The Writings of Maria Valtorta

177. La guérison du serviteur du centurion.

177. The healing of the centurion’s servant.

177.1

Jésus, venant de la campagne, entre à Capharnaüm. Il est accompagné des douze ou plutôt des onze apôtres, car Jean n’est pas là. Salutations habituelles des gens sur une gamme très variée d’expressions, depuis celles toutes simples des enfants à celles un peu timides des femmes, de celles extatiques des miraculés, jusqu’aux salutations curieuses ou ironiques. Il y en a pour tous les goûts. Et Jésus répond à tous, de la même façon dont il est salué : des caresses pour les enfants, des bénédictions pour les femmes, des sourires aux miraculés, et une marque de profond respect pour les autres.

Mais, cette fois, aux salutations ordinaires s’unit celle du centurion de l’endroit, je crois. Il le salue de son : « Ave, Maître ! » auquel Jésus répond :

« Que Dieu vienne à toi. »

Pendant que la foule s’approche, curieuse de voir comment va se passer la rencontre, le romain poursuit :

« Cela fait plusieurs jours que je t’attends. Tu ne me reconnais pas, mais j’étais parmi ceux qui t’écoutaient sur la montagne. J’étais habillé en civil. Tu ne me demandes pas pourquoi j’étais venu ?

– Je ne te le demande pas. Que veux-tu de moi ?

– Nous avons l’ordre de surveiller ceux qui font des rassemblements. Trop souvent, Rome a dû regretter d’avoir autorisé des réunions honnêtes en apparence. Mais, en te voyant et en t’entendant, j’ai pensé à toi comme à… comme à…

177.2

J’ai un serviteur malade, Seigneur. Il gît dans ma maison sur son lit, paralysé par une maladie osseuse, et il souffre terriblement. Nos médecins ne le guérissent pas. J’ai invité les vôtres à venir, car ce sont des maladies qui viennent de l’air corrompu de ces régions et vous savez les soigner par les herbes du sol fiévreux de la rive où stagnent les eaux avant d’être absorbées par le sable de la mer. Ils ont refusé de venir. Cela me fait beaucoup de peine, parce que c’est un serviteur fidèle.

– Je viendrai et te le guérirai.

– Non, Seigneur. Je ne t’en demande pas tant. Je suis païen, une ordure pour vous. Si les médecins juifs craignent de se contaminer en mettant les pieds dans ma maison, à plus forte raison ce serait contamination pour toi qui es divin. Je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. Mais si, d’ici, tu dis un seul mot, mon serviteur guérira car tu commandes à tout ce qui existe. Moi, je suis un homme soumis à de nombreuses autorités, dont la première est César, pour lesquelles je dois faire, penser, agir comme on me l’ordonne, et je peux, à mon tour, donner des ordres aux soldats que j’ai sous mes ordres ; et si je dis à l’un : “ Va ”, à l’autre : “ Viens ”, et au serviteur : “ Fais ceci ”, le premier va où je l’envoie, le second vient parce que je l’appelle, le troisième fait ce que je dis. Toi qui es Celui qui est, tu seras immédiatement obéi par la maladie et elle s’en ira.

– La maladie n’est pas un homme…, objecte Jésus.

– Toi non plus, tu n’es pas un homme, tu es l’Homme. Tu peux donc même commander aux éléments et aux fièvres, car tout est soumis à ton pouvoir. »

177.3

Des notables de Capharnaüm prennent Jésus à part et lui disent :

« C’est un romain, certes, mais écoute-le, car c’est un homme de bien qui nous respecte et nous rend service. Pense que c’est lui qui a fait construire la synagogue et qu’il tient en respect ses soldats pour qu’ils ne se moquent pas de nous pendant le sabbat. Accorde-lui donc cette grâce par amour pour ta ville, pour qu’il ne soit pas déçu et fâché, et pour que son affection pour nous ne se tourne pas en haine. »

Jésus, après les avoir tous écoutés, se tourne en souriant vers le centurion :

« Pars en avant, j’arrive. »

Mais le centurion répète :

« Non, Seigneur, je te l’ai dit : ce serait un grand honneur pour moi si tu entrais sous mon toit, mais je ne mérite pas tant. Dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri.

– Qu’il en soit donc ainsi. Va avec foi. En cet instant même, la fièvre le quitte et la vie revient dans ses membres. Fais en sorte qu’à ton âme aussi vienne la Vie. Va. »

Le centurion salue militairement, s’incline et part.

177.4

Jésus le regarde s’éloigner, puis il se tourne vers l’assistance :

« En vérité, je vous dis que jamais je n’ai trouvé autant de foi en Israël. Ah ! C’est pourtant vrai [1]! “ Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans l’obscure région de la mort, la lumière a resplendi ”, et encore : “ Le Messie, après avoir levé sa bannière sur les nations, les réunira. ” Ah, mon Royaume ! Vraiment, des multitudes afflueront vers toi ! Ceux qui viendront à toi seront plus nombreux que tous les chameaux et les dromadaires de Madiân et d’Epha, et que les porteurs d’or et d’encens de Saba, plus nombreux que tous les troupeaux de Qédar et que les béliers de Nebayot, et mon cœur se dilatera de joie en voyant venir à moi les peuples de la mer et la puissance des nations. Les îles m’attendent pour m’adorer et les fils d’étrangers construiront les murs de mon Eglise dont les portes resteront toujours ouvertes pour accueillir les rois et la puissance des nations, et pour les sanctifier en moi. Ce qu’Isaïe a vu, cela s’accomplira ! Je vous assure que beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et ils siégeront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des Cieux, tandis que les fils du Royaume seront jetés dans les ténèbres extérieures, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents.

– Tu prophétises donc que les païens seront égaux aux fils d’Abraham ?

– Non pas égaux, mais supérieurs. Ne le regrettez pas, car c’est votre faute. Ce n’est pas moi, mais les prophètes qui l’an­noncent, et déjà les signes le confirment.

177.5

Maintenant, que quelques-uns d’entre vous aillent à la maison du centurion pour constater la guérison de son serviteur, comme la foi du romain le méritait. Venez. Peut-être que chez moi, des malades attendent ma venue. »

Jésus, accompagné des apôtres et de quelques autres, se dirige vers la maison où il demeure habituellement quand il se trouve à Capharnaüm. Curieux et bruyants, la plupart se précipitent au domicile du centurion.

177.1

Jesus enters Capernaum coming from the country. Only the Twelve are with Him, or rather, only eleven apostles, as John is not there. The usual greetings of the crowd form a vast range of expressions, from the entirely simple ones of children, to the rather shy ones of women, to the enraptured ones of people cured miraculously, and those which are either curious or ironical. There are enough to satisfy all tastes. And Jesus replies to everybody according to how He is greeted: caressing the little ones, blessing the women, smiling at those cured miraculously, and with deep respect for the others.

But this time the series is completed by the greeting of a centurion of the town, I think. He greets Him: «Hail, Master!» to which Jesus replies: «May God come to you.»

While the crowd draws close to see the outcome of the meeting, the centurion continues: «I have been waiting for You for several days. You do not recognise me as one of those who were listening to You on the Mount. I was wearing plain clothes. Are You not asking me why I went there?»

«No, I am not, but what do you want from Me?»

«I have instructions to follow those who hold meetings, because too often Rome has had to regret having granted permission for apparently honest meetings. But seeing and listening to You, I thought of You as a… as a…

177.2

I have a servant who is ill, Lord. He is lying in my house, in his bed, paralyzed by a disease of the bones and he suffers dreadfully. Our doctors cannot cure him. Your doctors refuse to come. I invited them to come because it is a disease caused by the corrupt air of this area and they know how to cure it with the herbs of the feversome soil of the shore where the water stagnates before being absorbed by the sand of the sea. I am very sorry because he is a faithful servant.»

«I will come and cure him.»

«No, my Lord. I am not asking You to go to all that trouble. I am a heathen, filth, as far as you are concerned. If the Jewish doctors are afraid of becoming contaminated by coming to my house, all the more reason it would contaminate You, Who are divine. I am not worthy that You should enter under my roof, but if You say only one word here, my servant will be cured because You rule over everything. Now if I, who am subject to my authorities, the first being Caesar, for whom I must act, think and behave as I am told, can in turn order soldiers under me, and if I say to one: “Go” to another: “Come” and to a servant: “Do that”, the first one will go where I send him, the other will come because I call him, and the third will do what I tell him, You, as You are Who You are, will be immediately obeyed by the disease, which will vanish.»

«But the disease is not a man…» objects Jesus.

«Neither are You a man, You are the Man. You can therefore give orders to elements and fevers, because everything is subject to Your power.»

177.3

Some elders of Capernaum take Jesus aside and say to Him: «He is a Roman, but listen to him because he is an honest man who respects and helps us. It was he who built our synagogue and he has given strict instructions to his soldiers not to gibe at us on Sabbaths. Grant him, therefore, the grace, for the sake of Your town so that he may not be disappointed and irritated, and his fondness for us may not turn into hatred.»

And Jesus, after listening to them, turns around smiling at the centurion and says: «Go ahead and I will come after you.»

But the centurion says once again: «No, my Lord, I have told You: it would be a great honour if You entered under my roof, but I do not deserve so much; say only one word and my servant will be cured.»

«Let it be so. Go and have faith. This very moment the fever is leaving him and life is flowing back into his limbs. Endeavour to get Life to come also to your soul. Go.»

The centurion salutes, then bows and goes away.

177.4

Jesus watches him go away, then turns to the people present and says: «I solemnly tell you that I did not find so much faith in Israel. Oh! It is quite true[1]! “The people that walked in darkness saw a great light; on those who live in a land of deep shadow a light has shone”, and also “The Messiah will hoist His flag over the nations and gather them together”. Oh! My Kingdom! They will really flow to you in immense numbers! More numerous than all the camels and dromedaries of Madian and Ephah, than those who bring the gold and incense of Sheba, more numerous than all the flocks of Kedar and the rams of Nebaioth, will be those who come to you and My heart will exult with joy seeing all the peoples of the sea and the wealth of the nations coming to Me. The islands are waiting for Me to adore Me, and the children of foreigners will build the walls of My Church, the gates of which will lie open continually to receive the kings and the wealth of the nations and sanctify them in Me. What Isaiah saw, will be accomplished! I tell you that many will come from the east and the west and will sit with Abraham, Isaac and Jacob in the Kingdom of Heaven, whereas the children of the Kingdom will be thrown out into the dark, where there will be weeping and grinding of teeth.»

«You therefore foretell that the gentiles will be equal to the children of Abraham?»

«Not equal, but greater. You can only regret that it is due to your fault. Not I, but the Prophets say so, and the signs already confirm it.

177.5

Now some of you should go to the house of the centurion and ascertain that his servant is cured as the faith of the Roman deserved. Come. Perhaps in the house there are some sick people waiting for Me.»

Jesus with the apostles and a few more people turns His steps towards the usual house where He stays when in Capernaum, while most of the people, driven by curiosity, rush towards the centurion’s house making a great noise.


Notes

  1. c’est pourtant vrai ce que l’on peut lire en : Is 9, 1 ; 11, 12. Ce qui est prophétisé en Is 60, 6-11 s’accomplira.

Notes

  1. It is quite true; what is said in Isaiah 9:1; 11:12; 60:6-11.