Los Escritos de Maria Valtorta

215. Philippe et André parlent à Bet-Ginna.

215. El posadero de Bet-Yinna

215.1

Je ne vois ni le retour à Bet-çur, ni les roseraies de Béther que j’ai tellement désiré voir. Jésus est seul avec les apôtres. Même Marziam n’est plus là. Il est certainement resté avec Marie et les femmes disciples. L’endroit est très montagneux, mais avec encore une végétation très riche de bois de conifères, ou plutôt de pins pignons et l’odeur de la résine se répand partout, balsamique et vivifiante. Dans ces montagnes verdoyantes, Jésus chemine avec ses disciples, tournant le dos à l’orient.

J’entends que l’on parle d’Elise — qui a paru très changée et qui s’est décidée à suivre Jeanne dans son domaine de Béther —, et aussi de la bonté de Jeanne. Ils parlent également d’un nouveau déplacement à faire en direction des plaines fertiles qui précèdent la côte. Et les noms des gloires passées reviennent à la mémoire, donnant lieu à des récits, des questions, des explications et des discussions courtoises.

« Quand nous serons parvenus au sommet de cette montagne, je vous montrerai de là-haut toutes les régions qui vous intéressent. Vous pourrez en tirer des idées pour vos allocutions au peuple.

– Mais comment allons-nous faire, mon Seigneur ? Moi, je ne suis bon à rien, gémit André, à qui se joignent Pierre et Jacques. Nous sommes les plus malheureux, nous !

– Oh, pour cela, je ne vaux pas mieux ! S’il s’agissait d’or ou d’argent, je pourrais en parler, mais de ces choses… dit Thomas.

– Et moi ? Qu’est-ce que j’étais ? demande Matthieu.

– Mais toi, tu n’as pas peur du public, tu sais parler, réplique André.

– Mais sur d’autres sujets…, répond Matthieu.

– C’est vrai… Mais… Bref, tu sais déjà ce que je veux dire, fais comme si je te l’avais dit. Le fait est que tu vaux mieux que nous, dit Pierre.

– Mais, mes amis, il n’est nul besoin d’aller dans les hauteurs. Dites simplement ce que vous pensez, ce dont vous êtes convaincus. Soyez-en sûrs : un homme convaincu persuade toujours » intervient Jésus.

Mais Judas supplie :

« Donne-nous beaucoup d’idées, toi. Une idée bien présentée peut servir à beaucoup de choses. Ces lieux, je crois, sont restés sans rien savoir de toi parce que personne ne manifeste qu’il te connaît.

– C’est parce qu’ici il y a encore beaucoup de vent qui vient du mont Moriah[1]… Or ce vent dessèche… répond Pierre.

– C’est parce qu’on n’a pas semé. Mais nous ferons les semailles », reprend Judas, sûr de lui, heureux de ses premiers succès.

215.2

Ils ont atteint le sommet de la montagne. Un vaste panorama s’ouvre à cet endroit, et il est beau de le regarder en se tenant à l’ombre des arbres touffus qui en couronnent la cime : c’est tout un enchevêtrement de chaînes de montagnes variées et ensoleillées qui vont en tous sens comme les lames pétrifiées d’un océan battu par des vents contraires ; puis, comme dans une baie tranquille, tout s’apaise dans une luminosité sans limite, prélude à une vaste plaine où s’élève, solitaire comme un phare à l’entrée d’un port, une petite montagne.

« Voici : ce pays qui s’étend ainsi sur la crête comme pour profiter pleinement du soleil, et où nous séjournerons, sert de pivot à tout un éventail de lieux historiques[2]. Approchez : là (au nord), se trouve Gerimot. Vous souvenez-vous de Josué ? C’est le lieu de la défaite des rois qui voulurent assaillir le camp d’Israël, renforcé par son alliance avec les Gabaonites. Et, tout près, Bet-Shémesh, la cité sacerdotale de Juda, où les Philistins rendirent l’Arche avec l’offrande en or, imposée au peuple par les devins et les prêtres pour être libérés des fléaux qui tourmentaient les Philistins coupables. Et voilà là-bas çoréa, en plein soleil, la patrie de Samson et, un peu plus à l’est, Timna, où il se maria et où il fit tant de prouesses, mais aussi de sottises. Et là, Azeqa et Soko, alors camp philistin. Plus bas encore, voici Zanuah, une des villes de Judée. Et ici – tournez-vous – voici la vallée du Térébinthe où David battit Goliath. Là, c’est Maqqeda, où Josué défit les Amorrites. Tournez-vous encore. Vous voyez cette montagne solitaire au milieu de la plaine qui appartenait autrefois aux Philistins ? Là se trouve Gat, patrie de Goliath et lieu de refuge pour David auprès d’Akish pour fuir la folle colère de Saül. Ce sage roi y feignit la folie, car le monde défend les fous contre les sages. Cet horizon ouvert, ce sont les plaines de la terre très fertile des Philistins. Nous irons par là jusqu’à Ramlé. Maintenant, entrons à Bet-Ginna. Toi, oui toi, Philippe, qui me regardes avec des yeux implorants, tu traverseras le village avec André. Pendant ce temps, nous resterons près de la fontaine ou sur la place du village.

– Oh ! Seigneur ! Ne nous y envoie pas seuls ! Viens, toi aussi ! Disent les deux apôtres d’un ton suppliant.

– Je vous ai dit d’y aller. L’obéissance vous aidera davantage que ma présence muette. »

215.3

… Philippe et André marchent donc dans le village, au hasard, jusqu’à ce qu’ils trouvent une minuscule auberge, ou plutôt une gargote, à l’intérieur de laquelle des courtiers en bétail négocient des agneaux avec des bergers. Ils entrent et s’arrêtent, interdits, au milieu de la cour entourée de portiques très rustiques.

L’hôtelier accourt :

« Que désirez-vous ? Un logement ? »

Les deux apôtres se consultent du regard. Ils ont l’air décontenancés. Très probablement, ils ne trouvent plus un seul mot de ce qu’ils avaient décidé de dire. Mais André, justement, est le premier à se ressaisir :

« Oui, un logement pour nous et pour le Rabbi d’Israël.

– Quel rabbi ? Il y en a tant ! Mais ce sont de grands seigneurs. Ils ne viennent pas dans des villages de pauvres leur apporter leur sagesse. Ce sont les pauvres qui doivent aller les trouver, et encore, c’est une grâce s’ils supportent notre voisinage !

– Le Rabbi d’Israël est unique et il vient justement apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres ; plus ils sont pauvres et pécheurs, plus il les recherche et les approche, répond doucement André.

– dans ce cas, il ne fera pas fortune !

– Il ne recherche pas les richesses. Il est pauvre et bon. Sa journée est bien remplie quand il a pu sauver une âme, répond encore André.

– Hum ! C’est la première fois que j’entends dire d’un rabbi qu’il est bon et pauvre. Jean-Baptiste est pauvre, mais il est sévère. Tous les autres sont sévères et riches, avides comme des sangsues. Vous avez entendu, vous autres ? Venez ici, vous qui parcourez le monde. Ces hommes assurent qu’il y a un maître pauvre, bon, qui vient à la recherche des pauvres et des pécheurs.

– Ah ! Ce doit être celui qui est vêtu de blanc comme un essénien. Je l’ai vu aussi, il y a quelque temps, à Jéricho, intervient l’un des courtiers.

– Non. Celui-là est seul. Ce doit être celui dont parlait Thomas : il s’était trouvé par hasard à parler de lui avec des bergers du Liban, répond un grand berger musclé.

– Oui, vraiment ! Et il vient jusqu’ici alors qu’il était sur le mont Liban ! Pour tes yeux de chat ! » s’exclame un autre.

Pendant que l’hôtelier s’entretient avec ses clients, les deux apôtres sont restés plantés là, au milieu de la cour. Finalement un homme dit :

215.4

« Hé ! Vous ! Venez ici ! De qui s’agit-il ? D’où vient celui dont vous parlez ?

– C’est Jésus, fils de Joseph, de Nazareth » répond sérieusement Philippe.

Il reste là, comme s’il s’attendait à ce qu’on se moque de lui. Mais André ajoute :

« C’est le Messie annoncé. Je vous en conjure, pour votre bien, écoutez-le. Vous avez cité Jean-Baptiste. Eh bien, j’étais avec lui et c’est lui qui nous a désigné Jésus qui passait, en disant : “ Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. ” Quand Jésus descendit au Jourdain pour s’y faire baptiser, les Cieux s’ou­vrirent et une voix cria : “ Voici mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu ”, et l’amour de Dieu descendit sous la forme d’une colombe pour resplendir sur sa tête.

– Tu vois ? Il s’agit bien du Nazaréen ! Mais, dites un peu, vous qui vous dites ses amis…

– Amis, non. Nous sommes ses apôtres, ses disciples, envoyés par lui pour annoncer son arrivée, afin que celui qui a besoin d’être sauvé aille à lui, corrige André.

– Bon, mais dites un peu : est-il bien, comme certains l’af­firment, un saint, plus grand que Jean-Baptiste, ou bien un démon, comme le prétendent les autres ? Vous qui êtes avec lui – puisque, si vous êtes ses disciples, vous êtes ensemble –, dites un peu, et sincèrement : est-il vrai qu’il est luxurieux et noceur ? Qu’il aime les courtisanes et les publicains ? Qu’il pratique la nécromancie et que, la nuit, il invoque les esprits pour connaître les secrets des cœurs ?

– Mais pourquoi demandes-tu cela à ces hommes ? Demande-leur plutôt s’il est vrai qu’il est bon. Ces deux hommes vont le prendre mal, ils rapporteront au Rabbi nos mauvaises raisons, et il nous maudira. On ne sait jamais… Qu’il soit Dieu ou diable, il est préférable de bien le traiter. »

Cette fois, c’est Philippe qui intervient :

« Nous pouvons vous répondre sincèrement, car il n’y a rien de mauvais ni rien qu’il faille tenir caché. Lui, notre Maître, est le Saint entre les saints. Sa journée se passe dans les fatigues de l’enseignement. Il va inlassablement d’un endroit à l’autre à la recherche des cœurs. Sa nuit, il la passe à prier pour nous. S’il ne dédaigne pas la table et l’amitié, ce n’est par intérêt personnel, mais pour approcher ceux qu’il ne pourrait accoster autrement. Il ne repousse pas les publicains et les courtisanes ; mais c’est seulement pour les racheter. Il marque sa route de miracles de rédemption et de miracles sur les maladies. Les vents et la mer lui obéissent, mais il n’a besoin de personne pour opérer des prodiges, ni d’invoquer les esprits pour connaître les cœurs.

– Et comment le peut-il ? Tu as dit que les vents et la mer lui obéissent, mais ce sont des éléments privés de raison. Comment donc peut-il leur commander ? demande l’hôtelier.

– Réponds-moi, homme : à ton avis, est-il plus difficile de commander au vent et à la mer, ou à la mort ?

– Pardi ! On ne commande pas à la mort ! On peut jeter de l’huile sur la mer, on peut lui opposer les voiles, on peut, sagement, ne pas s’embarquer. Au vent, on peut opposer les serrures. Mais à la mort, on ne commande pas. Il n’y a pas d’huile pour la calmer et il n’est pas de voile qui, montée sur notre petit bateau, le rende si rapide qu’il distance la mort. Il n’existe pas de serrures contre elle. Quand elle veut venir, elle passe, même si on pousse les verrous. Personne ne commande à cette reine !

– Et pourtant notre Maître la commande. Non seulement quand elle est proche, mais même quand elle a déjà saisi sa proie. On allait mettre un jeune homme de Naïm dans la gueule horrible du tombeau, quand il a ordonné : “ Je te le dis : lève-toi ! ” et le jeune homme est redevenu vivant. Naïm n’est pas au bout du monde. Vous pouvez aller voir.

– De cette manière-là ? Devant tout le monde ?

– Sur le chemin, devant tout Naïm. »

215.5

L’hôtelier et les clients se regardent en silence. Puis l’hôtelier dit :

« Mais il fera cela pour des amis ?

– Non, homme : pour tous ceux qui croient en lui, et pas seulement pour eux. C’est la Pitié sur la terre, sois-en sûr. Personne ne se tourne vers lui en vain. Ecoutez, vous tous. En est-il parmi vous qui souffrent et qui pleurent à cause de maladies dans leur famille, ou à cause de doutes, de remords, de tentations, d’ignorances ? Adressez-vous à Jésus, le Messie de la Bonne Nouvelle. Il est ici aujourd’hui. Demain, il sera ailleurs. Ne laissez pas s’envoler sans en profiter la grâce du Seigneur qui passe », dit Philippe qui prend toujours plus d’assurance.

L’hôtelier s’ébouriffe les cheveux, ouvre et ferme la bouche, tourmente les franges de sa ceinture… et dit enfin :

« Je vais essayer !… J’ai une fille. Jusqu’à l’été dernier, elle allait bien. Puis elle est devenue lunatique. Elle reste muette comme une bête dans un coin, toujours plantée là, et sa mère a du mal à l’habiller et à la faire manger. Les médecins affirment que le soleil lui a brûlé la cervelle, d’autres que c’est un chagrin d’amour. Le peuple prétend qu’elle est possédée. Mais comment, si cette petite n’est jamais sortie d’ici ? Où a-t-elle pris ce démon ? Qu’en dit ton Maître ? Que le démon peut posséder même un innocent ? »

Philippe, sûr de lui, répond :

« Oui, pour tourmenter les parents et les pousser au désespoir.

– Et… Lui, il guérit les lunatiques ? Dois-je espérer ?

– Tu dois croire », répond vivement André.

Il raconte alors le miracle des Géraséniens et ajoute pour finir :

« Si ces démons, qui étaient légion dans les cœurs des pécheurs, ont ainsi pris la fuite, comment celui qui a pénétré de force dans un jeune cœur ne s’enfuirait-il pas ? Je te le dis, homme : pour qui espère en lui, l’impossible devient aussi facile que respirer. J’ai vu les œuvres de mon Seigneur et je témoigne de sa puissance.

– Oh ! Alors, lequel de vous va l’appeler ?

– Moi-même, homme. Attends-moi un instant. »

Et André part promptement pendant que Philippe reste à parler.

215.6

Quand André voit Jésus abrité sous un porche pour fuir le soleil implacable qui remplit la petite place du village, il court vers lui en disant :

« Viens, viens, Maître. La fille de l’hôtelier est lunatique. Son père implore de toi sa guérison.

– Mais il me connaissait ?

– Non, Maître. Nous avons essayé de te faire connaître…

– Et vous y avez réussi. Quand quelqu’un arrive à croire que je peux guérir un mal sans remède, il est déjà avancé dans la foi. Et vous aviez peur de ne pas savoir faire ! Qu’avez-vous dit ?

– Je ne saurais même pas te le répéter. Nous avons dit ce que nous pensons de toi et de tes œuvres. Surtout, nous avons dit que tu es l’Amour et la Pitié. Le monde te connaît si mal !

– Mais vous, vous me connaissez bien. Et cela suffit. »

215.7

Ils arrivent à la petite auberge. Curieux, tous les clients se tiennent sur la porte et, au milieu d’eux, Philippe, avec l’hôtelier qui continue son monologue.

Dès qu’il voit Jésus, il court à sa rencontre :

« Maître, Seigneur, Jésus… je… je crois, je crois que tu es toi, que tu sais tout, que tu vois tout, que tu connais tout, que tu peux tout. Je le crois tellement que je te dis : aie pitié de ma fille, bien que j’aie beaucoup de fautes sur le cœur. Que ma fille ne soit pas châtiée parce que j’ai été malhonnête dans mon métier. Je ne serai plus cupide, je le jure. Tu vois mon cœur avec son passé et ce qu’il pense maintenant. Pardon et pitié, Maître. Je parlerai de toi à tous ceux qui viennent ici dans ma maison… »

L’homme est à genoux.

Jésus lui dit :

« Lève-toi et persévère dans tes sentiments actuels. Conduis-moi à ta fille.

– Elle est dans une écurie, Seigneur. Cette chaleur accablante la rend encore plus malade, et elle refuse de sortir.

– Peu importe. C’est moi qui vais aller la trouver. Ce n’est pas la chaleur, mais le démon qui me sent venir. »

Ils entrent dans la cour, puis dans une écurie obscure, et tous les autres à la suite.

La fillette, décoiffée, chétive, s’agite dans le coin le plus sombre et, quand elle voit Jésus, elle hurle :

« Arrière, arrière ! Ne me dérange pas. Tu es le Christ du Seigneur et moi l’un de ceux que tu poursuis. Laisse-moi tranquille. Pourquoi viens-tu toujours sur mes traces ?

– Sors de cette enfant. Va-t’en. Je le veux. Rends à Dieu ta proie et tais-toi ! »

Un cri déchirant, une brusque détente, un corps qui s’ef­fondre sur la paille… et puis, calmes, tristes, étonnées, les questions : « Où suis-je ? Pourquoi suis-je ici ? Qui sont ces gens ? » suivies de l’appel : « Maman ! » de la jeune fille qui a honte d’être sans voile, avec un vêtement déchiré, sous les yeux de plusieurs étrangers.

« Oh, Seigneur éternel ! Mais elle est guérie !… »

Il paraît étrange de voir sur le visage rubicond et bouffi de l’aubergiste des pleurs d’enfant… Il est heureux, il sanglote, il ne sait que baiser les mains de Jésus, pendant que la mère pleure, au milieu de ses petits enfants étonnés, en embrassant sa fille aînée délivrée du démon.

Les personnes présentes crient toutes ensemble et d’autres accourent pour voir le prodige. La cour est pleine.

« Reste, Seigneur. La nuit va tomber. Reste sous mon toit.

– Nous sommes treize, homme.

– Seriez-vous même trois cents, ce ne serait rien. Je sais ce que tu veux dire. Mais le Samuel avide et malhonnête est mort, Seigneur. Mon démon aussi est parti. Maintenant, c’est un nouveau Samuel. Il fera encore l’hôtelier, mais en saint. Viens, viens avec moi, que je t’honore comme un roi, comme un dieu. Ce que tu es. Oh ! Béni soit le soleil d’aujourd’hui qui t’a amené à moi ! »…

215.1

No veo ni el regreso a Betsur, ni los rosales de Béter que tanto deseaba ver. Jesús está acompañado sólo de los apóstoles. No está ni siquiera Marziam, que se ha quedado con la Virgen y las discípulas. El lugar es muy montañoso y rico en vegetación, con bosques de coníferas, o, más exactamente, de árboles de piñones; el olor de la resina, balsámico y vitalizador, se difunde por todo el espacio. Jesús camina con los suyos por estos montes verdes, dando la espalda al oriente.

Oigo que van hablando de Elisa, la cual está muy cambiada y decidida a ir con Juana a su propiedad de Béter; van hablando también de la bondad de Juana. Hablan del nuevo rodeo que van a tener que dar, hacia las fértiles llanuras que preceden el litoral. Y entonces tornan a la memoria nombres de glorias pasadas, que suscitan la narración de episodios acaecidos, preguntas, explicaciones y afable contraposición de opiniones.

«Cuando lleguemos a la cima de este monte, os enseñaré desde lo alto todas las zonas que os interesan, de las que podréis extraer ideas para vuestros discursos al pueblo».

«Pero, mi Señor, ¿cómo vamos a hacer? Yo no soy capaz» se lamenta Andrés, y a él se asocian Pedro y Santiago: «¡Nosotros somos los menos agraciados!».

«¡Oh!, si es por eso, no es que yo sea más capaz; si se tratara de oro o plata, podría hablar, pero de estas cosas...» dice Tomás.

«¿Y yo? ¿Qué era yo?» pregunta Mateo.

«Tú no tienes miedo del público, sabes argumentar» replica Andrés.

«Pero de otras cosas...» contesta Mateo.

«Sí, ya... pero... bueno... ya sabes lo que quiero decir, así que como si te lo hubiera dicho. La cuestión es que vales más que nostros» dice Pedro.

«Amigos míos, no hace falta subir a lo sublime. Decid simplemente lo que pensáis, con vuestra convicción. Creedme que cuando uno está convencido siempre persuade» dice Jesús.

Pero Judas de Keriot suplica: «Danos ideas Tú, danos muchas ideas. Una buena idea puede ser muy útil. Estos lugares creo que no han oído nada de ti, porque ninguno parece conocerte».

«Y porque aquí llega todavía mucho viento procedente del Moria... que causa esterilidad...» responde Pedro.

«Es porque no se ha sembrado, pero nosotros sembraremos» replica seguro Judas Iscariote, contento por los primeros éxitos.

215.2

Ya han llegado a la cima del monte. Allá se abre un amplio panorama. Es hermoso verlo estando a la sombra de los tupidos árboles que coronan la cima: tan variado y luminoso; series de montes entrecruzándose en todas las direcciones, como encrespadas olas petrificadas de un océano recorrido por vientos contrarios; luego, ensenada en calma, todo se aplaca en una luminosidad sin límites que anuncia una vasta llanura en que se ve, solitario cual faro en la embocadura de un puerto, un otero.

«Mirad. Ese pueblo, donde nos detendremos, que se extiende sobre esa cresta casi queriendo acaparar todo el sol, es como el corazón de un verdadero nimbo radiado de lugares históricos. Venid aquí. Allí, a septentrión, está Yermot. ¿Os acordáis del pasaje de Josué? La derrota de los reyes que quisieron asaltar el campamento israelita, fuerte tras la alianza con los gabaonitas. Cerca está Betsemes, la ciudad sacerdotal de Judá, donde los filisteos restituyeron el Arca con los exvotos de oro que los adivinos y sacerdotes habían impuesto al pueblo para obtener la liberación de los castigos que atormentaban a los culpables filisteos. Y allí, toda llena de sol, Sará, patria de Sansón; y, un poco más a oriente, Timnata, donde él tomó esposa e hizo muchas proezas y también muchas estupideces. Y allá, Azeca y Soko, que fue lugar de campamento filisteo. Más abajo está Zanoe, una de las ciudades de Judá. Y aquí, volveos, aquí está el Valle del Terebinto, donde David luchó contra Goliat. Allí está Maquedá, donde Josué derrotó a los amorreos. Volveos hacia aquí. ¿Veis aquel monte solitario en medio de esa llanura que un tiempo fue de los filisteos? Allí está Gat, patria de Goliat y lugar de refugio para David, con Akís, para que no le alcanzara la ira de Saúl, y donde el rey sabio se fingió demente, porque el mundo preserva a los locos de los sanos de mente. Aquel horizonte abierto son las llanuras de la fertilísima tierra de los filisteos. La atravesaremos, hasta Ramlé. Ahora vamos a Bet-Yinna. Tú, precisamente tú, Felipe, que me estás mirando con actitud implorante, irás con Andrés por el pueblo. Nosotros, mientras tanto, esperaremos junto a la fuente o en la plaza del pueblo».

«¡Señor, no nos mandes solos; ven Tú también!» dicen los dos apóstoles en tono suplicante.

«Id, he dicho. La obediencia os socorrerá más que mi muda presencia».

215.3

... Así que Felipe y Andrés van, sin rumbo fijo, por el pueblo. Llegan a una minúscula posada (más una caballeriza que una posada), donde hay unos intermediarios contratando corderos con unos pastores. Entran y, cohibidos, se paran en medio de un patio rodeado de arcadas muy toscas.

Viene el posadero: «¿Qué queréis?, ¿alojamiento?».

Los dos apóstoles se consultan recíprocamente con la mirada (una mirada llena de apuro). Es muy probable que de lo que habían pensado decir no les venga ni una sola palabra. Contra toda previsión, es precisamente Andrés el primero que cobra fuerzas y responde: «Sí, alojamiento para nosotros y para el Rabí de Israel».

«¿Qué rabí? ¡Hay muchos rabíes! Todos muy señores. No vienen a los pueblos de pobres a traernos su sabiduría. Somos los pobres los que tenemos que ir a ellos, ¡y ya es un regalo, si nos toleran a su lado!».

«El Rabí de Israel es uno sólo. Y viene precisamente a traer a los pobres la Buena Nueva; cuanto más pobres y pecadores son, más los busca y se acerca a ellos» responde dulcemente Andrés.

«¡Entonces... no hará dinero!».

«No busca riquezas. Es pobre y bueno. Cuando logra salvar a un alma, su jornada está cumplida» responde también esta vez Andrés.

«¡Hummm...! Es la primera vez que oigo que un rabí es bueno y pobre. Juan es pobre, pero es severo. Todos los demás son severos y ricos, insaciables como sanguijuelas. ¿Habéis oído? Venid aquí, vosotros que vais por todas partes. Estos hombres dicen que hay un maestro pobre y bueno, que viene a buscar a los pobres y pecadores».

«¡Ah, debe ser ese que viste de blanco como un esenio. Le vi hace tiempo en Jericó» dice uno de los tratantes.

«No. Ése está solo. Debe ser aquel de que hablaba Toma porque, así, por azar, había estado hablando de él con unos pastores del Líbano» responde un pastor alto y musculoso.

«¡Sí, vaya! Y viene del Líbano hasta aquí... ¡Por tu cara bonita!» exclama otro.

Mientras el posadero habla y escucha la opinión de sus clientes, los dos apóstoles permanecen allí, en medio del patio, como dos hitos, hasta que un hombre dice:

215.4

«¡Eh, vosotros, venid aquí!

¿Quién es? ¿De dónde viene este que decís?».

«Es Jesús de José, de Nazaret» dice serio Felipe, y permanece como quien espera que se burlen de él.

Andrés añade: «Es el Mesías anunciado. Os conjuro, por vuestro bien: escuchadle. Habéis nombrado a Juan; pues bien, yo estaba con él y os puedo decir que él mismo nos indicó a Jesús cuando pasaba, diciendo: “He ahí al Cordero de Dios que quita los pecados del mundo”. Cuando Jesús entró en el Jordán para ser bautizado, se abrieron los Cielos y una Voz gritó: “Éste es mi Hijo predilecto en quien tengo puestas mis complacencias”, y el Amor de Dios descendió como una paloma y se colocó resplandeciente encima de su cabeza».

«¿Ves como es el Nazareno? Pero, vamos a ver, vosotros, que os llamáis amigos suyos, decidnos...».

«Amigos no, apóstoles, discípulos, enviados suyos para anunciaros su llegada, para que quien tenga necesidad de salvación vaya a Él» precisa Andrés.

«Bien, de acuerdo, pero, decidnos si es realmente como lo describen algunos, o sea, un santo más santo que Juan el Bautista, o un demonio, como dicen otros. Vosotros, que estáis con él — porque si sois discípulos estaréis juntos, ¿no? —, vamos a ver, hablad con sinceridad: ¿es verdad que es lujurioso, comilón y bebedor, y que tiene simpatía por las meretrices y los publicanos; que es un nigromante y que por la noche invoca a los espíritus para conocer los secretos de los corazones?».

«Pero, ¿por qué preguntas esto a estos hombres? Pregunta más bien si es verdad que es bueno. Si no, estos dos se van a sentir ofendidos y se van a marchar y le van a contar al Rabí nuestras malas razones y nos va a maldecir. ¡Qué sabemos nosotros?... ¡Sea Dios o diablo, siempre será mejor tratarle bien!...».

Esta vez es Felipe el que habla: «Os podemos responder con sinceridad porque no hay nada torpe que ocultar. Él, nuestro Maestro, es el Santo entre los santos. Durante el día dedica su esfuerzo a adoctrinar; incansable, va de un lugar a otro buscando los corazones. Durante la noche ora por nosotros. No desprecia ni la mesa ni la amistad, pero no busca en ello ventaja propia; antes al contrario, lo hace para poderse acercar a aquellos a quienes de otra forma no sería posible acercarse. No rechaza ni a publicanos ni a meretrices, pero sólo para redimirlos. Signa su camino con curaciones y conversiones milagrosas, le obedecen el viento y el mar, pero no tiene necesidad de nadie para obrar prodigios, ni de invocar espíritus para conocer los corazones».

«Y, ¿con qué poder lo hace?... Has dicho que el viento y el mar le obedecen. Pero si son cosas que no tienen razón. ¿Cómo puede mandar sobre ellos?» pregunta el dueño de la posada.

«Respóndeme a esto, hombre: ¿tú qué crees, que es más difícil mandar sobre el viento y el mar o sobre la muerte?».

«¡Por Yeoveh!, ¡sobre la muerte no se tiene poder! Al mar se le puede echar aceite, se le puede hacer frente orientando adecuadamente las velas; se puede, prudentemente, no ir a navegar. Contra el viento se puede oponer los cierres de las puertas. Pero sobre la muerte no se tiene poder: no hay aceite que la aquiete, no hay vela que haga a nuestra navecilla tan rápida que pueda distanciar a la muerte, no hay cierres contra ella; cuando quiere venir pasa, a pesar de que estén echados los cerrojos. ¡No, no, nadie da órdenes a esta reina!».

«Pues, a pesar de todo, nuestro Maestro tiene poder sobre ella, y no sólo cuando está cercana, sino también cuando ya ha hecho presa. Un joven de Naím estaba ya para ser introducido en la horrenda boca del sepulcro, cuando Él dijo: “Te lo ordeno: álzate!”, y el joven volvió a la vida. Naím no está en los confines del mundo. Si vais, veréis».

«¿Así, sin más? ¿En presencia de todos?».

«En el camino, en presencia de toda Naím».

215.5

El dueño de la posada y los huéspedes se miran en silencio; luego el primero dice: «¡Pero, esas cosas las hará para sus amigos, ¿no?!».

«No, hombre, para todos los que creen en Él, y no sólo para ellos. Créeme que es la Piedad en la tierra. Nadie que va a Él vuelve de vacío. Escuchad todos. ¿Entre vosotros no hay nadie que sufra o llore, por alguna enfermedad en la familia, o por dudas, remordimientos, tentaciones o ignorancia? Presentaos a Jesús, el Mesías de la Buena Nueva. Él estará aquí hoy; mañana irá a otro lugar. No desaprovechéis la Gracia del Señor ahora que pasa» dice Felipe, que se ha ido sintiendo cada vez más seguro.

El dueño de la posada se revuelve los cabellos, abre y cierra la boca, se manosea las franjas de la cintura... y, al final, dice: «¡Yo lo intento!... Tengo una hija. Hasta el pasado verano estaba bien. Después todo cambió. Ahora es una lunática. Está siempre en un rincón, como una fiera muda; su madre, con gran esfuerzo, apenas si logra vestirla y darle de comer. Los médicos dicen que se le ha consumido el cerebro por exceso de sol; otros, que por un triste amor; el pueblo dice que está endemoniada. ¡¿Cómo es posible, si es una jovencita que no ha salido nunca de aquí?! ¿Dónde se ha cogido este demonio? ¿Tu Maestro qué dice, que el demonio se puede apoderar de un inocente?».

Felipe responde sin vacilar: «Sí, para atormentar a los familiares y hacer que se desesperen».

«¿Y... cura a los lunáticos? ¿Debo tener esperanza?».

«Debes creer» responde inmediatamente Andrés, que narra el milagro de los gerasenos, y termina diciendo: «Si aquéllos — y eran una legión en corazones de pecadores — huyeron de ese modo, cuánto más lo hará ése, que ha entrado por la fuerza en un corazón fresco? Te digo, hombre: para quien espera en Él, lo imposible se le hace tan fácil como respirar. Yo, que he visto las obras de mi Señor, doy testimonio de su potencia».

«¡Oh!, ¿quién de vosotros va y le llama?».

«Yo mismo. Espérame, que vuelvo enseguida». Y Andrés se marcha veloz. Felipe se queda a hablar.

215.6

Cuando Andrés ve a Jesús, parado, en el zaguán de una casa, para evitar el sol implacable que llena la pequeña plaza del pueblo, corre hacia Él diciendo: «¡Ven! ¡Ven, Maestro! El posadero tiene una hija lunática. Te implora que la cures».

«¿Pero me conocía?».

«No, Maestro. Hemos tratado de darte a conocer...».

«Lo habéis conseguido, porque si uno llega ya a creer que puedo curar un mal que no tiene remedio es que ya está adelantado en la fe. Y teníais miedo a no ser capaces de ello... ¿Qué habéis dicho?».

«Ni siquiera te lo sabría decir. Hemos expresado lo que pensamos de ti y hemos hablado de tus obras. Sobre todo, hemos dicho que eres Amor y Piedad. ¡¡Qué mal te conoce el mundo!!».

«Pero vosotros me conocéis bien. Es suficiente».

215.7

Llegan a la pequeña posada. Todos los huéspedes están en la puerta, curiosos. En medio, con Felipe, está el posadero, que sigue con sus monólogos.

Quando ve a Jesús, corre a su encuentro: «Maestro, Señor, Jesús... yo... yo creo tanto que Tú eres Tú, que sabes todo, que ves todo, que conoces todo, que todo lo puedes, tanto lo creo, que te digo: ten piedad de mi hija, aunque los pecados de mi corazón sean muchos; no caiga sobre mi hija el castigo por haber sido inmoral en mi trabajo; juro que no volveré a ser avariento. Tú ves mi corazón, lo que ha sido y lo que piensa ahora. Perdón. Piedad, Maestro, y hablaré de ti a todos los que vengan aquí, a mi casa...». El hombre está de rodillas.

Jesús le dice: «Álzate y persevera en los sentimientos de ahora. Llévame a donde tu hija».

«Está en un establo, Señor. Este calor bochornoso la pone más enferma todavía. No quiere salir».

«Bien, no importa; voy Yo. No es el bochorno, es que el demonio me siente llegar».

Entran en un patio, luego en un establo oscuro. Todos los demás van detrás.

La niña, despeinada, demacrada, se contorsiona en el rincón más oscuro, y, en cuanto ve a Jesús, grita: «¡Atrás! ¡Atrás! No me hostigues. Tú eres el Cristo del Señor; sobre mí descargas tu mano. Déjame tranquilo. ¿Por qué sigues siempre mis pasos?».

«¡Sal de ella! ¡Vete! ¡Lo quiero! ¡Devuelve a Dios tu presa y calla!».

Un grito desgarrador, una sacudida, un cuerpo que se derrumba sobre la paja... Luego, con calma, tristeza, estupor, la jovencita, que ahora se avergüenza de estar sin velo y con un vestido roto ante los ojos de muchos extraños, pregunta: «¿Dónde estoy?, ¿por qué estoy aquí?, ¿quiénes son éstos?» e invoca a su madre.

«¡Oh, Señor eterno! ¡Está curada!...» y, aunque resulte extraño en el rubicundo y colorado hospedero, llora como un niño... Se siente dichoso. Llora. No sabe qué otra cosa hacer sino besar las manos de Jesús. Entretanto, la madre también llora, circundada por la corona de sus hijitos, que miran asombrados, y besa a esta primogénita suya que ha sido liberada del demonio.

Los presentes prorrumpen en un verdadero clamor, otros acuden para ver el prodigio. El patio está lleno.

«Quédate, Señor. Ven esta noche. Cobíjate bajo mi techo».

«Hombre, somos trece».

«Aunque fuerais trescientos, sería como nada. Sé lo que quieres decir, pero el Samuel avariento y deshonesto ha muerto, Señor. Se ha marchado también mi demonio. Ahora vive el nuevo Samuel. Seguirá siendo hospedero, pero santamente. Ven, ven conmigo, que quiero honrarte como a un rey, como a un dios, como a quien eres. ¡Oh, bendito el sol de hoy que te ha traído a mí!»....


Notes

  1. mont Moriah : mont du Temple de Jérusalem.
  2. lieux historiques, où se produisirent les événements relatés en Jo 10, Jg 13-16 et 1 S 4-6 ; 17 ; 18 ; 27.