The Writings of Maria Valtorta

636. La Pâque supplémentaire.

636. The supplementary Passover.

636.1

Cette fois, l’ordre de Jésus a été exécuté à la lettre et Béthanie regorge de disciples. Les prés en sont pleins, ainsi que les sentiers, les vergers, les oliveraies de Lazare. Comme ces lieux ne suffisaient pas à contenir tant de personnes qui veillent à ne pas endommager les biens de l’ami de Jésus, beaucoup se sont dispersées dans les oliveraies qui mènent de Béthanie à Jérusalem par les chemins de l’Oliveraie.

Les plus proches de la maison sont les disciples de longue date. Un peu plus loin, c’est une vraie foule de visages peu connus, ou tout à fait inconnus. Mais qui peut désormais reconnaître tant de personnes et retrouver leur nom ? Je crois qu’il y en a des centaines. De temps en temps, en faisant un effort de mémoire, un visage ou un nom me rappelle des gens que j’ai vus parmi ceux qui ont profité des bienfaits de Jésus ou ont été convertis par lui, peut-être à la dernière heure. Mais les reconnaître tous dépasse mes possibilités. Ce serait comme si je prétendais identifier qui se trouvait dans la foule qui se pressait le long des rues de Jérusalem le dimanche des Rameaux ou le douloureux Vendredi, ou celle qui couvrait le Calvaire d’un tapis de visages, la plupart déformés par la haine.

Les apôtres vont et viennent autour de la maison de Simon : ils y entrent, en sortent, circulent parmi les gens pour les calmer ou pour répondre à leurs questions, avec l’aide de Lazare et de Maximin. Aux portes-fenêtres de l’étage supérieur de la maison de Simon, on voit apparaître et disparaître tous les visages des femmes disciples : chevelures grises, chevelures brunes, parmi lesquelles resplendissent les têtes blondes de Marie-Madeleine et d’Aurea. De temps en temps, l’une d’elle sort pour regarder, puis se retire. Elles sont toutes là, vraiment toutes : jeunes et vieilles, et même celles qui ne sont jamais venues, comme Sarah d’Aféqa. Sur la terrasse jouent les enfants rassemblés par Sarah, les petits-fils d’Anne de Mérom, Marie et Matthias, et aussi Shalem, le petit-fils de Nahum autrefois difforme, mais qui maintenant est heureux et en parfaite santé, et puis d’autres encore. C’est une joyeuse bande d’oiseaux surveillés par Marziam et d’autres jeunes disciples comme le pâtre d’Hennon et Jaias de Pella. Je vois aussi, parmi les enfants, le petit garçon de Sidon qui était aveugle. On comprend que son père l’ait amené avec lui.

636.2

Le soleil est sur le point de se coucher, dans une splendeur pleine de sérénité.

Pierre délibère avec Lazare et avec ses compagnons.

« Je pense qu’il serait bon de congédier les gens » suggère-t-il. « Qu’en dites-vous ? Il ne viendra pas aujourd’hui. Et beaucoup de ces gens doivent ce soir consommer la petite Pâque.

– Oui. Il vaut mieux les renvoyer. Peut-être le Seigneur aura-t-il jugé bon de ne pas venir aujourd’hui. A Jérusalem, tous ceux du Temple se sont réunis. Je ne sais comment ils ont appris la nouvelle de sa venue, et… dit Lazare.

– Et alors ? Que peuvent-ils lui faire, désormais ? l’interrompt Jude avec véhémence.

– Tu oublies qui ils sont, reprend Lazare. En disant cela, j’ai tout dit. S’ils ne peuvent rien contre lui, ils peuvent faire beaucoup de mal à ceux qui sont venus l’adorer. Or le Seigneur ne veut pas nuire à ses fidèles. Du reste, crois-tu que, aveuglés comme ils le sont par leur péché et par leur pensée — toujours la même, immuable —, ils n’ont pas, parmi toutes les idées qui s’entrechoquent dans leurs têtes, l’opinion que le Seigneur est ressuscité, ou plutôt qu’il n’est jamais mort et qu’il est sorti de là comme quelqu’un qui s’éveille de lui-même ou avec la complicité d’un grand nombre ? Vous ne savez pas quel maquis sauvage de pensées, quel enchevêtrement, quel tourbillon de suppositions ils ont en eux. Ils se les sont créées pour ne pas reconnaître la vérité. On peut vraiment dire que les complices d’hier sont divisés aujourd’hui pour la même raison qui les tenait unis auparavant. Et certains sont séduits par leurs idées. Vous voyez ? Certains ne sont plus au nombre des disciples…

– Eh bien ! laisse-les partir. Il en est venu de meilleurs. C’est sûrement parmi ceux qui sont partis qu’il faut chercher les informateurs du Sanhédrin qui lui ont appris que le Seigneur serait ici le quatorzième jour du second mois. Et après leur délation, ils n’ont plus le courage de réapparaître. Loin d’ici ! Loin d’ici ! Il y a assez de traîtres ! tonne Barthélemy.

– Nous en aurons toujours, mon ami ! » dit Simon le Zélote. « Les hommes se laissent trop influencer par leurs impressions et les intimidations. Mais nous ne devons pas craindre, le Seigneur nous l’a bien recommandé.

– Et nous ne craignons rien, renchérit Pierre. Il y a quelques jours à peine, nous avions encore peur. Vous en souvenez-vous ? Pour ma part, je redoutais notre retour ici. Maintenant, il me semble ne plus avoir cette crainte. Mais je ne me fie pas trop à moi. Vous aussi, ne vous fiez pas trop à votre Céphas, car j’ai déjà montré une fois que je suis de l’argile qui s’effrite, et non du granit compact.

636.3

Eh bien ! congédions ces gens. Vas-y, Lazare.

– Non, Simon-Pierre, c’est ton rôle. Tu es le chef… » lui rétorque Lazare avec bienveillance en lui passant un bras autour du cou.

Il le pousse vers l’escalier et le fait monter jusqu’à la terrasse qui entoure la maison de Simon.

Pierre fait signe qu’il s’apprête à prendre la parole, et les plus proches se taisent. Ceux qui sont au loin accourent. Pierre attend que la plupart soient venus l’entourer, puis il dit :

« Hommes de toutes les régions d’Israël, écoutez. Je vous exhorte à retourner en ville. Le soleil a commencé à descendre. Partez donc. Si Jésus vient, nous vous le ferons savoir à tout prix. Que Dieu soit avec vous. »

Il se retire pour entrer dans une pièce largement aérée où la Vierge est entourée des femmes disciples les plus fidèles. Je remarque la présence d’autres femmes qui aimaient le Seigneur comme Maître sans pourtant l’avoir suivi dans ses pèlerinages. Pierre va s’asseoir dans un coin en regardant Marie, qui lui sourit.

Dehors, la foule se divise lentement : les uns restent, les autres prennent la route de la ville. Voix d’adultes qui appellent les enfants, petites voix d’enfants qui répondent. Puis le bourdonnement se fait plus sourd.

« Maintenant, dit Pierre, nous allons partir nous aussi…

– Père, le Seigneur avait annoncé sa venue !…

– Hé ! je le sais ! Mais comme tu vois, il n’est pas venu. Or c’est le jour prescrit…

636.4

– Oui » intervient Marie de Magdala. « Et mon frère a déjà préparé pour vous tout ce qu’il faut. Voici Marc, fils de Jonas, qui va vous conduire et vous ouvrir la grille. Mais je vous accompagne, moi aussi. Nous venons tous. Lazare a prévu large, il y aura assez pour tous.

– Et où allons-nous consommer la cène avec un tel monde ?

– Le Cénacle sera Gethsémani même. A l’intérieur de la maison se trouve la pièce pour ceux dont Jésus a parlé. Pour les autres, des tables sont préparées dehors, près de la maison.. C’est ce qu’il a voulu.

– Qui ? Lazare ?

– Le Seigneur.

– Le Seigneur ? Mais quand est-il venu ?

– Il est venu… Que t’importe le jour ? Il est venu, et il a parlé avec Lazare.

636.5

– Je crois qu’il vient, dit Barthélemy, et aussi qu’il est allé trouver chacun de nous, même si aucun de nous ne le dit pour garder cette joie comme sa perle la plus chère, qu’il craint de montrer de peur qu’elle ne perde sa plus belle lumière. Ce sont les secrets du Roi ! »

Il observe le groupe des vierges, dont le visage s’empourpre comme s’il était frappé par un rayon du soleil couchant. Mais c’est une flamme spirituelle de joie intense qui les illumine.

Marie, la Vierge des vierges, dans son blanc vêtement de lin, tel un lys revêtu de pureté, incline la tête en souriant sans mot dire. Comme elle ressemble en ce moment à la jeune Vierge de l’Annonciation !

« Certes… Il ne nous laisse pas seuls, même s’il ne nous apparaît pas visiblement. J’affirme que c’est lui qui met certaines pensées dans mon pauvre cœur et dans mon âme encore plus pauvre… » avoue Mathieu.

Les autres restent en silence… tout en mettant leurs manteaux, ils s’examinent mutuellement. Mais le soin même avec lequel certains se couvrent le plus possible le visage, pour tenir caché le flot de joie spirituelle qui affleure à la pensée de leurs secrètes rencontres divines, montre qu’ils sont les plus favorisés.

« Avouez-le donc ! » disent les autres. « Nous n’en sommes pas jaloux ! Ce n’est pas l’indiscrétion qui motive notre désir de savoir. Mais nous serons réconfortés par l’espoir que nous ne serons pas pour toujours privés de sa vue ! Souvenez-vous des paroles[1] de Raphaël à Tobie : “ S’il est bon de tenir cachés les secrets d’un roi, il faut révéler les œuvres de Dieu et les célébrer comme elles le méritent. ” L’ange de Dieu a raison ! Gardez pour vous le secret des paroles que Dieu vous a dites, mais révélez son continuel amour pour vous. »

Jacques, fils d’Alphée, regarde Marie, comme pour recevoir d’elle une lumière et, l’ayant vu donner son accord par un sourire, il déclare :

« C’est vrai. J’ai vu le Seigneur. »

Rien de plus. Et il est le seul à parler. Les deux autres qui se sont bien couverts, c’est-à-dire Jean et Pierre, ne disent pas un mot.

636.6

Ils sortent tous en groupes : d’abord les Onze, puis Lazare avec ses sœurs et les femmes disciples autour de Marie, en dernier lieu les bergers et beaucoup des soixante-douze disciples. Ils se dirigent vers Jérusalem par la route haute qui mène à l’Oliveraie. Les enfants qui sont restés courent devant et derrière, tout heureux.

Marc indique un sentier qui évite le champ des Galiléens et les endroits les plus fréquentés et conduit directement à la nouvelle enceinte du jardin des Oliviers. Il ouvre, les fait passer, referme. Beaucoup de disciples bavardent, et l’un d’eux va interroger les apôtres, Jean en particulier. Mais eux font signe d’attendre : ce n’est pas l’heure de faire ce qu’ils demandent, et tous se tiennent tranquilles.

Quelle paix dans la vaste oliveraie ! Un dernier rayon de soleil éclaire encore la partie la plus élevée, alors que l’ombre a déjà atteint les régions les plus basses. Un léger bruissement du vent dans les feuillages vert-argenté et de joyeux chants d’oiseaux saluent le jour qui meurt.

636.7

Voici la maisonnette du gardien. Sur la terrasse qui lui sert de toit, Lazare a fait dresser un pavillon de tentes, de sorte que la terrasse s’est changée en un cénacle aérien pour ceux des disciples qui n’ont pas pu consommer la Pâque le mois précédent. En bas, sur la petite aire bien nettoyée, d’autres tables ont été dressées. A l’intérieur de la maison, dans la meilleure pièce, se trouve la table des femmes disciples.

On apporte aux différentes tables des premiers les agneaux rôtis, les laitues, les azymes et la sauce rougeâtre, et on dispose les calices rituels. Sur celle des femmes, il n’y a pas ce calice, mais autant de coupes que de convives. On comprend que les femmes étaient dispensées de cet aspect de la cérémonie. Sur les tables de ceux qui ont déjà consommé la Pâque au temps normal, il y a l’agneau, mais sans les azymes et les laitues avec la sauce rougeâtre.

Lazare et Maximin dirigent tout le service. Lazare se penche sur Pierre pour lui dire quelques mots qui provoquent chez l’apôtre une vive manifestation de refus obstiné.

« Et pourtant… cela te revient » lui souffle Philippe, qui est à côté de lui.

Mais Pierre désigne Jacques, fils d’Alphée :

« C’est à lui que cela revient. »

636.8

Pendant qu’ils en débattent, le Seigneur apparaît au début de la petite aire et salue :

« Paix à vous. »

Tous se lèvent, et le bruit avertit les femmes de ce qui arrive. Elles sont sur le point de sortir, mais Jésus entre dans la maison en les saluant elles aussi.

Marie s’exclame :

« Mon Fils ! »

Et elle le vénère plus profondément que tous, indiquant par ce geste que, bien que Jésus puisse être ami, ami et parent au point même d’être fils, il est toujours Dieu et doit être vénéré comme tel. Vénéré toujours, avec un esprit qui adore même si son amour pour nous est prévenant au point de le pousser à se donner en toute confiance comme notre Frère et notre Epoux.

« Paix à toi, Mère. Asseyez-vous, mangez. Je monte sur la terrasse, où Marziam attend sa récompense. »

Il sort afin de monter l’escalier, et il hèle :

« Simon-Pierre et Jacques, fils d’Alphée, venez ! »

Les deux hommes montent à sa suite. Jésus s’assied à la table du milieu où se trouve Marziam en disant aux deux apôtres : « Vous ferez ce que je vous dirai » et au chef de table, qui est Matthias : « Commence le banquet pascal. »

Ce soir, Jésus a Marziam à son côté, à la place où était Jean l’autre fois. Pierre et Jacques sont derrière le Seigneur, attendant ses ordres.

636.9

Cette cène suit le même rituel que la cène pascale normale : les hymnes, les demandes, les libations. J’ignore s’il en est de même aux autres tables. Là où Jésus se trouve, c’est lui que je fixe des yeux, à moins que sa volonté ne m’oblige à regarder autre chose, et j’oublie tout pour contempler mon Seigneur. Il offre maintenant les meilleures bouchées de son agneau à Marziam, qui déborde manifestement de bonheur. Il a pris ces bouchées dans le plat, mais il ne mange ni agneau, ni laitue ni sauce et il ne boit pas au calice.

Au début, Jésus a fait signe à Pierre de se pencher vers lui et de l’écouter, après quoi Pierre a dit à haute voix :

« A ce moment, le Seigneur offrit pour nous tous le calice en qualité de Père et de Chef de sa Famille. »

Jésus fait un nouveau signe à Pierre, qui de nouveau l’écoute et se relève pour dire :

« A ce moment, le Seigneur se ceignit pour nous purifier et nous enseigner comment faire nous-mêmes pour consommer dignement le Sacrifice eucharistique. »

La cène continue jusque, sur un autre signe, Pierre ajoute :

« A ce moment, le Seigneur prit le pain et le vin, les offrit, et les bénit en priant, et après en avoir fait des parts, il nous les distribua en disant : “ Ceci est mon Corps et ceci est mon Sang de la nouvelle et éternelle Alliance, qui sera répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés. »

636.10

Jésus se lève. Il est très majestueux. Il ordonne à Pierre et à Jacques de prendre un pain, d’en faire de petites bouchées et de remplir de vin un calice, le plus grand qu’il y ait sur les tables. Ils obéissent et tiennent devant lui le pain et le vin. Jésus étend sur eux les mains en priant, sans autre action que le ravissement de son regard…

« Distribuez les morceaux de pain et présentez le calice fraternel. Toutes les fois que vous ferez cela, vous le ferez en mémoire de moi. »

Les deux apôtres obéissent, pleins de vénération…

Pendant que l’on distribue les espèces, Jésus descend chez les femmes. Je pense — mais je ne vois pas, car je n’entre pas — que Jésus donne la communion à sa Mère de ses propres mains. C’est mon avis. Je ne sais s’il correspond à la vérité, mais je ne comprendrais pas pourquoi il est allé là, si ce n’est dans ce but.

636.11

Puis il revient sur la terrasse. Il ne s’assied plus. La cène touche à sa fin.

Il demande :

« Est-ce que tout est consommé ?

– Tout est consommé, Seigneur.

– C’est ce que j’ai fait sur la croix. Levez-vous. Prions. »

Il étend les bras comme s’il était sur la croix et entonne la prière du Notre-Père.

Je ne sais pas pourquoi je pleure. Je pense que c’est peut-être la dernière fois que je l’entends la dire… Comme aucun peintre ou sculpteur ne pourra jamais nous donner le véritable portrait de Jésus, ainsi personne, aussi saint qu’il soit, ne pourra réciter à la fois si virilement et si doucement le Notre-Père. J’éprouverai toujours une grande nostalgie de ces Notre-Père de Jésus, véritables colloques de son âme avec son Père des Cieux tant aimé et adoré, cri d’honneur, d’obéissance, de foi, de soumission, d’humilité, de miséricorde, de désir, de confiance… tout !

« Allez ! Que la grâce du Seigneur soit en vous tous et que sa paix vous accompagne » dit Jésus en prenant congé.

Et il s’en va dans un éclat de lumière qui dépasse de beaucoup la clarté de la lune, maintenant pleine et haute au-dessus du jardin silencieux, et celle des lampes disposées sur les tables.

Pas un mot. Des larmes sur les visages, l’adoration dans les cœurs… rien d’autre…

La nuit veille et connaît, avec les anges, les battements de cœur de ces disciples bénis.

636.1

Jesus’ order has been carried out to the letter, this time, and Bethany is crowded with disciples. Meadows, paths, orchards, Lazarus’ olive-groves are full of them and as they are not sufficient to hold so many people, who do not want to damage the property of Jesus’ friend, many of them have spread out also among the olivegroves that are between Bethany and Jerusalem along the roads of the Mount of Olives. Closer to the house are the disciples of early days, many others are farther away. Faces not well known or completely unknown. But who can now recognise so many faces and mention their names? I think there are hundreds of them. Now and again, in the medley, a face or a name reminds me of faces seen among those helped and converted by Jesus, even at the last hour. But it is beyond my capability to remember so many faces and names, and to recognise them all. It would be the same as if one expected me to recognise who was among the people that crowded the streets in Jerusalem on Palm Sunday or on Good Friday, or covered Calvary with a carpet of faces, most of which were drawn with hatred.

The apostles go in and out from Simon’s house, moving around the people to keep them quiet or to reply to their questions. Also Lazarus and Maximinus help them. At the upper-floor balcony windows of Simon’s house one can see all the faces of the women disciples appear and disappear: grey-haired or brown-haired heads, among which shine the fair-haired heads of Mary of Lazarus and of Aurea. Now and again one comes out, looks and withdraws. They are all there, really all of them, the young ones and the old ones, also those who had never come, such as Sarah of Aphek. On the terrace many children are playing, those gathered by Sarah, the grandchildren of Anne of Merom, Mary and Matthias, the little boy Shalem, who was crippled and was the grandchild of Nahum and who is now happy and healthy, and some more. A flock of happy little birds, watched over by Marjiam and by other young disciples, such as the little shepherd of Enon and Jaia of Pella. Among the children I now see also the little boy of Sidon, who was blind. It is obvious that he was brought by his father.

636.2

The sun is beginning to set in a very bright clear sky.

Peter consults with Lazarus and with his companions. «I think that it is better to dismiss the people. What do you say? He will not come today either. And many of these people have to consume the little Passover this evening» says Peter.

«Yes. It is better to dismiss them. Perhaps the Lord has wisely decided not to come today. All those of the Temple have gathered in Jerusalem. I do not know how they heard that He was coming and…» says Lazarus.

«And even so? What can they do to Him any more?» says Thaddeus vehemently.

«You are forgetting that they are they. And these words of mine say everything. Even if they can do Him no harm, they can do a lot of harm to these people who have come to worship Him. And the Lord does not want to damage His believers. And then! Do you think that they, blinded by their sin and their thought, which is always the same one, among the contrasting ideas in their heads, do not also have the idea that the Lord has risen, that is, that He never died and He came out from there like one who awakes by himself or with the complicity of many? You do not know what wild confusion of thoughts, what entanglement, what storm of suppositions is in their minds. They have created it all in order not to admit the truth. We can really say that those who were accomplices yesterday are divided today, for the same cause that previously kept them joined together. And some people have been seduced by their ideas. See? Some are no longer among the disciples…» says Lazarus.

«And let them go! Other better ones have come. Certainly, those who have informed the Sanhedrin that the Lord will be here on the fourteenth day of the second month, are to be looked for among those who have gone away. And after the delation they no longer have the courage to come. Come on! Stop it! Enough of traitors!» says Bartholomew.

«We shall always have some, my dear friend! Man!… He yields too easily to impressions and to pressures. But we must not be afraid. The Lord said that we must not be afraid» says the Zealot.

«And we are not afraid. A few days ago we were still frightened. Do you remember? I, as far as I am concerned, was afraid when I thought of coming back here. Now I no longer seem to be so frightened. But I do not trust myself too much, and you as well ought not to trust your Cephas too much. I have already proved once that I am made of clay that crumbles, instead of being of solid granite.

636.3

Well, let us dismiss these people. It is your duty, Lazarus.»

«No, Simon Peter. It is yours. You are the chief…» says Lazarus kindly, embracing Peter’s shoulder with his arm and pushing him thus towards the staircase and up it, as far as the terrace surrounding Simon’s house.

Peter makes a gesture meaning that he wants to speak and the people nearby become silent and those farther away move towards him. Peter waits until most of them are near him, then he says: «Men from every part of Israel, listen. I exhort you to go back to town. The sun has already begun to set. So, go. If He comes, we will let you know at all costs. God be with you.»

He withdraws, going into an airy room where, around the Blessed Virgin, there are all the more faithful women disciples and also other women who loved the Lord as their Master, although they never followed Him on His pilgrimages. And Peter goes and sits in a corner, looking at Mary Who smiles at him.

The people, outside, slowly part into two groups: that of those who remain and that of those who go back to town. Voices of adults calling the children, the shrill voices of children replying to them. Then the buzzing noise subsides.

«And now» says Peter «we will go as well.»

«Father, but the Lord said that He would come!…»

«Eh! I know! But, as you can see, He has not come. And this is the day He prescribed…»

636.4

«Yes, and my brother has already prepared everything for you, and here is Mark of Jonas, who has come to take you there and open the gate to you. But I am coming as well. We are all coming. Lazarus has provided for everybody» says Mary of Magdala.

«And where can we consume the supper with so many people?»

«Gethsemane itself will be the Supper room. Inside the house, the room for those who Jesus said. Outside, near the house, the tables for the others. That is what He wanted.»

«Who? Lazarus?»

«The Lord.»

«The Lord? But when did He come?»

«He came… What does it matter to you when? He came and He spoke to Lazarus.»

636.5

«I think that He will come, and even more, that He has come to each of us, even if none of us say so, keeping that joy as his dearest pearl, that he is even afraid to show, fearing it may lose its most beautiful light. The secrets of the King!» says Bartholomew, and he looks at the group of the virgin disciples, whose faces blush as if the beams of the setting sun set them aflame. But it is a spiritual flame of intense joy that lights them.

Mary, the Virgin of the virgins, all white in Her linen dress, a lily dressed in white, lowers Her head smiling, without speaking. How much She resembles, at this moment, the young Virgin of the Annunciation!

«Certainly… He will not leave us all alone, even if He does not appear visibly. I say that it is He Who puts certain thoughts in my poor heart and even more in my poor mind…» admits Matthew.

The others do not speak… They look at one another while they put on their mantles, scrutinising one another. But the very care with which some cover their faces as much as possible, to keep concealed the wave of spiritual joy enlivened by the recollection of the divine secret meetings, reveal them as the most favoured ones.

«Well, say so!» exclaim the others. «We are not jealous! We are not so intrusive as to want to know. But we shall be comforted by the hope that we shall not be deprived of His sight for good! Remember the words[1] of Raphael to Tobias: “It is certainly right to keep the secret of the king, but it is more honourable to reveal and publish the works of God”. The angel of God is right! Keep the secret of the words He has given you, but disclose His continuous love for us.»

James of Alphaeus looks at Mary, as if he wished to be enlightened by Her, and realising by Her smile that She agrees, he says: «It is true. I have seen the Lord.» Nothing else. And he is the only one to say so. The other two, who have covered themselves carefully, do not utter one word.

636.6

They all go out and in groups, the eleven ahead, then Lazarus with his sisters and the women disciples around Mary, last the shepherds and many of the seventy-two disciples. They set out towards Jerusalem along the upper road that takes one to the Mount of Olives. The children who have stayed run backwards and forwards happily.

Mark shows them a path that avoids the Field of the Galileans and the busier areas and goes directly to the new enclosure of the Garden of Gethsemane. He opens, lets them pass, and closes. Many disciples whisper to one another and some go to ask the apostles, and John in particular, questions. But they make a gesture to wait, as it is not yet the time to do what they ask, and they all remain quiet.

How much peace in the vast olive-grove, still kissed by the last sunbeams in the upper part, whereas the lower ones are already in the shade! A light rustling of the wind among the silver-green leaves and the cheerful chirping of birds greeting the dying day.

636.7

Here is the little house of the keeper. On the terrace, which is its roof, Lazarus has had a number of tents put up, so that the terrace has changed into an aerial supper room for the disciples who were not able to consume the Passover the previous month. Downstairs, on the very clean threshing-floor, there are more tables. In the house, in the best room, is the table for the women disciples.

The roasted lambs, lettuce, unleavened bread and the reddish sauce are brought to the various tables of those who have not celebrated the Passover, and the ritual chalice is placed on the tables. But on the table of the women there is no chalice, but as many cups as the people sitting at the table. The women were obviously exempted from that part of the ceremony. On the table of those who have consumed the Passover at the proper time there is the lamb, but there is no unleavened bread and no lettuce with reddish sauce.

Lazarus and Maximinus supervise everything. And Lazarus bends over Peter to tell him something that makes the chief Apostle shake his head violently in obstinate denial.

«And yet… it is your duty» says Philip, who is beside him.

But Peter points at James of Alphaeus: «It is his duty.»

636.8

While they are discussing so, the Lord appears at the beginning of the threshing-floor and says the greeting: «Peace to you.»

They all stand up and the noise warns the women of what is happening. They are on the point of going out, but Jesus enters the house greeting them as well.

Mary says: «Son!» and She worships Him more deeply than the others, teaching them by such a gesture that, no matter how Jesus may be a friend, such a friend and relative as to be even Her Son, He is always God, and is to be worshipped as God. Always worshipped, with an adoring spirit, even if His love for us is so full as to urge Him to give Himself with full confidence, as our Brother and Spouse.

«Peace to You, Mother. Sit down and eat. I am going upstairs, where Marjiam is awaiting his reward.»

He goes out to climb the little staircase and He calls in a loud voice: «Simon Peter and James of Alphaeus. Come.»

The two He has called go up behind Him and Jesus sits at the central table, where Marjiam is, and says to the two Apostles: «You will do what I tell you» and to Matthias, who is at the head of the table, He says: «Begin the Passover banquet.» This evening Jesus has Marjiam beside Him, where John was the last time. Peter and James are behind the Lord awaiting His orders.

636.9

And the banquet is celebrated with the same ritual of the Passover Supper: hymns, questions, libations. I do not know whether it is the same at the other tables. I look fixedly where Jesus is, unless His will compels me to look elsewhere, and I forget everything to contemplate my Lord, Who is now offering the best morsels of His lamb – He has taken it on His plate but He does not eat any of it, neither does He take any lettuce or sauce, and He does not drink of the Chalice – and He offers the best morsels to Marjiam, who is really blissful.

At the beginning Jesus made a gesture to Peter to bend and listen to Him, and Peter after listening to Him said in a loud voice: «At this moment the Lord offered the chalice for us all, as He was the Father and Head of His Family.»

Now He makes another gesture to Peter, who listens again and then stands up and says: «And at this point the Lord girded Himself to purify us and teach us what we are to do to consume the Eucharistic Sacrifice worthily.»

The supper proceeds until at another sign Peter says again: «At this moment the Lord, after taking the bread and the wine, offered them, and praying blessed them, and after breaking the bread into parts, He handed them to us saying: “This is My Body and this is My Blood of the new eternal Testament, and it will be shed for you and for many to the remission of sins”.»

636.10

Jesus stands up. He is most imposing. He orders Peter and James to take a loaf of bread and break it into small morsels and to fill a chalice, the biggest one there is on the tables, with wine. They obey and hold the bread and the wine in front of Him, and Jesus stretches out His hands over them and prays without any other action except His enraptured look…

«Hand out the morsels of bread and offer the brotherly chalice. Every time you do this, you shall do it in memory of Me.»

The two Apostles obey, full of veneration…

While the distribution of the Species takes place, Jesus goes down to the women. I think, but I cannot see, because I do not go in where they are, that Jesus administers Holy Communion to His Mother with His own hands. This is what I think, but I do not know whether it is true. But I cannot understand why He should go there, if it were not to do that.

636.11

Then He goes back up to the terrace. He does not sit down any more. The supper is about to end. He asks: «Is it all consumed?»

«It is all consumed, Lord.»

«As I did on the Cross. Stand up. Let us pray.»

He stretches out His arms, as if He were on the cross, and He intones the prayer of the Our Father.

I do not know why I am weeping. I think that it is perhaps the last time that I shall hear Him say it… And, as no painter or sculptor will ever be able to give us the true image of Jesus, so no one, however holy he may be, will ever be able to say the Our Father so manfully and at the same time so gently. I shall always feel a great nostalgia for these Our Fathers as I heard them from Jesus, a real conversation of His soul with the most loved and adored Father of Heaven, a cry of honour, of obedience, of faith; of submission, of humbleness, of mercy, of wish, of trust… everything!

«Go. And may the Grace of the Lord be in all of you and may His peace accompany you» Jesus says dismissing them. And He disappears in a bright light that by far exceeds the moonlight, as the moon is now full and high over the silent Garden, and the light of the lamps placed on the tables.

Not a voice. Tears on faces, adoration in hearts… and nothing else. The night watches and knows, with the angels, the throbs of those blessed hearts.


Notes

  1. paroles qui se trouvent en Tb 12,7.

Notes

  1. words, in: Tobit 12:7.