscoa ele me permite ir ao teu altar. Toma-me como hóstia, mas em troca dá-me Ele!”

88.4

– E o Altíssimo te fez contente. Jonas, queres servir-me, como os teus companheiros já fazem?

– Oh! Como farei?

– Como eles fazem. Levi sabe, e te dirá quanto é simples servir-Me. Quero só a tua boa vontade.

– A boa vontade te dei, desde os teus primeiros balbucios. Por ela, tudo superei, tanto os desânimos, como os ódios. Aqui não se pode falar muito… O patrão uma vez me chutou, porque eu insistia que Tu já estavas aqui. Mas, quando ele estava longe, eu contava o prodígio daquela noite às pessoas que podia confiar.

Agora contarás então o prodígio deste meu encontro. Encontrei-vos quase todos, e todos fiéis. Não é isto um prodígio? Só por me terdes contemplado com fé e amor, vos tornastes justos aos olhos de Deus e dos homens.

– Oh! Agora terei coragem! Muita coragem! Agora eu sei que estás aqui e posso dizer: “Ele está lá. Ide a Ele!…” Mas onde, meu Senhor?

– Por todo Israel. Até setembro, estarei na Galileia. Nazaré e Cafarnaum me terão frequentemente e lá poderás encontrar-me. Depois… estarei por toda parte. Eu vim para reunir as ovelhas de Israel.

– Oh! Meu Senhor! Encontrarás muitos bodes. Desconfia dos grandes de Israel!

– Não me farão nada de mal, enquanto não chegar a hora. E tu, aos mortos, aos que estão dormindo, e aos vivos, irás dizer: “O Messias está entre nós.”

– Aos mortos, Senhor?

– Aos mortos da alma. Os outros, os justos mortos no Senhor já vibram de alegria por causa de sua próxima libertação do limbo. Diz aos mortos: “Eu sou a Vida.” Diz aos que estão dormindo: “Eu sou o Sol que surge, para fazê-los despertar do sono.” Diz aos vivos: “Eu sou a Verdade que eles procuram.”

– E curas também os doentes? Levi falou-me de Isaque. Foi só para ele que fizeste um milagre, por ser um dos teus pastores, ou fazes para todos?

– Para os bons, o milagre é como um justo prêmio. Para os menos bons, é para impeli-los à verdadeira bondade. Para os maus também, às vezes para sacudi-los e persuadi-los de que Eu sou, e que Deus está Comigo. O milagre é um dom. E o dom é para os bons. Mas Aquele que é Misericórdia, e vê como a natureza humana arca sob uma pesada carga, sem poder ser removida, a não ser por algum acontecimento poderoso, recorre também a isso, para dizer: “Tudo eu fiz convosco, e nada valeu. Dizei portanto, vós mesmos, que Eu vos devo fazer ainda.”

88.5

– Senhor, não te aborrece entrar em minha casa? Se me garantes que nenhum ladrão entrará nas propriedades, eu queria hospedar-te, e chamar os poucos que te conhecem pela minha palavra para encontrar-Te. O patrão nos tem torcido e moído, como caules desprezíveis. Nós temos somente a esperança de um prêmio eterno. Mas, se Tu te manifestas aos corações humilhados, eles terão em si uma outra força.

– Eu vou. Não te preocupes com as plantas e os vinhedos. Serás capaz de crer que os anjos farão uma guarda fiel?

– Oh! Senhor! Já pude ver os teus servos celestes. Creio. E vou Contigo cheio de segurança. Benditas estas plantas e estas vinhas que sentirem o vento e a canção de asas e vozes angélicas! Bendito este chão que santificas com o teu pé! Vem, Senhor Jesus! Ouvi, ó plantas e videiras! Ouvi, ó glebas! Aquele Nome que a vós confiei para a minha paz, eu o digo a Ele. Jesus está aqui. Ouvi, e pelos ramos e sarmentos suba exultante a seiva. O Messias está conosco.

Tudo termina com estas alegres palavras.