The Writings of Maria Valtorta

340. Repentir de Judas et conflit avec les rabbins sur la tombe d’Hillel.

340. Repentance of Judas Iscariot. A confrontation

340.1

A partir du village de Meiéron, Jésus et ses disciples prennent une route en direction du nord-ouest, toujours montagneuse, parmi bois et pâturages, et ils continuent de monter. Peut-être ont-ils déjà vénéré des tombes, car je les entends en discuter.

En ce moment, c’est justement Judas qui marche en avant avec Jésus. On comprend qu’à Meiéron ils ont reçu et donné des aumônes ; et Judas rend compte des aumônes reçues et de celles qui ont été données. Il achève :

« Et maintenant, voici mon offrande. J’ai juré cette nuit de te la donner pour les pauvres, par pénitence. Elle n’est pas importante, mais je n’ai pas beaucoup d’argent. Cependant, j’ai persuadé ma mère de m’en envoyer souvent par l’intermédiaire de nombreux amis. Les autres fois que je quittais la maison, c’était avec beaucoup d’argent. Mais cette fois, je devais faire route à travers les montagnes, tout seul ou avec Thomas seulement, et je n’ai pris que ce qu’il fallait pour la durée du voyage. J’ai trouvé cela préférable. Seulement… je devrai quelquefois te demander la permission de te quitter quelques heures pour aller chez mes amis. J’ai déjà tout combiné… Maître, est-ce toujours moi qui garde l’argent ? Est-ce que c’est encore moi ? As-tu encore confiance en moi ?

– Judas, tu dis tout par toi-même. Et je ne sais pas pour quelle raison tu le fais.

340.2

Sache que de mon côté tout est comme avant… car j’espère que, de cette façon, tu pourras changer, redevenir le disciple d’autrefois et devenir le juste pour la conversion duquel je prie et je souffre.

– Tu as raison, Maître. Mais avec ton aide je le deviendrai certainement. D’ailleurs… ce sont des défauts de jeunesse. Des peccadilles. Elles servent, au contraire, à pouvoir comprendre ses semblables et à les guérir.

– En vérité, Judas, ta morale est bien étrange ! Et je devrais dire davantage. Jamais on n’a vu un médecin qui se rende volontairement malade pour pouvoir dire ensuite : “ Maintenant je sais mieux soigner ceux qui ont cette maladie. ” De sorte que, moi, je suis un incapable ?

– Qui dit cela, Maître ?

– Toi. Moi, je ne commets pas de péchés, donc je ne sais pas guérir les pécheurs.

– Tu es toi. Mais nous ne sommes pas toi, et nous avons besoin d’expérience pour savoir faire…

– C’est ta vieille idée, la même qu’il y a vingt lunes. A cette différence près qu’à cette époque, tu jugeais que, moi, je devais pécher pour être capable de racheter. En vérité, je m’étonne que tu n’aies pas essayé de corriger mon… défaut, selon ta façon de juger, et de me doter de cette… capacité de comprendre les pécheurs.

– Tu plaisantes, Maître, et je m’en réjouis. Tu me faisais de la peine. Tu étais si triste… Et que ce soit justement moi qui te fasse plaisanter, cela me réjouis doublement. Mais moi, je n’ai jamais pensé à m’ériger en pédagogue pour toi. Et du reste, tu le vois, j’ai rectifié ma manière de voir, si bien que je dis que c’est seulement pour nous que cette expérience est nécessaire. Pour nous, pauvres hommes. Tu es le Fils de Dieu, n’est-ce pas ? Tu as donc une sagesse qui n’a pas besoin d’expérience pour être telle.

– Eh bien ! Sache que l’innocence elle-même est sagesse, bien plus sagesse que la basse et périlleuse connaissance du pécheur. Là où une sainte ignorance du mal limite la capacité de se guider et de guider, le ministère des anges y supplée, et il n’est jamais absent auprès d’un cœur pur. Et tu peux être sûr que les anges, purs comme ils le sont, savent cependant distinguer le bien du mal et conduire l’homme pur, dont ils ont la garde, sur un juste sentier et à de justes actions. Le péché n’accroît pas la sagesse. Il n’est pas lumière. Il ne guide pas. Jamais. Il est corruption. Il est aveuglement. Il est chaos. De sorte que celui qui l’a commis en connaîtra la saveur, mais aura perdu la capacité de connaître beaucoup d’autres nourritures spirituelles et n’aura plus pour le conduire un ange de Dieu, esprit d’ordre et d’amour, mais il aura un ange de Satan pour le précipiter vers un désordre de plus en plus grand à cause de la haine insatiable qui dévore ces esprits diaboliques.

340.3

– Et… écoute, Maître. Si quelqu’un voulait être de nouveau conduit par son ange gardien, est-ce que son repentir suffirait ou bien le venin du péché persiste-t-il même une fois qu’il s’est repenti et a été pardonné ? Tu sais ? Quelqu’un qui s’est adonné au vin, par exemple, même s’il jure de ne plus s’enivrer, avec une volonté véritable de s’y tenir, se sent toujours porté vers la boisson. Et il en souffre…

– Certainement, il souffre. C’est pourquoi, on ne devrait jamais se rendre esclave de ce qui est mal. Mais souffrir n’est pas pécher. C’est expier. De même qu’un buveur repenti ne pèche pas mais acquiert des mérites s’il résiste héroïquement à son penchant et ne boit plus de vin, celui qui a péché, se repent et résiste à tout penchant, acquiert des mérites et il n’est pas privé de l’aide surnaturelle dans cette résistance. Etre tenté, ce n’est pas un péché. Au contraire, c’est la bataille qui procure la victoire. Et, sois-en bien sûr, Dieu n’a que le désir de pardonner et d’aider celui qui s’est trompé, mais se repent ensuite… »

Judas se tait un moment… Puis, prenant la main de Jésus, il la baise en disant, penché sur la main :

« Mais moi, hier soir, j’ai dépassé la mesure. Je t’ai insulté, Maître… Je t’ai dit que je finirais par te haïr… Combien de blasphèmes ai-je prononcés ! Peuvent-ils jamais m’être pardonnés ?

– Le plus grand péché, c’est de désespérer de la miséricorde divine… Judas, je l’ai dit[1] : “ Tout péché contre le Fils de l’homme sera pardonné. ” Le Fils de l’homme est venu pour pardonner, pour sauver, pour guérir, pour conduire au Ciel. Pourquoi veux-tu perdre le Ciel ?

340.4

Judas ! Judas ! Regarde-moi! Lave ton âme dans l’amour qui sort de mes yeux…

– Mais je ne t’inspire pas de dégoût ?

– Si… Mais l’amour est plus grand que le dégoût. Judas, pauvre lépreux, le plus grand lépreux d’Israël, viens demander la santé à Celui qui peut te la donner…

– Donne-la-moi, Maître.

– Non, pas comme cela. Il n’y a pas en toi de vrai repentir ni de volonté ferme. Ce n’est qu’un essai d’amour qui subsiste pour moi, pour ton ancienne vocation. Ce n’est que l’agitation d’un sentiment tout humain. Tout cela n’est pas un mal, c’est, au contraire, le premier pas vers le bien. Cultive-le, fais-le croître, greffe-le sur le surnaturel, transforme-le en un véritable amour pour moi, un vrai retour à ce que tu étais quand tu es venu à moi, au moins cela, au moins cela ! Fais-en, non plus une palpitation passagère, émotive, d’un sentimentalisme inactif, mais un vrai sentiment, actif, d’attirance vers le bien. Judas, j’attends. Moi, je sais attendre. Moi, je prie. C’est moi qui remplace, dans cette attente, ton ange gardien dégoûté. Ma pitié, ma patience, mon amour, sont parfaits, supérieurs à ceux des anges et ils peuvent rester à tes côtés, parmi les puanteurs dégoûtantes de ce qui fermente dans ton cœur, pour t’aider… »

340.5

Judas est ému, réellement, sans feinte. Les lèvres tremblantes et la voix peu assurée à cause de ce qui le trouble, pâle, il demande :

« Mais sais-tu réellement ce que j’ai fait ?

– Tout, Judas. Veux-tu que je te le dise, ou préfères-tu que je t’épargne cette humiliation ?

– Mais… je ne puis croire, voilà…

– Revenons en arrière alors, et disons à l’incrédule la vérité. Ce matin, tu as menti déjà plusieurs fois. A la fois sur l’argent et sur la façon dont tu as passé la nuit. Hier soir, tu as essayé d’étouffer par la luxure tout autre sentiment, toute haine, tout remords. Toi…

– Assez ! Assez ! Par charité, ne continue pas ! Ou je vais fuir de ta présence.

– Tu devrais, au contraire, te serrer à mes genoux et me demander pardon.

– Oui, oui, pardon ! Pardon, mon Maître ! Pardon ! Aide-moi ! Aide-moi ! C’est plus fort que moi ! Tout est plus fort que moi.

– Excepté l’amour que tu devrais avoir pour Jésus… Mais viens ici pour vaincre la tentation et pour que je t’en délivre. »

Et il le prend dans ses bras, en versant des larmes silencieuses sur la tête brune de Judas.

340.6

Les autres, en arrière de quelques mètres, se sont prudemment arrêtés et ils commentent :

« Vous voyez ? Peut-être que Judas a réellement du chagrin.

– Et ce matin il s’en est ouvert au Maître.

– Quel crétin ! Moi, je l’aurais fait tout de suite.

– Ce sont peut-être des révélations pénibles.

– Oh, ce ne sera sûrement pas dû à quelque mauvaise conduite de sa mère ! C’est une sainte femme, elle ! Qu’est-ce qu’il y a donc de pénible ?

– Peut-être ses affaires qui vont mal…

– Mais non ! Il dépense et donne du sien avec générosité.

– Bien ! C’est son problème ! L’important, c’est qu’il soit d’accord avec le Maître, et il semble qu’il en soit ainsi. Ils parlent depuis longtemps et paisiblement. Maintenant, ils se sont embrassés… Très bien.

– Oui, car c’est un homme capable et qui a beaucoup de connaissances. C’est une bonne chose qu’il soit d’accord et bien disposé avec nous et spécialement avec le Maître.

– Jésus, à Hébron, a dit que les tombes des justes sont des endroits miraculeux, ou quelque chose d’approchant… Dans ces parages, il y en a beaucoup. Peut-être que celles de Meiéron ont accompli un miracle sur le trouble de Judas.

– Dans ce cas, il va achever de devenir saint maintenant à la tombe d’Hillel. N’est-ce pas ici, Giscala ?

– Si, Barthélemy.

– Pourtant, l’an dernier, nous ne sommes pas passés par là…

– Evidemment ! Nous venions de l’autre côté ! »

Jésus se retourne et les appelle. Ils accourent, tout joyeux.

« Venez. La ville est proche. Nous devons la traverser pour trouver la tombe d’Hillel. Faisons-le en groupe » dit Jésus sans autre explication, pendant que les onze apôtres examinent avec curiosité leur Maître et Judas.

Mais si ce dernier a l’air pacifié mais humble, Jésus n’a pas un visage radieux. Il est solennel et sérieux.

340.7

Ils entrent dans Giscala, qui est une belle et grande ville, bien tenue. Il doit y avoir un centre rabbinique florissant car je vois beaucoup de docteurs rassemblés en groupes çà et là, avec, à côté d’eux, des élèves qui écoutent leurs leçons. Le passage des apôtres et surtout du Maître est très remarqué, et beaucoup se mettent à suivre leur groupe. Quelques-uns ricanent, d’autres appellent Judas. Mais ce dernier marche à côté du Maître et ne se retourne même pas. Ils sortent de la ville et se dirigent vers la maison près de laquelle se trouve la tombe d’Hillel.

« Quel toupet !

– Il est imprudent et impudent !

– Il nous provoque !

– Profanateur !

– Dis-le-lui, Uziel.

– Moi, je ne me contamine pas. Dis-le-lui, toi, Saül, puisque tu n’es qu’un élève.

– Non. Parlons-en à Judas. Va l’appeler. »

Le jeune appelé Saül, un maigrelet, pâle, tout en yeux et en bouche, va trouver Judas et lui dit:

«Viens. Les rabbis te demandent.

– Je ne viens pas. Je reste là où je suis. Laissez-moi tran­quille. »

Le jeune homme revient et le rapporte à ses maîtres.

Pendant ce temps Jésus, entouré de ses disciples, prie avec respect près du tombeau de pierre blanche d’Hillel.

Les rabbis s’approchent doucement, comme des serpents silencieux, et ils lorgnent. Et deux barbus, âgés, tirent le vêtement de Judas qui, en se mettant en prière, ne s’est plus trouvé défendu par le groupe de ses compagnons.

« Mais enfin, que voulez-vous ? » demande-t-il, tout bas, mais sur un ton irrité. « On ne peut même pas prier ?

– Un seul mot, puis nous te laissons en paix. »

Simon le Zélote et Jude se retournent et font taire les murmures. Judas s’éloigne à deux ou trois pas et demande :

« Que voulez-vous ? »

Je n’entends pas ce que lui murmure à l’oreille le plus âgé. Mais je vois bien la réaction de Judas, qui s’écarte vivement en disant :

« Non. Laissez-moi tranquille, âmes empoisonnées. Je ne vous connais pas, je ne veux plus vous connaître. »

Un éclat de rire méprisant sort du petit groupe des rabbis ainsi qu’une menace :

« Attention à ce que tu fais, pauvre imbécile !

– Attention à vous ! Partez ! Allez aussi le dire aux autres. A tous les autres. Avez-vous compris ? Adressez-vous à qui bon vous semble, pas à moi, démons que vous êtes ! »

Sur ce, il les laisse en plan.

Il a parlé si fort que les apôtres se sont retournés, stupéfaits. Pas Jésus. Même pas pour l’éclat de rire méprisant et la promesse “ Nous nous reverrons, Judas, fils de Simon ! Nous nous reverrons ! ” qui résonne dans le silence qui les entoure. Judas revient à sa place, bien plus, il prend la place d’André qui s’était mis près de Jésus et, comme pour en être défendu et protégé, il prend dans ses mains un pan du manteau de Jésus.

340.8

Leur colère se retourne contre Jésus. Ils avancent, menaçants, et crient :

« Que fais-tu ici, anathème d’Israël ? Hors d’ici ! Ne fais pas frémir les ossements du Juste que tu n’es pas digne d’approcher. Nous le dirons à Gamaliel et nous te ferons punir. »

Jésus se retourne et les regarde l’un après l’autre.

« Pourquoi nous regardes-tu ainsi, possédé ?

– Pour bien connaître vos visages et vos cœurs. Car ce n’est pas seulement mon apôtre qui vous reverra, mais moi également, et je voudrai vous avoir bien connus pour pouvoir aussitôt bien vous reconnaître.

– Bien : tu nous as vus ? Va-t’en. Gamaliel, s’il était ici, ne le permettrait pas.

– L’an dernier, je suis venu ici avec lui…

– Ce n’est pas vrai, menteur !

– Demandez-le-lui et, puisque c’est un homme honnête, il vous dira que oui. Moi, j’aime et je vénère Hillel, et je respecte et honore Gamaliel. Ce sont deux hommes en qui se manifeste l’origine de l’homme en raison de leur justice et de leur sagesse, qui rappelle que l’homme est fait à la ressemblance de Dieu.

– Pas nous, hein ? interrompent les énergumènes.

– En vous, elle est masquée par l’égoïsme et la haine.

– Ecoutez-le ! C’est dans la maison d’autrui qu’il parle ainsi et nous offense ! Hors d’ici ! Va au diable ! Corrupteur des meilleurs d’Israël, ou nous allons prendre des pierres. Ici, Rome n’est pas là pour te protéger, toi qui es lié à l’ennemi païen…

– Pourquoi me haïssez-vous ? Pourquoi me persécutez-vous ? Quel mal vous ai-je fait ? Certains de vous ont obtenu de moi des bienfaits et tous, mon respect. Pourquoi vous montrez-vous donc cruels à mon égard ? »

Jésus est humble, doux, affligé et aimant. Il les supplie de l’aimer.

Eux prennent cela pour un signe de faiblesse et de peur, et ils le harcèlent. La première pierre vole et effleure Jacques, fils de Zébédée, qui riposte rapidement en la relançant aux assaillants alors que tous se serrent autour de Jésus. Mais ils sont dix contre une centaine environ. Une autre pierre blesse à la main Jésus qui est en train de commander à ses disciples de ne pas réagir. La main, atteinte au dos, saigne. Elle semble déjà blessée par le clou…

340.9

Alors Jésus ne prie plus. Il se redresse, l’air imposant, les regarde, les foudroie du regard. Mais une autre pierre fait saigner Jacques, fils d’Alphée, à la tempe. Jésus doit paralyser tout autre acte par sa puissance pour protéger ses apôtres qui, obéissants, reçoivent la grêle de pierres sans réagir.

Et quand les lâches sont dominés par la volonté de Jésus – il a une majesté terrible –, il leur dit d’une voix de tonnerre :

« Je m’en vais. Mais sachez que, pour ce que vous faites, Hillel vous aurait maudits. Je m’en vais. Rappelez-vous[2] pourtant que même la Mer Rouge n’a pas arrêté le peuple d’Israël sur le chemin que Dieu leur avait tracé. Tout s’aplanit et devint chemin pour Dieu qui passait. Et il en est de même pour moi. Tout comme les Egyptiens et les Philistins, les Amorrhéens, les Cananéens et autres peuples n’arrêtèrent pas la marche triomphale d’Israël, ainsi vous, qui êtes pires qu’eux, vous n’arrêterez pas ma marche et ma mission : celle d’Israël. Rappelez-vous ce qui fut chanté[3] au puits de l’eau donnée par Dieu : “ Surgis, ô puits, puits creusé par les princes, foré par les chefs du peuple, avec leur sceptre et leurs bâtons, avec celui qui a donné la Loi. ” C’est moi qui suis ce Puits ! Ce Puits, c’est moi qui le suis ! Creusé dans les Cieux par toutes les prières, les actions justes des vrais princes et chefs du Peuple saint que vous, vous n’êtes pas. Non, vous, vous ne l’êtes pas. Jamais le Messie ne serait venu pour vous, parce que vous ne le méritez pas. Parce que sa venue est votre ruine. Car le Très-Haut connaît toutes les pensées des hommes et il les connaît depuis toujours, avant que n’existe Caïn dont vous descendez, et Abel à qui je ressemble, avant que n’existe Noé, ma figure, Moïse qui le premier a employé mon symbole, avant que n’existe Balaam qui a prophétisé[4] l’Etoile, et Isaïe et tous les prophètes. Dieu connaît vos pensées et il en a horreur. Il en a toujours eu horreur, de même qu’il s’est toujours réjoui pour les justes à cause desquels il était juste de m’envoyer et qui vraiment, oh oui ! Vraiment, m’ont aspiré des profondeurs des Cieux pour que j’apporte l’Eau vive pour la soif des hommes. Je suis la Source de la vie éternelle. Mais vous, vous ne voulez pas boire. Et vous mourrez. »

Cela dit, il passe lentement au milieu des rabbins paralysés et de leurs élèves et il poursuit sa route, lent, solennel, dans le silence stupéfait des hommes et de ce qui les entoure.

340.1

From the village of Meiron Jesus and His apostles take a mountainous road that runs north-west through woods and pastures rising all the time. They have perhaps already venerated some sepulchers, because I can hear them speak about them.

The Iscariot is now ahead with Jesus. At Meiron they must have received and given alms and Judas is now giving an account of what he received and what he gave. He concludes saying: «And here is my offer. I swore last night I would give You it for the poor and as a penance. It is not much. I have not much money with me. But I convinced my mother to send me some frequently through many friends. In the past, when I came away from home, I had a good deal of money. But this time, as I had to travel across mountains by myself or with Thomas only, I took only what was sufficient for our journey. I prefer to do that. The only thing is… sometimes I will have to ask You for permission to leave You and go and see my friends. I have already arranged everything… Master, shall I continue to keep the money? Do You still trust me?»

«Judas you are saying everything by yourself. And I do not know why you do that.

340.2

You must know that nothing has changed as far as I am concerned… because I hope that you will change and become once again the disciple you were in the past, and that you will become a just man for whose conversion I pray and suffer.»

«You are right, Master. But with Your help I will certainly become so. In any case… they are minor imperfections. Things of no importance. In fact, they help us to understand our fellow-men and cure them.»

«Your morals, Judas, are strange indeed! And I should say more than that. I have never heard of any doctor falling voluntarily ill in order to be able to say: “Now I know how to cure people affected by this disease”. So am I an incapable man?»

«Who says that, Master?»

«You do. As I do not commit sins, I cannot cure sinners.»

«You are You. But we are not You, and we need experience to learn…»

«That is your old idea, the very same idea of twenty months ago. The only difference is that you then thought that I should commit sin to be able to redeem. I am really surprised that you have not tried to correct this… fault of Mine, according to your way of judging, and to gift Me with this…. ability to understand sinners.»

«You are joking, Master. And I am glad. I felt sorry for You. You were so sad. And it is double joy to me that I have made You joke. But I never thought of claiming to be Your master. In any case, as You can see Yourself, I have corrected my way of thinking as I now say that this experience is necessary only to us. To us, poor men. You are the Son of God, are You not? Your wisdom, therefore, needs no experience to be what it is.»

«Well, you had better know that innocence is also wisdom a much greater wisdom than the low dangerous knowledge of sinners. When the holy ignorance of evil should limit our ability to guide ourselves and other people, the angelical ministry which is always present in pure hearts, makes up for that. And you may rest assured that the angels, who are most pure, can tell Good from Evil and they can lead the pure souls, whom they guard, on the just path and to just deeds. Sin does not increase wisdom. It is not light. It is not a guide. Never. It is corruption, it is derangement of mind, it is chaos. Thus, he who commits it, tastes its flavor but at the same time loses the ability to savor many other spiritual things and no longer has an angel of God, a spirit of order and love, to guide him, instead he has an angel of Satan to lead him into greater and greater disorder, because of the unappeasable hatred that devours those diabolical spirits.»

340.3

«Listen, Master. And if one wanted to attain angelical guidance again? Is repentance sufficient or does the poison of sin last even after one has repented and has been forgiven?… You know? For instance, one who has taken to drinking, even if he swears that he will not get drunk again, and is really determined in swearing so, always feels the stimulus to drink. And one suffers…»

«One certainly suffers. That is why one should never become the slave of evil. But to suffer is not to sin. It is expiation. And as a repentant drunkard commits no sin but gains merits if he resists the stimulus heroically and does not drink any more, so he who has sinned and repents and resists all stimuli, gains merit and will not lack supernatural help to resist. It is not a sin to be tempted. On the contrary it is a battle that brings victory. And believe Me, in God there is only the desire to forgive and help who has done wrong but has later repented…»

Judas is silent for a little while… Then he takes Jesus’ hand and kisses it remaining bent over it: «Last night I exceeded the limit. I insulted You, Master. I told You that I would end up by hating You… How much I blasphemed! Can I ever be forgiven?»

«The greatest sin is to despair of God’s mercy… Judas, I said[1]: “Every sin against the Son of man will be forgiven”. The Son of Man has come to forgive, to save, to cure, to lead souls to Heaven.

Why do you want to lose Heaven?

340.4

Judas! Look at Me! Wash your soul in the love emanating from My eyes…»

«Do I not disgust You?»

«Yes, you do… But love is stronger than disgust. Judas, poor leper, the greatest leper in Israel, come and invoke health from Him Who can give it to you…»

«Give me it, Master.»

«No. Not that way. There is no true repentance or firm will in you. There is only a faint effort of surviving love for me and for your past vocation. There is a hint of repentance, but it is entirely human. That is not entirely bad. On the contrary, it is the first step towards Good. Cultivate it, increase it, graft it into the supernatural, change it into real love for Me, make it a real return to what you were when you came to Me, at least that! Make it not a temporary, emotional inactive throb of sentimentalism, but a true active feeling attracting you to Good. Judas, I will wait. I can wait. I will pray. I will take the place of your disgusted angel, while waiting. My pity, patience and love are perfect and therefore: greater than the pity, patience and love of angels, and I can remain beside you, in the disgusting stench of what is fermenting in your heart, in order to help you…»

340.5

Judas is moved, he is really moved, he is not simulating. With trembling lips and voice made shaky by his emotion, looking pale, he asks: «Do You really know what I have done?»

«I know everything, Judas. Do you want Me to tell you or shall I spare you this humiliation?»

«I… cannot believe it…»

«Well let us go over the past few days and tell the incredulous apostle the truth. This morning you lied several times. With regard to the money and to where you spent the night. Last night you tried to suffocate in lust your feelings, your hatred, your remorse. You…»

«That’s enough! That’s enough! For pity’s sake, say no more! Or I will run away from Your presence!»

«On the contrary, you ought to cling to My knees and ask to be forgiven.»

«Yes, forgive me, Master! Forgive me! Help me! It’s stronger than I am. Everything is stronger than I am.»

«Except the love you ought to have for Jesus… But come here, that I may help you to resist temptation and relieve you of it.»And He takes Judas in His arms shedding silent tears on his dark-haired head.

340.6

The others, who are a few yards behind, have wisely stopped and comment:

«See?! Perhaps Judas is really in trouble.»

«And this morning he has spoken to the Master about it.»

«What a fool! I would have done so straight away.»

«It is probably something painful.»

«Oh! It is certainly not bad behavior of his mother! She is a holy woman! What can be so painful?»

«Perhaps business not doing well…»

«No! He spends and helps people generously.»

«Well! It’s his business! The important thing is that he is in agreement with the Master, and that seems to be the case. They have been talking for some time and peacefully. They are now embracing each other… Very well.»

«Yes, because he is very capable and has many acquaintances. It is a good thing that he is of goodwill and in agreement with us and above all with the Master.»

«Jesus at Hebron said that the tombs of the just are places where miracles are worked, or something like that… There are many of them here. Perhaps those of Meiron worked a miracle for Judas’ perturbation.»

«Oh! if so, he will become entirely holy now at Hillel’s sepulchre. Is it not at Giscala?»

«Yes, Bartholomew.»

«And yet last year we did not come this way…»

«No wonder! We came from the other side!»

Jesus turns around and calls them. They run towards Him joyfully.

«Come. The town is close at hand. We must cross it to arrive at Hillel’s tomb. Let us proceed in one group» says Jesus without any further information, while the eleven apostles cast inquisitive side glances at Him and Judas. The latter’s face looks pacified and humble, and Jesus’ is certainly not radiant. He is solemn but grave.

340.7

They enter Giscala, a beautiful large well-kept town. There must be a flourishing rabbinical centre because I see many groups of doctors with disciples listening to their lessons. The apostles passing through and the Master especially draw the attention of many people and a great deal of them follow the group. Some sneer, some call Judas of Kerioth. But he is walking beside the Master and does not even turn around.

They go out of town towards the house in the neighborhoods of which is Hillel’s sepulcher.

«How impudent of You!»

«He is imprudent and impudent!»

«He is provoking us.»

«Desecrator!»

«Tell Him, Uzziel.»

«I will not be contaminated. Saul, you are only a pupil, you can tell Him.»

«No. Let us tell Judas. Call him.»

The young man, whose name is Saul, a thin pale fellow with very large eyes and mouth, approaches Judas and says to him: «Come. The rabbis want you.»

«I will not come. I am staying where I am. Leave me alone.»

The young man goes back to his masters and tells them.

In the meantime Jesus, in the middle of His apostles, is praying reverently near Hillel’s whitewashed sepulcher.

The rabbis approach the group slowly, like silent snakes, and watch, and two elderly bearded ones pull the tunic of Judas, who, since they gathered to pray, is no longer protected by his companions.

«Well, what do you want?» he asks in a low but resentful voice.

«Is one not even allowed to pray?»

«Just one word. Then we will leave you in peace.»

Simon Zealot and Thaddeus turn round and tell the noisy disturbers to be quiet.

Judas moves a few steps aside and asks: «What do you want.»

I do not hear what the older man whispers in Judas’ ear. But I distinctly see the gesture of Judas who steps aside resolutely saying: «No. Leave me in peace, poisoned souls. I don’t know you, I don’t want to have anything more to do with you.»

The rabbinical group burst into a scornful laugh and threaten: «Watch what you do, you silly boy!»

«You had better watch. Go away! You can go and tell the others. All the others. Have you understood? You can apply to anybody you like, but not to me, you devils» and he leaves them. He has spoken so loudly that the apostles turn around dumbfounded. Jesus does not. Not even after the scornful laugh and threat: «We will see you again, Judas of Simon! We will meet again!» that resounds in the silence of the place.

Judas goes back to his place, he moves aside Andrew who had gone close to Jesus, and as if he wished to be defended and protected, he takes the hem of Jesus’ mantle in his hands.

340.8

The angry men then rage against Jesus. They come forth threatening and shouting: «What are You doing here, You, anathema of Israel? Go away? Don’t make the bones of the Just man, whom You are not worthy to approach, stir in the grave. We will tell Gamaliel and will have You punished.»

Jesus turns around and looks at them, one at a time.

«Why are You looking at us like that, You demoniac?»

«To become better acquainted with your faces and your hearts. Because not only My apostle will see you again. I will, as well. And I want to know you well so that I can recognize you at once.»

«Well: have You seen us? Go away. If Gamaliel were here, he would not allow You to be here.»

«I was here last year with him…»

«That is not true, You liar!»

«Ask him, and since he is an honest man, he will tell that I was here with him. I love and venerate Hillel, I respect and honor Gamaliel. They are two men through whose justice and wisdom the origin of man is revealed, as they remind us that man was made in the likeness of God.»

«We don’t, do we?» interrupt the energumens.

«It is dimmed in you by interests and hatred.»

«Listen to Him! That is how He speaks and offends in the house of other people. Go away from here, corrupter of the best people in Israel! Or we will have to pick up stones. Rome is not here to protect You, You intriguer with the heathen enemy…»

«Why do you hate Me? Why do you persecute Me? What wrong have I done you? Some of you have benefited from Me; everybody has been respected by Me. So why are you so cruel against Me?» Jesus is humble, meek, afflicted and loving. He implores them to love Him.

They take it as a sign of weakness and fear and they become more furious. The first stone flies skimming James of Zebedee, who quickly makes the gesture of reacting by throwing it against the assailers, while all the others gather around Jesus. But they are twelve against about one hundred. Another stone strikes Jesus’ hand while He is telling His disciples not to react. The back of His hand is injured and bleeds. It seems to be already wounded by the nail…

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Jesus then stops praying. He straightens up imposingly, looks at them and crushes them with a glare. But another stone strikes the temple of James of Alphaeus and it begins to bleed.

Jesus is now compelled to paralyse their action by means of His power to defend His apostles, who obeying Him, receive the volley of stones without reacting. And when the cowards are overwhelmed by Jesus’ will and by His frightful imposing attitude, He says: «I am going. But you must know that Hillel would have cursed you for what you are doing. I am going away. But remember[2] that not even the Red Sea prevented the Israelites from going on the way pointed out to them by God. Everything flattened out and became a level road for the passing God. The same applies to Me. As Egyptians, Philistines, Amorites, Canaanites and other peoples could not stop the triumphal march of Israel, so you, who are worse than they were, will not be able to stop My march and mission: Israel. Remember what they sang[3] at the well of the water given by God: “Rise, O well, that was sunk by the princes and dug by the leaders of the people, with the giver of the Law, with their staves”. I am that Well! It was dug by Heaven in response to the prayers and the justice of the true princes and leaders of the holy People, which you are not. No. You are not. The Messiah would never have come for you, because you do not deserve Him. In fact His coming is your ruin. Because the Most High is aware of all the thoughts of men and has always been aware of them, even before Cain, from whom you descend, existed, and before Abel, whom I resemble, before Noah, My symbol, and before Moses who first used My symbol, before Balaam who prophesied[4] the Star, before Isaiah and all the prophets. And God knows your hearts and is struck with horror at them. He has always been horrified at them as He has always rejoiced at the just for whose sake it was just to send Me and who really drew Me from the depths of Heaven, that I might bring Living Water for the thirst of men. I am the Source of eternal Life. But you do not wish to drink at it. And you will die.»

And He walks slowly through the paralysed rabbis and their pupils and goes on His way, slowly, solemnly, in the amazed silence of men and things.


Notes

  1. je l’ai dit, en 269.8.
  2. Rappelez-vous ce qui est relaté en Ex 14, 15-31.
  3. ce qui fut chanté en Nb 21, 17-18.
  4. qui a prophétisé, en Nb 24, 15-19.

Notes

  1. I said, in 269.8.
  2. But remember, as narrated in: Exodus 14:15-31.
  3. what they sang, in: Numbers 21:17-18.
  4. prophesied, in: Numbers 24:15-19.