Gli Scritti di Maria Valtorta

340. Repentir de Judas et conflit avec les rabbins sur la tombe d’Hillel.

340. Ravvedimento di Giuda Iscariota e scontro con i rabbi al sepolcro di Hillele.

340.1

A partir du village de Meiéron, Jésus et ses disciples prennent une route en direction du nord-ouest, toujours montagneuse, parmi bois et pâturages, et ils continuent de monter. Peut-être ont-ils déjà vénéré des tombes, car je les entends en discuter.

En ce moment, c’est justement Judas qui marche en avant avec Jésus. On comprend qu’à Meiéron ils ont reçu et donné des aumônes ; et Judas rend compte des aumônes reçues et de celles qui ont été données. Il achève :

« Et maintenant, voici mon offrande. J’ai juré cette nuit de te la donner pour les pauvres, par pénitence. Elle n’est pas importante, mais je n’ai pas beaucoup d’argent. Cependant, j’ai persuadé ma mère de m’en envoyer souvent par l’intermédiaire de nombreux amis. Les autres fois que je quittais la maison, c’était avec beaucoup d’argent. Mais cette fois, je devais faire route à travers les montagnes, tout seul ou avec Thomas seulement, et je n’ai pris que ce qu’il fallait pour la durée du voyage. J’ai trouvé cela préférable. Seulement… je devrai quelquefois te demander la permission de te quitter quelques heures pour aller chez mes amis. J’ai déjà tout combiné… Maître, est-ce toujours moi qui garde l’argent ? Est-ce que c’est encore moi ? As-tu encore confiance en moi ?

– Judas, tu dis tout par toi-même. Et je ne sais pas pour quelle raison tu le fais.

340.2

Sache que de mon côté tout est comme avant… car j’espère que, de cette façon, tu pourras changer, redevenir le disciple d’autrefois et devenir le juste pour la conversion duquel je prie et je souffre.

– Tu as raison, Maître. Mais avec ton aide je le deviendrai certainement. D’ailleurs… ce sont des défauts de jeunesse. Des peccadilles. Elles servent, au contraire, à pouvoir comprendre ses semblables et à les guérir.

– En vérité, Judas, ta morale est bien étrange ! Et je devrais dire davantage. Jamais on n’a vu un médecin qui se rende volontairement malade pour pouvoir dire ensuite : “ Maintenant je sais mieux soigner ceux qui ont cette maladie. ” De sorte que, moi, je suis un incapable ?

– Qui dit cela, Maître ?

– Toi. Moi, je ne commets pas de péchés, donc je ne sais pas guérir les pécheurs.

– Tu es toi. Mais nous ne sommes pas toi, et nous avons besoin d’expérience pour savoir faire…

– C’est ta vieille idée, la même qu’il y a vingt lunes. A cette différence près qu’à cette époque, tu jugeais que, moi, je devais pécher pour être capable de racheter. En vérité, je m’étonne que tu n’aies pas essayé de corriger mon… défaut, selon ta façon de juger, et de me doter de cette… capacité de comprendre les pécheurs.

– Tu plaisantes, Maître, et je m’en réjouis. Tu me faisais de la peine. Tu étais si triste… Et que ce soit justement moi qui te fasse plaisanter, cela me réjouis doublement. Mais moi, je n’ai jamais pensé à m’ériger en pédagogue pour toi. Et du reste, tu le vois, j’ai rectifié ma manière de voir, si bien que je dis que c’est seulement pour nous que cette expérience est nécessaire. Pour nous, pauvres hommes. Tu es le Fils de Dieu, n’est-ce pas ? Tu as donc une sagesse qui n’a pas besoin d’expérience pour être telle.

– Eh bien ! Sache que l’innocence elle-même est sagesse, bien plus sagesse que la basse et périlleuse connaissance du pécheur. Là où une sainte ignorance du mal limite la capacité de se guider et de guider, le ministère des anges y supplée, et il n’est jamais absent auprès d’un cœur pur. Et tu peux être sûr que les anges, purs comme ils le sont, savent cependant distinguer le bien du mal et conduire l’homme pur, dont ils ont la garde, sur un juste sentier et à de justes actions. Le péché n’accroît pas la sagesse. Il n’est pas lumière. Il ne guide pas. Jamais. Il est corruption. Il est aveuglement. Il est chaos. De sorte que celui qui l’a commis en connaîtra la saveur, mais aura perdu la capacité de connaître beaucoup d’autres nourritures spirituelles et n’aura plus pour le conduire un ange de Dieu, esprit d’ordre et d’amour, mais il aura un ange de Satan pour le précipiter vers un désordre de plus en plus grand à cause de la haine insatiable qui dévore ces esprits diaboliques.

340.3

– Et… écoute, Maître. Si quelqu’un voulait être de nouveau conduit par son ange gardien, est-ce que son repentir suffirait ou bien le venin du péché persiste-t-il même une fois qu’il s’est repenti et a été pardonné ? Tu sais ? Quelqu’un qui s’est adonné au vin, par exemple, même s’il jure de ne plus s’enivrer, avec une volonté véritable de s’y tenir, se sent toujours porté vers la boisson. Et il en souffre…

– Certainement, il souffre. C’est pourquoi, on ne devrait jamais se rendre esclave de ce qui est mal. Mais souffrir n’est pas pécher. C’est expier. De même qu’un buveur repenti ne pèche pas mais acquiert des mérites s’il résiste héroïquement à son penchant et ne boit plus de vin, celui qui a péché, se repent et résiste à tout penchant, acquiert des mérites et il n’est pas privé de l’aide surnaturelle dans cette résistance. Etre tenté, ce n’est pas un péché. Au contraire, c’est la bataille qui procure la victoire. Et, sois-en bien sûr, Dieu n’a que le désir de pardonner et d’aider celui qui s’est trompé, mais se repent ensuite… »

Judas se tait un moment… Puis, prenant la main de Jésus, il la baise en disant, penché sur la main :

« Mais moi, hier soir, j’ai dépassé la mesure. Je t’ai insulté, Maître… Je t’ai dit que je finirais par te haïr… Combien de blasphèmes ai-je prononcés ! Peuvent-ils jamais m’être pardonnés ?

– Le plus grand péché, c’est de désespérer de la miséricorde divine… Judas, je l’ai dit[1] : “ Tout péché contre le Fils de l’homme sera pardonné. ” Le Fils de l’homme est venu pour pardonner, pour sauver, pour guérir, pour conduire au Ciel. Pourquoi veux-tu perdre le Ciel ?

340.4

Judas ! Judas ! Regarde-moi! Lave ton âme dans l’amour qui sort de mes yeux…

– Mais je ne t’inspire pas de dégoût ?

– Si… Mais l’amour est plus grand que le dégoût. Judas, pauvre lépreux, le plus grand lépreux d’Israël, viens demander la santé à Celui qui peut te la donner…

– Donne-la-moi, Maître.

– Non, pas comme cela. Il n’y a pas en toi de vrai repentir ni de volonté ferme. Ce n’est qu’un essai d’amour qui subsiste pour moi, pour ton ancienne vocation. Ce n’est que l’agitation d’un sentiment tout humain. Tout cela n’est pas un mal, c’est, au contraire, le premier pas vers le bien. Cultive-le, fais-le croître, greffe-le sur le surnaturel, transforme-le en un véritable amour pour moi, un vrai retour à ce que tu étais quand tu es venu à moi, au moins cela, au moins cela ! Fais-en, non plus une palpitation passagère, émotive, d’un sentimentalisme inactif, mais un vrai sentiment, actif, d’attirance vers le bien. Judas, j’attends. Moi, je sais attendre. Moi, je prie. C’est moi qui remplace, dans cette attente, ton ange gardien dégoûté. Ma pitié, ma patience, mon amour, sont parfaits, supérieurs à ceux des anges et ils peuvent rester à tes côtés, parmi les puanteurs dégoûtantes de ce qui fermente dans ton cœur, pour t’aider… »

340.5

Judas est ému, réellement, sans feinte. Les lèvres tremblantes et la voix peu assurée à cause de ce qui le trouble, pâle, il demande :

« Mais sais-tu réellement ce que j’ai fait ?

– Tout, Judas. Veux-tu que je te le dise, ou préfères-tu que je t’épargne cette humiliation ?

– Mais… je ne puis croire, voilà…

– Revenons en arrière alors, et disons à l’incrédule la vérité. Ce matin, tu as menti déjà plusieurs fois. A la fois sur l’argent et sur la façon dont tu as passé la nuit. Hier soir, tu as essayé d’étouffer par la luxure tout autre sentiment, toute haine, tout remords. Toi…

– Assez ! Assez ! Par charité, ne continue pas ! Ou je vais fuir de ta présence.

– Tu devrais, au contraire, te serrer à mes genoux et me demander pardon.

– Oui, oui, pardon ! Pardon, mon Maître ! Pardon ! Aide-moi ! Aide-moi ! C’est plus fort que moi ! Tout est plus fort que moi.

– Excepté l’amour que tu devrais avoir pour Jésus… Mais viens ici pour vaincre la tentation et pour que je t’en délivre. »

Et il le prend dans ses bras, en versant des larmes silencieuses sur la tête brune de Judas.

340.6

Les autres, en arrière de quelques mètres, se sont prudemment arrêtés et ils commentent :

« Vous voyez ? Peut-être que Judas a réellement du chagrin.

– Et ce matin il s’en est ouvert au Maître.

– Quel crétin ! Moi, je l’aurais fait tout de suite.

– Ce sont peut-être des révélations pénibles.

– Oh, ce ne sera sûrement pas dû à quelque mauvaise conduite de sa mère ! C’est une sainte femme, elle ! Qu’est-ce qu’il y a donc de pénible ?

– Peut-être ses affaires qui vont mal…

– Mais non ! Il dépense et donne du sien avec générosité.

– Bien ! C’est son problème ! L’important, c’est qu’il soit d’accord avec le Maître, et il semble qu’il en soit ainsi. Ils parlent depuis longtemps et paisiblement. Maintenant, ils se sont embrassés… Très bien.

– Oui, car c’est un homme capable et qui a beaucoup de connaissances. C’est une bonne chose qu’il soit d’accord et bien disposé avec nous et spécialement avec le Maître.

– Jésus, à Hébron, a dit que les tombes des justes sont des endroits miraculeux, ou quelque chose d’approchant… Dans ces parages, il y en a beaucoup. Peut-être que celles de Meiéron ont accompli un miracle sur le trouble de Judas.

– Dans ce cas, il va achever de devenir saint maintenant à la tombe d’Hillel. N’est-ce pas ici, Giscala ?

– Si, Barthélemy.

– Pourtant, l’an dernier, nous ne sommes pas passés par là…

– Evidemment ! Nous venions de l’autre côté ! »

Jésus se retourne et les appelle. Ils accourent, tout joyeux.

« Venez. La ville est proche. Nous devons la traverser pour trouver la tombe d’Hillel. Faisons-le en groupe » dit Jésus sans autre explication, pendant que les onze apôtres examinent avec curiosité leur Maître et Judas.

Mais si ce dernier a l’air pacifié mais humble, Jésus n’a pas un visage radieux. Il est solennel et sérieux.

340.7

Ils entrent dans Giscala, qui est une belle et grande ville, bien tenue. Il doit y avoir un centre rabbinique florissant car je vois beaucoup de docteurs rassemblés en groupes çà et là, avec, à côté d’eux, des élèves qui écoutent leurs leçons. Le passage des apôtres et surtout du Maître est très remarqué, et beaucoup se mettent à suivre leur groupe. Quelques-uns ricanent, d’autres appellent Judas. Mais ce dernier marche à côté du Maître et ne se retourne même pas. Ils sortent de la ville et se dirigent vers la maison près de laquelle se trouve la tombe d’Hillel.

« Quel toupet !

– Il est imprudent et impudent !

– Il nous provoque !

– Profanateur !

– Dis-le-lui, Uziel.

– Moi, je ne me contamine pas. Dis-le-lui, toi, Saül, puisque tu n’es qu’un élève.

– Non. Parlons-en à Judas. Va l’appeler. »

Le jeune appelé Saül, un maigrelet, pâle, tout en yeux et en bouche, va trouver Judas et lui dit:

«Viens. Les rabbis te demandent.

– Je ne viens pas. Je reste là où je suis. Laissez-moi tran­quille. »

Le jeune homme revient et le rapporte à ses maîtres.

Pendant ce temps Jésus, entouré de ses disciples, prie avec respect près du tombeau de pierre blanche d’Hillel.

Les rabbis s’approchent doucement, comme des serpents silencieux, et ils lorgnent. Et deux barbus, âgés, tirent le vêtement de Judas qui, en se mettant en prière, ne s’est plus trouvé défendu par le groupe de ses compagnons.

« Mais enfin, que voulez-vous ? » demande-t-il, tout bas, mais sur un ton irrité. « On ne peut même pas prier ?

– Un seul mot, puis nous te laissons en paix. »

Simon le Zélote et Jude se retournent et font taire les murmures. Judas s’éloigne à deux ou trois pas et demande :

« Que voulez-vous ? »

Je n’entends pas ce que lui murmure à l’oreille le plus âgé. Mais je vois bien la réaction de Judas, qui s’écarte vivement en disant :

« Non. Laissez-moi tranquille, âmes empoisonnées. Je ne vous connais pas, je ne veux plus vous connaître. »

Un éclat de rire méprisant sort du petit groupe des rabbis ainsi qu’une menace :

« Attention à ce que tu fais, pauvre imbécile !

– Attention à vous ! Partez ! Allez aussi le dire aux autres. A tous les autres. Avez-vous compris ? Adressez-vous à qui bon vous semble, pas à moi, démons que vous êtes ! »

Sur ce, il les laisse en plan.

Il a parlé si fort que les apôtres se sont retournés, stupéfaits. Pas Jésus. Même pas pour l’éclat de rire méprisant et la promesse “ Nous nous reverrons, Judas, fils de Simon ! Nous nous reverrons ! ” qui résonne dans le silence qui les entoure. Judas revient à sa place, bien plus, il prend la place d’André qui s’était mis près de Jésus et, comme pour en être défendu et protégé, il prend dans ses mains un pan du manteau de Jésus.

340.8

Leur colère se retourne contre Jésus. Ils avancent, menaçants, et crient :

« Que fais-tu ici, anathème d’Israël ? Hors d’ici ! Ne fais pas frémir les ossements du Juste que tu n’es pas digne d’approcher. Nous le dirons à Gamaliel et nous te ferons punir. »

Jésus se retourne et les regarde l’un après l’autre.

« Pourquoi nous regardes-tu ainsi, possédé ?

– Pour bien connaître vos visages et vos cœurs. Car ce n’est pas seulement mon apôtre qui vous reverra, mais moi également, et je voudrai vous avoir bien connus pour pouvoir aussitôt bien vous reconnaître.

– Bien : tu nous as vus ? Va-t’en. Gamaliel, s’il était ici, ne le permettrait pas.

– L’an dernier, je suis venu ici avec lui…

– Ce n’est pas vrai, menteur !

– Demandez-le-lui et, puisque c’est un homme honnête, il vous dira que oui. Moi, j’aime et je vénère Hillel, et je respecte et honore Gamaliel. Ce sont deux hommes en qui se manifeste l’origine de l’homme en raison de leur justice et de leur sagesse, qui rappelle que l’homme est fait à la ressemblance de Dieu.

– Pas nous, hein ? interrompent les énergumènes.

– En vous, elle est masquée par l’égoïsme et la haine.

– Ecoutez-le ! C’est dans la maison d’autrui qu’il parle ainsi et nous offense ! Hors d’ici ! Va au diable ! Corrupteur des meilleurs d’Israël, ou nous allons prendre des pierres. Ici, Rome n’est pas là pour te protéger, toi qui es lié à l’ennemi païen…

– Pourquoi me haïssez-vous ? Pourquoi me persécutez-vous ? Quel mal vous ai-je fait ? Certains de vous ont obtenu de moi des bienfaits et tous, mon respect. Pourquoi vous montrez-vous donc cruels à mon égard ? »

Jésus est humble, doux, affligé et aimant. Il les supplie de l’aimer.

Eux prennent cela pour un signe de faiblesse et de peur, et ils le harcèlent. La première pierre vole et effleure Jacques, fils de Zébédée, qui riposte rapidement en la relançant aux assaillants alors que tous se serrent autour de Jésus. Mais ils sont dix contre une centaine environ. Une autre pierre blesse à la main Jésus qui est en train de commander à ses disciples de ne pas réagir. La main, atteinte au dos, saigne. Elle semble déjà blessée par le clou…

340.9

Alors Jésus ne prie plus. Il se redresse, l’air imposant, les regarde, les foudroie du regard. Mais une autre pierre fait saigner Jacques, fils d’Alphée, à la tempe. Jésus doit paralyser tout autre acte par sa puissance pour protéger ses apôtres qui, obéissants, reçoivent la grêle de pierres sans réagir.

Et quand les lâches sont dominés par la volonté de Jésus – il a une majesté terrible –, il leur dit d’une voix de tonnerre :

« Je m’en vais. Mais sachez que, pour ce que vous faites, Hillel vous aurait maudits. Je m’en vais. Rappelez-vous[2] pourtant que même la Mer Rouge n’a pas arrêté le peuple d’Israël sur le chemin que Dieu leur avait tracé. Tout s’aplanit et devint chemin pour Dieu qui passait. Et il en est de même pour moi. Tout comme les Egyptiens et les Philistins, les Amorrhéens, les Cananéens et autres peuples n’arrêtèrent pas la marche triomphale d’Israël, ainsi vous, qui êtes pires qu’eux, vous n’arrêterez pas ma marche et ma mission : celle d’Israël. Rappelez-vous ce qui fut chanté[3] au puits de l’eau donnée par Dieu : “ Surgis, ô puits, puits creusé par les princes, foré par les chefs du peuple, avec leur sceptre et leurs bâtons, avec celui qui a donné la Loi. ” C’est moi qui suis ce Puits ! Ce Puits, c’est moi qui le suis ! Creusé dans les Cieux par toutes les prières, les actions justes des vrais princes et chefs du Peuple saint que vous, vous n’êtes pas. Non, vous, vous ne l’êtes pas. Jamais le Messie ne serait venu pour vous, parce que vous ne le méritez pas. Parce que sa venue est votre ruine. Car le Très-Haut connaît toutes les pensées des hommes et il les connaît depuis toujours, avant que n’existe Caïn dont vous descendez, et Abel à qui je ressemble, avant que n’existe Noé, ma figure, Moïse qui le premier a employé mon symbole, avant que n’existe Balaam qui a prophétisé[4] l’Etoile, et Isaïe et tous les prophètes. Dieu connaît vos pensées et il en a horreur. Il en a toujours eu horreur, de même qu’il s’est toujours réjoui pour les justes à cause desquels il était juste de m’envoyer et qui vraiment, oh oui ! Vraiment, m’ont aspiré des profondeurs des Cieux pour que j’apporte l’Eau vive pour la soif des hommes. Je suis la Source de la vie éternelle. Mais vous, vous ne voulez pas boire. Et vous mourrez. »

Cela dit, il passe lentement au milieu des rabbins paralysés et de leurs élèves et il poursuit sa route, lent, solennel, dans le silence stupéfait des hommes et de ce qui les entoure.

340.1

Dal paese di Meieron Gesù coi suoi apostoli prende una strada in direzione nord-ovest, sempre montana, fra boschi e pascoli, e continua a salire. Forse hanno già venerato delle tombe perché sento che ne parlano fra di loro.

Adesso è proprio l’Iscariota che è davanti con Gesù. Si capisce che a Meieron hanno ricevuto e dato elemosine, e Giuda ne dà il rendiconto, dicendo le offerte ricevute e le elemosine date.

Termina dicendo: «Ed ora ecco qui la mia offerta. L’ho giurato questa notte di dartela per i poveri, per penitenza. Non è molta. Ma non ho molto denaro. Però ho persuaso mia madre a mandarmene sovente attraverso a molti amici. Le altre volte che lasciavo la casa era con molto denaro. Ma questa volta, dovendo girare per i monti da solo o col solo Tommaso, ne ho preso il sufficiente per la durata del viaggio. Preferisco fare così. Soltanto… dovrò qualche volta chiederti licenza di separarmi per qualche ora da voi per andare dai miei amici. Ho già combinato tutto… Maestro, la moneta la tengo sempre io? Ancora io? Ti fidi ancora di me?».

«Giuda, tu dici tutto da te stesso. E non ne so il motivo per il quale lo fai.

340.2

Sappi che per Me nulla è mutato… perché spero, con questo, che abbia a mutare tu e ritornare ad essere il discepolo di un tempo, e divenire il giusto per la cui conversione a tale Io prego e soffro».

«Hai ragione, Maestro. Ma col tuo aiuto certo lo diventerò. Del resto… sono imperfezioni di gioventù. Cose senza peso. Servono, anzi, a potere comprendere i propri simili e a curarli».

«In verità, Giuda, la tua morale è molto strana! E dovrei dire di più. Mai non si è visto un medico che si ammali volontariamente per poter poi dire: “Adesso so curare meglio i malati di questo male”. Sicché Io sono un incapace?».

«Chi lo dice, Maestro?».

«Tu. Io non faccio peccati, perciò allora non so curare i peccatori».

«Tu sei Tu. Ma noi non siamo Tu e occorriamo della esperienza per saper fare…».

«È la tua vecchia idea. La stessa di un venti lune fa. Solo che allora giudicavi che Io dovessi peccare per essere capace di redimere. In verità mi stupisco che tu non abbia cercato di correggere questo mio… difetto, secondo i tuoi modi di giudicare, e di dotarmi di questa… capacità di comprendere i peccatori».

«Tu scherzi, Maestro. E ne ho piacere. Mi facevi pena. Eri tanto triste. E che sia proprio io che ti faccio scherzare mi dà doppio piacere. Ma io non ho mai pensato ad erigermi a tuo pedagogo. E del resto, lo vedi! Ho corretto il mio modo di pensare, tanto che dico che solo per noi è necessaria questa esperienza. Per noi, poveri uomini. Tu sei il Figlio di Dio, non è vero? Hai dunque una sapienza che non abbisogna di esperienze per essere tale».

«Ebbene, allora sappi che anche l’innocenza è sapienza, molto più sapienza della bassa e pericolosa conoscenza del peccatore. Dove l’ignoranza santa del male renderebbe limitata la capacità di guidarsi e di guidare, sopperisce il ministero angelico, che non è mai assente presso un cuore puro. E credi che gli angeli, purissimi quali sono, sanno però anche distinguere il Bene e il Male e condurre il puro, che custodiscono, sul sentiero giusto e ad atti giusti. Il peccato non è aumento di sapienza. Non è luce. Non è guida. Mai. È corruzione. È accecamento. È caos. Di modo che chi lo ha fatto ne saprà il sapore, ma anche avrà perduto la capacità di sapere molte altre spirituali cose e non avrà più un angelo di Dio, spirito di ordine e di amore, a guidarlo, ma avrà un angelo di Satana a condurlo su un disordine sempre maggiore per l’odio insaziabile che divora questi spiriti diabolici».

340.3

«E… senti, Maestro. Se uno volesse tornare ad avere la guida angelica? Basta il pentimento, oppure il veleno del peccato perdura anche dopo che si è pentito ed è stato perdonato?… Sai? Uno che si è dato al vino, ad esempio, se anche giura di non ubbriacarsi più, e lo giura con vera volontà di farlo, sente sempre lo stimolo a bere. E soffre…».

«Certo. Soffre. Per questo non si dovrebbe mai rendersi schiavi di ciò che è male. Ma soffrire non è peccare. È espiare. Così come un ubbriacone pentito non fa peccato ma acquista merito se resiste eroicamente allo stimolo e non beve più vino, altrettanto chi ha peccato, e si pente, e resiste ad ogni stimolo, acquista un merito, né gli manca l’aiuto soprannaturale per questa resistenza. Essere tentati non è peccato. Anzi è battaglia che procura vittoria. E, credilo anche, in Dio non c’è che il desiderio di perdonare e di aiutare chi ha sbagliato ma poi si pente…».

Giuda tace qualche tempo… Poi, prendendo la mano di Gesù, la bacia dicendo, stando curvo sulla mano baciata: «Ma io ieri sera ho passato la misura. Ti ho insultato, Maestro… Ti ho detto che finirò ad odiarti… Quante bestemmie ho detto! Possono mai essermi perdonate?».

«Il più grande peccato è disperare della misericordia divina… Giuda, Io l’ho detto[1]: “Ogni peccato contro il Figlio dell’uomo sarà perdonato”. Il Figlio dell’uomo è venuto per perdonare, per salvare, per guarire, per portare al Cielo. Perché vuoi tu perdere il Cielo?

340.4

Giuda! Giuda! Guardami! Lavati l’anima nell’amore che esce dai miei occhi…».

«Ma non ti faccio ribrezzo?».

«Sì… Ma l’amore è più grande del ribrezzo. Giuda, povero lebbroso, il più grande lebbroso di Israele, vieni ad invocare la salute da Chi te la può dare…».

«Dammela, Maestro».

«No. Non così. Non c’è in te il pentimento vero e la volontà ferma. C’è solo un conato di amore superstite per Me, per la tua passata vocazione. C’è un agitarsi di sentimento, ma tutto umano. Non è male tutto questo. È anzi il primo passo verso il Bene. Coltivalo, aumentalo, innestalo col soprannaturale, fànne un vero amore per Me, un ritorno vero a ciò che eri quando a Me venisti, quello almeno, quello almeno! Fànne non un palpito transitorio, emotivo, di sentimentalismo inattivo, ma un vero sentimento, attivo, di attrazione al Bene. Giuda, Io aspetto. Io so aspettare. Io prego. Sono Io che sopperisco, in quest’attesa, il tuo angelo disgustato. La mia pietà, la mia pazienza, il mio amore, essendo perfetti, sono superiori a quelli angelici e possono rimanere al tuo fianco, fra i fetori disgustosi di quello che ti fermenta in cuore, per aiutarti…».

340.5

Giuda è commosso, in realtà, non per finta. Con labbra tremanti e voce resa malferma da ciò che lo commuove, pallido, chiede: «Ma Tu sai realmente ciò che ho fatto?».

«Tutto, Giuda. Vuoi che te lo dica o preferisci che Io ti risparmi questo avvilimento?».

«Ma… non posso credere, ecco…».

«Andiamo a ritroso, allora, e diciamo all’incredulo la verità. Tu questa mattina hai mentito già più volte. E sui denari e sul modo come hai passato la notte. Tu ieri sera hai cercato di soffocare con la lussuria ogni tuo altro sentimento, ogni odio, ogni rimorso. Tu…».

«Basta! Basta! Per carità non andare oltre! O io fuggirò dal tuo cospetto».

«Dovresti all’opposto stringerti ai miei ginocchi chiedendo perdono».

«Sì, sì! Perdono! Perdono, Maestro mio! Perdono! Aiutami! Aiutami! È più forte di me! Tutto è più forte di me».

«Fuorché l’amore che dovresti avere per Gesù… Ma vieni qui, che ti vinca la tentazione e te ne liberi». E lo piglia fra le braccia, piangendo silenziose lacrime sul capo bruno di Giuda.

340.6

Gli altri, indietro di qualche metro, si sono prudentemente fermati e commentano.

«Vedete?! Forse Giuda ha proprio dei dispiaceri».

«E questa mattina se ne è aperto col Maestro».

«Che stolto! Io lo facevo subito».

«Saranno cose penose».

«Oh! non sarà certo per mala condotta di sua madre! È una santa donna lei! Che dunque di penoso?».

«Forse interessi che vanno male…».

«Ma no! Spende e benefica di suo con generosità».

«Bene! Affari suoi! L’importante è che sia d’accordo col Maestro, e pare che sia così. Parlano da tanto e con pace. Ora sono abbracciati… Molto bene».

«Sì, perché è uno capace ed ha tante conoscenze. È buona cosa che sia d’accordo e di buona volontà con noi e specie col Maestro».

«Gesù ha detto a Ebron che le tombe dei giusti sono luoghi di miracolo, o su per giù… In questi luoghi ve ne sono molte. Forse hanno fatto miracolo, sul turbamento di Giuda, quelle di Meieron».

«Oh! allora finirà di farsi santo ora alla tomba di Hillele. Non è Giscala quella?».

«Sì, Bartolomeo».

«Eppure lo scorso anno non passammo di qui…».

«Sfido! Venivamo dall’altra parte!».

Gesù si volta e li chiama. Accorrono festosi.

«Venite. La città è prossima. Dobbiamo attraversarla per trovare la tomba di Hillele. Facciamolo in gruppo», dice Gesù senza spiegare altro, mentre gli undici sbirciano curiosi Lui e Giuda. Ma se quest’ultimo ha un viso pacificato ma dimesso, Gesù non ha un viso radioso. È solenne, ma serio.

340.7

Entrano in Giscala, che è vasta e bella e ben tenuta. Vi deve essere un fiorente centro rabbinico, perché vedo molti dottori raccolti in gruppi qua e là, con allievi vicino a loro in ascolto delle loro lezioni. Il passaggio degli apostoli, e specie del Maestro, è molto notato e molti si accodano al loro gruppo. Qualcuno sogghigna, altri chiamano Giuda di Keriot. Ma lui è al fianco del Maestro e non si volta neppure.

Escono dalla città e vanno alla casa nei cui pressi è la tomba di Hillele.

«Che sfacciataggine!».

«È imprudente e impudente!».

«Ci provoca».

«Profanatore!».

«Diglielo, Uziel».

«Io non mi contamino. Diglielo tu, Saul, che sei soltanto allievo».

«No. Diciamolo a Giuda. Vallo a chiamare».

Il giovane detto Saul, un mingherlino, pallido, tutt’occhi e bocca, va da Giuda e gli dice: «Vieni. Ti vogliono i rabbi».

«Non vengo. Sto dove sono. Lasciatemi stare».

Il giovane torna e riferisce ai suoi capi.

Intanto Gesù, nel cerchio dei suoi, prega con venerazione presso il sepolcro ben candido di calcina di Hillele.

I rabbi si accostano piano, come serpi silenziose, e osservano; e due, barbuti, anziani, tirano la veste di Giuda, che nel mettersi in preghiera si è trovato non più difeso dalle coppie degli altri compagni.

«Ma che volete, insomma?», chiede piano ma con risentimento. «Neanche pregare si può?».

«Una parola sola. Poi ti lasciamo in pace».

Simone Zelote e il Taddeo si voltano e zittiscono i sussurroni. Giuda si scosta due o tre passi e chiede: «Che volete?».

Non intendo ciò che gli mormora il più vecchio all’orecchio. Ma vedo bene l’atto di Giuda che si scansa d’impeto dicendo:

«No. Lasciatemi in pace, anime di veleno. Non vi conosco, non vi voglio più conoscere».

Una risata di scherno esce dal gruppetto rabbinico e una minaccia: «Bada ciò che fai, stolto ragazzo!».

«Badateci voi. Via! Andate pure a dirlo agli altri. A tutti gli altri. Avete capito? Rivolgetevi a chi vi pare. Non a me, demoni che siete», e li pianta in asso.

Ha parlato tanto forte che gli apostoli si sono voltati stupefatti. Gesù no. Neppure per la risata di scherno e la promessa:

«Ci rivedremo, Giuda di Simone! Ci rivedremo!», che risuona nel silenzio del luogo.

Giuda torna al suo posto, anzi sposta Andrea che si era messo vicino a Gesù e, quasi per essere difeso e protetto, prende un lembo del mantello di Gesù fra le mani.

340.8

L’ira si avventa su Gesù, allora. Si fanno avanti, minacciosi, e urlano: «Che fai qui, Tu, anatema di Israele? Via! Non fare fremere le ossa del Giusto che non sei degno di avvicinare. Lo diremo a Gamaliele e ti faremo punire».

Gesù si volta e li guarda. Uno per uno.

«Perché ci guardi così, indemoniato?».

«Per conoscere bene i vostri volti e i vostri cuori. Perché non solo il mio apostolo si rivedrà con voi. Ma Io pure. E vorrò avervi ben conosciuto per potervi subito ben ravvisare».

«Bene, ci hai visti? Vattene. Gamaliele, se ci fosse, non lo permetterebbe».

«Lo scorso anno fui qui con lui…».

«Non è vero, mentitore!».

«Chiedeteglielo e, poiché egli è un onesto, vi dirà che sì. Io amo e venero Hillele, e rispetto e onoro Gamaliele. Sono due uomini nei quali si appalesa l’origine dell’uomo per la loro giustizia e sapienza, che ricorda che l’uomo è fatto a somiglianza di Dio».

«In noi no, eh?», interrompono gli energumeni.

«In voi è offuscata dagli interessi e dall’odio».

«Uditelo! In casa altrui così parla e offende! Via! Via di qui, corruttore dei migliori d’Israele! O noi daremo mano alle pietre. Qui non c’è Roma a proteggerti, trescatore col nemico pagano…».

«Perché mi odiate? Perché mi perseguitate? Che vi ho fatto di male? Alcuni di voi hanno avuto da Me benefici, tutti rispetto. E allora perché siete con Me crudeli?». Gesù è umile, mite, afflitto e amoroso. Li supplica di amarlo.

Essi prendono questo per un segno di debolezza e di paura e incalzano. La prima pietra vola e sfiora Giacomo di Zebedeo. Questo, rapido, fa l’atto di reagire col lanciarla agli assalitori, mentre tutti si stringono intorno a Gesù. Ma sono dodici contro un centinaio circa. Un’altra pietra colpisce alla mano Gesù che sta ordinando ai suoi di non reagire. La mano, ferita sul dorso, sanguina. Pare già ferita dal chiodo…

340.9

Allora Gesù non prega più. Si raddrizza, imponente, li guarda, li fulmina coi suoi sguardi. Ma un altro sasso fa sanguinare Giacomo d’Alfeo sulla tempia. Gesù deve paralizzare ogni altro atto col suo potere, a difesa dei suoi apostoli che, ubbidienti, subiscono la sassaiola senza reagire. E quando i vili sono dominati dal volere di Gesù, Egli — ed è di una imponenza spaventosa — dice con voce tonante:

«Me ne vado. Ma sappiate che, per quanto fate, Hillele vi avrebbe maledetti. Me ne vado. Però ricordate[2] che neppure il mar Rosso arrestò gli israeliti dal loro cammino segnato da Dio. Tutto si spianò e si fece strada al volere di Dio che passava. E ciò è anche per Me. Come egizi e filistei, amorrei, cananei e ogni altro popolo non arrestarono la marcia trionfale di Israele, così voi, peggio che tali, non arresterete il cammino e la missione di Me: Israele. Ricordate che fu cantato[3] al pozzo dell’acqua data da Dio: “Sgorga, o pozzo, pozzo scavato dai principi, preparato dai capi del popolo, col dator della Legge, coi loro bastoni”. Io sono quel Pozzo! Quel Pozzo Io sono! Scavato dai Cieli per tutte le preghiere, le giustizie dei veri principi e capi del Popolo santo, che non siete voi. No. Non lo siete. Per voi mai il Messia sarebbe venuto, perché non ve lo meritate. Perché la sua venuta è la vostra rovina. Perché l’Altissimo sa tutti i pensieri degli uomini e li sa da sempre, da prima che fosse Caino da cui venite, e Abele al quale Io sono simile, da prima che fosse Noè mia figura, Mosé che per primo ha usato il mio simbolo, da prima che fosse Balaam che profetizzò[4] la Stella, e Isaia e tutti i profeti. E sa i vostri, Dio, e ne inorridisce. Ne ha sempre inorridito, così come ha sempre giubilato per i giusti per i quali era giusto mandarmi, e che veramente, oh! sì! veramente mi hanno aspirato dalla profondità dei Cieli per portare l’Acqua viva alla sete degli uomini. Io sono la Fonte di Vita eterna. Ma voi non vi volete bere. E morrete».

E passa lentamente in mezzo ai paralizzati rabbini e allievi e prosegue la sua via, lento, solenne, in un silenzio stupefatto di uomini e di cose.


Notes

  1. je l’ai dit, en 269.8.
  2. Rappelez-vous ce qui est relaté en Ex 14, 15-31.
  3. ce qui fut chanté en Nb 21, 17-18.
  4. qui a prophétisé, en Nb 24, 15-19.

Note

  1. l’ho detto, in 269.8.
  2. ricordate, ciò che si narra in: Esodo 14, 15-31.
  3. fu cantato, in: Numeri 21, 17-18.
  4. profetizzò, in: Numeri 24, 15-19.