Los Escritos de Maria Valtorta

435. Début du troisième sabbat à Nazareth,

435. Comienzo del tercer sábado en Nazaret

435.1

Le sabbat est un jour de repos, on le sait. Les hommes se reposent donc, de même que les outils, recouverts ou soigneusement rangés à leur place.

Maintenant que le rouge crépuscule d’un vendredi d’été est en train de s’éteindre, voici que Marie, assise à son plus petit métier à l’ombre du grand pommier, se lève, le recouvre et, avec l’aide de Thomas, le rentre à sa place dans la maison. Auréa, assise sur un tabouret à ses pieds, est occupée à coudre d’une main encore mal assurée les vêtements que lui avaient donnés les Romaines, remis à sa mesure par Marie. Celle-ci l’invite à plier soigneusement son travail, et à le remettre sur la console de sa chambre. Pendant que la fillette obtempère, elle entre avec Thomas dans l’atelier où Jésus s’empresse, avec Simon le Zélote, de ranger les scies, les raboteuses, ce qui sert de tournevis, les marteaux, les pots de peinture et de colle, et de nettoyer les établis et le sol de la sciure et des copeaux de bois. Du travail fait jusqu’alors, il ne reste que deux planches mises en équerre et serrées dans l’étau pour que la colle durcisse dans les emboîtements (peut-être un futur tiroir) et un tabouret à moitié peint, aux teintes encore fraîches qui dégagent une odeur acide.

435.2

Auréa entre aussi et va se pencher sur le travail au burin de Thomas ; elle l’admire et, un peu curieuse et instinctivement un brin coquette, demande à quoi cela sert et si cela lui irait bien.

« Cela t’irait bien, mais il te va mieux d’être bonne. Ce sont des ornements qui n’embellissent que le corps, mais ne sont pas utiles à l’âme. Au contraire, en développant la coquetterie, elles peuvent lui être nocives.

– Dans ce cas, pourquoi en fabriques-tu ? » demande avec logique la fillette. « Tu veux donc faire du mal à une âme ? »

Thomas, toujours débonnaire, sourit à cette observation :

« Le superflu fait du mal à un esprit faible, mais pour un esprit qui est fort, l’ornement reste ni plus ni moins ce qu’il est : une broche nécessaire pour maintenir le vêtement en place.

– Pour qui le fais-tu ? Pour ton épouse ?

– Je n’ai pas d’épouse et n’en aurai jamais.

– Alors, pour ta sœur ?

– Elle en a plus qu’il ne lui en faut.

– Alors, pour ta mère ?

– Pauvre vieille ! Que veux-tu qu’elle en fasse ?

– Mais c’est pour une femme…

– Oui, mais pas pour toi.

– Oh ! Je n’y pense même pas… Et puis, à présent que tu m’as dit que ces choses font du mal à une âme faible, je n’en voudrais pas. J’enlèverai même ces bordures aux vêtements. Je ne veux pas nuire à ce qui appartient à mon Sauveur !

– Brave fillette ! Tu vois, avec ta volonté, tu as fait un travail plus beau que le mien.

– Tu dis ça par gentillesse !

– Je le dis parce que c’est vrai !

435.3

Regarde : j’ai pris ce bloc d’argent, je l’ai réduit en feuilles à mesure que j’en avais besoin et puis, avec un outil — ou plutôt beaucoup d’outils —, je lui ai donné cette forme. Mais il me reste à faire le plus important : en réunir les différentes parties, et d’une manière naturelle. Pour l’instant, il n’y a de terminées que ces deux petites feuilles et la fleur qui va avec elles. »

Thomas lève entre ses gros doigts une tige aérienne de muguet enserrée entre ses feuilles, qui imite à la perfection un modèle naturel. Cela fait un certain effet de voir cette breloque aux reflets d’argent pur entre les doigts robustes et bronzés de l’orfèvre.

« Oh ! que c’est beau ! Il y en avait des quantités dans l’île et on nous laissait les cueillir avant le lever du soleil. C’est que nous, les blondes, nous ne devions jamais nous mettre au soleil, pour avoir plus de valeur. Les brunes, au contraire, on les faisait rester dehors, au soleil, jusqu’à se sentir mal, pour brunir davantage. Ils… Comment dit-on quand on vend une chose pour une autre ?

– Eh bien !… Par tromperie… par escroquerie… je ne sais pas.

– Voilà : ils trompaient leurs clients en prétendant qu’elles étaient nées en Arabie ou dans le Haut-Nil. Ils en ont vendu une en la disant descendante de la reine de Saba.

– Rien que ça ! Mais c’étaient les acheteurs qui étaient trompés, pas elles. On dit alors : escroquer. Quelle race ! Ce sera une belle surprise pour l’acheteur, quand il verra s’éclaircir le teint de la… fausse Ethiopienne ! Tu entends cela, Maître ? Que de combines nous ignorons !

– J’entends. Mais le plus triste, ce n’est pas l’escroquerie… C’est le sort de ces fillettes…

– C’est vrai : ce sont des âmes profanées pour toujours, perdues…

– Non : Dieu peut toujours intervenir…

– Pour moi, il l’a fait. Tu m’as sauvée !… » dit Auréa en tournant vers le Seigneur un regard clair, serein. Et elle ajoute : « Et j’en suis si heureuse ! »

Alors, ne pouvant aller embrasser Jésus, elle va passer son bras autour du cou de Marie en penchant sa tête blonde sur l’épaule de la Vierge en un geste d’amour et de confiance.

Les deux têtes blondes se détachent sur le mur sombre, chacune avec ses nuances respectives. Cela forme un groupe très doux.

Mais Marie pense au dîner. Elles se séparent et s’éloignent.

435.4

« On peut entrer ? dit à la porte de la pièce qui donne sur la rue la voix un peu rauque de Pierre.

– Simon ! Ouvrez !

– Simon ! Il n’a pas su rester loin d’ici ! s’exclame Thomas pendant qu’en riant il court ouvrir.

– Simon ! C’était à prévoir… » dit en souriant Simon le Zélote.

Mais ce n’est pas seulement le visage de Pierre qui s’encadre dans la porte. Il y a tous les apôtres du lac, tous, sauf Barthélemy et Judas. Jude et Jacques, fils d’Alphée, sont là aussi.

« Paix à vous ! Mais pourquoi êtes-vous venus par cette chaleur ?

– Parce que… nous ne pouvions plus rester au loin. Cela fait deux semaines et demie, tu sais ? Tu comprends ? Deux semaines et demie que nous ne te voyons plus ! »

Pierre semble dire : “ Deux siècles ! C’est énorme ! ”

« Mais je vous avais demandé d’attendre Judas à chaque sabbat.

– Oui. Mais, aux deux sabbats, il n’est pas venu… et le troisième, c’est nous qui venons. Nathanaël est resté là-bas, parce qu’il ne va pas trop bien, et il recevra Judas, s’il vient… Mais ce ne sera sûrement pas le cas… En passant par Tibériade avant de nous rejoindre, pour aller vers le grand Hermon, Benjamin et Daniel nous ont dit l’avoir vu à Tibériade et… Bon, je t’en parlerai plus tard… dit Pierre, qui s’est tu lorsque son frère a tiré son vêtement.

– C’est bien. Tu me raconteras… Pourtant, vous désiriez tant vous reposer et, maintenant que vous le pouvez, vous faites ces courses ! Quand êtes-vous partis ?

– Hier soir, sur un lac qui était un miroir. Nous avons débarqué à Tarichée pour éviter Tibériade afin de… de ne pas rencontrer Judas…

– Pourquoi ?

– Parce que, Maître, nous voulions profiter de toi en paix.

– Vous êtes égoïstes !

– Non. Lui, il a ses propres joies… Je ne sais pas qui lui procure tant d’argent pour en jouir… Oui, j’ai compris, André, ne tire plus si fort mon habit. Je n’ai que celui-là, tu le sais. Veux-tu me faire repartir en guenilles ! »

André rougit. Les autres rient. Jésus sourit.

« Bien. Nous sommes aussi descendus à Tarichée parce que… ne me fais pas de reproches… Ce sera la chaleur, ce sera que loin de toi je deviens mauvais, ce sera que penser que Judas s’est séparé de toi pour s’unir à… Cesse de me tirer la manche ! Tu vois que je sais m’arrêter à temps !… Donc, Maître, ce sera pour bien des raisons… moi, je ne voulais pas pécher, et si j’avais vu Judas, je l’aurais fait. C’est pourquoi je me suis dirigé vers Tarichée et, à l’aube, nous nous sommes mis en route.

– Etes-vous passés par Cana ?

– Non. Nous ne voulions pas allonger notre chemin… Mais malgré cela, il a été très long. Et le poisson allait se gâter… Nous l’avons donné dans une maison, pour y être abrités pendant quelques heures, les plus chaudes. Et nous sommes partis au milieu de l’heure suivant none… C’était un vrai four !…

– Vous pouviez vous épargner tout cela : je n’aurais pas tardé à venir…

– Quand ?

– Une fois le soleil sorti du Lion.

– Tu penses donc que nous pouvions rester si longtemps sans toi ? Mais nous aurions défié mille chaleurs comme celle-là pour venir à toi et te voir. Notre Maître ! Notre Maître adoré ! »

Et Pierre embrasse son Trésor retrouvé.

« Dire que, lorsque nous sommes ensemble, vous ne faites que vous plaindre du temps, de la longueur du chemin…

– Parce que nous sommes sots. Lorsqu’on est ensemble, on ne se rend pas bien compte de ce que tu es pour nous… Mais nous voici ici. Nous avons déjà une place : les uns chez Marie, femme d’Alphée, les autres chez Simon, son fils, ou chez Ismaël, chez Aser, ou encore chez Alphée, tout près d’ici. Maintenant nous nous reposons, et demain soir, nous repartirons, plus contents.

435.5

– Au dernier sabbat, nous avons eu Myrta et Noémie, venues pour revoir la fillette, dit Thomas.

– Tu vois que l’on vient ici dès qu’on le peut ?

– Oui, Pierre. Et vous, qu’avez-vous fait pendant ce temps ?

– Nous avons pêché… verni les barques… réparé les filets… Désormais, Marziam sort souvent avec les employés, ce qui fait diminuer les reproches de ma belle-mère contre “ le paresseux qui fait mourir de faim sa femme après avoir été jusqu’à lui amener un bâtard ”. Quand on pense que Porphyrée n’a jamais été aussi bien que maintenant qu’elle a Marziam, pour le cœur et… pour tout le reste… Les brebis sont passées de trois à cinq, et bientôt il y en aura davantage…, ce qui n’est pas négligeable pour une petite famille comme la nôtre ! Et Marziam, avec la pêche, supplée à ce que je ne fais plus que bien rarement. Mais cette femme a une langue de vipère, bien que sa fille en ait une de colombe… Mais toi aussi, tu as travaillé, je vois…

– Oui, Simon. Nous avons tous travaillé : mes frères dans leur maison, moi, avec ceux-ci dans la mienne, pour faire plaisir à nos mères et leur permettre de se reposer.

– Eh bien ! nous aussi, déclarent les fils de Zébédée.

– Et moi, pour satisfaire mon épouse, en travaillant aux ruches et aux vignes, dit Philippe.

– Et toi, Matthieu ?

– Moi, je n’ai personne à qui donner de la joie… Je m’en suis donc donné à moi-même en écrivant ce que j’ai le plus envie de me rappeler…

– Dans ce cas, nous te raconterons la parabole du bois peint, C’est moi qui l’ai provoquée, moi qui suis un peintre très inexpérimenté… dit Simon le Zélote.

– Mais tu as vite appris le métier. Regardez comme il a bien poli ce siège ! » s’exclame Jude.

L’accord entre eux est parfait. Et Jésus, le visage plus reposé depuis qu’il est chez lui, étincelle de la joie d’avoir ses chers apôtres autour de lui.

435.6

Auréa entre et elle reste, interdite, sur le seuil.

« Oh ! la voilà ! Regardez comme elle est bien mise ! Vraiment, on dirait une petite juive, avec ce vêtement ! »

Auréa devient pourpre et ne sait que dire, mais Pierre est si débonnaire et paternel, qu’elle se ressaisit aussitôt :

« Je m’efforce de le devenir et… avec ma Maîtresse, j’espère l’être bientôt… Maître, je vais dire à ta Mère qu’ils sont ici… »

Et elle se retire aussitôt.

« C’est une bonne petite, déclare Simon le Zélote.

– Oui. Je voudrais qu’elle reste pour nous, les Israélites. Barthélemy a perdu une bonne occasion et une joie, en la refusant…, dit Thomas.

– Barthélemy est très attaché aux… traditions, intervient Philippe pour l’excuser.

– C’est son unique défaut » observe Jésus.

Marie entre…

« Paix à toi, Marie, disent les arrivants.

– Paix à vous… Je ne savais pas que vous étiez ici. Je vais m’en occuper tout de suite… Venez, en attendant…

– Notre mère va venir de la maison avec tout ce qu’il faut pour le dîner, et Salomé aussi. Ne te préoccupe de rien, Marie, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Allons au jardin… Le vent du soir se lève et on y est bien… » dit Jésus.

Ils passent dans le jardin et s’asseyent çà et là, en conversant fraternellement, tandis que les colombes se disputent en roucoulant le dernier repas qu’Auréa répand sur le sol… Puis on arrose les parterres fleuris ou simplement plantés de légumes nécessaires à l’homme. Ce sont les apôtres qui veulent s’en charger, joyeusement, pendant que Marie, femme d’Alphée, qui est arrivée, prépare avec Auréa et Marie le repas des hôtes. Et l’odeur des mets qui grésillent se mêle à celui de la terre arrosée, comme les cris des oiseaux qui se disputent vivement une place dans les feuillages se mêlent aux voix graves ou aigües des apôtres…

435.1

El sábado es el descanso. Ya se sabe. Descansan los hombres y las herramientas, cubiertas o colocadas con buen orden en sus sitios.

Ahora que el ocaso rojo de un viernes de verano está para cumplirse, María, sentada a la sombra del grande manzano ante su telar más pequeño, se levanta, tapa el telar y, con la ayuda de Tomás, le devuelve a la casa, a su sitio, e invita a Áurea — que, sentada en un pequeño taburete a sus pies, cosía todavía, con mano desmañada, los vestidos que le habían dado las romanas y que María ha adaptados a su talle —, le invita a doblar el trabajo con orden y a poner todo encima de la repisa de su habitación. Y, mientras Áurea lleva a cabo esto, la Madre entra con Tomás en el local laboratorio donde Jesús y el Zelote se dan prisa en poner de nuevo en sus sitios sierras, cepillos, destornilladores, martillos, botes de barniz y de cola, y a barrer el serrín y las virutas de los bancos y del suelo. Del trabajo realizado hasta ese momento sólo quedan dos tablas dispuestas en ángulo, apretadas en el torno para que se solidifique la cola en las junturas (quizás es un futuro cajón), y un taburete barnizado a la mitad; además de quedar el olor agudo de los barnices todavía frescos.

435.2

Entra también Áurea. Va hacia el trabajo de buril de Tomás, se curva hacia él, lo admira y pregunta, curiosita, que para qué sirve, y también, instintivamente coqueta, pregunta que si a ella le quedaría bien.

«Te quedaría bien, pero te queda mejor el ser buena. Éstos son adornos que sólo hacen más hermoso el cuerpo, pero que no sirven para el espíritu; es más, cultivando la coquetería, perjudican al espíritu».

«¿Y entonces por qué lo haces?» pregunta, lógica, la niña. «¿Es que quieres perjudicar a un espíritu?».

Tomás, siempre afable, sonríe ante esta observación y dice: «Perjudica lo superfluo, a un espíritu débil. Pero, para un espíritu fuerte, el adorno se queda en lo que es, ni más ni menos: un alfiler necesario para tener sujeta la túnica».

«¿Para quién lo haces? ¿Para tu mujer?».

«Yo no tengo mujer ni la tendré nunca».

«Entonces para tu hermana».

«Tiene más de los que necesita».

«Entonces para tu madre».

«¡Pobre anciana! ¿Y qué hace con él?».

«Pero es para una mujer…».

«Sí. Pero que no eres tú».

«¡Ni siquiera lo pienso!… Y además, ahora que has dicho que estas cosas perjudican al espíritu débil, no lo querría. Voy a quitar también esas guarniciones a los vestidos. ¡No quiero perjudicar a lo que es de mi Salvador!».

«¡Eres una niña como se debe! Fíjate, tú, con esta voluntad tuya, has hecho un trabajo más bonito que el mío».

«Lo dices porque eres bueno…».

«Lo digo porque es verdad.

435.3

Mira: yo he cogido este bloque de plata, lo he reducido a hojas a medida que iba siendo necesario; luego, con el instrumento, o, mejor, con los instrumentos, lo he doblado así. Pero todavía tengo que hacer la parte mayor. Juntar las partes, y de forma natural. Por ahora completas sólo están estas dos hojitas con su florecita unida» y Tomás levanta entre sus gruesos dedos un liviano escapo de muguete, recogido en una hoja que imita a la perfección las naturales. Hace un cierto efecto ver esa cosita, que resplandece con el brillo blanco de la plata pura, entre los dedos fuertes y bronceados del orfebre.

«¡Oh! ¡bonito! Había muchos de éstos en la isla y nos dejaban cogerlos antes de que el Sol saliera. Porque las rubias no debíamos nunca tomar el sol para valer más; a las morenas, sin embargo, las hacían estar fuera, al sol, hasta sentirse incluso mal, para que fueran más morenas. Las… ¿Cómo se dice vender una cosa diciendo que es una cuando en realidad es otra?…».

«Pues… con engaño… con trampa… no lo sé».

«Las engañaban diciendo que eran árabes o del alto Nilo, de donde nace; a una la vendieron como descendiente de la reina Saba».

«¡Nada menos! Pero no las engañaban a ellas, sino a los compradores. Se dice entonces que timaban. ¡Qué gentuza! Una buena sorpresa para el comprador, cuando haya visto descolorirse la… falsa etíope! ¿Estás oyendo, Maestro? ¡Cuántas cosas que nosotros ignoramos!…».

«Estoy oyendo. Pero lo más triste no está en el timo al comprador… sino en el destino de esas muchachas…».

«Es verdad. Almas profanadas para siempre. Perdidas…».

«No. Dios puede siempre intervenir…».

«Respecto a mí lo ha hecho. ¡Tú me has salvado!…» dice Áurea, volviéndose hacia el Señor con su mirada clara, serena. Y termina: «¡Y yo soy muy feliz!» y, no pudiendo ir a abrazar a Jesús, va a ceñir a María con un brazo, apoyando su rubia cabeza en el hombro de la Virgen en un gesto de confiado amor. Las dos cabezas rubias resaltan, con sus distintas coloraciones, contra la pared obscura: un grupo dulcísimo.

Pero María se acuerda de la cena. Se sueltan y se van.

435.4

¿Se puede entrar?» dice tras la puerta del taller que da a la calle la voz un poco ronca de Pedro.

«¡Simón! ¡Abrid!».

«¡Simón! ¡No ha sabido estar separado!» dice Tomás riendo, mien­tras se apresura a abrir.

«¡Simón! Era previsible…» dice sonriendo el Zelote.

Pero no es sólo el rostro de Pedro el que se enmarca en el cuadro de la puerta; son todos los apóstoles del lago, todos menos Bartolomé y menos Judas Iscariote. Y con ellos están ya Judas y Santiago de Alfeo.

«¡La paz a vosotros! ¿Pero, por qué habéis venido con este ca­lor?».

«Porque… ya no podíamos estar separados. Han pasado dos semanas y media, ¿sabes! ¿Comprendes! ¡Dos semanas y media que no te vemos!» y Pedro parece decir: «¡Dos siglos! ¡Una enormidad!».

«Pero os había dicho que esperarais a Judas todos los sábados».

«Sí. Pero no ha venido dos sábados… y al tercero venimos nosotros. Allí se ha quedado Natanael, que no está demasiado bien. Si Judas va, le recibirá… Pero ciertamente no irá… Benjamín y Daniel nos dijeron que le habían visto en Tiberíades, pasando por Tiberíades para venir donde nosotros, antes de ir hacia el Hermón grande, y… bueno, ya te diré después…» dice Pedro, cuya palabra ha sido cortada por un tirón de la túnica por parte de su hermano.

«De acuerdo. Luego me dirás… ¡Pero, deseabais tanto descansar, y ahora que podéis reposar os pegáis estas carreras!… ¿Cuándo habéis salido?».

«Ayer al caer de la tarde. Con un lago que era un espejo. Hemos desembarcado en Tariquea para evitar Tiberíades para… para no encontrar a Judas…».

«¿Por qué?».

«Porque, Maestro, queríamos gozar de ti en paz».

«¡Sois egoístas!».

«No. Él ya tiene sus alegrías… ¡En fin! No sé quién le da tanto dinero para gozárselo con… Sí, comprendido, Andrés. Pero deja de tirarme tan fuerte de la túnica. Ya sabes que sólo tengo ésta. ¿Quieres que me vaya con la túnica rasgada?».

Andrés se pone colorado. Los otros se ríen. Jesús sonríe.

«Bien. Hemos bajado a Tariquea tambien porque… bueno no me regañes… Será el calor, será que lejos de ti me hago malo, será que pensar que él se ha separado de ti para unirse a… ¡Pero bueno, deja ya de arrancarme la manga! ¡Ya ves que sé pararme a tiempo!… En fin, Maestro, será por muchas cosas… Yo no quería pecar, y si veía a Judas lo hacía. Así que me he dirigido a Tariquea. Y al alba nos hemos puesto en camino».

«¿Habéis pasado por Caná?».

«No. No queríamos alargar el viaje… Pero ha sido muy largo de todas formas. Y el pescado se ponía malo… Se lo dimos a la gente de una casa, en cambio de alojamiento durante algunas horas, las más calurosas. Y hemos partido de allí a mitad de tiempo de después de la nona… ¡Un horno!…».

«Os lo podíais haber ahorrado. Yo habría ido pronto…».

«¿Cuándo?».

«Cuando el Sol hubiera salido del León».

«¿Y Tú crees que podíamos estar tanto sin ti? ¡Hombre, desafiamos a mil calores semejantes pero venimos a verte! ¡Nuestro Maestro! ¡Nuestro adorado Maestro!» y Pedro se abraza a su Tesoro de nuevo hallado.

«Y pensar que cuando estamos juntos no hacéis otra cosa sino quejaros del tiempo, de lo largo que es el camino…».

«Porque somos unos necios. Porque, mientras estamos juntos, no comprendemos bien lo que Tú eres para nosotros… Pero aquí nos tienes. Ya tenemos lugares. Quién en casa de María de Alfeo, quién con Simón de Alfeo, quién con Ismael, quién con Aser y quién con Alfeo, que está aquí cerca. Ahora descansamos y mañana, al caer de la tarde, otra vez en marcha, más contentos».

435.5

«El sábado pasado hemos tenido aquí a Mirta y a Noemí, que habían venido para ver otra vez a la niña» dice Tomás.

«¿Ves como quien tiene la posibilidad de venir, en cuanto puede viene aquí?».

«Sí, Pedro. Y vosotros ¿qué habéis hecho en este tiempo?».

«Hemos pescado… hemos barnizado barcas… reparado redes… Ahora Margziam sale frecuentemente con los mozos, cosa que hace disminuir los improperios de mi suegra contra “el holgazán que hace morir de hambre a su mujer después de traerle un bastardo”. ¡Y pensar que Porfiria no ha estado nunca tan bien como ahora que tiene a Margziam, por el corazón y por todo lo demás! Las ovejas, de tres, han pasado a cinco, y pronto serán más… ¡No es poco útil esto para una pequeña familia como la nuestra! Y Margziam con la pesca suple a lo que yo no hago sino muy raramente. Pero esa mujer tiene lengua viperina, a pesar de que su hija la tiene de paloma… Veo que tú también has trabajado…».

«Sí, Simón. Hemos trabajado. Todos. Mis hermanos en su casa, Yo con éstos en la mía; para procurar satisfacción y descanso a nuestras madres».

«¡Hombre, también nosotros!» dicen los hijos de Zebedeo.

«Y yo a mi mujer, trabajando en colmenas y viñas» dice Felipe.

«¿Y tú, Mateo?».

«Yo no tengo a quién hacer feliz… y ahora me he hecho feliz a mí mismo, escribiendo las cosas que más me gusta recordar…».

«Entonces te vamos a referir la parábola del barniz. La he provocado yo, muy inexperto pintor…» dice el Zelote.

«Pero has aprendido pronto el oficio. ¡Fijaos qué bien ha dejado esta silla!» dice Judas Tadeo.

El acuerdo entre ellos es perfecto. Y Jesús, cuya cara aparece más descansada desde que está en su casa, resplandece de alegría por tener en torno a sí a sus queridos apóstoles.

435.6

Entra Áurea y se queda sorprendida en el umbral de la puerta.

«¡Ah, ahí está! ¡Fíjate qué bien está! Pasa por una pequeña hebrea, vestida así».

Áurea se pone roja como la púrpura y no sabe qué decir. Pero Pedro se muestra tan afable y paternal, que en seguida se recobra y dice: «Me esfuerzo en serlo y… con mi Maestra espero serlo pronto… Maestro, voy a decir a tu Madre que están ellos…» y se retira ágil.

«Es una buena muchacha» declara el Zelote.

«Sí. Quisiera que se quedara con nosotros israelitas. Bartolomé, rechazándola, ha perdido una buena ocasión y una alegría…» dice Tomás.

«Bartolomé está muy ligado a las… fórmulas» dice Felipe para disculparle.

«Es su único defecto» observa Jesús.

Entra María…

«La paz a ti, María» dicen los que han venido de Cafarnaúm.

«La paz a vosotros… No sabía que estabais aquí. En seguida me ocupo de vosotros… Entretanto venid…».

«De casa vendrá nuestra madre con bastante comida, y también Salomé. No te preocupes, María» dice Santiago de Alfeo.

«Vamos al huerto… Se está alzando el viento de la noche y se está bien…» dice Jesús.

Y entran en el huerto. Se sientan acá o allá. Hablan fraternalmente, mientras las palomas zurean disputándose la última comida, que Áurea esparce por el suelo… Luego es el riego de los cuadros florecidos, o simplemente de útiles y bonitas verduras necesarias para el hombre. Quieren hacerlo los apóstoles, alegremente, mientras María de Alfeo, que ha llegado en ese momento, con Áurea y María, preparan la cena para los llegados. Y el olor de los alimentos que chirrían se mezcla con el de la tierra regada, de la misma forma que el gorjeo de los pájaros, que se disputan, presuntuosos, un buen sitio entra las tupidas frondas del huerto, se mezclan con las voces profundas o agudas de los apóstoles…