The Writings of Maria Valtorta

556. Un autre sabbat à Ephraïm.

556. Another Sabbath in Ephraim.

556.1

Les apôtres sont de nouveau réunis dans la maison de Marie, femme de Jacob, ce qui me laisse supposer que c’est encore un jour de sabbat.

Les enfants se tiennent toujours parmi eux, à côté de Jésus, près du foyer. C’est justement cela qui fait dire à Judas :

« En attendant, une semaine est passée, et les membres de leur famille ne sont pas venus. »

A ces mots, il rit en hochant la tête.

Jésus ne lui répond pas. Il caresse le cadet. Judas interroge Pierre et Jacques, fils d’Alphée :

« Vous assurez que vous avez parcouru les deux routes qui conduisent à Sichem ?

– Oui. Mais, à bien y réfléchir, c’était inutile. Les voleurs ne prennent sûrement pas les voies fréquentées, surtout maintenant que les détachements romains ne cessent de les parcourir, répond Jacques, fils d’Alphée.

– Dans ce cas, pourquoi les avoir suivies ? insiste Judas.

– C’est comme ça !… Aller ici ou là, pour nous, c’est pareil. Alors nous avons pris celles-là.

– Et personne n’a rien pu vous dire ?

– Nous n’avons rien demandé.

– Dans ce cas, comment voulez-vous savoir s’ils étaient passés ou non ? » reprend Judas avec un rire sarcastique. « Les personnes en chemin portent-elles des enseignes ou laissent-elles des traces ? Je ne crois pas. Nous aurions déjà été trouvés au moins par des amis. Au contraire, nul n’est venu ici depuis que nous y sommes.

– Nous ignorons pourquoi personne n’est venu ici » dit patiemment Jacques, fils d’Alphée. « Le Maître le sait. Pas nous. Puisque les gens ne laissent pas de traces de leur passage, ceux qui, comme nous, se retirent dans un endroit ignoré de tous, ne peuvent être trouvés, si on ne leur indique pas le lieu du refuge. Or nous ignorons si notre Frère en a parlé à nos amis.

– Tu voudrais croire et faire croire qu’il ne l’a pas révélé au moins à Lazare et à Nikê ? »

Jésus reste silencieux. Il prend un enfant par la main et sort…

«Je ne veux rien croire mais, même s’il en est comme tu le laisses entendre, tu ne peux encore juger, pas plus qu’aucun de nous, des raisons de l’absence des amis…

– Elles sont faciles à comprendre ! Personne ne veut avoir d’ennuis avec le Sanhédrin, et d’autant moins les riches et les puissants. C’est tout !

556.2

Il n’y a que nous pour savoir nous exposer aux dangers.

– Sois juste, Judas ! Le Maître n’a forcé aucun de nous à rester avec lui. Pourquoi es-tu resté, si tu as peur du Sanhédrin ? lui fait remarquer Jacques, fils d’Alphée.

– D’ailleurs, tu peux nous quitter quand tu veux. Tu n’es pas enchaîné… l’interrompt l’autre Jacques, fils de Zébédée.

– Pour cela, non ! Vraiment pas ! On est ici et on y reste. Tous. Ceux qui le voulaient devaient s’en aller avant. Plus maintenant. Moi, je m’y oppose si le Maître n’a pas d’objection, dit lentement mais avec fermeté Pierre en donnant un coup de poing sur la table.

– Et pourquoi ? Qui es-tu pour commander à la place du Maître ? rétorque Judas avec violence.

– Un homme qui raisonne, non pas en Dieu comme lui le fait, mais en homme.

– Tu me soupçonnes ? Tu me prends pour un traître ? lance nerveusement Judas.

– Tu l’as dit. Non pas que je te considère comme volontairement tel, mais tu es si… insouciant, Judas, si changeant ! Et tu as trop d’amis. Tu aimes trop la grandeur, en tout. Toi, tu ne saurais pas tenir ta langue ! Que ce soit pour répliquer à quelque perfide, ou pour montrer que tu es l’Apôtre, tu parlerais. C’est pourquoi tu es ici et tu y restes, ainsi tu ne nuis à personne et tu ne te crées pas de remords.

– Dieu ne contraint pas la liberté de l’homme, et toi, tu prétends le faire ?

– Oui. Mais enfin dis-moi : te pleut-il sur la tête ? Le pain te manque-t-il ? L’air est-il mauvais ? Le peuple t’offense-t-il ? Rien de cela. La maison est solide, même si elle n’est pas riche, l’air est bon, la nourriture ne t’a jamais manqué, la population t’honore. Alors pourquoi es-tu ici si inquiet, comme si tu étais en prison ?

– “ Il y a deux nations que mon âme déteste, et la troisième n’est pas une nation : les habitants de la montagne de Seïr, les Philistins et le peuple stupide qui demeure à Sichem. ” Je te réponds par les paroles du sage[1], et j’ai raison de penser ainsi. Vois si ces peuples nous aiment !

– Hum ! En vérité, il ne me semble pas que les autres, le tien et le mien, soient bien meilleurs. Nous avons reçu des pierres en Judée et en Galilée, en Judée plus encore qu’en Galilée, et dans le Temple de Judée plus qu’en tout autre lieu. Je ne trouve pas que l’on nous ait maltraités ni sur les terres des Philistins, ni ici, ni ailleurs…

– Où, ailleurs ? Nous ne sommes pas allés ailleurs, heureusement. Du reste, s’il avait été question d’aller ailleurs, je ne serais pas venu, pas plus que je ne le ferai à l’avenir.

556.3

Je ne veux pas me contaminer davantage.

– Te contaminer ? Ce n’est pas cela qui t’impressionne, Judas, fils de Simon. Tu ne veux pas t’aliéner ceux du Temple. C’est cela qui t’afflige » intervient paisiblement Simon le Zélote, resté dans la cuisine avec Pierre, Jacques, fils d’Alphée, et Philippe.

Les autres sont partis l’un après l’autre avec les deux enfants pour rejoindre le Maître… fuite méritoire, puisqu’il s’agit de ne pas manquer à la charité.

« Non, ce n’est pas pour cette raison. Mais je n’aime pas perdre mon temps et apporter la sagesse à des sots. Regarde ! A quoi cela a-t-il servi de prendre avec nous Hermastée ? Il est parti pour ne plus revenir. Joseph soutient qu’il l’a quitté en disant qu’il serait de retour pour la Fête des Tentes. L’as-tu vu, peut-être ? Un renégat…

– J’ignore pourquoi il n’est pas revenu, et je ne le juge pas. Mais je te demande : est-il le seul à avoir abandonné le Maître et même à lui être devenu hostile ? N’y a-t-il pas des renégats chez nous autres juifs, et parmi les Galiléens ? Peux-tu le soutenir ?

– Non, c’est vrai. Mais moi, enfin, je me sens mal à l’aise à Sichem. Si l’on savait que nous sommes ici ! Si l’on savait que nous sommes en relation avec les Samaritains, jusqu’à entrer dans leurs synagogues le sabbat ! Jésus y tient… Malheur, si on l’apprenait ! L’accusation serait justifiée…

– Et le Maître condamné, veux-tu dire. Mais il l’est déjà. Il l’est déjà avant qu’on cela soit connu. Il a été condamné, même, après avoir ressuscité un juif en Judée. Il est haï et accusé d’être Samaritain, et ami des publicains comme des prostituées. Il l’est depuis… toujours. Et toi, mieux que tous, tu sais qu’il ne l’est pas !

– Que veux-tu dire, Nathanaël ? Que veux-tu dire ? Qu’est-ce que j’ai à y voir ? Que puis-je savoir de plus que vous ? »

Judas est très agité.

« Mon garçon, tu me donnes l’impression d’être un rat entouré d’ennemis ! Mais tu n’es pas un rat, et nous ne sommes pas armés de bâtons pour te capturer et te tuer. Pourquoi tant d’angoisse ? Si ta conscience est en paix, pourquoi t’énerves-tu à cause d’innocentes paroles ? Qu’a donc dit Barthélemy pour que tu t’irrites ainsi ? N’est-il donc pas vrai que nous, ses apôtres, qui dormons auprès de lui et vivons avec lui, nous pouvons savoir et témoigner, mieux que personne, qu’il aime, non pas le Samaritain, le publicain, le pécheur, la courtisane en tant que tels, mais leurs âmes ? C’est parce qu’il se soucie d’elles — et seul le Très-Haut peut savoir quel effort le Très-Pur doit faire pour approcher ce que nous, hommes pécheurs, nous appelons “ ordure ” — qu’il fréquente les Samaritains, les publicains et les courtisanes. Tu ne comprends pas Jésus, mon garçon, tu ne le connais toujours pas ! Encore moins que les Samaritains eux-mêmes, les Philistins, les Phéniciens et tous ceux que tu voudras » dit Pierre.

Ses dernières paroles sont empreintes de tristesse. Judas ne parle plus et les autres aussi se taisent.

556.4

La vieille Marie entre pour annoncer :

« Les gens de la ville sont dans la rue. Ils disent que c’est l’heure de la prière du sabbat, et que le Maître a promis de parler…

– Je vais lui en faire part, femme. Et toi, dis aux habitants d’Ephraïm que nous allons venir » lui répond Pierre,

Il sort dans le jardin pour avertir Jésus.

« Et toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu viens ? Si tu ne veux pas venir, éloigne-toi, sors avant que le Maître ne soit affligé par ton refus, lance Simon le Zélote à Judas.

– Je vous accompagne. Ici, on ne peut pas parler ! On dirait que je suis le plus grand des pécheurs. Tout ce que je peux dire est mal compris. »

L’entrée de Jésus dans la cuisine met fin au dialogue.

Les treize sortent, se joignent aux habitants d’Ephraïm, pénètrent avec eux dans la ville et ne s’arrêtent qu’au seuil de la synagogue. Malachie est sur le pas de la porte, il salue et les invite à entrer.

Je ne relève pas de différence entre le lieu de prière des Samaritains et ceux que j’ai vus dans d’autres régions. Ce sont les mêmes lampes, les mêmes pupitres et les mêmes étagères avec les rouleaux posés dessus, le siège du chef de synagogue ou de celui qui enseigne à sa place, sinon qu’ici il y a beaucoup moins de rouleaux qu’ailleurs.

« Nous avons déjà fait nos prières en t’attendant.

556.5

Si tu veux parler… Quel rouleau demandes-tu, Maître ?

– Je n’ai besoin d’aucun d’eux. Du reste, tu n’aurais pas ce que je veux expliquer[2] » répond Jésus.

Se tournant vers l’assemblée, il commence son discours :

« Quand les Hébreux furent renvoyés dans leur patrie par Cyrus, roi des Perses, afin de reconstruire le Temple de Salomon détruit cinquante ans plus tôt, l’autel fut rétabli sur ses bases, et sur lui brûla l’holocauste journalier, soir et matin, ainsi que l’holocauste extraordinaire du premier jour du mois et celui des solennités consacrées au Seigneur, sans oublier les holocaustes des offrandes individuelles. Ensuite, après avoir rétabli ce qui était indispensable et imposé pour le culte, ils mirent la main, la seconde année du retour, à ce que l’on pourrait appeler le cadre du culte, l’aspect extérieur. Cela n’était pas coupable, puisque leur intention était d’honorer l’Eternel, mais ce n’était pas indispensable. Car le culte que l’on rend à Dieu, c’est l’amour pour lui ; or l’amour se manifeste et se consume dans le cœur, non pas par les pierres taillées, les bois précieux, l’or et les parfums. Plus qu’à honorer le Seigneur, cet aspect extérieur est propre à satisfaire l’orgueil d’une nation ou d’une ville.

Dieu veut un Temple spirituel. Il ne se contente pas d’un Temple de murs et de marbres, mais vide d’âmes pleines d’amour. En vérité, je vous dis que le temple d’un cœur pur et aimant est le seul qui plaît à Dieu, le seul où il fait sa demeure avec ses lumières. Il est absurde de distinguer les régions et les villes d’après la beauté particulière de leurs lieux de prière ! Pourquoi rivaliser de richesses et d’ornements dans les maisons où l’on invoque Dieu ? Le fini pourrait-il satisfaire l’Infini, fût-il dix fois plus beau que le Temple de Salomon et les palais royaux réunis ? Dieu, l’Infini qui ne peut être contenu et honoré par aucun espace ni aucune magnificence matérielle, trouve dans le cœur de l’homme l’unique lieu digne de l’honorer comme il convient. C’est là qu’il peut — et veut — être renfermé, car l’âme du juste est un temple sur lequel plane, parmi les parfums de l’amour, l’Esprit de Dieu, et bientôt elle sera un temple où l’Esprit un et trine fera réellement sa demeure, comme au Ciel.

Il est encore écrit que, dès que les maçons eurent jeté les fondations du Temple, les prêtres vinrent avec leurs ornements et les trompettes, accompagnés des lévites avec les cymbales, suivant les ordonnances de David. Et ils chantèrent “ qu’il faut louer Dieu parce qu’il est bon et que sa miséricorde est éternelle ”. Le peuple exultait. Mais beaucoup de prêtres, de chefs, de lévites et d’anciens versèrent un déluge de larmes en pensant au Temple d’autrefois. Ainsi, on ne pouvait distinguer les plaintes des cris de jubilation, tant tout était mêlé. On lit également que certains peuples voisins molestèrent les ouvriers qui édifiaient le Temple. Ils voulaient se venger d’avoir été repoussés par les bâtisseurs quand ils s’étaient proposés d’y participer ; car eux aussi cherchaient le Dieu d’Israël, le Dieu unique et vrai. Ces difficultés interrompirent les travaux tant qu’il ne plut pas à Dieu de les faire reprendre . On peut lire cela dans le livre d’Esdras.

556.6

Combien d’enseignements peut-on tirer du passage que je viens de citer, et lesquels ?

Il y a d’abord celui dont j’ai parlé il y a un instant : la nécessité que le culte vienne du cœur, au lieu d’être exprimé par les pierres et les bois, ou encore par des vêtements, des cymbales et des chants dont toute vie spirituelle est bannie. Un autre enseignement est que l’absence d’amour réciproque est toujours cause de retard et de trouble, même s’il s’agit d’un but qui est bon en lui-même. Là où il n’y a pas de charité, Dieu n’est pas. Inutile de chercher Dieu si l’on ne se met pas d’abord dans les conditions de pouvoir le trouver. Dieu se trouve dans l’amour. Celui ou ceux qui s’établissent dans la charité trouvent Dieu, sans même avoir à faire de pénibles recherches. Et celui qui a Dieu avec lui réussit dans toutes ses entreprises.

Dans le psaume, sorti du cœur d’un sage[3] après une méditation sur les pénibles événements qui accompagnèrent la reconstruction du Temple et des murs, il est dit : “ Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs. Si le Seigneur ne garde la ville, c’est en vain que veillent les gardes. ”

Or, comment Dieu peut-il aider à l’édification de la maison s’il sait que ses futurs habitants, qui ne montrent pas d’amour pour leurs voisins, n’ont pas le Seigneur dans le cœur ? Et comment protégera-t-il les villes et renforcera-t-il leurs défenseurs si, à cause de la haine dont elles font preuve envers leurs voisines, il ne peut y demeurer ? Est-ce que cela vous a servi, ô peuples, d’être séparés par des barrières de haine ? Est-ce que cela vous a rendus plus grands ? Plus riches ? Plus heureux ? La haine ou la rancœur ne servent jamais à rien, l’homme seul n’est jamais fort, celui qui n’aime pas n’est jamais aimé. Et il ne sert à rien, comme dit le psaume, de se lever avant le jour pour devenir grands, riches et heureux. Que chacun prenne son repos pour se réconforter des épreuves de la vie, car le sommeil est un don de Dieu, comme l’est la lumière et toute autre chose dont jouit l’homme. Que chacun prenne son repos, mais ait pour compagne la charité, dans son repos comme dans ses veilles. Alors ses travaux prospéreront ainsi que sa famille et ses intérêts, et surtout son âme. C’est ainsi qu’il conquerra la couronne royale des fils du Très-Haut et des héritiers de son Royaume.

556.7

Il est écrit que, pendant les hosannas du peuple, certains pleuraient à chaudes larmes parce qu’ils repensaient au passé et le regrettaient. Mais, dans le tumulte des cris, il n’était pas possible de distinguer les différentes voix.

Fils de Samarie ! Et vous, mes apôtres, fils de Judée et de Galilée ! Aujourd’hui aussi, on entend des hosannas et des pleurs pendant que le nouveau Temple de Dieu s’élève sur ses fondements éternels. De nos jours aussi, il en est qui s’opposent aux travaux et qui cherchent Dieu là où il n’est pas. De nos jours aussi, il en est qui veulent construire selon l’ordre de Cyrus et non selon l’ordre de Dieu, c’est-à-dire selon l’ordre du monde et non selon les voix de l’esprit. De nos jours aussi, il en est qui versent des larmes stupides et humaines sur un passé pitoyable, sur un passé qui ne fut ni bon ni sage, à tel point qu’il a provoqué l’indignation de Dieu. De nos jours aussi, tout cela existe, comme si nous étions dans le brouillard des temps reculés et non dans la clarté du temps de la Lumière.

Ouvrez votre cœur à la Lumière, remplissez-vous de ses rayons pour y voir clair, vous au moins à qui je parle, moi qui suis Lumière. Voici venus les temps nouveaux, les temps où tout se reconstruit. Mais malheur à ceux qui ne voudront pas y entrer et s’opposeront aux bâtisseurs du Temple de la foi nouvelle ; j’en suis la pierre angulaire[4] et je m’y donnerai tout entier pour faire le mortier qui joindra les pierres, afin que l’édifice se dresse, solide et fort, admirable dans le cours des siècles, aussi vaste que la terre qu’il embrasera entièrement de sa lumière. Je parle à dessein de lumière et non pas d’ombre, car mon Temple sera formé d’âmes et non de matières opaques. Avec mon Esprit éternel, je serai une pierre de ce Temple, de même que tous ceux qui suivront ma parole et la foi nouvelle : ils seront autant de pierres incorporelles, enflammées, saintes. Cette lumière du nouveau Temple se propagera sur la terre, et la couvrira de sagesse et de sainteté. Ne resteront au-dehors que ceux qui, avec des larmes impures, pleureront et regretteront le passé, parce qu’il était pour eux une source de profits et d’honneurs tout humains.

556.8

Ouvrez-vous aux temps et au Temple nouveaux, hommes de Samarie ! En eux, tout est neuf ; les anciennes séparations et les frontières matérielles, de pensée et d’esprit, n’existent plus. Chan­tez, puisque l’exil hors de la cité de Dieu va prendre fin. Etes-vous donc heureux d’être considérés comme des exilés, comme des lépreux par les autres juifs d’Israël ? Etes-vous heureux de vous sentir comme expulsés du sein de Dieu ? Car cela, vous le sentez, vos âmes le sentent, vos pauvres âmes à l’étroit dans vos corps, et sur lesquelles vous faites dominer votre intelligence butée qui ne veut pas reconnaître devant les autres hommes : “ Nous nous sommes trompés, mais maintenant, telles des brebis égarées, nous revenons au Bercail. ” Si vous ne voulez pas le dire aux autres hommes — c’est déjà mal agir —, au moins dites-le à Dieu. Même si vous étouffez le cri de votre âme, malheureuse d’être exilée de la maison du Père universel et très saint, Dieu entend ses gémissements.

Ecoutez les paroles du psaume graduel[5]. Vous êtes bien des pèlerins qui, depuis des siècles, vous dirigez vers la haute Cité, vers la vraie Jérusalem, vers la Jérusalem céleste. C’est de là, du Ciel, que vos âmes sont descendues pour animer une chair, c’est là qu’elles désirent retourner. Pourquoi voulez-vous sacrifier vos âmes, leur faire perdre l’héritage du Royaume ? Quelle faute ont-elles commise pour être entrées dans des corps conçus en Samarie ? Elles viennent d’un même Père. Elles ont le même Créateur que les âmes de Judée ou de Galilée, de Phénicie ou de la Décapole. Dieu est l’aboutissement de toutes. Chacune tend vers ce Dieu, même si des idolâtries de toutes espèces ou de funestes hérésies, des schismes, des manques de foi la maintiennent dans l’ignorance du vrai Dieu. Cette ignorance serait même totale, si l’âme ne gardait un souvenir embryonnaire, mais ineffaçable de la Vérité, et une aspiration vers elle. Ah ! faites grandir ce souvenir et cette aspiration. Ouvrez les portes à votre âme. Que la lumière y entre ! Que la vie y entre ! Que la vérité y entre ! Que le chemin soit ouvert ! Que tout entre en flots lumineux et vitaux, comme les rayons du soleil, les flots et les vents des équinoxes, pour que de son embryon, l’arbre s’élance vers les hauteurs, toujours plus près de son Seigneur.

Sortez de l’exil ! Chantez avec moi : “ Quand Yahvé ramena les captifs de Sion, nous étions comme en rêve ; alors notre bouche s’emplit de rire et nos lèvres de chansons. Alors on disait chez les païens : ‘Merveilles que fit pour eux le Seigneur.’ ” Oui, le Seigneur a fait des merveilles pour vous, et vous déborderez de joie.

556.9

Mon Père ! Je te prie pour eux comme pour tous. Fais revenir ces prisonniers qui, à tes yeux et aux miens, sont enserrés dans les chaînes d’une erreur obstinée. Ramène-les, Père, comme un torrent qui se jette dans un grand fleuve, dans la grande mer de ta miséricorde et de ta paix. Mes serviteurs et moi, c’est dans les larmes que nous semons en eux ta vérité. Père, fais qu’au temps de la grande moisson, nous puissions, nous tous tes serviteurs qui enseignons ta vérité, moissonner joyeusement dans ces sillons — qui actuellement semblent n’être couverts que de plantes épineuses et vénéneuses — le blé de choix de tes greniers. Père ! Père ! A cause des fatigues, des larmes, des souffrances, de la sueur, des morts qui ont été et seront les compagnons des semeurs, fais que nous puissions venir à toi en portant, comme des gerbes, les prémices de ce peuple, les âmes qui à nouveau seront nées à la justice et à la vérité pour ta gloire. Amen. »

556.10

Le silence était vraiment impressionnant, tant il était absolu malgré la foule compacte qui remplissait la synagogue et son parvis. Peu à peu, il fait place à un chuchotement discret, puis à un murmure qui grandit jusqu’à devenir une rumeur, et s’épanouit enfin en hosannas. Les gens gesticulent, commentent et acclament…

Comme tout, ici, est différent de la conclusion des discours du Temple ! Malachie intervient au nom de tous :

« Toi seul peux dire ainsi la vérité, sans offenser ni mortifier qui que ce soit ! Tu es vraiment le Saint de Dieu ! Prie pour notre paix. Nous sommes endurcis par des siècles de… croyances et d’affronts, et nous devons rompre cette dure écorce qui nous enveloppe. Aie pour nous de la compassion.

– Davantage encore : de l’amour. Faites preuve de bonne volonté, et l’écorce se fissurera d’elle-même. Que la lumière vienne à vous. »

Il se fraie un chemin et sort, suivi de ses apôtres.

556.1

It must be another Sabbath because the apostles are once again all together in the house of Mary of Jacob.

The children are still with them, near Jesus, by the fireside. And just because of that Judas Iscariot says: «So a week has gone by and their relatives have not come» and he laughs shaking his head.

Jesus does not reply to him. He caresses the second-born son.

Judas asks Peter and James of Alphaeus: «And you say that you went along the two roads lead one to Shechem?»

«Yes, we did. But thinking it over, it was quite useless. Highwaymen certainly do not take busy roads, particularly now that Roman squads patrol them continuously» replies James of Alphaeus. «Why did you go along them, then?» insists the Iscariot.

«Well!… It’s the same to us to go here or there. So we took those roads.»

«And was nobody able to tell you anything?»

«We did not ask anybody.»

«And how were you expecting to know whether they had passed or not? Do people carry banners or leave traces when they go along a road? I don’t think so. Because otherwise we would have been found at least by our friends. Instead not one of them has been here since we came» and he laughs sarcastically.

«We do not know why no one has come here. The Master knows. We don’t. When people withdraw to a place unknown to everybody, as we did, without leaving any trace of their passage, no one can go to them unless one is informed of the place of their refuge. Now we do not know whether our Brother has told our friends» says James of Alphaeus patiently.

«Oh! Would you believe or make us believe that He did not tell at least Lazarus and Nike?»

Jesus does not say anything. He takes one of the children by the hand and goes out…

«I do not want to believe anything. But even if it is as you say, you and none of us can yet pass judgement on the reasons for our friends’ absence…»

«Those reasons are easily understood! No one wishes to have trouble with the Sanhedrin, least of all who is rich and powerful. That’s all!

556.2

We are the only ones who are good at endangering our lives.»

«Be fair, Judas! The Master did not force any of us to stay with Him. Why did you stay, if the Sanhedrin frightens you?» remarks James of Alphaeus.

«And you can go away whenever you wish. You are not in chains…» says the other James, the son of Zebedee.

«No! Never! We are here, and we are staying here. All of us. Who wanted to go away, should have gone away before. Not now. I oppose that, if the Master does not» says Peter slowly but decidedly, striking the table with his fist.

«Why? Who are you that you want to give orders instead of the Master?» Judas asks him violently.

«A man who reasons not like God, as He does, but as a man.»

«Are you suspecting me? Do you think I am a traitor?» asks Judas excitedly.

«You have said it. Not because I think that you would do it deliberately; but you are so… thoughtless, Judas, so fickle! And you have too many friends. And you are too keen on standing out, in everything. Oh! you would not be able to keep quiet! You would speak, either to confute some wicked enemy, or to show that you are the Apostle. So you are here and you are staying here. This way you will do no harm and you will not feel any remorse.»

«God does not force the freedom of man, but you wish to do so?»

«Yes, I do. But after all, tell me. Is it raining on you? Have you not enough bread? Is the air harmful to you? Do the people offend you? None of all that. The house is solid, even if it is not a rich one, the air is good, we have never been short of food, the people honour you. So why are you so restless here, as if you were in jail?»

«“There are two nations that my soul detests, and the third one hated by me is not even a nation: the inhabitants of Mount Seir, the Philistines and the stupid people living at Shechem”. I have replied to you with the words[1] of the Wise Man. And I am right in thinking so. Consider whether these people love us!»

«H’m! To tell you the truth I don’t think that the other peoples, yours and mine, are much better. We were pelted with stones in Judaea and in Galilee, in Judaea even more than in Galilee, and in the Temple in Judaea more than in any other place. I cannot say that we have been ill-treated in the territory of the Philistines, or here, or anywhere else…»

«Anywhere else? We have not been anywhere else, fortunately. But even if we had had to go somewhere else I would not have come with you, neither will I come in future.

556.3

I do not want to get more contaminated.»

«Contaminated That is not what worries you, Judas of Simon. You do not want to alienate those of the Temple. That is what troubles you» says calmly Simon Zealot, who has remained in the kitchen with Peter, James of Alphaeus and Philip. The others have gone out, one after the other together with the two boys and have joined the Master. A meritorious flight as it was made to avoid being uncharitable.

«No. Not because of that. But because I do not like to waste my time and give wisdom to fools. Look! What good has it served to take Ermasteus with us? He went away and has never come back. Joseph told us that he parted from him saying that he would come back for the feast of the Tabernacles. Have you seen him? A renegade…»

«I do not know why he has not come back and I cannot judge him. But I ask you: is he the only one who left the Master and has become His enemy? Are there no renegades among us Judaeans and among the Galileans? Can you prove that?»

«No. It’s true. But I am ill at ease here. If they only knew that we are here! If they knew that we familiarise with the Samaritans to the extent of going to their synagogues on Sabbaths! He wants that… Woe to us if we were found out! The charge would be justified…»

«And you mean that the Master would be condemned. But He is already condemned. He has been condemned before people know. Nay He was condemned after He raised a Judaean from the dead in Judaea. He is hated and accused of being a Samaritan and the friend of publicans and prostitutes. He has been… all the time. And you know better than anybody else whether He has been hated.»

«What do you mean, Nathanael? What do you mean? What have I got to do with that? What do I know more than you do?» He is very excited.

«You look like a mouse surrounded by enemies, my boy! But you are not a mouse, neither are we provided with clubs to capture and kill you. Why are you so frightened? If you are at peace with your conscience, why do you become upset over innocent words? What did Bartholmai say to make you so excited? Is it not true that no one more than we, His apostles, who sleep and live near Him, can be aware and witness that He does not love the Samaritan, the publican, the sinner, the prostitute, but He loves their souls, and He takes care of them alone, and only because of them He goes with Samaritans, publicans and prostitutes, and only the Most High knows what effort His Most Pure Son must make to approach what we men and sinners call “filth”? You do not understand and you do not know Jesus yet, my boy! You know Him less than the very Samaritans, Philistines, Phoenicians and any other peoples you may wish…» says Peter and he utters the last words sadly.

Judas does not speak any more and also the others become silent.

556.4

The old woman comes back in saying: «In the street there are some people from the town. They say that it is the Sabbath prayer time and that the Master has promised to speak…»

«I will go and tell Him, woman. You can tell those from Ephraim that we are coming» replies Peter and he goes out into the kitchen garden to inform Jesus.

«What are you going to do? Are you coming? If you do not want to come, go away, go out before He is grieved by your refusal» says the Zealot to Judas.

«I am coming with you. One cannot speak here! I seem to be the greatest sinner. Every word of mine is misunderstood.»

As Jesus enters the kitchen, they stop speaking.

They go out into the street and join the people from Ephraim and they go into town with them. They stop only when they are before the synagogue, at the door of which there is Malachi, who greets them and invites them to go in.

I do not notice any difference between the Samaritan place of prayer and those I have seen in other regions. There are always the usual lights, the usual lecterns or shelves with rolls, the seat of the head of the synagogue or of the person who teaches in his stead. If anything, the rolls are much fewer here than in the other synagogues.

«We have already said our prayers while waiting for You. If

556.5

You wish to speak… Which roll do You want, Master?»

«I do not need any. In any case you would not have what I wish to explain[2]» replies Jesus, and He then turns towards the people and begins to speak:

«When the Hebrews were sent back to their country by Cyrus, the king of the Persians, so that they might rebuild Solomon’s Temple that had been destroyed fifty years previously, the altar was rebuilt on its base, and the daily holocaust was offered on it morning and evening, as well as the extraordinary one on the first day of each month and those of the solemnities sacred to the Lord and the holocausts of voluntary offerings made by individuals. Later, after accomplishing what is essential and indispensable for the cult, in the second year after their return, they began to deal with what can be called the frame of the cult, its outward appearance, which is not guilty because it is done to honour the Eternal Father, but it is not vital. Because the cult of God is love for God, and love is perceived and consumed in one’s heart, not by means of dressed stones, precious woods, gold and perfumes. All that is outward appearance that aims more at satisfying one’s national or civic pride than at honouring the Lord.

God wants the Temple of the spirit. He is not satisfied with a Temple of walls and marbles that is devoid of spirits full of love. I solemnly tell you that the temple of a pure loving heart is the only one that God loves and in which He dwells with His light, and that foolish are the contests that divide regions and towns with regards to the beauty of their places of prayer. Why vie in the riches and ornaments of the houses in which God is invoked? Can the finite satisfy the Infinite, even if it were a finite ten times more beautiful than Solomons’ Temple and all the royal palaces put together? God, the Infinite Who cannot be contained and honoured by any space or by any material magnificence, finds one place only worthy of honouring Him as befits Him, and He can be, nay He wants to be contained in the heart of man, because the spirit of a just man is a temple over which the Spirit of God hovers, among the perfumes of love; and it will soon be a temple in which the Spirit will really dwell, One and Trine, as It is in Heaven.

And it is written that as soon as the masons had laid the foundations of the Temple, the priests went with their ornaments and trumpets and the Levites with cymbals, according to David’s orders. And they sang that “God is to be praised because He is good and His mercy is everlasting”. And the people rejoiced. But many priests, heads of families, Levites, elderly people were shedding torrents of tears thinking of the previous Temple, and thus the sound of the people’s weeping could not be distinguished from the shouts of joy, as they were so confused. And we also read that the peoples of nearby districts disturbed those who were building the Temple to avenge themselves on the builders who had rejected them when they had offered to build with them, as they also sought the God of Israel, the Only True God. And those disturbances interrupted the work until God was pleased to let them continue. That is what we read in the book of Ezra.

556.6

How many and what lessons does the passage that I mentioned give us? First of all the one already mentioned on the necessity that the cult is perceived by one’s heart and not professed by stones or wood or also by clothes or cymbals and songs, which are devoid of the spirit. Then that the lack of mutual love is always the cause of delays and trouble, even when a good purpose is involved. Where there is no charity, God is not there either. It is useless to seek God unless we put ourselves in a suitable condition to find Him. God is found in charity. He or those who settle in charity find God also without having to make any painful search. And he who has God with him is successful in all his enterprises.

In the psalm that sprang from the heart of a wise man[3] after meditating on the painful events that accompanied the reconstruction of the Temple and of the walls it is said: “If the Lord does not build the house, in vain the masons toil at it. If the Lord does not guard the city and protect it, in vain the sentries watch”.

Now how can God build the house, if He knows that its inhabitants do not have Him in their hearts, since they do not love their neighbours? And how will He protect the city and give strength to its defenders, if He cannot be in them as they are devoid of Him through their hatred for their neighbours? Has it helped you, peoples, to be divided by barriers of hatred? Has it made you greater? Richer? Happier? Neither hatred nor rancour is ever of any avail, he who is alone is never strong, he who does not love is never loved. And it is of no use, as the psalm says, to get up before daybreak to become great, rich and happy. Let every man rest to console himself in the sorrows of life, because sleep is a gift of God as is light and all the other things that man enjoys; let every man rest but let him have charity as his companion in his sleep and in his watch, and his work, his family and his business will thrive, and above all his spirit will prosper and conquer the royal crown of the children of the Most High and heirs to His Kingdom.

556.7

It is written that while the crowd was singing hosannas, some people were shedding torrents of tears because they were thinking about and regretting the past. But it was not possible to distinguish the different voices in the clamour of shouts.

Children of Samaria! And you, My apostles, children of Judaea and of Galilee! Also nowadays there are people who sing hosannas and people who weep while the new Temple of God is rising on eternal foundations. Also nowadays there are people who hinder the work and people who seek God where He cannot be found. Also nowadays some people want to build according to Cyrus’ order and not according to God’s, that is according to the order of the world and not according to the voices of the spirit. And also nowadays there are people who weep with foolish human regret over an inferior past, a past that was neither good nor wise, so much so that it roused the anger of God. Also nowadays we have all those situations, as if we were still in the obscurity of remote days and not in the days of Light.

Open your hearts to the Light, fill yourselves with the Light, so that at least you, to whom I-Light am speaking, may see. This is the new time in which everything is rebuilt. But woe to those who will refuse to enter it and will hinder those who are building the Temple of the new faith, of which I am the corner Stone[4] and to which I will give my whole-self to make mortar for the stones, so that the building may rise holy and strong, admirable for ages, as wide as the Earth that will be completely covered by its light. I say light, not shadow, because My Temple will be made of spirits, not of opaque matters. I shall be its stone with My Eternal Spirit, and all those who follow My word and the new faith will be incorporeal bright holy stones for it. And the light will spread over the Earth, the light of the new Temple, and will cover it with wisdom and holiness. And only those will be left out of it who with impure tears weep and regret the past, because it was for them the source of completely human profits and honours.

556.8

Open to the new time and to the new Temple, o men of Samaria! Everything is new in it, and the ancient separations and borders, of thought and spirit, no longer exist. Sing, because the exile out of the city of God is about to come to an end. Are you happy to be considered as exiles and lepers by the other peoples of Israel? Do you rejoice feeling that you are like people rejected by the bosom of God? Because that is what you feel, what your souls feel, your poor souls, which are closed in your bodies and are under the control of your arrogant thought that refuses to say to other men: “We erred, but like lost sheep we are now going back to the Fold”. You do not want to say that to other men: and that is wrong. But at least say so to God. Even if you stifle the cries of your souls, God hears their groaning, as they are unhappy to be exiled from the house of the universal and most holy Father.

Listen to the words of the gradual psalm[5]. You really are pilgrims who for ages have been going towards the high city, towards the true Jerusalem, the celestial one. From there, from Heaven, your souls descended to vivify a body, and they sigh to go back there. Why do you want to sacrifice your souls and disinherit them of the Kingdom? Which fault is theirs if they descended into bodies conceived in Samaria? They come from Only One Father. They have the same Creator as the souls of Judaea and Galilee, of Phoenicia and of the Decapolis. God is the aim of every spirit. Every soul tends to that God, even if all kinds of idolatry, or baleful heresies, schisms, or lack of faith, keep it in the ignorance of the true God, an ignorance that would be absolute if the soul did not have an indelible embryonal remembrance of the Truth and did not yearn for it. Oh! make that remembrance and yearning grow greater. Open the doors to your souls. Let the Light enter! Let the Life enter! Let the Truth enter! Let the Way be open! Let everything gush in brightly and vitally, like the rays of sunlight and the waves and the winds of equinoxes, so that the plant may grow from its embryo and rise upwards, closer and closer to its Lord.

Come out from your exile! Sing with Me: “When the Lord brings captives home, their souls seem to dream with joy. Our mouths are filled with smiles and our lips with songs. We shall now say: ‘The Lord has worked marvels for us’”. Yes, the Lord has done great things for you and you will be overflowing with delight.

556.9

Oh! My Father! I pray to You for them as I pray for everybody. O Lord, let these prisoners of ours come back home, because, for You and for Me, they are prisoners in the chains of obstinate error. Lead them back, of Father, like a torrent that flows into the great river, lead them to the great sea of Your mercy and peace. My servants and I, shedding tears, are sowing Your truth in them. Father, grant that at the time of the great harvest, we, Your servants in teaching Your Truth, may reap the chosen corn of Your granaries with joy in these furrows, which now seem spread only with bramble and poison. Father! Father! Through our fatigue, and tears, and grief, and labours, and dead companions, who were and will be our companions in sowing, grant that we may come to You carrying, as sheaves, the choice part of this people, the souls reborn to Justice and Truth for Your glory. Amen.»

556.10

The silence, which was really impressive, so absolute as it was in such a large crowd that filled the synagogue and the square in front of it, is broken by a whispering that grows louder and louder and becomes a murmur… a cry… a hosanna. The crowds gesticulate, comment and applaud…

What a difference from the conclusion of the speeches in the Temple! Malachi says on behalf of everybody: «You only can tell the truth thus, without offending and mortifying anybody! You are really the Holy One of God! Pray for our peace. We have been hardened by ages of… beliefs and by ages of insults. And we must break this hard crust of ours. Bear with us.»

«Even more than that: I love you. Be of goodwill, and the crust will break by itself. May the Light come to you.»

He makes His way through the crowd and goes out followed by the apostles.


Notes

  1. les paroles du sage, en Si 50, 25-26.
  2. ce que je veux expliquer se trouve en Esd 3. Les Samaritains n’admettaient pas d’autres livres de l’Ecriture sainte que les cinq du Pentateuque, dits de Moïse : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome. Maria Valorta l’a rappelé en 483.1.
  3. un sage, c’est-à-dire Salomon, et les citations correspondent à Ps 127,1-2.
  4. la pierre angulaire : allusion à Ps 118, 22 ; Is 28, 16.
  5. psaume graduel : il s’agit du Ps 122. Les psaumes graduels (120-134), ou psaumes des montées, étaient chantés par les pèlerins en route vers Jérusalem pour monter au Temple. Il en est déjà fait mention en 195.4. Plus loin, il sera fait allusion au Ps 126.

Notes

  1. words, that are in: Sirach 50,25-26.
  2. what I wish to explain is in: Ezra 3. Of all the Books of the Bible the Samaritans accepted only the five Books of the Pentateuch. Lo ha anche ricordato MV in 483.1.
  3. a wise man is Salomon, and quotations correspond to the Psalm 127,1-2.
  4. corner Stone, alluding to: Psalm 118,22; Isaiah 28,16.
  5. the gradual psalm or Song of Ascents, hinted here, is Psalm 122. Already mentioned in 195.4. Further down reference is made to Psalm 126.