Pourrions-nous te parler en particulier ?
– Fais-leur ce plaisir. Ils ont peur de nous, ou de moi, plus particulièrement, insinue encore Judas avec son sourire de serpent.
– Nous n’avons peur de personne. Si nous le voulions, nous saurions comment nous y prendre pour protéger notre tranquillité. Mais tout le monde n’est pas encore lâche en Palestine. Nous sommes des descendants des preux de David, et si tu n’es pas encore esclave et méprisé, tu dois rendre hommage à notre ascendance. Nous étions les premiers aux côtés du saint roi, les premiers aux côtés des Maccabées. Et les premiers maintenant encore, quand il s’agit de rendre honneur au Fils de David et de le conseiller. Parce que lui est grand. Mais toute personne, aussi grande qu’elle soit, peut avoir besoin d’un ami aux heures décisives de la vie, répond avec véhémence un homme dont le vêtement, tout de lin, y compris le manteau et le couvre-chef, laisse peu à découvert son visage sévère.
– Il nous a, nous, pour amis. Nous le sommes depuis trois ans, depuis que vous…
– Nous ne le connaissions pas. Trop de fois, nous avons été trompés par de faux messies pour croire facilement à celui qui prétend l’être. Mais les derniers événements nous ont éclairés. Ses œuvres viennent de Dieu, et nous l’appelons Fils de Dieu.
– Et vous pensez qu’il a besoin de vous ?
– Comme Fils de Dieu, non. Mais en tant qu’homme, oui. Il est venu pour être l’Homme, et un homme a toujours besoin de ses frères. Du reste, de quoi as-tu peur ? Pourquoi ne veux-tu pas que nous lui parlions ? Réponds-nous !
– Moi ? Parlez, parlez donc ! Les pécheurs sont plus écoutés que les justes.
– Judas ! Je croyais que de telles paroles devraient te brûler les lèvres ! Comment oses-tu juger là où ton Maître ne juge pas ? Il est dit : “ Si vos péchés étaient comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme neige, et s’ils étaient vermeils comme la cochenille, ils deviendront blancs comme laine. ”
– Mais tu ne sais pas que parmi eux…
– Silence !