The Writings of Maria Valtorta

579. Des juifs inconnus rapportent

579. A small group of Jews secretly relates about

579.1

Dans les prés de Nikê, où les foins sèchent au soleil, une petite foule s’est assemblée. Deux lourds chars couverts attendent non loin. Je comprends la raison de cette attente, en voyant qu’on y conduit toutes les femmes disciples, et qu’elles y montent après que le Maître les a congédiées et bénies. La Vierge Marie part elle aussi avec les autres disciples, ainsi que le jeune berger d’Hennon ; des disciples nombreux se placent de chaque côté des chars et, quand ceux-ci s’ébranlent au pas lent des bœufs, les disciples se mettent en route eux aussi. Il ne reste dans les prés que les apôtres, Zachée et ses amis, ainsi qu’un petit groupe de personnages emmitouflés dans leurs manteaux, comme s’ils voulaient ne pas être reconnus.

579.2

Jésus revient lentement sur ses pas, au milieu du pré, et il s’assied sur un tas de foin déjà à moitié sec qu’on portera bientôt au fenil. Il a l’air absorbé, et tous, en trois groupes distincts quelque peu distants de lui et l’un de l’autre, respectent sa concentration.

Sa méditation se prolonge, et l’attente de même. Le soleil devient de plus en plus ardent et frappe le pré, qui dégage la bonne odeur des foins qui sèchent. Les gens se réfugient aux bords du pré, là où les derniers arbres du verger projettent une ombre rafraîchissante.

Jésus reste seul, seul sous le soleil déjà fort, tout blanc dans son vêtement de lin et avec son couvre-chef de soie légère qui ondule doucement sous la brise. C’est peut-être celui que Syntica lui a brodé. D’une étable voisine vient un meuglement lent et plaintif, et un piaillement d’oisillons arrive des branches du verger et des aires : des oiseaux sans plumes et d’impertinents poulets. C’est la vie qui continue, en se renouvelant à chaque printemps. Les colombes tournoient dans le ciel d’un vol assuré et tranquille avant de revenir à leurs nids sous l’avant-toit. Je ne sais si cela provient d’une maison voisine ou de quelque champ, mais j’entends une voix de femme chantonner une berceuse, et la petite voix de l’enfant, d’abord perçante et tremblante, comme le bêlement d’un agnelet, baisse puis se tait… Insensible au soleil, Jésus réfléchit tant et plus, longuement.

579.3

J’ai plusieurs fois remarqué la résistance exceptionnelle de Jésus à la rigueur des saisons. Je n’ai jamais compris s’il sentait fortement le chaud et le froid et s’il les supportait sans se plaindre par esprit de mortification, ou bien si, comme il domine les éléments déchaînés, il dominait aussi le froid ou la chaleur excessifs. Je l’ignore. Je sais que j’ai beau l’avoir vu complètement trempé sous les averses ou tout en sueur sous la canicule, je n’ai jamais remarqué chez lui de gestes le montrant incommodé par le froid ou la chaleur, et je ne lui ai jamais vu prendre ces mesures préventives que d’ordinaire l’homme prend contre les excès du soleil ou du gel.

On m’a fait observer un jour qu’en Palestine on ne reste pas tête nue, et donc que je m’exprime mal quand je dis que la tête blonde de Jésus resplendit, découverte sous le soleil. Il est fort possible qu’en Palestine on ne puisse sortir tête nue. Je n’y suis pas allée, et je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que Jésus n’avait habituellement rien sur la tête. Et s’il a un couvre-chef au début de la marche, il l’enlève bien vite, comme s’il ne le supportait pas, et il le porte à la main, s’en servant principalement pour essuyer de son visage la poussière et la sueur. S’il pleut, il relève un pan de son manteau par-dessus sa tête. S’il y a du soleil, surtout s’il est en route, il cherche un peu d’ombre, même intermittente, pour s’abriter des rayons. Mais il est rare qu’il ait, comme aujourd’hui, un voile léger sur la tête.

C’est une observation que certains pourront trouver inutile, mais cela aussi fait partie de ce que je vois, et j’en parle pendant que Jésus pense…

579.4

« Mais cela va lui faire du mal, de rester là si longtemps ! s’écrie un homme qui n’appartient ni au groupe des apôtres ni à celui de Zachée.

– Allons prévenir ses disciples… Et puis… je voudrais… Je voudrais ne pas trop m’attarder, répond un autre.

– Hé ! Oui. Les monts Adomin sont peu sûrs, la nuit… »

Ils se dirigent vers les apôtres et discutent avec eux.

« C’est bien. Je vais aller leur dire que vous voulez vous en aller, propose Judas.

– Non, ce n’est pas cela. Nous voudrions être au moins à Ensémès avant le soir. »

Judas s’éloigne en souriant ironiquement. Il se penche sur le Maître et lui dit :

« Les juifs veulent être congédiés. Ils prétendent que c’est parce que le soleil peut te faire du mal… mais ce qui est vrai, c’est que cela peut leur porter tort, à eux, d’être trop visibles.

– Je viens… Je réfléchissais… Ils ont raison. »

Et Jésus se lève.

« Tous, sauf moi… » bougonne Judas.

Jésus le regarde en silence. Ils se dirigent ensemble vers ces hommes que Judas a appelés juifs.

« Je vous avais déjà tous congédiés. Je vous l’ai dit hier. Je ne parlerai qu’à Jérusalem…

– C’est vrai. Mais c’est que nous voudrions te parler, nous que…

579.5

Pourrions-nous te parler en particulier ?

– Fais-leur ce plaisir. Ils ont peur de nous, ou de moi, plus particulièrement, insinue encore Judas avec son sourire de serpent.

– Nous n’avons peur de personne. Si nous le voulions, nous saurions comment nous y prendre pour protéger notre tranquillité. Mais tout le monde n’est pas encore lâche en Palestine. Nous sommes des descendants des preux de David, et si tu n’es pas encore esclave et méprisé, tu dois rendre hommage à notre ascendance. Nous étions les premiers aux côtés du saint roi, les premiers aux côtés des Maccabées. Et les premiers maintenant encore, quand il s’agit de rendre honneur au Fils de David et de le conseiller. Parce que lui est grand. Mais toute personne, aussi grande qu’elle soit, peut avoir besoin d’un ami aux heures décisives de la vie, répond avec véhémence un homme dont le vêtement, tout de lin, y compris le manteau et le couvre-chef, laisse peu à découvert son visage sévère.

– Il nous a, nous, pour amis. Nous le sommes depuis trois ans, depuis que vous…

– Nous ne le connaissions pas. Trop de fois, nous avons été trompés par de faux messies pour croire facilement à celui qui prétend l’être. Mais les derniers événements nous ont éclairés. Ses œuvres viennent de Dieu, et nous l’appelons Fils de Dieu.

– Et vous pensez qu’il a besoin de vous ?

– Comme Fils de Dieu, non. Mais en tant qu’homme, oui. Il est venu pour être l’Homme, et un homme a toujours besoin de ses frères. Du reste, de quoi as-tu peur ? Pourquoi ne veux-tu pas que nous lui parlions ? Réponds-nous !

– Moi ? Parlez, parlez donc ! Les pécheurs sont plus écoutés que les justes.

– Judas ! Je croyais que de telles paroles devraient te brûler les lèvres ! Comment oses-tu juger là où ton Maître ne juge pas ? Il est dit[1] : “ Si vos péchés étaient comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme neige, et s’ils étaient vermeils comme la cochenille, ils deviendront blancs comme laine. ”

– Mais tu ne sais pas que parmi eux…

– Silence !

579.6

A vous de parler.

– Seigneur, nous le savons : l’accusation contre toi est prête. On t’accuse de violer la Loi et le sabbat, d’aimer les Samaritains plus que nous, de défendre les publicains et les prostituées, de recourir à Belzébuth et à d’autres forces des ténèbres, de pratiquer la magie noire, de haïr le Temple et de vouloir sa destruction, de…

– Assez. Tout le monde peut accuser. Prouver une accusation est plus difficile.

– Mais ils ont parmi eux des gens qui la soutiennent. Crois-tu donc qu’il y ait des justes parmi eux ?

– Je vais vous répondre par les paroles[2] de Job, qui est une figure du Patient que je suis : “ Bien loin de moi la pensée de vous estimer tous justes. Mais jusqu’à mon dernier souffle, je maintiendrai mon innocence, je tiens à ma justice et ne la lâche pas ; en conscience, je n’ai pas à rougir de mes jours. ” Tout Israël peut en témoigner — car je ne me justifie pas moi-même, par des paroles qu’un menteur pourrait aussi bien dire — : j’ai toujours enseigné le respect de la Loi, et même davantage ; j’ai perfectionné l’obéissance à la Loi, et je n’ai pas violé les sabbats…

579.7

Que veux-tu dire ? Parle ! Tu as ébauché un geste, et tu t’es retenu. Parle ! »

Un homme de ce petit groupe… mystérieux, répond :

« Seigneur, à la dernière séance du Sanhédrin, on a lu une dénonciation contre toi. Elle venait de Samarie, d’Ephraïm où tu te trouvais, et elle disait tenir la preuve que tu avais violé le sabbat à de nombreuses reprises et…

– Cette fois encore, je te réponds avec Job : “ Quel espoir reste-t-il à l’hypocrite, s’il vole par avarice, et que Dieu ne délivre pas son âme ? ” Ce malheureux se donne un visage, mais dissimule sous cette apparence un cœur différent, il veut commettre la grande exaction par jalousie de mon bien, mais il marche déjà sur la route de l’enfer. Il ne lui servira à rien d’avoir de l’argent, d’espérer des honneurs et de rêver de s’élever là où, moi, je n’ai pas voulu aller pour ne pas trahir le saint Décret. Mais nous occuperons-nous de lui autrement qu’en priant pour lui ?

– Le Sanhédrin, pourtant, t’a ridiculisé en disant : “ Voilà quel est l’amour des Samaritains pour lui ! Ils l’accusent pour gagner nos bonnes grâces. ”

– Mais êtes-vous sûrs que c’est bien une main samaritaine qui a écrit ces mots ?

– Non. Mais la Samarie s’est montrée dure à ton égard, ces derniers temps…

– Parce que les envoyés du Sanhédrin l’ont bouleversée et excitée par de mauvais conseils pour susciter des espérances folles, que j’ai dû briser. Du reste, il est dit[3], à propos d’Ephraïm et de Juda — mais on peut le dire de tout endroit, car changeant est le cœur de l’homme qui oublie les bienfaits reçus et cède aux menaces — : “ Votre amour est comme la nuée matinale, comme la rosée qui s’évapore au matin. ” Mais cela ne prouve pas que les Samaritains soient les accusateurs de l’Innocent. Un amour faussé les a lancés férocement contre moi, mais c’est un amour qui délire.

579.8

Quelle autre preuve vient à l’appui de l’accusation que je préfère les Samaritains ?

– On t’accuse de toujours dire, tant tu les aimes : “ Ecoute, Israël ” au lieu de dire : “ Ecoute, Juda. ” Et que tu ne peux reprocher à Juda…

– Vraiment ? La sagesse des rabbis s’égare-t-elle à ce point ? Ne suis-je pas le Germe de justice issu de David grâce auquel, comme le dit Jérémie, Juda sera sauvé ? Le prophète prévoit que Juda[4], Juda surtout, aura besoin de salut. Et ce Germe, dit toujours le prophète, sera appelé : le Seigneur, notre Juste, “ car, dit le Seigneur, jamais David ne manquera d’un descendant qui prenne place sur le trône de la maison d’Israël. ” Eh quoi ? Le prophète se serait-il trompé ? Etait-il ivre ? De quoi ? De pénitence et de rien d’autre, car, pour m’accuser, personne ne pourra soutenir que Jérémie ait été un noceur. Or il dit que le Germe de David sauvera Juda et s’assiéra sur le trône d’Israël. On dirait donc que, grâce à ses lumières, le prophète voit que l’élu sera Israël de préférence à Juda, que le Roi ira vers Israël, et que ce sera déjà une grâce si Juda obtient le salut seulement. Le Royaume sera-t-il donc appelé Royaume d’Israël ? Non, ce sera le Royaume du Christ, de celui qui réunit les parties séparées et reconstruit dans le Seigneur après avoir, selon l’autre prophète, en un mois — que dis-je en un mois ? — en moins d’un jour, jugé et condamné les trois faux pasteurs et leur avoir fermé mon âme : en effet, la leur m’était restée fermée et, bien qu’ils m’aient désiré en figure, ils n’ont pas su m’aimer en nature. Donc Celui qui m’envoie et m’a confié les deux houlettes, brisera l’une et l’autre, pour que la grâce soit perdue pour les cruels, et pour que le fléau provienne non plus du Ciel, mais du monde. Or rien n’est plus terrible que les fléaux que les hommes s’infligent mutuellement. Il en sera ainsi. Je serai frappé et les deux tiers des brebis seront dispersées. Un seul tiers du troupeau se sauvera et persévérera jusqu’à la fin. Et ce tiers passera par le feu que je traverse le premier ; il sera purifié et éprouvé comme l’argent et l’or, et c’est à lui qu’il sera dit : “ Tu es mon peuple ” ; alors il me répondra : “ Tu es mon Seigneur. ” Et il y aura quelqu’un qui aura pesé les trente deniers — le prix d’un acte horrible, un salaire infâme. Mais ces derniers ne pourront plus revenir à ceux dont ils proviendront, car même les pierres crieront d’horreur à la vue de cet argent, souillé par le sang de l’Innocent et par la sueur de l’homme, qui sera poursuivi par le plus atroce désespoir. Ils serviront, comme c’est écrit[5], à acheter aux esclaves de Babylone le champ pour les étrangers. Ah ! le champ pour les étrangers ! Savez-vous de qui il s’agit ? Des habitants de Juda et d’Israël, eux qui bientôt, et pour des siècles des siècles, n’auront plus de patrie. Et le sol même de ce qui fut leur terre ne voudra pas les accueillir. Il les vomira, même une fois qu’ils seront morts, parce qu’ils ont voulu rejeter la Vie. Horreur infinie !… »

579.9

Jésus se tait, comme accablé, la tête inclinée. Puis il la relève, son regard fait un tour, il voit l’assistance : les apôtres, les disciples occultes, Zachée avec les siens. Il soupire comme s’il se réveillait d’un cauchemar, et dit :

« Que disiez-vous d’autre ? Ah oui ! que l’on m’accuse d’aimer les publicains et les prostituées. C’est vrai. Ce sont des malades, des mourants. Moi qui suis la Vie, je me donne à eux en tant que vie. »

Puis il ordonne à Zachée et à ses compagnons :

« Venez, les rachetés de mon troupeau, et écoutez mon commandement. J’ai dit à beaucoup — et ils étaient plus blancs que vous — : “ Ne venez pas à Jérusalem. ” Mais à vous, je dis : “ Venez. ” Cela pourra paraître une injustice…

– Et ce l’est, en effet » interrompt Judas.

Jésus fait mine de ne rien entendre. Il continue à parler à Zachée et aux siens :

« Mais je vous dis : venez, précisément parce que vous êtes des plantes qui ont plus besoin que d’autres de la rosée, pour que votre bonne volonté soit aidée par le Tout-Puissant et que désormais vous grandissiez librement dans la grâce. Sur le reste… le Ciel lui-même répondra par des signes qu’on ne saurait confondre. En vérité, le Temple vivant pourra être détruit et reconstruit en trois jours, et pour l’éternité. Mais le Temple mort, qui sera seulement ébranlé et croira avoir vaincu, périra pour ne plus se relever. Allez ! Et n’ayez pas peur. Attendez mon Jour en faisant pénitence, et son aurore vous conduira définitivement à la Lumière » dit-il en s’adressant aux hommes couverts de leurs manteaux.

Il se tourne ensuite vers Zachée :

« Allez-y vous aussi, mais pas maintenant. Soyez à Jérusalem à l’aube du lendemain du sabbat. Je veux que ceux qui ont été relevés se tiennent à côté des justes, car il y a, dans le Royaume du Christ, un nombre infini de places, autant que d’hommes de bonne volonté. »

Après cela, il se dirige vers la maison de Nikê en traversant le verger touffu et ombreux.

579.10

Un petit sentier forme un ruban jaunâtre au milieu de la verdure du sol. Une poule qui caquette le franchit, suivie de ses poussins couleur d’or. Tremblante devant tant d’inconnus, la mère se blottit et étend ses ailes pour les défendre, en caquetant plus fort, par crainte de quelque piège pour ses petits, et eux, avec un pépiement qui s’éteint quand ils sont en sécurité, accourent se cacher dans la plume maternelle, et semblent ne plus exister…

Jésus s’arrête pour la contempler… Des larmes coulent sur ses joues.

« Il pleure ! Pourquoi donc ? Il pleure ! » murmurent les apôtres, les disciples, les pécheurs rachetés, tous…

Pierre souffle à Jean :

« Demande-lui ce qui le fait pleurer… »

Et Jean, dans son attitude habituelle, un peu penché par respect, interroge Jésus en le regardant par en dessous :

« Pour quelle raison pleures-tu, mon Seigneur ? Peut-être à cause de ce que l’on t’a rapporté et de ce que tu nous as dit ? »

Jésus se secoue. Il a un sourire triste et montre la poule qui continue à protéger amoureusement ses petits :

« Moi, qui suis un avec mon Père, j’ai vu Jérusalem nue et honteuse, comme Ezéchiel la décrit[6]. Je suis passé près d’elle et, une fois venu le temps de mon amour, j’ai étendu mon manteau sur elle et j’ai couvert sa nudité. Je voulais faire d’elle une reine après avoir été pour elle un père, et la protéger comme cette poule ses petits… Mais alors que les poussins sont reconnaissants à leur mère des soins qu’elle leur donne et se réfugient sous ses ailes, Jérusalem repousse mon manteau… Mais je maintiendrai mon dessein d’amour… Moi… Mon Père, ensuite, agira selon sa volonté. »

Marchant dans l’herbe pour ne pas déranger la poule, Jésus passe. Des larmes coulent encore sur son visage pâle et affligé.

Tous l’imitent en le suivant et en bavardant jusqu’au seuil de la maison de Nikê. Jésus y entre seul avec les apôtres, tandis que les autres retournent à leurs occupations…

579.1

A large number of people have crowded on Nike’s meadows, where the hay is drying in the sun. And two heavy tilted wagons are waiting near the meadows. And I realise why they are waiting when I see all the women disciples being led towards them and get on them after the Master has blessed and dismissed them. Also the Blessed Virgin goes away with the other women disciples, and also the young man from Enon joins them, while many disciples place themselves at the sides of the wagons and, when the latter move off at the slow pace of the oxen, also the disciples set out. The apostles, Zacchaeus and his friends remain on the meadows with a small group of individuals, all wrapped in their mantles, as if they did not want to be recognised.

579.2

Jesus slowly retraces His steps towards the middle of the meadow and sits on a heap of half-dry hay, which will soon be taken to the hay-loft. He is engrossed in thought, and everybody respects his concentration, remaining in three different groups, a little aside from Him and from one another.

The meditation is prolonged and so is the wait. The sun becomes stronger and stronger and blazes down on the meadow that smells strongly of drying stems. Those who are waiting take shelter at the edges of the meadow, where the last trees of the orchard cast a refreshing shade.

Jesus remains alone. Alone in the sun that is already strong, all white in his linen tunic and in the headgear of light byssus that blows lightly in the breeze. Perhaps it is the one woven by Syntyche. The slow plaintive bellowing of cows can be heard from a nearby stable, and the chirruping of nestlings from the branches of the trees in the orchard and from the threshing-floors: the chirping of fledglings and the peeping of cheeky chicks.

The life that continues being renewed at each springtime. Doves are wheeling high above, before going back to their nest with steadfast flights. I do not know whether in Nike’s nearby house, or in some field, a woman is singing a lullaby, and the thin voice of the child, at first shrill and trembling, like the bleating of a lamb, grows faint and then is silent…

Jesus is pensive. He is still meditating. Always. Insensible to the sun.

579.3

I have often noted the exceptional resistance of our blessed Jesus to the rigours of the seasons. I have never understood whether He felt heat and cold severely and endured them without complaining, out of spirit of mortification, or whether, as He dominated unchecked elements, He also dominated excessive heat and cold. I do not know. I know that, although I have seen Him wet to the skin in downpours and wet with perspiration in dog-days, I have never noticed any gesture of discomfort in Him owing to heat or cold, neither have I seen Him take those precautionary measures that men usually take against the excesses of sun or frost.

It was pointed out to me one day that in Palestine it is not customary to go about bareheaded and that consequently I am wrong in saying that Jesus’ bare fair-haired head shines in the sunshine. It may be very true that in Palestine it is not possible to go about bare-headed. I have never been there and I do not know. What I know is that Jesus usually does not wear any headgear. And if at the beginning of a journey He has any on, He soon takes it off, as if He were impatient of encumbrances, and He carries it in His hand, using it, more than anything else, to wipe the dust and perspiration from His face.

When it rains, He covers His head with the edge of His mantle. In strong sunshine, particularly when He is on the way to some place, He looks for the shade of rows of trees, even if they are not close to one another, to protect Himself from sunbeams. But He hardly ever wears a light veil on His head as He is doing today. This comment may seem useless to some people, but it is also part of what I see and I mention it while Jesus is thinking…

579.4

«It will hurt Him to stay there so long!» exclaims one who belongs to a group that is neither the apostolic one nor Zacchaeus’.

«Let us go and tell His disciples… Further… I would like… I would not like to be delayed too long» replies another man.

«Eh! Yes. The Adummim mountains are not very safe by night…»

They go towards the apostles and speak to them.

«All right. I will go and tell them that you want to go away» says the Iscariot.

«No. Not thus. We would like to be at least at En-Shemesh before dark.»

Judas goes away smiling ironically. He bends over the Master and says to Him: «They say that it is because the sun may hurt You – but the truth is that they may be hurt by being noticed too much – but the Jews want to be dismissed.»

«I am coming… I was thinking… They are right» and Jesus stands up.

«Everybody, except me…» grumbles the Iscariot.

Jesus looks at him and is silent. They go together towards those men whom Judas has called Jews.

«I had already dismissed all of you. I told you yesterday. I will speak only in Jerusalem…»

«That is true. But the fact is that we should like to speak to You, we who…

579.5

We can speak to you privately.»

«Satisfy them. They are afraid of us, or, more exactly, of me» says Judas of Kerioth again, with his venomous smile.

«We are not afraid of anybody. If we wanted we knew how to protect our tranquillity. But they are not all cowards yet in Palestine. We are descendants of David’s valiant men, and if you are not yet despised and a slave, you must pay homage to our stock, the first by the holy king’s side, the first by the Maccabees’ side. And the first even now, when honour and advice are to be given to the Son of David. Because He is great. But every creature, no matter how great one may be, may need a friend in the crucial hours of life» replies passionately one who is all clothed with linen garments, including his mantle and headgear, which covers almost all his severe face.

«He has us as friends. We have been such for three years, since you…»

«We did not know Him. Too often we were deceived by false Messiahs to believe every assertion readily. But the latest events have enlightened us. His deeds are the deeds of God, and we say that He is the Son of God.»

«And do you think that He is in need of you?»

«As the Son of God, no. But as the Man, yes. He has come to be the Man. And the Man always needs men, His brothers. In any case, why are you afraid? Why do you not want us to speak? Tell us.»

«Me? Speak! You may speak! People listen more to sinners than to just men.»

«Judas! I thought that such words should feel like fire on your lips! How dare you judge when your Master does not judge? It is written[1]: “If your sins were like scarlet, they shall become as white as snow, and if they were as red as crimson, they shall be as white as wool.”»

«But You are not aware that among these…»

«Be silent!

579.6

Let them speak.»

«Lord, we know. The charge against You is ready. They accuse You of violating the Law and the Sabbaths, of loving the people of Samaria more than us, of defending publicans and prostitutes, of having recourse to Beelzebub and to other evil powers, of black magic, of hating the Temple and wanting to destroy it, of…»

«That is enough. Anybody can make charges, but it is more difficult to prove the charge.»

«But among them there are those who support it. Do You think that they are just in there?»

«I shall reply to you with the words[2] of Job, who is a figure of the Patient Man who I am: “Far from me the thought of considering all of you just. But I will maintain my innocence until the end, I will not give up my justification which I have begun, because my conscience does not reproach me for anything in all my life.” Now, all Israel can testify, because I will not justify Myself with words that also a liar can speak, all Israel can testify that I have always taught people to respect the Law, nay, even more: that I perfected obedience to the Law, and the Sabbaths have not been profaned by Me…

579.7

What do you want to say? Speak up! You made a gesture and then you stopped. Speak up!»

One of the… mysterious little group says: «Lord, at the last session of the Sanhedrin they read a denunciation against You. It came from Samaria, from Ephraim, where You were, and it stated that it had been proved that You had violated the Sabbath several times and…»

«And I reply to you once again with Job: “And what is the hope of the hypocrite if he steals out of avarice, and God does not free his soul?” This wretch, who shows one face and has a different heart and wants to commit the great robbery out of envy of My welfare, is already on the road to Hell, and it will be of no use for him to have money, and hope for honours, and dream to ascend where I did not want to go, in order not to betray the holy Decree. Shall we busy ourselves with him, but to pray for him?»

«But the Sanhedrin has derided You saying: “Here is the Samaritans’ love for Him! They accuse Him to ingratiate themselves with us.”»

«Are you sure that it was a Samaritan hand that wrote those words?»

«No. But Samaria was severe with You during the past days…»

«Because the messengers of the Sanhedrin subverted and roused the people with false advice, exciting foolish hopes that I had to demolish. In any case it is said[3] of Ephraim and of Judah, and it can be said of every place, because inconstant is the heart of man who forgets favours and yields to threats: “Your goodness is like morning mist, like dew that disappears in the morning.” But that does not prove that they, the Samaritans, are the accusers of the Innocent. A wrong love made them furious against Me, but it is love that is delirious.

579.8

Which other proof proves the charge of preference for the Samaritans?»

«You are accused of loving them so much that You always say: “Listen, Israel”, instead of saying: “Listen, Judah”. And that You cannot reproach Judah…»

«Really? Is it there that the wisdom of the rabbis gets lost? Am I not the Branch of justice sprouted from David and through which, as Jeremiah says, Judah[4] will be saved? The Prophet foresees that Judah, above all Judah, will then need salvation. And this Branch, says the Prophet again, will be called the Lord, our Just One “because, says the Lord, David shall never lack a male descendant to sit on the throne of the house of Israel.” So what? Has the Prophet made a mistake? Was he drunk? With what? Certainly with penance and nothing else. Because no one can maintain that Jeremiah was a guzzler, in order to accuse Me. And yet he says that the Branch of David will save Judah and sit on the throne of Israel. So one should say that the enlightened Prophet sees that Israel rather than Judah will be elected, that the King will go to Israel, and that it will be a grace if Judah receives only salvation. So will it be called the Kingdom of Israel? No. It will be called the Kingdom of Christ. Of He Who joins the scattered parts and rebuilds in the Lord, after having, according to the other Prophet, in a month – what am I saying in a month? – in less than one day, judged and condemned the three false shepherds and closed My soul to them because their souls remained closed to Me, and although they desired Me in figure they did not love Me in Nature.

Now He Who sent Me and gave Me the two staves will break both, so that Grace may be lost for cruel people, and the Scourge may come from the world, not from Heaven.

And nothing is more painful than the scourges that men use for men. It will be so. Oh! so! I shall be struck and two thirds of the sheep will be scattered. Only one third, always one third only, will be saved and will persevere until the end. And this third part will pass through the fire through which I shall be the first to pass, and it will be purified and tested like silver and gold, and these words will be pronounced: “You are My people” and it will say to Me: “You are my Lord”. And there will be who weighs the thirty shekels, the price of the dreadful deed, the foul wages. And they will no longer be able to go back in from where they came out, because also the stones would cry with horror seeing those shekels, stained with the blood of the Innocent and with the perspiration of He Who will be persecuted by the most violent desperation, and they will serve, as it was said, to buy the field for foreigners from the slaves of Babylon. Oh! the field for foreigners! Do you know who they are? Those of Judah and Israel, those who soon, for ages, will have no fatherland any more. Not even the earth of their ancient soil will receive them. It will vomit them out even when they are dead, because they wanted to repel the Life. How horrible!…»

579.9

Jesus becomes silent, as if He were oppressed, with His head lowered. He then raises it, looks around, He sees those who are present: the apostles, the secret disciples, Zacchaeus and his friends. He sighs like one who awakes from a nightmare. He says: «What else were you saying? Ah! that I am accused of loving publicans and prostitutes. That is true. They are sick, they are dying. I, the Life, give Myself to them as life. Come, my redeemed flock» He says to Zacchaeus and his friends. «Come and listen to My order. To many, who were whiter than you are, I said: “Do not come to Jerusalem”. To you I say: “Come”. This may seem to be unfair…»

«It is in fact» says the Iscariot interrupting Him.

Jesus feigns He has not heard him. He continues to speak to Zacchaeus and his companions saying to those wrapped in their mantles: «But I say to you: come, because you are plants that need dew more than others, so that your goodwill may be assisted by the Mighty Father and you may now grow freely in Grace. With regards to other matters… Heaven itself will reply by means of unmistakable signs. The living Temple may really be destroyed, and rebuilt in three days, and forever. But the dead Temple, which will only be shaken and will think that is has won, will perish never to rise again. Go! And be not afraid. Wait for My day, doing penance, and its dawn will bring you to the Light definitely.» He then says to Zacchaeus: «You may all go as well. But not now. Be in Jerusalem at the dawn of the day after the Sabbath. Beside the just I want those who have been raised again, because in the Kingdom of the Christ there are innumerable seats. As many as the men of goodwill.» And He sets out towards Nike’s house through a thick shady orchard.

579.10

A little path is like a yellowish ribbon on the green ground and a clucking hen crosses it with her golden-hued chickens and the timorous mother, in the presence of so many strangers, crouches and spreads out her wings to defend them clucking louder, fearing danger for her little ones. And they rush and hide under the maternal feathers peeping until they feel safe, and do not seem to exist any more…

Jesus stops to contemplate her… and tears stream from His eyes.

«He is weeping! Why is He weeping? He is weeping!» they all whisper: the apostles, disciples and redeemed sinners. And Peter says to John: «Ask Him why He is weeping…» And John, in his usual attitude, lightly bent out of respect, looking up at Him, asks: «Why are You weeping, my Lord? Perhaps because of what You were told and what You said previously?»

Jesus rouses Himself, He smiles sadly and pointing at the hen, which is still protecting her offspring with love, He says: «I also, One with My Father, saw Jerusalem, as Ezekiel said[5], naked and shameful. I saw her and passed close to her, and when the time came, the time of My love, I spread My mantle on her and I covered her nakedness. I wanted to make her queen after being her father, and to protect her, as that hen is protecting her little ones… But, whilst the brood are grateful for the attention of their mother and take shelter under her wings, Jerusalem refuses My mantle… But I will persevere in My plan of love… I… My Father, later, will act according to His will.»

And Jesus goes on to the grass in order not to disturb the brooding-hen and He passes by, and tears stream down His pale sorrowful face once again.

They all imitate Him, following His steps and whispering until they arrive at the threshold of Nike’s house. Only Jesus goes in with the apostles and the others proceed to their destinations…


Notes

  1. Il est dit : en Is 1, 18.
  2. les paroles : en Jb 27, 5-8.
  3. il est dit : en Os 6, 4.
  4. Juda (comme en 84.6 et à d’autres endroits) est le nom du royaume qui sera plus tard appelé Judée. Les citations sont tirées de Jr 32, 6-9 ; Za 11, 4-17.
  5. comme c’est écrit… le champ pour les étrangers : selon Mt 27, 6-10, ce champ acheté par les grands-prêtres avec l’argent que Judas leur a restitué servira à la sépulture des étrangers. La prophétie que Matthieu attribue à Jérémie est en fait une citation libre de Za 11, 12-13 combinée avec des éléments de Jr 18, 2-3 ; 19, 1-2 ; 32, 6-15.
  6. comme Ezéchiel la décrit, en Ez 16. La comparaison qui suit est semblable à celle de l’apostrophe à Jérusalem, en 363.10 et en 596.21. Une autre prophétie sur Jérusalem se trouve en 590.8.

Notes

  1. It is written, in: Isaiah 1,18.
  2. the words, that are in Job 27,5-8.
  3. it is said, in: Osea 6,4.
  4. Judah (as in 84.6 and in other points) is the name of the kingdom that was then called Judaea. The quotations are from: Jemeriah 32,6-9; 33,15-17; Zechariah 11,4-17.
  5. said, in: Ezekiel 16.