Los Escritos de Maria Valtorta

216. Les infidélités des disciples, dans la parabole du pissenlit.

216. Las infidelidades de los discípulos

216.1

C’est une plaine inondée d’un soleil, qui brûle les grains mûrs et en fait émaner une odeur qui rappelle déjà le pain : l’odeur du soleil, des lessives, des moissons, l’odeur de l’été.

Car chaque saison, je pourrais dire chaque mois, et même chaque heure de la journée, a son odeur, comme toute localité a la sienne pour ceux qui possèdent un odorat très fin et un esprit d’observation aiguisé. L’odeur d’un jour d’hiver, sous un vent cinglant, est bien différente de celle, pâteuse, d’un jour d’hiver brumeux, ou de la fraîcheur que répand la neige. Et celles-ci ont peu de chose à voir avec l’odeur du printemps qui arrive et qui s’annonce ainsi, avec un parfum qui n’en est pas un, mais diffère bien de l’odeur de l’hiver. Un matin on se lève, et on respire un air différent : c’est le premier souffle du printemps. Le temps passant, se succèdent la senteur des vergers en fleurs, puis celle des jardins, des moissons, jusqu’à celle de la chaleur des vendanges et, entre temps, comme un intermède, l’odeur de la terre après un orage…

Et les heures ? il serait stupide de dire que l’odeur de l’aurore ressemble à celle de midi et cette dernière à celle du soir ou de la nuit. La première est fraîche et virginale, la seconde riante et joyeuse, la troisième lassitude et aussi saturation de tout ce qui, dans la journée, a répandu ses exhalaisons ; la dernière, celle de la nuit, est paisible, recueillie, comme si la terre était un immense berceau qui accueille le repos de ses petits.

Et les lieux ? Ah ! L’odeur des rivages, si différente de l’aube au soir, de midi à la nuit, des tempêtes au temps calme, des régions rocheuses à celles aux plages plates ! Et l’arôme des algues que laisse la marée, quand il semble que la mer ait ouvert ses entrailles pour nous faire respirer la senteur âcre du fond. Elle diffère bien de celle des plaines à l’intérieur des terres, de celle des collines ou encore des hautes montagnes.

Le Créateur est tellement infini qu’il a pu donner un cachet spécial, de lumière, de couleur, de parfum, de son, de forme, de saveur à chacune des choses infinies qu’il a créées. Beauté infinie de l’univers — que je ne vois plus qu’ainsi, à travers les visions et le souvenir de ce que j’ai vu en aimant Dieu et en le priant à travers ses œuvres et pour la joie que leur vision me procurait —, comme tu es vaste, puissante, inépuisable et exempte d’ennui ! Pas d’ennui chez toi et tu n’en provoques pas. Bien au contraire, l’homme se renouvelle en te contemplant, univers de mon Seigneur. Il devient meilleur, plus pur, il s’élève, il oublie… Ah ! Pouvoir te contempler sans cesse, oublier les hommes et ce qui est bas en eux, et les aimer dans leur âme et pour elle, pour les conduire à Dieu !

Et voilà qu’en suivant Jésus, qui marche avec les apôtres à travers cette plaine couverte de moissons, je m’écarte de nouveau de mon sujet en me laissant prendre par la joie de parler de mon Dieu et de ses œuvres splendides. C’est encore de l’amour, car la créature loue dans la création ce qui lui plaît et l’attire, ou bien elle loue, tout simplement, la créature qu’elle aime. Or il en va de même entre la créature et le Créateur. Celle qui l’aime le loue, et plus elle l’aime plus elle le loue, pour lui-même et pour ses œuvres. Mais maintenant, j’impose silence à mon cœur, et je vais suivre Jésus en tant que fidèle chroniqueur et non plus comme adoratrice.

216.2

Jésus marche donc à travers les moissons. La journée est chaude, la région déserte. On ne voit pas âme qui vive dans les champs. Rien que les épis mûrs et, çà et là, des arbres. Soleil, blés, oi­seaux, lézards, touffes vertes et immobiles dans l’air paisible : voilà ce qui entoure Jésus. Aux deux extrémités de la grand-route que suit Jésus, ruban poussiéreux et éblouissant à travers la mer des grains, se trouvent d’un côté un petit village, de l’autre une ferme. Rien d’autre.

Tous avancent en silence, en sueur. Ils ont ôté leurs manteaux mais doivent souffrir pareillement sous leurs vêtements de laine, même s’ils sont légers. Seuls Jésus, ses deux cousins et Judas Iscariote sont habillés de lin ou de chanvre. Les vêtements de Jésus et de Judas sont sûrement en lin blanc, les autres, ceux des fils d’Alphée me paraissent, à cause de leur épaisseur, plus lourds que du lin, et ils sont teints d’une couleur ivoire foncé, précisément comme celle du chanvre non blanchi. Les autres portent leurs vêtements habituels et marchent en essuyant leur transpiration avec le voile de lin qui leur couvre la tête.

Ils parviennent à un bouquet d’arbres, à un carrefour. Ils s’ar­rêtent à leur ombre salutaire et boivent avidement à leurs gourdes.

« Elle est aussi chaude que si elle avait été sur le feu, bougonne Pierre.

– Si seulement il y avait un ruisseau ! Soupire Barthélemy. Mais rien, rien ! Bientôt, je n’en aurai plus.

– Je dirais presque que mieux vaut la montagne, gémit Jacques, fils de Zébédée, congestionné par la chaleur.

– Le mieux, c’est la barque. Elle est fraîche, reposante, propre, ah ! » dit Pierre.

Son cœur s’envole vers le lac et sa barque.

« Vous avez tous raison ! Dit Jésus pour les encourager. Mais les pécheurs se trouvent en montagne comme en plaine. S’ils ne nous avaient pas chassés de la Belle Eau et s’ils n’avaient pas été toujours sur nos talons, je serais venu ici entre Tébet et Shebat. Mais nous allons bientôt arriver au bord de la mer. L’air y est tempéré par le vent du large.

– On en a bien besoin ! Ici, on ressemble à des brochets mourants. Mais comment font les blés pour être si beaux, s’il n’y a pas d’eau ? demande Pierre.

– Il y a des eaux souterraines, elles maintiennent le terrain humide, explique Jésus.

– Il vaudrait mieux qu’elles soient en surface au lieu d’être en dessous. A quoi me servent-elles, si elles sont en dessous ? Je ne suis pas une racine, moi ! » dit impétueusement Pierre, ce qui les fait tous rire.

Mais Jude devient sérieux :

« Le sol est égoïste comme le sont les âmes, et aride de la même manière. S’ils nous avaient laissé séjourner dans ce village et y passer le sabbat, nous aurions eu de l’ombre, de l’eau, un lieu où nous reposer. Mais ils nous ont chassés…

– On aurait eu aussi de la nourriture, mais pas même cela. Moi, j’ai faim. S’il y avait des fruits ! Mais les arbres fruitiers sont tout près des maisons, et qui y va ? S’ils sont tous de l’humeur de ceux-là ! Dit Thomas en montrant le village qu’ils ont laissé derrière eux, à l’est.

– Prends ma part. Moi, je n’ai jamais très faim, dit Simon le Zélote.

– Prenez aussi la mienne, dit Jésus. Que les plus affamés mangent. »

Cependant, même mis en commun, les vivres de Jésus, de Simon le Zélote et de Nathanaël semblent bien peu de chose et le regard inquiet de Thomas et des jeunes l’exprime bien. Mais ils se taisent, en grignotant leurs portions minuscules.

Simon le Zélote, patient, se dirige vers un endroit où une trace verte sur le sol brûlé fait supposer l’existence de l’humidité. Effectivement, il y coule un filet d’eau sur un fond sableux, rien qu’un filet destiné à disparaître rapidement. Il pousse un cri pour héler ceux qui sont loin afin qu’ils viennent se rafraîchir, et tous accourent, en suivant l’ombre irrégulière d’une rangée d’arbres qui longent la rive de ce ruisselet presque à sec ; là, ils peuvent rafraîchir leurs pieds couverts de poussière, laver leurs visages en sueur, et auparavant encore remplir leurs gourdes désormais vides et les laisser dans l’eau, à l’ombre, pour qu’elles soient plus fraîches.

Ils s’assoient au pied d’un arbre et sommeillent, épuisés.

216.3

Jésus les regarde avec amour et compassion et hoche la tête. Simon le Zélote, qui était retourné boire, l’aperçoit et lui demande :

« Qu’as- tu, Maître ? »

Jésus se lève, va vers lui et, l’entourant de son bras, il l’amène vers un autre arbre en disant :

« Ce que j’ai ? Je m’afflige de votre lassitude. Si je ne savais pas ce que je suis en train de faire de vous, je ne serais pas tranquille à l’idée de vous causer tant de privations.

– Des privations ? Non, Maître : c’est notre joie. Tout cela disparaît devant le fait de t’accompagner. Nous sommes tous heureux, tu peux en être sûr. Nous n’éprouvons ni regret ni…

– Tais-toi, Simon. L’humanité crie, même chez les bons et, humainement parlant, vous n’avez pas tort. Je vous ai enlevés à vos maisons, à vos familles, à vos intérêts, et vous êtes venus, en pensant que, me suivre, ce serait bien autre chose… Mais votre cri de maintenant, ce qui crie à l’intérieur de vous, s’apaisera un jour ; alors vous comprendrez qu’il aura été beau de cheminer dans les brumes, la boue, la poussière et la canicule, persécutés, assoiffés, épuisés, sans nourriture, à la suite d’un Maître persécuté, mal-aimé, calomnié… et plus encore. Alors tout vous paraîtra beau, car vous penserez autrement et vous verrez tout sous une autre lumière. Et vous me bénirez de vous avoir conduits sur mes voies difficiles…

– Tu es triste, Maître, et le monde justifie ta tristesse. Mais pas nous. Nous sommes tous contents…

– Tous ? En es-tu sûr ?

– Penses-tu autrement ?

– Oui, Simon, autrement. Toi, tu es toujours content. Tu as compris. Beaucoup d’autres, non. Vois-tu ceux qui dorment ? Sais-tu combien de pensées ils ruminent, même dans leur sommeil ? Et tous ceux qui sont au nombre des disciples ? Crois-tu qu’ils seront fidèles jusqu’à ce que tout soit accompli ? regarde : jouons à ce vieux jeu auquel tu as sûrement joué toi aussi quand tu étais enfant (Jésus cueille un beau pissenlit qui se dresse au milieu des cailloux et qui a atteint sa parfaite maturité. Il le porte à sa bouche délicatement, souffle et le pissenlit se décompose en minuscules ombrelles qui volettent en l’air ici et là, leur petite aigrette bien droite sur sa tige minuscule). Tu vois ? Regarde… Combien sont retombées sur ma poitrine comme si elles étaient éprises de moi ? Compte-les… Il y en a vingt-trois. Il y en avait au moins trois fois plus. Et les autres ? Regarde. Certaines errent encore, d’autres sont déjà retombées comme entraînées par leur poids, d’autres encore montent orgueilleusement, fières de leur panache argenté, enfin d’autres tombent dans la vase que nous avons remuée avec nos gourdes. Seulement… Regarde, regarde !… Même sur ces vingt-trois qui sont tombées sur mes genoux, sept sont reparties. Il a suffi du vol de ce bourdon pour qu’elles s’envolent !… De quoi avaient-elles peur ? Ou qu’est-ce qui les a attirées ? Peut-être son aiguillon ou bien ses belles couleurs noir et jaune, son aspect gracieux ou ses ailes irisées… Elles sont parties… à la suite d’une beauté mensongère…

Simon, il en sera ainsi de mes disciples. Les uns s’en iront par agitation, d’autres par inconstance, d’autres par pesanteur, d’autres encore par orgueil, par légèreté, à cause de l’attrait de la fange, par peur ou par naïveté. Crois-tu que, à l’heure décisive de ma mission, je retrouverai à mes côtés tous ceux qui me disent aujourd’hui : “ Je viens avec toi ” ? les petites ombrelles de la plante que mon Père a créée étaient certainement plus de soixante-dix… alors qu’il n’y en a plus que sept maintenant sur ma poitrine, car les autres se sont envolées sous ce souffle de vent qui a fait dire oui aux plus légères. Ainsi en sera-t-il, et je pense à tout ce qui lutte en vous pour me rester fidèles…

216.4

Viens, Simon. Allons regarder ces libellules qui dansent sur l’eau. A moins que tu ne préfères te reposer.

– Non, Maître. Tes paroles m’ont attristé. Mais j’espère que le lépreux que tu as guéri, l’homme persécuté que tu as réhabilité, le solitaire à qui tu as donné des compagnons, le nostalgique des affections auquel tu as ouvert le Ciel et le monde pour qu’il trouve et donne de l’amour, ne t’abandonneront pas… Maître… que penses-tu de Judas ? L’an passé, tu as pleuré avec moi pour lui. D’ailleurs… je ne sais pas… Maître, laisse ces deux libellules, regarde-moi, écoute-moi. Je ne dirais cela à personne, pas même à mes compagnons, pas même à mes amis, mais à toi, oui. Je ne réussis pas à aimer Judas. Je l’avoue. C’est lui qui repousse le désir que j’ai de l’aimer. Non qu’il me méprise, non, au contraire il serait plutôt flatteur à l’égard du vieux Zélote qu’il devine plus expérimenté que les autres dans la connaissance des hommes. Mais c’est sa manière d’agir. Te paraît-il sincère ? Dis-le-moi. »

Jésus garde le silence pendant un moment comme s’il était fasciné par les deux libellules qui, posées à fleur d’eau, font un petit arc-en-ciel avec leurs ailes irisées, un précieux arc-en-ciel qui sert à attirer un moucheron curieux aussitôt avalé par l’un des insectes voraces. Ce dernier, à son tour, est attrapé au vol par un crapaud caché ou une grenouille, qui le mange en même temps que le moucheron qu’il a happé.

Jésus, en se relevant – car il s’était presque allongé pour regarder ces petits drames de la nature – dit :

« C’est ainsi. La libellule a de robustes mâchoires pour se nourrir des herbes et de robustes ailes pour abattre les moucherons, et la grenouille a une large gueule pour engloutir les libellules. Chaque être a ses moyens et s’en sert. Allons, Simon. Les autres s’éveillent.

– Tu ne m’as pas répondu, Seigneur. Tu ne l’as pas voulu.

– Mais si, je t’ai répondu ! Mon vieux sage, réfléchis et tu trouveras[1]… »

Et Jésus remonte la grève et se dirige vers ses disciples qui s’éveillent et le cherchent.

216.1

Una llanura martilleada por el Sol, que encandece los cereales maduros y extrae de ellos un olor que ya recuerda al pan. Huele a sol, a ropa lavada, a mieses en sazón... a verano.

Sí, cada estación — podría decir incluso cada mes y cada hora del día — tiene su olor, como también lo tiene cada lugar, para una persona de sentidos bien afinados y agudo espíritu de observación. El olor de un día invernal con viento cortante es muy distinto del olor suave de un día neblinoso de invierno, o del olor que la nieve esparce. Qué distinto de éstos es el olor de la primavera que llega, que anuncia su presencia antes de llegar, como un perfume que no es perfume, muy distinto del olor del invierno. Una buena mañana nos levantamos y... el aire tiene un olor distinto: es el primer suspiro de la primavera. Y así se va adelante: olores de los pomares en flor, luego olores de los jardines, de las mieses, hasta llegar a ese olor caliente de vendimia, pasando, como un intermedio, por el olor de la tierra después de una tormenta...

¿Y las horas? Sería necedad decir que el olor de la aurora es como el del mediodía, y éste como el de la tarde o el de la noche. El primero, fresco y virginal. El segundo, riente y lleno de vitalidad. El otro, cansado y saturado de todo lo que exhaló durante el día: sus olores. El último, el nocturno, es moderado, recogido, como si la tierra fuera una enorme cuna abierta para recibir el sueño de sus pequeñuelos.

¿Y los lugares? ¡Oh, el olor del litoral, tan distinto desde el alba a la tarde, del mediodía a la noche, de la tempestad a la calma, de las zonas de arrecife a las de playa baja! ¿Y el olor de las algas cuando quedan al aire después de las mareas, y parece como si el mar hubiera abierto sus entrañas para hacernos aspirar el olor acre de su fondo?: ¡qué distinto del de las llanuras de tierra adentro!, como éste lo es del de los lugares de colinas, y éste último del olor de los altos montes.

Grande es la infinitud del Creador, que ha imprimido una señal de luz o color o perfume o sonido o forma o altura en cada una de las infinitas cosas que ha creado. ¡Oh, belleza infinita del Universo — que no te veo sino... así, a través de las visiones y el recuerdo de lo que vi, amando a Dios y elevando a Él mi oración a través de tus obras y de la alegría que me producía el verlas —, cuán grande eres, potente, inagotable, exenta de monotonía! No, no eres monótono, ni inspiras monotonía, Universo de mi Señor; antes al contrario, el hombre al mirarte se renueva, se hace más bueno, más puro, se eleva, olvida... ¡Oh, deseo de mirarte continuamente y de olvidar lo bajo de los hombres, y amarlos en su alma y por su alma, para llevarlos a Dios!...

Así, siguiendo a Jesús, que va con sus apóstoles por esta llanura llena de mieses, me pongo de nuevo a divagar y me dejo apresar por la alegría de hablar de mi Dios en sus espléndidas obras; pues amor es, porque la criatura alaba en las criaturas aquello que en ellas ama, o, simplemente, alaba a las criaturas que ama. Lo mismo se da de la criatura al Creador: quien le ama le alaba, y cuanto más le ama más le alaba, por Él y por sus obras. Mas ahora impongo silencio a mi corazón para seguir a Jesús no como adoradora sino como fiel cronista.

216.2

Decía que Jesús iba por los campos de cereales en sazón. El día está caluroso; el paraje, desierto. No se ve un solo hombre por los campos; sólo espigas maduras y árboles diseminados acá o allá. Sol, mieses, pájaros, lagartijas, matas verdes y quietas en el aire tranquilo: esto es lo que hay en torno a Jesús, que va por un camino de primer orden — cinta polvorienta y cegadora entre el cimbreo de las espigas — a cuyos lados hay respectivamente un pueblecillo y una alquería; nada más.

Todos caminan en silencio, sudorosos. Se han despojado de sus mantos, pero, ciertamente, sufren igualmente bajo sus vestidos, que son ligeros pero de lana. Solamente Jesús con sus dos primos y Judas Iscariote llevan indumentos de lino o de cáñamo: los de Jesús y este último, sin duda, son de lino blanco; los de los hijos de Alfeo, por su compacidad, me parecen demasiado pesados como para ser de lino, y son además de color marfil intenso, justo como el del cáñamo sin blanquear. Los otros apóstoles llevan los indumentos habituales, y van secándose el sudor con el lienzo que les sirve de velo.

Llegan a un pequeño grupo de árboles que hay en un cruce de caminos. Bajo su saludable sombra se detienen, y, ávidamente, beben de los odres.

«Está caliente como recién apartada del fuego» dice Pedro con descontento.

«¡Si hubiera al menos un regatillo! Pero... ¡nada, nada!» suspira Bartolomé. «Dentro de poco me quedaré sin agua».

«Casi digo que es mejor la montaña» gime Santiago de Zebedeo, congestionado por el calor.

«Lo mejor es la barca: fresca, sedante, limpia, ¡ah!». El corazón de Pedro va hacia su lago y su barca.

«Tenéis razón todos, pero los pecadores están tanto en la montaña como en la llanura. Si no nos hubieran echado de Agua Especiosa y no nos hubieran seguido pisándonos los talones, habría venido aquí entre Tébet y Sabat. De todas formas, pronto estaremos en el litoral, donde la brisa del mar abierto refresca el aire» dice Jesús para confortar a los suyos.

«¡Sí, claro! Aquí parecemos lucios agonizantes. Pero, ¿cómo es que están tan hermosas las mieses si no hay agua?» pregunta Pedro.

«Hay agua subterránea que mantiene húmedo el terreno» explica Jesús.

«Mejor hubiera sido que hubiera estado en la superficie, no debajo. ¿De qué me sirve si está bajo tierra? ¡Yo no soy una raíz!» dice Pedro sin reflexionar, y todos se echan a reír.

Pero, un momento después, Judas Tadeo se pone serio y dice: «El suelo es egoísta, como los corazones, y, como ellos, es árido; si nos hubieran dejado estar en aquel pueblo y pasar el sábado allí, habríamos tenido sombra, agua, posibilidad de descanso... pero nos han echado...».

«También habríamos tenido comida, pero ni siquiera eso. Yo tengo hambre. ¡Si hubiera fruta! Los árboles frutales están cerca de las casas. ¿Quién se atreve a acercarse! Si todos tienen el humor de aquellos...» dice Tomás, señalando al pueblo que han dejado a las espaldas, a oriente.

«Toma mi comida. Yo nunca tengo mucha hambre» dice Simón Zelote.

«Coged también mi comida» dice Jesús. «Quien se sienta más hambriento que coma».

Pero, aun juntando las provisiones de Jesús, Simón y Natanael, se ve que son muy escasas. La mirada zozobrante de Tomás y de los jóvenes lo confirma; no obstante, guardan silencio y, a pequeños mordiscos, se comen las microscópicas raciones.

El Zelote, paciente, va hacia un punto en que una verde hilera sobre la tierra quemada hace suponer la existencia de humedad. Y, efectivamente, en ese lugar hay un hilo de agua que discurre por el fondo guijarroso de un arroyuelo; es realmente un hilo, destinado a desaparecer al cabo de poco. Simón da un grito a los compañeros, que han quedado ya lejos, para que vengan a gozar de este alivio. Todos van, corriendo, por la sombra discontinua de una hilera de árboles que sigue la riba del arroyuelo semiseco. Una vez allí, pueden refrescarse los pies polvorientos, lavarse la cara sudorosa. Antes llenan los odres, que ya estaban vacíos, y los apoyan en el agua, en donde se proyecta sombra, para tenerlos más frescos.

Se sientan al pie de un árbol y, con el cansancio que tienen, se quedan adormilados.

216.3

Jesús los mira con amor y compasión y menea la cabeza.

Simón Zelote, que había ido otra vez a beber, ve el gesto y le pregunta: «¿Qué te pasa, Maestro?».

Jesús se pone en pie, va donde Simón, le rodea los hombros con un brazo y le lleva consigo hacia otro árbol, diciendo: «¿Que qué me pasa? Me aflijo por vuestro cansancio. Si no supiera lo que estoy haciendo de vosotros, no me perdonaría el produciros tantas molestias».

«¿Molestias? ¡No, Maestro! Son nuestra alegría. Todo es nada yendo contigo. Todos estamos contentos, créeme. No echamos de menos nada, no...».

«Calla, Simón. La humanidad grita incluso en los buenos. Y, humanamente hablando, tenéis razón en gritar; os he separado de vuestras casas, de vuestras familias, de vuestros intereses; habéis venido conmigo pensando que seguirme sería una cosa muy distinta... De todas formas, un día este grito vuestro de ahora, este grito íntimo, se aplacará; entonces comprenderéis la belleza de haber caminado entre niebla, barro, polvo, o con un calor asfixiante, perseguidos, sedientos, cansados, hambrientos, tras el Maestro perseguido, odiado, calumniado... y... y otras cosas. Entonces todo os parecerá hermoso, porque entonces tendréis otro pensamiento y todo lo veréis con otra luz. Y me bendeciréis por haberos conducido por mi camino difícil...».

«Estás triste, Maestro. El mundo justificaría tu tristeza, de acuerdo; pero nosotros no. Nosotros estamos todos contentos...».

«¿Todos? ¿Estás seguro?».

«¿Tú lo ves de otra forma?».

«Sí, Simón, de otra forma. Tú estás siempre contento. Tú has comprendido; muchos otros, no. ¿Ves aquellos que duermen? ¿Sabes cuántos pensamientos rumian incluso en el sueño? ¿Y los otros discípulos? ¿Crees que serán fieles hasta la consumación de todo? Mira. Vamos a hacer ese viejo juego que tú también has hecho, sin duda, de niño (Jesús coge un diente de león que se yergue entre las piedras y que ha alcanzado ya la plena maduración, se lo lleva delicadamente a la altura de la boca, sopla y... se disgrega en minúsculos vilanos, que se esparcen por el aire, vagando con su borlita mantenida derecha por el minúsculo manguito). ¿Ves? Mira... ¿Cuántos han caído en mis rodillas, cual enamorados de mí? Cuéntalos... Son veintitrés. Eran, por lo menos, el triple. ¿Y los otros? Mira. Unos siguen vagando por el aire; otros, como por demasiado peso, han caído ya al suelo; algunos, orgullosos, suben, vanagloriándose de su penacho de plata; otros caen en ese barrillo que hemos formado con nuestros odres.. Sólo... Mira, mira... incluso de los veintitrés que tenía en mis rodillas siete se han ido; ha sido suficiente el vuelo de ese abejorro para que se marcharan... ¿Temían algo?: quizás el aguijón; ¿los ha seducido algo?: quizás los hermosos colores negros y amarillos, o el aspecto gallardo, o las alas irisadas... Se han ido... tras una belleza falaz... Simón, lo mismo sucederá con mis discípulos. Unos por nerviosismo, otros por inconstancia, o por estar demasiado cargados, o por orgullo, o por ligereza, por amor al fango, por miedo o ingenuidad, se irán. ¿Tú crees que a todos los que ahora me dicen: “Voy contigo” los veré a mi lado cuando llegue la hora decisiva de mi misión? Los vilanos de ese diente de león que creó mi Padre eran más de setenta... ahora, en mis rodillas, hay sólo siete, pues otros se han ido también, por este movimiento del aire que ha hecho decir “sí” a los tallitos más delgados. Así será. Y pienso en las luchas que libráis por manteneros fieles a mí...

216.4

Ven, Simón, vamos a ver esas libélulas que danzan sobre la superficie del agua, a menos que prefieras descansar».

«No, Maestro. Tus palabras me han entristecido. Espero que no te abandone el leproso curado, el perseguido al que Tú rehabilitaste, el hombre solitario a quien has dado compañía, el nostálgico de afecto al que has abierto el Cielo para que encontrase amor y el mundo para que lo diera... Maestro... ¿qué piensas de Judas? El año pasado lloraste conmigo por él. Luego... no sé... Maestro, deja esas dos libélulas, mírame a mí, escúchame, esto que te voy a decir no se lo diría a ningún otro, ni a los compañeros ni a ningún amigo, pero a ti sí: no logro amar a Judas; lo confieso. Es él quien rechaza mi deseo de amarle. No quiero decir que me trate con desprecio, no; es más, hasta incluso se muestra cortés con el viejo Zelote, al que intuye más experto que los demás en el conocimiento de los hombres. Es su modo de actuar. ¿Te parece sincero? Dímelo».

Jesús guarda silencio durante unos momentos, como cautivado por las dos libélulas, que se han posado apenas tocando el agua y que con sus élitros irisados dibujan un pequeño arco iris, un especioso arco iris que sirve para atraer a un mosquito curioso, que acaba devorado por uno de los voraces insectos, el cual a su vez cae en vuelo víctima de un sapo que estaba agazapado (sapo o rana, no lo sé), que se la come junto con el mosquito que había cazado.

Jesús se mueve, se levanta, pues casi se había echado para observar estos pequeños dramas de la naturaleza, y dice: «Así es: la libélula tiene fuertes mandíbulas para nutrirse de hierbas, y alas fuertes para derribar a los mosquitos; la rana, garganta ancha para tragarse a las libélulas. Cada uno tiene lo suyo, y lo suyo usa. Vamos, Simón, que los otros se están despertando».

«No me has respondido, Señor; no has querido hacerlo».

«¡Pero si te he respondido! Mi sabio senequita, medita y hallarás[1]...». Y Jesús, remontando el lecho guijarroso, va donde los discípulos, que se están despertando y ya le buscan.


Notes

  1. réfléchis et tu trouveras : on en trouvera la clé de lecture en reliant la phrase qui précède : « Chaque être a ses moyens et s’en sert » au passage de Mt 12, 33-35 et au texte de 219.4 et 222.5.

Notas

  1. medita y hallarás. La clave interpretativa puede hallarse relacionando el precedente “Cada uno tiene lo suyo, y lo suyo usa” con Mateo 12, 33-35 y con el fragmento que encontraremos en 219.4.