The Writings of Maria Valtorta

557. Les oncles des trois enfants

557. Relatives of the three children,

557.1

Jésus est seul dans la petite île au milieu du torrent. Sur la rive, au-delà du torrent, les trois enfants jouent ; ils chuchotent comme s’ils ne voulaient pas troubler la méditation de Jésus. Parfois, le plus jeune pousse un petit cri de joie en découvrant un petit caillou de belle couleur ou une fleur nouvelle ; les autres le font taire en lui disant : “ Tais-toi ! Jésus prie… ” et le chuchotement reprend pendant que les petites mains brunes édifient des petits blocs de sable et des cônes qui, dans leur imagination enfantine, devraient être des maisons et des montagnes.

Au-dessus, le soleil resplendit, gonflant toujours plus les bourgeons sur les arbres et ouvrant les boutons dans les prés. Le feuillage gris-vert du peuplier tremble, et les oiseaux, à son sommet, se chamaillent en des rivalités d’amour qui se terminent tantôt par un chant, tantôt par un cri de douleur.

Jésus prie. Assis dans l’herbe, séparé par une touffe de joncs du sentier de la rive, il est absorbé dans son oraison mentale. Par moments, il lève les yeux pour regarder les enfants jouer, puis il les rabaisse pour se plonger dans ses pensées.

557.2

Un bruit de pas parmi les arbres de la rive et l’arrivée subite de Jean sur la petite île mettent en fuite les oiseaux, qui s’envolent avec des cris effrayés de la cime du peuplier, mettant fin à leur carrousel.

Jean ne voit pas tout de suite Jésus, qui est caché par des joncs et, un peu interdit, il appelle :

« Où es-tu, Maître ? »

Jésus se lève tandis que les trois enfants crient de la rive opposée :

« Il est là-bas ! Derrière les hautes herbes. »

Mais Jean a déjà vu Jésus, et il s’avance vers lui :

« Maître, la famille, les parents des enfants sont arrivés, avec beaucoup de gens de Sichem. Ils sont allés chez Malachie, et Malachie les a conduits à la maison. Je suis venu te chercher.

– Et Judas, où est-il ?

– Je ne sais pas, Maître. Il est sorti dès que tu es parti ici, et il n’est pas rentré. Il doit être en ville. Veux-tu que j’aille le chercher ?

– Non, il ne faut pas. Reste ici avec les enfants. Je veux d’abord parler à leur famille.

– Comme tu veux, Maître. »

Une fois que Jésus s’est éloigné, Jean rejoint les garçons et se met à les aider dans leur grande entreprise d’établir un pont sur un fleuve imaginaire fait de longues feuilles de roseau disposées sur le sol pour représenter l’eau…

557.3

Jésus entre dans la maison de Marie, femme de Jacob, qui l’attend sur le seuil et qui lui dit :

« Ils sont montés sur la terrasse. Je les y ai conduits en leur offrant de se reposer, mais voici Judas qui accourt du village. Je vais l’attendre puis préparer de quoi restaurer les pèlerins. Ils sont bien fatigués. »

Jésus aussi attend Judas dans l’entrée, qui est un peu sombre par rapport à la lumière extérieure. Judas n’aperçoit pas tout de suite Jésus et, d’un air hautain, il lance à la femme :

« Où sont les gens de Sichem ? Déjà partis, peut-être ? Et le Maître ? Personne ne l’appelle ? Jean… » A la vue de Jésus, il change de ton pour dire : « Maître ! Je suis accouru dès que j’ai appris, par pur hasard… Tu étais déjà à la maison ?

– Il y avait Jean, et il est venu me chercher.

– Je l’aurais fait aussi. Mais, à la fontaine, des gens m’ont invité à leur expliquer certaines choses… »

Sans lui répondre, Jésus va accueillir les hommes qui l’attendent, assis en partie sur les murets de la terrasse, en partie dans la pièce qui s’ouvre sur elle. Dès qu’ils le voient, ils se lèvent pour lui faire honneur.

Jésus, après les avoir salués collectivement, les salue chacun par son nom, à l’étonnement joyeux de ceux-ci qui lui disent :

« Tu te souviens encore de nos noms ? »

Ce doit être des habitants de Sichem.

Jésus répond :

« De vos noms, de vos visages et de vos âmes. Vous avez accompagné les oncles des enfants ? Ce sont eux ?

– Ce sont eux. Ils sont venus les chercher, et nous nous sommes joints à eux pour te remercier de ta pitié pour ces petits enfants d’une femme de Samarie. Il n’y a que toi pour agir de la sorte ! Tu es toujours le Saint qui ne fait que des œuvres saintes. Nous aussi, nous nous souvenons toujours de toi. Alors, quand nous avons appris que tu étais ici, nous sommes venus te voir et te dire combien nous te sommes reconnaissants d’avoir choisi de te réfugier chez nous et de nous avoir aimés dans les fils de notre sang.

557.4

Mais maintenant, écoute les oncles des enfants. »

Jésus, suivi de Judas, se dirige vers eux et les salue de nouveau pour les inviter à parler.

« Nous ne savons pas si tu le sais, mais nous sommes les frères de la mère des enfants. Nous étions très fâchés contre elle, parce que, sottement et contre nos conseils, elle avait voulu ce mariage malheureux. Notre père fut faible avec l’unique fille de sa nom­breuse descendance, à tel point que nous nous sommes fâchés avec lui et que, pendant plusieurs années, nous ne nous sommes pas parlé ni vus. Puis, sachant que la main de Dieu s’appesantissait sur la femme, et que la misère s’était installée dans sa maison — car une union impure n’est pas protégé par la bénédiction divine —, nous avons repris chez nous notre vieux père pour qu’il ne subisse pas d’autre douleur que la misère dans laquelle la femme était tombée. Puis nous avons appris son décès. Tu étais passé depuis peu et nous parlions de toi entre nous… Alors, surmontant notre indignation, nous avons proposé à son époux par l’intermédiaire de lui et lui (il désigne deux habitants de Sichem) de reprendre les enfants. Ils étaient par moitié de notre sang. Il répondit qu’il préférait les savoir morts tragiquement que vivants de notre pain. Nous n’avons eu ni les enfants ni le corps de notre sœur, même pas cela, alors que nous aurions souhaité l’ensevelir selon nos rites ! Nous avons alors juré de le haïr toujours, lui et sa descendance. Et la haine l’a frappé comme une malédiction, au point qu’après avoir été libre, il devint serviteur, puis… un cadavre, mort comme un chacal dans une tanière puante. Nous n’aurions jamais dû l’apprendre, car tout était fini entre nous depuis longtemps.

557.5

Et nous avons eu bien peur lorsque, il y a maintenant huit nuits, nous avons vu les voleurs surgir dans notre aire. Mais quand nous avons connu la raison de leur venue, l’indignation, plus que la douleur, nous mordit comme du venin. Nous nous sommes hâtés de congédier ces voleurs en leur offrant une bonne récompense pour obtenir leur amitié, mais nous avons été étonnés de les entendre dire qu’ils s’étaient déjà payés et qu’ils ne voulaient rien d’autre. »

Un éclat de rire ironique de Judas rompt à l’improviste le silence attentif que tous gardent. Il s’exclame :

« Leur conversion ! Totale ! En vérité ! »

Jésus le regarde avec sévérité, les autres avec étonnement, et celui qui parle reprend :

« Que pouvais-je attendre de plus d’eux ? N’était-ce pas déjà beaucoup d’être venus amener le petit berger en défiant les dangers sans prendre de récompense ? A vie malheureuse, manière d’agir malheureuse. C’est sûr, le butin trouvé sur ce sot, mort comme un vagabond, n’a pas dû être bien important ! Vraiment pas… Et à peine suffisant pour eux, qui ont dû suspendre leurs larcins pendant dix jours au moins. Leur honnêteté nous a tellement surpris que nous leur avons demandé qui leur avait inculqué cette pitié. C’est ainsi que nous avons appris qu’un rabbi leur avait parlé… Un rabbi ! Ce ne pouvait être que toi ! Nul autre rabbi d’Israël ne pourrait faire ce que tu as fait. Après leur départ, nous avons interrogé de plus près le jeune pâtre, encore tout effrayé, et nous avons obtenu plus de détails. Nous avons d’abord appris que le mari de notre sœur était mort et que les enfants se trouvaient à Ephraïm chez un juste, puis que ce juste, un rabbi, leur avait parlé. Nous avons aussitôt pensé que c’était toi. Entrés à Sichem à l’aurore, nous en avons parlé avec ces hommes-ci, car nous n’avions pas encore décidé si nous accueillerions les enfants, ou non. Mais eux nous ont dit : “ Comment ! Voudriez-vous que ce soit en vain que le Rabbi de Nazareth ait aimé ces enfants ? Parce que c’est certainement lui, n’en doutez pas. Allons tous le trouver, car sa bienveillance est grande envers les fils de Samarie. ” Et, une fois réglées nos affaires, nous sommes venus.

557.6

Où sont les garçons ?

– Près du torrent. Judas, va leur dire de venir. »

Judas obéit.

« Maître, c’est une rencontre difficile pour nous. Ils nous rappellent toutes nos peines, et nous nous demandons encore si nous allons les recevoir chez nous. Ce sont les enfants du plus violent ennemi que nous ayons eu au monde…

– Ce sont des fils de Dieu. Ce sont des innocents. La mort efface le passé et l’expiation obtient le pardon, même de Dieu. Voudriez-vous vous montrer plus sévères que Dieu, et plus cruels que les larrons ? Plus obstinés qu’eux ? Les larrons voulaient tuer le jeune pâtre et garder les petits. Le premier par prudence, les seconds par humaine pitié envers des enfants sans défense. Le Rabbi a parlé, et non seulement ils n’ont pas tué le petit berger, mais ils ont même accepté de vous l’amener. Après avoir vaincu le crime, devrais-je connaître la défaite avec des cœurs droits ?

– C’est que… Nous sommes quatre frères, et il y a déjà tren­te-sept enfants à la maison…

– Et là où trente-sept passereaux trouvent leur nourriture, parce que le Père des Cieux leur procure le grain, est-ce que quarante n’en trouveront pas ? Est-ce que la puissance du Père ne pourra pas fournir leur nourriture à trois autres, ou plutôt quatre, de ses fils ? Est-ce que cette divine Providence est limitée ? Est-ce que l’Infini aura peur de rendre vos semences, vos brebis et vos arbres plus féconds, pour qu’il y ait suffisamment de pain, d’huile, de vin, de laine et de viande pour vos enfants et les quatre autres pauvres petits restés seuls ?

– Ils sont trois, Maître !

– Ils sont quatre. Le jeune pâtre est orphelin lui aussi. Pourriez-vous, si Dieu vous apparaissait ici, soutenir que votre pain est tellement compté que vous ne pouvez nourrir un orphelin ? Avoir pitié de l’orphelin est un commandement du Pentateuque…

– Nous ne le pourrions pas, Seigneur, c’est vrai. Nous ne serons pas inférieurs aux voleurs. Nous donnerons pain, vêtement et logement même au petit berger, et par amour pour toi.

– Par amour. Par amour total : pour Dieu, pour son Messie, pour votre sœur, pour votre prochain. Voilà l’hommage et le pardon qu’il faut à votre sang, et non un froid tombeau pour ses cendres. Le pardon, c’est la paix. Paix pour l’esprit de l’homme qui a péché. Mais ce ne serait qu’un pardon mensonger, tout extérieur, sans aucune paix pour l’esprit de la morte, qui est votre sœur et la mère de ces petits, si la juste expiation de Dieu s’augmentait du tourment de savoir que ses enfants innocents paient pour son péché. La miséricorde de Dieu est infinie, mais unissez-y la vôtre pour donner la paix à la morte.

– Nous le ferons ! Nous le ferons ! Notre coeur ne se serait soumis à personne, sauf à toi, Rabbi, qui es passé un jour parmi nous pour y laisser une semence qui n’est pas morte et qui ne mourra pas.

– Amen !

557.7

Voilà les enfants… »

Jésus les montre qui marchent au bord du torrent vers la maison, et il les appelle…

Lâchant la main des apôtres, ils accourent en criant : “ Jésus ! Jésus ! ” Ils entrent, montent l’escalier, arrivent sur la terrasse et s’arrêtent, tout intimidés devant tant d’étrangers qui les regardent.

« Approchez, Ruben, Elisée et Isaac. Voici les frères de votre mère : ils sont venus vous chercher pour vous adjoindre à leurs enfants. Vous voyez comme le Seigneur est bon ? C’est vraiment comme cette colombe de Marie, femme de Jacob, que nous avons vue avant-hier donner la becquée à un petit qui n’était pas le sien, mais celui de son frère mort. Dieu vous recueille et vous donne à vos oncles pour qu’ils prennent soin de vous et que vous ne soyez plus orphelins. Allons ! Saluez-les.

– Le Seigneur soit avec vous, seigneurs » dit timidement le plus grand en regardant par terre.

Les deux plus petits lui font écho.

« Celui-ci ressemble beaucoup à sa mère, et cet autre aussi, mais celui-là (le plus grand), c’est tout à fait son père, remarque l’un des oncles.

– Mon ami, je ne crois pas que tu sois assez injuste pour faire une différence d’amour à cause d’une ressemblance de visage, dit Jésus.

– Oh ! non, vraiment. J’observais… et je réfléchissais… Je ne voudrais pas qu’il ait aussi le cœur de son père.

– C’est un enfant encore tendre. Ses simples paroles trahissent pour sa mère un amour bien plus vif que tout autre amour.

557.8

– Il les tenait pourtant mieux que nous ne croyions. Ils sont bien vêtus et bien chaussés. Il avait peut-être fait fortune…

– Mes frères et moi, nous portons des vêtements neufs, car Jésus nous a habillés. Nous n’avions ni chaussures ni manteaux, nous étions tout à fait comme le berger, dit le second, qui est moins timide que le premier.

– Nous te dédommagerons de tout, Maître » répond un autre oncle, avant d’ajouter : « Joachim de Sichem avait les offrandes de la ville, mais nous y joindrons encore de l’argent…

– Non, je ne veux pas d’argent. Je veux une promesse. Une promesse d’amour pour eux, que j’ai arrachés aux voleurs. Les offrandes… Malachie, prends-les pour les pauvres que tu connais et fais-en une part pour Marie, car sa maison est bien misérable.

– Comme tu veux. S’ils sont bons, nous les aimerons.

– Nous le serons, seigneur. Nous savons qu’il faut l’être pour retrouver notre mère et remonter le fleuve jusque dans le sein d’Abraham, et ne pas enlever des mains de Dieu le filin de notre barque pour ne pas être emportés par le courant du démon, débite Ruben tout d’un trait.

– Mais que dit l’enfant ?

– C’est une parabole qu’il a entendue de moi. Je l’ai dite pour consoler leur cœur et donner à leur âme une ligne de conduite. Les enfants l’ont retenue et ils l’appliquent à toutes leurs actions. Familiarisez-vous avec eux pendant que je m’adresse aux hommes de Sichem…

557.9

– Maître, encore un mot. Ce qui nous a étonnés chez les voleurs, c’est qu’ils nous aient prié de demander au Rabbi, qui avait avec lui les enfants, de leur pardonner d’avoir mis tellement de temps pour venir. La raison en est que toutes les routes ne leur étaient pas ouvertes et que la présence d’un enfant parmi eux empêchait de longues marches à travers les gorges sauvages.

– Tu entends, Judas ? » dit Jésus à l’Iscariote, qui ne réplique pas.

Après cela, Jésus s’isole avec les habitants de Sichem, qui lui arrachent la promesse d’une visite, si brève qu’elle soit, avant la grande chaleur de l’été. Et ils racontent à Jésus ce qui se vit en ville, entre autres comment ceux qui ont eu leur âme ou leur corps guéris se souviennent de lui.

Pendant ce temps, Jean et même Judas s’efforcent de fami­lia­riser les enfants avec leurs oncles…

557.1

Jesus is all alone in the little island in the middle of the stream. The three children are playing on the bank on the other side of the stream and they are whispering in low voices in order not to disturb Jesus’ meditation. Now and again the youngest one utters a cry of joy when he finds a beautifully coloured pebble or a fresh little flower, and the others tell him to be quiet saying: «Be quiet! Jesus is praying…» and their whispering resumes when their little swarthy hands build sand blocks and cones that in their childish imagination are supposed to be houses and mountains.

The sun is shining high in the sky causing gems to swell on trees and buds to open in meadows. The green-grey leaves of the poplar tree are quivering in the breeze, and the birds up there, on the top, are engaged in love or rivarly skirmishes that at times end in a song, at times in a screech of pain.

Jesus is praying. Sitting on the grass, with a tuft of bog grass separating Him from the path along the bank, He is absorbed in His mental meditation. At times He looks up to watch the little ones playing over there on the grass. He then lowers His eyes again and becomes engrossed in His thoughts.

557.2

The shuffling of feet among the plants on the bank and the sudden arrival of John on the little island put to flight the birds that fly away from the top of the poplar putting an end to their carousel with screeches of fear.

John does not see Jesus at once, as He is concealed by the bog grass and he shouts rather perplexedly: «Where are You, Master?»

Jesus stands up while the three children shout from the other bank: «He is there! Behind the tall grass.»

But John has already seen Jesus and goes to Him saying: «Master, the relatives have come. The children’s relatives. And many people from Shechem are with them. They went to Malachi, and Malachi brought them to our house. I have come looking for You.»

«And where is Judas?»

«I do not know. He went out immediately after You came here, and he has not come back yet. He must be in town. Shall I look for him?»

«No, it is not necessary. Stay here with the children. I want to speak to the relatives first.»

«As You wish, Master.»

Jesus goes away, and John joins the children and begins to help them in the enterprise of building a bridge across an imaginary river made of long reed leaves placed on the sand to simulate water…

557.3

Jesus enters the house of Mary of Jacob, who is at the door waiting for Him and says to Him: «They have gone up to the terrace. I took them there to let them rest. But here is Judas coming from the village. I will wait for him and then I will prepare some food for the pilgrims who are very tired.»

Jesus also waits for Judas in the vestibule, which is rather dark compared to the light outside. Judas does not see Jesus at once and while going in he says to the woman arrogantly: «Where are those from Shechem? Have they already left? And the Master? Is no one calling Him? John…» He sees Jesus and changes tone saying: «Master! I ran here when I was told, just by sheer chance… Were You already at home?»

«John was here and he came looking for Me.»

«I… I should have been here as well. But at the fountain they asked me to explain certain things to them…»

Jesus does not reply. He speaks only to greet those who are waiting for Him, some sitting on the low walls of the terrace, some in the room that opens on to it, and they all stand up to pay their respects to Him as soon as they see Him.

After greeting the group collectively, Jesus greets some of them calling them by their names, and they are so pleasantly surprised that they say: «Do You still remember our names?» They must be the people from Shechem.

And Jesus replies: «Your names, your faces and your souls. Did you come with the children’s relatives? Are they the ones?»

«Yes, they are. They have come to take them and we joined them to thank You for Your pity for the little children of a woman from Samaria. You alone can do such things!… You are always the Holy One Who does nothing but holy things. We have always remembered You, too. And we came, because we heard that You were here. To see You and tell You that we are grateful to You for choosing us as Your shelter place and for loving us in the children of our blood.

557.4

But listen to the relatives.»

Jesus, followed by Judas, moves towards them greeting them once again and inviting them to speak.

«We, I do not know whether You know, are the brothers of the children’s mother. And we were very angry at her, because she foolishly and against our advice wanted this unhappy marriage. Our father was weak with the only daughter of his numerous offspring, so much so that we got angry with him as well, and for several years we did not speak to him or see him. Later, knowing that the hand of God lay heavy on the woman and there was poverty in her house, because an impure marriage is not defended by divine blessings, we took our old father in our house again, so that his only grief might be the poverty in which the woman languished. Then she died and we were told. You had passed by recently and people spoke of You… And overcoming our indignation, we suggested to her husband, through these two men from Shechem, that we would take the children. They were, by half, of our blood. He said that he would rather see them all die a bad death than live on our bread. He would not give us the children and not even the corpse of our sister, that it might be buried according to our rites! So we swore hatred to him and to his seed. And hatred struck him like a curse, so that from a free man it made him a servant and from a servant… a dead body like a jackal in a stinking den. We would never had known, because for a long time everything had come to an end between us.

557.5

And we had a terrible fright, only that, when a week ago we saw those highwaymen appear on our threshing-floor. Then, when we heard why they had come, disdain, not grief, tormented us like poison, and we sent them away hurriedly offering them a good reward to make them friendly, and we were surprised to hear them say that they had already made their profit and did not want anything else.»

Judas suddenly breaks the dead silence of everybody with an ironical laugh and he shouts: «Their conversion! Complete! Really!»

Jesus looks at him severely, the others look at him seized with astonishment, and the man who was speaking, continues: «And what else could you expect from them? Is it not quite a lot that they came leading the young shepherd and daring danger, without accepting any reward? A miserable custom befits a miserable life. The prey taken from the foolish man who died like a tramp, was not a rich one! It wasn’t rich at all! Hardly sufficient for those who had to stop plundering for at least ten days. And we were so astonished at their honesty, that we asked them which voice had spoken to them instilling so much pity into their hearts. So we learned that a rabbi had spoken to them… A rabbi! You only. Because no other rabbi in Israel could do what You did. And after they left we questioned the frightened shepherd boy in detail and we obtained a more accurate account of the events. At first we only knew that our sister’s husband was dead and that the children were at Ephraim with a just man, and then that the just man, who was a rabbi, had spoken to them and we at once thought that it was You. And when we arrived at Shechem at dawn, we consulted with these people, because we had not yet made up our minds whether we should accept the children. But these people said to us: “What? Has the Rabbi of Nazareth loved the children in vain? Is that what you want? Because it is certainly Him, have no doubt. Nay, let us all go to Him, because the kindness of His heart towards the children of Samaria is great”. And after settling our business, we came here.

557.6

Where are the children?»

«Near the stream. Judas, go and tell them to come.»

Judas goes away.

«Master, it is a difficult meeting for us. They remind us of all our troubles, and we are still undecided whether we should accept them. They are the sons of the worst enemy we ever had…»

«They are the children of God. They are innocent. Death cancels the past and expiation obtains forgiveness, also from God. Do you want to be more severe than God? And more cruel than the highwaymen? And more obstinate than they? The highwaymen wanted to kill the young shepherd and keep the children: the former as a prudent measure of defence, the latter out of human pity for defenceless children. The Rabbi spoke to them, and they did not kill and they have agreed, to the extent of bringing the young shepherd to you. Shall I have to admit defeat in righteous hearts, when I defeated crime?…»

«The matter is… We are four brothers, and there are already thirty-seven children in our house…»

«And where thirty-seven little sparrows find food, because the Father in Heaven makes them find grains, will forty not find any? Will the power of the Father not be able to provide food for three, nay, four more children of His? Is there a limit to His divine Providence? Will the Infinite God be frightened to fecundate your seeds, your plants and your sheep more than at present, so that bread and oil and wine and wool and meat be sufficient for your children and for four more poor boys who are now all alone?»

«They are three, Master!»

«They are four. The young shepherd is an orphan as well. If God should appear to you here, would you be able to maintain that your bread is so measured that you cannot feed an orphan? Pity for an orphan is prescribed by the Pentateuch…»

«No, we would not, Lord. That is true. We shall not be inferior to the highwaymen. We will give bread, clothes and lodging also to the young shepherd. And out of love for You.»

«Out of love. Out of all the love. For God, for His Messiah, for your sister, for your neighbour. That is the homage and the forgive­ness to be paid to your blood! Not a cold sepulchre for her dust. For­giveness is peace. Peace for the spirit of man, who sinned. But it would only be false and entirely exterior forgiveness, and no peace for the spirit of the dead woman, who is your sister and the chil­dren’s mother, if to the just expiation of God you add to torment her, the knowledge that her sons, although innocent, are expiating her sin. God’s mercy is infinite. But add your own to give peace to the dead woman.»

«Oh! We will do that! We will! Our hearts would not have submitted to anybody, but they yield to You, o Rabbi, as You passed one day among us, sowing a seed that did not and will not die.»

«Amen!

557.7

Here are the children…» and Jesus points at them on the bank of the stream, coming towards the house, and He calls them.

And they leave the hands of the apostles and run shouting: «Jesus! Jesus!» They go in, they climb the steps, they are on the terrace and they stop frightened by the presence of so many strangers looking at them.

«Come, Ruben, and you, Elisha, and you, Isaac. These men are the brothers of your mother and they have come to get you and join you to their sons. See how good the Lord is? Just like Mary of Jacob’s pigeon, that we saw the day before yesterday feed a young one that was not its own, but of its dead brother. He has gathered you and gives you to these people so that they may take care of you and you will thus be no longer orphans. Come on! Greet your relatives.»

«The Lord be with you, gentlemen» says the oldest one shyly, looking at the ground, and the two younger ones repeat his words.

«This one is very much like his mother, and this one also, but this other one (the oldest) is his father’s double» remarks one of the relatives.

«My friend, I do not think that you are so unfair as to love differently because of a resemblance of faces» says Jesus.

«Oh! no. Certainly not. I was watching him… and thinking… I would not like him to have the same heart as his father.»

«He is still a tender child, and his simple words disclose that his love for his mother is by far deeper than any other love.»

557.8

«She kept them much better than we expected. Their clothes and shoes are decent. Perhaps she made her fortune…»

«My brothers and I have new garments because Jesus clothed us. We had neither shoes nor mantle, we were exactly like the shepherd» says the second-born who is not so timid as the first-born.

«We will compensate You for everything, Master» replies one of the relatives and he adds: «Joachim of Shechem had the offerings of the town, but we will add some more money…»

«No, I do not want any money. I want a promise: that you will love these children whom I snatched from the highwaymen. The offerings… Malachi, take them for the poor who are known to you and give some to Mary of Jacob, because her house is really poor.»

«As you wish. If they are good we will love them.»

«We will be good, lord. We know that we must be so to find our mother and go up the river, as far as the bosom of Abraham, and that we must not take away the ropes of our boats from the hands of God in order not to be carried away by the current of the demon» says Ruben all in one breath.

«But what is the boy saying?»

«A parable I told them. I told it to comfort their hearts and to guide their spirits. And the children have understood it and they apply it to each of their actions. Familiarise with them while I speak to these people from Shechem…»

557.9

«Master, one more word. What amazed us in the highwaymen was their request to tell the Rabbi, Who had the children, to forgive them, if it had taken them a long time to come, considering that not every road is open to them and that the presence of a boy among them prevented them from marching long distances through wild gorges.»

«Did you hear that, Judas?» says Jesus to Judas who does not reply.

Then Jesus moves to one side with the people from Shechem, who wring the promise from Him of a visit, even a short one, before the summer heat. And in the meantime they inform Jesus of events of the town, and they tell Him that those who were cured by Him, in their bodies or souls, do remember Him.

Judas and John in the meantime are busy getting the children to fraternise with their relatives…