Los Escritos de Maria Valtorta

219. Les différents fruits de la prédication des apôtres à Ashqelôn.

219. Los distintos frutos de la predicación

219.1

Obéissant à l’ordre qu’ils ont reçu, les groupes d’apôtres ar­rivent l’un après l’autre près de la porte de la ville. Jésus n’est pas encore là, mais il ne tarde pas à arriver par une ruelle qui longe les murs.

« Le Maître doit avoir eu du succès, dit Matthieu. Voyez comme il sourit. »

Ils marchent à sa rencontre et, sortant ensemble par la porte, ils reprennent la grand-route bordée par les cultures maraîchères du faubourg.

Jésus les interroge :

« Alors ? Qu’avez-vous fait ? Comment cela s’est-il passé ?

– Très mal, répondent ensemble Judas et Barthélemy.

– Pourquoi ? Qu’est-ce qui vous est arrivé ?

– Pour un peu, ils nous auraient lapidés ! Il a fallu que nous nous échappions. Quittons ce pays de barbares. Allons là où on nous aime. Moi, je ne parle plus ici. Déjà, je ne voulais pas parler, mais ensuite je me suis laissé entraîner et toi, tu ne m’as pas retenu. Et pourtant, tu sais bien comment vont les choses… »

Judas est fâché.

219.2

« Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ?

– J’accompagnais Matthieu, Jacques et André. Nous nous sommes rendus sur la place des Juges, car c’est le rendez-vous des gens distingués qui ont du temps à perdre pour écouter ceux qui parlent. Nous avons décidé que ce serait Matthieu qui parlerait, puisque c’est le plus habitué à parler aux publicains et à leurs clients. Il a commencé par s’adresser à deux hommes qui se disputaient au sujet d’un champ dans une affaire embrouillée de succession : “ Ne vous haïssez pas pour ce qui périt et que vous ne pouvez emporter dans l’autre vie, mais aimez-vous pour pouvoir jouir des biens éternels qu’on gagne sans lutte autre que contre les passions mauvaises qu’il nous faut vaincre pour devenir victorieux et entrer en possession du Bien. ” C’est bien ce que tu disais, n’est-ce pas ? il continuait, alors que deux ou trois s’approchaient pour l’écouter. “ Ecoutez la Vérité qui enseigne cela au monde, pour que le monde possède la paix. Vous voyez combien un intérêt excessif pour ce qui passe est source de souffrances. Mais la terre n’est pas tout. Il y a aussi le Ciel, et au Ciel il y a Dieu, de même que son Messie est actuellement sur terre. C’est lui qui nous envoie pour vous annoncer que le temps de la miséricorde est venu et qu’il n’y a pas de pécheur qui puisse dire : ‘ Il ne m’écoutera pas ’ ; s’il a un vrai repentir, il obtient le pardon, il est écouté, aimé et invité au Royaume de Dieu. ”

Entre-temps, beaucoup de monde s’était attroupé. Certains écoutaient avec respect, d’autres posaient des questions, ce qui troublait Matthieu. Moi, je ne donne jamais de réponse pour ne pas interrompre mon discours. Je parle et j’attends la fin pour répondre à chacun en particulier. Qu’ils gardent à l’esprit ce qu’ils veulent dire et qu’ils se taisent ! Mais Matthieu voulait répondre tout de suite… Et nous aussi, on nous interrogeait. Certains ricanaient : “ Voilà encore un fou ! Il vient sûrement de cette tanière qu’est Israël. Les juifs, c’est du chiendent qui envahit tout ! Voilà, voilà leurs éternelles histoires ! Eux, ils ont Dieu comme compère. Ecoutez-moi ça ! Il est sur le fil de leur épée et dans l’acide de leur langue. Voilà, voilà ! Maintenant, c’est leur Messie qu’ils mettent sur le tapis ! Sûrement quelque autre fou qui nous tourmentera comme cela a toujours été le cas au cours des siècles. La peste soit pour lui et pour cette race ! ”

Alors, j’ai perdu patience. J’ai tiré en arrière Matthieu qui continuait à parler en souriant comme si on lui avait fait honneur et, à mon tour, j’ai pris la parole en m’appuyant sur Jérémie[1] : “ Voici les eaux qui montent du Nord, elles deviennent un torrent dévastateur… ”. “ Race malfaisante, la punition que Dieu vous infligera fera le fracas d’un fleuve, mais ce seront des armes ainsi que des soldats de la terre et de célestes guerriers frondeurs des Cieux, mis en mouvement à l’ordre des chefs du Peuple de Dieu pour vous punir de votre entêtement. Devant leur vacarme, vous perdrez votre force ; et votre fierté, votre courage, vos bras, vos affections, tout s’écroulera. Vous serez exterminés, vous qui êtes les restes du refuge du péché, la porte de l’enfer ! Vous avez repris votre arrogance parce qu’Hérode vous a reconstruits ? Mais vous serez rasés au point de devenir irrémédiablement chauves, vous serez frappés par toute sorte de châtiments dans vos villes et vos villages, dans vos vallées et dans vos plaines. La prophétie n’est pas encore accomplie… ”

Je voulais poursuivre, mais ils se sont jetés sur nous et c’est seulement parce qu’une caravane providentielle passait dans une rue que nous avons pu nous sauver, car déjà les pierres volaient. Elles ont frappé les chameaux et les chameliers. Il s’est ensuivi une bagarre et nous, nous avons filé. Ensuite, nous sommes restés tranquillement dans une petite cour du faubourg. Ah ! Moi, je ne reviens plus ici…

219.3

– Mais, excuse-moi, tu les as offensés ! C’est ta faute ! On com-

Prend maintenant pourquoi ils sont venus nous chasser avec une telle hostilité ! » s’exclame Nathanaël.

Et il continue :

« Ecoute, Maître. Nous, c’est-à-dire Simon-Pierre, Philippe et moi, nous étions allés du côté de la tour qui donne sur la mer. Il y avait là des marins et des capitaines de navires qui chargeaient des marchandises pour Chypre, la Grèce et encore plus loin. Ils adressaient des imprécations au soleil, à la poussière et à la fatigue. Ils maudissaient leur sort de philistins, esclaves, disaient-ils, des puissants, alors qu’ils pouvaient être rois. Et ils blasphémaient contre les prophètes, contre le Temple, contre nous tous. Je voulais m’en aller de là, mais Simon a refusé. Il disait :

“ Non, au contraire ! Ce sont justement ces pécheurs que nous devons approcher. Le Maître le ferait et nous devons en faire autant, nous aussi. ”

“ Parle, alors, toi ”, avons-nous dit, Philippe et moi.

“ Et si je ne sais pas m’y prendre ? ”, a dit Simon.

“ Dans ce cas, nous t’aiderons ”, avons-nous répondu.

Simon s’est alors avancé en souriant vers deux marins en sueur qui s’étaient assis sur une grosse balle, parce qu’ils n’arrivaient pas à la hisser sur le bateau. Il leur a dit :

“ Elle est lourde, n’est-ce pas ? ”

“ Plus que lourde, nous sommes à bout de forces. Et il nous faut avoir terminé le chargement, parce que le patron le veut. Il veut lever l’ancre avec la marée car, ce soir, la mer sera plus forte et il faut avoir franchi les écueils pour ne pas être en danger. ”

“ Des écueils en mer ? ”

“ Oui, là où l’eau écume. Ce sont de mauvais passages. ”

“ Les courants, n’est-ce pas ? Oui ! Le vent du midi contourne la pointe et, là, se heurte au courant… ”

“ Tu es matelot ? ”

“ Pêcheur en eau douce, mais l’eau c’est toujours l’eau, et le vent c’est toujours le vent. Moi aussi, j’ai bu la tasse plus d’une fois et le chargement a coulé au fond plus d’une fois. C’est un beau métier que le nôtre, mais il est dur. Mais, en toute chose, il y a du beau et du laid, le bon et le mauvais côté. Il n’y a pas d’endroits où il n’y ait que des méchants, ni de race où tous sont cruels. Avec un peu de bonne volonté, on se met toujours d’accord et on trouve qu’il y a partout de braves gens. Allons ! Je veux vous aider. ”

Simon a alors appelé Philippe :

“ Allons ! Prends de ce côté-ci et moi de celui-là ; ces braves marins nous conduisent sur le navire, vers la cale. ”

Les philistins ne voulaient pas, puis ils nous ont laissé faire. Une fois la balle en place, et d’autres encore qui étaient sur le pont, Simon s’est mis à faire l’éloge du bateau, comme il sait le faire, à admirer la mer, la ville si belle vue de la mer, à s’intéresser à la navigation en mer, aux villes des autres nations. Et tous l’entouraient, le remerciaient, le complimentaient… Jusqu’à ce que quelqu’un demande :

“ Mais toi, d’où es-tu ? De la région du Nil ? ”

“ Non, de la mer de Galilée. Mais, comme vous le voyez, je ne suis pas un tigre. ”

“ C’est vrai. Tu cherches du travail ? ”

“ Oui. ”

“ Moi, je te prends si tu veux. Je vois que tu es un matelot capable ”, a dit le patron.

“ Au contraire, c’est moi qui te prends. ”

“ Moi ? Mais ne m’as-tu pas dit que tu cherches du travail ? ”

“ C’est vrai : mon travail c’est d’amener les hommes au Messie de Dieu. Tu es un homme, donc je suis chargé de toi. ”

“ Mais je suis philistin ! ”

“ Et qu’est ce que cela veut dire ? ”

“ Cela veut dire que vous nous haïssez, que vous nous persécutez depuis la nuit des temps. Vos chefs nous l’ont toujours dit… ”

“ Les prophètes, hein ? Mais aujourd’hui, les prophètes sont des voix qui ne hurlent plus. Il n’y a plus désormais que le seul, le grand, le saint Jésus. Lui, il ne crie pas, mais il appelle d’une voix amicale. Il ne maudit pas, mais il bénit. Il n’inflige pas d’infirmités, mais les fait disparaître. Il ne hait pas et ne veut pas que l’on haïsse. Au contraire, il aime tout le monde et il veut que nous aimions même nos ennemis. Dans son Royaume, il n’y aura plus ni vaincus ni vainqueurs, ni hommes libres ni esclaves, ni amis ni ennemis. Ces distinctions qui engendrent le mal n’existeront plus ; elles sont venues de la méchanceté humaine. Mais il n’y aura plus que ses disciples à lui, c’est-à-dire des gens vivant dans l’amour, dans la liberté, dans la victoire sur tout ce qui est pesant et douloureux. Je vous en prie : veuillez croire à mes paroles et le désirer, lui. Les prophéties ont été écrites, certes, mais il est plus grand encore que les prophètes. Pour ceux qui l’aiment, les prophéties n’existent plus. Voyez-vous cette belle ville qu’est la vôtre ? Vous la retrouverez au Ciel, plus belle encore, si vous arrivez à aimer notre Seigneur Jésus, le Christ de Dieu. ”

Ainsi parlait Simon, jovial et inspiré à la fois. Et tous l’écoutaient avec attention et respect. Oui, avec respect. Puis des citadins armés de bâtons et de pierres ont débouché d’une rue en hurlant. Ils nous ont vus et reconnus à notre vêtement comme étant des étrangers — et des étrangers, je le comprends maintenant, de ton espèce, Judas —, et ils ont cru que nous étions de ta bande. Si ceux du navire ne nous avaient pas protégés, nous étions frais ! Ils ont descendu une chaloupe et nous ont emmenés en mer. Ils nous ont conduit sur la plage près des jardins où nous étions à midi, et nous sommes revenus de là, en même temps que ceux qui cultivent des fleurs pour les riches du pays.

219.4

Mais toi, Judas, tu gâches tout ! Qu’est-ce que c’est que ces manières insolentes ?

– C’est la vérité.

– Mais il faut savoir comment la présenter. Pierre n’a pas dit de mensonges, mais il a su parler ! Réplique Nathanaël.

– Moi, j’ai cherché à me mettre à la place du Maître, en pensant : “ Lui, il serait doux. Alors, moi aussi… ”, dit Pierre avec simplicité.

– Moi, j’aime la manière forte. C’est plus royal.

– Toujours ton idée fixe ! Tu as tort, Judas. Cela fait un an que le Maître essaie de te corriger sur ce point, mais tu ne te prêtes pas à la correction. Tu es aussi obstiné dans l’erreur que ces philistins contre lesquels tu pars en guerre, objecte Simon le Zélote.

– Quand m’a-t-il corrigé sur ce point ? Et puis, chacun a sa manière de faire et la met en œuvre. »

A ces mots, Simon le Zélote sursaute et regarde Jésus qui reste silencieux, mais répond à son regard évocateur, par un léger sourire complice.

« Ce n’est pas une raison, intervient calmement Jacques, fils d’Alphée, avant de poursuivre : Nous sommes ici pour nous corriger nous-mêmes avant de corriger les autres. Le Maître a été d’abord notre maître. Il ne l’aurait pas été, s’il n’avait pas voulu que nous changions nos habitudes et nos idées.

– Il était notre Maître en sagesse…

– Il était ? Il l’est, réplique sérieusement Jude.

– Que d’arguties ! Il l’est, oui, il l’est.

– Il est le Maître pour le reste également, pas seulement pour ce qui est de la sagesse. Son enseignement s’applique à tout ce qui est en nous. Il est parfait, nous imparfaits. Efforçons-nous donc de devenir comme lui, conseille doucement Jacques, fils d’Alphée.

– Je ne vois pas en quoi je me suis trompé. La raison est qu’il s’agit d’une race maudite. Tous sont pervertis.

– Non. Tu ne peux dire cela, éclate Thomas.

219.5

Jean est allé chez les plus humbles : les pêcheurs qui portaient leurs poissons au marché. Or regarde ce sac humide : c’est du poisson de première qualité. Ils ont renoncé à leur gain pour nous l’offrir. Par crainte que celui du matin ne soit pas frais le soir, ils sont retournés en mer et ont voulu nous prendre avec eux. Nous avions l’impression d’être sur le lac de Galilée, et je t’assure que, si l’endroit le rappelait, si les barques remplies de visages attentifs le rappelaient aussi, Jean le rappelait encore plus. On aurait dit un autre Jésus. Des paroles douces comme le miel tombaient de sa bouche rieuse et son visage étincelait comme un autre soleil. Comme il te ressemblait, Maître ! J’en étais ému.

Nous sommes restés en mer trois heures durant, à attendre que les filets, tendus entre les bouées, soient remplis de poissons, et ce furent trois heures de béatitude. Ensuite, ils voulaient te voir, mais Jean a répondu : “ Je vous donne rendez-vous à Capharnaüm ”, comme s’il avait dit : “ Je vous donne rendez-vous sur la place de votre ville. ” Ils ont pourtant promis : “ Nous viendrons ” et ils en ont pris bonne note. Nous avons même dû nous défendre pour qu’ils ne nous chargent pas de trop de poissons. Ils nous ont donné du plus fin. Allons le cuire. Ce soir, grand banquet pour nous refaire du jeûne d’hier !

– Mais qu’est-ce que tu as bien pu dire ? interroge Judas, désemparé.

– Rien de spécial. J’ai parlé de Jésus, répond Jean.

– Mais comme tu en parles, toi ! Jean aussi a pris les prophètes, mais dans l’autre sens, explique Thomas.

– Dans l’autre sens ? demande Judas, interloqué.

– Oui, toi, tu as extrait des prophètes l’âpreté, lui, la douceur. Car enfin, leur rigueur elle-même est amour, un amour exclusif, violent, si tu veux, mais toujours de l’amour envers les âmes, qu’ils voudraient rendre toutes fidèles au Seigneur. Je ne sais pas si tu y as jamais réfléchi, toi qui as été élevé parmi les scribes. Moi, oui, en tant qu’orfèvre. Même l’or, on le martèle et on le passe au creuset pour le rendre plus beau. Ce n’est pas par haine, mais par amour. C’est ainsi que les prophètes agissent avec les âmes. Je le comprends, justement parce que je suis orfèvre. Jean a cité Zacharie, dans sa prophétie[2] contre Hadrak et Damas et, arrivé à ce point : “ A cette vue, Ashqelôn sera saisie d’épouvante, Gaza se tordra de douleur ainsi qu’Eqrôn, car son espérance s’est évanouie. Gaza n’aura plus de roi ”, il s’est mis à expliquer comment tout cela est arrivé parce que l’homme s’est détaché de Dieu. Parlant de la venue du Messie qui est pardon d’amour, il a promis que, au lieu d’une pauvre royauté telle que les fils de la terre la souhaitaient pour leur nation, les hommes qui suivront la doctrine du Messie parviendront à posséder une royauté éternelle et infinie au Ciel. Le dire, ce n’est rien, mais l’entendre ! Il semblait entendre une musique et s’élever, porté par les anges. Et voilà que les prophètes qui t’ont donné, à toi, des coups de bâton, nous ont offert, à nous, du poisson excellent. »

Décontenancé, Judas se tait.

219.6

« Et vous ? demande le Maître à ses cousins et à Simon le Zélote.

– Nous sommes allés sur les chantiers où travaillent les calfats. Nous aussi, nous avons préféré aller vers les pauvres. Mais il y avait aussi de riches philistins qui surveillaient la construction de leurs navires. Nous ne savions pas qui parlerait. Alors, comme des enfants, nous avons joué aux points. Jude a sorti sept doigts, moi quatre, Simon deux. C’était donc à Jude de parler, explique Jacques, fils d’Alphée.

– Qu’as-tu dit ? questionnent-ils tous.

– Je me suis franchement fait connaître pour ce que je suis, disant qu’à leur hospitalité, je demandais la faveur d’accueillir la parole du pèlerin qui voyait en eux des frères ayant une origine et une fin communes, et l’espérance non commune mais pleine d’amour, de pouvoir les amener dans la maison du Père et de les appeler “ frères ” pour l’éternité, dans la grande joie du Ciel. J’ai ajouté : “ Il a été dit[3] par Sophonie, notre prophète : ‘ La région de la mer deviendra un lieu de pacage pour les bergers… ils y feront paître leurs troupeaux et, le soir, ils se reposeront dans les maisons d’Ashqelôn. ’ ” Puis j’ai développé cette idée en disant : “ Le Pasteur suprême est arrivé parmi vous, armé non pas de flèches, mais d’amour. Il vous tend les bras, il vous indique ses pâturages saints. S’il se souvient du passé, c’est uniquement pour dire aux hommes sa compassion à la vue du grand mal qu’ils se font et qu’ils se sont fait, comme des enfants fous, par haine, alors qu’ils auraient pu éviter tant de souffrances par l’amour réciproque, puisqu’ils sont frères. Cette terre, ai-je dit, sera le lieu des saints bergers, les serviteurs du Pasteur suprême : ils savent déjà que c’est ici qu’ils auront les pâtures les plus fertiles et les meilleurs troupeaux, et leur cœur, au soir de leur vie, pourra reposer en pensant à vos cœurs, à ceux de vos fils, plus familiers des maisons amies, car ils auront comme maître Jésus, notre Seigneur. Ils m’ont compris. Ils m’ont interrogé, ou plutôt, ils nous ont interrogés. Et Simon a raconté sa guérison, mon frère ta bonté envers les pauvres. La preuve, la voilà : cette bourse bien garnie pour les pauvres que nous trouverons sur notre chemin. A nous aussi, les prophètes ne nous ont pas fait de mal… »

Judas ne souffle mot.

219.7

« Eh bien, dit Jésus pour le réconforter, la prochaine fois, Judas fera mieux. Il a cru bien faire en agissant ainsi. Ayant donc agi dans un but honnête, il n’a péché en aucune façon. Et je suis content de lui aussi. L’apostolat n’est pas un métier facile, mais il s’apprend. Une chose me contrarie : ne pas avoir eu cet argent plus tôt et ne pas vous avoir trouvés. Il m’aurait servi pour une famille dans l’épreuve.

– Nous pouvons y retourner. Il est encore temps… Mais, excuse-moi, Maître. Comment l’as-tu trouvée ? Qu’as-tu fait, toi ? Vraiment rien ? Tu n’as pas évangélisé ?

– Moi ? Je me suis promené. Par mon silence, j’ai dit à une prostituée : “ Quitte ton péché. ” J’ai trouvé un enfant, un peu polisson, et je l’ai évangélisé en échangeant des cadeaux. Je lui ai donné la boucle que Marie Salomé avait mise à mon vêtement à Béthanie, et lui m’a donné son œuvre. »

Et Jésus sort de son vêtement le pantin caricatural. Tout le monde regarde et rit.

« Puis je suis allé voir de splendides tapis qu’un habitant d’Ashqelôn fabrique pour les vendre en Egypte et ailleurs… et j’ai consolé une fillette qui a perdu son père, et j’ai guéri sa mère. C’est tout.

– Et cela te semble peu de chose ?

– Oui, parce qu’il aurait aussi fallu de l’argent, or je n’en avais pas.

– Mais retournons-y, nous qui… n’avons ennuyé personne, dit Thomas.

– Et ton poisson ? plaisante Jacques, fils de Zébédée.

– Le poisson ? Le voilà. Vous, qui avez l’anathème sur vous, allez chez le vieil homme qui nous offre l’hospitalité et commencez à préparer. Nous, nous allons en ville.

– Oui, dit Jésus. Mais je vous indiquerai la maison de loin. Il y aura du monde. Moi, je n’y vais pas. Ils me retiendraient. Je ne veux pas offenser l’hôte qui nous attend en manquant à son invitation. Le manque de politesse est toujours contraire à la charité. »

Judas baisse encore davantage la tête et il en devient tout rouge, tant il change de couleur au souvenir des nombreuses fois où il est tombé dans cette faute.

Jésus reprend :

« Vous, allez à la maison et cherchez la fillette. Il n’y a que cette fillette, vous ne pouvez pas vous tromper. Vous lui donnerez cette bourse et vous lui direz : “ C’est Dieu qui te l’envoie parce que tu as su croire. C’est pour toi, ta maman et tes petits frères. ” Rien de plus. Et revenez tout de suite. Allons. »

Le groupe se divise donc : Jésus, Jean, Thomas et les cousins de Jésus vont en ville pendant que les autres se rendent la maison du maraîcher philistin.

219.1

Obedientes a la orden recibida, los grupos de los apóstoles van llegando a la puerta de la ciudad. Jesús todavía no está, pero pronto aparece por una callecita que sigue el trazado de la muralla.

«Debe haberle ido bien al Maestro» dice Mateo. «Mirad cómo sonríe».

Van hacia Él. Luego salen por la puerta y toman la vía principal. A ambos lados hay huertas del suburbio.

Jesús les pregunta: «¿Entonces?... ¿cómo os ha ido?, ¿qué habéis hecho?».

«Muy mal» dicen al unísono Judas Iscariote y Bartolomé.

«¿Por qué? ¿Qué os ha sucedido?».

«Que por poco nos apedrean. Hemos tenido que salir corriendo. Vámonos de esta ciudad de bárbaros. Volvamos a donde nos estiman. Yo aquí ya no hablo más. De hecho no quería hablar, pero... me he dejado vencer, y Tú no me has frenado, a pesar de que sabes todo...». Judas está inquieto.

219.2

«¡Pero, ¿qué te ha pasado?!».

«Pues... Yo he estado con Mateo, Santiago y Andrés. Hemos ido a la plaza de los Juicios, porque allí hay gente fina y que tiene tiempo que perder escuchando a una persona que hable. Hemos decidido dejarle a Mateo hablar, porque era el más idóneo para hablar a publicanos y a clientes de publicanos. Entonces él ha empezado dirigiéndose a dos que estaban discutiendo por un campo, en una cuestión poco clara de una herencia: “No os odiéis por causa de cosas perecederas y que no podéis llevaros con vosotros a la otra vida; antes bien, amaos, para poder gozar de bienes eternos, conseguidos sin más guerras que la que combate las malas pasiones que debemos subyugar para ser vencedores y poseer el Bien”. Dijiste esto, ¿no? Y luego siguió, mientras otros dos o tres se acercaban para oír: “Abrid vuestros oídos a la Verdad, que enseña estas cosas al mundo, para que el mundo tenga paz. Ya veis que se sufre por esto, por este excesivo interés por las cosas perecederas. Mas la tierra no es todo. Está también el Cielo, y en el Cielo está Dios, de la misma forma que, ahora, en la tierra está el Mesías de Dios, que nos envía para anunciaros que ha llegado el tiempo de la Misericordia, y que ningún pecador puede decir: ‘No seré escuchado’, pues si uno tiene verdadero arrepentimiento, recibe el perdón, es escuchado y amado y se le ofrece el Reino de Dios”. A todo esto, ya mucha gente había venido. Había quien escuchaba con respeto y había quien interrumpía y molestaba a Mateo con preguntas. Yo ya de hecho no respondo nunca para no estropear el discurso. Hablo y respondo en particular al final. Que se tengan en la memoria lo que quieran decir y que guarden silencio. ¡Pero Mateo quería responder inmediatamente!... Nos preguntaban también a nosotros. Pero había también quien hacía risitas sarcásticas y decía: “¡Otro loco! Está claro que viene de la guarida de Israel. Los judíos son como malas hierbas que se difunden por todas partes. ¡Ahí tenemos otra vez sus eternas patrañas! Dios es su protector. ¡Escucha, escucha! Está en el filo de su espada, en la mordacidad de su lengua. ¡Mira, mira, ahora sacan a colación a su Mesías. Algún otro exaltado que, como de costumbre, nos va a atormentar. ¡Maldición a Él y a su raza!”. Entonces he perdido la paciencia, he tirado de Mateo — que seguía hablando sonriente como si le estuvieran haciendo honores —, y he empezado a hablar yo, tomando a Jeremías[1] como base de mi discurso: “Crecen las aguas a septentrión; torrente desbordado serán...”. “Ante su rumor” he dicho “pues el castigo que Dios os dará, raza maléfica, producirá el rumor de muchas aguas, aunque serán armas y soldados de la tierra y celestes honderos de los Cielos, en movimiento todos ellos por orden de los Jefes del Pueblo de Dios, los que se abatirán sobre vosotros como castigo de vuestra obstinación; ante su fragor se desvanecerán vuestras fuerzas, caerá vuestra soberbia y vuestros corazones y vuestros brazos y sentimientos, todo. ¡Seréis exterminados, residuos de la isla del pecado, puerta del Infierno! ¿Se os han subido de nuevo los humos porque Herodes os haya reconstruido? Pues más rasos todavía quedaréis, calvos rin remedio; toda suerte de castigos caerá sobre vuestras ciudades y poblados, sobre valles y llanuras. Que la profecía no ha muerto aún...”; y quería seguir, pero se nos han echado encima, y si nos hemos podido salvar ha sido por una caravana, providencial, que pasaba por una calle, pues ya empezaban a volar las piedras. Han dado a camellos y camelleros y se ha formado un verdadero guirigay. Nosotros nos hemos escabullido. Después hemos estado parados en un pequeño patio de suburbio. ¡Ah, yo ya no vuelvo aquí...».

219.3

«¡Pero, hombre, si los has ofendido! ¡La culpa es tuya! ¡Ahora se entiende por qué han venido con tanta hostilidad a echarnos!» exclama Natanael. Y prosigue: «Escucha, Maestro. Nosotros, o sea, Simón de Jonás, yo y Felipe habíamos ido hacia la torre que está orientada al mar. Allí había unos marineros y jefes de barcos cargando mercancías para Chipre, para Grecia e incluso para más lejos. Imprecaban contra el sol, el polvo y el trabajo, y proferían maldiciones contra su condición de filisteos, esclavos — decían — de los tiranos, pudiendo ser reyes; y contra los Profetas, el Templo y todos nosotros. Yo quería alejarme de allí, pero Simón no quiso, porque decía: “¡No! ¡Todo lo contrario! ¡Es precisamente a estos pecadores a los que tenemos que ir! El Maestro lo haría así, y así tenemos que hacerlo nosotros”. “Habla tú, entonces” hemos dicho yo y Felipe. “¿Y si no lo sé hacer?” ha dicho Simón. “Pues te ayudamos nosotros” hemos respondido. Entonces Simón se ha dirigido sonriente hacia dos hombres que, sudorosos, estaban sentados encima de una voluminosa paca que no lograban izar para cargarla en el barco, y ha dicho: “¿Pesa, verdad?”. “Más que pesar, es que estamos cansados. Y tenemos que ultimar la carga. El patrón quiere zarpar en la hora de la bonanza, porque por la tarde el mar va a estar bravo y para esa hora tenemos que haber pasado ya los escollos para no correr peligro”. “¿Hay escollos?”. “Sí, allí, donde se ve que el agua borbota. Son zonas feas”. “¿Corrientes, eh! ¡Claro! El viento sur vuelve la punta y allí choca con aquella corriente...”. “¿Eres marinero?”. “Pescador. De agua dulce. Pero el agua es siempre agua, y el viento viento. Yo también más de una vez he tragado agua y la carga se me ha vuelto al fondo más de una vez. Este oficio nuestro por una parte tiene sus atractivos pero por otra es fastidioso, de todas formas en todo hay una parte agradable y otra desagradable, buena y mala; en ningún sitio todos son malos, como ninguna raza es toda cruel. Con un poco de buena voluntad siempre se llega a un acuerdo y se encuentra que en todas partes hay gente buena. ¡Venga, que os hecho una mano!”. Entonces Simón ha llamado a Felipe diciendo: “¡Ánimo! Tú coge de ahí que yo cojo de aquí, y esta buena gente nos lleva a la nave, a las bodegas”. Los filisteos no querían, pero luego lo han permitido. Una vez en su sitio el fardo y otros que estaban en el puente, Simón se ha puesto, como él sabe hacer, a cantar las excelencias de la nave y el mar y la belleza de la ciudad vista desde el mar, y ha empezado a interesarse por la navegación marina y las ciudades de otras naciones. Así que todos alrededor, a darle las gracias y a celebrarle... Por fin, uno pregunta: “Pero, ¿tú de dónde eres?, ¿del país del Nilo?”. “No, del mar de Galilea; pero, como veis, no soy ningún tigre”. “Sí, cierto. ¿Buscas trabajo?”. “Sí”. “Yo te tomo conmigo, si quieres. Veo que eres un hábil marinero” dice el patrón. “Soy yo el que te toma a ti”. “¿A mí? Pero, ¿no has dicho que buscas trabajo?”. “Es verdad. Mi trabajo es llevar a los hombres al Mesías de Dios. Tú eres un hombre. Eres, por tanto, un trabajo para mí”. “¡Pero si soy filisteo!”. “¿Y qué significa eso?”. “Significa que vosotros nos odiáis, nos perseguís, desde siempre; siempre lo han dicho vuestros caudillos...”. “Los Profetas, ¿no? Pero ahora los Profetas son voces que ya no gritan; ahora está el único, grande, santo Jesús. Él no grita, sino que llama con voz de amigo; no maldice, sino bendice; no trae desgracias, las elimina. No odia y no quiere que se odie; antes al contrario, ama a todos y quiere que amemos, incluso a nuestros enemigos. En su Reino no habrá vencidos y vencedores, libres y esclavos, amigos y enemigos. No, no habrá estas distinciones, que dañan, que provienen de la maldad humana; sólo habrá seguidores suyos, es decir, personas que viven en el amor, en la libertad, vencedores del peso y del dolor. Os ruego que prestéis fe a mis palabras y que tengáis deseos del Mesías. Las profecías están escritas, sí, pero Él es mayor que los Profetas, y, para el que le ama quedan anuladas las profecías. ¿Veis esta bonita ciudad vuestra? Pues si llegaseis a amar al Señor nuestro, Jesús, el Cristo de Dios, aún más hermosa la volveríais a ver en el Cielo”. Así hablaba Simón, afable e inspirado, y todos le escuchaban con atención y respeto. Sí, respeto. Pero, por una calle ha aparecido de repente, gritando, gente de la ciudad, armados de palos y piedras. Nos han visto y, por el modo de vestir, nos han reconocido como forasteros, y — ahora comprendo — forasteros de tu raza, Judas, y nos han creído gente de tu ralea. ¡Sin la protección de los del barco, estábamos aviados!: han descolgado una chalupa y nos han alejado de allí por mar, hasta la playa de la zona de los jardines del Sur, desde donde hemos venido, junto con los que cultivan flores para los ricos de aquí.

219.4

¡Pero, tú, Judas, es que todo lo chafas! ¿Es ésa la manera, insolente, de actuar?».

«Es la verdad».

«Hay que saber usarla. Pedro tampoco ha dicho mentiras, pero ha sabido hablar» objeta Natanael.

«¡¿Yo?!... He tratado de ponerme en el lugar del Maestro. He pensado: “Él actuaría con esta dulzura, así que yo también...”» dice Pedro con sencillez.

«A mí me gusta la manera fuerte. Es más regia».

«¡Tu idea de siempre! Estás en un error, Judas. Hace un año que el Maestro está corrigiéndote esa idea, pero tú no te prestas a correcciones; te obstinas en el error como estos filisteos contra los que arremetes» dice en tono de reprensión Simón Zelote.

«¿Acaso alguna vez me ha corregido por esto? Además, cada uno tiene su modo y lo usa».

Al oír estas palabras, Simón Zelote se estremece, y mira a Jesús, el cual no dice nada pero asiente a la mirada evocadora de Simón con una leve sonrisa.

«¡Pues vaya una razón!...» dice con serenidad Santiago de Alfeo, y continúa: «Estamos aquí para corregirnos a nosotros mismos antes que a los demás. El Maestro ha sido antes nuestro maestro; no lo habría hecho si no hubiera querido que cambiásemos nuestros hábitos e ideas».

«Era Maestro respecto a la sabiduría...».

«¿Era?... ¡Es!» dice serio Judas Tadeo.

«¡Cuántas sutilezas! Es, sí, es».

«También respecto a todo lo demás es Maestro, no sólo en sabiduría; su adoctrinamiento se dirige a toda nuestra realidad. Él es perfecto; nosotros, imperfectos. Esforcémonos, pues, en ser perfectos» dice Santiago de Alfeo en tono de dulce consejo.

«No me siento culpable de lo que he hecho. Es que es una raza maldita. Todos perversos».

«No. No hay razón para que digas eso» interviene bruscamente Tomás.

219.5

«Juan se ha dirigido a los últimos, a los pescadores que llevaban el pescado a los mercados, y mira este talego húmedo. Es pescado de lo más fino: han renunciado a su ganancia por dárnoslo. Por miedo a que no fuera fresco a la tarde el de la mañana, han regresado al mar, y han querido que nosotros estuviéramos con ellos. Parecía como estar en el lago de Galilea, y te aseguro que si ya de por sí el lugar lo recordaba, y las barcas llenas de rostros atentos, más aún lo recordaba Juan: parecía otro Jesús; las palabras le salían, dulces como la miel, de su boca sonriente; su rostro resplandecía como otro sol. ¡Cómo se parecía a ti, Maestro! ¡Yo estaba emocionado! Hemos estado tres horas en el mar, esperando a que las redes, extendidas entre las boyas, estuvieran llenas de peces: han sido tres horas de beatitud. Luego querían verte a ti, y Juan ha dicho: “Nos veremos en Cafarnaúm”, así, como si hubiera dicho: “Nos veremos en la plaza de vuestra ciudad”. ¡Han prometido que irán, han tomado nota! ¡Y hemos tenido que oponernos a que nos cargaran con demasiado pescado! Nos han dado el más selecto. Vamos a guisarle. Esta noche un gran banquete, para compensar el ayuno de ayer».

«Pero, ¿y qué es lo que les has dicho!» pregunta confundido Judas Iscariote.

«Nada especial. He hablado de Jesús» responde Juan.

«¡Sí, pero como tú lo haces!... También Juan ha citado a los Profetas, pero los ha dado la vuelta» explica Tomás.

«¿Los ha dado la vuelta?» pregunta estupefacto Judas.

«Sí. Tú, de los Profetas, has sacado el acíbar; él, el almíbar. Porque, a fin de cuentas, incluso el mismo rigor de los Profetas es amor, exclusivo, violento si quieres, pero amor hacia todas las almas, a las que querrían ver fieles al Señor. No sé si tú, educado entre los escribas, has meditado alguna vez esto; yo sí, a pesar de ser orfebre. Al oro también se le golpea con el martillo y se le pasa por el crisol, pero es para afinarle. No por aversión, sino por aprecio. Así actúan los Profetas con las almas. Yo lo entiendo; quizás por eso, porque soy orfebre. Pues bien, Juan ha citado a Zacarías, en su profecía a cargo de Jadrak y Damasco, y llegado al punto[2]: “A la vista de ello Ascalón quedará aterrorizada, Gaza experimentará una gran aflicción, y también Ecrón, porque su esperanza se ha desvanecido. Gaza quedará sin rey”, se ha puesto a explicar cómo todo esto era porque el hombre se había separado de Dios, y, hablando de la venida del Mesías, que — decía — es perdón amoroso, ha prometido que, de una pobre realeza como la que desean para su nación los hijos de la tierra, los que sigan la Doctrina del Mesías alcanzarán una realeza eterna e infinita en el Cielo. Dicho así no parece nada, pero ¡había que oírle!... Se tenía la impresión de estar oyendo una música y de subir de manos de los ángeles. Y, mira por dónde, a ti los Profetas te han dado palos y a nosotros un pescado exquisito».

Judas guarda silencio desconcertado.

219.6

«¿Y vosotros?» pregunta el Maestro a sus primos y a Simón Zelote.

«Hemos ido a los arsenales donde trabajan los calafates. Nosotros también hemos preferido ir a los pobres. De todas formas, había igualmente filisteos ricos, velando por la construcción de sus naves. Como no sabíamos quién iba a hablar, como los niños, hemos echado a dedos; Judas ha sacado siete dedos, yo cuatro, Simón dos. Le tocaba, por tanto, a Judas; y ha hablado» explica Santiago de Alfeo.

«¿Qué has dicho?» preguntan todos.

«Me he dado a conocer, con franqueza, por lo que soy. Les he dicho que recurría a su hospitalidad para pedir la bondad de acoger la palabra de un peregrino que en cada uno de ellos veía a un hermano suyo, teniendo un origen y un término comunes, y la esperanza no común, pero llena de amor, de poderlos conducir consigo a la casa del Padre, y llamarlos “hermanos” por los siglos de los siglos en la gran dicha del Cielo. Luego he dicho: “Está escrito en Sofonías[3], nuestro Profeta: ‘La región del mar será lugar de pastores... allí tendrán sus pastos, al atardecer descansarán en las casas de Ascalón’ ”, y he desarrollado este pensamiento diciendo: “El Pastor supremo ha venido a vosotros, no armado de flechas sino de amor; os abre los brazos, os señala sus santos pastos; no se acuerda del pasado, si no es para mostrarse compasivo para con los hombres, por el gran daño que se han hecho unos a otros, como niños alocados, odiándose, cuando, amándose — pues son hermanos — habrían podido disolver muchos dolores. Esta tierra” he dicho “será lugar de pastores santos, los siervos del Pastor supremo, los cuales ya saben que aquí tendrán sus pastos más fértiles y las greyes mejores, y su corazón, cuando decline su vida, podrá descansar pensando en los vuestros y en los de vuestros hijos, más íntimos que casas amigas porque su Señor será Jesús, nuestro Señor”. Me han comprendido. Me han preguntado; o, mejor, nos han preguntado. Simón ha hablado de su curación, mi hermano de tu bondad para con los pobres. De esto último es prueba esta nutrida bolsa para los pobres que encontremos por el camino. Tampoco a nosotros nos han hecho ningún daño los Profetas...».

Judas Iscariote no abre la boca.

219.7

«Bueno — dice Jesús en tono consolador —, para otra vez Judas lo hará mejor. Creía que actuaba correctamente, así que, habiendo obrado con un fin honesto, no ha cometido en modo alguno pecado. Estoy contento también de él. El oficio de apóstol no es fácil, pero se aprende. Lo que sí siento es no haber tenido estos denarios antes y no haberos encontrado; me habrían hecho falta para una familia desdichada».

«Podemos volver. Todavía es pronto... Pero... perdona, Maestro, ¿cómo la has conocido? ¿Tú que has hecho? ¿No has hecho nada de nada? ¿No has evangelizado?».

«¿Yo? He dado un paseo. Con el silencio he dicho a una meretriz: “Abandona tu pecado”. He encontrado a un niño, bastante gamberro, y le he evangelizado, y nos hemos hecho mutuamente un regalo: Yo, la fíbula que María Salomé me había prendido en el vestido en Betania; él, este trabajo suyo» y Jesús saca de entre sus vestiduras el muñeco de caricatura. Todos lo miran y ríen. «Luego he ido a ver unas espléndidas alfombras que uno de Ascalón elabora para venderlas en Egipto y en otros lugares... Luego he consolado a una niña huérfana de padre curándole a su madre. Y nada más».

«¿Te parece poco?».

«Sí, porque hacía falta también dinero y no tenía».

«Pues volvemos dentro de la ciudad nosotros, que no hemos incomodado a nadie» dice Tomás.

«¿Y tu pescado?» dice de broma Santiago de Zebedeo.

«¿El pescado?... Pues, vosotros que tenéis el anatema encima id donde el anciano que nos ha acogido en su casa y empezad a preparar las cosas. Nosotros vamos a la ciudad».

«Sí» dice Jesús. «De todas formas os voy a indicar la casa desde lejos. Habrá gente. Yo no voy porque me entretendrían. No quiero ofender al huésped que nos está esperando, faltando a su invitación. La descortesía es siempre falta de caridad».

Judas agacha todavía más la cabeza y, de tanto como cambia de color al recordar las muchas veces que él ha caído en esa falta, se pone violado.

Jesús añade: «Vosotros id a esa casa. Buscad a la niña. No os podéis equivocar porque es la única niña. Le daréis esta bolsa y le diréis: “Esto te lo manda Dios por haber sabido creer. Es para ti, tu mamá y tus hermanitos”. No digáis nada más. Y regresad enseguida. Vamos».

Así, el grupo se divide: Jesús con Juan, Tomás y los primos suyos hacia la ciudad; los otros, hacia la casa del hortelano filisteo.


Notes

  1. Jérémie dans son oracle contre les Philistins : Jr 47.
  2. prophétie qui se trouve en : Za 9, 1-8.
  3. Il a été dit, dans la prophétie de So 2, 4-7.

Notas

  1. Jeremías... Entre los renglones autógrafos, MV intercala la referencia a 47, 2-5.
  2. llegado al punto... Entre los renglones autógrafos, MV escribe la referencia a Zacarías 9, 5.
  3. Sofonías... Entre los renglones autógrafos, MV introduce la referencia a 2, 6-7.