The Writings of Maria Valtorta

435. Début du troisième sabbat à Nazareth,

435. The start of the third Sabbath in Nazareth

435.1

Le sabbat est un jour de repos, on le sait. Les hommes se reposent donc, de même que les outils, recouverts ou soigneusement rangés à leur place.

Maintenant que le rouge crépuscule d’un vendredi d’été est en train de s’éteindre, voici que Marie, assise à son plus petit métier à l’ombre du grand pommier, se lève, le recouvre et, avec l’aide de Thomas, le rentre à sa place dans la maison. Auréa, assise sur un tabouret à ses pieds, est occupée à coudre d’une main encore mal assurée les vêtements que lui avaient donnés les Romaines, remis à sa mesure par Marie. Celle-ci l’invite à plier soigneusement son travail, et à le remettre sur la console de sa chambre. Pendant que la fillette obtempère, elle entre avec Thomas dans l’atelier où Jésus s’empresse, avec Simon le Zélote, de ranger les scies, les raboteuses, ce qui sert de tournevis, les marteaux, les pots de peinture et de colle, et de nettoyer les établis et le sol de la sciure et des copeaux de bois. Du travail fait jusqu’alors, il ne reste que deux planches mises en équerre et serrées dans l’étau pour que la colle durcisse dans les emboîtements (peut-être un futur tiroir) et un tabouret à moitié peint, aux teintes encore fraîches qui dégagent une odeur acide.

435.2

Auréa entre aussi et va se pencher sur le travail au burin de Thomas ; elle l’admire et, un peu curieuse et instinctivement un brin coquette, demande à quoi cela sert et si cela lui irait bien.

« Cela t’irait bien, mais il te va mieux d’être bonne. Ce sont des ornements qui n’embellissent que le corps, mais ne sont pas utiles à l’âme. Au contraire, en développant la coquetterie, elles peuvent lui être nocives.

– Dans ce cas, pourquoi en fabriques-tu ? » demande avec logique la fillette. « Tu veux donc faire du mal à une âme ? »

Thomas, toujours débonnaire, sourit à cette observation :

« Le superflu fait du mal à un esprit faible, mais pour un esprit qui est fort, l’ornement reste ni plus ni moins ce qu’il est : une broche nécessaire pour maintenir le vêtement en place.

– Pour qui le fais-tu ? Pour ton épouse ?

– Je n’ai pas d’épouse et n’en aurai jamais.

– Alors, pour ta sœur ?

– Elle en a plus qu’il ne lui en faut.

– Alors, pour ta mère ?

– Pauvre vieille ! Que veux-tu qu’elle en fasse ?

– Mais c’est pour une femme…

– Oui, mais pas pour toi.

– Oh ! Je n’y pense même pas… Et puis, à présent que tu m’as dit que ces choses font du mal à une âme faible, je n’en voudrais pas. J’enlèverai même ces bordures aux vêtements. Je ne veux pas nuire à ce qui appartient à mon Sauveur !

– Brave fillette ! Tu vois, avec ta volonté, tu as fait un travail plus beau que le mien.

– Tu dis ça par gentillesse !

– Je le dis parce que c’est vrai !

435.3

Regarde : j’ai pris ce bloc d’argent, je l’ai réduit en feuilles à mesure que j’en avais besoin et puis, avec un outil — ou plutôt beaucoup d’outils —, je lui ai donné cette forme. Mais il me reste à faire le plus important : en réunir les différentes parties, et d’une manière naturelle. Pour l’instant, il n’y a de terminées que ces deux petites feuilles et la fleur qui va avec elles. »

Thomas lève entre ses gros doigts une tige aérienne de muguet enserrée entre ses feuilles, qui imite à la perfection un modèle naturel. Cela fait un certain effet de voir cette breloque aux reflets d’argent pur entre les doigts robustes et bronzés de l’orfèvre.

« Oh ! que c’est beau ! Il y en avait des quantités dans l’île et on nous laissait les cueillir avant le lever du soleil. C’est que nous, les blondes, nous ne devions jamais nous mettre au soleil, pour avoir plus de valeur. Les brunes, au contraire, on les faisait rester dehors, au soleil, jusqu’à se sentir mal, pour brunir davantage. Ils… Comment dit-on quand on vend une chose pour une autre ?

– Eh bien !… Par tromperie… par escroquerie… je ne sais pas.

– Voilà : ils trompaient leurs clients en prétendant qu’elles étaient nées en Arabie ou dans le Haut-Nil. Ils en ont vendu une en la disant descendante de la reine de Saba.

– Rien que ça ! Mais c’étaient les acheteurs qui étaient trompés, pas elles. On dit alors : escroquer. Quelle race ! Ce sera une belle surprise pour l’acheteur, quand il verra s’éclaircir le teint de la… fausse Ethiopienne ! Tu entends cela, Maître ? Que de combines nous ignorons !

– J’entends. Mais le plus triste, ce n’est pas l’escroquerie… C’est le sort de ces fillettes…

– C’est vrai : ce sont des âmes profanées pour toujours, perdues…

– Non : Dieu peut toujours intervenir…

– Pour moi, il l’a fait. Tu m’as sauvée !… » dit Auréa en tournant vers le Seigneur un regard clair, serein. Et elle ajoute : « Et j’en suis si heureuse ! »

Alors, ne pouvant aller embrasser Jésus, elle va passer son bras autour du cou de Marie en penchant sa tête blonde sur l’épaule de la Vierge en un geste d’amour et de confiance.

Les deux têtes blondes se détachent sur le mur sombre, chacune avec ses nuances respectives. Cela forme un groupe très doux.

Mais Marie pense au dîner. Elles se séparent et s’éloignent.

435.4

« On peut entrer ? dit à la porte de la pièce qui donne sur la rue la voix un peu rauque de Pierre.

– Simon ! Ouvrez !

– Simon ! Il n’a pas su rester loin d’ici ! s’exclame Thomas pendant qu’en riant il court ouvrir.

– Simon ! C’était à prévoir… » dit en souriant Simon le Zélote.

Mais ce n’est pas seulement le visage de Pierre qui s’encadre dans la porte. Il y a tous les apôtres du lac, tous, sauf Barthélemy et Judas. Jude et Jacques, fils d’Alphée, sont là aussi.

« Paix à vous ! Mais pourquoi êtes-vous venus par cette chaleur ?

– Parce que… nous ne pouvions plus rester au loin. Cela fait deux semaines et demie, tu sais ? Tu comprends ? Deux semaines et demie que nous ne te voyons plus ! »

Pierre semble dire : “ Deux siècles ! C’est énorme ! ”

« Mais je vous avais demandé d’attendre Judas à chaque sabbat.

– Oui. Mais, aux deux sabbats, il n’est pas venu… et le troisième, c’est nous qui venons. Nathanaël est resté là-bas, parce qu’il ne va pas trop bien, et il recevra Judas, s’il vient… Mais ce ne sera sûrement pas le cas… En passant par Tibériade avant de nous rejoindre, pour aller vers le grand Hermon, Benjamin et Daniel nous ont dit l’avoir vu à Tibériade et… Bon, je t’en parlerai plus tard… dit Pierre, qui s’est tu lorsque son frère a tiré son vêtement.

– C’est bien. Tu me raconteras… Pourtant, vous désiriez tant vous reposer et, maintenant que vous le pouvez, vous faites ces courses ! Quand êtes-vous partis ?

– Hier soir, sur un lac qui était un miroir. Nous avons débarqué à Tarichée pour éviter Tibériade afin de… de ne pas rencontrer Judas…

– Pourquoi ?

– Parce que, Maître, nous voulions profiter de toi en paix.

– Vous êtes égoïstes !

– Non. Lui, il a ses propres joies… Je ne sais pas qui lui procure tant d’argent pour en jouir… Oui, j’ai compris, André, ne tire plus si fort mon habit. Je n’ai que celui-là, tu le sais. Veux-tu me faire repartir en guenilles ! »

André rougit. Les autres rient. Jésus sourit.

« Bien. Nous sommes aussi descendus à Tarichée parce que… ne me fais pas de reproches… Ce sera la chaleur, ce sera que loin de toi je deviens mauvais, ce sera que penser que Judas s’est séparé de toi pour s’unir à… Cesse de me tirer la manche ! Tu vois que je sais m’arrêter à temps !… Donc, Maître, ce sera pour bien des raisons… moi, je ne voulais pas pécher, et si j’avais vu Judas, je l’aurais fait. C’est pourquoi je me suis dirigé vers Tarichée et, à l’aube, nous nous sommes mis en route.

– Etes-vous passés par Cana ?

– Non. Nous ne voulions pas allonger notre chemin… Mais malgré cela, il a été très long. Et le poisson allait se gâter… Nous l’avons donné dans une maison, pour y être abrités pendant quelques heures, les plus chaudes. Et nous sommes partis au milieu de l’heure suivant none… C’était un vrai four !…

– Vous pouviez vous épargner tout cela : je n’aurais pas tardé à venir…

– Quand ?

– Une fois le soleil sorti du Lion.

– Tu penses donc que nous pouvions rester si longtemps sans toi ? Mais nous aurions défié mille chaleurs comme celle-là pour venir à toi et te voir. Notre Maître ! Notre Maître adoré ! »

Et Pierre embrasse son Trésor retrouvé.

« Dire que, lorsque nous sommes ensemble, vous ne faites que vous plaindre du temps, de la longueur du chemin…

– Parce que nous sommes sots. Lorsqu’on est ensemble, on ne se rend pas bien compte de ce que tu es pour nous… Mais nous voici ici. Nous avons déjà une place : les uns chez Marie, femme d’Alphée, les autres chez Simon, son fils, ou chez Ismaël, chez Aser, ou encore chez Alphée, tout près d’ici. Maintenant nous nous reposons, et demain soir, nous repartirons, plus contents.

435.5

– Au dernier sabbat, nous avons eu Myrta et Noémie, venues pour revoir la fillette, dit Thomas.

– Tu vois que l’on vient ici dès qu’on le peut ?

– Oui, Pierre. Et vous, qu’avez-vous fait pendant ce temps ?

– Nous avons pêché… verni les barques… réparé les filets… Désormais, Marziam sort souvent avec les employés, ce qui fait diminuer les reproches de ma belle-mère contre “ le paresseux qui fait mourir de faim sa femme après avoir été jusqu’à lui amener un bâtard ”. Quand on pense que Porphyrée n’a jamais été aussi bien que maintenant qu’elle a Marziam, pour le cœur et… pour tout le reste… Les brebis sont passées de trois à cinq, et bientôt il y en aura davantage…, ce qui n’est pas négligeable pour une petite famille comme la nôtre ! Et Marziam, avec la pêche, supplée à ce que je ne fais plus que bien rarement. Mais cette femme a une langue de vipère, bien que sa fille en ait une de colombe… Mais toi aussi, tu as travaillé, je vois…

– Oui, Simon. Nous avons tous travaillé : mes frères dans leur maison, moi, avec ceux-ci dans la mienne, pour faire plaisir à nos mères et leur permettre de se reposer.

– Eh bien ! nous aussi, déclarent les fils de Zébédée.

– Et moi, pour satisfaire mon épouse, en travaillant aux ruches et aux vignes, dit Philippe.

– Et toi, Matthieu ?

– Moi, je n’ai personne à qui donner de la joie… Je m’en suis donc donné à moi-même en écrivant ce que j’ai le plus envie de me rappeler…

– Dans ce cas, nous te raconterons la parabole du bois peint, C’est moi qui l’ai provoquée, moi qui suis un peintre très inexpérimenté… dit Simon le Zélote.

– Mais tu as vite appris le métier. Regardez comme il a bien poli ce siège ! » s’exclame Jude.

L’accord entre eux est parfait. Et Jésus, le visage plus reposé depuis qu’il est chez lui, étincelle de la joie d’avoir ses chers apôtres autour de lui.

435.6

Auréa entre et elle reste, interdite, sur le seuil.

« Oh ! la voilà ! Regardez comme elle est bien mise ! Vraiment, on dirait une petite juive, avec ce vêtement ! »

Auréa devient pourpre et ne sait que dire, mais Pierre est si débonnaire et paternel, qu’elle se ressaisit aussitôt :

« Je m’efforce de le devenir et… avec ma Maîtresse, j’espère l’être bientôt… Maître, je vais dire à ta Mère qu’ils sont ici… »

Et elle se retire aussitôt.

« C’est une bonne petite, déclare Simon le Zélote.

– Oui. Je voudrais qu’elle reste pour nous, les Israélites. Barthélemy a perdu une bonne occasion et une joie, en la refusant…, dit Thomas.

– Barthélemy est très attaché aux… traditions, intervient Philippe pour l’excuser.

– C’est son unique défaut » observe Jésus.

Marie entre…

« Paix à toi, Marie, disent les arrivants.

– Paix à vous… Je ne savais pas que vous étiez ici. Je vais m’en occuper tout de suite… Venez, en attendant…

– Notre mère va venir de la maison avec tout ce qu’il faut pour le dîner, et Salomé aussi. Ne te préoccupe de rien, Marie, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Allons au jardin… Le vent du soir se lève et on y est bien… » dit Jésus.

Ils passent dans le jardin et s’asseyent çà et là, en conversant fraternellement, tandis que les colombes se disputent en roucoulant le dernier repas qu’Auréa répand sur le sol… Puis on arrose les parterres fleuris ou simplement plantés de légumes nécessaires à l’homme. Ce sont les apôtres qui veulent s’en charger, joyeusement, pendant que Marie, femme d’Alphée, qui est arrivée, prépare avec Auréa et Marie le repas des hôtes. Et l’odeur des mets qui grésillent se mêle à celui de la terre arrosée, comme les cris des oiseaux qui se disputent vivement une place dans les feuillages se mêlent aux voix graves ou aigües des apôtres…

435.1

The Sabbath is a day of rest. That is already known. And men rest as well as having tools covered up or neatly arranged in their places.

Now that the red sunset of a summer Friday is almost over, Mary, Who is sitting at her smaller loom in the shade of the huge apple-tree, stands up, covers it and with the help of Thomas, She carries it back to its place in the house. And She asks Aurea, who is sitting on a little stool at her feet sewing with a still unskilful hand the dresses given to her by the Roman ladies and fitted on her by Mary, to fold her work tidily and put it on the shelf in her little room. And while Aurea is doing so, the Mother with Thomas goes into the workshop where Jesus and the Zealot are busy putting straight saws, planes, screwdrivers, hammers, tins of paint and glue and sweeping away sawdust and shavings from benches and the floor. Of all the work done so far only two small planks of wood remain, gripped in a vice, at an angle, so that the glue may dry up at the joints (it might be a drawer), and a stool, half painted, besides the strong smell of fresh paint.

435.2

Aurea also goes in and she bends over Thomas’s burin work, which she admires and asks, somewhat curious and instinctively coquettish, what it is for and whether it would suit her.

«It would suit you fine, but it suits you better to be good. These ornaments embellish the body only, but are of no use to the spirit. Nay, by cherishing coquetry, they are harmful to the spirit.»

«Why do you make them, then?» asks the logical girl. «Do you want to harm a spirit?»

Thomas, who is always kind-hearted, smiles at the remark and says: «What is superfluous is harmful to a weak spirit. But in the case of a strong spirit, an ornament remains exactly what it is: a brooch to hold a garment in place.»

«For whom are you making it? For your bride?»

«I have no bride and will never have one.»

«For your sister, then.»

«She has more than she needs.»

«For your mother, then.»

«Poor old soul! What would she do with it?»

«But it is for a woman…»

«Yes, but it is not you.»

«Oh! I would not even think of it… And, now that you have said that those things there are harmful to the spirit, I would not like to have it. And I will take the fringes off my dresses. I do not want to do any harm to what belongs to my Saviour!»

«Clever girl! See, with your goodwill you have done a nicer work than mine.»

«Oh! You are saying so because you are kind!…»

«I am saying it because it is true.

435.3

See: I took this piece of silver, I reduced it to thin plates as I needed them, then with a tool, or rather with many tools, I folded it thus. But I still have to do the most important work: join the parts together in a natural manner. At present, only these two tiny leaves joined to their little flower are complete» and Thomas with his big fingers lifts a graceful stem of a lily of the valley joined to a leaf which is a perfect imitation of a natural one. It is impressive to see the trinket shining with the brilliancy of pure silver held by the strong dark fingers of the goldsmith.

«Oh! lovely! There were many on the island and we were allowed to pick them before sunrise. Because we fair girls should never be exposed to the sun, so that we might be more valuable. They compelled brunettes instead to stay out in the sun, until they felt sick, to become darker. They… What do you say when one sells something saying that it is one thing, whereas it is another?…»

«Who knows!… Deceit… swindle… I don’t know.»

«See, they deceived them saying that they were Arabs or that they came from the Upper Nile, where it rises. They sold one girl saying that she was a descendant of the Queen of Sheba.»

«Fancy that! They did not deceive the girls, but the purchasers. So you say: they cheated. What a race! A wonderful surprise for the purchaser when he saw… the false Ethiopian grow lighter! Did You hear that, Master? How many things we do not know!…»

«Yes, I heard. But the sad side is not the cheating of the purchasers… it is the destiny of the girls…»

«That is true. Souls desecrated forever. Lost…»

«No. God can always intervene…»

«He did on my behalf. You saved me!…» says Aurea turning her clear serene eyes towards the Lord. And she concludes: «And I am so happy!» and as she cannot go and embrace Jesus, she clasps Mary with one arm bending her fair-haired head on the Virgin’s shoulder in a gesture of confident love. The two fair-haired heads stand out, in their different shades, against the dark wall. A most gentle group.

But Mary has to see to the supper. They part and go away.

435.4

«May I come in?» says the rather hoarse voice of Peter at the workshop door which opens onto the road.

«Simon! Open the door!»

«Simon! He could not stay away!» exclaims Thomas laughing while he runs to open.

«Simon! This was to be expected…» says the Zealot smiling.

But it is not only Peter’s face which appears at the door. All the apostles from the lake are there, with the exception of Bartholomew and the Iscariot. And Judas and James of Alphaeus have already joined them.

«Peace to you! But why did you come in this heat?»

«Because… we could not stay away any longer. It’s two and a half weeks, You know? Do You understand? We have not seen You for two and a half weeks!» and Peter seems to be saying: «Two hundred years! An enormity!»

«But I told you to wait for Judas on every Sabbath.»

«Yes, but he did not come on the last two Sabbaths… and we have come here on the third one. Nathanael remained there because he is not too well. And he will receive Judas, if he goes there… But he will not go… Passing through Tiberias to come to us, before going to the Great Hermon, Benjamin and Daniel told us that they had seen him at Tiberias and… Of course. I will tell You later…» says Peter who has stopped speaking because of a tug at his tunic by his brother.

«All right. You will tell Me… But you were all so anxious to have a rest, and now that you had a chance you have been running about like this! When did you leave?»

«Yesterday evening. The lake was like a mirror. We landed at Tarichea to avoid Tiberias… so that we would not meet Judas…»

«Why?»

«Because, Master, we wanted to enjoy Your company in peace.»

«You are selfish!»

«No. He already has his joys… Well! I don’t know who gives him so much money to enjoy it with… Yes, I have understood, Andrew. But don’t pull my tunic so violently. You know that it is the only one I have. Do you want me to go back in rags?»

Andrew blushes. The others laugh. Jesus smiles.

«Well. We landed at Tarichea also because, well, don’t reproach me… It may be the heat, it may be that I become wicked when I am far away from You, it may be the thought that he left you to join… Listen, stop tearing at my sleeve! You see that I can stop in time!… So, Master, it may be for many reasons… I did not want to commit a sin and if I had seen him I would have committed one. So I went straight to Tarichea. And at dawn we set off.»

«Did you pass through Cana?»

«No. We did not want to come the long way round… But it was a long way all the same. And the fish was beginning to go bad… We gave it to the people in a house, to have shelter for a few hours… the warm hours. And we left after the ninth hour, about the middle of the following hour… It was like an oven!…»

«You could have saved yourselves the trouble. I was coming soon…»

«When?»

«When the sun comes out of Leo.»

«And do You think we could stay so long without You? We will defy a thousand of such hot days and we will come to see You. Our Master! Our adored Master!» and Peter embraces his lost Treasure.

«And yet, when we are together you do nothing but complain of the weather, of the length of journeys…»

«Because we are foolish. Because, while we are together we do not really understand what You are for us… But here we are. We are all already settled. Some will stay with Mary of Alphaeus, some with Simon of Alphaeus, some with Ishmael, some with Aser and some here, nearby, with Alphaeus. We will rest now and tomorrow evening we will leave, and we will be more happy.»

435.5

«On last Sabbath we had Myrtha and Naomi here, they came to see the girl again» says Thomas.

«You can see that whoever can manage to do so, comes here!»

«Yes, Peter. And what have you done during these days?»

«We have fished… painted the boats… mended the nets… Marjiam often goes fishing with the servants, which reduces the insults of my mother-in-law against “the sluggard who lets his wife die of starvation after bringing an illegitimate son to her”. And yet Porphirea has never been so well as now that she has Marjiam for her heart… and for everything else. The sheep from three have become five and will soon be more… It is a great help for a little family like ours! And Marjiam by fishing makes up for what I do not do, except very rarely. But that woman has the tongue of a viper, whereas her daughter has the tongue of a dove… But I see that You have been working as well…»

«Yes, Simon. We have worked. All of us. My brothers in their house, these apostles and I in Mine. To make our mothers happy and let them rest.»

«Well, we have been working, too» say the sons of Zebedee.

«My wife and I have worked at the beehives and in the vineyard» says Philip.

«And what about you, Matthew?»

«I have no one to make happy… so I made myself happy by writing down the things that I like to remember…»

«Oh! in that case we will tell you the parable of the paint. I,

a very inexperienced painter, was the cause of it…» says the Zealot.

«But you soon learned the trade. Look how smooth he made this seat!» says Thaddeus…

They are in perfect harmony. And Jesus, Who looks more rested since He has been at home, is bright with joy at having His dear apostles with Him.

435.6

Aurea comes and remains on the threshold surprised.

«Oh! here she is! Look how well she is! She looks like a true little Hebrew, dressed like that!»

Aurea blushes and does not know what to say. But Peter is so good natured and fatherly, that she soon recovers and says: «I am striving to become one… and with the help of my Teacher I hope to be one soon… Master, I am going to tell Your Mother that these people are here…» and she goes away quickly.

«She is a good girl» states the Zealot.

«Yes. I would like her to remain with us in Israel. Bartholomew lost a good chance and much joy by refusing her…» says Thomas.

«Bartholomew is very respectful of… formulae» says Philip excusing him.

«His only fault» remarks Jesus.

Mary comes in…

«Peace to You, Mary» say those who came from Capernaum.

«Peace to you… I did not know that you were here. I will provide at once… Come in the meantime…»

«Our mother is coming from our house with some provisions, and Salome is coming as well. Do not worry, Mary» says James of Alphaeus.

«Let us go into the kitchen garden… The evening breeze is rising and it is pleasant in there…» says Jesus.

And they go into the kitchen garden and sit here and there, conversing fraternally, while the doves coo competing for the last meal which Aurea is spreading on the ground… It is then time to water the flower-beds and the beautiful vegetables so useful to man. And the apostles want to do it cheerfully, while Mary of Alphaeus, who has just arrived, and Aurea and the Virgin prepare a meal for the guests. And the smell of sizzling food mingles with that of the moist earth, as the chirping of birds competing cheekily for a good spot among the thick leaves above the garden, mingles with the deep or shrill voices of the apostles…