The Writings of Maria Valtorta

184. Le petit Benjamin de Magdala et deux paraboles sur le Royaume des Cieux.

184. The Little Benjamin of Magdala and

184.1

Le miracle doit avoir eu lieu récemment car les apôtres en parlent, et des citadins le commentent en montrant du doigt le Maître qui, droit et sévère, se dirige vers la périphérie de la ville, vers le quartier des pauvres.

Il s’arrête près d’une maisonnette d’où sort en sautillant un petit garçon suivi de sa mère.

« Femme, me laisses-tu entrer dans ton jardin et y faire une pause jusqu’à ce que le soleil soit moins ardent ?

– Entre, Seigneur, même dans la cuisine si tu veux. Je t’apporterai de l’eau et de quoi te restaurer.

– Ne te fatigue pas. Il me suffit de rester dans ce jardin tranquille. »

Mais la femme veut lui offrir de l’eau mélangée à je ne sais quoi, puis elle va et vient dans le jardin, comme si elle voulait parler, mais elle n’ose pas. Elle s’occupe de ses légumes, mais c’est pour donner le change. En réalité, elle s’occupe du Maître, et l’enfant la gêne quand il pousse des cris à la capture d’un papillon ou d’un autre insecte, car cela l’empêche d’entendre ce que dit Jésus. Elle s’impatiente et donne une taloche au petit garçon… qui crie encore plus fort.

A cette question de Simon le Zélote « Crois-tu que Marie en soit émue ? », Jésus était en train de répondre :

« Plus qu’il ne semble… » Il se retourne et appelle à lui l’enfant qui accourt pour finir de pleurer sur ses genoux.

La femme crie :

« Benjamin ! Viens ici, ne dérange pas. »

Mais Jésus dit :

« Laisse-le, laisse-le. Il sera gentil et te laissera tranquille. »

Puis il se tourne vers l’enfant :

« Ne pleure pas. Ta maman ne t’a pas fait mal. Elle t’a seulement fait obéir, elle voulait seulement te faire obéir. Pourquoi criais-tu alors qu’elle voulait le silence ? Elle se sent peut-être mal et tes cris l’incommodent. »

Avec cette franchise incomparable des enfants qui fait le désespoir des grandes personnes, le petit garçon rétorque :

« Non, elle ne se sent pas mal, mais elle voulait entendre ce que tu disais… Elle me l’a dit. Mais moi, je voulais venir auprès de toi, et je faisais du vacarme exprès pour que tu me regardes. »

Tout le monde rit, et la femme rougit violemment.

« Ne rougis pas, femme.

184.2

Approche. Tu voulais m’entendre parler ? Pourquoi donc ?

– Parce que tu es le Messie. Ce ne peut-être que toi, le Messie, avec le miracle que tu as fait… J’avais plaisir à t’entendre. Je ne sors jamais de Magdala car j’ai… un mari difficile et cinq enfants. Le plus petit a quatre mois… et tu ne viens jamais ici.

– Je suis venu, et chez toi, comme tu vois.

– C’est pour cela que je voulais t’entendre.

– Où se trouve ton mari ?

– En mer, Seigneur. S’il ne pêche pas, on ne mange pas. Je n’ai que ce petit jardin. Peut-il suffire pour sept personnes ? Et pourtant Zachée le voudrait bien…

– Sois patiente, femme. Tout le monde a sa croix.

– Oh non ! Les femmes dévergondées n’ont que le plaisir. Tu as vu leur travail ! Elles s’amusent et font souffrir. Elles ne se fatiguent pas à élever des enfants et à travailler. Elles n’attrapent pas des ampoules en piochant ou elles ne s’écorchent pas les mains à faire la lessive. Elles sont belles, fraîches. La condamnation d’Eve ne les concerne pas. Elles sont plutôt notre condamnation, car… les hommes… Tu me comprends.

– Je te comprends. Mais sache qu’elles ont elles aussi une croix redoutable. La plus redoutable. Celle qui ne se voit pas. Celle de la conscience qui les condamne, du monde qui les méprise, de leur sang qui les rejette, de Dieu qui les maudit. Elles ne sont pas heureuses, crois-moi. Elles ne se fatiguent pas à enfanter et à travailler, elles ne se blessent pas les mains à la besogne. Mais elles se sentent tout autant brisées, avec la honte en plus. Leur cœur n’est qu’une plaie. N’envie pas leur bonne mine, leur fraîcheur, leur apparente sérénité. C’est un voile posé sur une ruine pleine de remords et qui ne leur donne pas la paix. N’envie pas leur sommeil, toi qui, en mère honnête, songes à tes innocents… Pour elles, c’est le cauchemar qui les attend sur leur oreiller. Et plus tard, quand elles arriveront à la vieillesse ou à l’agonie, le remords et la terreur.

– C’est vrai… Pardonne-moi…

184.3

Me permets-tu de rester ici ?

– Reste. Nous raconterons une belle parabole à Benjamin et ceux qui ne sont plus des enfants se l’appliqueront à eux-mêmes et à Marie de Magdala. Ecoutez.

Vous doutez que Marie revienne au bien. Aucun signe, en elle, n’indique qu’elle fera ce pas. Dévergondée et impudente, consciente de sa situation et de son pouvoir, elle a osé défier les gens et venir jusqu’au seuil de la maison où l’on pleure par sa faute. Elle a répondu au reproche de Pierre par un éclat de rire. Devant mon regard qui l’invite, elle se raidit orgueilleusement. Vous auriez peut-être voulu, les uns par amour pour Lazare, les autres par amour pour moi, que je lui parle directement, longuement, en la subjuguant par ma puissance, en faisant voir ma force de Messie Sauveur. Non. Il ne faut pas. Je l’ai dit[1] à propos d’une autre pécheresse, il y a plusieurs mois. Les âmes doivent se faire par elles-mêmes. Moi, je passe, je jette la semence. Secrètement la semence travaille. L’âme doit être respectée dans son travail. Si la première semence ne s’enracine pas, on en sème une autre, et encore une autre… ne renonçant que lorsqu’on a des preuves certaines de l’inutilité de l’ensemencement. Et on prie. La prière, c’est comme la rosée sur les mottes de terre : elle les garde souples et bien nourries, si bien que la semence peut germer. N’en fais-tu pas autant, femme, avec tes légumes ?

184.4

Maintenant, écoutez la parabole de l’œuvre de Dieu dans les cœurs pour fonder son Royaume, car chaque cœur est un petit royaume de Dieu sur la terre. Ensuite, après la mort, tous ces petits royaumes s’agglomèrent en un seul, dans le Royaume des Cieux, Royaume sans bornes, saint, éternel.

Le Royaume de Dieu dans les cœurs est créé par le divin Semeur. Il vient dans son domaine – l’homme appartient à Dieu car tout homme lui appartient dès son origine – et il l’ensemence. Puis il s’en va vers d’autres domaines, vers d’autres cœurs. Les jours succèdent aux nuits et les nuits aux jours. Les jours amènent le soleil et la pluie – dans ce cas, le rayonnement de l’amour divin et l’effusion de la sagesse divine qui parle à l’âme –. Les nuits amènent les étoiles et le silence reposant – dans notre cas, les rappels lumineux de Dieu et le silence pour l’esprit afin de permettre à l’âme de se recueillir et de méditer.

La semence, dans cette succession d’imperceptibles influences providentielles et puissantes, se gonfle, se fend, étend des racines, les enfonce, pousse à l’extérieur les premières petites feuilles, et croît. Tout cela sans l’aide de l’homme. La terre produit spontanément l’herbe issue de la semence, puis l’herbe se fortifie et porte l’épi qui se lève, se dresse, se gonfle, se durcit, devient blond, dur, parfait dans la formation du grain. Quand il est mûr, le semeur revient et y passe la faux parce qu’est venu pour cette semence le moment du parfait achèvement. L’épi ne pourrait se développer davantage et il est temps de le moissonner.

Dans les cœurs, ma parole accomplit le même travail. Je parle des cœurs qui accueillent la semence. Mais ce travail est lent. Il faut éviter de tout abîmer par des interventions intempestives. Comme c’est dur, pour la petite semence, de se fendre et d’enfoncer ses racines dans la terre ! Pour le cœur dur et sauvage, ce travail est difficile aussi. Il doit s’ouvrir, se laisser fouiller, accueillir des nouveautés, peiner pour les nourrir, apparaître différent parce que recouvert de choses humbles et utiles et non plus de l’attrayante, pompeuse, inutile et exubérante floraison qui le revêtait précédemment. Il doit se contenter de travailler humblement, sans attirer l’admiration, pour le bien de l’Idée divine. Il doit mettre en œuvre toutes ses capacités pour croître et former l’épi. Il doit se consumer d’amour pour devenir grain. Et, après avoir triomphé des respects humains si pénibles, après avoir peiné et souffert pour s’adapter à son nouveau vêtement, il doit encore s’en dépouiller pour subir une taille cruelle. Tout donner pour tout avoir. Rester nu, pour être revêtu au Ciel du vêtement des saints. La vie du pécheur qui devient saint est le plus long, le plus héroïque, le plus glorieux des combats. Je vous l’affirme.

184.5

Ce que je viens de vous dire doit vous aider à comprendre que mon attitude à l’égard de Marie est juste. Est-ce que j’ai agi autrement avec toi, Matthieu ?

– Non, mon Seigneur.

– Et dis-moi la vérité : est-ce ma patience qui t’a davantage persuadé ou les reproches acerbes des pharisiens ?

– C’est ta patience, au point que me voilà ici. Les pharisiens, par leur mépris et leurs anathèmes, me rendaient méprisant et par mépris, j’agissais encore plus mal que je ne l’avais fait jusqu’alors. Voici ce qui arrive : on se raidit davantage quand, étant dans le péché, on s’entend traiter de pécheur. Mais quand, au lieu d’une insulte, c’est une caresse qu’on reçoit, on en reste stupéfait, puis on pleure… et, quand on pleure, l’armature du péché se déboulonne et tombe. On reste nu devant la Bonté et on la supplie de tout cœur de nous revêtir d’elle-même.

– Tu as bien parlé.

184.6

Benjamin, est-ce que cette histoire te plaît ? Oui ? Bravo ! Et ta maman, où est-elle ? »

C’est Jacques, fils d’Alphée, qui répond :

« A la fin de la parabole, elle est sortie et elle est partie au pas de course par cette rue.

– Elle est peut-être allée à la mer pour voir si son époux arrivait, dit Thomas.

– Non. Elle est allée chez sa veille mère pour y chercher mes frères. Maman les conduit là-bas pour pouvoir travailler, dit l’enfant qui s’appuie en toute confiance sur les genoux de Jésus.

– Et toi, tu restes ici, homme ? Tu dois être un bel aspic, si elle te garde toi seul ! Observe Barthélemy.

– Je suis le plus grand et je l’aide…

– A gagner son paradis, pauvre femme ! Quel âge as-tu ? demande Pierre.

– Dans trois ans, je serai fils de la loi, répond fièrement le gamin.

– Sais-tu lire ? demande Thaddée.

– Oui… mais je progresse lentement parce que… parce que le maître me met à la porte presque tous les jours…

– Je l’avais bien dit ! Lance Barthélemy.

– Mais je fais ça parce que le maître est vieux et laid et il dit toujours les mêmes choses qui font dormir ! S’il était comme lui (et il montre Jésus), je serais attentif. Est-ce que tu frappes, toi, ceux qui dorment ou qui jouent ?

– Je ne frappe personne, mais je dis à mes élèves : “ Soyez attentifs, pour votre bien et par amour pour moi ”, répond Jésus.

– Oui, c’est ça ! Par amour, oui. Pas par peur.

– Si tu deviens bon, le maître t’aimera.

– Tu n’aimes que celui qui est bon ? Il y a un instant, tu as dit que tu t’es montré patient envers celui qui n’était pas bon… »

La logique des enfants est rigoureuse…

« Je suis bon avec tous. Mais j’aime beaucoup, beaucoup, celui qui devient bon et avec lui je suis vraiment, vraiment bon. »

L’enfant réfléchit, puis il lève la tête et demande à Matthieu :

« Toi, comment as-tu fait pour devenir bon ?

– Je l’ai aimé. »

184.7

L’enfant réfléchit encore, puis il regarde les douze et dit à Jésus :

« Ils sont tous bons, eux ?

– Bien sûr qu’ils le sont !

– Tu en es certain ? Parfois, je suis sage, mais c’est quand je veux faire… de plus grosses bêtises. »

Tout le monde rit bruyamment. Le petit bonhomme en veine de franchise se mêle à ces rires. Même Jésus rit, il le serre sur son cœur et lui donne un baiser.

L’enfant, qui désormais est bien avec tout le monde, veut jouer et dit :

« Maintenant je vais te dire qui est bon. »

Et il commence son choix. Il les observe tous et va directement vers Jean et André, qui sont proches, et dit :

« Toi et toi, venez ici. »

Puis il choisit les deux Jacques et les réunit aux deux premiers. Il prend ensuite Jude. Il reste très pensif devant Simon le Zélote et Barthélemy et dit :

« Vous êtes vieux, mais vous êtes bons. »

Il les réunit eux aussi aux autres. Il examine Pierre, qui subit ce test en faisant des œillades comiques, et il le trouve bon. Matthieu aussi passe l’examen, et Philippe de même. A Thomas, il dit :

« Tu ris trop. Moi, je suis sérieux. Ne sais-tu pas que mon maître dit que celui qui rit toujours ratera son examen ? »

Mais en somme, Thomas passe aussi, avec une mauvaise note mais il est reçu à l’examen. Puis l’enfant retourne vers Jésus.

« Eh, dis donc, gamin, il y a encore moi. Je ne suis pas un arbre. Je suis jeune et beau. Pourquoi ne m’examines-tu pas ? dit Judas.

– Parce que tu ne me plais pas. Maman dit que quand quelque chose ne plaît pas, on ne doit pas y toucher. On le laisse sur la table, pour que d’autres, à qui cela peut plaire, puissent le prendre. Et elle ajoute que, si quelqu’un nous offre quelque chose qui ne plaît pas, on ne doit pas dire : “ Cela ne me plaît pas ”, mais : “ Merci, je n’ai pas faim. ” Moi, je n’ai pas faim de toi.

– comment ? Regarde : si tu me dis que je suis bon, je t’offre cette pièce de monnaie.

– Qu’est-ce que j’en ferais ? Qu’est-ce qu’on achète avec un mensonge ? Maman dit que les deniers qu’on gagne par une tromperie deviennent de la paille. Une fois, je me suis fait donner par ma grand-mère, grâce à un mensonge, une didrachme pour m’acheter des fouaces au miel et, pendant la nuit, elle est devenue de la paille. Je l’avais mise dans ce trou sous la porte pour la prendre le matin et j’y ai trouvé une botte de paille.

– Mais pourquoi est-ce que je ne te semble pas bon ? Qu’est-ce que j’ai ? Le pied fourchu ? Suis-je laid ?

– Non, mais tu me fais peur.

– pourquoi donc ? demande Judas en s’approchant de lui.

– Je ne sais pas. Laisse-moi tranquille. Ne me touche pas, sinon je te griffe.

– Quel hérisson ! Il est fou. »

Judas rit jaune.

« Je ne suis pas fou. C’est toi qui es méchant. »

Sur ce, il court se réfugier sur le sein de Jésus qui le caresse sans mot dire.

Les apôtres échangent des plaisanteries sur l’incident, qui est peu reluisant pour Judas.

184.8

Pendant ce temps, la femme revient avec une douzaine de personnes, puis d’autres et encore d’autres. Elles sont une cinquantaine environ. Rien que de pauvres gens.

« Accepterais-tu de leur parler ? Au moins un petit peu. Celle-ci, c’est la mère de mon mari et voilà mes enfants. Cet homme-là, c’est mon époux. Dis un mot, Seigneur, supplie la femme.

– Pour te remercier de ton hospitalité, oui, je vais parler. »

La femme entre dans la maison où le bébé la réclame, puis elle s’assied sur le seuil pour lui donner le sein.

« Ecoutez : j’ai ici sur les genoux un garçon qui a parlé avec beaucoup de sagesse. Il a dit : “ Tout ce qu’on obtient par tromperie devient de la paille. ” Sa mère lui a enseigné cette vérité. Ce n’est pas une fable. C’est une vérité éternelle. Ce qu’on fait sans honnêteté ne réussit jamais. En effet, mentir en parole, en acte, en matière de religion, est toujours le signe d’une alliance avec Satan, le maître du mensonge.

Ne croyez pas que les œuvres qui permettent d’obtenir le Royaume des Cieux sont bruyantes et tapageuses. Ce sont des actions ordinaires, communes, mais faites dans un but surnaturel d’amour. L’amour, c’est la semence de la plante qui, naissant en vous, s’élève jusqu’au ciel et c’est à son ombre que naissent toutes les autres vertus. Je le comparerai à une minuscule graine de sénevé. Comme elle est petite ! C’est même l’une des plus petites que l’homme sème. Et pourtant, une fois la plante développée, voyez comme elle devient forte, touffue, et combien de fruits elle donne ! Non pas cent pour cent, mais cent pour un. C’est la plus petite, mais la plus active. Et que de profit elle vous donne !

Il en va de même de l’amour. Si vous enfermez dans votre sein une semence d’amour pour notre Dieu très saint et pour votre prochain, et si vos actions sont inspirées par l’amour, vous ne manquerez à aucun précepte du Décalogue. Vous ne mentirez pas à Dieu par une religion fausse faite de pratiques et non de spiritualité. Vous ne mentirez pas à votre prochain en vous conduisant en enfants ingrats, en époux adultères ou même seulement trop exigeants, en commerçants malhonnêtes, en menteurs dans la vie, en personnes violentes envers qui vous est hostile. Regardez combien d’oiseaux, à cette heure chaude, se réfugient dans les feuillages de ce jardin. D’ici peu, cette plante de sénevé, encore petite maintenant, sera un vrai perchoir. Tous les oiseaux viendront à l’abri et à l’ombre de ces plantes si touffues et si hospitalières. Les petits oiseaux apprendront à voler en sécurité dans ces rameaux qui servent d’échelles pour monter et de filet pour éviter la chute. Il en est ainsi de l’amour, base du Royaume de Dieu.

Aimez et l’on vous aimera. Aimez et vous serez compatissants. Aimez et vous ne serez pas cruels en exigeant plus qu’il n’est permis de ceux qui vous sont soumis. Amour et sincérité pour obtenir la paix et la gloire des Cieux. Sinon, comme l’a dit Benjamin, tous vos actes accomplis en mentant à l’amour et à la vérité se changeront en paille pour votre lit infernal.

Je ne vous en dis rien de plus. Je vous dis seulement : gardez présent à l’esprit le grand précepte de l’amour et soyez fidèles à Dieu Vérité et à la vérité en toute parole, acte et sentiment, car la vérité est fille de Dieu. Ce doit être un continuel travail de perfectionnement de votre part, comme la semence qui croît jusqu’à ce qu’elle atteigne sa perfection. Un travail silencieux, humble, patient. Soyez certains que Dieu voit vos combats et vous récompense davantage pour un égoïsme vaincu, pour une vilaine parole que vous retenez, pour une exigence qui ne s’impose pas, que si, armés pour la lutte, vous mettiez à mort l’ennemi. Le Royaume des Cieux, dont vous serez les possesseurs si vous vivez en justes, se construit par les petites réalités quotidiennes. Par la bonté, la modération, la patience, en se contentant de ce que l’on a, par la compassion réciproque, par l’amour, l’amour, l’amour.

Soyez bons. Vivez en paix les uns avec les autres. Ne murmurez pas. Ne jugez pas. Dieu sera alors avec vous. Je vous donne ma paix comme bénédiction et comme remerciement de la foi que vous avez en moi. »

184.9

Puis Jésus s’adresse à la femme :

« Que Dieu te bénisse tout particulièrement, car tu es une sainte épouse et une sainte mère. Persévère dans la vertu. Adieu, Benjamin. Aime toujours plus la vérité et obéis à ta mère. Je te donne ma bénédiction, à toi, à tes frères et à toi, mère. »

Un homme s’avance ; il est confus et balbutie :

« Mais, mais… je suis ému de ce que tu dis de mon épouse… Je ne savais pas…

– N’as-tu donc pas d’yeux pour voir, et n’as-tu aucune intelligence ?

– Si.

– Pourquoi ne t’en sers-tu pas ? Tu veux que je les ouvre ?

– Tu l’as déjà fait, Seigneur. Je l’aime bien, tu sais. C’est que… on s’habitue… et… et…

– Et on se croit permis d’exiger trop parce que l’autre est meilleur que nous… Ne le fais plus. Tu es toujours en danger avec ton métier. Ne crains pas les bourrasques si Dieu est avec toi. Mais si c’est l’injustice, crains fortement. Tu as compris ?

– Plus que tu ne dis. Mais je chercherai à t’obéir… Je ne savais pas… »

Il regarde sa femme comme s’il la voyait pour la première fois.

Jésus bénit et sort sur la petite route. Il reprend son chemin vers la campagne.

184.1

The miracle must have taken place only a short while ago, because the apostles are talking about it, and also some citizens are making comments, pointing at the Master, Who with a serious countenance goes straight to the outskirts of the town, where the poor people live.

He stops at a little house, from which a little boy comes bounding out followed by his mother. «Woman, will you let Me go into your kitchen garden and rest there until it cools down a little?»

«Go in, my Lord. Also into the kitchen, if You so wish. I will bring You some refreshments.»

«Do not trouble. It is quite enough for Me to stay in this peaceful garden.»

But the woman offers Him some water mixed with I do not know what and then she wanders round the kitchen garden, as if she were anxious to but dare not speak. She busies herself with her vegetables, but it is only a pretence. In actual fact she is paying attention to the Master, but the little boy annoys her because everytime he catches a butterfly or an insect, he shouts and thus prevents her from hearing what Jesus is saying. She gets angry and gives him a little slap and… he shouts louder.

Jesus — Who was replying to the Zealot who had asked Him: «Do You think Mary is upset because of it?» saying: «Much more than you would think…» — turns around and calls the child, who runs towards Him and stops crying on His knees.

The woman shouts: «Benjamin! Come here. Do not disturb the Master.»

But Jesus says: «No, leave him. He will be good and will leave you in peace.» He then says to the boy: «Do not cry. Your mummy did not hurt you. She only made you obey, or, she wanted to make you obey. Why did you shout when she wanted you to be quiet? Perhaps she is not feeling well, and your shouting was annoying her.»

The boy, with the extreme frankness of children, which is the desperation of adults, immediately exclaims: «No, she is feeling all right. She wanted to hear what You were saying… She told me. But I wanted to come to You, so I was deliberately making a lot of noise, so that You would look at me.»

Everybody laughs and the woman blushes.

«Do not blush, woman.

184.2

Come here. You wanted to hear Me speak? Why?»

«Because You are the Messiah. No one but You can be the Messiah, considering the miracle You have worked… And I was anxious to hear You. I never go out of Magdala because I have… a difficult husband and five children. The youngest is four months old… and You never come here.»

«I have come, and to your house, as you can see.»

«That is why I wanted to hear You.»

«Where is your husband?»

«At sea, my Lord. If he catches no fish, there is no food for us. I have but this little kitchen garden. Can it suffice for seven people? And yet that is what Zacchaeus would like…»

«Be patient, woman. Everybody has a cross.»

«Oh! No! Shameless women have but pleasure. You have seen the deeds of the shameless ones! They enjoy themselves and make other people suffer. They do not suffer the labour of childbirth neither do they break their backs working. Their hands do not blister digging, neither do they get spoiled washing clothes. They are beautiful and fresh looking. Eve’s punishment does not affect them. On the contrary, they are our punishment, because… men… You know what I mean.»

«I understand. But, believe Me, they have a terrible cross, too. The most dreadful one, which is not visible: their conscience which reproaches them, the world that sneers at them, their blood that disowns them, God that curses them. They are not happy, believe Me. They do not suffer the labour of childbirth, they do not break their backs working, they do not ulcerate their hands toiling. But they feel broken just the same, and ashamed. Their hearts are one big sore. Do not envy their fresh look, their apparent serenity. It is a veil laid over a ruin that bites and gives no peace. Do not envy their sleep, you, a mother who dreams of her innocent children… Their pillows are covered with nightmares. And in future, in their old age, in their agony, they will have nothing but remorse and terror.»

«It is true… Forgive me…

184.3

May I stay here?»

«Yes, stay. I will tell Benjamin a nice parable and those who are no longer children will apply it to themselves and to Mary of Magdala. Listen.

You doubt Mary’s conversion to Good. There is no sign in her in that direction. Brazen and impudent, conscious of her rank and power, she dared to defy the people and come to the very threshold of the house where they are weeping because of her. She laughed at Peter’s reproach. She replied to My inviting look by striking a proud attitude. Perhaps some of you, either for Lazarus’ sake or for mine, would have liked Me to speak to her directly, at some length, subduing her with My power, showing My strength as Messiah and Saviour. No. All that is not needed. I already said so many months ago with regards to another sinner. Souls must react by themselves. I pass and sow the seed. The seed works in secret. A soul is to be respected in this work. If the first seed does not take root, another must be sown, and a third one… and one must give up only when there is definite proof that it is useless to sow. And one prays. Prayer is like dew on the clods of earth: it keeps them soft and nourishes them, so that the seed can sprout. Is that not what you do, woman, with your vegetables?

184.4

Now listen to the parable of how God works in the hearts of men to establish His Kingdom there. Because every heart is a small kingdom of God on the earth. Later, after death, all these small kingdoms will agglomerate into one, immeasurable, holy eternal Kingdom of Heaven.

The Kingdom of God is created in men’s hearts by the Divine Sower. He comes to his field – man belongs to God, because every man is initially His – and sows His seed. He then goes to other fields, to other hearts. Days follow the nights and nights the days. The days bring sunshine and rain, in our case rays of divine love and effusion of divine Wisdom speaking to the spirit. The nights bring stars and restful silence: in our case enlightening calls of God and silence for the soul so that it may collect its thoughts and meditate.

The seed, in this course of imperceptible but powerful influence, swells, splits, takes root, sprouts, grows. And all that happens without any help from man. The soil spontaneously produces grass from seeds, the herb becomes strong and supports the rising ear, the ear grows, swells, hardens, becomes golden and perfect when seeding. When it is ripe, the sower comes back and cuts it because the time of perfection has arrived for that seed. It cannot develop any further and so it is harvested.

My word does the same work in hearts. I am referring to the hearts which receive the seed. But it is a slow process. One must not spoil everything by being hasty. How troublesome it is for the little seed to split and take root! Such work is painful also for a hard wild heart. It must open itself, allow people to search it, accept new things and nourish them laboriously, appear different being covered with humble useful things, instead of the fascinating, pompous, useless, exuberant flourishing that covered it previously. It must be satisfied with working humbly for the benefit of the divine Thought, without drawing other people’s admiring attention. It must exert all its talent to grow and burst into ear. It must burn with love to become corn. And after overcoming all fears of human opinion, which are so grievous, after toiling, suffering and becoming attached to its new dress, it must be deprived of it by a cruel cut. It must give everything to receive everything. It must be divested to be clad again in Heaven with the stole of sainthood. The life of a sinner who becomes a saint is the longest, most heroic and glorious fight. I tell you.

184.5

You will realise from what I told you that it is fair that I should deal with Mary as I am doing. Did I behave differently with you, Matthew?»

«No, my Lord, You did not.»

«And tell Me the truth: what convinced you more, My patience or the bitter reproaches of the Pharisees?»

«Your patience, so much so that I am here. The Pharisees, by despising and anathematizing me, made me scornful, and out of contempt I did more harm than I had done so far. That is what happens. Sinners become more obstinate when they realise that they are treated as sinners. But when we are caressed instead of being insulted, we are dumbfounded and we weep… and when one weeps, the whole framework of sin collapses… One is left naked before Goodness and one implores it wholeheartedly to be reclothed by It.»

«You are right.

184.6

Benjamin, did you like My story? Yes? Go Where is your mother?»

James of Alphaeus replies: «She went out at the end of the parable and ran along that road.»

«She may have gone to the seaside to see whether her husband is coming» says Thomas.

«No. She has gone to her old mother’s, to get the children. Mummy takes them there so that she can work» says the little boy, who is leaning familiarly on Jesus’ knees.

«And she keeps you here, my little man? You must be a handsome evil-doer if she keeps you here all by yourself!» remarks Bartholomew.

«I am the eldest, and I help her…»

«You help her to gain Paradise, poor woman! How old are you?» asks Peter.

«In three years’ time I will be a son of the Law» replies the urchin proudly.

«Can you read?» asks Thaddeus.

«Yes… but very slowly… because the teacher throws me out almost every day…»

«What did I say!» exclaims Bartholomew.

«But I behave like that because the teacher is old and ugly and says the same things all the time and makes you fall asleep! If he were like Him (and he points to Jesus) I would pay attention. Do You hit those who sleep or play?»

«I do not hit anybody. But I say to My pupils: “Pay attention for your own good and for My sake”» replies Jesus.

«Yes, that’s all right! Out of love, not out of fear.»

«But if you are good, the teacher will love you.»

«Do You love only those who are good? You just said that You were patient with this man here, who was not good…» The child’s logic is cogent.

«I am good with everybody. But when one becomes good, I love that one very much and I am very good, too.»

The boy is pensive… he then looks up and asks Matthew: «And what did you do to become good?»

«I loved Him.»

184.7

The boy becomes pensive again and then looking at the Twelve asks Jesus: «Are they all good?»

«Of course they are.»

«Are you sure? I sometimes behave as a good boy, but that is when… I am thinking of some big mischief.»

They all burst into laughter. Also the little fellow, who is in a confessing humour, laughs. Also Jesus laughs pressing him to His heart and kissing him.

The boy, who is now friendly with everybody, wants to play and says: «I will now tell You who is good» and he begins his selection. He looks at them all and goes straight to John and Andrew who are nearby and says: «You and you. Come here.» He then chooses the two Jameses and places them with the other two. He then takes Thaddeus. He is quite pensive in front of the Zealot and Bartholomew and says: «You are old, but good» and he joins them to the others. He examines Peter, who undergoes the examination, jokingly frowning at him, and finds him to be good. Also Matthew and Philip pass the test. He says to Thomas: «You laugh too much. I am in earnest. Don’t you know that my teacher says that he who always laughs fails in the test?» After all, Thomas too passes his examination, but with low marks. The boy then goes back to Jesus.

«Hey, you urchin! I am here, too! I am not a tree. I am young and handsome. Why don’t you examine me?» says the Iscariot.

«Because I don’t like you. My mother says that when you don’t like something, you must not touch it. You just leave it on the table, so that other people, who may like it, can take it. And she also says that if you are offered something you do not like, you must not say: “I do not like it”. But you say: “Thank you, but I am not hungry”. And I do not hunger for you.»

«Why not? Look, if you say that I am good, I will give you this coin.»

«What am I going to do with it? What can I buy with a lie? Mummy says that money which is the fruit of deceit, becomes straw. Once at my grandmother’s, I got them to give me a didrachma by telling a lie because I wanted to buy some honey-cakes, and during the night it turned into straw. I put it in that hole over there, under the door, to take it the following morning, but I found a handful of straw in its place.»

«But how can you see that I am not good? What is wrong with me? Am I lame? Am I ugly looking?»

«No. But you frighten me.»

«Why?» asks the Iscariot going near him.

«I don’t know. Leave me alone. Don’t touch me or I will scratch you.»

«What a hedgehog! You are silly.» Judas gives a forced laugh.

«I am not silly. You are bad» and the boy takes shelter in the lap of Jesus, Who caresses him without speaking.

The apostles make fun of the situation which is not very pleasant to the Iscariot.

184.8

In the meantime the woman comes back with half a dozen people, and behind them, many more. They must be about fifty. All poor people.

«Would You speak to them? At least a few words. This is my husband’s mother, these are my children. And that man over there my husband. A word, Lord» implores the woman.

«Yes, I will speak. To thank you for your hospitality.»

The woman goes back into the house, where her suckling claims her and she sits on the threshold breastfeeding her baby.

«Listen. Here on My knees I have a little boy who has spoken very wisely. He said: “Everything that is obtained by deceit, becomes straw”. His mother taught him that truth.

It is not a tale. It is an eternal truth. What is done dishonestly is never successful. Because falsehood in words, deeds, and religion is always a sign of alliance with Satan, the master of falsehood. Do not believe that the deeds worthy of achieving the Kingdom of Heaven are very noisy or showy. They are common, continuous deeds, but performed with a supernatural purpose of love. Love is the seed of the plant that sprouts in you and grows up as far as Heaven, and in its shade all the other virtues sprout. I will compare it to the tiny mustard seed. How small it is! It is one of the smallest seeds that man sows. But look how big and leafy it becomes when it has grown up and how much fruit it bears. Not one hundred per cent, but one hundred to one. The smallest. But the most diligent in working. How much profit it gives you.

Love is the same. If you enclose in your hearts a tiny seed of love for your Most Holy God and for your neighbour, and if you accomplish your deeds guided by love, you will not fail in any of the precepts of the Decalogue. You will not lie to God by means of a false religion of practices but not of the spirit. You will not lie to your neighbour, behaving as ungrateful children, as adulterers, as too exacting husbands and wives, as thieves in business, as liars in life, as violent avengers towards your enemies. Look how many birds have taken shelter, in this warm hour of the day, among the branches of the trees in the garden. Before long that mustard plant, which now is still very small, will be a real perch for birds. All the birds will come to the safe shade of those thick and comfortable trees and their little ones will learn to fly safely among those branches which are like steps and a net, which they can climb without falling. Such is love, the foundation of the Kingdom of God.

Love and you will be loved. Love and you will bear with one another. Love and you will not be cruel by wanting more than what is lawful from those who are under you. Love and sincerity to obtain the peace and glory of Heaven. Otherwise, as Benjamin said, every action of yours accomplished by lying to love and to truth will turn into straw for your beds in hell. I will not say anything else to you. I will only say: always bear in mind the great precept of love and be faithful to God the Truth, to the truth in every word, deed and sentiment, because the truth is the daughter of God. Let the work of bringing yourselves to perfection be continuous, as the seed continuously grows until it is perfect. A silent, humble, patient work. You may rest assured that God sees your efforts and He will grant you a greater reward for overcoming your selfishness, for holding back a rude word, for satisfying a necessity without being ordered to do so, than if, fighting in a battle, you killed the enemy. The Kingdom of Heaven, which you will possess if You live as just people, is built with the little things of everyday. With goodness, moderation, patience, with being satisfied with what one has, bearing with one another, and with love, love, love.

Be good. Live in peace, one with the other. Do not grumble. Do not judge. God will then be with you. I give you My peace as a blessing and thanksgiving for the faith you have in Me.»

184.9

Then Jesus turns to the woman saying: «May God bless you especially, because you are a holy wife and a holy mother. Persevere in virtue. Goodbye, Benjamin. Love the truth and obey your mother. My blessing to you, to your little brothers and to you, mother.»

A man comes forward. He is embarrassed and stammers: «But, but… I am moved by what You say of my wife… I did not know…»

«Have you no eyes or intelligence?»

«Yes, I have.»

«Why do you not make use of them? Shall I clear them?»

«You have already done that, my Lord. But I love her, You know… The trouble is… that, that… one gets used… and… and…»

«And one thinks that it is quite all right to demand too much, because the other one is more gentle than we are… Do not do that any more. You are always in danger with your work. Be not afraid of storms if God is with you. But if there is Injustice in you, be very much afraid. Have you understood?»

«More than You have said. I will do my best to obey You… I did not know…» and he looks at his wife as if he saw her for the first time.

Jesus blesses and goes out onto the little road. He resumes walking towards the country.


Notes

  1. Je l’ai dit en 79.6.