The Writings of Maria Valtorta

644. Institution du dimanche.

644. Institution of the “Day of the Lord”.

644.1

Il fait nuit. La pleine lune éclaire de sa lumière argentée Gethsémani ainsi que la petite maison de Marie et de Jean. Tout est silencieux, même le Cédron, réduit à un filet d’eau. Tout à coup, un bruit de sandales se fait entendre, de plus en plus proche et distinct et, avec lui, un murmure de voix mâles et profondes. Puis voilà trois personnes qui sortent de l’enchevêtrement des arbres et se dirigent vers la maison. Ils frappent à la porte close.

Une lampe s’allume et une petite lumière tremblante filtre par une fissure de l’entrée. Une main ouvre, une tête se penche, une voix, celle de Jean, demande :

« Qui est-ce ?

– Joseph d’Arimathie, et avec moi Nicodème et Lazare. L’heure est tardive, mais la prudence nous l’impose. Nous apportons quelque chose à Marie, et Lazare nous accompagne.

– Entrez. Je vais l’appeler. Elle ne dort pas. Elle prie là-haut, dans sa petite chambre, sur la terrasse. Cela lui plaît tellement ! » dit Jean.

Il grimpe rapidement le petit escalier qui conduit à la terrasse et à la chambre.

Les trois hommes, restés dans la cuisine, parlent à voix basse, à la faible lumière de la lampe. Ils sont restés groupés près de la table, encore couverts de leurs manteaux, mais tête nue.

644.2

Jean revient avec Marie, qui salue les trois hommes :

« Paix à vous tous.

– A toi aussi, Marie, lui répondent-ils en s’inclinant.

– Y a-t-il quelque danger ? Est-il arrivé quelque chose aux serviteurs de Jésus ?

– Rien, Femme. C’est nous qui avons décidé de venir pour te donner quelque chose que — nous le savons maintenant avec certitude, mais nous le pressentions déjà — tu désirais avoir. Si nous ne sommes pas venus plus tôt, c’est qu’il y avait des divergences d’idées entre nous, et aussi entre nous et Marie-Madeleine. Marthe ne s’est pas prononcée à ce sujet. Elle a seulement dit : “ Le Seigneur vous dira que faire, soit directement, soit en inspirant à d’autres de parler. ” Et en vérité, cela nous a été révélé et nous sommes venus pour cette raison, explique Joseph.

– Le Seigneur vous a-t-il parlé ? Est-il venu à vous ?

– Non, Mère. Plus depuis sa montée au Ciel. Avant, oui, il nous est apparu, nous te l’avons raconté, d’une manière surnaturelle, après sa Résurrection, dans ma maison. Ce jour-là, il est apparu à un grand nombre, au même moment, pour donner un témoignage de sa divinité et de sa résurrection. Puis nous l’avons encore vu tant qu’il a été parmi les hommes, mais plus d’une manière surnaturelle, tout comme l’ont vu les apôtres et les disciples, lui répond Nicodème.

– Et alors ? Comment vous a-t-il indiqué la voie à suivre ?

– Par la bouche de l’un de ses préférés et successeurs.

– Pierre ? Je ne crois pas. Il est encore effrayé à la fois du passé et de sa nouvelle mission.

– Non, Marie, pas Pierre.

644.3

Cependant il acquiert toujours plus d’assurance. Maintenant qu’il sait à quel usage Lazare a affecté la maison du Cénacle, il a décidé de commencer les agapes régulières et de célébrer les mystères réguliers le lendemain de chaque sabbat. Il dit que c’est désormais le jour du Seigneur, puisque c’est le jour où il est ressuscité et est apparu à un grand nombre, pour les confirmer dans la foi en sa nature éternelle de Dieu. Il n’y a plus de sabbat pareil à celui des juifs, peut-être depuis Chabahôt[1]. Il n’y a plus de sabbat, car, pour les chrétiens, la synagogue a été remplacée par l’église, comme l’avaient prédit les prophètes. Mais il y a encore, et il y aura toujours, le jour du Seigneur, en souvenir de l’Homme-Dieu, du Maître, Fondateur et Pontife éternel de l’Eglise chrétienne après avoir été Rédempteur. Le lendemain du prochain sabbat, les agapes se tiendront donc entre chrétiens, qui seront nombreux dans la maison du Cénacle. C’était impossible auparavant à cause de la haine des pharisiens, prêtres, sadducéens et scribes, et de la dispersion momentanée de nombreux fidèles de Jésus, ébranlés dans leur foi en lui et effrayés de l’agressivité des juifs. Mais maintenant ceux qui haïssent sont moins attentifs, ils s’en désintéressent comme d’une chose morte, finie. Cela tient à la fois à leur peur de Rome, qui a blâmé le comportement du Proconsul et de la foule, et au fait qu’ils croient terminée “ l’exaltation des fanatiques ”, comme ils définissent la foi des chrétiens dans le Christ, à cause de la dispersion momentanée des fidèles. En réalité, celle-ci a été brève et est maintenant finie, car toutes les brebis sont revenues au Bercail du vrai Pasteur. Cela nous permet de nous réunir pour les agapes.

644.4

Nous voulons que tu puisses, même pour la première d’entre elles, avoir ce souvenir de Jésus à montrer aux fidèles pour les confirmer dans la foi, et sans que cela te fasse trop souffrir. »

Joseph présente à Marie un rouleau volumineux enveloppé dans un drap rouge foncé qu’il avait jusque-là dissimulé sous son manteau.

« Qu’est-ce ? » demande Marie en pâlissant. « Ses vêtements, peut-être ? Ceux que je lui ai faits pour… Oh ! »

Et elle pleure.

« Nous n’avons pu les trouver à aucun prix. Qui sait, comment et où ils ont fini ! » répond Lazare, avant d’ajouter : « Mais ceci est aussi un de ses vêtements, son dernier vêtement. C’est le linceul propre dans lequel fut enveloppé leTrès-Pur après la torture — bien que rapide et relative — et la purification de ses membres souillés par ses ennemis, et l’embaumement sommaire. A sa résurrection, Joseph les a retirés tous les deux du tombeau et nous les a apportés à Béthanie, pour empêcher qu’ils ne soient soumis à des profanations sacrilèges. Les ennemis de Jésus n’osent guère se hasarder chez Lazare, et moins que jamais depuis qu’ils savent comment Rome a blâmé la conduite de Ponce Pilate. Puis, après un premier temps, le plus dangereux, nous t’avons remis le premier linceul, et Nicodème a pris l’autre et l’a porté dans sa maison de campagne.

– Vraiment, Lazare, ils appartenaient à Joseph, observe Marie.

– C’est vrai, Femme. Mais la maison de Nicodème est située hors de la ville. Elle attire donc moins l’attention et elle est plus sûre pour plusieurs raisons, lui répond Joseph.

– Oui, en particulier depuis que Gamaliel et son fils la fréquentent avec assiduité, ajoute Nicodème.

– Gamaliel ?! » s’exclame Marie avec étonnement.

644.5

Lazare ne peut s’empêcher de sourire sarcastiquement :

« Oui. Le signe, le fameux signe qu’il attendait pour croire que Jésus était le Messie, l’a ébranlé. On ne peut nier que le signe ait été capable de briser même les têtes et les cœurs les plus durs à se rendre. Et Gamaliel, par ce signe très puissant, fut ébranlé, secoué, abattu plus que les maisons qui s’écroulèrent le jour de la Parascève, alors qu’il semblait que le monde périssait en même temps que la Grande Victime. Le remords l’a déchiré plus que ne s’est déchiré le voile du Temple, le remords de n’avoir jamais compris Jésus pour ce qu’il était réellement. Le tombeau fermé de son esprit de vieux juif entêté s’est ouvert comme les tombeaux qui ont laissé apparaître les corps des justes. Il recherche aujourd’hui avec impatience la vérité, la lumière, le pardon, la vie. La nouvelle vie : celle que l’on ne peut avoir que par Jésus et en Jésus. Il devra encore travailler beaucoup pour libérer totalement son vieux moi du maquis de son ancienne manière de penser ! Mais il y parviendra. Il cherche la paix, le pardon, la connaissance. Paix pour ses remords, pardon pour son obstination et connaissance complète de Celui qu’il n’a pas voulu connaître complètement quand il pouvait le faire. Et il se rend chez Nicodème pour atteindre le but qu’il s’est désormais fixé.

– Es-tu sûr qu’il ne te trahira pas, Nicodème ? demande Marie.

– Non, il ne me trahira pas. Au fond, c’est un juste. Rappelle-toi qu’il a osé s’imposer au Sanhédrin, durant le procès infâme, et qu’il a montré ouvertement son indignation et son mépris pour les juges injustes en s’en allant et en ordonnant à son fils d’en faire de même pour ne pas être complice de ce crime suprême, même par une présence passive. Voilà pour ce qui est de Gamaliel.

644.6

Quant aux linceuls, comme je ne suis plus juif et donc plus sujet à l’interdiction du Deutéronome[2] sur les sculptures et représentations, j’ai pensé faire, comme je sais le faire, une statue de Jésus crucifié — j’emploierai l’un de mes cèdres géants du Liban — et cacher à l’intérieur un des linceuls, le premier, si toi, Mère, tu nous le rends. Cela te ferait toujours trop de mal de le voir, parce que sur lui sont visibles les immondices avec lesquelles Israël a frappé de manière sacrilège le Fils de son Dieu. En outre, les secousses subies dans la descente du Golgotha ont déplacé continuellement la tête martyrisée de Jésus de sorte que l’image est si confuse qu’il est difficile de bien la distinguer. Pourtant, bien que l’image soit médiocre et qu’elle soit souillée, cette toile m’est toujours chère et sacrée, parce que sur elle il y a toujours de son sang et de sa sueur. Cachée dans cette sculpture, elle sera sauvegardée, car aucun israélite des hautes classes n’osera jamais toucher une sculpture. Mais le second linceul qui a enveloppé le corps de Jésus depuis le soir de la Parascève jusqu’à l’aurore de la Résurrection, doit te revenir. Sache néanmoins — je t’en avertis, pour que tu ne sois pas trop émue en la voyant — qu’au fil des jours sa figure est apparue de plus en plus nettement, comme elle était après qu’on l’a lavée. Quand nous l’avons retirée du tombeau, elle paraissait avoir simplement conservé l’empreinte de ses membres couverts par les huiles, auxquelles s’étaient mêlées des traces de sang et de sérosités venant des nombreuses blessures. Mais, que ce soit dû à un processus naturel ou, bien plus sûrement, à une volonté surnaturelle — un de ses miracles destiné à faire ta joie —, plus le temps avançait, plus l’empreinte devenait précise et claire. Il est là, sur cette toile, beau, majestueux, bien que blessé, serein, paisible, même après tant de tortures. As-tu le courage de le voir ?

– Oh ! Nicodème ! Mais c’était mon suprême désir ! Tu dis qu’il a l’air paisible… Oh ! pouvoir le voir ainsi et non avec l’expression torturée qu’il a sur le voile de Nikê ! » répond Marie en joignant les mains sur son cœur.

644.7

Alors les quatre hommes déplacent la table pour avoir plus de place, puis Lazare et Jean d’un côté, Nicodème et Joseph de l’autre, déroulent lentement la longue toile. On voit d’abord la partie dorsale, en commençant par les pieds, puis, après la quasi jonction des têtes, la partie frontale. Les lignes sont bien claires, et claires aussi les marques, toutes les marques de la flagellation, de la couronne d’épines, du frottement de la croix, les contusions des coups qu’il a reçus et des chutes qu’il a faites, ainsi que les blessures des clous et de la lance.

Marie tombe à genoux, embrasse la toile, caresse les empreintes, baise les blessures. Elle est angoissée, mais en même temps visiblement contente de recevoir cette image surnaturelle, miraculeuse, de Jésus.

644.8

Après l’avoir vénérée, elle se tourne et dit à Jean, qui ne peut être près d’elle, occupé comme il l’est à tenir un coin de la toile :

« C’est toi qui leur en a parlé, Jean. Il n’y a que toi qui aies pu le faire, car toi seul connaissais le désir que j’en avais.

– Oui, Mère, c’est moi. Et je n’avais pas achevé de leur faire part de ton désir qu’ils y avaient adhéré. Ils ont pourtant dû attendre le moment favorable…

– C’est-à-dire une nuit très claire pour pouvoir venir sans torche ni lanterne, et une période sans solennités réunissant ici, à Jérusalem et dans son voisinage, le peuple et les notables, et cela par prudence… explique Nicodème.

– Et moi, je les ai accompagnés pour plus de sécurité. En tant que maître de Gethsémani, il m’était permis de venir voir l’endroit sans attirer l’attention de quelque individu… chargé de surveiller toutes choses et toutes gens, achève Lazare.

– Que Dieu vous bénisse tous. Pourtant les frais des linceuls, c’est vous qui les avez supportés… Et ce n’est pas juste…

– Si, c’est juste, Mère. Moi, j’ai reçu du Christ, ton Fils, un don que l’on ne se procure pas à prix d’argent : la vie qu’il m’a rendue après quatre jours au tombeau, et auparavant la conversion de ma sœur Marie. Joseph et Nicodème ont reçu de Jésus la lumière, la vérité, la vie qui ne meurt pas. Et toi… toi, avec ta douleur de Mère, et ton amour de Mère très sainte pour tous les hommes, tu as acquis non pas une toile, mais tout le monde chrétien à Dieu, ce monde qui ne cessera de s’accroître. Il n’y a pas d’argent qui puisse compenser ce que tu as donné. Prends cela au moins. C’est à toi. Il est juste qu’il en soit ainsi. Ma sœur Marie partage aussi cet avis. Elle l’a toujours pensé, depuis le moment où il est ressuscité, et plus encore depuis qu’il t’a quittée pour monter vers le Père, lui répond Lazare.

– Dans ce cas, qu’il en soit ainsi.

644.9

Je vais chercher l’autre. Il m’est en effet bien douloureux de le voir… Celui-ci, c’est différent : il donne la paix ! Car Jésus y apparaît serein, paisible désormais. Il semble déjà sentir, dans son sommeil mortel, la vie qui revient, et la gloire que personne ne pourra jamais plus atteindre et abattre. Maintenant je ne désire plus rien, sauf de me réunir à lui. Mais cela arrivera au moment que Dieu a fixé et de la manière dont il l’a fixée. Je m’en vais. Que Dieu vous donne le centuple de la joie que vous m’avez procurée. »

Elle prend avec respect le linceul que les quatre hommes ont replié, sort de la cuisine, monte rapidement l’escalier… et redescend bientôt avec le premier linceul. Elle le remet à Nicodème qui lui dit :

« Que Dieu te remercie, Femme. Maintenant, partons, car l’aube approche et il vaut mieux être à la maison avant que la lumière se lève et que les gens sortent de chez eux. »

Les trois hommes la vénèrent avant de s’éloigner. Ils se dirigent rapidement vers l’une des grilles de Gethsémani, la plus proche du chemin qui mène à Béthanie, pour prendre la route du retour

Marie et Jean restent à l’entrée de la maison jusqu’à ce qu’ils les voient disparaître, puis rentrent dans la cuisine et ferment la porte en parlant doucement entre eux.

644.1

It is night-time. The moon, at her highest point, with her silvery light illuminates the whole of Gethsemane and the little house of Mary and John. Everything is silent. Even the Kidron, which has become a fine stream of water, makes no noise.

All of a sudden a rustling of sandals can be heard in the deep silence and it becomes more and more distinct and closer, and with it the whispering of some deep masculine voices. Then three people appear from the clump of trees and they direct their steps towards the little house. They knock at the door.

A lamp is lit and a faint flickering light filters through a fissure in the door. A hand opens it, a head looks out, a voice, John’s, asks: «Who are you?»

«Joseph of Arimathea. And with me are Nicodemus and Lazarus. The hour is indiscreet. But prudence has forced it on us. We have brought something for Mary and Lazarus has escorted us.»

«Come in. I will go and call Her. She is not sleeping. She is praying up there, in Her little room, on the terrace. She likes it so much!» says John, and he quickly climbs the little staircase leading to the terrace and to the room.

The three, who have remained in the kitchen, speak to one another in low voices, in the faint light of the lamp, gathered near the table, still wrapped in their mantles, with the exception of their heads, which they have uncovered.

644.2

John comes back in with Mary, Who greets the three saying: «Peace to all of you.»

«And to You, Mary» they reply, bowing.

«Is there any danger? Has anything happened to the servants of Jesus?»

«Nothing, Woman. We have decided to come to give You a thing that – now we know for a certainty, but we had already had a foreboding of it – You wished to have. We did not come sooner, because there has been a contrast of ideas among us, and also between us and Mary of Lazarus. Martha has not declared her opinion on the matter. She only said: “The Lord, either directly, or by inspiring other people to speak, will tell you what to do”. And, actually, we have been told what to do. And that is why we have come» explains Joseph.

«Has the Lord spoken to you? Has He come to you?»

«No, Mother. He has not come any more, after His ascension to Heaven. Previously yes. He appeared to us, as we told You, in a supernatural way, after His resurrection, in my house. On that day He appeared to many people, at the same time, to give proof of His Divinity and of His Resurrection. Then we have seen Him again while He remained among men, but no longer in a supernatural manner, but as the apostles and disciples saw Him» says Nicodemus replying to Her.

«So? How did He show you the way you had to follow?»

«Through the words of one of His favourites and successors.»

«Peter? I do not think so. He is still too frightened, both of his past and of His new mission.»

644.3

«No, Mary, not Peter, who, however, is really becoming more and more confident and, now that he knows for which purpose Lazarus has used the house of the Supper room, has decided to begin regular agapes and to celebrate the mysteries regularly on the day after each Sabbath. Because he says that that is now the day of the Lord, as on that day He rose from the dead and appeared to many people to confirm them in their faith in His eternal Nature of God. There is no longer the Sabbath, as it has been for the Hebrews perhaps since the Shabuoth. There is no longer the Sabbath, because there is no longer the synagogue for Christians, but the Church, as predicted by the prophets. But there is still, and there will always be, the day of the Lord, in memory of the Man-God, of the Master, Founder, eternal Pontiff, after being the Redeemer, of the Christian Church. So from the day after the next Sabbath there will be the agapes among Christians, and there will be many of them, in the house of the Supper room. Which was not possible before, both because of the hatred of Pharisees, Priests, Sadducees and scribes, and of the temporary dispersion of many followers of Jesus, shaken in their faith in Him and frightened of the hatred of the Judaeans. But now those who hated us, both because of their fear of Rome, that has found fault with the behaviour of the Proconsul, and of the crowds, and because they consider the “excitement of the fanatics” to be over – that is how they define the faith of the Christians in Christ, owing to the momentary scattering of the believers, truly of a short duration and now completely over, because all the sheep have gone back to the Fold of the true Shepherd – are not keeping such a watchful eye on us, I should say that they take no interest in it, as if it were a dead matter that had come to its end. And that allows us to assemble for the agapes.

644.4

We want You to be able, also with regard to the previous one, to have this souvenir of Him to be shown to the believers, in order to confirm them in their faith, without it grieving You too much.»

And Joseph hands Her a bulky roll, that enveloped in a dark red cloth, he had held so far concealed under his mantle.

«What is it?» asks Mary, growing pale. «His garments, perhaps? The one I made for Him for… Oh!…» She says weeping.

«At no price could we find them any more. Who knows how and where they ended up!» replies Lazarus. And he adds: «But this is also His garment. His last one. It is the clean Shroud in which the most pure Lord was wrapped in after His torture and after the purification, although hurried and relative, of His members soiled by His enemies, and the summary embalming. When He rose, Joseph took both away from the Sepulchre and brought them to us at Bethany to avoid any sacrilegious abuse of them. Jesus’ enemies will not dare too much in Lazarus’ house. And less than ever since they heard that Rome censured the action of Pontius Pilate. Then after the first days, the most dangerous ones, we gave You the first Shroud, and Nicodemus got the other and took it to his country house.»

«Really, Lazarus, they belonged to Joseph» remarks Mary.

«That is true, Woman. But Nicodemus’ house is out of town, so it does not strike the eye so much and it is safer for other reasons» Joseph replies to Her.

«Yes, particularly since Gamaliel with his son pays frequent visits to it» adds Nicodemus.

«Gamaliel!?» exclaims Mary much surprised.

644.5

Lazarus cannot help smiling sarcastically while he replies to Her: «Yes. The sign, the famous sign that he was waiting for, to believe that Jesus was the Messiah, has shaken him. No one can deny that the sign was such as to crush even the hardest heads and hearts and make them surrender. And Gamaliel was shaken, crushed and demolished by the most powerful sign, more than the houses that collapsed on Preparation Day, while the world seemed to perish with the Great Victim. Remorse has torn him, more than the veil of the Temple was torn, the remorse for never having understood Jesus for what He really was. The closed sepulchre of his spirit of an old pig-headed Jew has opened, like the tombs that let the bodies of the just appear, and he is now anxiously seeking truth, light, forgiveness, life. The new life. The one that only through Jesus and in Jesus can be obtained. Oh! He will still have to work hard to clear his ancient ego completely of the rubble of his past way of thinking! But he will succeed. He is seeking peace, forgiveness and knowledge. Peace for his remorse and forgiveness for his stubborness. And full knowledge of Him Whom, when he could, he did not want to know fully. And he goes to Nicodemus to reach the aim that he is now determined to reach.»

«Are you sure that he will not betray you, Nicodemus?» asks Mary.

«No. He will not betray me. After all he is a just man. Remember that he dared to impose himself on the Sanhedrin, during the infamous trial, and that he openly showed his disdain and disgust towards the unjust judges, by going away and by ordering his son to go away in order not to be an accomplice, not even by a passive presence, in that supreme crime. That with regard to Gamaliel.

644.6

Then, with regard to the Shrouds, since I am no longer a Hebrew and consequently no longer subject to the prohibition[1] of Deuteronomy concerning carved images and castings, I was thinking of making a statue of Jesus crucifed, as best I can – I will use one of my gigantic cedars of Lebanon – and of concealing one of the Shrouds inside it, the first one, if You, Mother, will give it back to us. It would always distress You too much to see it, because the filthiness with which Israel struck the Son of its God is visible on it. Furthermore, certainly because of the shocks it received when descending from Golgotha, shocks that continuously shifted that tortured Head the image is so confused that it is difficult to distinguish it. But the cloth, although the image is confused and it is dirty, is always dear and sacred to me, because on it there is always some of His blood and perspiration. Hidden in that sculpture it will always be safe, because no Israelite of the high castes will ever dare to touch a sculpture. But the other one, the second Shroud, which was on Him from the evening of Preparation Day until the dawn of the Resurrection, must come to You. And – I am warning You so that You may not be too deeply moved in seeing it – and you must be informed that the more the days passed, the more clearly His image appeared, as He was after being washed. When we collected it from the Sepulchre, it seemed that it simply retained the impression of His members covered with the oils, and, mixed with them, the drainage of blood and serum from the many wounds. But either through a natural process or, which is much more certain, by a supernatural will, a miracle of Him to give joy to You, the more time passed, the more precise and clear the impression has become. He is there on the cloth, handsome, imposing, even if wounded, serene, peaceful, also after so many tortures. Have You the courage to see it?»

«Oh! Nicodemus! That was My supreme desire! You say that His appearance is peaceful. Oh! to be able to see Him thus, not with the tortured expression that is on Nike’s veil!» replies Mary, joining Her hands against Her heart.

644.7

Then the four shift the table to have more room; then, as Lazarus and John stand on one side, Nicodemus and Joseph on the other, they slowly unfold the long cloth. The dorsal side appears first, beginning from the feet; then after the quasi-junction of the heads, the front side. The lines are very clear, and clear are the signs, all the signs of the scourging, crowning with thorns, rubbing of the cross, bruises caused by blows received or by falls, and the wounds of the nails and of the lance.

Mary falls on Her knees, She kisses the cloth, She caresses those impressions, She kisses the wounds. She is distressed, but visibly happy to be able to have that supernatural miraculous image of Him.

644.8

When She finishes venerating it, She turns and says to John, who cannot be near Her, compelled as he is to hold one corner of the cloth: «It was you who told them, John. You alone could tell them, because you alone were aware of this desire of Mine.»

«Yes, Mother, it was I. And I did not even have time to inform them of Your desire, that they agreed to it. But they have had to wait for a suitable moment to do so…»

«That is, a very clear night, in order to be able to come without torches or lamps, and a period of time without the festivities that assemble crowds and notables here in Jerusalem and nearby places. And that out of prudence…» explains Nicodemus.

«And I have come with them for greater safety. As the owner of Gethsemane, I was able to come and see this place without shocking the eyes of anyone… commissioned to watch everything and everybody» says Lazarus concluding.

«May God bless you all. But you have spent the money for the Shrouds… And that is not fair…»

«It is fair, Mother. I, from the Christ, Your Son, have received a gift that no money can buy: life given back to me after four days in a sepulchre, and before that, the conversion of my sister Mary. Joseph and Nicodemus have had from Jesus the Light, the Truth, the Life that does not die. And You… You, with Your sorrow of a Mother and Your love of the Most holy Mother for all men, have purchased for God, not a cloth, but the whole Christian world that will always be greater and greater. There is no money that can compensate You for what You have given. So take this, at least. It is Yours. And it is just that it should be so. Also Mary, my sister, thinks so. That has always been her opinion, since the moment that He rose and even more since He left You to ascend to His Father» Lazarus replies to Her.

«Then let it be so.

644.9

I will go and get the other one. It in fact grieves Me so much to see it… This one is different. This one gives peace! Because here He is serene, in peace by now. In His mortal sleep, He already seems to be feeling the Life that is coming back and the glory that no one will ever be able to strike and demolish. I now wish nothing else, apart from being reunited to Him. But that will happen when and as God has predisposed. I am going. And may God give you one hundred times as much joy as you have given Me.»

She takes the Shroud reverently, after the four have folded it, She goes out of the kitchen and quickly climbs the little staircase… And She soon comes down again and comes in with the first Shroud, which She hands to Nicodemus, who says to Her: «May God reward You, Woman. We are going now, as it is almost dawn, and it is wise to be home before its light spreads and people come out of their houses.»

The three venerate Her before going out, and then with quick steps, going back along the road by which they came, they go towards one of the gates of Gethsemane, the one closest to the Bethany road.

Mary and John remain at the door of the little house until they see them disappear, they then go back into the kitchen and close the door speaking to each other in low voices.


Notes

  1. Chabahôt : le manuscrit original porte, entre parenthèses : l’ai-je bien écrit ? Je me suis efforcée de rendre ce mot avec le h aspiré comme je l’ai entendu prononcer. (C’est une note personnelle, à ne pas mettre dans la copie dactylographiée).
  2. l’interdiction du Deutéronome, que l’on trouve en Ex 20, 4 ; Lv 19, 4 ; Dt 4, 15-18 ; 5,8.

Notes

  1. prohibition, in Exodus 20:4; Leviticus 19:4; Deuteronomy 4:15-18; 5:8.