Los Escritos de Maria Valtorta

119. Les discours de la Belle Eau:

119. Los discursos en Agua Especiosa:

119.1

Aujourd’hui l’assistance d’hier a presque doublé. Il y a aussi des personnes qui ne sont pas de milieu populaire. Certains sont venus à dos d’âne et, en attendant le Maître, ils prennent leur repas sous l’appentis, aux poteaux duquel ils ont attaché leurs montures.

La journée est froide, mais sereine. Les gens bavardent et les mieux informés expliquent qui est le Maître et pourquoi il parle à cet endroit. Quelqu’un dit :

« Mais est-il plus grand que Jean ?

– Non. Il est différent. J’appartenais à Jean : c’est le Précurseur et la voix de la justice. Celui-ci, c’est le Messie, la voix de la sagesse et de la miséricorde.

– Comment le sais-tu ? demandent plusieurs.

– Ce sont trois disciples attachés à Jean-Baptiste qui me l’ont dit. Si vous saviez ! Ils l’ont vu naître. Pensez : il est né de la lumière. C’était une lumière tellement forte qu’eux, qui étaient bergers, se sont sauvés du bercail au milieu des animaux affolés et terrorisés. Ils ont vu Bethléem tout en feu, puis des anges sont descendus du ciel. De leurs ailes, ils ont éteint le feu. Par terre, il y avait lui, l’Enfant né de la lumière. Tout le feu est devenu une étoile…

– Mais non, ce n’est pas comme ça.

– Si, c’est comme ça. C’est ce que m’a dit, quand j’étais enfant, un homme qui était palefrenier à Bethléem. Maintenant que le Messie est devenu homme, il s’en vante.

– Non, ce n’est pas non plus cela. L’étoile est venue plus tard. Elle est venue avec les Mages d’Orient. L’un d’eux était parent de Salomon et par conséquent du Messie, car il est de la race de David et David était le père de Salomon. Salomon s’était épris de la reine de Saba parce qu’elle était belle et à cause des présents qu’elle lui avait apportés. Elle en eut un fils qui est de Judée, tout en étant d’au-delà du Nil.

– Mais qu’est-ce que tu racontes. Tu es fou ?

– Non. Tu veux dire que ce n’est pas vrai qu’il lui a apporté, lui le parent, des aromates, comme c’est l’usage entre rois de cette lignée ?

– Moi, je sais ce qu’il en est, dit un autre. C’est ainsi. Je le sais car j’ai pour ami Isaac, l’un des bergers. Donc : l’Enfant est né dans une étable de la maison de David. C’était la prophétie.

– Mais n’est-il pas de Nazareth ?

– Laissez-moi parler. Il est né à Bethléem parce qu’il est de la race de David, et c’était au temps de l’édit. Les bergers ont vu une lumière, la plus belle qui ait existé. Le plus jeune, parce qu’il était innocent, fut le premier à voir l’ange du Seigneur. Sa voix, harmonieuse comme une harpe, disait : “ Le Sauveur est né. Allez et adorez. ” Puis des anges en foule chantaient : “ Gloire à Dieu et paix aux hommes bons. ” Les bergers allèrent sur place et virent un tout petit enfant dans une mangeoire entre un bœuf et un âne, la mère et le père. Ils l’adorèrent, puis le conduisirent dans la maison d’une brave femme. Et l’enfant grandissait, comme tous les enfants, beau, gentil, tout amour. Ensuite vinrent des Mages d’au-delà de l’Euphrate et du Nil, parce qu’ils avaient vu une étoile et reconnu en elle l’étoile de Balaam. Mais l’enfant savait déjà marcher. Le roi Hérode ordonna l’extermination par jalousie du futur roi. Mais l’ange du Seigneur avait averti du danger : les enfants de Bethléem moururent, mais pas lui qui s’était enfui plus loin que Matarea. Plus tard, il revint à Nazareth pour y travailler comme menuisier. Le temps venu, après que Jean-Baptiste, son cousin, l’eut annoncé, il a commencé sa mission et d’abord par rechercher les bergers. Il a guéri Isaac de la paralysie, après trente années d’infirmité. Isaac est infatigable pour l’annoncer. Voilà.

– Mais les trois disciples de Jean-Baptiste m’ont dit exactement cela ! Dit le premier, dépité.

– Et c’est bien vrai. Ce qui ne l’est pas, c’est la description du palefrenier. Il s’en vante ? Il ferait bien de dire aux habitants de Bethléem d’être bons. Le Maitre n’a pu prêcher ni à Bethléem ni à Jérusalem.

– Oui ! Mais pense donc si les scribes et les pharisiens veulent entendre ses paroles ! Ce sont des vipères et des hyènes, comme les appelle Jean-Baptiste.

119.2

– Moi, je voudrais guérir. Tu vois ? J’ai une jambe gangrenée. J’ai souffert mille morts pour venir ici à dos d’âne, mais je l’avais cherché à Sion et il n’y était plus…, dit quelqu’un.

– Ils l’ont menacé de mort…, dit un autre.

– Quels chiens !

– Oui, d’où viens-tu ?

– De Lydda.

– Quelle longue route !

– Moi… moi, je voudrais avouer mon erreur… Je l’ai dite à Jean-Baptiste, mais je me suis sauvé, tant il m’a adressé de reproches. Je pense ne plus pouvoir être pardonné…, ajoute un autre.

– Qu’as-tu donc fait ?

– Beaucoup de mal. C’est à lui que je le dirai. Qu’en pensez-vous ? Me maudira-t-il ?

– Non, je l’ai entendu parler à Bethsaïde. Je m’y trouvais par hasard. Quelles paroles ! Il parlait d’une pécheresse. Ah ! J’aurais presque voulu être elle pour les mériter, dit un imposant vieillard.

119.3

– Le voilà qui vient, crient plusieurs voix.

– Miséricorde ! J’ai honte ! Dit le coupable, prêt à s’enfuir.

– Où fuis-tu, mon fils ? As-tu le cœur si noir pour haïr la Lumière au point de devoir la fuir ? As-tu tellement péché que tu aies peur de moi, qui suis le Pardon ? Mais quel péché peux-tu avoir commis ? Même si tu avais tué Dieu, tu ne devrais pas craindre, si tu as en toi un repentir sincère. Ne pleure pas ! Ou plutôt, viens, pleurons ensemble. »

Jésus qui, en levant la main, a arrêté sa fuite, le serre maintenant contre lui. Puis il se tourne vers ceux qui attendent et leur dit :

« Un moment seulement, pour soulager ce cœur, puis je viens à vous. »

Il s’éloigne de la maison, mais, en tournant au coin, il se heurte à la femme voilée qui est à son poste d’écoute. Jésus la regarde un moment fixement, puis il fait encore une dizaine de pas et s’arrête :

« Qu’as-tu fait, mon fils ? »

L’homme tombe à genoux. C’est un homme d’une cinquantaine d’années. Un visage brûlé par les passions et dévasté par quelque tourment secret. Il tend les bras et s’écrie :

« Pour dépenser avec les femmes tout l’héritage paternel, j’ai tué ma mère et mon frère… Je n’ai plus eu de paix… Ma nourriture… du sang ! Mon sommeil… un cauchemar… Mon plaisir… Ah ! Sur le sein des femmes, dans leur cri luxurieux, je sentais le cadavre glacé de ma mère morte, j’entendais le râle de mon frère empoisonné. Maudites soient les femmes de plaisir, ces vipères, ces méduses, ces murènes insatiables, elles ont fait ma ruine, ma ruine, ma ruine !

– Ne maudis pas. Moi, je ne te maudis pas…

– Tu ne me maudis pas ?

– Non. Je pleure et je prends sur moi ton péché !… Comme il est lourd ! Il me brise les membres, mais je l’étreins étroitement, pour le consumer à ta place… et à toi, je donne mon pardon. Oui. Je te remets ton grand péché. »

Il étend les mains sur la tête de l’homme qui sanglote et prie :

« Père, c’est pour lui aussi que mon sang sera versé. En attendant, voici mes larmes et ma prière. Père, pardonne-lui car il s’est repenti. Ton Fils, au jugement duquel tout est remis, le veut !… »

Il reste encore quelques minutes dans cette position, puis il se penche, relève l’homme et lui dit :

« Ta faute est remise. A toi, maintenant, d’expier par une vie de pénitence ce qui reste de ton délit.

– Est-ce que Dieu m’a pardonné ? Et ma mère ? Et mon frère ?

– Ce que Dieu pardonne, tous le pardonnent. Va et ne pèche jamais plus. »

L’homme pleure plus fort et lui baise la main. Jésus le laisse à ses larmes. Il retourne vers la maison. La femme voilée fait le geste d’aller à sa rencontre, mais ensuite elle baisse la tête et ne bouge pas. Jésus passe devant elle sans la regarder.

119.4

Il a gagné sa place. Il parle :

« Une âme est revenue au Seigneur. Bénie soit sa toute-puissance qui arrache à l’emprise du démon les âmes qu’il a créées et les remet sur le chemin du Ciel. Pourquoi cette âme s’était-elle perdue ? Parce qu’elle avait perdu de vue la Loi.

Il est dit[1], dans le Livre, que le Seigneur s’est manifesté sur le Sinaï dans toute sa terrible puissance pour dire aussi par elle : “ Je suis Dieu. Voici ma volonté. Voilà les foudres toutes prêtes pour ceux qui seront rebelles à la volonté de Dieu. ” Et, avant de parler, il a prescrit que personne du peuple ne devait monter contempler Celui qui est, et que même les prêtres devaient se purifier avant de s’approcher de la limite fixée par Dieu, pour n’être pas frappés. Cela, parce que c’était le temps de la justice et de l’épreuve. Les Cieux étaient fermés comme par la pierre sur le mystère du Ciel et sur le courroux de Dieu, et seules les flèches de la justice tombaient du Ciel sur les fils coupables. Mais maintenant, non. Maintenant le Juste est venu accomplir toute justice. Le temps est arrivé où, sans foudre et sans limites, la Parole divine s’adresse à l’homme, pour donner à l’homme la grâce et la vie.

119.5

La première parole du Père et Seigneur est celle-ci : “ Je suis le Seigneur ton Dieu. ”

Il n’est pas un instant de la journée où cette parole ne résonne et ne soit manifestée par la voix et le doigt de Dieu. Où ? Partout… Tout ne cesse de le dire : de l’herbe aux étoiles, de l’eau au feu, de la laine à la nourriture, de la lumière aux ténèbres, de la santé à la maladie, de la richesse à la pauvreté, tout dit : “ Je suis le Seigneur. C’est par moi que tu as ceci. Une de mes pensées te le donne, une autre te l’enlève. Il n’est pas d’armée puissante ni de défense qui puisse te faire échapper à ma volonté. ” Elle crie dans la voix du vent, elle chante dans le murmure de l’eau, elle se répand dans le parfum des fleurs, elle caresse le sommet des monts. Elle murmure, elle parle, elle appelle, elle clame dans les consciences : “ Je suis le Seigneur ton Dieu. ”

Ne l’oubliez jamais ! Ne fermez pas vos yeux, vos oreilles, n’étranglez pas votre conscience pour ne pas entendre cette parole. Elle n’en existe pas moins. Le moment vient où sur le mur de la salle du festin, ou sur les flots déchaînés de la mer, sur les lèvres rieuses de l’enfant ou sur la pâleur du vieillard qui va mourir, sur la rose parfumée ou dans la puanteur du tombeau, elle arrive, écrite par le doigt de feu de Dieu. Il vient un moment où, dans l’ivresse du vin et des plaisirs, dans le tourbillon des affaires, dans le repos de la nuit, dans une promenade solitaire, elle élève la voix et dit : “ Je suis le Seigneur ton Dieu ” ; et cette chair que tu embrasses avidement, cette nourriture que tu avales goulûment, cet or que ton avarice accumule, et ce lit où tu restes paresseusement, ou encore le silence, la solitude, le sommeil, rien ne peut la faire taire.

“ Je suis le Seigneur ton Dieu ”, le compagnon qui ne t’aban­donne pas, l’hôte que tu ne peux chasser. Es-tu bon ? Alors ton hôte et compagnon est le bon ami. Es-tu pervers et coupable ? L’hôte et compagnon devient le Roi irrité et ne donne pas la paix. Mais il ne t’abandonne pas, non, il ne t’abandonne pas. Il n’est permis qu’aux damnés de se séparer de Dieu. Mais la séparation est un tourment implacable et éternel.

119.6

“ Je suis le Seigneur ton Dieu ” et il ajoute “ qui t’a tiré de la terre d’Egypte, de la maison de l’esclavage. ” Ah ! En vérité, comme cette parole est juste de nos jours ! De quelle Egypte, de quelle Egypte te tire-t-il, pour t’amener à la terre promise qui n’est pas ce lieu-ci, mais le Ciel, le Royaume éternel du Seigneur où il n’y aura plus ni faim ni soif, ni froid ni mort, mais où tout ruissellera de joie et de paix, et où toute âme sera rassasiée de paix et de joie.

C’est à la vraie servitude qu’il vous arrache aujourd’hui. Voici le Libérateur : c’est moi. Je viens briser vos chaînes. Tout dominateur humain peut connaître la mort, et par sa mort les peuples esclaves recouvrent leur liberté. Mais Satan ne meurt pas. Il est immortel. C’est le dominateur qui vous a mis dans les fers pour vous traîner où il le veut. Le péché est en vous et le péché est la chaîne par laquelle Satan vous tient. Moi, je viens briser cette chaîne. C’est au nom du Père que je viens, mais c’est aussi mon désir. C’est pour que s’accomplisse la promesse qui n’a pas été comprise : “ Je t’ai tiré hors d’Egypte et de l’esclavage. ”

C’est maintenant qu’elle s’accomplit spirituellement. Le Seigneur votre Dieu vous enlève à la terre de l’idole qui séduisit vos premiers parents, il vous arrache à l’esclavage de la faute, il vous revêt de la grâce, il vous admet dans son Royaume. En vérité, je vous dis que ceux qui viendront à moi pourront entendre le Très-Haut leur dire, d’une voix paternelle pleine de douceur, au fond de leur cœur bienheureux : “ Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’attire à moi, libre et heureux. ”

Venez. Tournez vers le Seigneur votre cœur et votre visage, votre prière et votre volonté. L’heure de la grâce est venue. »

119.7

Jésus a terminé. Il passe en bénissant et en caressant une petite vieille ainsi qu’une enfant au teint très mat et toute rieuse.

« Guéris-moi, Maître. J’ai si mal ! Dit le malade qui a la gangrène.

– L’âme d’abord. L’âme d’abord. Fais pénitence…

– Donne-moi le baptême comme Jean. Je ne peux aller le trouver. Je suis malade.

– Viens. »

Jésus descend vers le Jourdain, qui coule au-delà de deux prés très grands et d’un bois qui le cache. Il se déchausse, de même que l’homme qui s’est traîné là avec ses béquilles. Ils descendent à la rive et Jésus, faisant une coupe de ses deux mains réunies, répand l’eau sur la tête de l’homme, qui est dans l’eau jusqu’à mi-jambes.

« Maintenant, enlève les bandes » ordonne Jésus pendant qu’il remonte sur le sentier.

L’homme obéit. Sa jambe est guérie. La foule crie de stupeur.

« Moi aussi !

– Moi aussi.

– Moi aussi, le baptême de tes mains ! » crient bon nombre de personnes.

Jésus, qui est déjà à mi-chemin, se retourne :

« Demain. Maintenant, partez et soyez bons. Que la paix soit avec vous. »

Tout se termine et Jésus rentre dans la maison, dans la cuisine déjà sombre bien que ce ne soient encore que les premières heures de l’après-midi.

119.8

Les disciples s’empressent autour de lui. Pierre l’interroge :

« Cet homme que tu as emmené derrière la maison, qu’est-ce qu’il avait ?

– Besoin de purification.

– Il n’est pourtant pas revenu et n’a pas demandé le baptême.

– Il est allé là où je l’ai envoyé.

– Où ?

– A l’expiation, Pierre.

– En prison ?

– Non, faire pénitence pour le reste de sa vie.

– Alors ce n’est pas avec l’eau qu’on purifie ?

– Les larmes aussi, c’est de l’eau.

– C’est vrai.

119.9

Maintenant que tu as fait un miracle, qui sait combien viendront ! Ils étaient déjà le double aujourd’hui…

– Oui. Si je devais tout faire, je ne le pourrais pas. C’est vous qui baptiserez. D’abord un à la fois, puis vous serez à deux, à trois, à plusieurs. Moi, je prêcherai et je guérirai les malades et les coupables.

– Nous, baptiser ? Oh ! Moi, je n’en suis pas digne ! Enlève-moi, Seigneur, cette mission ! C’est moi qui ai besoin d’être baptisé ! »

Pierre est à genoux et supplie.

Mais Jésus se penche et dit :

« C’est justement toi qui baptiseras, le premier. Dès demain.

– Non, Seigneur ! Comment ferai-je si je suis plus noir que cette cheminée ? »

Jésus sourit de l’humble sincérité de l’apôtre agenouillé contre ses genoux, sur lesquels il tient jointes ses deux grosses mains de pêcheur. Ensuite, il lui donne un baiser sur le front, à la limite des cheveux grisonnants qui se hérissent plutôt qu’ils ne frisent :

« Voilà : je te baptise d’un baiser. Tu es content ?

– Je ferais tout de suite un autre péché pour avoir un autre baiser !

– Ah ! Non, pas cela ! On ne se moque pas de Dieu en abusant de ses dons.

– Et à moi, tu ne donnes pas un baiser ? J’ai bien encore quelque péché », dit Judas.

Jésus le regarde fixement. Son regard si mobile passe de la lumière joyeuse qui l’éclairait pendant qu’il parlait à Pierre, à une ombre sévère, presque lasse, et il répond :

« Oui… à toi aussi. Viens. Je ne suis injuste envers personne. Sois bon, Judas. Si tu voulais !… Tu es jeune. Tu as toute ta vie devant toi pour t’élever sans cesse, jusqu’à la perfection de la sainteté… »

Et il l’embrasse.

« A ton tour, maintenant, Simon, mon ami. Et toi, Matthieu, ma victoire. Et toi, sage Barthélemy. Et toi, fidèle Philippe. Et toi, Thomas à la joyeuse volonté. Viens, André qui agis dans le silence. Et toi, Jacques de la première rencontre. Et toi maintenant, la joie[2] de ton Maître. Et toi, Jude, mon compagnon d’enfance et de jeunesse. Et toi, Jacques, qui me rappelles le Juste par ton physique et par ton cœur. Voilà, tous, tous… Mais souvenez-vous que si mon amour est multiple, il demande aussi votre bonne volonté. Dès demain, vous allez faire un pas de plus dans votre vie de disciples. Mais ayez bien à l’esprit que chaque pas en avant est un honneur et une obligation.

119.10

– Maître…, dit Pierre, un jour tu as dit[3] à Jean, Jacques, André et moi, que tu nous apprendrais à prier. Je pense que si nous priions comme tu pries, nous pourrions être dignes du travail que tu attends de nous.

– Je t’ai aussi répondu, alors : “ Quand vous serez suffisamment formés, je vous apprendrai la prière sublime. Pour vous laisser ma prière. Mais elle aussi ne sera rien si elle n’est dite qu’avec les lèvres. Pour l’instant, élevez-vous vers Dieu de toute votre âme et de toute votre volonté. ” La prière est un don que Dieu accorde à l’homme et que l’homme donne à Dieu.

– Comment ? Nous ne sommes pas encore dignes de prier ? Israël tout entier prie…, dit Judas.

– Oui, Judas, mais tu vois à ses œuvres comment prie Israël. Je ne veux pas faire de vous des traîtres. Qui ne prie qu’extérieurement, sans dispositions intérieures, s’oppose au bien : c’est un traître.

119.11

– Et les miracles, poursuit Judas, quand est-ce que tu nous en feras faire ?

– Nous, des miracles, nous ? Miséricorde éternelle ! Nous buvons pourtant de l’eau pure ! Nous, des miracles ? Mais, mon garçon, tu délires ? »

Pierre est scandalisé, épouvanté, hors de lui.

« Il nous l’a dit[4], en Judée. N’est-ce pas vrai, peut-être ?

– Si, c’est vrai. Je l’ai dit et vous en ferez. Mais tant que vous serez trop charnels, vous n’aurez pas de miracles.

– Nous ferons des jeûnes, dit Judas.

– Inutile. Par la chair, j’entends les passions dépravées, la triple faim et, dans le sillage de cette perfide trinité, la cohorte de ses vices… Pareils aux enfants d’une sordide bigamie, l’orgueil de l’esprit engendre, avec la convoitise de la chair et de la domination, tous les maux qui se trouvent dans l’homme et dans le monde.

– Nous, nous avons quitté pour toi tout ce que nous avions, réplique Judas.

– Mais pas vous-mêmes.

– Nous devons mourir, alors ? Pour être avec toi, nous le ferons, moi, du moins…

– Non. Je ne demande pas votre mort matérielle. Je demande que meurent en vous les tendances animales et sataniques, et elles ne meurent pas tant que la chair est assouvie, tant que le mensonge, l’orgueil, la colère, l’amour-propre, la gourmandise, l’avarice, la paresse demeurent en vous.

– Nous sommes tellement hommes à côté de toi, qui es tellement saint ! Murmure Barthélemy.

– Et il a toujours été aussi saint. Nous pouvons l’affirmer, déclare Jacques, le cousin de Jésus.

– Lui, il sait ce que nous sommes…, dit Jean. Nous ne devons pas être abattus pour cela, mais lui demander seulement : donne-nous, jour après jour, la force de te servir. Si nous prétendions : “ Nous sommes sans péché ”, nous serions trompés et trompeurs. Trompeurs de qui, d’ailleurs ? De nous-mêmes qui savons ce que nous sommes, même si nous ne voulons pas le reconnaître ? De Dieu que l’on ne trompe pas ? Mais si nous disons : “ Nous sommes faibles et pécheurs. Viens à notre aide par ta force et ton pardon ”, alors Dieu ne nous décevra pas, et dans sa bonté et sa justice, il nous pardonnera et nous purifiera de l’iniquité de nos pauvres cœurs.

– Bienheureux es-tu, Jean, puisque la Vérité parle par tes lèvres qui ont le parfum de l’innocence et ne donnent de baiser qu’à l’adorable Amour. »

Ce disant, Jésus se lève et attire sur son cœur son disciple préféré, qui a parlé de son coin obscur.

119.1

Desde ayer la gente se ha duplicado al menos. Hay también personas de clases menos comunes. Algunos han venido en burros y ahora están ingeriendo su comida bajo el cobertizo, en cuyos palos han atado sus asnos, en espera del Maestro.

El día está frío pero sereno. La gente cuchichea; los más doctos dan explicaciones de quién es y por qué el Maestro habla en ese lugar.

Uno dice: «Pero, ¿supera a Juan?».

«No. Es distinto. Aquél — yo era de Juan — es el Precursor, y es la voz de la justicia; éste es el Mesías, y es la voz de la sabiduría y la misericordia».

«¿Cómo lo sabes?» preguntan muchos.

«Me lo han dicho tres discípulos del Bautista de los que están siempre con él. ¡Si supieras qué cosas! Ellos le vieron nacer. Fijaos: nació de la luz. La luz era tan fuerte, que ellos, que eran pastores, abandonaron corriendo el redil, entre el ganado enloquecido de terror, y vieron que toda Belén estaba en llamas, y luego descendieron del cielo unos ángeles y apagaron el fuego con sus alas, y sobre el suelo estaba Él, el Niño nacido de la luz. Todo el fuego se transformó en una estrella…».

«¡No, hombre, no, no es así!».

«Sí, es así. Me lo ha dicho uno que era mozo de cuadra en Belén cuando yo era niño, y que ahora que el Mesías es hombre se gloría de ello».

«No es así. La estrella vino después, vino con aquellos magos de oriente, aquellos de los que uno era descendiente de Salomón, y, por tanto, pariente del Mesías, porque Él es de David y David es padre de Salomón, y Salomón amó a la reina de Saba porque era hermosa y por los regalos que le había traído, y tuvo de ella un hijo, que es de Judá a pesar de ser de allende el Nilo».

«¿Pero qué estás diciendo? ¡¿Estás loco?!».

«No. ¿Pretendes decir que no es cierto que su pariente le trajo los aromas como es costumbre entre reyes, y más aún de esa estirpe?».

«Yo sé cómo sucedió verdaderamente» dice otro. «Así fue — lo sé porque Isaac es uno de los pastores y es amigo mío —, así fue: el Niño nació en un establo de la casa de David. Estaba profetizado…».

«¿Pero no es de Nazaret?».

«Dejadme hablar. Nació en Belén porque es de David, y era tiempo de edicto. Los pastores vieron una luz de insuperable belleza, y el más pequeño, porque era inocente, vio el primero al ángel del Señor, el cual habló con música de arpa diciendo: “Ha nacido el Salvador. Id y adorad”, y, a continuación, una muchedumbre de ángeles cantó: “Gloria a Dios y paz a los hombres buenos”. Entonces los pastores fueron y vieron a un niñito en un pesebre entre un buey y un asno, y a la Madre y al padre. Y le adoraron y luego le condujeron a casa de una buena mujer. Y el Niño crecía como todos, hermoso, bueno, todo amor. Luego vinieron los magos de allende el Eufrates y allende el Nilo, porque habían visto una estrella y reconocido en ella la estrella de Balaam. Pero el Niño ya podía andar. El rey Herodes ordenó el exterminio por celos de poder. Pero el ángel del Señor había advertido del peligro y los pequeñuelos de Belén murieron, mas no Él, que había huido más allá de Matarea. Después volvió a Nazaret, a trabajar como carpintero, y, habiendo llegado a su tiempo, después de haber sido anunciado por el Bautista, primo suyo, ha comenzado la misión y primero ha buscado a sus pastores. A Isaac le liberó de una paralisis, después de treinta años de enfermedad, e Isaac le predica incansablemente. Esto es».

«¡Pues, no obstante, los tres discípulos del Bautista me han dicho verdaderamente esas palabras!» dice, disgustado, el primero.

«Y son verdaderas. Lo que no es verdadero es la descripción del mozo de cuadra. ¿Se gloría? Haría bien en decir a los betlemitas que fueran buenos. Ni en Belén ni en Jerusalén puede predicar».

«¡Pero hombre, ¿cómo piensas que los escribas y fariseos deseen sus palabras?! Esos son víboras y hienas, como los llama el Bautista».

119.2

«Yo querría que me curase. ¿Ves? Tengo una pierna con gangrena. He sufrido lo indecible para venir aquí en burro. Pero le he buscado en Sión y ya no estaba…» dice uno.

«Le han amenazado de muerte…» responde otro.

«¡Perros!».

«Sí. ¿De dónde vienes?».

«De Lida».

«¡Un largo camino!».

«Yo... yo quisiera expresarle un pecado mío... Se lo he manifestado al Bautista... pero me ha recriminado de tal modo, que he huido. Creo que ya no podré ser perdonado…» dice un tercero.

«¿Pues qué es lo que has hecho?».

«Mucho mal. A Él se lo manifestaré. ¿Qué decis? ¿Me maldeci­rá?».

«No. Le he oído hablar en Betsaida. Casualmente me encontraba allí. ¡¡¡Qué palabras!!! Hablaba de una pecadora. ¡Ah..., casi habría deseado ser ella para merecerlas!…» dice un anciano de aspecto grave.

119.3

«Ahí viene» grita un buen número de personas.

«¡Misericordia! ¡Me da vergüenza!» dice el hombre que se siente culpable, y trata de huir.

«¿A dónde huyes, hijo mío? ¿Tanta negrura tienes en el corazón, que odias la Luz hasta el punto de tener que huir de ella? ¿Has pecado tanto como para tener miedo de mí: Perdón? ¿Pero qué pecado puedes haber cometido? Ni aun en el caso de que hubieras matado a Dios deberías tener miedo, si en ti hubiera verdadero arrepentimiento. ¡No llores! O ven, lloremos juntos».

Jesús que, alzando una mano, había hecho que se detuviera el fugitivo, ahora le tiene estrechado contra sí, y se vuelve a quienes están esperando y dice: «Un momento sólo, para aliviar a este corazón. Después estoy con vosotros».

Y se aleja hasta más allá de la casa, chocándose, al volver la esquina, contra la mujer velada, que está en su lugar de escucha. Jesús la mira fijamente un instante, luego continúa unos diez pasos y se detiene: «¿Qué has hecho, hijo?».

El hombre cae de rodillas. Es un hombre que tiene unos cincuenta años; un rostro quemado por muchas pasiones y devastado por un tormento secreto. Tiende los brazos y grita: «Para gozarme con las mujeres toda la herencia paterna, he matado a mi madre y a mi hermano... Desde entonces no he vuelto a tener paz... Mi alimento... ¡sangre! Mi sueño... ¡pesadilla!... Mi placer... ¡Ah! en el seno de las mujeres, en su grito de lujuria, sentía el hielo de mi madre muerta y el jadeo agonizante de mi hermano envenenado. ¡Malditas las mujeres de placer, áspides, medusas, murenas insaciables, perdición, perdición, mi perdición!».

«No maldigas. Yo no te maldigo…».

«¿No me maldices?».

«No. ¡Lloro y cargo sobre mí tu pecado!... ¡Cuánto pesa! Me quiebra los miembros, pero aun así lo abrazo estrechamente para anularle por ti... y a ti te concedo el perdón. Sí. Yo te perdono tu gran pecado». Extiende Jesús las manos sobre la cabeza del hombre, que está sollozando, y ora: «Padre, mi Sangre será derramada también por él. Por ahora, llanto y oración. Padre, perdona, porque está arrepentido. Tu Hijo, a cuyo juicio todo ha sido remitido, así lo quiere!…». Permanece así durante unos minutos, luego se agacha para levantar al hombre y le dice: «La culpa queda perdonada. Está en ti ahora el expiar, con una vida de penitencia, cuanto queda de tu delito».

«¿Dios me ha perdonado? ¿Y mi madre? ¿Y mi hermano?».

«Lo que Dios perdona queda perdonado por todos, quienesquiera que sean. Ve y no vuelvas a pecar nunca».

El hombre llora aún con más intensidad y le besa la mano. Jesús le deja con su llanto y vuelve hacia la casa. La mujer velada hace ademán como de ir a su encuentro, mas luego baja la cabeza y no se mueve. Jesús pasa delante de ella sin mirarla.

119.4

Ya está en su puesto. Empieza a hablar:

«Un alma ha vuelto al Señor. Bendita sea su omnipotencia, que arranca de las circunvoluciones de la serpiente demoníaca a sus almas creadas, y las conduce de nuevo por el camino de los Cielos.

¿Por qué esa alma se había perdido? Porque había perdido de vista la Ley.

Dice el Libro que el Señor se manifestó en la cima del Sinaí con toda su terrible potencia, para, valiéndose también de ella, decir: “Yo soy Dios. Ésta es mi voluntad. Éstos son los rayos que tengo preparados para aquellos que se muestren rebeldes a la voluntad de Dios”. Y antes de hablar impuso que nadie del pueblo subiera para contemplar a Aquel que es, y que incluso los sacerdotes se purificasen antes de acercarse al limen de Dios, para no recibir castigo. Esto fue así porque era tiempo de justicia y de prueba. Los Cielos estaban cerrados como por una losa que cubría el misterio del Cielo y el desdén de Dios, y sólo las saetas de la justicia alcanzaban, provenientes de los Cielos, a los hijos culpables. Mas ahora no es así. Ahora el Justo ha venido a consumar toda justicia y ha llegado el tiempo en que sin rayos y sin límites, la Palabra divina habla al hombre para darle Gracia y Vida.

119.5

La primera palabra del Padre y Señor es ésta: “Yo soy el Señor Dios tuyo”.

En todo instante del día la voz de Dios pronuncia esta palabra y su dedo la escribe. ¿Dónde? Por todas partes. Todo lo dice continuamente: desde la hierba a la estrella, desde el agua al fuego, desde la lana al alimento, desde la luz a las tinieblas, desde el estar sano hasta la enfermedad, desde la riqueza a la pobreza. Todo dice: “Yo soy el Señor. Por mí tienes esto. Un pensamiento mío te lo da, otro te lo quita, y no hay fuerza de ejércitos ni de defensas que te pueda preservar de mi voluntad”. Grita en la voz del viento, canta en la risa del agua, perfuma en la fragancia de la flor, se incide sobre las cúspides montanas, y susurra, habla, llama, grita en las conciencias: “Yo soy el Señor Dios tuyo”.

¡No os olvidéis nunca de ello! No cerréis los ojos, los oídos; no estranguléis la conciencia para no oír esta palabra. Es inútil, ella es; y llegará el momento en que en la pared de la sala del banquete, o en la agitada ola del mar, o en el labio del niño que ríe, o en la palidez del anciano que se muere, en la fragante rosa o en la fétida tumba, será escrita por el dedo de fuego de Dios. Es inútil, llega el momento en que en medio de las embriagueces del vino y del placer, en medio del torbellino de los negocios, durante el descanso de la noche, en un solitario paseo... ella alza su voz y dice: “Yo soy el Señor Dios tuyo”, y no esta carne que besas ávido, y no este alimento que, glotón, engulles, y no este oro que, avaro, acumulas, y no este lecho sobre el que te huelgas; y de nada sirve el silencio, o el estar solo, o durmiendo, para hacerla callar.

“Yo soy el Señor Dios tuyo”, el Compañero que no te abandona, el Huésped que no puedes echar. ¿Eres bueno? Pues el huésped y compañero es el Amigo bueno. ¿Eres perverso y culpable? Pues el huésped y compañero pasa a ser el Rey airado, y no concede tregua. Mas no deja, no deja, no deja. Sólo a los réprobos les es concedido el separarse de Dios. Pero la separación es el tormento insaciable y eterno.

119.6

“Yo soy el Señor Dios tuyo”, y añade: “que te saqué de la tierra de Egipto, de la casa de la esclavitud”. ¡Oh, con qué verdad, ahora, realmente lo dice! ¡De qué Egipto, de qué Egipto te saca, hacia la tierra prometida, que no es este lugar, sino el Cielo, el eterno Reino del Señor en que no habrá ya hambre o sed, frío ni muerte, sino que todo rezumará alegría y paz, y de paz y de alegría se verá saciado todo espíritu!

De la esclavitud verdadera ahora os saca. He aquí el Libertador. Yo soy. Vengo a romper vuestras cadenas. Cualquier dominador humano puede conocer la muerte, y por su muerte quedar libres los pueblos esclavos. Pero Satanás no muere. Es eterno. Y es él el dominador que os ha puesto grilletes para arrastraros hacia donde desea. El Pecado está en vosotros, y el Pecado es la cadena con que Satanás os tiene cogidos. Yo vengo a romper la cadena. En nombre del Padre vengo, y por deseo mío. He aquí que, por tanto, se cumple la no comprendida promesa: “te saqué de Egipto y de la esclavitud”.

Ahora esto tiene espiritualmente cumplimiento. El Señor Dios vuestro os saca de la tierra del ídolo que sedujo a vuestros Progenitores, os arranca de la esclavitud de la Culpa, os reviste de Gracia, os admite en su Reino. En verdad os digo que quienes vengan a mí podrán, con dulzura de paterna voz, oír al Altísimo decir en su corazón bienaventurado: “Yo soy el Señor Dios tuyo y te traigo hacia mí, libre y feliz”.

Venid. Volved al Señor corazón y rostro, oración y voluntad. La hora de la Gracia ha llegado».

119.7

Jesús ha terminado. Pasa bendiciendo y acariciando a una viejecita y a una niñita morenilla y toda risueña.

«Cúrame, Maestro. ¡Me aflige un mal grave!» dice el enfermo de gangrena.

«Primero el alma, primero el alma. Haz penitencia…».

«Dame el bautismo como Juan. No puedo ir a él. Estoy enfermo».

«Ven». Jesús baja hacia el río que se encuentra pasados dos grandísimos prados y el bosque que lo oculta. Se descalza, como también lo hace el hombre que hasta allí se ha arrastrado con las muletas. Descienden a la orilla, y Jesús, haciendo copa con las dos manos unidas, esparce el agua sobre la cabeza del hombre, que está dentro del agua hasta la mitad de las espinillas.

«Ahora quítate las vendas» ordena Jesús mientras vuelve a subir al sendero.

El hombre obedece. La pierna está curada. La multitud grita su estupor.

«¡Yo también!»; «Yo también»; «¡Yo también el bautismo dado por ti!» gritan muchos.

Jesús, que ya está a medio camino, se vuelve: «Mañana. Ahora marchaos y sed buenos. La paz sea con vosotros».

Todo termina y Jesús vuelve a casa, a la cocina que está oscura a pesar de que sean todavía las primeras horas de la tarde.

119.8

Los discípulos se le arremolinan en torno. Y Pedro pregunta: «¿Ese hombre al que has llevado detrás de la casa, qué tenía?».

«Necesidad de purificación».

«No ha vuelto, de todas formas, y no estaba entre los que pedían el bautismo».

«Ha ido a donde le he mandado».

«¿A dónde?».

«A expiar, Pedro».

«¿A la cárcel?».

«No. A hacer penitencia por todo el resto de su vida».

«¿No se purifica entonces con el agua?».

«Es agua también el llanto».

«Sí, cierto.

119.9

Ahora que has hecho el milagro, ¡quién sabe cuántos vendrán!... Eran ya el doble hoy…».

«Sí. Si tuviera Yo que hacer todo, no podría. Vais a bautizar vosotros. Primero uno cada vez, luego seréis dos, tres, muchos. Y Yo predicaré y curaré a los enfermos y a los pecadores».

«¿Nosotros, bautizar? ¡Oh, yo no soy digno de ello! ¡Quítame, Señor, esta misión! ¡Tengo yo necesidad de ser bautizado!». Pedro se ha puesto de rodillas y está en actitud suplicante.

Pero Jesús se inclina hacia él y dice: «Pues tú vas a ser el primero en bautizar. Desde mañana».

«¡No, Señor! ¿Cómo puedo hacerlo, si estoy más negro que esa chimenea?».

Jesús sonríe ante la sinceridad humilde del apóstol, de rodillas contra sus rodillas, sobre las cuales tiene unidas sus gruesas manos de pescador. Y le besa en la frente, en el límite de su cabello entrecano que, áspero, se riza: «Eso es. Te bautizo con un beso. ¿Estás contento?».

«¡Cometería inmediatamente otro pecado para recibir otro beso!».

«No, eso no. Nadie se burla de Dios, abusando de sus dones».

«¿Y a mí no me das un beso? Yo también tengo algún pecado» dice Judas Iscariote.

Jesús le mira fijamente. Su ojo, muy mutable, pasa de la luz de la alegría, que le hacía claro mientras hablaba con Pedro, a una oscuridad severa, y yo diría que cansada, y dice: «Sí... a ti también. Ven. Yo no actúo injustamente con nadie. Sé bueno, Judas. ¡Si tú quisieras!... Eres joven. Toda una vida para subir y subir, hasta la perfección de la santidad…» y le besa.

«Ahora tú, Simón, amigo mío. Y tú, Mateo, victoria mía. Y tú, sabio Bartolmái. Y tú, Felipe, fiel. Y tú, Tomás, con tu jovial voluntad. Ven, Andrés, hombre de silencio activo. Y tú, Santiago del primer encuentro. Y ahora tú, alegría de tu Maestro. Y tú, Judas, compañero de niñez y de juventud. Y tú, Santiago, quien me recuerda al Justo, en el aspecto y en el corazón. Todos, todos... Mas, acordaos de que mi amor es mucho, pero es necesaria también vuestra buena voluntad. Desde mañana daréis un paso más, hacia adelante, en vuestra vida de discípulos míos. Pensad, no obstante, que cada paso hacia adelante es un honor y una obligación».

119.10

«Maestro... un día me dijiste a mí, a Juan, a Santiago y a Andrés, que nos enseñarías a orar[1]. Yo creo que si nosotros orásemos como lo haces tú, seríamos capaces de ser dignos del trabajo que quieres de nosotros» dice Pedro.

«En aquella ocasión te respondí: “Cuando estéis suficientemente formados, os enseñaré la oración sublime; para dejaros mi oración. Mas incluso ésta resultará inútil si la pronuncia sólo la boca. Por ahora, ascended con el alma y la voluntad a Dios”. La oración es un don que Dios concede al hombre y que el hombre dona a Dios».

«¿Cómo es esto? ¿Todavía no somos dignos de orar? Todo Israel ora…» dice Judas Iscariote.

«Sí, Judas. Pero tú mismo puedes ver por sus obras cómo ora Israel. Yo no quiero hacer de vosotros unos traidores. Quien ora con lo externo, y por dentro está contra el bien, es un traidor».

119.11

«¿Y cuándo nos vas a habilitar para hacer milagros?» sigue preguntando Judas.

«¿Nosotros, hacer milagros?, ¿nosotros? ¡Misericordia eterna! ¡Y eso que bebemos agua pura! ¿Nosotros, milagros? Pero muchacho, ¿estás delirando?». Pedro está escandalizado, asustado, fuera de sí.

«Él nos lo dijo[2], en Judea. ¿O acaso no es verdad?».

«Sí, es verdad, lo dije. Y lo haréis. Mas, mientras en vosotros haya demasiada carne, no tendréis milagros».

«Haremos ayunos» dice Judas Iscariote.

«No se requieren ayunos. Cuando digo carne quiero decir las pasiones corrompidas, la triple hambre, y tras esta pérfida trinidad, el séquito de sus vicios... Como hijos de una inmunda, bígama unión, la soberbia de la mente engendra, con la avidez de la carne y del poder, todo lo malo que hay en el hombre y en el mundo».

«Nosotros lo hemos dejado todo por ti» replica Judas.

«Pero no a vosotros mismos».

«¿Entonces tenemos que morir? Con tal de estar contigo lo haríamos; yo al menos…».

«No. No pido vuestra muerte material. Pido que muera la animalidad y el satanismo en vosotros, y éste no muere mientras se siga satisfaciendo el hambre de la carne y mientras haya en vosotros mentira, orgullo, ira, soberbia, gula, avaricia, acidia».

«¡Somos muy humanos, junto a ti, muy santo!» dice sumisamente Bartolomé.

«Y siempre fue tan santo. Nosotros lo podemos decir» afirma el primo Santiago.

«Él sabe cómo somos... Y no debemos desanimarnos, sino decirle sólo: Danos día a día la fuerza de servirte. Si nosotros dijéramos: “No tenemos pecado”, resultaríamos engañados y engañadores. ¿Y de quién al final? ¿De nosotros mismos que sabemos lo que somos, aunque no queramos decirlo? ¿De Dios, al cual no se le puede engañar? Pero si decimos: “Somos débiles y pecadores. Ayúdanos con tu fuerza y tu perdón”, entonces Dios no nos defraudará, y en su bondad y justicia nos perdonará y nos purificará de las iniquidades de nuestros pobres corazones».

«Dichoso tú, Juan, porque la Verdad habla en tus labios, que tienen perfume de inocencia y sólo besan al adorable Amor» dice Jesús levantándose, y atrae hacia su corazón al predilecto, que ha hablado desde su rincón oscuro.


Notes

  1. Il est dit : Voir Ex 19, 10-25. Là commence toute une série de discours qui il­lustrent le Décalogue, rapporté en : Ex 20, 1-17 et Dt 5, 1-22. La Loi des dix commandements est commentée ou citée à d’autres reprises dans l’œuvre, p.ex. en : 288.4 (en tant que loi naturelle), 293.5, 329.10, 335.9, 397.1, 414.9, 452.7/11, 453.6, 455.15, 471.7, 472.6/7, 476.8, 486.8, 493.4/5, 534.7, 565.4, 576.6, 592.12.18, 600.26, 604.7, 632.38, 635.17. A l’esprit du Décalogue se rattachent le commandement d’aimer Dieu (Dt 6, 5) et celui d’aimer son prochain (Lv 19, 18), comme en : 122.10, 196.5, 277.3, 279.2, 281.10, 295.4, 444.3, 596.2.10.
  2. la joie : il s’agit de Jean.
  3. un jour tu as dit : en 62.2 ; il réitérera cette promesse en 149.3.
  4. Il nous l’a dit en 72.3.

Notas

  1. un día me dijiste... que nos enseñarías a orar: en 62.2.
  2. Él nos lo dijo: en 72.3.