The Writings of Maria Valtorta

317. Isolement et prière de Jésus pour le salut de Judas Iscariote.

317. Isolation and prayer of Jesus for

317.1

Jésus se trouve de nouveau au pied du massif sur lequel est construit Jiphtaël, mais pas sur la route principale (donnons-lui ce nom) ou muletière, suivie auparavant par le char. Il est sur un sentier de chèvres, très en pente, tout en brèches, en fissures profondes qui s’appuie à la montagne, je dirais taillé dans sa paroi verticale comme si elle était griffée par un énorme coup d’ongle, bordé par un gouffre qui descend à pic vers de nouvelles profondeurs, au fond desquelles bouillonne un torrent rageur.

Là, faire un faux pas signifie une chute sans espoir, en rebondissant de buisson en buisson de ronces ou autres plantes sauvages, qui ont poussé je ne sais comment dans les fissures du rocher et qui ne se dressent pas verticalement comme le font d’ordinaire les plantes mais obliquement ou même suivant une direction horizontale que leur impose leur situation. Un faux pas, cela veut dire se faire lacérer par tous les peignes épineux de ces plantes, ou avoir les reins brisés par le choc des troncs rigides qui se penchent sur l’abîme. Un faux pas, cela veut dire être déchiré par les pierres acérées qui dépassent des parois du précipice. Un faux pas, cela veut dire arriver tout en sang et rompu dans les eaux écumantes du torrent rageur et se noyer, submergé sur un lit de roches pointues et giflées par la violence du courant.

Et pourtant Jésus parcourt ce sentier, cette griffure dans le roc rendue encore plus dangereuse par l’humidité qui monte en fumant du torrent, qui suinte de la paroi supérieure, qui goutte des arbres qui ont poussé sur cette paroi à pic, je dirais légèrement concave.

Je m’efforce d’illustrer ce lieu[1] infernal.

Il marche lentement, avec précaution, calculant ses pas sur les pierre pointues, certaines branlantes ; il est parfois obligé de s’écraser contre la paroi, tant le sentier se rétrécit et, pour franchir des passages extrêmement dangereux, il doit s’agripper aux branches qui pendent de la paroi. Il contourne ainsi le côté ouest et arrive au côté sud sur lequel la montagne, après être descendue à pic du sommet, devient concave plus qu’ailleurs, en donnant plus de largeur au sentier, mais en revanche en lui enlevant de la hauteur, à tel point qu’en certains endroits Jésus doit marcher en se baissant pour ne pas se frapper la tête contre les roches.

317.2

Peut-être a-t-il l’intention de s’arrêter là où le sentier finit brusquement comme par un éboulis. Mais, en observant, il voit que, sous l’éboulis, il y a une caverne, une fissure dans la montagne plutôt qu’une caverne, et il y descend à travers l’éboulement. Il y entre. C’est une fissure au début, mais une vaste grotte à l’intérieur comme si la montagne avait été creusée, il y a bien longtemps, à coups de pic, dans je ne sais quel but. On voit clairement les endroits où, à la courbure naturelle de la roche, s’est associée celle que l’homme à forée. Du côté opposé à la fissure d’entrée, il a ouvert une sorte d’étroit couloir au fond duquel une bande de lumière laisse entrevoir des bois qui indiquent comment le passage s’enfonce du sud à l’est en coupant l’éperon de la montagne.

Jésus s’engage dans ce couloir sombre et étroit, et le suit jusqu’à ce qu’il arrive à l’ouverture, qui se trouve au-dessus de la route qu’il a parcourue avec les disciples et le char pour monter à Jiphtaël. Il a en face de lui les monts qui entourent le lac de Galilée ; au-delà de la vallée, et en direction du nord-est resplendit le grand Hermon sous son habit de neige. Un escalier rudimentaire est creusé dans le flanc de la montagne, qui ici n’est pas verticale, ni en montée ni en descente ; et cet escalier conduit à la route muletière qui se trouve dans la vallée et aussi au sommet où se trouve le village de Jiphtaël.

Jésus est satisfait de son exploration. Il revient sur ses pas dans la vaste caverne et cherche un endroit bien abrité où il entasse des feuilles mortes poussées dans l’antre par les vents. Une bien misérable couchette, cette épaisseur de feuilles sèches mise entre son corps et le sol nu et glacé… Il s’y laisse tomber et reste immobile, étendu, les mains sous la tête, les yeux fixés sur la voûte rocheuse, pensif, je pourrais même dire abasourdi, comme quelqu’un qui a supporté une souffrance ou un effort supérieur à ses forces.

317.3

Puis, lentement, des larmes, sans sanglots, commencent à couler de ses yeux sur les deux côtés du visage, en se perdant dans les cheveux près des oreilles et en finissant certainement dans son pauvre matelas…

Il pleure ainsi, longuement, sans parler ni bouger… Puis il s’assied, la tête entre les genoux qu’il soulève et entoure de ses mains entrelacées, et il appelle de toute son âme sa Mère au loin :

« Maman ! Maman ! Maman ! Mon éternelle douceur ! O Maman ! O Maman ! Comme je voudrais t’avoir auprès de moi ! Pourquoi ne t’ai-je pas toujours, toi le seul réconfort de Dieu ? »

Seule la cavité de la grotte répond par un murmure d’écho imparfait à ses paroles, à ses sanglots ; elle semble sangloter elle aussi dans tous ses recoins, ses roches et dans les rares petites stalactites qui pendent dans un coin, celui sans doute qui est le plus exposé au travail des eaux intérieures.

Les pleurs de Jésus continuent, bien que plus calmes, comme si le simple fait d’avoir appelé sa Mère l’avait réconforté, et lentement, ils se sont changés en monologue.

« Ils sont partis… Et pourquoi ? Pour qui ? Pourquoi ai-je dû leur causer cette souffrance ? Et pourquoi me la faire subir, puisque le monde déjà en remplit ma journée ? … Judas ! »…

Qui sait où s’envole la pensée de Jésus, qui relève la tête de ses genoux et regarde devant lui, les yeux dilatés et le visage tendu d’un homme absorbé par les spectacles spirituels de l’avenir ou par de grandes méditations. Il ne pleure plus, mais il souffre visiblement. Puis il semble répondre à un interlocuteur invisible et, pour ce faire, il se met debout.

« Je suis homme, Père. Je suis l’Homme. La vertu d’amitié, blessée et déchirée en moi, se tord et se lamente douloureusement…

Je sais que je dois tout souffrir. Je le sais. Comme Dieu, je le sais, et comme Dieu je le veux, pour le bien du monde. Comme homme aussi je le sais, car mon esprit divin le communique à mon humanité. Et comme homme aussi, je le veux, pour le bien du monde. Mais quelle douleur, ô mon Père ! Cette heure est bien plus pénible que celle que j’ai vécue avec ton esprit et le mien au désert[2]… Et elle est bien plus forte, la tentation présente de ne pas aimer et de ne pas supporter à mes côtés cet être visqueux et sournois qui a pour nom Judas, la cause de la grande douleur qui m’abreuve jusqu’à saturation, et torture les âmes auxquelles j’avais donné la paix.

317.4

Père, je le sens. Tu deviens plus rigoureuse envers ton Fils au fur et à mesure que j’approche du terme de mon expiation en faveur du genre humain. De plus en plus, ta douceur s’éloigne de moi, et ton visage paraît sévère à mon esprit, qui se trouve toujours plus repoussé dans les profondeurs, là où l’humanité, frappée par ton châtiment, gémit depuis des millénaires.

Il m’était doux de souffrir : le chemin au commencement de mon existence était doux, doux aussi quand, de fils du menuisier, je devins le Maître du monde en m’arrachant à une Mère pour te donner, Père, à l’homme déchu. La lutte contre l’Ennemi dans la tentation du désert m’était encore douce en comparaison de maintenant. Je l’ai affrontée avec la hardiesse d’un héros aux forces intactes… O mon Père !… Maintenant mes forces sont alourdies par l’absence d’amour et par la connaissance de trop de personnes et de trop d’infamies…

Satan, je le savais, allait partir, et il est effectivement parti une fois la tentation finie, puis les anges vinrent pour consoler ton Fils d’être homme, soumis à la tentation du Démon. Mais maintenant, elle ne cessera pas, une fois passée l’heure où l’Ami a souffert pour ses amis envoyés au loin, et pour l’ami parjure qui lui nuit de près et de loin. Elle ne cessera pas. Tes anges ne viendront pas me consoler de cette heure et après cette heure. En revanche, le monde viendra, avec toute sa haine, ses moqueries, son incompréhension. Et le parjure, le traître, le vendu à Satan viendra, et il sera toujours plus près et plus sournois et plus visqueux. Père !… »

Ce cri est vraiment déchirant, c’est un cri d’épouvante, un appel, et l’agitation de Jésus me rappelle l’heure de Gethsémani.

« Père ! Je le sais, je le vois… Pendant que, moi ici, je souffre et vais souffrir, et que je t’offre ma souffrance pour sa conversion, et pour ceux qui ont été arrachés à mes bras et qui sont en train de marcher, le cœur transpercé, vers leur destin, lui, il se vend pour devenir plus grand que moi, le Fils de l’homme !

C’est moi, n’est-ce pas, le Fils de l’homme ? Oui. Mais je ne suis pas seul à l’être. L’humanité, l’Eve prolifique a engendré ses fils, et si je suis l’Abel, l’Innocent, Caïn ne fait pas défaut dans la descendance de l’humanité. Et si je suis le Premier-Né, parce que je suis tel qu’auraient dû être les fils de l’homme, sans tache à tes yeux, lui, qui a été engendré dans le péché, est le premier de ce qu’ils sont devenus après avoir mordu le fruit empoisonné. Et maintenant, non content d’avoir en lui les ferments répugnants et les blasphèmes du mensonge, la malveillance, la cruauté, le désir cupide de l’argent, l’orgueil et la luxure, il devient démoniaque, lui, cet homme qui pouvait devenir ange, pour être l’homme qui devient démon[3]… “ Et Lucifer voulut être semblable à Dieu, et pour cela il fut chassé du Paradis et, changé en démon, il habita l’enfer. ”

317.5

Mais, Père ! O mon Père ! Je l’aime… je l’aime encore. C’est un homme… C’est un de ceux pour lesquels je t’ai quitté… Au nom de mon humiliation, sauve-le… Permets-moi de le racheter, Seigneur très-haut ! Cette pénitence est plus pour lui que pour les autres ! Oh ! Je sais l’incohérence de ce que je demande, moi qui sais tout ce qu’il est !… Mais, mon Père, pour un instant, ne vois pas en moi ton Verbe. Contemple seulement mon humanité de Juste… et permets que, pour un instant, je puisse être seulement “ l’Homme ” dans ta grâce, l’Homme qui ne connaît pas l’avenir, qui peut s’illusionner… l’Homme qui, ne sachant pas l’inéluctable destin, peut prier avec une espérance absolue pour t’arracher le miracle. Un miracle ! Un miracle pour Jésus de Nazareth, pour Jésus, fils de Marie de Nazareth, notre éternelle Aimée ! Un miracle qui viole ce qui est marqué et l’annule ! Le salut de Judas ! Il a vécu à mes côtés. Il a bu mes paroles, il a partagé ma nourriture, il a dormi sur ma poitrine… Pas lui, que ce ne soit pas lui mon satan !…

Je ne te demande pas de n’être pas trahi… Cela doit être et cela sera… pour que, par ma souffrance de trahi tous les mensonges soient effacés, par ma douleur de vendu toutes les avarices soient expiées, par mon déchirement de blasphémé tous les blasphèmes soient réparés, par ma souffrance de n’être pas cru la foi soit donnée à ceux qui sont et seront sans foi, et par ma torture toutes les fautes de la chair soient purifiées… Mais, je t’en prie : pas lui, pas lui, Judas, mon ami, mon apôtre !

Je voudrais que personne ne trahisse… Personne… Pas même le plus éloigné dans les glaces hyperboréennes ou les feux de la zone torride… Je voudrais que le sacrificateur soit toi seul… comme tu l’as été d’autres fois en brûlant[4] par tes feux les holocaustes… Mais puisque je dois mourir de la main de l’homme – et plus qu’un vrai bourreau, le bourreau sera l’ami traître, l’homme pourri qui portera en lui la puanteur de Satan et déjà l’aspire en lui pour être semblable à moi en puissance… c’est ce qu’il pense dans son orgueil et dans sa convoitise –, puisque c’est par la main de l’homme que je dois mourir, Père, accorde-moi que le Traître ne soit pas celui que j’ai appelé ami et aimé comme tel.

Multiplie mes tortures, Père, mais donne-moi l’âme de Judas… Je mets cette prière sur l’autel de ma Personne victime… Père, accueille-la !…

317.6

Le Ciel est fermé et muet !… C’est donc cela, l’horreur que j’aurai avec moi jusqu’à la mort ?

Le Ciel est muet et fermé !… Ce sera donc cela, le silence et la prison dans laquelle expirera mon esprit ?

Le Ciel est fermé et muet !… Ce sera donc cela, la suprême torture du Martyr ?

Père, que ta Volonté soit faite et non la mienne… Mais, à cause de mes peines – ah ! Cela au moins ! –, à cause de mes peines, donne paix et illusion à l’autre martyr de Judas, à Jean d’En-Dor, mon Père… Il est réellement meilleur que beaucoup. Il a parcouru un chemin que peu connaissent et connaîtront. Pour lui, toute la Rédemption est déjà accomplie. Donne-lui donc ta paix pleine et complète, pour que je l’aie dans ma gloire quand, pour moi aussi, tout sera accompli pour t’honorer et t’obéir… Mon Père !… »

Tout doucement, Jésus a glissé à genoux et maintenant il pleure, le visage contre terre, et il prie pendant que la lumière de cette brève journée d’hiver meurt avant l’heure dans la caverne obscure, et le fracas du torrent semble prendre plus de force à mesure que l’ombre envahit la vallée…

317.1

Jesus is once again at the foot of the massive height on which Jiphthahel is built. But He is not on the main road (let us call it so) or mule-track, along which the cart came. He is instead on a little footpath fit for ibexes, so steep it is, strewn with large stone splinters and deep crevices, and seems to be stuck onto the mountain side; I would say that it is engraved on the vertical face of the mountain, which looks as if it were scratched by a huge claw. At its edge there is a precipice, a sheer deep drop, at the bottom of which an angry torrent foams along. To slip there means to fall hopelessly, bouncing from one bush to another of bramble or other wild plants, which have grown between the crevices of the rocks, I do not know how, as they have not come up vertically, as is normal with plants, but obliquely and even horizontally, compelled by their ubication. To slip there means to be torn to pieces by the thorns of such plants, or to have one’s back broken by the impact on rigid tree trunks protruding over the abyss. To slip there means to be lacerated by the sharp-edged stones sticking out from the face of the precipice. To slip there means to drop bleeding and in pieces into the foamy water of the angry torrent and be drowned, and lie submerged on a bed of pointed rocks and be lashed by the impetuous water. And yet Jesus is walking along that path, that scratch in the rock, which is even more dangerous because of the dampness that rises steaming from the torrent, or drops from the overhanging surface and from the plants growing on that vertical face, which I would say is lightly concave.

He proceeds slowly, cautiously, watching each step on the sharp stones, some of which are wobbly. At times He is compelled to squeeze against the mountain side when the path narrows; and to pass over some particularly dangerous spots, He has to get hold of branches hanging from the rocks. He goes round the western side thus and reaches the southern one, where the mountain, after a perpendicular drop from the summit, becomes more concave than elsewhere, allowing the path thus to widen a little, but reducing its height, so that Jesus now and again must lower His head to avoid knocking it against the rocks.

317.2

Perhaps He intends to stop there, where the path ends abruptly, because of a landslide. But when He sees that under the cliff there is a cave, a fissure in the mountain rather than a cave, He lets Himself down among the fallen stones. He goes in. There is a cleft at first, then a large grotto inside, as if the mountain had been hollowed out a long time ago by man, for some unknown reason. One can clearly see that the natural curves of the rock have been enlarged by man, who, on the side opposite the entrance, opened a narrow corridor, at the end of which there is a streak of light, and remote forests can be seen, which proves that the corridor cuts through the mountain spur from the southern side to the eastern one.

Jesus slips into the narrow semi-dark tunnel and goes along it until He reaches its opening, which is above the road on which He came with the apostles and the cart to go up to Jiphthahel. The mountains surrounding the lake of Galilee are in front of Him, beyond the valley, and to the north-east the great Hermon shines in its snowy mantle. Rough steps have been dug on the mountain side, which is not so steep here, neither upwards nor downwards and the steps lead to the mule-track, which is in the valley, and also to the mountain top where Jiphthahel is.

Jesus is satisfied with His exploration. He goes back into the large cave and looks for a sheltered place where He heaps up dry leaves that the wind has blown inside. A very poor pallet, a thin layer of dry leaves laid between His body and the bare icy soil… He drops on it and remains inert, lying with His hands under His head, staring at the rocky vault, absorbed, I would say bewildered, like one who bears a strain or is struck by sorrow greater than one’s strength.

317.3

Then tears, without sobs, begin to drop slowly from His eyes and stream down both sides of His face, disappearing in His hair, near His ears, and ending among the dry leaves… He weeps in this way, for a long time, without speaking or moving… He then sits up, and with His head between His raised knees, embraced by His clasped hands He calls His far away Mother, with all His soul: «Mother! Mother! Mother of Mine! My eternal sweetness! Oh! Mother, I wish You were near Me! Why do I not always have You, the only comfort of God?»

Only the hollow cave replies to His words and His sobs with the whisper of a faint echo, and it seems to be weeping and sobbing itself through its edges and rocks and the few and still small stalactites hanging in a corner, the one which is probably most exposed to the internal activity of water.

Jesus continues weeping, although more calmly, as if the simple invocation of His Mother consoled Him and His weeping slowly changes into a monologue. «They have gone… Why? Whose fault is it? Why did I have to grieve them thus? And grieve Myself, since the world fills each day of Mine with affliction?… Judas!»…

I wonder where Jesus’ thought wanders when He lifts His head from His knees and looks in front of Himself with wide open eyes and the tense face of a person engrossed in the vision of future spiritual events or in deep meditation. He no longer weeps. But he is evidently suffering. He then seems to be replying to an invisible interlocutor. And He stands up to do so.

«I am a man, Father. I am the Man. The virtue of friendship, which was wounded and torn from Me, is writhing and moaning sorrowfully… I know that I must suffer everything. I know as God and as God I want it for the good of the world. As man also I know, because My divine spirit informs My humanity. And also as man I want it, for the good of the world. But how grievous it is, O Father! This hour is much more sorrowful than the one I lived with Your spirit and Mine in the desert… And much stronger is the present temptation not to love and not to bear at My side the slimy tortuous being, whose name is Judas, the cause of the deep sorrow with which I am sated and which tortures the souls to whom I had given peace.

317.4

Father, I perceive it. You are becoming more and more severe as I approach the end of My expiation on behalf of Mankind. Your kindness is moving farther and farther away from Me, and Your countenance appears more and more severe to My spirit, which is rejected more and more into the depth, where Mankind, struck by Your punishment, has been moaning for millennia. It was pleasant to suffer, pleasant was the way at the beginning of My life, it was pleasant also when from the son of a carpenter I became the Master of the world, tearing Myself away from a Mother to give You, Father, to man who had fallen. It was still pleasant to Me, as compared with the present hour, to struggle with the Enemy, in the Temptation in the desert. I faced him with the boldness of a hero with intact strength… Oh! Father!… My strength is now encumbered by the indifference of too many people and the knowledge of too many things… I knew that Satan would go, when the temptation was over, and he did go, and the angels came to comfort Your Son for being a man, subject to the temptation of the Demon. But the temptation will not cease now, after this hour, in which the Friend suffers because of the friends sent away, and because of the perjured friend who injures Him both when he is near and far away. It will not cease. Your angels will not come to comfort Me in this hour and after it. But the world will come with all its hatred, its mockery and incomprehension. And the traitor who sold himself to Satan will come and he, the perjurer, will be more and more tortuous and slimy. Father!!…» It is really a cry of anguish, of fear and of invocation and Jesus is agitated and reminds me of the hour at Gethsemane.

«Father! I know. I can see… While I suffer here and will suffer, and I offer My suffering to You for his conversion and for those who have been torn away from My arms and who are going towards their destiny with broken hearts, he is selling himself to become greater than I am: the Son of Man! I am, am I not, the Son of Man? Yes, but I am not the only one. Children were born of mankind, of prolific Eve, and if I am Abel, the Innocent One, Cain is not missing among the children of Mankind. And if I am the First-Born, because I am what the children of man should have been, without stain in Your eyes, he, who was born in sin, is the first of what men have become after eating the poisoned fruit. And now, not satisfied with having in himself the disgusting blasphemous incentives of falsehood, anti-charity, of thirst for blood, of greed for money, of pride and lust, he is raving to be the man who becomes a demon, whilst he is a man who could become an angel… “And Lucifer wanted to be like God and was therefore driven out of Paradise and changed into a demon[1] and he dwelt in Hell”.

317.5

But Father! Oh! Father! I love him… I still love him. He is a man… He is one of those for whom I left You… Save him, because of My humiliation… grant Me to redeem him, Most High Lord! I offer this penance more for him than for anybody else! Oh! I am aware of the incongruity of what I am asking, because I know everything!… But, Father, do not consider Me Your Word for a moment. Look only at the Humanity of the Just One… and let Me be for a moment only the “Man” in Your grace, the Man who is not aware of the future, who can deceive himself… the Man who not being aware of ineluctable fate can pray with absolute hope to wring a miracle out of You. A miracle! A miracle of Jesus of Nazareth, for Jesus of Mary of Nazareth, Our eternal Beloved One! A miracle that violates what has been set down and cancels it! The salvation of Judas! He has lived beside Me, he has drunk in My words, has shared food with Me, has slept on My chest… No, do not let him be My satan!… I am not asking You not to be betrayed… That must happen, and will happen… so that all falsehood may be cancelled by My sorrow of being betrayed, as all avarice may be expiated by My grief for being sold, as amends may be made for all blasphemy through My torment at being cursed, and faith may be given to those who are and will be without faith, through My torture at not being believed, and all the sins of flesh may be cleansed by My being scourged… But I beg You: not him, not Judas, My friend, My apostle! I would like no one to be a traitor… No one… Not even the remotest inhabitant of the hyperborean ice fields or of the torrid zone… I would like You alone to be the Sacrificer… as You already have been in the past when You set fire[2] to the holocausts by means of Your flames… But since I am to die by the hand of man, and since the traitor friend will be a more brutal executioner than the real executioner, the putrid traitor who will have in himself the stench of Satan, and is already inhaling it to be like Me in power… that is what he thinks in his pride and lust… since I am to die by the hand of man, Father, do not let him whom I called friend and I loved as such, be My Traitor. Increase My torment, Father, but give Me Judas’ soul… I am putting this prayer on the altar of My victim Person… Accept it, Father!…

317.6

Heaven is closed and silent!… Is this therefore the horror that I shall have with Me until My Death? Heaven is silent and closed!… Is this therefore the silence and the prison in which I shall breathe My last? Heaven is closed and silent!… Is this therefore the supreme torture of the Martyr?… Father, may Your will be done, not Mine… But because of My suffering, oh! grant Me at least this: give peace and illusion to Judas’ other martyr, to John of Endor, Father… He is really better than many. He has already gone a long way, such as few are or will be able to go. Redemption has already been completed for him. Give him, therefore, Your total complete peace, so that I may have him in My Glory, when everything will be completed also for Me in Your honour and obedience… Father!…»

Jesus has slowly fallen on His knees and is now weeping with His face on the ground, and while He prays the light of the short winter day fades precociously in the dark cavern, and the roar of the torrent seems to grow louder as the shade in the valley becomes darker…


Notes

  1. lieu dont Maria Valtorta a fait l’esquisse. Au centre se trouve le mont de Jiphtaël avec Jiphtaël au sommet, auquel on accède de l’ouest par le sentier muletier. Au sud-ouest se trouve la route de Ptolémaïs, et vers le sud-est le sentier parcouru par Jésus, sous lequel se trouve le ravin avec le torrent au fond.
  2. au désert, en 46.3/10. En ce qui concerne la tentation présente, Maria Valtorta insère la note suivante sur une copie dactylographiée : Lutte entre les deux natures unies dans le Christ. Comme Dieu, il ne pouvait qu’aimer. Comme Homme, il ne pouvait pas ne pas ressentir de mépris pour le faux disciple. Avançant vers la fin de sa mission rédemptrice, il ressentait la préparation à l’abandon de son Père qui allait devenir totale dans les heures de sa Passion. Ce grand Solitaire et grand Incompris qu’était le Verbe incarné vivant parmi les hommes s’est toujours senti “ seul et méconnu ”. Seule sa Mère l’a vraiment connu, et elle fut sa compagne parfaite. Chez les autres, plus l’heure de la Rédemption approchait, plus l’incompréhension, la haine et l’abandon croissaient. Passion non sanglante, mais passion tout de même. Et Maria Valtorta note encore, au sujet de la prière qui suit en 317.5 : Que cette prière adressée au Père n’étonne pas les “ éternels critiques ”. Selon l’Evangile, le Christ a été tenté “ en tant qu’homme ” au désert, et il a souffert jusqu’à suer du sang dans sa lutte d’homme, d’homme seulement qui n’est plus soutenu par la Divinité, le soir du jeudi saint à Gethsémani. C’est là une autre de ses heures de “ vrai ” homme, totalement homme, sujet à l’amour humain et à la souffrance humaine, qui étaient parfaits en lui, puisqu’il était parfait entre tous les hommes. Il s’agit encore des tentations de la nature humaine de Jésus, unie en lui à la nature divine, dans le texte ou dans les notes de : 46.5, 47.6, 69.5, 80.10, 174.9, 203.12, 527.7, 540.12, 567.20/23, 602.17, 603.6/7, 610.16.
  3. démon… La citation qui suit semble tirée, avec des mots nouveaux, d’Is 14, 12-15.
  4. en brûlant, comme en Lv 9, 24 ; Jg 6, 21 ; 1 R 18, 38 ; 1 Ch 21, 26 ; 2 Ch 7, 1.

Notes

  1. demon… The following quote seems to be taken, with different words, by Isaiah 14:12-15.
  2. set fire, as in: Leviticus 9:24; Judges 6:21; 1 King 18:38; 1 Chronicles 21:26; 2 Chronicles 7:1.