The Writings of Maria Valtorta

491. Au Temple pour le dernier jour de la fête des Tentes.

491. At the Temple on the last day of the feast

491.1

Le Temple regorge de monde. Il y manque pourtant l’élément féminin et les enfants. La persistance d’une saison venteuse et d’averses précoces, violentes, même si elles sont brèves, doit avoir poussé les femmes à partir avec les enfants. Mais les hommes de toute la Palestine et les prosélytes de la Diaspora ont envahi le Temple pour faire les dernières prières, les dernières offrandes, et écouter les derniers enseignements des scribes.

Les Galiléens qui suivent Jésus sont au complet, avec les chefs les plus importants au premier rang, et au milieu, très pénétré de sa qualité de parent, se trouve Joseph, fils d’Alphée, avec son frère Simon. Un autre groupe serré et qui attend, c’est celui des soixante-douze disciples. Je les nomme ainsi pour indiquer les disciples choisis par Jésus pour évangéliser. Leur nombre a changé, et aussi les visages : certains des anciens n’y sont plus, après la défection qui a suivi le discours[1] sur le Pain du Ciel, et d’autres nouveaux s’y sont joints, comme Nicolaï d’Antioche. Un troisième groupe, très uni lui aussi et bien nombreux, c’est celui des juifs, parmi lesquels je vois les chefs des synagogues d’Emmaüs, d’Hébron, de Kérioth ; de Yutta, c’est le mari de Sarah qui est présent, et de Bet-Çur, les parents d’Elise.

Ils se trouvent près de la Belle Porte, et il est clair qu’ils ont intention d’entourer le Maître dès qu’il va paraître. En effet, Jésus ne peut faire un pas à l’intérieur de l’enceinte sans que ces trois groupes l’entourent, comme pour l’isoler des malveillants ou même des simples curieux.

Jésus se dirige vers la Cour des Juifs pour les prières, et les autres le suivent en groupe compact autant que la foule le leur permet, sourds au mécontentement de ceux qui doivent s’écarter pour faire place au grand nombre de personnes qui entourent Jésus. Lui reste en compagnie de ses frères. Toutefois le regard de Joseph, fils d’Alphée, n’est pas doux comme celui de Jésus, ni son attitude aussi humble : il dévisage certains pharisiens d’une manière très expressive…

Après avoir prié, ils reviennent à la Cour des Païens. Jésus s’assied humblement par terre, le dos au mur du portique. Il se forme un demi-cercle qui devient de plus en plus serré en raison des files de personnes qui se placent derrière ceux qui sont plus près de lui, s’asseyent ou s’adossent en restant debout : ce sont d’autant plus d’yeux et d’oreilles qui convergent vers un unique Visage. Les curieux, les ignorants venus de loin, les malveillants se tiennent au-delà de cette barrière de fidèles et s’efforcent de voir en allongeant le cou et en se dressant sur la pointe des pieds.

Pendant ce temps, Jésus écoute tel ou tel qui lui demande des conseils ou rapporte des informations. Ainsi, les parents d’Elise donnent de ses nouvelles et demandent si elle peut venir servir le Maître. Et lui répond :

« Je ne reste pas ici. Elle viendra plus tard. »

Un parent de Marie, femme de Simon — la mère de Judas —, lui dit qu’elle est restée pour garder l’exploitation, mais qu’elle est presque toujours avec la mère de Joanne. Judas, étonné, écarquille les yeux, mais ne dit mot. Puis c’est le mari de Sarah qui lui annonce la proche naissance d’un autre enfant et lui demande comment l’appeler. Jésus répond :

« Jean, si c’est un garçon, ou Anne, si c’est une fille. »

Et le vieux chef de la synagogue d’Emmaüs lui murmure doucement quelque cas de conscience, auquel Jésus répond doucement. Et ainsi de suite.

491.2

Entre-temps, l’assistance n’a cessé de croître. Jésus lève la tête et regarde. Comme le portique est surélevé de quelques marches, il domine une bonne partie de la cour, de ce côté, tout en restant assis par terre, et il voit quantité de visages.

Il se lève et dit, de toute la puissance de sa voix juste et forte :

« Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive ! Du sein de ceux qui croient en moi jailliront des fleuves d’eau vive. »

Sa voix remplit la vaste cour, les splendides portiques, elle franchit certainement ceux qui sont de ce côté et se propage ailleurs, dominant tout autre son, telle un tonnerre harmonieux plein de promesses. Après ces paroles, il se tait quelques instants comme s’il avait voulu énoncer le thème du discours et ensuite donner le temps à ceux que cela n’intéresse pas de s’en aller sans déranger plus tard. Les scribes et les docteurs se taisent, ou plutôt baissent la voix en un murmure certainement malveillant. Quant à Gamaliel, je ne le vois pas.

Jésus s’avance au milieu de la foule, qui s’ouvre à son arrivée pour se refermer derrière lui, de sorte que le demi-cercle se change en anneau. Il marche lentement, majestueusement. Il semble glisser sur les marbres polychromes du dallage, avec le manteau un peu ouvert, qui lui fait une sorte de traîne. Il va jusqu’au coin du portique, de la marche qui donne sur la cour, et s’arrête là. Il domine ainsi deux côtés de la première enceinte. Il lève le bras droit — c’est le geste qu’il fait d’ordinaire quand il commence à parler — et, de la main gauche sur la poitrine, il retient son manteau.

Il répète ses mots du début :

« Que celui qui a soif vienne à moi et boive ! Du sein de ceux qui croient en moi jailliront des fleuves d’eau vive !

491.3

Celui qui a assisté à la théophanie[2] du Seigneur, le grand Ezéchiel, prêtre et prophète, avait vu prophétiquement les actes impurs accomplis dans la maison profanée du Seigneur, il avait vu — toujours prophétiquement — que seuls ceux qui sont marqués du Tau seront vivants dans la vraie Jérusalem, alors que les autres connaîtront massacre, condamnation, et châtiment. Ô vous qui m’écoutez, ce temps est proche, plus proche que vous ne l’imaginez. C’est pourquoi je vous exhorte, en tant que Maître et Sauveur, à ne pas tarder davantage à vous marquer du Signe qui sauve, à rechercher et à intérioriser la lumière et la sagesse, à vous repentir et à pleurer, pour vous et pour les autres, pour pouvoir vous sauver. Ezéchiel, donc, après avoir vu tout cela, et plus encore, décrit une terrible vision : celle des ossements desséchés.

Un jour viendra où, sur un monde mort, sous un firmament éteint, apparaîtront au son de la trompette angélique des multitudes d’ossements de morts. Comme un ventre qui s’ouvre pour enfanter, ainsi la terre expulsera de ses entrailles tous les os des hommes qui sont morts sur elle et ont été ensevelis dans sa boue, depuis Adam jusqu’au dernier homme. C’est alors que se produira la résurrection des morts, pour le grand et suprême jugement après lequel, tel une pomme de Sodome, le monde se videra pour devenir néant. Ce sera la fin du firmament et de ses astres. Tout prendra fin, sauf deux demeures éternelles, éloignées, aux extrémités de deux abîmes d’une profondeur incalculable, en opposition quant à la forme, à l’aspect et à la manière dont la puissance de Dieu se poursuivra éternellement en eux : le Paradis : lumière, joie, paix, amour ; et l’Enfer : ténèbres, souffrance, horreur, haine.

491.4

Mais croyez-vous que, parce que le monde n’est pas encore mort et que les trompettes angéliques ne sonnent pas le rassemblement, le champ sans limites de la terre n’est pas couvert d’ossements sans vie, complètement desséchés, inertes, séparés, morts, morts, morts ? En vérité, je vous dis qu’il en est ainsi. Parmi les êtres vivants — parce qu’ils respirent encore —, innombrables sont ceux qui ressemblent à des cadavres, aux ossements desséchés vus par Ezéchiel. Qui sont-ils ? Tous ceux qui n’ont pas en eux la vie spirituelle.

Il y en a en Israël comme dans le monde entier. Que, parmi les païens et les idolâtres, il n’y ait que des morts qui attendent d’être vitalisés par la Vie, c’est chose naturelle, et qui ne fait souffrir que ceux qui possèdent la vraie sagesse : celle-ci leur permet en effet de comprendre que l’Eternel a créé les créatures pour lui et non pour l’idolâtrie, et il s’afflige d’en voir tant dans la mort. Mais si le Très-Haut éprouve une telle douleur — et elle est déjà grande —, que doit-elle être pour les membres de son Peuple, qui sont des ossements blanchis, sans vie, sans esprit ?

Ceux qui ont été élus, préférés, protégés, nourris, instruits par lui directement, ou par ses serviteurs et ses prophètes, pourquoi doivent-ils être coupablement des ossements desséchés, alors que pour eux, il a toujours coulé du Ciel un filet d’eau vitale qui les a abreuvés de vie et de vérité ? Pourquoi se sont-ils desséchés, eux qui ont été plantés dans la terre du Seigneur ? Pourquoi leur âme est-elle morte, quand l’Esprit éternel a mis à leur disposition tout un trésor de sagesse pour qu’ils l’atteignent et en vivent ? Lequel d’entre eux, et par quel prodige, pourra revenir à la vie, s’ils ont abandonné les sources, les pâturages, les lumières données par Dieu, s’ils avancent à tâtons dans le brouillard, boivent à des sources qui ne sont pas pures, et se repaissent d’aliments qui ne sont pas saints ?

Ils ne reviendront donc jamais à la vie? Si. Je le jure au nom du Très-Haut. Beaucoup ressusciteront. Dieu a déjà préparé ce miracle, et même il est déjà à l’œuvre, il a déjà agi en certains, et des ossements desséchés se sont revêtus de vie : le Très-Haut, à qui rien n’est interdit, a tenu sa promesse, y reste fidèle et ne cesse de la parachever. Du haut des Cieux, il crie à ces ossements qui attendent la vie : “ Voici, je vais répandre en vous l’esprit et vous vivrez. ” Et il a pris son Esprit, il s’est pris lui-même, il a formé une chair pour revêtir sa Parole, et l’a envoyée à ces morts pour que, par elle, la vie se répande de nouveau en eux.

Que de fois, au cours des siècles, Israël a crié : “ Nos os sont desséchés, notre espérance est morte, nous sommes séparés ! ” Mais toute promesse est sacrée, toute prophétie est vraie. Voici venu le temps où l’Envoyé de Dieu ouvre les tombes pour en faire sortir les morts et les vivifier, pour les conduire avec lui dans le véritable Israël, dans le Royaume du Seigneur, dans le Royaume de mon Père et du vôtre.

491.5

Je suis la Résurrection et la Vie ! Je suis la Lumière venue pour éclairer ceux qui gisaient dans les ténèbres ! Je suis la source d’où jaillit la vie éternelle. Celui qui vient à moi ne connaîtra pas la mort. Que celui qui a soif de vie vienne et boive. Que celui qui veut posséder la Vie, c’est-à-dire Dieu, croie en moi, et de son sein jailliront non pas des gouttes, mais des fleuves d’eau vive. Car ceux qui croient en moi, formeront avec moi le Temple nouveau d’où jaillissent les eaux du salut dont parle Ezéchiel.

Venez à moi, ô peuples ! Venez à moi, ô créatures ! Venez former un unique Temple, car je ne repousse personne, mais par amour je vous veux avec moi, dans mon travail, dans mes mérites, dans ma gloire.

“ Et je vis les eaux qui sortaient de dessous le seuil du Temple, vers l’orient… Et les eaux descendaient de dessous le côté droit, au sud de l’autel. ”

Ce Temple, ce sont ceux qui croient dans le Messie du Seigneur, dans le Christ, dans la Loi nouvelle, dans la Doctrine du temps du salut et de la paix. Comme les murs de ce temple sont formés de pierres, c’est d’âmes vivantes que seront formées les murailles mystiques du Temple qui ne mourra pas pour toujours et qui, de la terre, s’élèvera vers le Ciel, comme son Fondateur, après la lutte et l’épreuve.

Cet autel d’où jaillissent les eaux, cet autel à l’orient, c’est moi. Et mes eaux jaillissent de la droite, car la droite est la place des élus au Royaume de Dieu. Elles jaillissent de moi, pour se déverser en mes élus et les enrichir des eaux vitales, chargés de les conduire, de les répandre au nord et au midi, au levant et au couchant, pour donner la vie à la terre chez ses peuples qui attendent l’heure de la lumière, l’heure qui viendra, qui devra absolument venir partout, avant que la terre ne cesse d’exister.

Mes eaux jaillissent et se répandent, mêlées à celles que moi-même j’ai données et donnerai à mes disciples. Tout en étant répandues pour bonifier la terre, elles seront unies en un seul fleuve de grâce, de plus en plus profond, de plus en plus vaste, qui s’accroîtra jour après jour, pas après pas, des eaux des nouveaux fidèles, jusqu’à devenir comme une mer qui baignera tous les lieux pour sanctifier la terre entière.

491.6

Dieu le veut, Dieu le fait. Un déluge[3] a lavé le monde en donnant la mort aux pécheurs. Un nouveau déluge, d’un fluide qui ne sera pas de la pluie, lavera le monde pour lui donner la vie.

Et, par une mystérieuse action de grâce, les hommes pourront faire partie de ce déluge sanctificateur en unissant leur volonté à la mienne, leurs fatigues à la mienne, leurs souffrances à la mienne. Alors le monde connaîtra la vérité et la vie, et qui voudra y participer le pourra. Seuls ceux qui ne voudront pas être nourris des eaux de la Vie deviendront un lieu marécageux et pestilentiel, ou resteront tels et ne connaîtront pas les récoltes abondantes des fruits de grâce, de sagesse, de salut que possèderont les hommes qui vivront en moi.

En vérité, je vous dis, une fois de plus, que celui qui a soif et vient à moi, boira et n’aura plus soif, car ma grâce ouvrira en lui des sources et des fleuves d’eau vive. Et celui qui ne croit pas en moi périra comme un marais salant où la vie ne peut subsister.

En vérité, je vous dis qu’après moi la source ne se tarira pas, car je ne mourrai pas, mais je vivrai. Et après que je serai parti — parti et non pas mort —, pour ouvrir les portes des Cieux, un Autre viendra qui est pareil à moi, et qui achèvera mon œuvre, en vous faisant comprendre ce que je vous ai dit et en vous embrasant pour faire de vous des “ lumières ”, puisque vous avez accueilli la Lumière. »

Jésus se tait.

491.7

La foule, qui est restée silencieuse sous l’empire du discours, chuchote maintenant, et commente de différentes façons.

Quelqu’un dit :

« Quelles paroles ! C’est un vrai prophète ! »

Un autre :

« C’est le Christ, je vous l’assure ! Jean lui-même ne parlait pas ainsi, et aucun prophète n’est aussi fort.

– Et puis, lui nous fait comprendre les prophètes, même Ezéchiel, dont les symboles sont si obscurs.

– Tu as entendu, hein ? Les eaux ! L’autel ! C’est clair !

– Et les ossements desséchés ? Tu as vu comme les scribes, les pharisiens et les prêtres se sont troublés ? Ils ont compris le psaume !

– Oui ! Et ils ont envoyé les gardes. Mais eux !… Ils ont oublié de le prendre et ils sont restés comme des enfants qui voient des anges. Regarde-les là-bas ! Ils semblent ébahis.

– Regarde ! Regarde ! Un magistrat les rappelle et les semonce. Allons écouter ! »

Pendant ce temps, Jésus guérit des malades qu’on lui a amenés, et ne il se soucie de rien d’autre jusqu’au moment où, se frayant un passage dans la foule, arrive à Jésus un groupe de prêtres et de pharisiens, qui ont à leur tête un homme d’environ trente, trente-cinq ans, et que tout le monde fuit avec une crainte qui ressemble à de la terreur.

« Tu es encore ici ? Va-t’en, au nom du grand-prêtre ! »

Jésus se redresse — il était penché sur un paralytique — et le regarde avec calme et douceur. Puis il se courbe de nouveau pour imposer les mains au malade.

« Va-t’en ! Tu as compris, séducteur des foules ? Sinon, nous te ferons arrêter.

– Va, et loue le Seigneur par une vie sainte » dit Jésus au malade qui se lève, guéri.

C’est son unique réponse alors que ceux qui le menacent crachent leur venin, mais la foule, par ses hosannas, les avertit de ne pas faire de mal à Jésus.

Mais, si Jésus est doux, Joseph, fils d’Alphée, ne l’est pas. Il se redresse en bombant la poitrine, rejetant sa tête en arrière pour paraître plus grand, et il crie :

« Eléazar, toi et tes semblables, vous voudriez abattre le sceptre du Fils élu de Dieu et de David, mais sache que tu es en train de couper tout arbre, et pour commencer, le tien dont tu es si fier, car ton iniquité agite au-dessus de ta tête l’épée du Seigneur ! »

Il aurait volontiers poursuivi, mais Jésus lui pose la main sur l’épaule en disant :

« Paix, paix, mon frère ! »

Et Joseph, rouge d’indignation, se tait.

491.8

Ils se dirigent vers la sortie. Une fois hors de l’enceinte, on vient rapporter à Jésus que les chefs des prêtres et les pharisiens ont reproché aux gardes de ne pas avoir arrêté Jésus, et que ces derniers avaient pris comme excuse que personne n’avait jamais parlé comme lui. Réponse qui avait rendus fous de rage les princes des prêtres et les pharisiens, parmi lesquels se trouvaient plusieurs membres du Sanhédrin. Alors, pour prouver aux gardes que seuls les imbéciles pouvaient être séduits par un fou, ils ont voulu aller l’arrêter comme blasphémateur. Un tel geste aurait aussi appris à la foule à comprendre la vérité. Mais Nicodème, qui était présent, s’y était opposé :

« Vous ne pouvez intenter une action contre lui. Notre Loi défend de condamner un homme avant de l’avoir entendu et d’avoir vu ce qu’il fait. Or nous n’avons entendu et vu de lui que des choses qui ne sont pas condamnables. »

A ces mots, la colère des ennemis de Jésus s’était retournée contre Nicodème qu’ils avaient menacé, insulté et bafoué, comme si c’était un débile et un pécheur. Et, avec les plus acharnés, Eléazar ben Hanna était parti personnellement chasser Jésus, car il n’osait rien de plus par peur de la foule.

Joseph, fils d’Alphée, est furieux. Jésus le regarde :

« Tu vois cela, mon frère ? »

II n’en dit pas davantage… Mais il y a tant de sous-entendus dans ces mots ! Il y a l’avertissement que c’est Lui qui a raison — qu’il parle ou se taise —, il y a le rappel de ses paroles, il y a l’indication de ce que sont en Judée les castes dominantes, de ce qu’est le Temple, et ainsi de suite.

Joseph baisse la tête et reconnaît :

« Tu as raison… »

Il se tait, l’air pensif, puis à l’improviste jette les bras autour du cou de Jésus et pleure sur sa poitrine en disant :

« Mon pauvre Frère ! Pauvre Marie ! Pauvre Mère ! »

Je crois que Joseph, à ce moment, a une claire intuition du sort de Jésus…

« Ne pleure pas ! Fais, comme moi, la volonté de notre Père ! » dit Jésus pour le réconforter.

Et il l’embrasse pour le consoler.

491.9

Une fois Joseph un peu calmé, ils se dirigent vers la maison où il loge et, là, se saluent en s’embrassant. Et Joseph, excessivement ému, reprend :

« Va en paix, Jésus ! Par dessus tout. Ce que je t’ai dit près de Nazareth, je te le répète, et plus fortement encore : va en paix. Aie seulement le souci de ta mission. Pour le reste, je m’en occupe. Va, et que Dieu te réconforte. »

Il l’embrasse encore, l’air paternel, et lui fait une caresse comme pour laisser sur sa tête sa bénédiction de chef de famille.

Puis Joseph salue ses frères, et Simon aussi. Mais je remarque que Jacques, je ne sais pour quel motif, se montre quelque peu réservé à l’égard de Joseph, et réciproquement. En revanche, il y a davantage d’affection entre Simon et lui.

Joseph demande à Jacques :

« Je dois donc constater que tu es perdu pour moi ?

– Non, mon frère. Tu dois dire que toi, tu sais où je suis et qu’il te revient de me trouver. Sans rancune. Je prie beaucoup pour toi, au contraire. Mais dans le domaine spirituel, il ne faut pas s’engager sur deux chemins à la fois. Tu sais ce que je veux dire…

– Tu vois pourtant que je prends sa défense…

– Tu défends l’homme et ton parent. Ce n’est pas assez pour te donner ces fleuves de grâce dont il parlait. Défends le Fils de Dieu, sans avoir peur du monde, sans calculs intéressés, alors tu seras parfait. Adieu. Je te confie notre mère et Marie, femme de Joseph… »

Je ne sais si Jésus a entendu, car il est occupé à saluer les autres Nazaréens et Galiléens. Une fois les salutations finies, il ordonne :

« Partons pour le mont des Oliviers. De là, nous nous dirigerons ailleurs… »

491.1

The temple is really crowded with people. But there are not many women and children. The persistence of a windy season with heavy though short showers must have dissuaded women from set­ting out with children. But men from all over Palestine and pros­elytes from the Diaspora are literally crowding the Temple for the last prayers and offerings and to listen to the last lessons of the scribes.

The Galilean followers of Jesus are all there, with the most im­portant chiefs in the first row, and Joseph of Alphaeus, highly con­scious of his position as a relative, is in the middle of the group with his brother Simon. Another thick group which is waiting is that of the seventy-two disciples, I mean the disciples chosen by Jesus to evangelize, a group which has changed in number and faces, because some of the older ones are no longer in it, after the defection following the sermon[1] on the Bread of Heaven, whilst new ones, such as Nicolaus of Antioch have joined it. A third group which is also compact and numerous is that of the Judaeans, among whom I see the archsynagogues of Emmaus, Hebron and Kerioth; from Juttah there is Sarah’s husband and from Bethzur Eliza’s relatives.

They are near the Beautiful Gate and they clearly intend to sur­round the Master as soon as He appears. In fact Jesus cannot take one step inside the walls without being pressed around by these three groups which almost isolate Him from evil-minded people and even from people who are simply curious.

Jesus heads towards the Court of Israel to pray there, and the others follow Him compactly, as far as the over-crowding allows them, deaf to the discontent of those who have to move aside and make room for the large number of people around Jesus. He is between His brothers. And the glances of Joseph of Alphaeus, who looks meaningfully at some Pharisees, are not so kind as Jesus’ neither is his bearing so humble…

They pray and then go back to the Court of the Gentiles. Jesus sits humbly on the floor with His back to the wall of the porch and with a semicircle, which is becoming thicker and thicker with peo­ple, drawing up behind the rows closer to Him, sitting down or thronging together standing up: a multitude of faces and glances converging on one Face only. The curious and evil-minded people and those who have come from afar and are unacquainted with the Master are beyond the barrier of believers and they strive to see stretching their necks, standing on the tips of their toes.

Jesus in the meantime listens to this one and that one asking Him for advice or relating information. Eliza’s relatives speak of her, asking whether she may come to serve the Master. And He replies: «I am not staying here. She will come later.» And the relative of Mary of Simon, the mother of Judas of Kenoth, says that he remained to look after the farm, whereas Mary is almost always with Johanna’s mother. Judas opens his eyes wide in amazement but does not speak. And Sarah’s husband says that he will soon have another son and asks what name he should give it. Jesus replies: «John, if it is a boy, Anne if a girl.» And the old arch­synagogue of Emmaus whispers a case of conscience and Jesus replies in a low voice. And so on.

491.2

In the meantime the crowd grows larger and larger. Jesus raises His head and looks around. As the porch is a few steps higher than the floor of the court, although He is sitting, He commands a large part of the court, on that side and can thus see many faces.

He stands up and in loud voice, at the top of His well tuned strong voice, He says: «Let those who are thirsty come to Me and drink! Rivers of living water will spring from the bosoms of those who believe in Me.»

His voice fills the wide court, the splendid arcades, it is certainly heard beyond those on this side and spreads elsewhere, it over­whelms every other voice, like a harmonious thunder full of prom­ises. He speaks and then is silent for a moment, as if He wanted to enunciate the theme of His speech and then give time to those not interested in listening to Him, to go away without disturbing later. The scribes and doctors become silent, that is, they lower their voices to a murmur, which is certainly malevolent. I do not see Gamaliel.

Jesus moves forward, through the semicircle which opens out as He approaches it, and then closes up behind Him changing from a semicircle to a ring. He walks slowly, majestically. He seems to be gliding on the polychrome marbles of the floor: with His mantle slightly loose forming a kind of train behind Him. He goes to the corner of the porch, on the step overlooking the court, and stops there. He thus commands two sides of the first enclosure. He raises His right arm in the gesture customary to Him when He begins to speak, while with His left hand on His chest He holds His mantle.

He repeats His initial words:

«Let those who are thirsty come to Me and drink! Rivers of living water will spring from the bosoms of those who believe in Me!

491.3

He who saw the theophany[2] of the Lord, the great Ezekiel, a priest and prophet, after he had prophetically seen the impure acts in the desecrated house of the Lord, and after he had seen, once again in a prophetical way, that only those marked with the Tau will be living in the true Jerusalem, whilst the others will know more than one slaughter, more than one condemnation more than one punishment – and the time is close at hand, O you who are listening to Me, It is close at hand, closer than you may think, so that I, as Master and Saviour, exhort you not to delay farther to mark yourselves with the Sign that saves, not to delay farther to put the Light and Wisdom into yourselves, not to delay farther to repent and weep, on your own and other people’s behalf, so that you may save yourselves – Ezekiel, after seeing all that and even more, speaks of a terrible vision. That of the dry bones.

The day will come when on a dead world, under a dark vault of heaven, bones and bones of dead people will appear at the angelical blare. Like a womb that opens to give birth, the Earth will eject from its bowels every bone of man who died on it and is buried in its mud, from Adam down to the last man. And then it will be the resurrection of the dead for the great supreme judge­ment after which, like an apple of Sodom, the world will become empty, turning into nullity and the vault of heaven with its stars will come to an end. Everything will come to an end, with the ex­ception of two things which are eternal, remote, at the extremes of two abysses of immeasurable depth, in complete antithesis with regards to form, aspect and way in which the power of God will con­tinue forever in them: Paradise: light, joy, peace, love; Hell: darkness, sorrow, horror, hatred.

491.4

But do you think that the immense field of the Earth is not covered with lifeless, very dry, inert, separated, dead bones, simp­ly because the world is not yet dead and the angelical trumpets are not sounding to gather the dead? I solemnly tell you that it is so. Among the living, because they still breathe, there are numberless people who are like corpses: like the dry bones seen by Ezekiel. Who are they? Those who do not possess the life of the spirit.

Such people are in Israel, and all over the world. And it is natural that among Gentiles and idolaters there are but dead peo­ple awaiting to be vitalised by the Life, and it grieves only those who possess true Wisdom, because It makes them understand that the Eternal Father created human creatures for Himself and not for Idolatry and He grieves at seeing so many dead. But if the Most High has such sorrow, and it is great indeed, what will His sorrow be like for those of His People who are white, lifeless, spiritless bones?

Why should those chosen, beloved, protected, nourished, taught by Him directly or by His servants and prophets be culpably dry bones, as He always trickled a fine stream of vital water from Heaven for them and nourished them with the water of Life and Truth? Why did they dry up, considering that they were planted in the Land of the Lord? Why did their spirits die when the Eternal Spirit put a full sapiential treasure at their disposal, that they might draw from it and live? Who, and by which prodigy, will be able to come back to Life, if they left the springs, the pastures, the lights granted by God and are groping in darkness, are drinking at impure sources and are feeding on unholy food?

So will they never become alive again? Yes, they will. I swear to it in the name of the Most High. Many will rise again. God has the miracle ready, nay, it is already active, it has already been worked on some, and arid bones have been reclothed with life because the Most High, Who is forbidden nothing, has kept and keeps His promise and completes it more and more. From the height of Heaven He shouts to these bones awaiting Life: “Now, I shall in­fuse the spirit into you and you shall live”. And He took His Spirit, He took Himself, and He formed flesh to clothe His Word, and He sent Him to these dead people, so that by speaking to them, Life should be infused into them once again.

How many times Israel has shouted throughout ages: “Our bones are dried up, our hope is dead, we are separated!”. But every promise is sacred, every prophecy is true. Now, the time has come when the Messenger of God opens tombs to draw the dead out and vivify them and lead them to the true Israel, to the Kingdom of the Lord, to the Kingdom of your Father and Mine.

491.5

I am Resurrection and Life! I am the Light which came to enlighten those lying in darkness! I am the Fountain which spurts eternal Life.

Those who come to Me will not know Death. Let those who thirst after Life come to Me and drink. Let those who want to possess Life, that is, God, believe in Me and rivers of living water, not drops, will flow from their bosoms. Because those who believe in Me will form with Me the new Temple from which the wholesome water, of which Ezekiel speaks, flows.

Come to Me, peoples! Come to Me, creatures! Come and form one only Temple, because I do not reject anybody, but out of love, I want you with Me, in My work, in My merits, in My glory.

“And I saw the waters flow from under the door of the house eastwards… And the waters flowed from under the right side, south of the altar”.

The believers in the Messiah of the Lord, in the Christ, in the New Law, in the Doctrine of the time of Salvation and Peace, are that Temple. As the walls of this Temple are built with stones, so the mystical walls are formed with living spirits and it will live forever and will rise from the Earth to Heaven, like its Founder, after the struggle and the test.

That altar from which the water spouts, that altar facing east is I. And My waters spring from the right hand side, because that side is the place for those elected to the Kingdom of God. They spring from Me to flow into those I have elected, to enrich them with the vital waters, that they may bear them and spread them to the north, south, east and west, to give Life to the Earth in its peo­ple who are waiting for the hour of Light, the hour that will come, will definitely come for every place before the Earth ceases being.

My waters spring and spread out mingled with those which I per­sonally gave and will give to My followers, and although they are spread out to better the Earth, they will be united in only one river of Grace, which will become deeper and deeper, wider and wider, growing day by day, step by step, with the waters of the new followers, until it becomes like a sea that will wash every place to sanctify the whole Earth.

491.6

God wants that and does that. A deluge[3] washed the world kill­ing sinners. A new deluge, of a different liquid from rain, will wash the world giving Life. And through a mysterious act of grace, men will be able to take part in that sanctifying deluge, by joining their wills to Mine, their fatigue to Mine, their sufferings to Mine. .And the world will become acquainted with the Truth and Life. And those who want to participate in it, will be able to do so. And only those who do not want to be nourished with the waters of Life will become a marshy pestiferous place, or will remain such, and will not know the rich harvest of the fruits of grace, wisdom, health, with which those living in Me will be acquainted.

I solemnly tell you once again that those who are thirsty and come to Me, will drink and will never be thirsty again, because My Grace will open springs and rivers of living water in them. And those who do not believe in Me will perish like a saline where life cannot exist.

I solemnly tell you that the Fountain will not cease after Me, because I shall not die, but I will live, and after I have gone, gone but not dead, to open the Gates of Heaven, Another will come, Who is like Me, and will complete My work making you understand what I told you and setting you on fire to make you “lights”, because you received the Light.»

Jesus is silent.

491.7

The crowd, so far silent, held spellbound by the speech, now whispers making different comments.

Some say: «What words! He is a real prophet!»

Some say: «He is the Christ. I am telling you. Not even John spoke like that. And no prophet is so strong.»

«And He makes us understand the prophets, even Ezekiel, whose symbols are so obscure.»

«Did you hear that? The waters! The altar! It is evident!»

«And the dry bones?! Did you see how the scribes, Pharisees and priests became upset? They understood the psalm!»

«Of course! And they sent the guards, who… forgot to capture Him and remained like children to whom angels appear. Look at them over there! They seem to be dumbfounded.»

«Look! Look! An official is calling them and reproaching them. Let us go and hear him!»

Meanwhile Jesus is curing some sick people who have been brought to Him and does not pay attention to anything else until He is reached by a group of priests and Pharisees, elbowing their way through the crowd, led by a man about thirty or thirty-five years old, whom everybody shuns so fearfully that they seem to be terrified.

«Are You still here? Go away! In the name of the High Priest!»

Jesus straightens up – He was bent over a paralytic – and looks at them calmly and mildly. He then bends again to impose His hands on the invalid.

«Go away! Have You understood? You seducer of crowds. Or we will have You arrested.»

«Go and praise the Lord living holily» says Jesus to the invalid who stands up cured and that is His only reply, while those threatening Him spit venom and the crowds warn them with their hosannas not to harm Jesus.

But if Jesus is meek, Joseph of Alphaeus is not and straightening up and throwing his head back to look taller, he shouts: «Eleazar, since you and the like of you would like to overthrow the sceptre of the chosen Son of God and David, you had better know that you are cutting down every tree, beginning with your own, of which you are so proud. Because your wickedness agitates the sword of the Lord over your head!» and he would go on speaking, but Jesus lays His hand on his shoulder saying: «Peace, peace, My brother!» and Joseph, purple with anger, becomes silent.

491.8

They go towards the exit. And when they are outside the enclosure Jesus is informed that the chiefs of the priests and the Pharisees had reproached the guards for not arresting Him and that they had justified themselves saying that no one had ever spoken like Jesus and that the chiefs of the priests and the Pharisees, among whom there were many members of the Sanhedrin, had been driven wild by their reply. So much so that, to prove to the guards that only stupid people could be allured by a madman, they wanted to come and arrest Him under the charge of blasphemy, also to teach the crowds to understand the truth. But Nicodemus, who was present, opposed their decision saying: «You cannot proceed against Him. Our Law prohibits us from condemn­ing a man before hearing him and seeing what he does. And in His case we have only heard and seen things which are not condemn­able.» And that caused Jesus’ enemies to disburden their wrath upon Nicodemus by means of threats, insults and mockery, as if he were a fool and a sinner. And Eleazar ben Annas had gone per­sonally with the most furious ones to drive Jesus out, as he did not dare to do anything else, owing to the feelings of the crowds.

Joseph of Alphaeus is furious. Jesus looks at him and says: «See, brother?» He does not say anything else… but those words mean so much! They are a warning that He is right whether He speaks or is silent, they are a reminder of His words, they are an indication of what the most important castes in Judaea are, of what the Temple is and so forth.

Joseph lowers his head and says: «You are right…» He becomes silent and thoughtful, then, all of a sudden, he throws his arms around Jesus’ shoulders and weeps on His chest saying: «My poor Brother! Poor Mary! Poor Mother!» I think that Joseph realised just then, and very clearly, what was Jesus’ destiny…

«Don’t weep! Do, as I do, the will of our Father!» says Jesus com­forting him and kissing him at the same time to console him.

491.9

When Joseph has calmed down a little, they set out towards the house where Jesus is given hospitality and they kiss each other goodbye. Joseph is deeply moved and his last words are: «Go in peace, Jesus! Don’t worry about anything. I repeat to You what I told You near Nazareth, and I repeat it even more firmly. Go in peace. Take care of Your work only. I will see to the rest. Go and may God comfort You.» And he kisses Him again with paternal at­titude, caressing His head, as if he were giving the blessing of the head of the family.

Then Joseph says goodbye to his brothers. He greets Simon as well. But I notice that James, I do not know why, is rather stiff with Joseph, and viceversa. Instead with Simon there is more tenderness. Joseph’s last question to James is: «So, have I to say that I lost you?»

«No, brother. You must say that you know where I am and therefore it is up to you to find me. Without ill-feeling. On the con­trary, with many prayers for you. But in spiritual matters one must not take two paths at the same time. You know what I mean…»

«You can see that I defend Him…»

«You defend the man and the relative. That is not enough to give you the rivers of Grace of which He was speaking. Defend the Son of God, without any fear of the world, without considering advantages, and you will be perfect. Goodbye. Look after our mother and Mary of Joseph…»

Jesus – I do not know whether He has heard them, as He was intent on greeting the other Nazarenes and Galileans –. when the greetings are over says: «Let us go to the Mount of Olives. Then from there we shall go to some other place…»


Notes

  1. défection qui a suivi le discours, l’un et l’autre dans le chapitre 354.
  2. la théophanie et les citations suivantes se réfèrent à Ez 1, 8-10 ; 37, 1-14 ; 47, 1-19.
  3. déluge raconté de Gn 6, 5 à Gn 9, 17.

Notes

  1. defection following the sermon, both in chapter 354.
  2. the theophany and subsequent quotations refer to: Ezekiel 1; 8-10; 37,1-14; 47,1-19.
  3. deluge, as narrated in Genesis from 6,5 to 9,17.