The Writings of Maria Valtorta

18. Marie annonce à Joseph la maternité d’Elisabeth et confie à Dieu le soin de justifier la sienne.

18. Mary announces the maternity of Elizabeth to Joseph and entrusts God with the task of justifying Hers.

18.1

La petite maison de Nazareth m’apparaît ; Marie s’y trouve. Elle est aussi jeune que lorsque l’ange de Dieu lui est apparu. Sa seule vue m’emplit l’âme du parfum virginal de cette demeure, du parfum angélique qui persiste dans cette pièce où l’ange a déployé ses ailes d’or, du parfum divin qui s’est concentré sur Marie pour la rendre mère et qui, maintenant, émane d’elle.

C’est le soir, car les ombres commencent à envahir la pièce où, plus tôt, une si grande lumière était descendue du ciel.

A genoux à côté de son petit lit, Marie prie, les bras croisés sur la poitrine, le visage tout incliné vers la terre. Elle est encore vêtue comme elle l’était au moment de l’Annonciation. Rien n’a changé : le rameau fleuri dans son vase, les meubles rangés de la même façon. Seuls la quenouille et le fuseau sont appuyés dans un coin, la première portant son plumet de filasse, le second avec le fil brillant qui y est enroulé.

Marie cesse de prier et se lève, le visage illuminé comme sous l’effet d’une flamme. Sa bouche sourit, mais une larme fait briller ses yeux bleus. Elle saisit la lampe à huile qu’elle allume avec une pierre à feu, vérifie que tout est en ordre dans sa petite chambre et remet en place la couverture du lit qui s’était déplacée. Elle ajoute de l’eau dans le vase du rameau fleuri, le met dehors, à la fraîcheur de la nuit, puis rentre, prend la broderie pliée sur le meuble à étagère, la lampe allumée, et sort en fermant la porte.

Elle fait quelques pas dans le jardinet en longeant la maison, puis pénètre dans la petite pièce où j’ai vu[1] l’adieu de Jésus à Marie. Je la reconnais bien, même s’il manque quelque objet qui s’y trouvait alors. Marie disparaît, emportant la lampe, dans une autre petite pièce voisine, et je reste là avec pour seule compagnie son travail posé sur le coin de la table. J’entends le pas léger de Marie aller et venir, je l’entends remuer de l’eau comme pour laver quelque chose, puis rompre du menu bois – c’est à son bruit que je reconnais que c’est du bois. Je l’entends allumer le feu.

Elle revient ensuite, sort dans le jardin et en rapporte des pommes et des légumes. Elle pose les pommes sur la table, sur un plateau en métal gravé ; à ce qu’il me semble, c’est du cuivre buriné. Elle retourne dans la cuisine (cette pièce était donc bien la cuisine). Maintenant, la flamme du foyer se projette joyeusement par la porte ouverte et fait danser des ombres sur les murs.

Après quelque temps, Marie revient avec un petit pain bis et une tasse de lait chaud. Elle s’assied et trempe des tranches de pain dans le lait. Elle mange tranquillement, lentement. Puis, laissant sa tasse encore à moitié pleine, elle repart dans la cui­sine et en rapporte les légumes, sur lesquels elle verse de l’huile, et les mange avec le pain. Elle se désaltère avec du lait, puis prend une pomme et la mange. C’est un repas de fillette.

Tout en mangeant, Marie réfléchit, et sourit à quelque pensée intime. Elle se lève, et tourne les yeux vers les murs à qui elle semble communiquer un secret. De temps à autre, elle devient sérieuse, si ce n’est même triste, puis son sourire renaît.

18.2

On entend frapper à la porte. Marie se lève et ouvre. Joseph entre, et ils se saluent. Puis Joseph s’assied sur un escabeau en face de Marie, de l’autre côté de la table.

Joseph est un bel homme dans la force de l’âge. Il doit avoir trente-cinq ans tout au plus. Ses cheveux châtain foncé et sa barbe de la même couleur encadrent un visage régulier avec deux yeux doux, bruns mais presque noirs. Le front est large et lisse, le nez fin, légèrement arqué, des joues plutôt rondes, mates sans être olivâtres, les pommettes rosées. S’il n’est pas très grand, il est robuste et bien bâti.

Avant de s’asseoir, il a enlevé son manteau : c’est le premier de ce genre que je vois, car il est de forme ronde, fermé au cou par un crochet ou quelque chose comme ça, avec un capuchon. Il est marron clair et d’une étoffe imperméable de laine grège. On dirait un manteau de montagnard, conçu pour résister aux intempéries.

18.3

Toujours avant de s’asseoir, il offre à Marie deux œufs et une grappe de raisin, un peu avancé mais bien conservé. Il dit en souriant :

« On me l’a apporté de Cana. Quant aux œufs, c’est le centurion qui me les a donnés en remerciement d’une réparation que j’ai faite à son char. Une roue s’était cassée et leur ouvrier est malade. Ils sont frais. Il les a pris dans son poulailler. Bois-les, ils te feront du bien.

– Demain Joseph, maintenant, j’ai déjà mangé.

– Mais tu peux prendre le raisin. Il est bon, aussi sucré que du miel. Je te l’ai apporté avec précaution pour ne pas l’abîmer. Mange-le, il y en a encore. Je t’en apporterai demain dans un petit panier. Ce soir, je n’ai pas pu le faire parce que j’arrive directement de la maison du centurion.

– Alors tu n’as pas encore dîné.

– Non, mais cela n’a guère d’importance. »

Marie se lève aussitôt et part dans la cuisine, d’où elle revient avec encore du lait, des olives et du fromage.

« Je n’ai rien d’autre, dit-elle. Prends un œuf. »

Joseph refuse. Les œufs sont pour Marie. Il mange avec appétit son pain et le fromage, il boit le lait encore tiède, puis accepte une pomme. Le repas est terminé.

Marie prend sa broderie après avoir débarrassé la vaisselle de la table. Joseph l’aide et reste dans la cuisine même quand elle en revient. Je l’entends bouger et tout remettre en place. Il ranime le feu, car la soirée est fraîche. A son retour, Marie le remercie.

18.4

Ils parlent tous deux. Joseph raconte sa journée, il parle de ses neveux, s’intéresse au travail de Marie et à ses fleurs. Il lui promet de lui apporter des fleurs magnifiques que le centurion lui a promises.

« Ce sont des fleurs que nous n’avons pas chez nous. Il les a apportées de Rome. Il m’en a promis des plants. Maintenant que la lune est propice, je vais te les planter. Elles ont de jolies couleurs et sentent bien bon. Je les ai vues l’été dernier, parce qu’elles fleurissent en été. Elles te parfumeront toute la maison. En­suite, je les taillerai puisque la lune est favorable. C’est le bon moment. »

Marie sourit et le remercie. Un silence. Joseph contemple la tête blonde de Marie penchée sur sa broderie ; c’est un regard d’amour angélique. Sûrement, si un ange pouvait aimer une femme d’un amour d’époux, c’est ainsi qu’il la regarderait.

18.5

Comme si elle prenait une décision, Marie pose sa broderie sur ses genoux et dit :

« Joseph, j’ai moi aussi quelque chose à te partager. Je n’ai jamais rien à dire, car tu sais comme je vis de manière retirée. Mais aujourd’hui, j’ai une nouvelle. J’ai appris que notre parente Elisabeth, la femme de Zacharie, attend un enfant… »

Joseph écarquille les yeux :

« A son âge ?

– A son âge, répond Marie en souriant. Le Seigneur peut tout, et il a voulu donner cette joie à notre parente.

– Comment le sais-tu ? Cette nouvelle est-elle sûre ?

– Il est venu un messager, quelqu’un qui ne saurait mentir. Je voudrais aller trouver Elisabeth pour l’aider et lui dire combien je partage sa joie. Si tu le permets…

– Marie, tu es ma femme et moi ton serviteur. Tout ce que tu fais est bien. Quand voudrais-tu partir ?

– Le plus tôt possible. Mais je resterai là-bas quelques mois.

– Je compterai les jours en t’attendant. Pars tranquille, je m’occuperai de la maison et du jardin. Tu trouveras tes fleurs aussi belles que si tu les avais soignées toi-même. Seulement… attends. Il me faut aller avant la Pâque à Jérusalem y acheter quelques objets utiles à mon travail. Si tu attends quelques jours, je t’accompagnerai jusque là, mais pas plus loin, car il me faut revenir rapidement. Mais nous pouvons faire route ensemble jusque là. Je serai plus tranquille si je ne te sais pas seule en chemin. Quant au retour, tu me le feras savoir et je viendrai à ta rencontre.

– Tu es si bon, Joseph ! Que le Seigneur te récompense par ses bénédictions et te préserve de toute douleur. Je le prie toujours à cette intention. »

18.6

Les deux chastes époux se sourient comme des anges. Le silence revient quelque temps, puis Joseph se lève. Il remet son manteau, en relève le capuchon sur sa tête, salue Marie qui se lève elle aussi, et sort.

Marie le regarde sortir. Elle soupire comme si elle avait de la peine. Puis elle lève les yeux vers le ciel. Elle prie certainement. Elle ferme soigneusement la porte, plie la broderie. Puis elle va dans la cuisine, éteint le feu ou le couvre, vérifie que tout est bien rangé. Elle prend la lampe, sort et referme la porte. De sa main, elle protège la petite flamme qui tremble sous le vent froid de la nuit. Elle entre dans sa chambre et prie encore.

C’est ainsi que la vision s’achève.

18.7

Marie dit :

« Ma chère fille, à la fin de l’extase qui m’avait comblée d’une joie inexprimable, j’ai retrouvé mes sens de la terre ; la première pensée, perçante comme une épine de rose, qui a traversé mon cœur entouré des roses de l’Amour divin devenu mon époux depuis quelques instants, fut la pensée de Joseph.

Je l’aimais désormais, mon saint et prévenant gardien. Depuis le moment où la volonté de Dieu, par l’intermédiaire de la parole de son prêtre, avait voulu que je devienne l’épouse de Joseph, j’avais pu connaître et apprécier la sainteté de ce juste. A ses côtés, j’avais senti disparaître mon désarroi d’orpheline et je n’avais plus regretté l’asile du Temple que j’avais perdu. Il avait pour moi la douceur de mon père disparu. Je me sentais autant en sécurité près de lui qu’auprès du prêtre. Toute hésitation avait disparu, et pas cela seulement : elle s’était tellement éloignée de mon cœur de vierge que je l’avais même oubliée. J’avais compris qu’aucune hésitation, aucune crainte ne se justifiait à l’égard de Joseph. La virginité que j’avais confiée à Joseph était plus en sécurité qu’un enfant dans les bras de sa mère.

18.8

Mais comment lui apprendre que j’allais être mère ? Je cherchais les mots pour le lui annoncer… difficile recherche ! Je ne voulais pas me flatter du don de Dieu, et je ne pouvais en aucune façon justifier ma maternité sans préciser : “ Le Seigneur m’a aimée entre toutes les femmes et de moi, sa servante, il a fait son épouse. ” Par ailleurs, je me refusais à le tromper en lui dissimulant mon état.

Mais, pendant que je priais, l’Esprit Saint dont j’étais remplie m’avait conseillé : “ Tais-toi. Laisse-moi le soin de te justifier auprès de ton époux. ” Quand ? Comment ? Je ne l’avais pas demandé. Je m’étais toujours fiée à Dieu comme une fleur se fie à l’eau qui l’abreuve. Jamais l’Eternel ne m’avait laissée sans son aide. Sa main m’avait soutenue, protégée, guidée jusqu’alors. Il allait encore le faire.

18.9

Ma fille, comme elle est belle et réconfortante, la foi en notre Bon Dieu éternel ! Il nous prend dans ses bras comme en un berceau, nous porte comme une barque au port lumineux du Bien, nous réchauffe le cœur, nous console, nous nourrit, nous procure repos, joie et lumière, et il nous guide. La confiance en Dieu, c’est tout, et Dieu donne tout à ceux qui mettent en lui leur confiance. Il se donne lui-même.

Ce soir-là, j’ai porté ma confiance de créature à la perfection. Je pouvais désormais le faire, puisque Dieu était en moi. J’avais d’abord eu la confiance de la pauvre créature que j’étais : toujours moins que rien, même si j’étais celle qui est aimée au point d’être l’Immaculée. Mais j’avais maintenant une confiance di­vine, car Dieu était à moi : mon Epoux, mon Fils ! Quelle joie ! Etre unie à Dieu ! Non pas pour ma gloire, mais pour l’aimer dans une union totale, et pouvoir lui dire : “ Toi, toi seul qui es en moi, agis avec ta divine perfection en tout ce que je fais. ”

S’il ne m’avait pas dit : “ Tais-toi ”, j’aurais peut-être osé, face contre terre, annoncer à Joseph : “ L’Esprit est entré en moi et je porte en moi le Germe de Dieu. ” Et il m’aurait cru, parce qu’il m’estime et parce que, comme tous ceux qui ne mentent jamais, il ne pouvait croire que les autres mentent. Oui, pour lui épargner la douleur à venir, j’aurais surmonté ma répugnance à m’attribuer une telle louange. Mais j’ai obéi au commandement de Dieu.

A partir de ce moment et des mois durant, j’ai senti la pre­mière blessure me faire saigner le cœur. C’était ma première douleur de corédemptrice. Je l’ai supportée et offerte en réparation, et aussi pour vous donner une règle de vie dans des moments analogues de souffrance lorsque vous devez garder le silence sur un événement qui vous montre sous un jour défavorable à ceux qui vous aiment.

18.10

Remettez à Dieu la garde de votre bonne réputation et des affections qui vous tiennent à cœur. Méritez par une vie sainte la protection de Dieu, et avancez tranquillement. Même si le monde entier était contre vous, lui vous défendrait auprès de ceux qui vous aiment et fera jaillir la vérité.

Maintenant, ma fille, repose-toi. Et sois toujours davantage ma fille. »

18.1

The little house of Nazareth appears to me with Mary in it. Mary, a young girl, as when the Angel of God appeared to Her. This simple sight fills my soul with the virginal perfume of the house. The scent still remains in the room where the Angel gently waved his golden wings. That divine perfume was all concentrated on Mary to make a mother of Her and it now emanates from Her.

It is evening, because shadows begin to invade the room into which so much heavenly light had descended.

Mary is kneeling near Her little bed and is praying with Her arms crossed over Her breast and Her face bowed down very low. She is still dressed as She was at the moment of the Annunciation. Everything is exactly as it was then. The flowery branch is in its vase, the furniture in the same position. Only the distaff and the spindle are now leaning in a corner, the former with its flax, the latter with its bright thread wrapped around it.

Mary stops praying and stands up, Her face is flushed as if it were lit up by a flame. Her lips are smiling, but Her eyes are shining with tears. She takes the oil lamp and lights it with a flint. She checks that everything is in good order in the room. She straightens up the blanket on the bed as it had been displaced. She adds some water to the vase containing the flowery branch and She places it outside, in the cool of the night. She then comes back in. She takes the folded embroidery from the bookcase and the lamp and goes out closing the door. She takes a few steps in the little kitchen garden, along the side of the house and then goes into the little room where I saw[1] the parting goodbye of Jesus and Mary. I recognise it although some pieces of furniture which were there previously are now missing.

Mary disappears into another small adjoining room, taking the lamp with Her, and I am left alone in the company of the embroidery work laid on the corner of the table. I can hear Mary’s light steps moving to and fro, She then makes a noise with water as if She were washing something. Then there is the noise of broken sticks and I understand that She is lighting the fire.

Then She comes back and goes into the little garden. She comes in once again with some apples and vegetables. She puts the apples on the table, on an engraved metal tray, possibly made of copper. She goes back into the kitchen, (the kitchen is definitely over there). Now the flames of the fireplace are merrily casting light through the open door into this room and make dancing shadows on the wall.

Some time goes by and Mary comes in with a small brown loaf and a bowl of hot milk. She sits down and dips some small slices of bread into the milk. She eats them slowly. Then leaving half of the bowl of milk, She goes into the kitchen and comes back with the vegetables on which She pours some oil and She eats them with the bread. She quenches Her thirst with the milk. She then takes an apple and eats it. The meal of a little girl.

Mary eats and thinks and She smiles at some inner thought. She looks up and all around the walls and seems to be telling them a secret. Now and again, She turns serious, almost sad. But soon Her smile is back on Her lips again.

18.2

There is a knocking at the door. Mary gets up and opens it. Joseph comes in. They greet each other. Then Joseph sits on a stool in front of Mary, on the opposite side of the table.

Joseph is a handsome man in the prime of life. He must be thirty-five years old at the most. His face is framed by his dark brown hair and a beard of the same colour and his eyes are very sweet and very dark, almost black. His forehead is large and smooth, his nose thin and slightly aquiline, his cheeks are roundish of a brown hue, but not olive-coloured, on the contrary they are rosy near the cheek-bones. He is not very tall, but he is strong and well built.

Before sitting down he has taken off his mantle and it is the first I have seen of its kind, because it is a full circle. It is held close at the neck by a kind of hook and it has a hood. The colour is light brown and it seems to be made of a cloth of coarse waterproof wool. It looks like the mantle of a mountaineer suitable to shelter from inclement weather.

18.3

Also before sitting down he offers Mary two eggs and a bunch of grapes, somewhat withered, but well preserved. And he smiles saying: «The grapes were brought to me from Cana. I was given the eggs by a Centurion for some repair work I did to his cart. A wheel was broken and their carpenter is ill. They are freshly laid. He took them from the hen house. Drink them. They will do You good.»

«Tomorrow Joseph. I have just finished My meal.»

«But You can take the grapes. They are good, as sweet as honey. I carried them very carefully, so that they would not get ruined. Eat them. There are plenty more. I’ll bring them tomorrow in a little basket. I couldn’t this evening, because I came straight from the Centurion’s house.»

«Well, then, you have not had any supper yet.»

«No, I haven’t, but it does not matter.»

Mary gets up at once and goes into the kitchen and She comes back with some milk, some olives and cheese. «I have nothing else» She says. «Take an egg.»

But Joseph does not want it. The eggs are for Mary. He eats with relish his bread and the cheese and he drinks the luke warm milk. He then accepts an apple. And his supper is over.

Mary takes Her embroidery after cleaning the table and Joseph helps Her and he remains in the kitchen even when She comes back here. I can hear him putting things away. He pokes the fire because it is a cool evening. When he comes in, Mary thanks him.

18.4

They speak to each other. Joseph tells Her how he spent the day. He talks of his little nephews and he takes an interest in Mary’s work and in Her flowers. He promises to bring Her some beautiful flowers which the Centurion has promised him. «They are flowers we haven’t got here. They were brought from Rome. And he promised me some little plants. Now, when the moon is in the right quarter I will plant them for You. They have lovely colours and a beautiful scent. I saw them last year, because they bloom in summer. They will scent the whole house for You. Then I will prune the trees when the moon is right. It is time.»

Mary smiles and thanks him. Then there is silence. Joseph looks at Mary’s fair head bowed over Her embroidery. A look of angelical love. Certainly, if an angel were to love a woman with the love of a husband, he would look at her in this way.

18.5

Then Mary, as if She were taking a sudden decision, lays the embroidery on Her lap and says: «I also have something to tell you. I never have anything to say, because you know how withdrawn I live. But today I have some news. I heard that our relative Elizabeth, Zacharias’ wife, is about to have a child…»

Joseph opens his eyes wide and exclaims: «At her age?»

«At her age» replies Mary smiling. «The Lord can do everything, and now He is giving this joy to our relative.»

«How do you know? Is the news certain?»

«A messenger came. One who would not tell lies. I would like to go to Elizabeth’s, to help her and tell her that I am rejoicing with her. If you will allow Me…»

«Mary, You are my lady and I Your servant. Whatever You do is well done. When would You like to go?»

«As soon as possible. But I shall be away for some months.»

«And I will count the days waiting for You. Go and don’t worry. I will look after the house and Your little garden. You will find the flowers as beautiful as if You had taken care of them. But… wait. Before Passover I must go to Jerusalem to buy some things for my work. If You can wait for a few days, I will come with You as far as Jerusalem. I can’t go any farther, because I must hurry back. But we can go there together. I will be happier if I know that You are not on the road by Yourself. When You want to come back, You can let me know and I will come and meet You.»

«You are so good, Joseph. May the Lord reward you with His blessings and keep sorrow away from you. I always pray to Him for that.»

18.6

The chaste couple smile at each other angelically. There is silence again for a little while.

Then Joseph gets up. He puts his mantle on and he covers his head with the hood. He says goodbye to Mary Who has also got up, and he goes out.

Mary looks at him going out and She sighs rather sadly. She then lifts Her eyes to Heaven. She is certainly praying. She closes the door carefully. She folds the embroidery. She goes into the kitchen, puts out or covers up the fire. She makes sure that everything is in order. She then takes the oil lamp and goes out closing the door. With Her hand She shields the feeble flame that flickers in the cool evening breeze… She enters Her room and prays once again.

The vision ends thus.

18.7

Mary says:

«My dear daughter, when I came back to the reality of earthly life after the ecstasy that had filled Me with inexpressible joy, My first thought was for Joseph: a thought as sharp as a rose thorn, that pierced My heart enraptured among the roses of Divine Love, Who had become My Spouse only a few moments before.

By this time I loved My holy and provident guardian. Since the time when by the will of God, manifested to Me by the word of the Priest, I was married to Joseph, I had the possibility of knowing and appreciating the holiness of that Just man. When I became united to him, My dismay at being an orphan disappeared and I no longer regretted the lost retreat of the Temple. He was as sweet as My deceased father. With him I felt as safe as with the Priest. All perplexity had disappeared, it had even been forgotten, so far it was from My virginal heart. I had in fact understood that there was no reason whatsoever for hesitation or fear with regard to Joseph. My virginity entrusted to Joseph was safer than a child in his mother’s arms.

18.8

But now, how could I tell him that I was a Mother? I endeavoured to find suitable words to give him the news. A difficult task, as I did not want to boast of God’s gift and on the other hand there was no way of justifying My maternity without saying: “The Lord has loved Me amongst all women and has made Me, His servant, His Bride”. Neither did I wish to deceive him by concealing My condition from him.

And while I was praying, the Spirit of Whom I was full, said to Me: “Be silent. Entrust Me with the task of justifying You with Your spouse”. When? How? I did not ask. I had always relied upon God, and I had always allowed Myself to be led by Him exactly as a flower is led away by running water. The Eternal Father had never abandoned Me without His help. His hand had always supported, protected and guided Me so far. It would do so also now.

18.9

O My daughter, how beautiful and comforting is faith in our Eternal Good God! He holds us in His arms as in a cradle, like a boat He steers us into the bright harbour of Goodness, He warms our hearts, comforts and nourishes us, He bestows rest and happiness, light and guidance on us. Reliance in God is everything, and God grants everything to those who trust in Him: He gives Himself.

That evening I elevated to perfection My reliance as a creature. Now I was able to do so, because God was in Me. Before I had the confidence of a poor creature, such as I was: a mere nothing, even if I was so much loved as to be the Faultless One. But now I had a divine confidence, because God was Mine: My Spouse, My Son! Oh! What a joy! To be One with God. Not for My own glory, but to love Him with a total union and say to Him: “You, only You are in Me: please assist Me with Your Divine perfection in everything I do”.

If He had not said to Me: “Be silent!”, I would probably have dared say to Joseph, with My face bowed to the ground: “The Spirit has penetrated Me and now the Embryo of God is in Me”, and he would have believed Me, because he held Me in high esteem and because like those who never lie, he could not believe that others lied. Yes, to avoid hurting his feelings in the future, I would have overcome My reluctance to praise Myself. But I obeyed the divine command. And for months after that moment, I felt the first wound pierce My heart.

It was the first pain in My destiny of Co-Redeemer. I offered and suffered it to repair and to give you guidance for similar circumstances in life, when it is necessary to suffer in silence for an event that casts a bad light on you in relation to those who love you.

18.10

Entrust God with the protection of your reputation and affections. If you deserve God’s protection with a holy life, you can proceed safely. Even if the whole world is against you, He will defend you with regard to those who love you and will cause the truth to be known.

Now rest, My dear, and be more and more My dear daughter.»


Notes

  1. où j’ai vu… Il s’agit d’un épisode écrit précédemment et que l’on a inséré à sa juste place, dans l’ordre du récit (chap. 44). Cette remarque concerne aussi les expressions analogues rencontrées depuis les premières pages de cet ouvrage, ainsi que celles que nous rencontrerons. Les épisodes écrits dans un ordre différent de celui de la succession des faits puis remis dans l’ordre se trouvent essentiellement dans le cycle initial de la vie cachée, et dans ceux de la Passion et de la Glorification du Christ. Ils sont plus rares dans l’ample cycle central des trois années de vie publique – dont il existe parfois une double rédaction, comme nous l’indiquerons en note en 587.13 – où c’est Jésus lui-même qui indique à l’écrivain quand il lui faut insérer quelque vision déjà écrite. Voir les explications à ce sujet en 43.5, 44.7/8 et 468.1.

Notes

  1. I saw: vision received previously. It is to be noted that M.V. did not “see” according to the flow of the narration. She wrote what she saw at the moment and then she was instructed by Jesus how to organize her “work”. The vision mentioned here will be found in chapter 44.