Los Escritos de Maria Valtorta

18. Marie annonce à Joseph la maternité d’Elisabeth et confie à Dieu le soin de justifier la sienne.

18. María anuncia a José la maternidad de Isabel

18.1

La petite maison de Nazareth m’apparaît ; Marie s’y trouve. Elle est aussi jeune que lorsque l’ange de Dieu lui est apparu. Sa seule vue m’emplit l’âme du parfum virginal de cette demeure, du parfum angélique qui persiste dans cette pièce où l’ange a déployé ses ailes d’or, du parfum divin qui s’est concentré sur Marie pour la rendre mère et qui, maintenant, émane d’elle.

C’est le soir, car les ombres commencent à envahir la pièce où, plus tôt, une si grande lumière était descendue du ciel.

A genoux à côté de son petit lit, Marie prie, les bras croisés sur la poitrine, le visage tout incliné vers la terre. Elle est encore vêtue comme elle l’était au moment de l’Annonciation. Rien n’a changé : le rameau fleuri dans son vase, les meubles rangés de la même façon. Seuls la quenouille et le fuseau sont appuyés dans un coin, la première portant son plumet de filasse, le second avec le fil brillant qui y est enroulé.

Marie cesse de prier et se lève, le visage illuminé comme sous l’effet d’une flamme. Sa bouche sourit, mais une larme fait briller ses yeux bleus. Elle saisit la lampe à huile qu’elle allume avec une pierre à feu, vérifie que tout est en ordre dans sa petite chambre et remet en place la couverture du lit qui s’était déplacée. Elle ajoute de l’eau dans le vase du rameau fleuri, le met dehors, à la fraîcheur de la nuit, puis rentre, prend la broderie pliée sur le meuble à étagère, la lampe allumée, et sort en fermant la porte.

Elle fait quelques pas dans le jardinet en longeant la maison, puis pénètre dans la petite pièce où j’ai vu[1] l’adieu de Jésus à Marie. Je la reconnais bien, même s’il manque quelque objet qui s’y trouvait alors. Marie disparaît, emportant la lampe, dans une autre petite pièce voisine, et je reste là avec pour seule compagnie son travail posé sur le coin de la table. J’entends le pas léger de Marie aller et venir, je l’entends remuer de l’eau comme pour laver quelque chose, puis rompre du menu bois – c’est à son bruit que je reconnais que c’est du bois. Je l’entends allumer le feu.

Elle revient ensuite, sort dans le jardin et en rapporte des pommes et des légumes. Elle pose les pommes sur la table, sur un plateau en métal gravé ; à ce qu’il me semble, c’est du cuivre buriné. Elle retourne dans la cuisine (cette pièce était donc bien la cuisine). Maintenant, la flamme du foyer se projette joyeusement par la porte ouverte et fait danser des ombres sur les murs.

Après quelque temps, Marie revient avec un petit pain bis et une tasse de lait chaud. Elle s’assied et trempe des tranches de pain dans le lait. Elle mange tranquillement, lentement. Puis, laissant sa tasse encore à moitié pleine, elle repart dans la cui­sine et en rapporte les légumes, sur lesquels elle verse de l’huile, et les mange avec le pain. Elle se désaltère avec du lait, puis prend une pomme et la mange. C’est un repas de fillette.

Tout en mangeant, Marie réfléchit, et sourit à quelque pensée intime. Elle se lève, et tourne les yeux vers les murs à qui elle semble communiquer un secret. De temps à autre, elle devient sérieuse, si ce n’est même triste, puis son sourire renaît.

18.2

On entend frapper à la porte. Marie se lève et ouvre. Joseph entre, et ils se saluent. Puis Joseph s’assied sur un escabeau en face de Marie, de l’autre côté de la table.

Joseph est un bel homme dans la force de l’âge. Il doit avoir trente-cinq ans tout au plus. Ses cheveux châtain foncé et sa barbe de la même couleur encadrent un visage régulier avec deux yeux doux, bruns mais presque noirs. Le front est large et lisse, le nez fin, légèrement arqué, des joues plutôt rondes, mates sans être olivâtres, les pommettes rosées. S’il n’est pas très grand, il est robuste et bien bâti.

Avant de s’asseoir, il a enlevé son manteau : c’est le premier de ce genre que je vois, car il est de forme ronde, fermé au cou par un crochet ou quelque chose comme ça, avec un capuchon. Il est marron clair et d’une étoffe imperméable de laine grège. On dirait un manteau de montagnard, conçu pour résister aux intempéries.

18.3

Toujours avant de s’asseoir, il offre à Marie deux œufs et une grappe de raisin, un peu avancé mais bien conservé. Il dit en souriant :

« On me l’a apporté de Cana. Quant aux œufs, c’est le centurion qui me les a donnés en remerciement d’une réparation que j’ai faite à son char. Une roue s’était cassée et leur ouvrier est malade. Ils sont frais. Il les a pris dans son poulailler. Bois-les, ils te feront du bien.

– Demain Joseph, maintenant, j’ai déjà mangé.

– Mais tu peux prendre le raisin. Il est bon, aussi sucré que du miel. Je te l’ai apporté avec précaution pour ne pas l’abîmer. Mange-le, il y en a encore. Je t’en apporterai demain dans un petit panier. Ce soir, je n’ai pas pu le faire parce que j’arrive directement de la maison du centurion.

– Alors tu n’as pas encore dîné.

– Non, mais cela n’a guère d’importance. »

Marie se lève aussitôt et part dans la cuisine, d’où elle revient avec encore du lait, des olives et du fromage.

« Je n’ai rien d’autre, dit-elle. Prends un œuf. »

Joseph refuse. Les œufs sont pour Marie. Il mange avec appétit son pain et le fromage, il boit le lait encore tiède, puis accepte une pomme. Le repas est terminé.

Marie prend sa broderie après avoir débarrassé la vaisselle de la table. Joseph l’aide et reste dans la cuisine même quand elle en revient. Je l’entends bouger et tout remettre en place. Il ranime le feu, car la soirée est fraîche. A son retour, Marie le remercie.

18.4

Ils parlent tous deux. Joseph raconte sa journée, il parle de ses neveux, s’intéresse au travail de Marie et à ses fleurs. Il lui promet de lui apporter des fleurs magnifiques que le centurion lui a promises.

« Ce sont des fleurs que nous n’avons pas chez nous. Il les a apportées de Rome. Il m’en a promis des plants. Maintenant que la lune est propice, je vais te les planter. Elles ont de jolies couleurs et sentent bien bon. Je les ai vues l’été dernier, parce qu’elles fleurissent en été. Elles te parfumeront toute la maison. En­suite, je les taillerai puisque la lune est favorable. C’est le bon moment. »

Marie sourit et le remercie. Un silence. Joseph contemple la tête blonde de Marie penchée sur sa broderie ; c’est un regard d’amour angélique. Sûrement, si un ange pouvait aimer une femme d’un amour d’époux, c’est ainsi qu’il la regarderait.

18.5

Comme si elle prenait une décision, Marie pose sa broderie sur ses genoux et dit :

« Joseph, j’ai moi aussi quelque chose à te partager. Je n’ai jamais rien à dire, car tu sais comme je vis de manière retirée. Mais aujourd’hui, j’ai une nouvelle. J’ai appris que notre parente Elisabeth, la femme de Zacharie, attend un enfant… »

Joseph écarquille les yeux :

« A son âge ?

– A son âge, répond Marie en souriant. Le Seigneur peut tout, et il a voulu donner cette joie à notre parente.

– Comment le sais-tu ? Cette nouvelle est-elle sûre ?

– Il est venu un messager, quelqu’un qui ne saurait mentir. Je voudrais aller trouver Elisabeth pour l’aider et lui dire combien je partage sa joie. Si tu le permets…

– Marie, tu es ma femme et moi ton serviteur. Tout ce que tu fais est bien. Quand voudrais-tu partir ?

– Le plus tôt possible. Mais je resterai là-bas quelques mois.

– Je compterai les jours en t’attendant. Pars tranquille, je m’occuperai de la maison et du jardin. Tu trouveras tes fleurs aussi belles que si tu les avais soignées toi-même. Seulement… attends. Il me faut aller avant la Pâque à Jérusalem y acheter quelques objets utiles à mon travail. Si tu attends quelques jours, je t’accompagnerai jusque là, mais pas plus loin, car il me faut revenir rapidement. Mais nous pouvons faire route ensemble jusque là. Je serai plus tranquille si je ne te sais pas seule en chemin. Quant au retour, tu me le feras savoir et je viendrai à ta rencontre.

– Tu es si bon, Joseph ! Que le Seigneur te récompense par ses bénédictions et te préserve de toute douleur. Je le prie toujours à cette intention. »

18.6

Les deux chastes époux se sourient comme des anges. Le silence revient quelque temps, puis Joseph se lève. Il remet son manteau, en relève le capuchon sur sa tête, salue Marie qui se lève elle aussi, et sort.

Marie le regarde sortir. Elle soupire comme si elle avait de la peine. Puis elle lève les yeux vers le ciel. Elle prie certainement. Elle ferme soigneusement la porte, plie la broderie. Puis elle va dans la cuisine, éteint le feu ou le couvre, vérifie que tout est bien rangé. Elle prend la lampe, sort et referme la porte. De sa main, elle protège la petite flamme qui tremble sous le vent froid de la nuit. Elle entre dans sa chambre et prie encore.

C’est ainsi que la vision s’achève.

18.7

Marie dit :

« Ma chère fille, à la fin de l’extase qui m’avait comblée d’une joie inexprimable, j’ai retrouvé mes sens de la terre ; la première pensée, perçante comme une épine de rose, qui a traversé mon cœur entouré des roses de l’Amour divin devenu mon époux depuis quelques instants, fut la pensée de Joseph.

Je l’aimais désormais, mon saint et prévenant gardien. Depuis le moment où la volonté de Dieu, par l’intermédiaire de la parole de son prêtre, avait voulu que je devienne l’épouse de Joseph, j’avais pu connaître et apprécier la sainteté de ce juste. A ses côtés, j’avais senti disparaître mon désarroi d’orpheline et je n’avais plus regretté l’asile du Temple que j’avais perdu. Il avait pour moi la douceur de mon père disparu. Je me sentais autant en sécurité près de lui qu’auprès du prêtre. Toute hésitation avait disparu, et pas cela seulement : elle s’était tellement éloignée de mon cœur de vierge que je l’avais même oubliée. J’avais compris qu’aucune hésitation, aucune crainte ne se justifiait à l’égard de Joseph. La virginité que j’avais confiée à Joseph était plus en sécurité qu’un enfant dans les bras de sa mère.

18.8

Mais comment lui apprendre que j’allais être mère ? Je cherchais les mots pour le lui annoncer… difficile recherche ! Je ne voulais pas me flatter du don de Dieu, et je ne pouvais en aucune façon justifier ma maternité sans préciser : “ Le Seigneur m’a aimée entre toutes les femmes et de moi, sa servante, il a fait son épouse. ” Par ailleurs, je me refusais à le tromper en lui dissimulant mon état.

Mais, pendant que je priais, l’Esprit Saint dont j’étais remplie m’avait conseillé : “ Tais-toi. Laisse-moi le soin de te justifier auprès de ton époux. ” Quand ? Comment ? Je ne l’avais pas demandé. Je m’étais toujours fiée à Dieu comme une fleur se fie à l’eau qui l’abreuve. Jamais l’Eternel ne m’avait laissée sans son aide. Sa main m’avait soutenue, protégée, guidée jusqu’alors. Il allait encore le faire.

18.9

Ma fille, comme elle est belle et réconfortante, la foi en notre Bon Dieu éternel ! Il nous prend dans ses bras comme en un berceau, nous porte comme une barque au port lumineux du Bien, nous réchauffe le cœur, nous console, nous nourrit, nous procure repos, joie et lumière, et il nous guide. La confiance en Dieu, c’est tout, et Dieu donne tout à ceux qui mettent en lui leur confiance. Il se donne lui-même.

Ce soir-là, j’ai porté ma confiance de créature à la perfection. Je pouvais désormais le faire, puisque Dieu était en moi. J’avais d’abord eu la confiance de la pauvre créature que j’étais : toujours moins que rien, même si j’étais celle qui est aimée au point d’être l’Immaculée. Mais j’avais maintenant une confiance di­vine, car Dieu était à moi : mon Epoux, mon Fils ! Quelle joie ! Etre unie à Dieu ! Non pas pour ma gloire, mais pour l’aimer dans une union totale, et pouvoir lui dire : “ Toi, toi seul qui es en moi, agis avec ta divine perfection en tout ce que je fais. ”

S’il ne m’avait pas dit : “ Tais-toi ”, j’aurais peut-être osé, face contre terre, annoncer à Joseph : “ L’Esprit est entré en moi et je porte en moi le Germe de Dieu. ” Et il m’aurait cru, parce qu’il m’estime et parce que, comme tous ceux qui ne mentent jamais, il ne pouvait croire que les autres mentent. Oui, pour lui épargner la douleur à venir, j’aurais surmonté ma répugnance à m’attribuer une telle louange. Mais j’ai obéi au commandement de Dieu.

A partir de ce moment et des mois durant, j’ai senti la pre­mière blessure me faire saigner le cœur. C’était ma première douleur de corédemptrice. Je l’ai supportée et offerte en réparation, et aussi pour vous donner une règle de vie dans des moments analogues de souffrance lorsque vous devez garder le silence sur un événement qui vous montre sous un jour défavorable à ceux qui vous aiment.

18.10

Remettez à Dieu la garde de votre bonne réputation et des affections qui vous tiennent à cœur. Méritez par une vie sainte la protection de Dieu, et avancez tranquillement. Même si le monde entier était contre vous, lui vous défendrait auprès de ceux qui vous aiment et fera jaillir la vérité.

Maintenant, ma fille, repose-toi. Et sois toujours davantage ma fille. »

18.1

Ante mi vista la casita de Nazaret, y María dentro, jovencita, como cuando el Ángel de Dios se le apareció. El solo hecho de ver, ya me llena el alma del perfume virginal de esa morada; del perfume angélico aún presente en esa estancia en que el Ángel agitó sus alas de oro; del perfume divino, que se ha concentrado enteramente en María para hacer de Ella una Madre y que ahora de Ella revierte.

Las sombras empiezan a invadir la estancia a la que antes había descendido tanta luz de Cielo. Está anocheciendo.

María, de rodillas al lado de su lecho, ora con las manos cruzadas sobre el pecho y con el rostro muy inclinado hacia el suelo. Lleva el mismo vestido del momento del Anuncio. Todo está como entonces. La ramita florecida en su jarrón, los muebles en el mismo orden. La única variación es que la rueca y el huso están apoyados en un rincón: con su penacho de estambre, aquélla; con su brillante hilo envuelto en torno, éste.

María deja de rezar y se pone en pie, con el rostro encendido como por una llama. La boca sonríe, pero el llanto hace brillar su ojo azul. Coge la lámpara de aceite y con una piedra de chispa la enciende. Mira si todo está ordenado en la habitación. Endereza la cobija de la cama, que se había torcido. Añade agua al jarrón de la ramita florecida y le saca de la habitación, al fresco de la noche. Luego entra otra vez. Coge el bordado que estaba doblado encima del mueble de anaqueles, y la lámpara encendida, y, cerrando la puerta, sale.

Da unos pasos por el huertecillo bordeando la casa, luego entra en la habitación donde vi que Jesús se despidió de María[1]. La reconozco, a pesar de que falten ahora algunos objetos del mobiliario que entonces había. María se marcha a otra pequeña habitación cercana a ésta, llevando la lámpara consigo, y yo me quedo, me quedo con la sola compañía de su labor depositada en la esquina de la mesa. Oigo ir y venir el paso leve de María; le oigo agitar agua, como quien estuviera lavando algo. Luego, romper unas ramitas. Comprendo que se trata de leña rota por el sonido que hace. Oigo que enciende el fuego.

Vuelve. Sale al jardincito. Vuelve a entrar; trae unas manzanas y verdura. Deja las manzanas en la mesa, en una bandeja de metal grabado (creo que se trata de cobre burilado). Vuelve a la cocina (está claro que allí está la cocina). Ahora la llama de la lumbre se proyecta alegre desde la puerta abierta hasta aquí dentro, representando una danza de sombras en las paredes.

Pasa un rato y María regresa con un pan pequeño y oscuro y un cuenco de leche caliente. Se sienta. Moja una rodajas de pan en la leche. Come tranquila y despacio. Luego, dejando la mitad del tazón de leche, entra de nuevo en la cocina y vuelve con las verduras, les echa un poco de aceite y se las come con el pan. Para la sed, bebe la leche. Luego coge una manzana y se la come. Una cena de niña.

María piensa mientras come, y sonríe ante un íntimo pensamiento. Levanta la mirada, recorre con ella las paredes; parece como si les comunicase un secreto suyo. De vez en cuando, sin embargo, se pone seria, casi triste; pero luego le torna la sonrisa.

18.2

Se oye llamar a la puerta. María se levanta y abre. Entra José. Se saludan. José se sienta en un taburete, de la otra parte de la mesa, frente a María.

José es un hombre apuesto, en la plenitud de la vida. Tendrá unos treinta y cinco años como mucho. Su pelo castaño oscuro y su barba del mismo color le enmarcan un rostro proporcionado con dos dulces ojos castaños casi negros. Su frente es amplia y lisa; su nariz, delgada, ligeramente arqueada; carrillos más bien llenos, de un moreno no aceitunado, incluso rosado en los pómulos. No es muy alto, sí de complexión fuerte y bien proporcionado.

Antes de sentarse se ha quitado el manto, que — es el primero que veo hecho de esa manera — es circular y se lleva sujeto al cuello con un ganchito o algo parecido, y tiene capucha. Es de color marrón claro y parece hecho de una tela impermeable de lana basta. Parece un manto de montañés, bueno para resguardar de las inclemencias del tiempo.

18.3

También antes de sentarse, le ha ofrecido a María dos huevos y un racimo de uvas, un poco arrugadas pero bien conservadas. Y sonríe diciendo: «Me las han traído de Caná. Los huevos me los ha dado el Centurión por un trabajo que le hice a un carro suyo — se había roto una rueda y el que trabaja para ellos estaba enfermo... —. Son frescos. Los ha cogido de su gallinero. Bébetelos. Te vendrán bien».

«Mañana, José. Acabo de comer».

«Las uvas sí te las puedes comer. Son buenas. Dulces como la miel. Las he traído despacio para no estropearlas. Cómetelas. Tengo más. Te las traigo mañana en una cesta. Esta noche no podía porque vengo directamente de casa del Centurión».

«Entonces, no has cenado todavía».

«No. Pero no importa».

María se levanta inmediatamente y va a la cocina. Vuelve con leche, aceitunas y queso. «No tengo otra cosa» dice. «Cómete un huevo».

José no quiere. Los huevos son para María. Come con gusto su pan con queso y se bebe la leche, que está todavía tibia. Luego acepta una manzana. La cena ha terminado.

María coge su bordado — primero ha despejado la mesa de las cosas de la cena con la ayuda de José, que se ha quedado en la cocina incluso cuando Ella vuelve aquí. Le oigo mover las cosas poniendo todo en su sitio. Atiza el fuego de nuevo porque la noche está fresca. Cuando vuelve, María le da las gracias.

18.4

Se ponen a hablar. José cuenta cómo ha pasado el día. Habla de sus sobrinitos. Se interesa por el trabajo de María y por sus flores. Le promete que le traerá unas flores muy bonitas que el Centurión le ha ofrecido. «Nosotros no tenemos esas flores. Las han traído de Roma. Me ha prometido que, apenas hayan germinado, me dará las plantas. Ahora, cuando la Luna sea propicia, te las planto. Tienen colores bonitos y un perfume muy bueno. Las he visto el verano pasado, porque florecen en verano. Perfumarán toda tu casa. Los árboles los podaré más tarde, con la Luna favorable. Es ése el momento».

María sonríe y de nuevo le da las gracias. Silencio. José fija su mirada en la rubia cabeza de María inclinada hacia su trabajo de bordado. Es una mirada de amor angelical. Sin duda alguna, si un ángel amara a una mujer con amor de esposo, la miraría así.

18.5

María, como quien hubiese tomado una decisión, pone en su regazo el bordado y dice: «José, yo también tengo algo que decirte. Nunca recibo nada, pues tú sabes qué retirada vivo. Pero, hoy he recibido una noticia. He tenido noticia de que nuestra parienta Isabel, mujer de Zacarías, va a tener pronto un hijo...».

José abre enormemente los ojos y dice: «¿A su edad?».

«A su edad» responde sonriendo María. «El Señor todo lo puede, y ahora ha querido darle esta alegría a nuestra parienta».

«¿Cómo lo has sabido? ¿Es segura esta noticia?».

«Ha venido un mensajero; y es uno que no puede mentir. Yo quisiera ir donde Isabel, para servirla y decirle que exulto con ella. Si tú lo permites...».

«María, tú eres mi señora y yo tu siervo. Todo lo que haces está bien hecho. ¿Cuándo quisieras partir?».

«Lo antes posible. Pero estaré fuera algunos meses».

«Y yo contaré los días esperándote. Ve tranquila. Me ocuparé de la casa y de tu huertecito. Cuando vuelvas encontrarás tus flores tan bonitas como si tú misma las hubieras estado cuidando. Sólo una cosa... Espera. Antes de la Pascua tengo que ir a Jerusalén, para comprar unas cosas para mi trabajo. Si esperas unos días, te acompaño hasta allí; no más lejos, porque debo volver rápidamente; pero hasta allí podemos ir juntos. Estoy más tranquilo si no pienso que vas sola por los caminos. Para la vuelta, házmelo saber, y así saldré a tu encuentro».

«Eres muy bueno, José. Que el Señor te recompense con sus bendiciones y mantenga lejos de ti el dolor. Le pido siempre por esto».

18.6

Los dos castos esposos se sonríen angelicalmente. Silencio de nuevo durante un tiempo.

Luego José se pone en pie. Se pone el manto, se pone la capucha, se despide de María, que también se ha levantado, y sale.

María le sigue con la mirada y con un suspiro como de pena. Luego levanta los ojos al cielo. Está, sin duda, orando. Cierra la puerta con cuidado. Dobla el bordado. Va a la cocina. Apaga, o cubre, la lumbre. Mira a ver si todo está como debe. Coge la lámpara y sale, cerrando la puerta. Con su mano protege la llamita, temblorosa en el viento fresquito de la noche. Entra en su habitación y sigue orando.

La visión cesa así.

18.7

Dice María:

«Hija mía querida, cuando, terminado el éxtasis que me había henchido de inefable alegría, regresé a los sentidos de la Tierra, el primer pensamiento que, punzante como espina de rosas, hirió mi corazón envuelto en las rosas del Divino Amor, desposado conmigo unos instantes antes, fue José.

Yo ya amaba entonces a este santo y providente custodio mío. Desde el momento en que la voluntad de Dios, a través de la palabra de su Sacerdote, quiso que fuera esposa de José, pude ir conociendo y apreciando la santidad de este Justo. Unida a él, sentí cesar mi estado de desorientación por mi orfandad, y dejé de añorar el perdido amparo del Templo. Él era tan dulce como el padre que había perdido. Junto a él me sentía tan segura como junto al Sacerdote. Toda vacilación había cesado; es más, había quedado olvidada — efectivamente, mucho se habían alejado de mi corazón de virgen las vacilaciones, porque había comprendido que no tenía motivo alguno de vacilar, que no tenía nada que temer respecto a José —. Mi virginidad, confiada a José, estaba más segura que un niño en brazos de su madre.

18.8

¿Cómo decirle ahora que era Madre? Trataba de encontrar las palabras con que anunciárselo. Difícil búsqueda. No quería yo, en efecto, alabarme por el don divino recibido, y no podía justificar mi maternidad en ningún modo sin decir: “El Señor me ha amado entre todas las mujeres y de mí, su sierva, ha hecho su Esposa”. Tampoco quería engañarle, ocultándole mi estado.

Pero, mientras oraba, el Espíritu que me llenaba me había dicho: “Guarda silencio. Déjame a mí la tarea de justificarte ante tu esposo”. ¿Cuándo? ¿Cómo? No lo había preguntado. Siempre me había abandonado en Dios, como una flor se abandona a la ola que la lleva. Jamás el Eterno me había dejado sin su ayuda. Su mano me había sujetado, protegido, guiado hasta aquí; esta vez, pues, también lo haría.

18.9

Hija mía, ¡qué hermosa y confortante es la fe en nuestro eterno y buen Dios! Nos pone entre sus brazos como si fueran una cuna; nos lleva, como una barca, al radiante puerto del Bien; da calor a nuestro corazón, nos consuela, nos nutre, nos proporciona descanso y júbilo, nos ilumina y nos guía. La confianza en Dios lo es todo, y Dios da todo a quien tiene confianza en Él: se da Él mismo.

Aquella tarde llevé hasta la perfección mi confianza de criatura. Ahora podía hacerlo, porque Dios estaba en mí. Antes, mi confianza era la de una pobre criatura como era; siempre una nada, aunque fuera la Tan Amada que era la Sin Mancha. Pero ahora poseía la confianza divina porque Dios era mío: ¡mi Esposo, mi Hijo! ¡Oh, gran gozo! Ser Una con Dios. No para gloria mía, sino para amarle en una unión total y poderle decir: “Tú, Tú solo, que estás en mí, actúa con tu divina perfección en todas las cosas que yo haga”.

Si Él no me hubiera dicho: “¡Calla!”, quizás habría osado, con el rostro en tierra, decirle a José: “El Espíritu ha penetrado en mí y llevo la Semilla de Dios”. Él me habría creído, porque me estimaba y además porque, como todos los que nunca mienten, no podía creer que otro mintiera. Sí, con tal de no causarle un dolor subsiguiente, yo habría vencido la reticencia a proporcionarme a mí misma esa alabanza. Mas, presté obediencia al mandato divino.

A partir de ese momento, y durante meses, sentí esa primera herida que me ensangrentaba el corazón. Ese fue el primer dolor de mi destino de Corredentora. Lo ofrecí y lo sufrí para expiar, y para daros una norma de vida en momentos análogos a éste, de sufrimiento por deber guardar silencio o por un hecho que da una mala imagen de vosotros a quien os ama.

18.10

Confiadle a Dios la tutela de vuestro buen nombre y de vuestros intereses afectivos. Mereced, con una vida santa, la tutela de Dios, y... caminad seguros. Podrá el mundo entero ponerse en contra de vosotros; Él os defenderá ante quien os ama, y hará brillar la verdad.

Ahora descansa, hija, y sé cada vez más hija mía».


Notes

  1. où j’ai vu… Il s’agit d’un épisode écrit précédemment et que l’on a inséré à sa juste place, dans l’ordre du récit (chap. 44). Cette remarque concerne aussi les expressions analogues rencontrées depuis les premières pages de cet ouvrage, ainsi que celles que nous rencontrerons. Les épisodes écrits dans un ordre différent de celui de la succession des faits puis remis dans l’ordre se trouvent essentiellement dans le cycle initial de la vie cachée, et dans ceux de la Passion et de la Glorification du Christ. Ils sont plus rares dans l’ample cycle central des trois années de vie publique – dont il existe parfois une double rédaction, comme nous l’indiquerons en note en 587.13 – où c’est Jésus lui-même qui indique à l’écrivain quand il lui faut insérer quelque vision déjà écrite. Voir les explications à ce sujet en 43.5, 44.7/8 et 468.1.

Notas

  1. entra en la habitación donde vi que Jesús se despidió de María: episodio que encontraremos en el capítulo 44. Las fechas, puestas al principio de cada capítulo, muestran que no siempre el orden de la redacción de los episodios sigue el orden cronológico de la narración. Ello se verifica con frecuencia en el ciclo inicial de la Vida oculta y en los ciclos finales de la Pasión y Glorificación, mientras que se da escasamente en el amplio ciclo central de los tres años de la Vida pública y en el ciclo sucesivo de la Preparación a la Pasión. Las razones explicativas están en 43.5 y en 44.7/8