The Writings of Maria Valtorta

603. Réflexions sur l’agonie de Jésus à Gethsémani,

603. Meditations on the agony at Gethsemane.

603.1

Jésus dit :

« Tu as contemplé la souffrance de mon agonie spirituelle du jeudi. Tu as vu ton Jésus, angoissé comme un homme frappé à mort qui sent sa vie s’enfuir par les blessures qui le vident de son sang, ou comme une personne dominée par un traumatisme psychique plus grand que ses forces. Tu as vu ce traumatisme s’aggraver progressivement, jusqu’à l’effusion sanguine provoquée par le déséquilibre circulatoire dû à mes efforts pour me dominer et résister au poids qui m’écrasait.

J’étais, je suis, le Fils du Très-Haut. Mais j’étais aussi le Fils de l’homme. Je désire par ces pages établir clairement ma double nature, également totale et parfaite.

C’est ma parole qui vous permet d’avoir foi en ma divinité, car elle a des accents qui ne peuvent appartenir qu’à Dieu. Mon humanité vous est montrée par les besoins, les passions, les souffrances que je vous présente et que j’ai subis dans ma chair d’homme véritable, et elle vous est proposée en modèle pour votre humanité, de la même manière que j’instruis votre esprit par ma doctrine de vrai Dieu.

Tant ma très sainte divinité que ma très parfaite humanité ont été affadies au cours des siècles sous l’action désagrégeante de “ votre ” humanité imparfaite ; leur représentation a été déformée. Vous avez rendu mon humanité irréelle, inhumaine, tout comme vous avez rapetissé ma figure divine en en niant de nombreux aspects qui vous gênaient ; vous n’arriviez plus à reconnaître ces aspects, tant vos esprits étaient étouffés par le vice, l’athéisme, l’humanisme ou le rationalisme.

En cette heure tragique qui annonce des malheurs universels, je viens vous rafraîchir l’esprit sur ma double nature de Dieu et d’homme, afin que, de nouveau, vous la connaissiez après tout l’obscurantisme dont vous avez recouvert vos esprits, et afin que vous l’aimiez, que vous y reveniez et que vous soyez sauvés par elle. C’est la figure de votre Sauveur. Ceux qui la connaîtront et l’aimeront seront sauvés.

603.2

Ces jours-ci, je t’ai montré mes souffrances physiques. Elles ont torturé mon humanité. Je t’ai révélé mes souffrances morales qui étaient étroitement liées, entrelacées, à celles de ma Mère, en union totale. On ne peut comparer cette unité dans la douleur qu’aux lianes inextricables des forêts équatoriales : il est impossible de les séparer pour en écarter une, il faut les couper d’un même coup de machette pour se frayer un passage, et les tuer ensemble. Ou, pour prendre un meilleur exemple, il est impossible que la mort d’une mère enceinte n’atteigne pas le bébé qu’elle porte, puisque ce sont, la chaleur, la nourriture, le sang, la vie de la mère qui, au rythme des battements de son cœur, pénètrent par des membranes internes jusqu’à l’enfant et achèvent de le mettre au monde.

Elle, ma pure Mère, ne m’a pas porté neuf mois seulement comme toute femme porte le fruit de l’homme, mais sa vie durant. Nos cœurs étaient unis par des fibres spirituelles et ont toujours battu ensemble ; aucune larme de ma Mère n’a coulé sans strier mon cœur de son sel, et chacune de mes lamentations intérieures a résonné en elle et réveillé sa douleur.

Vous éprouvez de la peine devant la mère d’un fils condamné par quelque maladie inguérissable, ou devant la mère d’un condamné à mort par la rigueur de la justice humaine. Pensez donc à ma Mère ! Dès l’instant de ma conception, elle a tremblé à l’idée que j’allais être le Condamné… Lorsqu’elle a déposé son premier baiser sur le corps doux et rose du nouveau-né que j’étais, elle a senti d’avance les plaies de son Enfant… Elle aurait cent fois donné sa vie pour m’empêcher de devenir homme et de parvenir au moment de l’Immolation… Elle savait et devait désirer cette heure terrible pour accepter la volonté du Seigneur, pour la gloire de Dieu, par bonté pour l’humanité. Non, il n’y a pas eu d’agonie plus longue que celle de Marie, qui s’est achevée en une douleur plus grande encore.

603.3

Jamais il n’y eut douleur plus horrible et plus complète que la mienne. Je ne faisais qu’un avec le Père. De toute éternité, il m’avait aimé comme seul Dieu peut aimer. Il avait mis en moi toute sa complaisance et avait trouvé en moi sa joie divine. Et moi, je l’avais aimé comme seul Dieu peut aimer et j’avais trouvé ma joie divine dans mon union avec lui. Il est impossible de vous expliquer les relations inexprimables qui lient éternellement le Père et son Fils, même par ma parole, car, si elle est parfaite, votre intelligence ne l’est pas, de sorte que vous ne pouvez comprendre et connaître qui est Dieu tant que vous n’êtes pas avec lui au Ciel. Eh bien, je sentais croître heure par heure, comme l’eau qui monte et fait pression sur une digue, la sévérité du Père à mon égard.

En guise de témoignage contre ces brutes que sont les hommes qui ne voulaient pas comprendre qui j’étais, il a ouvert le Ciel à trois reprises[1] pendant ma vie publique : au Jourdain, au Thabor et à Jérusalem, à la veille de la Passion. Mais c’est pour les hommes qu’il l’a fait, et non pour me réconforter. Moi, désormais, j’étais l’Expiateur.

Il arrive fréquemment, Maria, que Dieu fasse connaître aux hommes l’un de ses serviteurs afin que cela les frappe et que, par cette personne, ils reviennent à lui. Mais là encore, c’est grâce à la souffrance de ce serviteur que cela se produit. C’est lui qui paie, en mangeant le pain amer de la sévérité de Dieu, le réconfort et le salut de ses frères. N’est-ce pas vrai ? Les victimes d’expiation connaissent la rigueur de Dieu. La gloire vient ensuite, une fois que la justice est apaisée. Il n’en est pas comme pour mon amour, qui donne des baisers à ses victimes. Moi, je suis Jésus, je suis le Rédempteur, celui qui a souffert et qui sait, par expérience personnelle, ce qu’est la souffrance d’être regardé sévèrement par Dieu et d’être abandonné de lui ; c’est pourquoi je ne suis jamais sévère, et je n’abandonne jamais personne. Je consume aussi, mais dans un incendie d’amour.

603.4

Plus l’heure de l’expiation approchait, plus je sentais le Père s’éloigner. Toujours plus séparée du Père, mon humanité se voyait de moins en moins soutenue par la divinité de Dieu. Cela me faisait atrocement souffrir. La séparation de Dieu entraîne la peur, l’attachement à la vie, l’accablement, la fatigue, l’ennui. Plus elle est profonde, plus ces conséquences sont fortes. Quand elle est totale, elle conduit au désespoir. Et celui qui, par décret de Dieu, la subit sans l’avoir méritée, en souffre d’autant plus, parce que son âme vivante sent la coupure de Dieu comme une chair vive sent la coupure d’un membre. Cela provoque un douloureux étonnement, angoissant, qu’il faut avoir connu pour le comprendre.

Moi, j’ai connu cela. Il m’a fallu tout connaître pour pouvoir plaider devant le Père en votre faveur, et dans tous les domaines. Il m’a donc fallu éprouver votre désespoir, au point que j’ai pu dire : “ Je suis seul. Tous m’ont trahi, abandonné. Même le Père, même Dieu ne me vient plus en aide. ” Et c’est pour cette raison que j’opère de mystérieux prodiges de grâce dans les pauvres cœurs submergés par le désespoir, et que je demande à mes bien-aimés de boire à ma coupe, rendue si amère par l’expérience, afin que ces personnes qui coulent au fond de la mer du désespoir ne refusent pas la croix que je leur offre en guise d’ancre et de salut, mais s’y agrippent. Je pourrai ainsi les amener au bienheureux rivage où seule règne la paix.

603.5

Je suis seul à savoir si, en ce jeudi soir, j’allais avoir besoin du Père ! Mon esprit agonisait déjà sous l’effort d’avoir surmonté ces deux insupportables douleurs de l’homme : l’adieu à une mère tendrement aimée, et la proximité d’un ami infidèle. Ces deux plaies me brûlaient le cœur, l’une par ses larmes, l’autre par sa haine.

Il m’avait fallu partager mon pain avec mon Caïn. J’avais dû lui parler en ami pour ne pas l’accuser devant les autres : je n’étais pas sûr qu’ils puissent maîtriser leur violence, et je voulais empêcher un crime, d’ailleurs inutile puisque tout était déjà écrit dans le grand livre de la vie : ma sainte mort, comme le suicide de Judas. D’autres morts réprouvées par Dieu étaient inutiles. Nul autre sang que le mien ne devait être versé, et il en fut ainsi. La corde brisa cette vie en enfermant dans le sac immonde du corps du traître son sang impur d’homme vendu à Satan, car ce sang ne devait pas se mêler, en tombant sur la terre, au sang très pur de l’Innocent.

Ces deux plaies auraient suffi à faire de moi un agonisant intérieur. Mais j’étais l’Expiateur, la Victime, l’Agneau. Avant d’être immolé, l’agneau connaît la marque brûlante, les coups, le dépouillement, la vente au boucher, enfin le froid du couteau qui pénètre dans sa gorge, le saigne et le tue. Il lui faut d’abord tout abandonner : le pâturage où il a grandi, la mère qui l’a nourri et réchauffé, ses compagnons de vie. Tout. J’ai tout connu, moi, l’Agneau de Dieu.

603.6

Satan est alors venu, tandis que le Père se retirait aux Cieux. Il était déjà venu me tenter dans les débuts de ma mission, pour m’en détourner. Il était de retour. C’était son heure. L’heure infernale, satanique.

Des hordes de démons s’étaient répandues cette nuit-là sur la terre, pour porter à son terme la séduction des cœurs et les disposer à souhaiter le meurtre du Christ le lendemain. Chaque membre du Sanhédrin avait le sien, tout comme Hérode, Pilate, et chaque juif qui allait demander que mon sang retombe sur lui. Les apôtres eux-mêmes avaient un tentateur auprès d’eux pour les endormir au moment où, moi, je souffrais, et pour les préparer à la lâcheté. Remarque le pouvoir de la pureté. Jean, le pur, fut le premier à se libérer des griffes démoniaques, et il s’empressa de revenir auprès de son Jésus ; il comprit mon désir inexprimé et me conduisit Marie.

Mais Judas comme moi avions Lucifer, lui dans le cœur, moi à mes côtés. Nous étions les deux principaux personnages de la tragédie, et Satan s’occupait personnellement de nous. Après avoir conduit Judas au point de non-retour, il s’en prit à moi.

Avec une ruse parfaite, il me présenta les tortures physiques avec un réalisme inoui. Dans le désert déjà, il avait commencé par la chair. Je le vainquis par la prière. L’esprit a dominé les peurs de la chair.

Il me montra alors l’inutilité de ma mort, alors qu’il serait bien plus avantageux de vivre pour moi-même sans m’occuper des hommes ingrats. Vivre riche, heureux, aimé. Vivre pour ma Mère, pour lui éviter toute souffrance. Vivre pour amener à Dieu par un long apostolat des hommes nombreux. Il m’exposa que ma mort ne leur apporterait rien, puisqu’ils allaient m’oublier, alors que, si je restais leur Maître, non pas trois ans seulement, mais pendant des dizaines d’années, ils finiraient par s’approprier ma doctrine. Ses anges allaient m’aider à séduire les hommes. Est-ce que je ne voyais pas que les anges de Dieu ne venaient pas à mon secours ? Plus tard, Dieu m’aurait pardonné à la vue de la moisson de croyants que je lui aurais amenés. Au désert aussi, il m’avait poussé à tenter Dieu par l’imprudence. Je l’ai vaincu par la prière. L’esprit a dominé la tentation morale.

603.7

Il souligna l’abandon de Dieu. Le Père ne m’aimait plus. J’étais chargé de tous les péchés du monde. Je lui faisais horreur. Il était absent, il me laissait seul. Il m’abandonnait à la risée d’une foule féroce. Il ne m’accordait pas le moindre réconfort divin. J’étais absolument seul. Il n’y avait plus, à cette heure, que Satan auprès du Christ. Dieu et les hommes étaient absents, parce qu’ils ne m’aimaient pas. Ils me haïssaient ou étaient indifférents. Je priais pour couvrir ces paroles sataniques. Mais ma prière ne s’élevait plus vers Dieu. Elle retombait sur moi comme les pierres d’une lapidation et m’écrasait sous son poids. Prier avait toujours été pour moi caresser le Père, c’était une voix qui s’élevait et à laquelle répondaient des caresses et des paroles du Père. Mais ma prière était désormais morte, pesante, vaine, et elle butait contre les Cieux clos.

J’ai alors senti toute l’amertume du fond de la coupe, le goût du désespoir. Et c’était bien ce que voulait Satan : m’amener à désespérer pour faire de moi son esclave. Mais j’ai vaincu ce désespoir, je l’ai vaincu par mes propres forces, parce que je l’ai voulu. Par mes seules forces humaines. Je n’étais plus que l’Homme, mais un homme que Dieu ne secourait plus. Quand Dieu vient à notre aide, il est facile de soulever le monde et de le soutenir comme un jouet d’enfant. Mais quand il n’intervient plus, le poids d’une simple fleur nous écrase.

J’ai vaincu le désespoir et Satan son créateur, pour servir Dieu et vous servir en vous donnant la Vie. Mais j’ai connu la Mort. Non pas la mort physique d’un crucifié — celle-là fut moins atroce — mais la Mort totale, consciente, du lutteur qui tombe, après avoir triomphé, le cœur brisé et le sang qui s’extravase dans le traumatisme d’un effort supérieur à ses possibilités. Et j’ai sué du sang. J’ai sué du sang pour rester fidèle à la volonté de Dieu.

603.8

Voilà pourquoi l’ange de ma douleur m’a exposé l’espérance de tous les sauvés par mon sacrifice comme remède à ma mort.

Vos noms ! Chacun fut pour moi une goutte médicinale infusée dans mes veines pour leur rendre du tonus et leur permettre de remplir leur fonction, chacun fut pour moi vie qui revenait, lumière et force. Au moment des tortures inhumaines, je me suis répété vos noms pour ne pas hurler ma souffrance d’homme, et pour ne pas désespérer de Dieu et l’accuser de se montrer trop sévère et injuste envers sa Victime. Je vous ai vus. Dès cet instant, je vous ai bénis et je vous ai portés dans mon cœur. Et lorsque votre heure est venue de paraître sur cette terre, je me suis penché du haut des Cieux pour accompagner votre naissance, tout heureux à l’idée qu’une nouvelle fleur d’amour était née dans le monde et qu’elle allait vivre pour moi.

Ah ! Mes bénis ! Consolation du Christ agonisant ! Ma Mère, Jean le disciple bien-aimé, les saintes femmes assistaient à ma mort, mais vous étiez présents, vous aussi. Mes yeux de mourant voyaient, à côté du visage déchiré de ma Mère, vos visages aimants, et c’est ainsi qu’ils se sont fermés, tout au bonheur de vous avoir sauvés, ô hommes qui méritez le sacrifice d’un Dieu. »

Le 16 février 1944.

603.9

Jésus dit :

« Je t’ai fait connaître toutes les souffrances qui ont précédé ma Passion proprement dite. Je te révèle maintenant celles de la Passion en acte. Ce sont celles qui vous frappent le plus lorsque vous les méditez.

Mais vous le faites trop rarement. Vous ne réfléchissez pas au prix que vous m’avez coûté, ni à quelles tortures est dû votre salut. Vous qui vous plaignez d’une écorchure, d’un choc contre un coin, d’une migraine, vous ne tenez pas compte que je n’étais qu’une plaie, et que ces plaies étaient irritées par bien des moyens créés, qui servaient au tourment de leur Créateur, parce qu’ils augmentaient la torture de Dieu le Fils, sans respect pour le Père de toute création qui les avait formés.

Mais les moyens n’étaient pas coupables. C’est toujours l’homme qui est coupable, depuis le jour où il a écouté Satan au paradis terrestre. Jusqu’alors la création n’avait ni épine, ni poison ni férocité pour l’homme, cette créature élue. Dieu avait fait un roi de cet homme créé à son image et ressemblance et, dans son amour paternel, il n’avait pas voulu que la création puisse nuire à l’homme. Satan, lui, s’en prit à l’homme et lui tendit des pièges, en commençant par son cœur. Il atteignit ensuite l’homme lui-même, avec la punition du péché, les ronces et les épines.

603.10

Moi, l’Homme, je n’ai donc pas seulement dû souffrir à cause de l’homme, mais aussi par ses instruments et leurs forces. Des hommes, j’ai reçu insultes et sévices, les instruments en furent les armes.

Dieu avait donné à l’homme une main pour le distinguer des bêtes sauvages, il lui avait appris à l’utiliser, il l’avais mise en relation avec l’intelligence pour qu’elle exécute les ordres de l’esprit. Une main si parfaite aurait dû ne servir qu’à caresser le Fils de Dieu, dont elle avait reçu caresses et guérison lorsqu’elle en avait besoin. Or elle s’est révoltée contre lui, elle le gifla, lui donna des coups de poing, s’arma de fouets, se fit tenaille pour lui arracher les cheveux et la barbe, et maillet pour enfoncer les clous.

Les pieds de l’homme n’auraient dû lui servir qu’à courir adorer le Fils de Dieu, mais ils se hâtèrent de venir m’arrêter, me pousser et m’entraîner vers mes bourreaux, en me lançant plus de coups de pied qu’on ne le ferait à l’encontre d’une mule rétive.

La bouche de l’homme aurait dû être l’instrument de la parole, cette parole qui, de toute la création, a été accordée aux seuls hommes, pour louer et bénir le Fils de Dieu, mais elle s’est emplie de blasphèmes et de mensonges pour en proférer, avec sa bave, contre ma personne.

L’intelligence de l’homme, qui est la preuve de son origine céleste, s’efforça d’inventer des tourments d’une cruauté raffinée.

603.11

C’est l’homme tout entier qui a torturé le Fils de Dieu. Pis, il a appelé la terre et ses produits à son secours. Des galets des torrents, il fit des projectiles pour me blesser ; il utilisa des branches en guise de matraques ; le chanvre retors fut utilisé pour former des cordes pour me traîner, en m’entaillant les chairs ; il tressa des épines en une couronne de feu brûlant sur ma tête épuisée ; il se servit des minéraux pour rendre plus cruel le fouet ; le roseau devint un instrument de torture ; les pierres du chemin furent un obstacle sous les pieds vacillants de Celui qui, déjà mourant, montait vers sa mort en croix.

Le ciel s’est uni à la terre : le froid de l’aube sur mon corps épuisé par l’agonie dans le jardin, le vent qui exacerbe la douleur des blessures, sans oublier le soleil, qui avive les brûlures et la fièvre, amène mouches et poussière, et éblouit mes yeux fatigués sans que mes mains ligotées puissent les en protéger.

A tout cela s’unirent les fibres offertes à l’homme pour revêtir sa nudité : le cuir devint fouet, la laine du vêtement colla aux plaies ouvertes par les coups, causant des irritations telles que chaque mouvement m’était un supplice.

603.12

Tout, absolument tout a servi à torturer le Fils de Dieu. A l’heure où il était devenu Hostie offerte à Dieu, lui, par qui toute chose fut créée, les eut toutes contre lui. Non, Maria, rien n’a apporté le moindre réconfort à ton Jésus. A l’exemple de vipères féroces, tout ce qui existe s’en est pris à moi pour me mordre et accroître mon supplice.

Vous devriez penser à cela lorsque vous souffrez ; si vous comparez votre imperfection à ma perfection et ma souffrance à la vôtre, vous devriez reconnaître que le Père vous aime comme il ne m’a pas aimé, moi, en cette heure-là, et l’aimer de tout votre être, comme je l’ai aimé en dépit de sa sévérité. »

603.1

Jesus says:

«You contemplated the sufferings of My spiritual agony on Thursday evening. You saw your Jesus collapse like a man struck mortally, who feels his life flee through the wounds bleeding him, or like a person overwhelmed by a psychic trauma exceeding his strength. You saw the growing phases of the trauma culminate in the shedding of blood brought about by the circulatory unbalance that had been provoked by the effort of controlling Myself and withstanding the burden that had fallen upon Me.

I was, I am, the Son of the Most High God. But I was also the Son of man. I want this double nature of Mine, equally complete and perfect, to emanate very clearly from these pages.

My word, which has accents that only a God can have, bears witness to My Divinity. My necessities and passions, and the sufferings that I show you and I suffered in My flesh of a true Man, and that I propose to you as an example for your humanity, as I teach your spirits with My doctrine of true God, bear witness to My Humanity.

Both My most holy Divinity and My most perfect Humanity, in the course of ages, through the breaking up action of “your” imperfect humanity, have resulted disparaged and distorted in their explanation. You have made My Humanity appear unreal, inhumane, as you have made My divine figure look small, denying so many parts of it, because it was not convenient for you to recognise them or that you could no longer recognise with your spirits impaired by the tabes of vice and atheism, of humanism, of rationalism.

I am coming, in this tragic hour, a prodrome of universal misfortunes, to call My double figure of God and of Man back to your minds, so that you may know it for what it is, you may recognise it after so much obscurantism, with which you have concealed it from your spirits, and you may love it and go back to it and save yourselves by means of It. It is the figure of your Saviour and he, who knows it and loves it, will be saved.

603.2

In these past days I have made you acquainted with My physical sufferings. They tortured My Humanity. I have made you acquainted with My moral sufferings, as connected, interlaced, blended with My Mother’s, as are the inextricable lianas of the equatorial forests, which cannot be parted in order to cut only one, but it is necessary to break them with a single stroke of a hatchet to force one’s way through, killing them all together; just like the veins of a body, one alone of which cannot be deprived of blood, because only one liquid fills them all; better still, as it is not possible to prevent the creature that is forming in its mother’s womb from dying, if its mother dies, because it is the life, the warmth, the nourishment, the blood of the mother that, with a rhythm responding to the movement of the mother’s heart, penetrates through the internal membranes, as far as the baby-to-be, making it a complete living being.

She, oh! She, My pure Mother, bore Me not only for the nine months during which every woman bears the fruit of man, but for all Her life. Our hearts were united by spiritual fibres and they always beat together, and no motherly tear ever fell without leaving a trace of its salt on My heart, and there has never been any internal moaning of Mine that did not resound in Her, awakening Her grief.

You feel sorry for the mother of a son destined to death by an incurable disease, for the mother of a man condemned to death by the rigour of human justice. But think of My Mother Who, from the moment She conceived Me, trembled considering that I was the Condemned One, think of this Mother Who, when She gave Me Her first kiss on the delicate rosy flesh of Her new-born baby, felt the future wounds of Her Child, think of this Mother Who would have given Her life ten, a hundred, a thousand times to prevent Me from becoming a Man and arriving at the moment of the Sacrifice, think of this Mother Who was aware of and had to desire that dreadful hour to accept the will of the Lord, for the glory of the Lord, out of kindness towards Mankind. No, there has been no agony that lasted longer and ended in a greater grief than My Mother’s.

603.3

And there has been no greater and more complete sorrow than Mine. I was One with the Father. He had loved Me from eternity as God alone can love. He had taken delight in Me and had found His divine joy in Me. And I had loved Him as a God alone can love, and in My union with Him I had found My divine joy. The ineffable relationship that ab aeterno ties the Father to the Son cannot be explained to you even by My Word, because while it is perfect, your intelligence is not, and you cannot understand and know what God is until you are with Him in Heaven. Well, like water that rises and presses against a dam, I felt the rigour of the Father grow hourly towards Me.

As evidence against brute-men, who did not want to understand who I was, during the time of My public life, He had opened Heaven three times[1] at the Jordan, at the Tabor and in Jerusalem on the eve of My Passion. But He had done that for men, not to give relief to Me. I was already the Expiator.

Many times, Mary, God makes men become acquainted with one of His servants, so that through him they may be roused and dragged to Him, but that happens also through the suffering of that servant. It is he who, by eating the bitter bread of God’s rigour, pays personally for the comfort and salvation of his brothers. Is it not so? The victims of expiation know the rigour of God. Then comes the glory. But after Justice has been appeased. It is not the same as happens with My Love, that kisses His victims. I am Jesus, I am the Redeemer, He Who has suffered and knows, by personal experience, how painful it is to be looked at by God with severity and be abandoned by Him, and I am never severe, and I never abandon anyone. I consume just the same, but through the fire of love.

603.4

The more the hour of expiation approached, the more I felt the Father move away. The more I was separated from the Father, the less My Humanity felt it was supported by the Divinity of God. And because of that I suffered in every possible way. The separation from God brings fear, attachment to life, languor, tiredness, boredom. The deeper it is, the stronger are its consequences. When it is total, it leads to despair. And the more he who, by God’s decree, experiences it, without having deserved it, the more he suffers, because the living spirit feels the excision from God, as live flesh feels the excision of a limb. It is a sorrowful prostrating stupor that one, who has not experienced it, cannot understand.

I experienced it. I had to know everything in order to be able to plead with the Father for everything in your favour. Even for your despair. Oh, I experienced what it means to say: “I am alone. Everybody has betrayed and abandoned Me. Even the Father, even God no longer assists Me”. And that is why I work mysterious wonders of grace in poor hearts overwhelmed by despair, and I ask My beloved ones to drink the cup of so bitter an experience, so that they, those who are shipwrecked in the sea of despair, may not decline to accept the cross that I offer as anchor and salvation, but they may grasp at it and I may take them to the blessed shore where only peace reigns.

603.5

On Thursday evening, I alone know whether I needed My Father! I was a spirit already in agony because of the effort of having to overcome the two greatest sorrows of a man: to say goodbye to a beloved mother, to have an unfaithful friend close by. They were two sores that scorched My heart: the former with Her tears, the latter with his hatred.

I had to share My bread with My Cain. I had to speak to him in a friendly manner in order not to denounce him to the others, as I was afraid they might react violently, and in order to avoid a crime, which in any case would have been useless, as everything was already written in the great book of life: both My holy Death and Judas’ suicide. Any other death was useless and disapproved of by God. No other blood but Mine was to be shed, and was not shed. The halter strangled that life, shutting up his impure blood, which had been sold to Satan, in the filthy sack of the traitor’s body, blood that was not to be mixed, falling on the Earth, with the most pure blood of the Innocent.

Those two sores would have been sufficient to make Me suffer agony in My Ego. But I was the Expiator, the Victim, the Lamb. A lamb, before being sacrificed, experiences the red-hot brand, it suffers blows, it endures being shorn and sold to a butcher. And finally it feels the cold of the knife that cuts its throat, bleeds it and kills it. First it must leave everything: the pasture where it was brought up, its mother at whose breast it was nourished and warmed, the companions with which it lived. Everything. I, the Lamb of God, experienced everything.

603.6

That is why Satan came, when the Father was retiring in Heaven. He had already come at the beginning of My mission, to tempt Me in order to divert Me from it. He was now coming back again. It was his hour. The hour of the satanic sabbath.

Crowds and crowds of devils were on the Earth that night, to accomplish the seduction of hearts and make them willing to request the killing of the Christ the following day. Each member of the Sanhedrin had his own, Herod had his, so had Pilate, and every single Judaean who would invoke My Blood upon himself. Also beside the apostles there were their tempters, who made them drowsy while I was languishing, and who prepared them to be cowardly. Take notice of the power of purity. John, the pure disciple, was the first among all of them to free himself from the demoniac claws, and he came at once near his Jesus and understood His unexpressed desire, and brought Mary to Me.

But Judas had Lucifer, and I had Lucifer. Judas in his heart, I beside Me. We were the two main characters of the tragedy, and Satan was attending personally to both of us. After leading Judas to the point from which he could not withdraw, he turned towards Me.

With perfect artifice he showed Me the torments of the flesh with unsurpassable realism. Also in the desert he had started from the flesh. I defeated him by praying. The spirit dominated the fear of the flesh.

He then showed Me the uselessness of My death, and the usefulness of living for My own sake, without worrying Myself about ungrateful men, leading a rich happy life full of love. Living for My Mother, ensuring that She did not suffer. Living so that by means of a long apostolate I could take back to God many men, who, if I had died, would forget Me, whereas, if I had been their Master not for three years, but for many many years, would end up by becoming one with My doctrine. His angels would help Me to seduce men. Could I not see that the angels of God were not intervening to assist Me? Later, God would forgive Me seeing the crowds of believers that I would lead back to Him. Also in the desert he had tried to convince Me to tempt God through imprudence. I defeated him by praying. The spirit dominated moral temptation.

603.7

He showed Me My abandonment by God. He, the Father, no longer loved Me. I was laden with the sins of the world. I disgusted Him. He was absent and was leaving Me to Myself. He was surrendering Me to the mockery of a cruel crowd. And He would not even grant Me His divine comfort. I was alone, all alone. In that hour there was but Satan near the Christ. God and men were absent, because they did not love Me. They hated Me or were uninterested. I prayed to cover the satanic words with My prayers. But My prayer no longer ascended to God. It fell back on Me, like stones of lapidation and crushed Me under its rubble. My prayer, that had always been for Me like a caress given to the Father, a voice that ascended and was answered by a fatherly caress and word, was now dead, heavy, uttered in vain to a closed Heaven.

I then tasted the bitterness of the bottom of the cup. The flavour of despair. It was what Satan wanted: to lead Me to despair, to make Me a slave of his. I overcame despair and I overcame it only with My power, because I wanted to defeat it. Only with My strength of a Man. I was nothing but the Man. And I was nothing but a man no longer helped by God. When God helps you, it is easy to lift even the world and hold it up like a child’s toy. But when God does not help us any more, even the weight of a flower is a burden to us.

I defeated despair and Satan, its creator, in order to serve God and you, by giving you the Life. But I became acquainted with Death. Not with the physical death of crucifixion – that was not so dreadful – but with the total conscious Death of the fighter who falls after triumphing, with a broken heart and blood pouring out of him in the trauma of an effort exceeding all endurance. And I sweated blood. I sweated blood to be faithful to God’s will.

603.8

That is why the angel of My sorrow showed Me the hopes of all those who have been saved through My sacrifice, as a medicine for My dying.

Your names! Each name was a drop of medicine instilled into My veins to invigorate them and make them function, each of them was for Me life coming back, light coming back, strength coming back. During the cruel tortures, to avoid shouting My grief of Man, and in order not to despair of God and say that He was too severe and unjust to His Victim, I repeated your names to Myself, I saw you. Since then I blessed you. Since then I have carried you in My heart. And when the time came for you to be on the Earth, I leaned out of Heaven to accompany your coming, rejoicing at the thought that a fresh flower of love was born in the world and would have lived for Me.

Oh! My blessed ones! The comfort of the dying Christ! My Mother, the Disciple, the pious Women were present at My death, and you were there as well. My dying eyes saw, with the tormented face of My Mother, also your loving ones, and they closed thus, happy to be closed because they had saved you, who deserve the Sacrifice of a God.»

16th February 1944.

603.9

Jesus says:

«You have by now become acquainted with all the sorrows that preceded the Passion proper. I will now let you know the sorrows of My actual Passion. Those sorrows that affect your minds more when you meditate on them.

But you meditate very little on them. Too little. You do not consider how much you have cost Me and what torture your salvation involved. You complain of a scratch, of knocking against a corner, of a headache, but you do not consider that My body was one big sore, that those sores were envenomed with many things, that things themselves served to torture their Creator, because they tortured the already tormented God-Son, without any respect for Him, Father of Creation Who had formed them.

But things were not guilty. The guilty one was still and always man. Guilty since the day he listened to Satan in the garden of Eden. The things of Creation, up to that moment, had no thorns, no poison, no cruelty for man, the chosen creature. God had made that man king, He made him in His own image and likeness, and in His fatherly love He did not want things to be insidious to man. Satan laid the snare. In the heart of man first of all, then, with the punishment of sin, it brought spines and thorns.

603.10

So I, the Man had also to suffer things and be grieved not only by people but also by things. The former insulted and tortured Me; the latter served as their weapons.

The hand that God had made for man to distinguish him from brutes, the hand that God had taught man how to use, the hand that God had co-ordinated with man’s mind making it the executor of the commands of the mind, this part, which is so perfect in you and which should have had nothing but caresses for the Son of God, by Whom it had only been caressed and cured, if it was diseased, turned against the Son of God and struck Him with slaps and blows, it armed itself with scourges, it became pincers to tear hair and beard and hammer to drive nails.

Man’s feet, which should have run nimbly only to worship the Son of God, were swift to come to arrest Me, to push and drag Me along the streets towards My executioners, and kick Me in such a way as would be unfair even with a restive mule.

Man’s mouth, which should have used words, the endowment given only to man among all animals created, to praise and bless the Son of God, filled with curses and lies and hurled them with its slaver at My person.

Man’s mind, the proof of his celestial origin, exhausted itself devising tortures of refined rigour.

603.11

Man, the whole man made use of himself, in his individual parts, to torture the Son of God. And he called the earth, with its forms, to assist him in torturing. Of the stones of torrents he made projectiles to wound Me; of the branches of trees, clubs to strike Me; of twisted hemp, ropes to drag Me, cutting into My flesh; of thorns, a crown of stinging fire for My tired head; of minerals, an exasperating scourge; of a cane, an instrument of torture; of the stones in streets, a snare for the unsteady foot of He Who was going uphill, dying, to die crucified.

And things of the sky combined with the things of the earth. The cold at dawn for My body already exhausted by the agony in the garden, the wind that irritates wounds, the sun that increases parching thirst and one’s temperature and brings flies and dust, that dazzles tired eyes, which fastened hands cannot protect.

And the fibres granted to man to cover his nakedness combine with the things of the sky: with leather, that becomes a scourge, with the wool of a garment that sticks to the sores made by the scourges and causes a rubbing and lacerating torture at each movement.

603.12

Everything served to torture the Son of God. He, for Whom all things had been created, in the hour in which He was the Victim offered to God, had everything against Him in a hostile manner. Your Jesus, Mary, had no comfort from anything. Everything that exists turned against Me, like fierce vipers, to bite at My flesh and increase My suffering. This is what you ought to think of when you suffer, and comparing your imperfection with My perfection and My sorrows with yours, you ought to admit that the Father loves you as He did not love Me in that hour, and therefore, you should love Him with your whole selves, as I loved Him notwithstanding His rigour.»


Notes

  1. à trois reprises : en 45.5/7, 349.6/7 et 598.14.

Notes

  1. three times, in: 45.5/7, 349.6/7 and 598.14.