The Writings of Maria Valtorta

411. Enseignements tirés de la nature et miracle pour une glaneuse.

411. Lessons taken from nature.

411.1

C’est une campagne blonde de moissons que Jésus traverse avec ses disciples. Il fait très chaud, bien que l’on soit aux premières heures de la journée. Les moissonneurs fauchent les sillons bien garnis, en créant des vides dans l’or des blés. Les faux brillent un instant au soleil, disparaissent dans les épis pour réapparaître brièvement de l’autre côté, et les javelles ploient et se couchent comme si elles étaient lasses d’être restées debout pendant des mois sur la terre brûlée par le soleil. Des femmes suivent, liant les gerbes derrière les faucheurs. Dans la campagne, les gens sont partout occupés à ce travail. La récolte a été très bonne, et les moissonneurs s’en réjouissent.

Lorsque le groupe des apôtres passe sur le chemin et que les travailleurs en sont proches, plusieurs suspendent un instant leur besogne. Ils s’appuient à leur faux, essuient leur sueur et regardent, de même que les femmes qui lient les gerbes. Dans leurs vêtements clairs, la tête couverte d’un linge blanc, elles ressemblent à des fleurs qui émergent de la terre dépouillée des blés, coquelicots, bleuets et marguerites. Les hommes, en tuniques courtes, soit beiges soit jaunâtres, attirent moins le regard. Ils n’ont de clair que le linge lié par une ficelle sur la tête et qui retombe sur le cou et les joues. Dans cette blancheur, les visages bronzés par le soleil paraissent encore plus noirs.

Quand Jésus se rend compte qu’on l’observe, il passe en saluant :

« Que la paix et la bénédiction de Dieu soient avec vous. »

Et les autres répondent :

« Que la bénédiction de Dieu revienne sur toi », ou bien plus simplement : « Qu’elle soit aussi avec toi. »

Certains, plus loquaces, intéressent Jésus aux moissons :

« C’est une bonne année. Regarde ces épis grenus et comme ils sont serrés dans les sillons. On fatigue à les couper, mais c’est le pain !…

– Soyez-en reconnaissants au Seigneur. Et vous savez que ce n’est pas en paroles, mais en actes, que l’on doit montrer sa reconnaissance. Soyez miséricordieux avec cette récolte en pensant que le Tout-Puissant a été miséricordieux en donnant ses rosées et son soleil à vos champs pour que vous en retiriez beaucoup de grain. Rappelez-vous le précepte[1] du Deutéronome. En récoltant les biens que Dieu vous offre, pensez à ceux qui n’ont rien, et laissez-leur un peu des vôtres. C’est un saint mensonge que celui qui est un acte de charité envers votre prochain et que Dieu voit. Mieux vaut en laisser que de tout ramasser avec avidité. Dieu bénit les personnes généreuses. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir[2] parce que cela oblige Dieu, qui est juste, à récompenser plus largement celui qui a eu pitié. »

Jésus passe et répète ses conseils d’amour.

411.2

La chaleur du soleil se fait plus pesante. Les moissonneurs cessent le travail. Ceux qui habitent dans les environs rentrent chez eux, les autres se mettent à l’ombre des arbres et, là, se reposent, mangent, sommeillent.

Jésus aussi s’abrite dans un bosquet très touffu à l’intérieur de la campagne et, assis sur l’herbe, après avoir prié et offert la nourriture frugale de pain, de fromage et d’olives, il distribue les parts et mange en parlant avec les disciples. Il y a de l’ombre, de la fraîcheur et un grand silence, le silence des heures ensoleillées de l’été, un silence qui invite à s’assoupir. Et, en effet, la plupart somnolent après le repas.

Mais pas Jésus. Il se repose, les épaules appuyées à un arbre, tout en s’intéressant à l’activité des insectes sur les fleurs. A un certain moment, il fait signe à Jean, à Judas et à l’un des plus âgés, qu’il appelle Barthélemy, et quand il les a autour de lui, il dit :

« Admirez donc quel travail ce petit insecte est en train de faire ! Voyez : cela fait un certain temps que je le surveille. Il veut enlever à ce calice si petit le nectar qui en remplit le fond et, comme il ne peut y arriver, regardez : il allonge d’abord l’une de ses petites pattes, puis l’autre, la plonge dans le suc et s’en nourrit. Au bout d’un moment, il l’a vidé. Voyez quelle merveille est la Providence de Dieu ! N’ignorant pas que, sans certains organes, l’insecte, créé pour être une chrysolite volante au-dessus de la verdure des prés, n’aurait pu se nourrir, elle a muni ses pattes de ces poils minuscules. Vous les distinguez ? Toi, Barthélemy ? Non ? Regarde. Je vais le prendre et te le montrer à contre-jour. »

Délicatement, il prend le scarabée qui semble d’or brun, et le renverse sur sa main. Le scarabée fait le mort et tous les trois mirent ses petites pattes. Puis il les bouge pour s’enfuir. Naturellement, il n’y arrive pas, mais Jésus l’aide et le remet à l’endroit. La bestiole avance sur la paume et va jusqu’au bout des doigts, se penche, ouvre ses ailes, mais elle est méfiante.

« Elle ne sait pas que je ne veux que le bien de tout être. Elle n’a que son petit instinct, parfait si on le compare à sa nature, suffisant pour tout ce dont elle a besoin, mais bien inférieur à la pensée humaine. C’est pourquoi l’insecte n’est pas responsable s’il fait de mauvaises actions, au contraire de l’homme. L’homme possède en lui-même une lumière de l’intelligence supérieure et cela d’autant plus qu’il sera mieux instruit des choses de Dieu. Il sera donc responsable de ses actes.

411.3

– Dans ce cas, Maître, dit Barthélemy, nous que tu instruis, nous avons une grande responsabilité ?

– Bien sûr. Et à l’avenir, elle le sera encore davantage, quand le Sacrifice sera accompli et que la Rédemption sera venue, et avec elle la grâce qui est force et lumière. Et après elle, viendra Celui qui affermira votre volonté. Celui, ensuite, qui ne voudra pas, sera très responsable.

– Alors, bien peu se sauveront !

– Pourquoi, Barthélemy ?

– Parce que l’homme est si faible !

– Mais s’il combat sa faiblesse par sa confiance en moi, il devient fort. Croyez-vous que je ne comprends pas vos luttes et que je ne compatis pas à vos faiblesses ? Vous voyez ? Satan est comme cette araignée qui est en train de tendre son piège, de cette petite branche à cette tige. Il est si fin et si traître ! Regardez comme resplendit ce fil. On dirait de l’argent d’un filigrane impalpable. Il sera invisible pendant la nuit, mais demain, dès l’aube, il sera couvert de joyaux splendides, et les mouches imprudentes, qui tournent de nuit à la recherche de nourritures plus ou moins propres, tomberont dedans, tout comme les légers papillons attirés par ce qui brille… »

Les autres apôtres se sont approchés, et écoutent cet enseignement tiré du règne végétal et du règne animal.

« …Eh bien, mon amour fait, à l’égard de Satan, ce que fait maintenant ma main : il détruit la toile. Regardez comment l’araignée fuit et se cache. Elle a peur du plus fort. Satan aussi en a peur. Or le plus fort, c’est l’Amour.

411.4

– Ne vaudrait-il pas mieux détruire l’araignée ? dit Pierre, dont les conclusions sont très pratiques.

– Si, mais cette araignée fait son devoir. Il est vrai qu’elle tue les pauvres petits papillons si beaux, mais elle extermine aussi un grand nombre de mouches sales qui transportent des germes d’infection et de contamination des malades aux personnes en bonne santé, des morts aux vivants.

– Mais dans notre cas, que fait l’araignée ?

– Que fait-elle, Simon ? (il est lui aussi âgé, et c’est lui qui se plaignait[3] des rhumatismes). Elle agit comme la bonne volonté en vous. Elle détruit les tiédeurs, les apathies, les vaines présomptions. Elle vous oblige à rester vigilants. Qu’est-ce qui vous rend dignes de récompense ? La lutte et la victoire. Pouvez-vous vaincre sans combattre ? La présence de Satan oblige à une vigilance continuelle. L’Amour, ensuite, qui vous aime, fait que cette présence n’est pas forcément nocive. Si vous restez auprès de l’Amour, Satan aura beau vous tenter, il devient incapable de vraiment vous nuire.

– Toujours ?

– Toujours, dans les grandes et les petites occasions. Prenons comme exemple une petite ruse : il te recommande inutilement de prendre soin de ta santé. C’est un conseil subtil pour chercher à t’enlever à moi. L’Amour te tient étroitement, Simon, et tes douleurs perdent leur importance même à tes yeux.

– Oh ! Seigneur, tu sais cela ?

– Oui. Mais ne t’en accable pas. Allons, allons ! L’Amour te donnera tant de courage qu’il est maintenant le premier à sourire de ton humanité qui tremble à cause de ses rhumatismes… »

Jésus rit de la confusion du disciple, et il le serre contre lui pour le consoler. Même en riant, il est plein de dignité. Les autres rient eux aussi.

411.5

« Qui vient aider cette pauvre femme ? dit Jésus en montrant une petite vieille qui, bravant la canicule, glane dans les sillons fauchés.

– Moi, dit Jean, et avec lui Thomas et Jacques.

Mais Pierre tire Jean par la manche et l’entraîne un peu de côté :

« Demande au Maître ce qui le rend tellement heureux. Je lui ai posé la question, mais il m’a seulement répondu : “ Mon bonheur est de voir une âme rechercher la lumière. ” Mais si c’est toi qui l’interroges… à toi, il dit tout. »

Jean est pris entre la retenue et le désir de savoir et de satisfaire Pierre. Il rejoint lentement Jésus, qui est déjà dans le champ en train de glaner. A la vue de tous ces jeunes, la petite vieille fait un geste de désolation et se fatigue à s’activer.

« Femme ! Femme ! » crie Jésus. « Je glane pour toi. Ne reste pas au soleil, mère. Nous allons te donner un coup de main. »

Interdite par tant de bonté, elle le regarde fixement, puis obéit. Mince silhouette, courbée et un peu tremblante, elle se dirige le long du filet d’ombre du talus qui limite le champ. Jésus marche rapidement en ramassant des épis. Jean le suit de près, Thomas et Jacques sont plus loin.

« Maître, dit Jean, haletant, comment trouves-tu tant d’épis ? Moi, j’en trouve si peu dans le sillon voisin ! »

Jésus sourit sans rien dire. Je ne pourrais le jurer, mais il me semble que les épis fauchés et non récoltés se lèvent là où les yeux divins se posent. Jésus ramasse et sourit. Il a une vraie gerbe d’épis dans les bras.

« Tiens, Jean, prends la mienne. Ainsi, tu en as une quantité toi aussi, et la petite mère va être heureuse.

– Mais, Maître… Tu fais un miracle ? Il n’est pas possible que tu en trouves tant !

– Chut ! C’est pour la petite mère… en pensant à la mienne et à la tienne. Regarde cette vieille femme ! Le bon Dieu, qui rassasie l’oiseau à peine né, veut remplir le minuscule grenier de cette pauvre grand-mère. Cela lui fera du pain pour les mois qui lui restent encore. Elle ne verra pas la prochaine moisson. Mais je ne veux pas qu’elle ait faim pendant son dernier hiver. Maintenant, tu vas entendre ses exclamations. Prépare-toi, Jean, à en avoir les oreilles rebattues, comme moi, je m’apprête à être baigné de larmes et de baisers…

– Que tu es gai, Jésus, depuis quelques jours ! Pourquoi ?

– C’est toi qui veux le savoir ou quelqu’un qui t’envoie ? »

Jean, déjà rouge sous l’effort, devient cramoisi.

Jésus comprend :

« Dis à celui qui t’envoie qu’un de mes frères est malade et attend sa guérison. Sa volonté de guérir me remplit de joie.

– Qui est-ce, Maître ?

– Un de tes frères. Quelqu’un que Jésus aime. Un pécheur.

– Alors, ce n’est pas l’un de nous.

– Jean, crois-tu que parmi vous il n’y a pas de péché ? crois-tu que vous seuls me donnez de la joie ?

– Non, Maître. Je sais que nous aussi, nous sommes pécheurs, et que tu veux sauver tous les hommes.

– Et alors ? Je t’ai dit : “ Ne cherche pas à savoir ” quand il s’agissait de découvrir le mal. Je te le répète maintenant qu’il s’agit d’une aurore de bien…

411.6

Paix à toi, mère ! Voici nos épis. Mes compagnons vont apporter les leurs.

– Que Dieu te bénisse, mon fils. Comment donc en as-tu trouvé autant ? Il est vrai que je n’y vois guère, mais ce sont deux gerbes bien grosses… »

La vieille les palpe, de sa main tremblante, elle les caresse, elle veut les soulever… Mais elle ne le peut.

« Nous allons t’aider. Où est ta maison ?

– C’est celle-là. »

Elle montre une petite habitation au-delà des champs.

« Tu es seule, n’est-ce pas ?

– Oui. Comment le sais-tu ? Et toi, qui es-tu ?

– Je suis un homme qui a une mère.

– Et lui, c’est ton frère ?

– C’est mon ami. »

Par derrière Jésus, l’ami fait de grands signes à la femme, mais elle a les pupilles voilées et elle ne les voit pas ; elle est d’ailleurs trop occupée à regarder Jésus… Son cœur de vieille mère est tout ému.

« Tu es en nage, mon fils. Viens ici, à l’abri de cet arbre. Assieds-toi. Regarde comme tu transpires ! Essuie-toi avec mon voile. Il est usé, mais propre. Prends, prends, mon fils.

– Merci, mère.

– Tu es si bon ! Bénie soit ta mère. Indique-moi ton nom et le sien, ainsi je les dirai à Dieu pour qu’il vous bénisse.

– Marie et Jésus.

– Marie et Jésus… Marie et Jésus… Attends… Un jour, j’ai beaucoup pleuré… Le fils de mon fils a été tué en défendant son bébé et cela a fait mourir mon garçon de chagrin… On racontait que cet innocent fut massacré parce qu’on recherchait un certain Jésus… Maintenant, je suis au seuil de la mort, et voilà que ce nom revient…

– A cette époque, tu as pleuré à cause de ce Nom, mère. Que maintenant il te donne la bénédiction…

– C’est toi, ce Jésus !… Révèle-le à une femme qui va mourir et qui a vécu sans maudire, parce qu’on lui appris que sa douleur servait à sauver le Messie pour Israël. »

Jean redouble ses gestes. Jésus garde le silence.

« Ah ! dis-le-moi. Est-ce toi qui me bénirais à la fin de ma vie ? Au nom de Dieu, parle.

– C’est moi.

– Ah ! »

La petite vieille se prosterne jusqu’à terre.

« Mon Sauveur ! J’ai vécu dans cette attente et je n’espérais pas te rencontrer. Est-ce que je verrai ton triomphe ?

– Non, mère. Comme Moïse[4], tu mourras sans connaître ce jour. Mais je te donne à l’avance la paix de Dieu. Je suis la Paix, je suis la Route, je suis la Vie. Toi qui es mère et grand-mère de justes, tu me verras dans un autre triomphe qui sera éternel, et c’est moi qui t’ouvrirai les portes, à toi, à ton fils, à ton petit-fils et à son bébé. Cet enfant qui est mort pour moi est sacré pour le Seigneur ! Ne pleure pas, mère…

– Et moi, je t’ai touché ! Et toi, tu as glané pour moi les épis ! Oh ! comment ai-je mérité cet honneur ? !

– Grâce à ta sainte résignation.

411.7

Mère, allons chez toi. Et que ce grain te donne du pain pour l’âme plus que pour le corps. Je suis le vrai Pain descendu du Ciel pour rassasier la faim de tous les cœurs. Quant à vous (Thomas et Jacques les ont rejoints avec leurs javelles), prenez ces gerbes. Et allons-y. »

Ils partent tous les trois avec leur chargement d’épis. Jésus les suit avec la petite grand-mère qui pleure et murmure des prières. Ils arrivent à la maisonnette : elle consiste en deux petites pièces, un four minuscule, un figuier, un peu de vigne. Propreté et pauvreté règnent.

« C’est ton asile ?

– Oui. Bénis-le, Seigneur !

– Appelle-moi : mon fils. Et prie pour que ma Mère trouve quelque réconfort dans sa douleur, toi qui sais ce qu’est la souffrance d’une maman. Adieu. Je te bénis au nom du Dieu vrai. »

Et Jésus lève la main et bénit la petite demeure ; puis il se penche, embrasse la petite vieille, la serre contre son cœur et dépose un baiser sur sa tête couverte de quelques cheveux blancs. Elle pleure et effleure de ses lèvres les mains de Jésus, le vénère, l’aime… La douleur me submerge. Pourquoi est-ce que je pense[5] à ma mère, qui a eu peur de toi, Jésus, quand elle t’a vu… ? Pourquoi avoir peur de toi, Jésus ?

411.8

Jésus dit :

[…]

L’autre “ pourquoi ” que tu as dans le cœur, est le suivant : tu te demandes toujours si je savais que Judas ne se serait pas sauvé malgré son effort vers le salut.

Je le savais, oui.

Dans ce cas, pourquoi étais-je heureux ?

Parce que ce seul désir présent, tel une fleur dans la lande du cœur de Judas, permettait à mon Père de voir avec bienveillance mon disciple que j’aimais et que je n’aurais pas pu sauver. Le regard de Dieu sur un cœur ! Que pourrais-je vouloir, sinon que le Père vous regarde tous et avec amour ?

Et je devais être heureux pour donner à ce malheureux jusqu’à ce moyen de se relever : l’aiguillon de ma joie de le voir revenir à moi.

Un jour, après ma mort, Jean a su cette vérité et il l’a partagée avec Pierre, Jacques, André et les autres : j’en avais en effet donné l’ordre à mon disciple préféré, à qui aucun secret de mon cœur n’est resté inconnu. Il l’a sue et partagée pour que tous aient une règle de conduite pour la direction des disciples et des fidèles.

Lorsque, après une chute, une âme vient trouver un ministre de Dieu et avoue sa faute envers un ami, un enfant, son époux ou son frère, en disant : “ Garde-moi avec toi, je ne veux plus pécher pour ne pas faire de la peine à Dieu ni à toi ”, on ne doit pas, à cette âme désireuse de nous rendre heureux, lui refuser — entre autres joies —, la satisfaction de lui faire voir notre bohneur. Le soin des cœurs demande un tact infini. Moi qui suis la Sagesse, j’en ai fait preuve, bien que je sache que, dans le cas de Judas, c’était inutile, pour enseigner à tous l’art de racheter, d’aider celui qui se repent.

Et maintenant, je te dis, comme à Simon le cananéen : “ Courage ! ”, et je te serre contre moi, pour te faire sentir qu’il y a quelqu’un qui t’aime.

De ces mains descendent les punitions, mais aussi les caresses, et de mes lèvres, des paroles sévères, mais aussi, plus nombreuses et dites avec plus de joie, des félicitations.

Va en paix, Maria. Tu n’as pas peiné ton Jésus : que cela soit ton réconfort. »

411.1

Jesus is passing with His apostles through a country completely golden with crops. Although early morning it is very warm. The reapers are mowing along furrows thick with ears, making empty spaces among the golden grain. The sickles shine for a moment in the sun, they disappear among the tall ears, they reappear for a moment on the other side and the sheaf bends and lies down on the earth warmed by the sun, as if it were tired of standing up for so many months. Some women follow the reapers, tying the sheaves. The whole country is busy at this work. The harvest has been very good and the reapers are overjoyed.

Many men, when they are near the road along which the apostolic group passes, stop working for a moment leaning on their scythes and wiping their perspiration and they look… The women binding the sheaves do the same. In their light clothes their heads covered with a white cloth, they look like flowers emerging from the earth deprived of the corn: poppies, cornflowers, daisies. The men, in short grey or yellowish tunics, are not so showy. The only light article they wear is a piece of cloth tied to their heads with a cord and hanging over their necks and cheeks. Their tanned faces framed by the white cloth, seem ever darker. When Jesus sees that they are looking at Him, He passes greeting: «The peace and blessing of God be with you» and the others reply: «May the blessing of God come back to You» or more simply: «Also with You.»

Some who are more talkative, interest Jesus in the harvest saying: «It is very good this year. Look at these well-shaped ears and see how thick they are in the furrows. It is hard work to cut them. But it’s bread!…»

«Be grateful to the Lord. And you know that one must show one’s gratitude not by words, but by deeds. Be merciful in your harvest, thinking of the Most High Who mercifully granted dew and sunshine to your fields, so that you might have a plentiful crop. Remember the precept[1] of Deuteronomy. When harvesting the wealth given to you by God, think of those who have none and leave them some of yours. It is a holy prevarication as it is charity for your neighbour and God sees it. It is better to be willing to give than greedy in gathering. God blesses generous people. There is more happiness in giving than in receiving[2], because it compels God, Who is just, to give a more abundant reward to him who was compassionate.» Jesus passes repeating His advice of love.

411.2

The sun becomes warmer. The reapers stop working and those who are near their houses go back to them, those who are far from them gather in the shade of trees and they rest, eat and doze there.

Jesus also takes shelter in a thicket in the middle of the country and sitting on the grass, after praying and offering their frugal food, consisting of bread, cheese and olives, He hands out the portions and eats talking to His apostles. There is shade, coolness and perfect silence. The silence of sunny hours in summer. A silence inviting one to sleep. Most of them, in fact, are dozing after eating. Jesus is not dozing. He is resting leaning with His back against a tree, and He takes an interest in insects working on flowers.

At a certain moment he beckons to John, Judas Iscariot and to one of the older apostles, whom He calls Bartholomew, and when they. are close to Him, He says: «Just watch the work this little insect is doing. Look. I have been watching it for some time. It wants to take from this chalice, which is so tiny, the honey that fills the bottom part of it, and as it cannot get into it, look: it stretches out first one little leg and then the other one, it dips them into the honey and then feeds on it. It has almost emptied it. See what a wonderful thing is God’s Providence! Not ignoring that without certain organs the olive-green insect, created to fly over green meadows, would not be able to nourish itself, Providence gifted it with tiny hairs along its legs. Can you see them? Can you, Bartholomew? No? Look. I will now catch it and show it to you against the light», and He delicately takes the scarab, which looks like burnished gold, and lays it upside-down on the back of His hand.

The scarab pretends to be dead and the three examine its tiny legs. Then the insect begins to kick its legs about, in order to run away. It does not succeed, of course, but Jesus helps it and stands it on its legs. The little creature walks on the palm of Jesus’ hand, as far as His finger-tips, it dangles and opens its wings. But it is distrustful. «It does not know that I want nothing but the welfare of every being. It has only its little instinct, which is perfect if compared with its nature, and sufficient to all its needs. But it is so inferior to human thought. An insect, therefore, is not responsible if it does anything wrong. Man is, because he has within himself a superior light of intelligence, which will be greater the more he is indoctrinated in the things of God. And consequently he is responsible for his actions.»

411.3

«So, Master, since we are taught by You, have we a heavy responsibility?» asks Bartholomew.

«Yes, very heavy. And it will be even heavier in the future when the Sacrifice is accomplished, and Redemption has come together with Grace, which is strength and light. And after it, One will come Who will make you understand will-power even better. And he who does not want that, will be held responsible.»

«Very few only, then, will be saved!»

«Why Bartholomew?»

«Because man is so weak!»

«But if he fortifies his weakness by trusting Me, he becomes strong. Do you think that I am not aware of your struggles? See? Satan is like that spider that is laying its snare from that tiny branch to this stem. It is so thin and treacherous! Look how that cobweb shines. It looks like the silver of impalpable filigree. It will be invisible at night and at dawn, tomorrow, it will shine with gems, and imprudent flies, which roam at night looking for unclean food, will fall into it, as well as light butterflies, which are attracted by what shines…»

The apostles have approached the Master and are listening to the lesson taken from the vegetable and animal kingdoms.

«… Well, My love does, with regards to Satan, what My hand is doing now. It destroys the cobweb. Look how the spider runs away and hides. It is afraid of what is stronger. Satan also is afraid of what is stronger. And what is stronger is Love.»

411.4

«Would it not be better to destroy the spider?» asks Peter, who is very practical in his conclusions.

«It would be better. But the spider is doing its duty. It is true that it kills the poor little butterflies, which are so beautiful, but it exterminates a large number of filthy flies, which carry diseases and infection from sick to healthy people, from corpses to living persons.»

«But in our case what does the spider do?»

«What does it do, Simon? (Simon also is an elderly man and is the one who was complaining of rheumatism). It does what your goodwill does. It destroys tepidity, apathy, vain conceit. It compels you to be vigilant. What makes you worthy of prize? Struggle and victory. Can you win if you do not fight? The presence of Satan compels continuous vigilance. Love, then, Who loves you, makes his presence not necessarily harmful. If you keep close to Love, Satan will tempt but he will be rendered unable to cause real damage.»

«Always?»

«Always. In great and little things. For instance, a little thing: he in vain advises you to take care of your health. A treacherous piece of advice to try to take you away from Me. But Love holds you tightly, Simon, and your pains become of no importance even in your eyes.»

«Oh! Lord! You know?…»

«Yes, I do. But do not lose heart. Cheer up! Love, Who is the first to smile at your human nature trembling because of its rheumatism, will give you so much courage…» Jesus laughs at His embarrassed apostle and clasps him in His arms to comfort him. Even when laughing He is full of dignity. The others also laugh.

411.5

«Who is coming to help that poor old woman?» says Jesus pointing at a little old woman who, defying the great heat, is gleaning in the fields already reaped.

«I» reply John, Thomas and James.

But Peter takes John by the sleeve and pulling him a little aside, says to him: «Ask the Master what is making Him so happy. I asked Him but all He said to me was: “My happiness is in seeing that a soul is looking for the Light”. But if you ask Him… He tells you everything.»

John is in a state of uncertainty, drawn one way by reservedness and another by desire to know and to please Peter. He slowly joins Jesus Who is already gleaning in the field. The old woman, seeing so many young people, makes a desolate gesture and busies herself endeavouring to work faster.

«Woman! Woman!» cries Jesus. «I will glean for you. Do not stand in the sun, mother. I am coming.»

The little old woman, dumbfounded at so much kindness, stares at Him, she then obeys and stooping and trembling a little all over her lean body she moves towards the thin strip of shade along the edge of the field. Jesus moves about quickly gathering ears. John follows Him close at hand. Thomas and James are a little farther away.

«Master» says John panting. «How come You find so many ears? In the adjoining furrow I find so few!»

Jesus smiles but does not speak. I could not swear to it, but I think that ears, which have been cut but not picked up, spring up wherever Jesus’ divine eyes rest. He gathers them and smiles. He has a big bunch of ears in His arms.

«Take Mine, John. So you will have many as well and the little mother will be happy.»

«But, Master… You are working a miracle? It is not possible for You to find so many!»

«Hush! It’s for the little mother… thinking of your mother and Mine. Look, what a little old soul she is!… Good God, Who feeds new-born little birds, wants to fill the tiny granary of this grandmother. She will have bread for the months she has still left. She will not see the next harvest. But I do not want her to starve during her last winter. You will now hear her exclamations. John, be ready to have your ears rent, as I will be ready to be washed by her tears and kisses…»

«How cheerful You have been for some days, Jesus! Why?»

«Do you want to know or has someone sent you?»

John, already flushed with fatigue, becomes crimson.

Jesus understands: «Tell him who sent you that there is a brother of Mine who is ill and wants to be cured. His goodwill to recover fills Me with joy.»

«Who is it, Master?»

«A brother of yours, one whom Jesus loves, a sinner.»

«So, not one of us?»

«John, do you think that there is no sin among you? Do you think that I rejoice only because of you?»

«No, Master. I know that we are sinners, too, and that You want to save all men.»

«So? I said to you: “Do not be inquisitive” when there was evil to be discovered. I say the same now that good is dawning…

411.6

Peace to you, mother! Here are the ears we have picked. My companions will come with theirs.»

«May God bless You, son. How did You find so many? It’s true that I cannot see very well. But these are really two big sheaves… very big…» The old woman feels them, her trembling hand caresses them, she wants to lift them… But she cannot.

«We will help you. Where is your house?»

«That one» and she points at a little house beyond the fields.

«You are alone, are you not?»

«Yes, how do You know? And who are You?»

«I am one who has a mother.»

«Is this your brother?»

«He is My friend.»

From behind Jesus’ back, His friend makes wide gestures to the old woman. But with her veiled eyes she cannot see them. In any case, she is too intent on watching Jesus. Her old mother’s heart is deeply moved.

«You are in a sweat, son. Come here in the shade of this tree. Sit down. Look how You are streaming with perspiration! Dry Yourself with my veil. It’s worn but clean. Here, take it, son.»

«Thank you, mother.»

«Blessed be Your mother, the mother of so good a son. Tell me Your name and Hers. That I may mention them to God to bless You.»

«Mary and Jesus.»

«Mary and Jesus… Mary and Jesus… Wait. Once I shed bitter tears… The son of my son was killed for defending his baby boy and my son died of grief… and at that time they said that the innocent was killed because they were looking for one whose name was Jesus… Now I am on the threshold of death and that Name is coming back to me…»

«You wept then, mother, because of that Name. May that Name now bless you…»

«You are that Jesus… say so to a poor woman who is about to die and who has lived without cursing because she was told that her grief served to save the Messiah for Israel.»

John doubles his gestures. Jesus is silent.

«Oh! tell me! Is it You? You… blessing me at the end of my life? In the name of God, speak.»

«It is I.»

«Ah!» the old woman prostrates herself on the ground. «My Saviour! I have lived in expectation and I no longer hoped to see You. Shall I see Your triumph?»

«No, mother. Like Moses[3], you will die without knowing that day. But I will give you the peace of God in advance. I am Peace. I am the Way. I am Life. You, a mother and the grandmother of just children, will see Me in another eternal triumph and I will open the gates to you, to your son, to the son of your son and to his baby boy. That baby who died for Me is sacred to the Lord! Do not weep, mother!…»

«And I have touched You! And You gathered ears for me! Oh! How did I deserve such honour?!»

«Through your holy resignation.

411.7

Come, mother, to your house. And may this wheat nourish your soul more than your body. I am the true Bread that descended from Heaven to satisfy the hunger of every heart. You (Thomas and James have joined them with their sheaf)… take these sheaves and let us go.»

And the three apostles laden with the sheaves walk away, followed by Jesus and the grandmother who weeps and whispers prayers. They arrive at the little house: two small rooms, a tiny kitchen, a fig-tree and a small vineyard. Tidiness and poverty.

«Is this your home?»

«Yes, it is. Bless it, Lord!»

«Call me: son. And pray that My Mother may find solace in Her grief, since you know what the grief of a mother means. Goodbye, mother. I bless you in the name of the true God.»

And Jesus raises His hand and blesses the small house. He then bends and embraces the little old woman, He presses her to His heart and kisses her head covered with thin white hair. And she weeps rubbing her lips against Jesus’ hands with veneration and love… and crushes me with grief. Because I think of my mother who was afraid of You, Jesus, when she saw You… Why be afraid of You, Jesus?

411.8

Jesus says:

«Why? There are many whys in your heart after this dictation. But I will begin from the last one. […]

The other query you have in your heart is always whether I knew that Judas would not be saved notwithstanding that effort to save him. I knew. Why then was I happy? Because also the simple desire that was present, a flower in the barren land of Judas’ heart made the Father look benignly at My disciple whom I loved and whom I could not save. The eye of God on a heart! What would I like except that the Father should look at all of you with love? And I had to be happy to give the poor wretch also that means to revive. The incentive of My joy seeing him come back to Me.

One day, after My Death, John became acquainted with this truth and he told Peter, James, Andrew and the others, because I had ordered My best-loved Apostle, who was acquainted with the all the secrets of My heart, to do so. He was informed and he told them, so that everyone should have a rule in guiding disciples and believers later.

The soul that after falling comes to the minister of God and confesses its error, the friend, the son, the husband or the brother, who after erring, comes saying: “Keep me with you. I do not want to make mistakes anymore so that I may not grieve God and you”, are not to be deprived, among other things, of the satisfaction of seeing our happiness in realizing that they are anxious to make us happy. Infinite tact is required in curing hearts. I, the Wisdom, had such tact to teach everybody the art of redeeming and of helping those who are redeeming themselves, although I knew that in the case of Judas it was useless.

And now I say to you what I said to Simon of Cana: “Cheer up”, and I clasp you in My arms to make you feel that there is someone who loves you. My hands give punishments, but they give caresses as well, and My lips speak severe words and also words of satisfaction and the latter are more numerous and uttered with so much more joy.

Go in peace, Mary. You have not grieved your Jesus, and may that be your comfort.»


Notes

  1. le précepte : en Dt 24,19.
  2. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir est une sentence de Jésus qui n’est pas rapportée par l’Evangile. Néanmoins, Ac 20, 35 s’en fait l’écho. Elle est répétée en 547.2 et 596.17.
  3. se plaignait, non pas en 410.5, si l’on tient compte des dates de rédaction, mais en 361.3.
  4. Moïse : Dt 32, 48-52 ; 34, 1-8 fait le récit de sa mort.
  5. Pourquoi est-ce que je pense… Cet épisode, qui concerne la mère de l’écrivain, est relaté dans le volume “ Les cahiers de 1944 ”. L’autre, Pourquoi avoir peur…, concerne Judas : son effort vers le salut se trouve dans un épisode écrit quatre jours plus tôt, le 23 septembre 1944. Mais il sera placé dans le chapitre 468.

Notes

  1. the precept is the one of Deuteronomy 24,19.
  2. There is more happiness in giving than in receiving is a sproken sentence by Jesus which is not reported in the Gospel but is remembered in: Acts 20,35. We will find it repeated in 547.2 and 596.17.
  3. Moses, whose death is mentioned in: Deuteronomy 32,48-52; 34,1-8.