Los Escritos de Maria Valtorta

636. La Pâque supplémentaire.

636. La Pascua suplementaria.

636.1

Cette fois, l’ordre de Jésus a été exécuté à la lettre et Béthanie regorge de disciples. Les prés en sont pleins, ainsi que les sentiers, les vergers, les oliveraies de Lazare. Comme ces lieux ne suffisaient pas à contenir tant de personnes qui veillent à ne pas endommager les biens de l’ami de Jésus, beaucoup se sont dispersées dans les oliveraies qui mènent de Béthanie à Jérusalem par les chemins de l’Oliveraie.

Les plus proches de la maison sont les disciples de longue date. Un peu plus loin, c’est une vraie foule de visages peu connus, ou tout à fait inconnus. Mais qui peut désormais reconnaître tant de personnes et retrouver leur nom ? Je crois qu’il y en a des centaines. De temps en temps, en faisant un effort de mémoire, un visage ou un nom me rappelle des gens que j’ai vus parmi ceux qui ont profité des bienfaits de Jésus ou ont été convertis par lui, peut-être à la dernière heure. Mais les reconnaître tous dépasse mes possibilités. Ce serait comme si je prétendais identifier qui se trouvait dans la foule qui se pressait le long des rues de Jérusalem le dimanche des Rameaux ou le douloureux Vendredi, ou celle qui couvrait le Calvaire d’un tapis de visages, la plupart déformés par la haine.

Les apôtres vont et viennent autour de la maison de Simon : ils y entrent, en sortent, circulent parmi les gens pour les calmer ou pour répondre à leurs questions, avec l’aide de Lazare et de Maximin. Aux portes-fenêtres de l’étage supérieur de la maison de Simon, on voit apparaître et disparaître tous les visages des femmes disciples : chevelures grises, chevelures brunes, parmi lesquelles resplendissent les têtes blondes de Marie-Madeleine et d’Aurea. De temps en temps, l’une d’elle sort pour regarder, puis se retire. Elles sont toutes là, vraiment toutes : jeunes et vieilles, et même celles qui ne sont jamais venues, comme Sarah d’Aféqa. Sur la terrasse jouent les enfants rassemblés par Sarah, les petits-fils d’Anne de Mérom, Marie et Matthias, et aussi Shalem, le petit-fils de Nahum autrefois difforme, mais qui maintenant est heureux et en parfaite santé, et puis d’autres encore. C’est une joyeuse bande d’oiseaux surveillés par Marziam et d’autres jeunes disciples comme le pâtre d’Hennon et Jaias de Pella. Je vois aussi, parmi les enfants, le petit garçon de Sidon qui était aveugle. On comprend que son père l’ait amené avec lui.

636.2

Le soleil est sur le point de se coucher, dans une splendeur pleine de sérénité.

Pierre délibère avec Lazare et avec ses compagnons.

« Je pense qu’il serait bon de congédier les gens » suggère-t-il. « Qu’en dites-vous ? Il ne viendra pas aujourd’hui. Et beaucoup de ces gens doivent ce soir consommer la petite Pâque.

– Oui. Il vaut mieux les renvoyer. Peut-être le Seigneur aura-t-il jugé bon de ne pas venir aujourd’hui. A Jérusalem, tous ceux du Temple se sont réunis. Je ne sais comment ils ont appris la nouvelle de sa venue, et… dit Lazare.

– Et alors ? Que peuvent-ils lui faire, désormais ? l’interrompt Jude avec véhémence.

– Tu oublies qui ils sont, reprend Lazare. En disant cela, j’ai tout dit. S’ils ne peuvent rien contre lui, ils peuvent faire beaucoup de mal à ceux qui sont venus l’adorer. Or le Seigneur ne veut pas nuire à ses fidèles. Du reste, crois-tu que, aveuglés comme ils le sont par leur péché et par leur pensée — toujours la même, immuable —, ils n’ont pas, parmi toutes les idées qui s’entrechoquent dans leurs têtes, l’opinion que le Seigneur est ressuscité, ou plutôt qu’il n’est jamais mort et qu’il est sorti de là comme quelqu’un qui s’éveille de lui-même ou avec la complicité d’un grand nombre ? Vous ne savez pas quel maquis sauvage de pensées, quel enchevêtrement, quel tourbillon de suppositions ils ont en eux. Ils se les sont créées pour ne pas reconnaître la vérité. On peut vraiment dire que les complices d’hier sont divisés aujourd’hui pour la même raison qui les tenait unis auparavant. Et certains sont séduits par leurs idées. Vous voyez ? Certains ne sont plus au nombre des disciples…

– Eh bien ! laisse-les partir. Il en est venu de meilleurs. C’est sûrement parmi ceux qui sont partis qu’il faut chercher les informateurs du Sanhédrin qui lui ont appris que le Seigneur serait ici le quatorzième jour du second mois. Et après leur délation, ils n’ont plus le courage de réapparaître. Loin d’ici ! Loin d’ici ! Il y a assez de traîtres ! tonne Barthélemy.

– Nous en aurons toujours, mon ami ! » dit Simon le Zélote. « Les hommes se laissent trop influencer par leurs impressions et les intimidations. Mais nous ne devons pas craindre, le Seigneur nous l’a bien recommandé.

– Et nous ne craignons rien, renchérit Pierre. Il y a quelques jours à peine, nous avions encore peur. Vous en souvenez-vous ? Pour ma part, je redoutais notre retour ici. Maintenant, il me semble ne plus avoir cette crainte. Mais je ne me fie pas trop à moi. Vous aussi, ne vous fiez pas trop à votre Céphas, car j’ai déjà montré une fois que je suis de l’argile qui s’effrite, et non du granit compact.

636.3

Eh bien ! congédions ces gens. Vas-y, Lazare.

– Non, Simon-Pierre, c’est ton rôle. Tu es le chef… » lui rétorque Lazare avec bienveillance en lui passant un bras autour du cou.

Il le pousse vers l’escalier et le fait monter jusqu’à la terrasse qui entoure la maison de Simon.

Pierre fait signe qu’il s’apprête à prendre la parole, et les plus proches se taisent. Ceux qui sont au loin accourent. Pierre attend que la plupart soient venus l’entourer, puis il dit :

« Hommes de toutes les régions d’Israël, écoutez. Je vous exhorte à retourner en ville. Le soleil a commencé à descendre. Partez donc. Si Jésus vient, nous vous le ferons savoir à tout prix. Que Dieu soit avec vous. »

Il se retire pour entrer dans une pièce largement aérée où la Vierge est entourée des femmes disciples les plus fidèles. Je remarque la présence d’autres femmes qui aimaient le Seigneur comme Maître sans pourtant l’avoir suivi dans ses pèlerinages. Pierre va s’asseoir dans un coin en regardant Marie, qui lui sourit.

Dehors, la foule se divise lentement : les uns restent, les autres prennent la route de la ville. Voix d’adultes qui appellent les enfants, petites voix d’enfants qui répondent. Puis le bourdonnement se fait plus sourd.

« Maintenant, dit Pierre, nous allons partir nous aussi…

– Père, le Seigneur avait annoncé sa venue !…

– Hé ! je le sais ! Mais comme tu vois, il n’est pas venu. Or c’est le jour prescrit…

636.4

– Oui » intervient Marie de Magdala. « Et mon frère a déjà préparé pour vous tout ce qu’il faut. Voici Marc, fils de Jonas, qui va vous conduire et vous ouvrir la grille. Mais je vous accompagne, moi aussi. Nous venons tous. Lazare a prévu large, il y aura assez pour tous.

– Et où allons-nous consommer la cène avec un tel monde ?

– Le Cénacle sera Gethsémani même. A l’intérieur de la maison se trouve la pièce pour ceux dont Jésus a parlé. Pour les autres, des tables sont préparées dehors, près de la maison.. C’est ce qu’il a voulu.

– Qui ? Lazare ?

– Le Seigneur.

– Le Seigneur ? Mais quand est-il venu ?

– Il est venu… Que t’importe le jour ? Il est venu, et il a parlé avec Lazare.

636.5

– Je crois qu’il vient, dit Barthélemy, et aussi qu’il est allé trouver chacun de nous, même si aucun de nous ne le dit pour garder cette joie comme sa perle la plus chère, qu’il craint de montrer de peur qu’elle ne perde sa plus belle lumière. Ce sont les secrets du Roi ! »

Il observe le groupe des vierges, dont le visage s’empourpre comme s’il était frappé par un rayon du soleil couchant. Mais c’est une flamme spirituelle de joie intense qui les illumine.

Marie, la Vierge des vierges, dans son blanc vêtement de lin, tel un lys revêtu de pureté, incline la tête en souriant sans mot dire. Comme elle ressemble en ce moment à la jeune Vierge de l’Annonciation !

« Certes… Il ne nous laisse pas seuls, même s’il ne nous apparaît pas visiblement. J’affirme que c’est lui qui met certaines pensées dans mon pauvre cœur et dans mon âme encore plus pauvre… » avoue Mathieu.

Les autres restent en silence… tout en mettant leurs manteaux, ils s’examinent mutuellement. Mais le soin même avec lequel certains se couvrent le plus possible le visage, pour tenir caché le flot de joie spirituelle qui affleure à la pensée de leurs secrètes rencontres divines, montre qu’ils sont les plus favorisés.

« Avouez-le donc ! » disent les autres. « Nous n’en sommes pas jaloux ! Ce n’est pas l’indiscrétion qui motive notre désir de savoir. Mais nous serons réconfortés par l’espoir que nous ne serons pas pour toujours privés de sa vue ! Souvenez-vous des paroles[1] de Raphaël à Tobie : “ S’il est bon de tenir cachés les secrets d’un roi, il faut révéler les œuvres de Dieu et les célébrer comme elles le méritent. ” L’ange de Dieu a raison ! Gardez pour vous le secret des paroles que Dieu vous a dites, mais révélez son continuel amour pour vous. »

Jacques, fils d’Alphée, regarde Marie, comme pour recevoir d’elle une lumière et, l’ayant vu donner son accord par un sourire, il déclare :

« C’est vrai. J’ai vu le Seigneur. »

Rien de plus. Et il est le seul à parler. Les deux autres qui se sont bien couverts, c’est-à-dire Jean et Pierre, ne disent pas un mot.

636.6

Ils sortent tous en groupes : d’abord les Onze, puis Lazare avec ses sœurs et les femmes disciples autour de Marie, en dernier lieu les bergers et beaucoup des soixante-douze disciples. Ils se dirigent vers Jérusalem par la route haute qui mène à l’Oliveraie. Les enfants qui sont restés courent devant et derrière, tout heureux.

Marc indique un sentier qui évite le champ des Galiléens et les endroits les plus fréquentés et conduit directement à la nouvelle enceinte du jardin des Oliviers. Il ouvre, les fait passer, referme. Beaucoup de disciples bavardent, et l’un d’eux va interroger les apôtres, Jean en particulier. Mais eux font signe d’attendre : ce n’est pas l’heure de faire ce qu’ils demandent, et tous se tiennent tranquilles.

Quelle paix dans la vaste oliveraie ! Un dernier rayon de soleil éclaire encore la partie la plus élevée, alors que l’ombre a déjà atteint les régions les plus basses. Un léger bruissement du vent dans les feuillages vert-argenté et de joyeux chants d’oiseaux saluent le jour qui meurt.

636.7

Voici la maisonnette du gardien. Sur la terrasse qui lui sert de toit, Lazare a fait dresser un pavillon de tentes, de sorte que la terrasse s’est changée en un cénacle aérien pour ceux des disciples qui n’ont pas pu consommer la Pâque le mois précédent. En bas, sur la petite aire bien nettoyée, d’autres tables ont été dressées. A l’intérieur de la maison, dans la meilleure pièce, se trouve la table des femmes disciples.

On apporte aux différentes tables des premiers les agneaux rôtis, les laitues, les azymes et la sauce rougeâtre, et on dispose les calices rituels. Sur celle des femmes, il n’y a pas ce calice, mais autant de coupes que de convives. On comprend que les femmes étaient dispensées de cet aspect de la cérémonie. Sur les tables de ceux qui ont déjà consommé la Pâque au temps normal, il y a l’agneau, mais sans les azymes et les laitues avec la sauce rougeâtre.

Lazare et Maximin dirigent tout le service. Lazare se penche sur Pierre pour lui dire quelques mots qui provoquent chez l’apôtre une vive manifestation de refus obstiné.

« Et pourtant… cela te revient » lui souffle Philippe, qui est à côté de lui.

Mais Pierre désigne Jacques, fils d’Alphée :

« C’est à lui que cela revient. »

636.8

Pendant qu’ils en débattent, le Seigneur apparaît au début de la petite aire et salue :

« Paix à vous. »

Tous se lèvent, et le bruit avertit les femmes de ce qui arrive. Elles sont sur le point de sortir, mais Jésus entre dans la maison en les saluant elles aussi.

Marie s’exclame :

« Mon Fils ! »

Et elle le vénère plus profondément que tous, indiquant par ce geste que, bien que Jésus puisse être ami, ami et parent au point même d’être fils, il est toujours Dieu et doit être vénéré comme tel. Vénéré toujours, avec un esprit qui adore même si son amour pour nous est prévenant au point de le pousser à se donner en toute confiance comme notre Frère et notre Epoux.

« Paix à toi, Mère. Asseyez-vous, mangez. Je monte sur la terrasse, où Marziam attend sa récompense. »

Il sort afin de monter l’escalier, et il hèle :

« Simon-Pierre et Jacques, fils d’Alphée, venez ! »

Les deux hommes montent à sa suite. Jésus s’assied à la table du milieu où se trouve Marziam en disant aux deux apôtres : « Vous ferez ce que je vous dirai » et au chef de table, qui est Matthias : « Commence le banquet pascal. »

Ce soir, Jésus a Marziam à son côté, à la place où était Jean l’autre fois. Pierre et Jacques sont derrière le Seigneur, attendant ses ordres.

636.9

Cette cène suit le même rituel que la cène pascale normale : les hymnes, les demandes, les libations. J’ignore s’il en est de même aux autres tables. Là où Jésus se trouve, c’est lui que je fixe des yeux, à moins que sa volonté ne m’oblige à regarder autre chose, et j’oublie tout pour contempler mon Seigneur. Il offre maintenant les meilleures bouchées de son agneau à Marziam, qui déborde manifestement de bonheur. Il a pris ces bouchées dans le plat, mais il ne mange ni agneau, ni laitue ni sauce et il ne boit pas au calice.

Au début, Jésus a fait signe à Pierre de se pencher vers lui et de l’écouter, après quoi Pierre a dit à haute voix :

« A ce moment, le Seigneur offrit pour nous tous le calice en qualité de Père et de Chef de sa Famille. »

Jésus fait un nouveau signe à Pierre, qui de nouveau l’écoute et se relève pour dire :

« A ce moment, le Seigneur se ceignit pour nous purifier et nous enseigner comment faire nous-mêmes pour consommer dignement le Sacrifice eucharistique. »

La cène continue jusque, sur un autre signe, Pierre ajoute :

« A ce moment, le Seigneur prit le pain et le vin, les offrit, et les bénit en priant, et après en avoir fait des parts, il nous les distribua en disant : “ Ceci est mon Corps et ceci est mon Sang de la nouvelle et éternelle Alliance, qui sera répandu pour vous et pour beaucoup en rémission des péchés. »

636.10

Jésus se lève. Il est très majestueux. Il ordonne à Pierre et à Jacques de prendre un pain, d’en faire de petites bouchées et de remplir de vin un calice, le plus grand qu’il y ait sur les tables. Ils obéissent et tiennent devant lui le pain et le vin. Jésus étend sur eux les mains en priant, sans autre action que le ravissement de son regard…

« Distribuez les morceaux de pain et présentez le calice fraternel. Toutes les fois que vous ferez cela, vous le ferez en mémoire de moi. »

Les deux apôtres obéissent, pleins de vénération…

Pendant que l’on distribue les espèces, Jésus descend chez les femmes. Je pense — mais je ne vois pas, car je n’entre pas — que Jésus donne la communion à sa Mère de ses propres mains. C’est mon avis. Je ne sais s’il correspond à la vérité, mais je ne comprendrais pas pourquoi il est allé là, si ce n’est dans ce but.

636.11

Puis il revient sur la terrasse. Il ne s’assied plus. La cène touche à sa fin.

Il demande :

« Est-ce que tout est consommé ?

– Tout est consommé, Seigneur.

– C’est ce que j’ai fait sur la croix. Levez-vous. Prions. »

Il étend les bras comme s’il était sur la croix et entonne la prière du Notre-Père.

Je ne sais pas pourquoi je pleure. Je pense que c’est peut-être la dernière fois que je l’entends la dire… Comme aucun peintre ou sculpteur ne pourra jamais nous donner le véritable portrait de Jésus, ainsi personne, aussi saint qu’il soit, ne pourra réciter à la fois si virilement et si doucement le Notre-Père. J’éprouverai toujours une grande nostalgie de ces Notre-Père de Jésus, véritables colloques de son âme avec son Père des Cieux tant aimé et adoré, cri d’honneur, d’obéissance, de foi, de soumission, d’humilité, de miséricorde, de désir, de confiance… tout !

« Allez ! Que la grâce du Seigneur soit en vous tous et que sa paix vous accompagne » dit Jésus en prenant congé.

Et il s’en va dans un éclat de lumière qui dépasse de beaucoup la clarté de la lune, maintenant pleine et haute au-dessus du jardin silencieux, et celle des lampes disposées sur les tables.

Pas un mot. Des larmes sur les visages, l’adoration dans les cœurs… rien d’autre…

La nuit veille et connaît, avec les anges, les battements de cœur de ces disciples bénis.

636.1

La orden de Jesús esta vez ha sido ejecutada al pie de la letra, de manera que Betania rebosa de discípulos. Los prados, los senderos, los huertos y los olivares de Lázaro están llenos de discípulos. Y, no siendo éstos suficientes para contener a tantas personas, que además no quieren dañar los bienes del amigo de Jesús, muchos se han diseminado por entre los olivares que conducen de Betania a Jerusalén por los caminos del Monte de los Olivos. Están más cerca de la casa los discípulos antiguos; más lejanos, muchos otros. Caras poco conocidas o completamente desconocidas. ¿Pero quién podría ya reconocer tantas caras y nombrarlas? Yo creo que son centenares. De vez en cuando, entre el revoltillo, una cara o un nombre me recuerdan caras vistas entre aquellos a quienes Jesús favoreció o convirtió, quizás en los últimos momentos. Pero es superior a mis capacidades el recordar tantos rostros y nombres, el reconocerlos todos. Sería como pretender que hubiera reconocido a los que estaban en la multitud que se apiñaba en las calles de Jerusalén el Domingo de Ramos o el doloroso Viernes, o que cubría el Calvario con su tapiz de rostros en su mayoría contraídos por el odio.

Los apóstoles entran en la casa de Simón, o salen de ella, moviéndose entre las personas para mantenerlas en calma o responder a sus preguntas. Los ayudan en esto Lázaro y Maximino. Tras las ventanas del piso de arriba de la casa de Simón se ven aparecer y desaparecer todas las caras de las discípulas: cabelleras grises u obscuras, entre las que resaltan las cabezas rubias de María de Lázaro y Áurea. De vez en cuando, una se asoma a mirar y luego se retira. Están todas. Todas. Jóvenes y ancianas. Incluso las que nunca habían venido, como Sara de Afeq.

En la terraza juegan los niños que Sara recogió, los nietos de Ana de Merón, María y Matías, el niño Salem (el niño deforme que era nieto de Nahúm, y que ahora vive feliz y sano), y otros más: una bandada de pajarillos felices, vigilados por Margziam y por otros discípulos jovencitos, como el pastorcito de Enón y Yaia de Pel.la. Veo ahora entre los niños al niño de Sidón que era ciego (se supone que su padre le ha traído consigo).

636.2

Empieza la puesta del Sol en un tersísimo cielo.

Pedro solicita el parecer de Lázaro y de sus compañeros: «Yo digo que convendrá despedir a la gente. ¿Qué pensáis vosotros? Hoy tampoco va a venir. Y muchos de éstos tienen que celebrar esta noche la pequeña Pascua».

«Sí. Conviene despedirlos. Quizás el Señor ha considerado conveniente no venir hoy. En Jerusalén se han reunido todos los del Templo. No sé cómo les ha llegado la voz de que Él venía y…» dice Lázaro.

«¡Bueno, y aun así… ¿qué pueden hacerle ya?!» dice con vehemencia Judas Tadeo.

«Olvidas que ellos son ellos. Y con esto te he dicho todo. Aunque a Él no le puedan hacer nada malo, a estos que han venido a adorarle sí que pueden hacerles mucho daño. Y el Señor no quiere perjudicar a sus fieles. Además, ¿tú crees que ellos —cegados como están por su pecado y por ese pensamiento suyo, siempre el mismo, inmutable—, entre el barullo de ideas que hay en su cabeza, no tienen también la de que el Señor haya resucitado, o sea, que no haya muerto nunca y que haya salido de allí como uno que se despertara, por sí solo o con la complicidad de muchos? ¡Vosotros no sabéis que espesura agreste de pensamientos, que enredo, que borrasca de suposiciones hay en ellos! Ellos se lo han procurado a sí mismos por no confesar la verdad. Verdaderamente se puede decir que los cómplices de ayer hoy están separados por la misma causa que antes los unía. Y a algunos les han seducido sus ideas. ¿No veis que algunos ya no están entre los discípulos?…» dice Lázaro.

«¡Déjales que se marchen! Otros mejores han venido. Está claro que dentro del número de los que se han marchado hay que buscar a los que han dicho al Sanedrín que el Señor estaría aquí el decimocuarto día del segundo mes; y después de la delación no tienen el coraje de venir. ¡Fuera! ¡Fuera! ¡Basta ya de traidores!» dice Bartolomé.

«¡Siempre los tendremos, amigo! ¡El hombre…! Demasiado fácilmente cede ante las impresiones y las presiones. Pero no debemos temer. El Señor ha dicho que no debemos temer» dice el Zelote.

«Pues no tememos. Hace pocos días, todavía teníamos miedo. ¿Os acordáis? Yo, por mi parte, cuando pensaba en el regreso aquí, sentía miedo. Ahora me parece que ya no tengo ese temor. Pero no me fío demasiado de mí. Y vosotros tampoco os fiéis demasiado de vuestro Cefas, porque ya una vez he demostrado que soy arcilla que se deshace, en vez de granito compacto.

636.3

Bueno, pues vamos a despedir a éstos. Hazlo, Lázaro».

«No, Simón Pedro. Hazlo tú. Eres el jefe…» dice Lázaro, pasando benévolamente un brazo por los hombros de Pedro y llevándole así hacia la escalera y, escalera arriba, hasta la terraza que circuye la casa de Simón.

Cuando Pedro hace ademán de hablar, la gente que está cerca calla y los que están más lejos se acercan. Pedro espera a que la mayoría esté allí en torno. Luego dice: «Hombres venidos de todos los lugares de Israel, escuchad. Os exhorto a que volváis a la ciudad. El Sol ha empezado a descender. Marchaos, pues. Si Él viene, os lo comunicaremos cueste lo que cueste. Que Dios esté con vosotros».

Se retira. Entra en una habitación vasta y luminosa donde están congregadas en torno a la Virgen todas las discípulas más fieles, así como las otras mujeres que querían al Señor como Maestro, a pesar de no haberle seguido nunca en sus desplazamientos. Pedro va a un rincón, a sentarse, y mira a María, que le sonríe.

La gente, afuera, lentamente se separa en dos partes: la de los que se quedan y la de los que vuelven a la ciudad. Voces de personas mayores que llaman a niños, vocecitas de niños que responden. Luego el murmullo desciende de tono.

«Y ahora» dice Pedro «nos marchamos también nosotros…».

«¡Padre, pero el Señor dijo que estaría aquí!…».

«Ya lo sé. Pero, como ves, no ha venido. Y es el día prescrito…».

636.4

«Sí. Y mi hermano ha preparado todo para vosotros. Y aquí llega Marcos de Jonás, que viene para guiaros y abriros la cancilla. Pero también voy yo. Todos vamos. Lázaro ha preparado para todos» dice María de Magdala.

«¿Y dónde va a ser la cena para tanta gente?».

«El mismo Getsemaní hará de Cenáculo. Dentro de la casa, la habitación para los que Jesús ha dicho; fuera, junto a la casa, las mesas de los otros: así lo ha querido».

«¿Quién? ¿Lázaro?».

«El Señor».

«¿El Señor? ¿Pero cuándo ha venido?».

«Ha venido… ¿Qué más te da el día? Ha venido y ha hablado con Lázaro».

636.5

«Yo creo que Él viene, es más: que ha venido, a visitar a cada uno de nosotros, aunque no todos lo digan, porque guardan esa alegría como su más preciada perla, que hasta temen mostrarla porque tienen miedo de que pierda su esplendor más hermoso. ¡Los secretos del Rey!» dice Bartolomé, y mira al grupito de las discípulas vírgenes, que se ponen como la púrpura, como si en sus caras se reflejaran los rayos del Sol poniente (pero lo que las enciende es una llama espiritual de intensa alegría).

María, la Virgen de las vírgenes, que viste túnica de blanco lino —una azucena vestida de candor—, agacha la cabeza sonriendo sin hablar. ¡Cómo se parece en este momento a la Virgencita de la Anunciación!

«Está claro que solos no nos deja, aunque no aparezca visiblemente. Según mi opinión, es Él el que pone en mi pobre corazón y en mi mente, aún más pobre, ciertos pensamientos…» confiesa Mateo.

Los otros no hablan… Se miran, mientras se ponen los mantos observándose recíprocamente. Pero el cuidado mismo con que algunos se tapan lo más posible la cara para ocultar la onda de alegría espiritual que emerge al pensar en los divinos, secretos encuentros pone en claro que pertenecen al grupo de los más privilegiados.

«¡Decidlo, ¿no?!» dicen los otros. «¡No es que estemos celosos! Ni queremos saber indiscretamente. ¡Pero sí será un consuelo para nosotros la esperanza de no estar para siempre privados de verle! Recordad las palabras de Rafael a Tobías[1]: “Bueno es mantener oculto el secreto del rey, pero también es honorífico revelar y publicar las obras de Dios”. ¡Tiene razón el ángel de Dios! Mantened el secreto de las palabras que Él os haya dicho, pero revelad su continuo amor a nosotros».

Santiago de Alfeo mira a María, como para recibir una luz, y, visto por la sonrisa de Ella que asiente, dice: «Es verdad. He visto al Señor». No dice más. Y es el único que lo dice. Los otros dos que se habían tapado mucho, o sea, Juan y Pedro, no dicen nada.

636.6

Salen todos en grupos: delante, los once; luego, en torno a María, Lázaro con sus hermanas y las discípulas; los últimos, los pastores y muchos de los setenta y dos discípulos. Se encaminan hacia Jerusalén por el camino que lleva al Monte de los Olivos. Los niños que quedaban van y vienen, corriendo felices.

Marcos muestra un caminito que sortea el Campo de los Galileos y las zonas más transitadas, y que lleva directamente a la cerca nueva del Huerto de los Olivos. Abre. Los invita a pasar. Cierra. Muchos discípulos se intercambian palabras en tono bajo y alguno de ellos va a preguntar algo a los apóstoles, especialmente a Juan. Pero hacen gestos que significan que esperen, que no es el momento de hacer lo que piden, y todos se tranquilizan.

¡Cuánta paz en este vasto olivar, besado aún por los últimos rayos del Sol en sus partes más altas y ya en sombra en las más bajas! Un suave frufrú de viento entre las frondas verdeplata y un alegre cantar de pájaros despidiéndose del día que muere.

636.7

Ahí está la casita del guarda. En la terraza que le hace de techo, Lázaro ha mandado disponer una cobertura de toldos, de forma que aquélla se ha transformado en un ventilado cenáculo para los discípulos que un mes antes no habían podido celebrar la Pascua. Abajo, dispuestas en la pequeña y bien limpia explanada, otras mesas. Dentro de la casa, en la habitación mejor, la mesa de las discípulas.

Se llevan a las distintas mesas de los que no han celebrado la Pascua los corderos asados, las verduras, los ácimos y la salsa rojiza; y se pone en las mesas el cáliz del rito. Pero en la de las mujeres no está este cáliz, sino que hay tantas copas cuantas son las comensales. Se deduce que de esta parte de la ceremonia estaban eximidas las mujeres. Y, en las mesas de los que han celebrado ya la Pascua en su debido momento, está el cordero, pero faltan los ácimos y las verduras con la salsa rojiza.

Lázaro y Maximino dirigen todo. Y Lázaro se inclina hacia Pedro para decirle algo, algo que le hace al apóstol menear bruscamente la cabeza negando con obstinación.

«Pues… es función tuya» dice Felipe, que está a su lado.

Pero Pedro, señalando a Santiago de Alfeo, dice: «Éste debe hacerlo».

636.8

Mientras debaten esto, el Señor aparece donde empieza la explanada. Saluda: «Paz a vosotros».

Todos se ponen en pie. El ruido advierte a las discípulas de lo que está sucediendo. Están para salir, pero ya Jesús entra en la casa y las saluda a ellas también.

María dice: «¡Hijo mío!» y le venera más profundamente que todos los demás, enseñando con ese gesto que, por muy amigo que pueda ser Jesús —amigo y pariente hasta el punto de ser incluso hijo—, sigue siendo Dios, y como a Dios se le ha de venerar. Venerarle siempre, con espíritu adorador, aunque su amor por nosotros sea tan pleno, que le lleve a darse, como Hermano y Esposo nuestro, con toda familiaridad.

«La paz a ti, Madre. Sentaos, comed. Yo subo arriba, donde Margziam espera su premio».

Sale otra vez, para subir por la pequeña escalera, y llama con fuerte voz: «Simón Pedro y Santiago de Alfeo, venid».

Los dos nombrados suben detrás de Él. Jesús se sienta ante la mesa del centro, donde está Margziam, y dice a los dos apóstoles: «Haréis lo que os diga», y a Matías, que está sentado en la presidencia de la mesa: «Empieza el banquete pascual».

Jesús esta noche tiene a Margziam a su lado, en el lugar donde estaba Juan la otra vez. Pedro y Santiago están detrás del Señor, esperando sus órdenes.

636.9

Y con el mismo ritual de la Cena pascual se desarrolla ésta: los himnos, las preguntas, y el beber de los sucesivos cálices. No sé si en las otras mesas se verifica lo mismo. Donde está Jesús yo me concentro —a menos que un deseo suyo no me obligue a ver otra cosa—, y de todo me olvido para contemplar a mi Señor, que ahora está ofreciendo los mejores trozos de su cordero —lo ha tomado y lo ha puesto en su plato, pero no lo come, como tampoco come verduras ni salsa ni bebe del cáliz— a Margziam, que llega incluso a un estado de beatitud.

Jesús, al principio, había hecho a Pedro una señal de que se inclinara para escucharle, y Pedro, después de escucharle, había dicho con fuerte voz: «En este momento el Señor, siendo Padre y Cabeza de su Familia, ofreció por todos nosotros el cáliz».

Ahora hace una nueva señal a Pedro, el cual de nuevo le escucha y de nuevo se alza para decir: «Y en este momento el Señor se ciñó para purificarnos y enseñarnos lo que habíamos de hacer nosotros mismos para celebrar dignamente el Sacrificio eucarístico».

La cena continúa. Y Pedro, tras una nueva señal, dice: «En este momento el Señor tomó el pan y el vino, lo ofreció y, orando, los bendijo y, hechas las partes nos las distribuyó a nosotros diciendo: “Esto es mi Cuerpo y ésta es mi Sangre del nuevo Testamento eterno, que por vosotros y por muchos será derramada para el perdón de los pecados”».

636.10

Jesús se pone en pie. Está majestuosísimo. Ordena a Pedro y a Santiago que tomen un pan y que lo partan en pequeños trozos, y que llenen de vino una copa, la más grande que haya en las mesas. Ellos obedecen y sostienen delante de Él el pan y el vino. Jesús entonces extiende sobre el pan y el vino sus manos, orando, sin gesto alguno aparte de la mirada arrobada…

«Distribuid las partes del pan y pasad el cáliz fraterno. Todas las veces que así lo hagáis, lo haréis en memoria mía».

Los dos apóstoles obedecen, llenos de veneración…

Jesús, mientras se verifica la distribución de las Especies, baja donde las mujeres. Pienso —pero no lo veo porque no entro donde ellas están— que Jesús da la Comunión a su Madre con sus propias manos. Es un pensamiento mío. No sé si responde a la realidad. Pero no comprendería por qué se marchó allí, si no hubiera sido para hacer esto.

636.11

Luego vuelve a la terraza. Ya no se sienta. La cena toca a su fin.

Él dice: «¿Todo está consumado?».

«Todo está consumado, Señor».

«Así hice Yo en la Cruz. Alzaos. Oremos».

Extiende sus brazos como si estuviera en la cruz y entona la oración del Padrenuestro.

No sé por qué lloro. Pienso que quizás es la última vez que se la oigo decir… Y, de la misma manera que ningún pintor o escultor podrá jamás darnos la verdadera efigie de Jesús, igualmente, ninguno, por muy santo que sea, podrá decir, al mismo tiempo tan viril y dulcemente, el Padrenuestro. Sentiré siempre una gran nostalgia de estos padrenuestros oídos a Jesús, verdaderos coloquios del alma con el Padre amadísimo y adoradísimo de los Cielos, gritos de honor, obediencia, fe, sumisión, humildad, misericordia, deseo, confianza… ¡todo!

«Marchaos. Y que la Gracia del Señor esté en todos vosotros y su paz os acompañe» dice Jesús despidiéndolos. Y se despide en medio de un fulgor de luz que supera con mucho al claror de la Luna, ya llena, y alta sobre el Huerto silente, y de las lámparas que están sobre las mesas.

Ni una voz. Lágrimas en los rostros, adoración en los corazones… nada más… La noche vela y conoce junto con los ángeles los latidos de estos benditos.


Notes

  1. paroles qui se trouvent en Tb 12,7.

Notas

  1. las palabras de Rafael a Tobías, reseñadas en Tobías 12, 7.