The Writings of Maria Valtorta

638. Derniers enseignements à Gethsémani et adieu.

638. Final teachings at Gethsemane

638.1

A l’orient, l’aurore commence à peine à rougir. Jésus se promène avec sa Mère dans les vallons de Gethsémani. Ils n’échangent pas le moindre mot, seulement des regards d’indicible amour. Peut-être les paroles ont-elles déjà toutes été dites. Peut-être n’ont-elles jamais été dites. Ce sont leurs deux âmes qui se sont parlé : celle du Christ, celle de la Mère du Christ. Maintenant, c’est une contemplation d’amour, une réciproque contemplation. La nature humide de rosée, la pure lumière du matin en ont connaissance, de même que ces gracieuses créatures de Dieu que sont les herbes, les fleurs, les oiseaux, les papillons. Les hommes sont absents.

638.2

Personnellement, je me sens mal à l’aise d’être présente à ce moment d’adieu. “ Seigneur, je n’en suis pas digne ! ”, voilà mon cri tandis que mes larmes coulent en contemplant la dernière heure de l’union terrestre entre la Mère et le Fils et en pensant que nous voilà parvenus au terme de l’amoureuse fatigue, celle de Jésus, celle de Marie et du pauvre, petit, indigne enfant que Jésus a voulu comme témoin de tout le temps messianique, et qui a pour nom Maria[1], mais que Jésus aime appeler “ le petit Jean ” et aussi “ la violette de la croix ”.

Oui. Petit Jean. Petit parce que je ne suis rien. Jean parce que je suis vraiment celle à qui Dieu a accordé de grandes grâces, mais aussi parce que, dans une mesure infinitésimale — mais c’est tout ce que je possède, et en donnant tout ce que je possède, je sais que je donne dans une mesure parfaite qui satisfait Jésus, car c’est le “ tout ” de mon rien — donc parce que, dans une mesure infinitésimale, j’ai imité le bien-aimé, le grand Jean : j’ai donné tout mon amour à Jésus et à Marie, en partageant avec eux larmes et sourires, et en les suivant, angoissée de les voir affligés et de ne pouvoir les défendre de la haine du monde au prix de ma propre vie ; et maintenant, je suis frémissante du frémissement de leur cœur pour ce qui prend fin pour toujours.

Violette, oui. Une violette qui a cherché à se tenir cachée dans l’herbe pour que Jésus ne l’évite pas, lui qui aimait toute la création en tant qu’œuvre de son Père, mais me presse sous son pied divin. Si je pouvais mourir en exhalant mon délicat parfum dans l’effort de lui adoucir le contact avec la terre, si dure et raboteuse ! Violette de la croix, oui. Et son sang a rempli mon calice jusqu’à le faire pencher vers le sol…

Oh ! mon Bien-aimé qui, plus tôt, m’as comblée de ton sang en me faisant contempler tes pieds blessés, cloués au bois… “ au pied de la croix, il y avait quelques violettes en fleur, et ton sang coulait goutte à goutte sur ces violettes en fleur… ”

Souvenir lointain[2], mais à la fois si proche et si présent ! Préparation de ce que je suis devenue : ton porte-parole, qui est maintenant tout trempé de ton sang, de ta sueur et de tes larmes, des larmes de Marie ta Mère, mais qui connaît aussi tes paroles, tes sourires, tout, tout de toi, et qui exhale le parfum, non plus des violettes, mais celui de toi seul, mon unique Amour, ce parfum divin qui a bercé hier soir ma douleur et qui vient sur moi, doux comme un baiser, consolant comme le Ciel lui-même, et me fait tout oublier pour vivre de toi seul…

638.3

J’ai en moi ta promesse. Je sais que je ne te perdrai pas. Tu me l’as promis et ta promesse est sincère : elle vient de Dieu. Je te posséderai encore, toujours. C’est seulement si je péchais par orgueil, mensonge ou désobéissance, que je te perdrais. C’est toi qui l’as dit, mais tu sais qu’avec ta grâce pour soutenir ma volonté, je ne veux pas pécher, et j’espère ne pas le faire parce que tu me soutiendras. .Je ne suis pas un chêne, je le sais. Je suis une violette, une fleur frêle qui peut ployer sous le pied d’un oiseau ou même sous le poids d’un scarabée. Mais tu es ma force, Seigneur, et mon amour pour toi est mon aile.

Je ne te perdrai pas. Tu me l’as promis. Tu viendras, tout entier pour moi, pour faire la joie de ta violette mourante. Mais je ne suis pas égoïste. Seigneur. Tu le sais. Tu sais que je voudrais ne plus te voir et que d’autres te voient en grand nombre, afin qu’ils croient en toi. A moi, tu as déjà beaucoup donné malgré mon indignité. Vraiment, tu m’as aimée comme toi seul sais aimer tes enfants chéris.

638.4

Je repense à la douceur de te voir “ vivre ”, homme parmi les hommes. Et je sais que je ne te verrai plus ainsi. Tout a été vu et dit. Je sais aussi que tu n’effaceras pas de ma pensée tes actions d’homme parmi les hommes, et que je n’aurai pas besoin de livres pour me souvenir de toi, tel que tu étais réellement. Il suffira que je regarde à l’intérieur de moi, où toute ta vie est inscrite en caractères indélébiles. Mais c’était doux, doux…

Maintenant tu t’élèves… La terre te perd. Maria de la Croix te perd, Maître Sauveur. Tu resteras pour elle un Dieu très doux. Ce n’est plus du sang, mais un miel céleste que tu verseras dans le calice violacé de ta violette… Je pleure… J’ai été ta disciple, en même temps que les autres, sur les chemins de montagne, dans les sentiers des forêts, ou sur les voies arides, poussiéreuses de la plaine, sur le lac comme près du beau fleuve de ta patrie. Désormais tu t’en vas, et je ne verrai plus qu’en souvenir Bethléem et Nazareth sur leurs vertes collines d’oliviers, Jéricho brûlée par le soleil au bruissement de ses palmiers, et Béthanie l’amie, ou encore Engaddi, cette perle perdue dans les déserts, pas plus que la belle Samarie, les plaines fertiles de Saron et d’Esdrelon, le haut-plateau bizarre d’au-delà du Jourdain, le cauchemar de la Mer Morte, les villes ensoleillées des bords de la Méditerranée, et surtout Jérusalem, la ville de ta souffrance, ses montées et ses descentes, les arcades, les places, les faubourgs, les puits et les citernes, les collines, et jusqu’à la triste vallée des lépreux où ta miséricorde s’est largement répandue… Et la maison du Cénacle… la fontaine qui pleure tout près… le petit pont sur le Cédron, l’endroit où tu as sué du sang… la cour du Prétoire…

Ah, non ! tout ce qui concerne ta soufffrance se trouve ici et y restera toujours… Je devrai chercher tous les autres souvenirs pour les retrouver, mais ta prière à Gethsémani, ta flagellation, ta montée au Golgotha, ton agonie et ta mort, la douleur de ta Mère, non, je n’aurai pas à les chercher : elles me sont toujours présentes. Peut-être les oublierai-je au Paradis.. mais il me paraît impossible de pouvoir les oublier, même là-bas… Je me rappelle jusqu’au moindre détail de ces heures atroces, jusqu’à la forme de la pierre sur laquelle tu es tombé, et même le bouton de rose rouge qui battait comme une goutte de sang sur le granit, contre la fermeture de ton tombeau…

Mon Amour tout divin, ta Passion vit dans ma mémoire… et m’en brise le cœur…

638.5

L’aurore s’est complètement levée. Le soleil est déjà haut sur l’horizon, et l’on entend la voix des apôtres. C’est un signal pour Jésus et Marie. Ils s’arrêtent, se regardent, l’un en face de l’autre, puis Jésus ouvre les bras et accueille sa Mère sur sa poitrine… Oh ! c’était bien un homme, un fils de femme ! Pour le croire, il suffit de regarder cet adieu ! L’amour déborde en une pluie de baisers sur la Mère tant aimée. L’amour couvre de baisers le Fils tant aimé. C’est à croire qu’ils ne pourront se séparer. Quand ils semblent le faire, une autre étreinte les unit encore et, parmi les baisers des paroles de réciproque bénédiction… Oh ! c’est vraiment le Fils de l’homme qui quitte celle qui l’a engendré ! C’est vraiment la Mère qui congédie son Fils pour le rendre au Père, c’est le gage de l’Amour à la Toute-Pure…

Dieu qui embrasse la Mère de Dieu !…

Finalement, la Femme, en tant que créature, s’agenouille aux pieds de son Dieu qui est pourtant son Fils, et le Fils, qui est Dieu, impose les mains sur la tête de sa Mère vierge, de l’éternelle Aimée, et il la bénit au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Puis il s’incline et la relève en déposant un dernier baiser sur son front blanc comme un pétale de lys sous l’or de ses cheveux si jeunes encore…

Ils repartent vers la maison et personne, en voyant la paix avec laquelle ils avancent l’un à côté de l’autre, ne penserait au flot d’amour qui les a dominés un peu plus tôt. Mais comme cet adieu est loin de la tristesse des autres adieux, désormais dépassés, et du déchirement de l’adieu de la Mère à son Fils mort qu’elle devait laisser seul au tombeau !

Cette fois, même si les yeux brillent des larmes naturelles d’une personne sur le point de se séparer de l’être aimé, les lèvres sourient à la joie de savoir que cet Aimé va dans la demeure qui convient à sa gloire…

638.6

« Seigneur ! Tous ceux que tu avais dit à ta Mère vouloir bénir aujourd’hui sont là dehors, entre le mont et Béthanie, signale Pierre.

– C’est bien. Nous irons les trouver. Mais venez d’abord. Je veux partager encore une fois le pain avec vous. »

Ils entrent dans la pièce où, dix jours plus tôt, se trouvaient les femmes pour la cène du quatorzième jour du second mois. Marie accompagne Jésus jusque là, puis elle se retire. Il reste Jésus et les Onze.

Sur la table sont disposés de la viande rôtie, des fromages et des olives noires, une petite amphore de vin et une d’eau, plus grande, ainsi que de larges pains. C’est une table simple, sans l’apparat de quelque cérémonie de luxe, mais uniquement parce qu’il faut bien que l’on mange.

Jésus offre et fait les parts. Il se tient au milieu, entre Pierre et Jacques, fils d’Alphée. C’est lui qui les a appelés à ces places. Jean, Jude et Jacques se trouvent en face de lui, Thomas, Philippe, Matthieu sont d’un côté, André, Barthélemy, le Zélote de l’autre. Ainsi tous peuvent voir leur Jésus… Le repas est bref, silencieux. Les apôtres, arrivés au dernier jour de proximité avec Jésus, et malgré les apparitions successives, collectives ou individuelles, à partir de la Résurrection, toutes pleines d’amour, n’ont jamais perdu cette retenue et cette vénération qui ont caractérisé leurs rencontres avec Jésus ressuscité.

638.7

Une fois le repas fini, Jésus ouvre les mains au-dessus de la table en faisant son geste habituel devant un fait inéluctable, et il dit :

« Voici venue l’heure où je dois vous quitter pour retourner vers mon Père. Ecoutez les dernières paroles de votre Maître.

Ne vous éloignez pas de Jérusalem ces jours-ci. Lazare, à qui j’ai parlé, a veillé une fois encore à réaliser les désirs de son Maître : il vous cède la maison de la dernière Cène pour que vous ayez une demeure où réunir l’assemblée et vous recueillir en prière. Restez à l’intérieur pendant ces jours, et priez avec assiduité pour vous préparer à la venue de l’Esprit Saint qui vous perfectionnera pour votre mission. Rappelez-vous que moi, qui pourtant suis Dieu, je m’étais préparé par une sévère pénitence à mon ministère d’évangélisateur. Ce sera toujours plus facile et plus court pour vous. Je n’exige rien d’autre de vous. Il me suffit que vous priiez assidûment, en union avec les soixante-douze disciples et sous la conduite de ma Mère, que je vous recommande avec l’empressement d’un fils. Elle sera pour vous une mère et une maîtresse d’amour et de sagesse parfaite.

J’aurais pu vous envoyer ailleurs pour vous préparer à recevoir l’Esprit Saint, mais je tiens à ce que vous restiez ici, car c’est Jérusalem négatrice qui doit s’étonner de voir se continuer les prodiges divins, accomplis pour répondre à ses réfutations.

Plus tard, l’Esprit Saint vous fera comprendre la nécessité que l’Eglise surgisse précisément dans cette ville qui, d’un point de vue humain, est la plus indigne de la posséder. Mais Jérusalem, c’est toujours Jérusalem, même si le péché y est à son comble et si c’est ici qu’a eu lieu le déicide. Cela ne lui servira à rien. Elle est condamnée. Mais si elle est condamnée, tous ses habitants ne le sont pas. Restez ici pour les rares justes qui s’y trouvent. Restez-y parce que c’est la cité royale et la cité du Temple. Comme les prophètes l’ont prédit ici, où le Roi Messie a été oint et acclamé et où il s’est levé, c’est à Jérusalem que doit commencer son règne sur le monde, et c’est ici encore, où la synagogue a reçu de Dieu le libelle de répudiation à cause de ses crimes trop horribles, que doit surgir le Temple nouveau vers lequel accourront toutes les nations.

Relisez les prophètes : ils ont tout prédit. Ma Mère d’abord, puis l’Esprit Paraclet, vous feront comprendre les paroles des Prophètes pour cette époque.

638.8

Restez ici jusqu’au moment où Jérusalem vous répudiera comme elle m’a répudié, et haïra mon Eglise comme elle m’a haï, en fomentant de noirs desseins pour l’exterminer. Alors portez ailleurs le siège de cette Eglise que j’aime, car elle ne doit pas périr.

Je vous le répète : l’enfer même ne prévaudra pas sur elle. Mais si Dieu vous assure de sa protection, ne tentez pas le Ciel en exigeant tout du Ciel.

Allez en Ephraïm comme votre Maître y est allé, parce que ce n’était pas l’heure pour lui d’être pris par ses ennemis. Sous ce nom d’Ephraïm, j’entends une terre d’idoles et de païens. Mais ce ne sera pas Ephraïm de Palestine que vous devez choisir comme siège de mon Eglise. Rappelez-vous combien de fois je vous ai parlé de cela, à vous tous ou à l’un de vous en particulier, et je vous ai prédit qu’il vous faudrait fouler les routes de la terre pour arriver à son cœur et fixer là mon Eglise. C’est du cœur de l’homme que le sang se diffuse dans tous les membres. C’est du cœur du monde que le christianisme doit se propager sur toute la terre.

Pour l’heure, mon Eglise est semblable à une créature déjà conçue, mais qui se forme encore dans la matrice. Jérusalem est cette matrice. Son cœur encore menu répand ses petites ondes de sang aux membres peu nombreux de l’Eglise naissante. Mais une fois arrivée l’heure marquée par Dieu, la matrice marâtre expulsera la créature qui s’est formée en son sein. Celle-ci partira vers une terre nouvelle, où elle grandira pour devenir un grand Corps qui s’étendra sur toute la terre, et les battements du cœur de l’Eglise devenu fort se propageront dans tout son grand Corps. Le cœur de l’Eglise, affranchie de tout lien avec le Temple, éternelle et victorieuse sur les ruines du Temple détruit, battra au cœur du monde pour dire aux juifs comme aux païens que Dieu seul triomphe et veut ce qu’il veut, et que ni la haine des hommes ni les troupes d’idoles n’arrêtent sa volonté.

Mais cela viendra par la suite, et en ce temps-là vous saurez quoi faire. L’Esprit de Dieu vous conduira. Ne craignez pas.

Pour le moment, réunissez à Jérusalem la première assemblée de fidèles. Puis d’autres assemblées se formeront à mesure que leur nombre grandira. En vérité, je vous dis que les habitants de mon Royaume se multiplieront comme des semences jetées dans une excellente terre. Mon peuple se propagera par toute la terre.

Le Seigneur dit[3] au Seigneur : “ Parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. ” Bénédiction est mon nom, mon signe et ma loi, là où ils sont reconnus souverains.

638.9

L’Esprit Saint, le Sanctificateur, va venir et vous en serez remplis. Faites en sorte d’être purs comme tout ce qui doit approcher le Seigneur. J’étais Seigneur, moi aussi, comme lui. Mais sur ma Divinité, j’avais endossé un vêtement pour pouvoir être parmi vous, et non seulement pour vous instruire et vous racheter par les organes et le sang de ce vêtement, mais aussi pour porter le Saint des Saints parmi les hommes, sans qu’il soit inconvenant que tout homme, même impur, puisse poser les yeux sur celui que craignent de contempler les séraphins.

Mais l’Esprit Saint viendra sans être voilé par la chair, il se posera sur vous, il descendra en vous avec ses sept dons et il vous conseillera.

Maintenant, le conseil de Dieu est une grâce si sublime qu’il convient de vous préparer par une volonté héroïque à une perfection qui vous rende semblables à votre Père et à votre Jésus, et à votre Jésus dans ses rapports avec le Père et l’Esprit Saint. Ayez donc une charité parfaite et une pureté parfaite, pour pouvoir comprendre l’Amour et le recevoir sur le trône de votre cœur.

638.10

Perdez-vous dans le gouffre de la contemplation. Efforcez-vous d’oublier que vous êtes des hommes, essayez de vous changer en séraphins. Lancez-vous dans la fournaise, dans les flammes de la contemplation. La contemplation de Dieu ressemble à une étincelle qui jaillit du choc du silex contre le briquet et produit feu et lumière. Le feu est purification, il consume la matière opaque et toujours souillée et la transforme en une flamme lumineuse et pure.

Vous n’aurez pas le Royaume de Dieu en vous si vous n’avez pas l’amour. En effet, le Royaume de Dieu, c’est l’Amour ; il apparaît avec l’amour, et par l’amour il s’établit en vos cœurs au milieu de l’éclat d’une lumière immense qui pénètre et féconde, enlève l’ignorance, donne la sagesse, dévore l’homme et crée le dieu, le fils de Dieu, mon frère, le roi du trône que Dieu a préparé pour ceux qui se donnent à lui pour avoir Dieu, Dieu seul. Soyez donc purs et saints grâce à l’oraison ardente qui sanctifie l’homme, parce qu’elle le plonge dans le feu de Dieu qu’est la charité.

Vous devez être saints. Non pas dans le sens relatif que ce mot avait jusqu’alors, mais dans le sens absolu que je lui ai donné en vous proposant la sainteté du Seigneur comme exemple et comme limite, c’est-à-dire la sainteté parfaite. Chez nous, on qualifie de saints le Temple et l’endroit de l’autel, et de Saint des Saints le lieu voilé où se trouvent l’arche et le propitiatoire. Mais je vous dis en vérité que ceux qui possèdent la grâce et vivent saintement par amour pour le Seigneur sont plus saints que le Saint des Saints, parce que Dieu ne se pose pas seulement sur eux, comme sur le propitiatoire qui est dans le Temple pour transmettre ses ordres, mais il habite en eux pour leur donner son amour.

638.11

Vous rappelez-vous mes paroles de la dernière Cène ? Je vous avais alors promis l’Esprit Saint. Il est sur le point de venir vous baptiser, non plus avec l’eau comme Jean l’a fait avec vous pour vous préparer à moi, mais avec le feu pour vous préparer à servir le Seigneur comme il le veut. Dans quelques jours, il sera ici. Après sa venue, vos capacités vont croître sans mesure et vous serez capables de comprendre les paroles de votre Roi et de faire les œuvres qu’il vous a demandé d’accomplir pour étendre son Royaume sur la terre.

– Après la venue de l’Esprit Saint, vas-tu donc reconstruire le Royaume d’Israël ? demandent-ils en l’interrompant.

– Il n’y aura plus de Royaume d’Israël, mais mon Royaume. Et il s’accomplira quand mon Père l’a décidé. Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père s’est réservés en son pouvoir. Mais vous, en attendant, vous recevrez la force de l’Esprit Saint qui viendra sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux confins de la terre, en fondant des assemblées là où des hommes sont réunis en mon nom ; en baptisant les gens au nom très saint du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, comme je vous l’ai dit, pour qu’ils aient la grâce et vivent dans le Seigneur ; en prêchant l’Evangile à toutes les créatures, en enseignant ce que je vous ai enseigné, en faisant ce que je vous ai commandé. Et moi, je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

638.12

Et je veux encore ceci : ce sera Jacques, mon frère, qui présidera l’assemblée de Jérusalem.

Pierre, comme chef de toute l’Eglise, devra souvent entreprendre des voyages apostoliques, parce que tous les néophytes désireront connaître le Pontife, chef suprême de l’Eglise. Mais l’ascendant de mon frère sur les fidèles de cette première Eglise sera grand. Les hommes sont toujours des hommes, et ils voient en hommes. Il leur semblera que Jacques prend ma suite, uniquement parce qu’il est mon frère. En vérité, je vous dis qu’il est plus grand et semblable au Christ par sa sagesse que par sa parenté. Mais c’est ainsi. Les hommes, qui ne me cherchaient pas pendant que j’étais parmi eux, me chercheront maintenant en mon parent. D’ailleurs, Simon-Pierre, tu es destiné à d’autres honneurs…

– Que je ne mérite pas, Seigneur. Je te l’ai dit quand tu m’es apparu et je te le répète en présence de tous. Tu es non seulement sage, mais aussi bon, divinement bon, et c’est avec justice que tu as jugé que moi, qui t’ai renié dans cette ville, je n’étais pas fait pour en être le chef spirituel. Tu veux m’épargner des mépris bien fondés… »

Mais, de sa place, Jacques s’incline pour rendre hommage à Pierre :

« Nous avons tous été pareils, Simon, sauf deux. Moi aussi, j’ai fui. Ce n’est pas à cause de cela, mais à cause des raisons qu’il a données, que le Seigneur m’a destiné à cette place ; mais tu es mon chef, Simon, fils de Jonas. Je te reconnais comme tel, et en présence du Seigneur et de tous les compagnons, je te promets obéissance. Je ferai de mon mieux pour t’aider dans ton ministère, mais, je t’en prie, donne-moi tes ordres, car tu es le Chef et moi ton subordonné. Quand le Seigneur m’a rappelé une lointaine conversation[4], j’ai incliné la tête pour signifier : “ Qu’il soit fait selon ta volonté. ” C’est ce que je te dirai à partir du moment où, le Seigneur nous ayant quittés, tu seras son représentant sur la terre. Et nous nous aimerons en nous aidant dans le ministère sacerdotal.

– Oui, aimez-vous et aidez-vous mutuellement, parce que c’est mon commandement nouveau et le signe que vous appartenez vraiment au Christ.

638.13

Que rien ne vous trouble. Dieu est avec vous. Vous pouvez faire ce que je veux de vous. Je ne vous imposerais rien que vous ne puissiez accomplir, car je ne veux pas votre perte, mais votre gloire.

Je vais préparer votre place à côté de mon trône. Soyez unis à moi et au Père dans l’amour. Pardonnez au monde qui vous hait. Appelez fils et frères ceux qui viennent à vous, ou sont déjà avec vous par amour pour moi.

Soyez dans la paix, avec la certitude que je suis toujours prêt à vous aider à porter votre croix. Je serai avec vous dans les fatigues de votre ministère et à l’heure des persécutions ; vous ne périrez pas, vous ne succomberez pas, même si ceux qui voient avec les yeux du monde en auront l’impression. Vous serez accablés, affligés, lassés, torturés, mais ma joie sera en vous, car je vous aiderai en tout. En vérité, je vous dis que, lorsque vous aurez pour Ami l’Amour, vous comprendrez que tout ce que l’on subit et vit par amour pour moi devient léger, même la lourde torture du monde. Car pour celui qui revêt d’amour chaque acte volontaire ou imposé, le joug de la vie et du monde se change en un joug proposé par Dieu, par moi. Et, je vous le répète, la charge que je vous impose est toujours proportionnée à vos forces, et mon joug est léger, car je vous aide à le porter.

638.14

Vous le savez, le monde ne sait pas aimer. Mais vous, dorénavant, aimez le monde d’un amour surnaturel pour le lui apprendre. Et s’ils vous disent en vous voyant persécutés : “ Est-ce ainsi que Dieu vous aime ? En vous faisant souffrir, en étant la cause de votre douleur ? Ce n’est pas la peine d’appartenir à Dieu ! ”, répondez : “ La douleur ne vient pas de Dieu, mais Dieu la permet. Nous en savons la raison et nous nous glorifions d’avoir la part qu’a eue le Sauveur Jésus, Fils de Dieu. ” Répondez : “ Nous nous glorifions d’être crucifiés et de continuer la Passion de notre Jésus. ” Répondez par ces paroles tirées du livre de la Sagesse[5] : “ C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde ” et “ Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la souffrance des vivants. Tout ce qu’il a créé est vie et salut. ” Répondez : “ A présent nous semblons persécutés et vaincus, mais au jour de Dieu, les sorts sont inversés : nous les justes, qui étions persécutés sur la terre, nous serons glorieux devant ceux qui nous ont tourmentés et méprisés. ”

Mais ajoutez à cela : “ Venez à nous ! Venez à la vie et à la paix. Notre Seigneur ne veut pas votre perte, mais votre salut. Il a donné son Fils bien-aimé afin que vous soyez tous sauvés. ”

638.15

Réjouissez-vous donc de participer à mes souffrances pour pouvoir être ensuite avec moi dans la gloire. “ Je serai […] ta très grande récompense ”, a promis[6] le Seigneur à Abraham, et en lui à tous ses fidèles serviteurs. Vous savez comment conquérir le Royaume des Cieux : par la force, et en passant par de nombreuses tribulations. Mais celui qui persévère, comme moi j’ai persévéré, sera là où je suis.

Je vous ai dit quels sont le chemin et la porte qui conduisent au Royaume des Cieux. Je suis le premier à avoir emprunté ce chemin et je suis retourné au Père par cette porte. S’il y avait une autre voie, je vous l’aurais indiquée, car j’ai pitié de votre faiblesse d’hommes. Mais il n’y en a pas d’autre… En vous l’indiquant comme unique chemin et unique porte, je vous répète quel est le remède qui donne la force nécessaire pour y passer : c’est l’amour, toujours l’amour. Tout devient possible quand nous avons l’amour en nous. Et tout l’amour vous sera donné par l’Amour qui vous aime, si vous demandez en mon nom assez d’amour pour devenir des athlètes de sainteté.

638.16

Maintenant, donnons-nous le baiser d’adieu, mes amis bien-aimés. »

Il se lève pour les embrasser. Tous l’imitent. Mais alors que Jésus a un sourire paisible, d’une beauté vraiment divine, eux pleurent. Ils sont tous troublés. Jean, secoué par des sanglots qui lui rompent la poitrine tant ils sont déchirants, s’abandonne sur la poitrine de Jésus. Voyant le désir de tous, il demande en leur nom :

« Donne-nous au moins ton Pain pour qu’il nous fortifie à cette heure !

– Qu’il en soit ainsi ! » lui répond Jésus.

Prenant un pain, il le partage en morceaux après l’avoir offert et bénit, en disant les paroles rituelles. Il fait la même chose avec le vin, en répétant ensuite : “ Faites ceci en mémoire de moi ”, mais il ajoute : “ qui vous ai laissé ce gage de mon amour pour être encore et toujours avec vous, jusqu’à ce que vous soyez avec moi au Ciel. ”

Il les bénit et dit :

« Maintenant, partons. »

638.17

Ils sortent de la pièce, de la maison…

Jonas, Marie, son épouse, et Marc, leur fils, sont là dehors, et ils s’agenouillent pour adorer Jésus.

« Que la paix reste avec vous, et que le Seigneur vous récompense pour tout ce que vous m’avez donné » dit Jésus en guise de bénédiction.

Marc se lève pour l’avertir :

« Seigneur, les oliviers, le long du chemin de Béthanie, sont remplis de disciples qui t’attendent.

– Va leur demander de se diriger vers le champ des Galiléens. »

Marc s’éloigne de toute la vitesse de ses jeunes jambes.

« C’est donc que tous sont venus » se disent les apôtres.

638.18

Plus loin, assise entre Marziam et Marie, femme de Cléophas, se trouve la Mère du Seigneur. Elle se lève en le voyant venir, pour l’adorer de tous les battements de son cœur de Mère et de fidèle.

« Viens, Mère, et toi aussi, Marie… » les invite Jésus en les voyant arrêtées, clouées sur place par sa majesté qui resplendit comme au matin de la Résurrection.

Comme il ne veut pas qu’elles en soient accablées, il demande affablement à Marie, femme d’Alphée :

« Tu es seule ?

– Les autres… les autres ont pris de l’avance… Elles sont avec les bergers, avec Lazare et toute sa famille… Mais elles nous ont laissées ici, nous, parce que… Oh ! Jésus ! Jésus ! Jésus !… Comment tiendrai-je sans te voir, Jésus béni, mon Dieu, moi qui t’ai aimé avant même ta naissance, moi qui ai tant pleuré à cause de toi quand je ne savais pas où tu étais après le massacre… moi qui ai trouvé mon soleil dans ton sourire quand tu es revenu, et ai reçu tout bien de toi ?… Que de bienfaits tu m’as accordés ! Maintenant, je deviens vraiment pauvre, veuve, seule… Tant que tu étais là, j’avais tout… Je croyais avoir tout connu de la souffrance, ce soir-là… Mais la douleur elle-même, toute la douleur de ce jour, m’avait hébétée et… oui, elle était moins forte que maintenant… Du reste, tu devais ressusciter. Il me semblait ne pas le croire, mais je m’aperçois aujourd’hui que je le croyais, car je n’éprouvais pas ce que j’éprouve actuellement… »

Elle pleure et suffoque sous les sanglots.

« Ma bonne Marie, tu t’affliges vraiment comme un enfant qui croit que sa mère ne l’aime pas et l’a abandonné parce qu’elle est allée en ville lui acheter des cadeaux qui feront sa joie, un enfant qui ignore qu’elle sera bientôt de retour pour le couvrir de caresses et de présents. N’est-ce pas ce que je fais avec toi ? Est-ce que je ne vais pas te préparer ta joie ? Est-ce que je ne pars pas pour revenir te dire : “ Viens, ma bien-aimée parente et disciple, toi la mère de mes disciples bien-aimés ” ? Est-ce que je ne te laisse pas mon amour ? Je te fais le don de mon amour, Marie ! Tu sais bien que je t’aime ! Ne pleure pas ainsi, mais réjouis-toi, car tu ne me verras plus méprisé, épuisé, poursuivi, et riche seulement de l’amour d’un petit nombre. Et avec mon amour, je te laisse ma Mère. Jean sera son fils, mais toi, sois pour elle une bonne sœur comme toujours. Tu vois ? Elle ne pleure pas, ma Mère. Elle sait que, si la nostalgie de moi sera la lime qui lui rongera le cœur, l’attente sera brève par rapport à la grande joie d’une éternité d’union, et elle sait aussi que notre séparation ne sera pas absolue au point de lui faire s’écrier : “ Je n’ai plus de Fils. ” C’était le cri de douleur du jour de la douleur. Maintenant, dans son cœur, chante l’espérance : “ Je sais que mon Fils monte vers le Père, mais il ne me privera pas de son amour spirituel. ” C’est ce que tu crois toi, et tous…

638.19

Voici les uns et les autres. Voici mes bergers. »

Apparaissent le visage de Lazare et de ses sœurs au milieu de tous les serviteurs de Béthanie, le visage de Jeanne semblable à une rose sous un voile de pluie, ceux d’Elise et de Nikê, déjà marqués par l’âge — c’est maintenant la peine qui creuse leurs rides, car c’est toujours une peine pour la créature, même si l’âme jubile à la vue du triomphe du Seigneur — et celui d’Anastasica, et encore les visages de lys des premières vierges, l’ascétique visage d’Isaac et celui, inspiré, de Matthias, le visage viril de Manahen et ceux, austères, de Joseph et de Nicodème… Visages, visages, visages…

Jésus appelle auprès de lui les bergers, Lazare, Joseph, Nicodème, Manahen, Maximin, tous ceux qui font partie des soixante-douze disciples. Mais il garde surtout près de lui les bergers pour leur signifier :

« Venez ici, vous qui vous êtes approchés du Seigneur descendu du Ciel, qui vous êtes penchés sur son anéantissement, venez tout près du Seigneur qui retourne au Ciel, avec vos âmes heureuses de sa glorification. Vous avez mérité cette place car vous avez su croire malgré les circonstances défavorables et vous avez su souffrir pour votre foi. Je vous remercie tous de votre amour fidèle.

Je vous remercie tous. Toi, Lazare, mon ami. Toi, Joseph, et toi, Nicodème, qui avez tant fait preuve de pitié pour le Christ quand cela pouvait être un grand danger. Toi, Manahen, qui as su mépriser les faveurs sordides d’un être immonde pour marcher sur mon chemin. Toi, Etienne, fleur couronnée de justice qui as quitté l’imparfait pour le parfait et qui seras couronné d’un diadème que tu ne connais pas encore, mais que les anges t’annonceront. Toi, Jean, qui es pour un bref moment mon frère au sein très pur[7] et qui es venu à la Lumière plus qu’à la vue. Toi, Nicolaï le prosélyte, qui as su me consoler de la douleur des fils de cette nation. Et vous, mes disciples bonnes et plus courageuses, dans votre douceur, que Judith.

638.20

Quant à toi, Marziam, mon enfant, tu porteras désormais le nom de Martial[8], en souvenir du petit Romain tué sur le chemin et déposé à la grille de Lazare avec un écriteau de défi : “ Demande maintenant au Galiléen de te ressusciter, s’il est le Christ et s’il est vraiment ressuscité. ” Ce petit garçon était le dernier des innocents de Palestine qui ont perdu la vie pour me servir — bien qu’inconsciemment —, les prémices des innocents de toute nation qui, venus au Christ, seront pour cela haïs et tués prématurément, comme des boutons de fleurs arrachés à leur tige avant d’éclore. Et ce nom, Martial, t’indique ton destin futur : sois apôtre en des terres barbares et conquiers-les à ton Seigneur comme mon amour a conquis le jeune Romain pour le Ciel.

638.21

Je vous bénis tous au moment de cet adieu, et je demande au Père de vous accorder la récompense de ceux qui ont consolé le douloureux chemin du Fils de l’homme.

Bénie soit la partie choisie de l’humanité qui existe chez les juifs comme chez les païens, et qui s’est montrée dans l’amour qu’elle a eu pour moi.

Bénie soit la terre avec ses plantes et ses fleurs, ses fruits qui tant de fois m’ont fait plaisir et m’ont restauré. Bénie soit-elle avec ses eaux et ses tiédeurs, ses oiseaux et ses animaux qui bien des fois ont surpassé les êtres humains pour réconforter le Fils de l’homme. Béni sois-tu, soleil et toi, mer, et vous, montagnes, collines et plaines. Bénies soyez-vous, étoiles qui avez été pour moi des compagnes dans la prière nocturne et dans la douleur. Et toi aussi, lune qui m’as éclairé pour me diriger dans mon pèlerinage d’évangélisateur.

Soyez bénies, toutes les créatures, qui êtes l’œuvre de mon Père, mes compagnes en cette heure mortelle, les amies de celui qui avait quitté le Ciel pour enlever à l’humanité affligée les tribulations dues à la Faute qui coupe de Dieu.

Et bénis soyez-vous, instruments innocents de ma torture : épines, métaux, bois, cordages tordus, parce que vous m’avez aidé à accomplir la volonté de mon Père ! »

Quelle voix de tonnerre a Jésus ! Elle se répand dans l’air chaud et paisible comme le son d’un bronze qu’on a frappé, elle se propage en ondes sur la mer des visages qui le regardent de tous côtés.

638.22

Ils sont des centaines à entourer Jésus qui monte, avec les plus aimés, vers le sommet de l’Oliveraie. Arrivé près du champ des Galiléens — où il n’y a plus de tentes à cette époque entre les deux fêtes —, Jésus ordonne aux disciples :

« Faites arrêter les gens là où ils se trouvent, puis suivez-moi. »

Il gravit encore le sommet le plus haut de la montagne, celle qui est déjà plus proche de Béthanie — qu’elle domine — que de Jérusalem. Sa Mère, les apôtres, Lazare, les bergers et Martial se pressent autour de lui. Plus loin, les autres disciples forment un demi-cercle pour tenir en arrière la foule des fidèles.

638.23

Jésus est debout sur une large pierre qui dépasse un peu, toute blanche au milieu de l’herbe verte d’une clairière. Il est inondé de soleil, ce qui rend son vêtement blanc comme neige et fait briller comme de l’or ses cheveux. Ses yeux brillent d’une lumière divine.

Il ouvre les bras en un geste d’étreinte. Il paraît vouloir serrer sur son sein toutes les multitudes de la terre que son esprit voit représentées dans cette foule.

Son inoubliable, son inimitable voix donne son dernier ordre :

« Allez en mon nom évangéliser jusqu’aux extrémités de la Terre. Que Dieu soit avec vous, que son amour vous réconforte, que sa lumière vous guide, que sa paix demeure en vous jusqu’à la vie éternelle. »

Il se transfigure en beauté. Qu’il est beau ! Beau comme sur le Thabor, davantage encore. Tous tombent à genoux pour l’adorer. Tandis que déjà il se soulève de la pierre sur laquelle il est posé, il cherche encore une fois le visage de sa Mère, et son sourire atteint une puissance que personne ne pourra jamais rendre… C’est son dernier adieu à sa Mère.

Il s’élève, s’élève… Le soleil, encore plus libre de l’embrasser, maintenant que nul feuillage, même léger, ne vient intercepter ses rayons, frappe de son éclat le Dieu-Homme qui monte avec son corps très saint au Ciel, et dévoile ses plaies glorieuses qui resplendissent comme de vifs rubis.

Le reste est un sourire de lumière nacrée. C’est vraiment la Lumière qui se manifeste pour ce qu’elle est, en ce dernier instant comme dans la nuit de la Nativité. La Création étincelle de la lumière du Christ qui s’élève. Lumière qui dépasse celle du soleil… Lumière surnaturelle et bienheureuse… Lumière qui descend du Ciel à la rencontre de la Lumière qui monte…

Et Jésus Christ, le Verbe de Dieu, disparaît de la vue des hommes dans un océan de splendeurs…

Sur terre, deux bruits seulement rompent le silence profond de la foule en extase : le cri de Marie quand il disparaît : “ Jésus ! ” et la plainte d’Isaac.

Un étonnement religieux a rendu les autres muets, et ils restent là, jusqu’à ce que deux lumières angéliques d’une extraordinaire pureté apparaissent sous une forme humaine, pour dire les paroles[9] rapportées dans le premier chapitre des Actes des Apôtres.

638.1

As the day dawns the eastern sky is tinged with a light rosy hue. Jesus is walking with His Mother along the slopes of Gethsemane. No words are spoken, only glances of indescribable love are visible. Words have probably already been spoken. Perhaps they were never uttered. The two souls have spoken: Christ’s and Christ’s Mother’s. Now it is loving contemplation, reciprocal contemplation. The dewy nature, the pure morning light are acquainted with it, the kind creatures of God: the herbs, flowers, birds, butterflies are acquainted with it. Men are absent.

638.2

I feel even ill at ease being present at this farewell. «Lord, I am not worthy!» I exclaim among the tears falling from my eyes, as I look at the last hour of the earthly union of the Mother and Her Son, and I consider that we have come to the end of the loving fatigue, that is Jesus, Mary and the poor, little unworthy child, whom Jesus wanted as witness of all the Messianic time, and whose name is Mary, but whom Jesus loves to call «little John» or also the «sweet violet of the Cross.»

Yes. Little John. Little, because I am a nonentity. John, because I am really the one to whom God has done great favours, and because, in an infinitesimal measure – but it is all I possess, and by giving everything that I possess I know that I give in a perfect measure that pleases Jesus, because He is the «all» of my nothing – and because in an infinitesimal measure, I, as the great beloved John, have given all my love to Jesus and to Mary, sharing tears and smiles with them, following them, anguished at seeing them distressed and at not being able to defend them from the hatred of the world at the cost of my very life, and now palpitating with the throbs of their hearts for what ends forever…

Yes, sweet violet. A sweet violet that has tried to remain hidden among the grass so that Jesus should not avoid it, as He loved all created things so much, since they are the work of His Father, but He should press me under His divine foot, and I might die exhaling my light scent in the effort to sweeten His contact with the rough hard earth. Yes, sweet violet of the Cross. And His Blood filled my calyx even to make it bend on the ground…

Oh! my Beloved Who, first, filled me with Your Blood, making me contemplate Your wounded feet, nailed to the wood «… and at the foot of the cross there was a little plant of sweet-smelling violets in bloom, and drops of the divine Blood were falling on the little plant of sweet-smelling violets in bloom…» A remote recollection[1], and always so close and present! A preparation to what I was later: Your mouthpiece who is now completely besprinkled with Your Blood, with Your perspiration and tears, with the tears of Mary Your Mother, but who also knows Your words, Your smiles, everything, everything about You, and no longer smells of sweet-smelling violets but of You alone, my One and Only Love, of that divine perfume that yesterday evening lulled my sorrow, and comes to me, as sweet as a kiss, as comforting as Heaven itself, and makes me forget everything to live only in You…

638.3

I have Your promise[2] in me. I know that I shall not lose You. You have promised me and Your promise is sincere: it is the promise of God. I will still have You, forever. Only if I sinned of pride, falsehood, disobedience, I should lose You, You said so, but You know that, with Your Grace supporting my will, I do not want to sin, and I hope that I will not sin, because You will support me. I am not an oak-tree. I know. I am a sweet violet. A frail stalk that can be bent by the foot of a little bird and also by the weight of a scarab. But You are my strength, o Lord. And my love for You is my wing.

I shall not lose You. You have promised me. You will come, entirely for me, to give joy to Your dying sweet violet. But I am not selfish, Lord. You know. You know that I should like You to be seen no longer by me, but to be seen by many more people, whom I should like to believe in You. You have already given me so much, and I am not worthy of it. You have really loved me as You alone know how to love Your beloved children.

638.4

I think of how pleasant it was to see You «live» as Man among men. And I think that I shall no longer see You so. Everything has been seen and said. I also know that You will not be canceled out of my thought in Your actions of Man amongst men, and that I shall need no books to remember You as You really were: it will be enough for me to look within myself, where all Your life is fixed with indelible letters. But it was sweet, sweet…

Now You are going to ascend… The Earth will lose You. Mary of the Cross will lose You, Master Saviour. You will remain for her the most sweet God, and You will no longer pour Blood but celestial honey into the violet calyx of Your sweet violet… I am weeping… I have been Your disciple with the other women disciples along the roads of mountains and forests, along the barren dusty roads of the plains, on the lake and near the lovely river of Your Fatherland. You are now going away and only in my memory I shall see Bethlehem and Nazareth on their hills green with olive-trees, and Jericho burning in the sun and with its rustling palm-trees, and friendly Bethany, and Engedi, a pearl lost in the deserts, and beautiful Samaria, and the fertile plains of Sharon and Esdraelon, and the strange tableland beyond the Jordan, and the nightmare of the Dead Sea, and the sunny towns on the Mediterranean coasts, and Jerusalem, the town of Your sorrow, its roads uphill and downhill, the archivolts, the squares, the suburbs, the wells and cisterns, the hills and even the sad valley of the lepers, where so much of Your mercy was effused… And the house of the Supper room… the little fountain weeping nearby… the little bridge on the Kidron, the place where You sweated blood… the court-yard of the Praetorium…

Ah, no! everything that is Your sorrow is here. It will remain forever… I shall have to look for all the souvenirs to find them, but Your prayer at Gethsemane, Your scourging, Your ascent to Golgotha, Your agony and death, and the sorrow of Your Mother, no, I shall not have to look for them: they are always present. I may forget them in Paradise… and it seems impossible to me that they can be forgotten even there… I remember everything of those dreadful hours. Even the shape of the stone on which You fell. Even the bud of a red rose that knocked against the stone that closed Your sepulchre, and looked like a drop of blood on the granite… My most divine Love, Your Passion lives in my mind… and it breaks my heart…

638.5

The day has dawned completely. The sun is already high and the voices of the apostles can be heard. It is a signal for Jesus and Mary. They stop. They look at each other, One in front of the Other, then Jesus opens His arms and presses His Mother to His chest… Oh! He was really a Man, the Son of a Woman! To believe it is enough to watch this farewell! Love overflows in a shower of kisses for the beloved Mother. Love covers the beloved Son with kisses. They seem unable to part. When they seem to be on the point of doing so, another embrace joins them again and among the kisses words of reciprocal blessings are uttered… Oh! it is really the Son of Man Who is leaving Her Who gave birth to Him! It is really the Mother Who, in order to give Him back to the Father, dismisses Her Child, the Token of the Love for the Most Pure Mother… God Who kisses the Mother of God!…

Finally the Woman, as a creature, kneels at the feet of Her God, Who is also Her Son, and Her Son, Who is God, imposes His hands on the head of the Virgin Mother, of the Eternal Beloved, and blesses Her in the Name of the Father, of the Son and of the Holy Spirit, and then He bends and lifts Her up, with a last kiss on Her forehead, which is as white as a petal of a lily under Her golden hair still so young-looking…

They go once again towards the house, and no one, seeing how calmly they proceed One beside the Other, would think of that wave of love that overwhelmed them shortly before. But how much difference there is also, in this farewell, from the sadness of other farewells of the past and from the torture of the farewell of the Mother to Her Son Who had been killed and was to be left all alone in the Sepulchre!… In the present case, although their eyes are shining with the natural tears of those who depart from their Beloved ones, their lips smile out of joy knowing that this Beloved is going to the Abode befitting His Glory…

638.6

«Lord! Out there, between the mountain and Bethany are all those that You told Your Mother You wanted to bless today» says Peter.

«All right. We will go to them now. But come first. I want to share the bread once again with all of you.»

They go into the room where ten days previously were the women for the supper of the fourteenth day of the second month. Mary accompanies Jesus so far, then She withdraws. Jesus remains with the eleven.

On the table there is some roasted meat, some cheese and small black olives, a small amphora of wine and a larger one with water, and some broad loaves of bread. A simple table, not set for an important ceremony, but only for the necessity of taking some food.

Jesus offers and makes the portions. He is in the centre between Peter and James of Alphaeus. He has called them to those places. John, Judas of Alphaeus and James are in front of Him, Thomas, Philip and Matthew are on one side, Andrew, Bartholomew and the Zealot are on the other. So everybody can see Jesus… A quick, silent meal. The apostles, who are at their last day with Jesus, not-withstanding that the subsequent apparitions, both collective and individual, from the Resurrection onwards, have been full of love, have never got out of that reserve and veneration that have characterised their meetings with the Risen Jesus.

The meal is over.

638.7

Jesus opens His hands over the table, with His usual gesture when facing an unavoidable fact, and says:

«Well. The hour has come when I have to leave you to go back to My Father. Listen to the last words of your Master.

Do not go away from Jerusalem during these days. Lazarus, to whom I have spoken, has seen to the fulfilment of the desires of his Master, and he gives you the house of the Last Supper, so that you may have a residence where to hold meetings and concentrate in prayer. Remain there during these days and pray assiduously to be prepared for the coming of the Holy Spirit, Who will complete you for your mission. Remember that I, although I was God, prepared Myself with severe penance for My ministry of evangelizer. Your preparation will be easier and easier and shorter and shorter. But I do not exact anything else from you. It is sufficient that you pray assiduously, together with the seventy-two and under the guide of My Mother, Whom I entrust to you with the concern of a Son. She will be for you a Mother and Teacher of love and perfect wisdom.

I could have sent you elsewhere to prepare yourselves to receive the Holy Spirit, instead I want you to remain here, because it is Jerusalem, the denier, that must be astonished at the continuation of the divine prodigies, which are given in reply to its denials. Later, the Holy Spirit will make you understand the necessity that the Church should arise just in this town, that from a human point of view is the most unworthy of having it. But Jerusalem is always Jerusalem, even if sin overwhelms it and the deicide was accomplished here. Nothing will be of avail to it. It is condemned. But if it is condemned, not all its citizens are condemned. Remain here for the few just people who are in its bosom, and remain here because this is the royal town and the town of the Temple, and because, as predicted by the prophets, here, where the King Messiah has been anointed and acclaimed and raised, here is to begin His kingdom over the world, and here again, where the synagogue received the libel of repudiation from God for its too many horrible crimes, the new Temple is to arise, and the peoples of all countries will come to it.

Read the prophets[3]. Everything is predicted in them. My Mother first, the Spirit Paraclete later, will make you understand the words of the prophets for this period of time.

638.8

Remain here until Jerusalem repudiates you as it repudiated Me, and hates My Church as it hated Me, brooding over plots to exterminate it. Then take the See of this beloved Church of Mine elsewhere, because it must not perish. I tell you: not even hell shall prevail against it. But if God gives you the assurance of His protection, do not tempt Heaven by exacting everything from Heaven. Go to Ephraim as your Master went there because it was not the hour for Him to be caught by His enemies. I say Ephraim, meaning the land of idols and heathens. But it is not Ephraim in Palestine that you must choose as the See of My Church. Remember how many times, I spoke of this to you, all united or to one individually, foretelling you that you would go along the roads of the Earth to arrive at the heart of it and establish My Church there. It is from the heart of man that blood circulates through all the members. It is from the heart of the world that Christianity must spread all over the Earth.

At present My Church is like a creature that has already been conceived but is still forming in the matrix. Jerusalem is its matrix, and inside it the still tiny heart, around which the few members of the dawning Church gather, gives its small waves of blood to these members. But, when the hour marked by God comes, the stepmotherly matrix will expel the creature that formed in its womb, and it will go to a new land, and it will grow there becoming a great Body spread all over the Earth, and the throbs of the strong heart of the Church will propagate to all the great Body. The throbs of the heart of the Church, freed from all ties with the Temple, eternal and victorious over the ruins of the perished and destroyed Temple, living in the heart of the world, will tell Hebrews and Gentiles that God alone triumphs and wants what He wants, and that no hatred of men or group of idols can stop His will.

But this will happen later, and at that time you will know what to do. The Spirit of God will lead you. Be not afraid. For the time being hold the first meeting of the believers in Jerusalem. Then more meetings will take place as their numbers grow. I truly tell you that the citizens of My Kingdom will increase rapidly like seeds sown in very good soil. My people will spread all over the Earth. The Lord says[4] to the Lord: “Because you have done this, and for My sake you have not spared yourself, I will bless you and I will make your descendants as many as the stars of heaven and the grains of sand on the seashore. Your descendants shall gain possession of the gates of their enemies and in your descendants all the nations of the Earth shall be blessed”. My Name, My Sign and My Law are blessings, wherever they are known as sovereigns.

638.9

The Holy Spirit, the Sanctifier is about to come and you will be replete with Him. Ensure that you are as pure as everything that is to approach the Lord. I also was Lord like Him. But I had put on a garment over My Divinity to be able to stay among you, and not only to teach you and redeem you with the organs and the blood of that garment, but also to bring the Holy of Holies among men, without it being unbecoming that every man, even an impure one, could lay his eyes on Him, Whom the Seraphim are afraid of looking at. But the Holy Spirit will come without the veil of flesh, and will alight on you and will descend in you with His seven gifts and will advise you. Now, the advice of God is such a sublime thing, that it is necessary to be prepared for it with a heroic will of a perfection that may make you resemble your Father and your Jesus, and your Jesus in His relationship with the Father and with the Holy Spirit. Therefore, perfect charity and perfect love in order to be able to understand the Love and receive Him on the thrones of your hearts.

638.10

Get lost in the eddy of contemplation. Strive to forget that you are men and strive to change into Seraphim. Throw yourselves into the furnace, into the flames of contemplation. The contemplation of God is like a spark that flashes from the friction of steel on flint-stone and gives fire and light. The fire that consumes the opaque and always impure matter and transforms it into bright and pure flame is purification.

You will not have the Kingdom of God in you, if you do not have love. Because the Kingdom of God is the Love, and appears with the Love, and through the Love it is established in your hearts in the brightness of a huge light, that penetrates and fecundates, removes ignorance and gives wisdom, devours man and creates the god, the son of God, My brother, the king of the throne that God has prepared for those who give themselves to God, in order to have God, God, God, God alone. So be pure and holy through fervent prayer that sanctifies man, because it plunges him into God’s fire, which is charity.

You must be holy. Not in the relative meaning that this words has had so far, but in the absolute meaning that I gave it, as I proposed the Holiness of the Lord as its example and limit, that is, perfect Holiness. Among us the Temple is called holy, holy the place where the altar is, the Holy of Holies the veiled place where the ark and the propitiatory are kept. But I truly tell you that those who possess the Grace and live in holiness out of love for the Lord, are more holy than the Holy of Holies, because God does not only alight on them, as on the propitiatory that is in the Temple, to give His orders, but He lives in them to give them His love.

638.11

Do you remember My words of the Last Supper? I promised you the Holy Spirit. Well, He is about to come to baptise you, not with water, as John did with you, preparing you for Me, but with fire to prepare you to serve the Lord, as He wants you to do. So he will be here, within a few days. And after His coming your capabilities will increase immeasurably, and you will be able to understand the words of your King, and do the deeds that He told you to do, to spread His Kingdom all over the Earth.»

«So will You rebuild the Kingdom of Israel then, after the coming of the Holy Spirit?» they ask interrupting Him.

«There will no longer be a Kingdom of Israel, but My Kingdom. And it will be accomplished when the Father said. It is not for you to know the times and the moments that the Father has reserved for Himself in His power. But you, in the meantime, will receive the virtue of the Holy Spirit Who will come upon you, and you will be My witnesses in Jerusalem, in Judaea and in Samaria and as far as the boundaries of the Earth, establishing meetings where men meet in My Name; baptising peoples in the Most Holy Name of the Father, of the Son, of the Holy Spirit, as I told you, so that they may have the Grace and they may live in the Lord; preaching the Gospel to everybody, teaching what I taught you, doing what I ordered you to do. And I shall be with you every day until the end of the world.

638.12

And I want also this: James, My brother, to preside over the meeting in Jerusalem. Peter, as head of all the Church, will often have to set out on apostolic journeys, because all the neophytes will wish to meet the Pontiff Supreme Head of the Church. But great will be My brother’s ascendancy over the believers of this first Church. Men are always men and they see as men. They will think that James is a continuation of Me, only because He is My brother. I truly tell you that he is greater and more like the Christ because of his wisdom than through relationship. But it is so. Men, who did not look for Me while I was among them, will now look for Me in him who is a relative of Mine. And you, Simon Peter, are destined to other honours…»

«That I do not deserve, Lord. I told You when You appeared to me and I tell you again now in the presence of everybody. You are good, divinely good, besides being wise, and You rightly judged me, who denied You in this town, ill-suited to be its spiritual head. You want to spare me so many just derisions…»

«We were all the same, except two, Simon. I also ran away. Not because of this, but because of the reasons that He mentioned, the Lord has destined me to this place; but you are my Chief, Simon of Jonah, and I acknowledge you as such, and in the presence of the Lord and of all my companions I profess obedience to you. I will give you what I can to help you in your ministry, but I beg you, give me your orders, because you are the head and I the subject. When the Lord reminded me of a conversation of long ago[5], I bent my head saying: “Let Your will be done”. I will say the same to you, because, once the Lord has left us, you will be His Representative on the Earth. And we will love each other, helping each other in the sacerdotal ministry» says James, bowing from his place to pay homage to Peter.

«Yes. Love one another, helping one another reciprocally, because that is the new commandment and the sign that you really belong to Christ.

638.13

Do not be upset for any reason. God is with you. You can do what I want of you. I would not impose things on you if you could not do them, because I do not want your ruin, on the contrary I want your glory. Well. I am going to prepare your places beside My throne. Remain united to Me and to the Father in love. Forgive the world that hates you. Call sons and brothers those who come to you, or are already with you out of love for Me.

Be at peace knowing that I am always ready to help you to carry your crosses. I will be with you in the work of your ministry and in the hours of persecutions, and you will not perish, you will not succumb even if those who see with the eyes of the world think so. You will be oppressed, grieved, tired, tortured, but My joy will be in you, because I will help you in everything. I truly tell you that, when you have the Love as a Friend, you will understand that everything suffered and lived for My love becomes light, even if it is a heavy torture of the world. Because for him who clothes all his actions, whether they are voluntary or imposed, with love, the yoke of life and of the world changes into a yoke given to him by God, by Me. And I repeat to you that My load is always proportioned to your strength and My yoke is light, because I help you to carry it.

638.14

You know that the world does not know how to love. But from now on you are to love the world with a supernatural love, to teach it how to love. And if seeing you persecuted, they should say to you: “Is that how God loves you? Making you suffer, grieving you? Then it is not worth while being of God”, reply: “Sorrow does not come from God. But God allows it, and we know the reason and we are proud of having the part that Jesus Saviour, the Son of God, had”. Reply: “We are proud of being nailed to the cross and of continuing the Passion of our Jesus”. Reply with the words[6] of Wisdom: “Death and sorrow were brought into the world by the envy of the demon, but God is not the maker of death and sorrow and He does not take delight in the sorrow of creatures. Everything coming from Him is life and wholesome”. Reply: “At present we seem persecuted and defeated, but on the day of God, when lots have changed, we just people, who were persecuted on the Earth, will stand gloriously in front of those who oppressed and despised us”. But also say to them: “Come to us! Come to the Life and Peace. Our Lord does not want your ruin, but your salvation. That is why He sent His beloved Son, so that you all might be saved”.

638.15

And rejoice at taking part in My sufferings, so that later you may be in the glory with Me. “I shall be your exceedingly great reward” the Lord in Abraham promised[7] all His faithful servants. You know how the Kingdom of Heaven is conquered: by strength, and one arrives there through many tribulations. But he who persevers as I persevered will be where I am.

I have told you which is the way and which is the door that lead to the Kingdom of Heaven, and I was the first to walk along it and I have gone back to the Father by it. If there had been another one, I would have taught you it, because I take pity on your weakness as men. But there is no other one… And pointing it out to you as the only way and the only door, I also tell you, I repeat to you which is the medicine that gives strength to go along it and enter. It is love. Always love. Everything becomes possible when there is love in us. And the Love Who loves you will give you all the love, if in My Name you ask for so much love as to become athletes in holiness.

638.16

Now let us give each other the parting kiss, My beloved friends.»

He stands up to embrace them. They all imitate Him. But, while Jesus smiles peacefully, a smile really divinely beautiful, they weep, they are all upset, and John, throwing himself on Jesus’ chest, shaken by all the sobs that are so violent as to break his chest, on behalf of everyone, as he realises everybody’s wish, asks: «Give us at least Your Bread, that it may fortify us in this hour!»

«Let it be so!» Jesus replies to him. And taking a piece of bread, He breaks it, after offering and blessing it, repeating the ritual words. And He does the same with the wine, repeating then: «Do this in memory of Me» and He adds: «Who have left you this pledge of My love, to be still and always with you until you will be with Me in Heaven.»

He blesses them and says: «And now let us go.»

638.17

They come out of the room, of the house…

Jonah, Mary and Mark are there outside, and they kneel down worshipping Jesus.

«May peace remain with you. And may the Lord reward you for what you have given Me» says Jesus, blessing them while passing by.

Mark stands up saying: «Lord, the olive-groves along the Bethany road are full of disciples awaiting You.»

«Go and tell them to go to the Field of the Galileans.»

Mark darts away with all the speed of his young legs.

«So, they have all come» say the apostles to one another.

638.18

Further aside, sitting between Marjiam and Mary of Clopas, there is the Mother of the Lord. And She stands up when She sees Him coming, worshipping Him with all the palpitations of Her heart of Mother and believer.

«Come, Mother, and you too, Mary…» says Jesus inviting them, when He sees them stand still, immobilised by His majesty that blazes as in the morning of the Resurrection.

But Jesus does not want to overwhelm with His majesty, and He kindly asks Mary of Alphaeus: «Are you alone?»

«The other women… the others are ahead… With the shepherds and… with Lazarus and all his family… But they left us here, because… Oh! Jesus! Jesus! Jesus!… How shall I put up with not seeing You any more, blessed Jesus, my God, I who loved You even before You were born, I who wept so much over You when I did not know where You were after the slaughter… I who had my sun in Your smile after You came back, and all, all my blessings?… How many blessings! How many You have given me!… Now I am really becoming poor, a widow, all alone!… While You were here, there was everything!… I thought I had experienced all sorrow that evening… But the very grief, all the sorrow of that day had dulled my mind and… yes, it was not so deep as it is now… And then… there was the fact that You were going to rise. I seemed as if I could not believe it, but now I realise that I did believe it, because I did not feel what I am feeling now…» she says weeping and panting, so much do her tears choke her.

«My good Mary, you are worrying just like a little boy, who thinks that his mother does not love him and has abandoned him, because she has gone to town to buy him presents that will make him happy, and who will soon go back to him to cover him with kisses and gifts. And am I not doing so with you? Am I not going to prepare joy for you? Am I not going to come back and say to you: “Come, My dear relative and beloved disciple, mother of My beloved disciples”? Am I not leaving you My love? Shall I give you My love, Mary? You know whether I love you! Do not weep so, but rejoice, because you will no longer see Me despised and fatigued, no longer chased and rich only in the love of few people. And with My love I leave you My Mother. John will be like a son to Her, and I ask you to be a good sister to Her, as you have always been. See? My Mother is not weeping. She is aware that, if Her nostalgia for Me is the file that will consume Her heart, the wait will be always short as compared to the great joy of an eternal union, and She also knows that this parting of ours will not be so absolute as to make Her say:

“I no longer have My Son”. That was Her cry of sorrow on that day of sorrow. Now hope sings in Her heart: “I know that My Son is ascending to His Father, but He will not leave Me without His spiritual love”. That is what you believe, and everybody…

638.19

Here are the other men and women. Here are My shepherds.»

The faces of Lazarus and of his sisters among all the servants of Bethany, the face of Johanna like a rose under a veil of rain, and those of Eliza and of Nike, already marked by age – and wrinkles are now deepened by pain, always pain for creatures, even if the soul rejoices because of the triumph of the Lord – the face of Anastasica, the lily-like faces of the first virgins, and the ascetic face of Isaac, the inspired one of Matthias, and the virile face of Manaen, and the severe ones of Joseph and Nicodemus… Faces, faces, faces…

Jesus calls to Himself the shepherds, Lazarus, Joseph, Nicodemus, Manaen, Maximinus and the others of the seventy-two disciples. But He particularly keeps the shepherds close to Himself saying:

«Here. You were near the Lord Who had come from Heaven, bent over His annihilation, You are to be near the Lord Who is going back to Heaven, with your souls rejoicing because of His glorification. You have deserved this place, because you did believe notwithstanding that all the circumstances were unfavourable, and you were able to suffer for your faith. I thank you for your faithful love.

I thank all of you. You, My friend Lazarus, you, Joseph, and you, Nicodemus, who took pity on the Christ when to do so might have been very dangerous. You Manaen, who despised the filthy favours of an unclean man to follow Me on My way. You, Stephen, flowery crown of justice, who left what was imperfect for what was perfect and will be crowned with a garland, with which you are not yet acquainted, but will be announced to you by the angels. You John, for a short period of time brother to the most pure breast[8] and who have come more to the Light than to the sight. You, Nicolaus, who, as a proselyte, have been able to console Me for the grief of the sons of this Nation. And you, good women disciples, stronger, in your kindness, than Judith.

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And you, Marjiam, My child, and from now on you will be called Martial, in remembrance of the Roman boy[9] killed on the road and laid at Lazarus’ gate with the defying script: “And now tell the Galilean to bring you back to life again, if He is the Christ and has risen from the dead”, the last of the innocents who lost their lives in Palestine to serve Me also unconsciously, and first of the innocents of every Nation who, having come to the Christ, will be hated for that and extinguished prematurely, like buds of flowers torn off the stems before blooming. And may this name, o Martial, show you your future destiny: be the apostle in barbarian countries and conquer them to your Lord, as My love conquered the Roman boy to Heaven.

638.21

You are all blessed by Me in this farewell, as from the Father I invoke the reward for those who have comforted the sorrowful journey of the Son of Man. Blessed be Mankind in the chosen part there is among Hebrews and Gentiles, and that has manifested itself in its love for Me.

Blessed be the Earth with its herbs and flowers, and its fruits that have given Me pleasure and refreshment so many times. Blessed be the Earth with its waters and its tepidness, for its birds and its animals that many a time exceeded man in giving relief to the Son of Man. May you be blessed, sun, and you, sea, and you, mountains, hills, plains. Blessed you, stars, My companions in My night prayers and in My sorrow. And you, moon, who illuminated Me as I wandered around in My pilgrimages of the evangelizer. May all you creatures be blessed, the works of My Father, My companions in this mortal hour, friendly to Him Who had left Heaven to relieve tortured Mankind of the troubles of the Sin that separates from God. And may you also be blessed, you innocent instruments of My torture: thorns, metals, wood, twisted hemp, because you have assisted Me in fulfilling the will of My Father!»

How thundering is Jesus’ voice! It spreads through the tepid calm air, like a bronze gong that has been struck, it propagates in waves over the sea of faces looking at Him from all directions.

638.22

I say that there are hundreds of people around Jesus as He goes up, with His more beloved ones, towards the top of the Mount of Olives. But when Jesus arrives at the Field of the Galileans, in which there are no tents in this period of time between two festivities, He says to His disciples: «Stop the people where they are, and then follow Me.»

He climbs farther up, as far as the highest summit of the mountain, the one closer to Bethany, which it dominates from above, than to Jerusalem. Close to Him are His Mother, the Apostles, Lazarus, the shepherds and Marjiam. Farther away, in a semicircle, are the other disciples to hold the people back.

638.23

Jesus is standing on a large stone, that protrudes a little and stands out in its whiteness among the grass of a clearing. He is brightly illuminated by the sun that makes His garment shine as white as snow and His hair like gold. His eyes sparkle in a divine light. He opens out His arms in the gesture of an embrace. He seems to be wishing to press to His chest the multitudes of the Earth, whom His spirit sees represented in that crowd. His unforgettable inimitable voice gives the last order: «Go! Go in My Name to evangelize the peoples as far as the ends of the Earth. God be with you. May His Love comfort you, may His Light guide you, may His Peace dwell in you until you reach eternal life.»

He becomes transfigured in beauty. Handsome! As handsome and even more so than He was on Tabor. They all fall on their knees worshipping. While He is already rising from the stone on which He is standing, He looks once again for the face of His Mother, and His smile reaches a power that no one will ever be able to express… It is His last goodbye to His Mother.

He rises, rises… The sun, now more free to kiss Him, as no foliage, not even a thin leaf, intercepts its beams, brightens with its splendour the God-Man, Who with His most Holy Body is ascending to Heaven, and displays His glorious Wounds that shine like living rubies. The rest is a pearly smile of light. And it is really the Light that is revealing itself for what it is, at this last moment as on Christmas night. Creation sparkles in the light of the Christ Who is ascending. A light exceeding that of the sun. A superhuman and most blissful light. A light descending from Heaven to meet the Light ascending to it… And Jesus Christ, the Word of God, disappears from the sight of men in this ocean of brightness…

On the earth, only two noises in the deep silence of the ecsta­tic crowd: the cry of Mary when He disappears: «Jesus!», and the weeping of Isaac. The others are struck dumb with religious astonishment, and they remain there, as if they were waiting, until two snow-white angelical lights, in human form, appear repeating the words mentioned in the first chapter of the Acts of the Apostles.


Notes

  1. a pour nom Maria, c’est-à-dire Maria Valorta. Mais elle est appelée “ petit Jean ” (note en 35.12), “ violette de la croix ” et, comme elle le dira plus loin, “ Maria de la Croix ” ou (comme en 105.6) “ Maria de la Croix de Jésus ”.
  2. Souvenir lointain de la vision du 22 avril 1943 — racontée dans Les cahiers de 1943 —, qui révélait à Maria Valorta sa mission et l’y introduisait. Le lendemain, vendredi saint, suivait la première “ dictée ”. La promesse dont elle parle un peu plus loin date du 14 mars 1947 et est rapportée à la date du 19 mars, dans le volume Les cahiers de 1945 à 1950.
  3. dit : comme pour Abraham en Gn 22, 15-18.
  4. une lointaine conversation, au chapitre 258.
  5. les paroles du livre de la Sagesse : elles se trouvent en Sg 2, 23-24 et en Sg 1,13-14.
  6. a promis, en Gn 15, 1.
  7. frère au sein très pur, comme cela est raconté en 365.8.
  8. le nom de Martial, comme annoncé en 198.8 ; en souvenir du petit Romain rencontré en 508.4/7 ; 509.3.7/9 ; 538.1 ; 550.8 ; 623.3.
  9. les paroles, transcrites par Maria Valtorta sur une copie dactylographiée, sont : Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous ainsi à regarder le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé et est monté au Ciel à sa demeure éternelle, en reviendra au moment fixé, de la même manière que vous l’avez vu s’en aller. (Ac 1, 11).

Notes

  1. A remote recollection, that of the “vision” of 22nd April 1943 (related in “The Notebooks. 1943”) where her mission was revealed to M.V. The day after, Good Friday, she received her first “dictation”.
  2. I have Your Promise, that of 14th March 1947 (reported on “The Notebooks. 1945-1950”) under the date 16th March 1947. The object of that promise can be deduced from the following text.
  3. the prophets, for instance: Isaiah 2:1-5; 49:5-6; 55:4-5; 60; Micah 4:1-2; Zechariah 8:20-23.
  4. says, like for Abraham in: Genesis 22:15-18.
  5. conversation of long ago, in chapter 258.
  6. the words, which are in: Wisdom 2:23-24.
  7. promised, in: Genesis 15:1.
  8. brother to the most pure breast, as narrated in: 365.8.
  9. will be called Martial, as foretold in 198.8, in remembrance of the Roman boy, seen in: 508.4/7 – 509.7/9 – 538.1 – 550.8 – 623.3.