Los Escritos de Maria Valtorta

224. Le secret de l’apôtre Jean dévoilé.

224. En el apóstol Juan actúa el Amor.

224.1

La “ suite ” des animaux du groupe des apôtres a subi un changement. Il n’y a plus de bouc, mais une brebis et deux petits agneaux, une brebis bien grasse avec des mamelles pleines, des agnelets joyeux comme des gamins. Cela forme un minuscule troupeau qui, bien qu’ayant un aspect moins magique que le bouc tout noir, plaît davantage à tout le monde.

« Je vous avais dit qu’il viendrait une chèvre pour faire de Marziam un petit berger heureux. Au lieu de la chevrette, puisque vous ne voulez pas entendre parler de chèvres, voilà des brebis, qui plus est blanches, comme Pierre les rêvait.

– Mais certainement ! J’avais l’impression d’avoir Béelzéboul derrière moi ! Dit Pierre.

– En effet, depuis qu’il était avec nous, les événements pénibles se sont succédé. C’était le sortilège à nos trousses, confirme Judas, irrité.

– Un bon sortilège, alors. Car qu’est-ce qui nous est arrivé de mal ? » intervient tranquillement Jean.

Tous se récrient comme pour lui reprocher son aveuglement.

« Tu n’as donc pas vu comment on s’est moqué de nous à Modîn ?

– Et cette chute qu’a faite mon frère te paraît peu de choses ? Il aurait pu se blesser grièvement. Comment aurions-nous fait pour l’emmener s’il s’était fracturé une jambe ou la colonne vertébrale ?

– Et, la nuit dernière, l’intermède t’a paru charmant ?

– J’ai tout vu, tout pris en considération et j’ai béni le Seigneur parce qu’il ne nous est rien arrivé de mal. Le mal est venu vers nous, mais il s’est enfui, comme toujours. En outre, il est certain que la rencontre a servi à laisser des semences de bien tant à Modîn qu’auprès des vignerons, accourus avec la certitude de trouver au moins un blessé et le regret d’avoir manqué de charité, de sorte qu’ils ont voulu réparer ; comme auprès des voleurs de la nuit dernière. Ils ne nous ont pas fait de mal et nous, c’est-à-dire Pierre, y a gagné les brebis en échange du bouc, en guise de cadeau parce qu’ils avaient été sauvés. En outre, les pauvres ont maintenant beaucoup d’argent grâce aux bourses données par les marchands et ce qu’ont offert les femmes. Et, ce qui a plus de valeur, tous ont reçu la parole de Jésus.

– Jean a raison », disent Simon le Zélote et Jude.

Et ce dernier conclut :

« Il semble vraiment que tout survient d’après une nette connaissance de l’avenir. Se trouver justement là, en retard, par suite de ma chute, en même temps que ces femmes couvertes de bijoux, que ces bergers aux gras troupeaux, que ces marchands chargés d’argent, qui étaient autant de proies magnifiques pour les brigands !

224.2

Mon frère, dis-moi la vérité. Savais-tu ce qui allait arriver ? demande Jude à Jésus.

– Je vous ai dit bien des fois que je lis dans les cœurs et que, quand mon Père n’en dispose pas autrement, je n’ignore pas ce qui doit arriver.

– Mais alors, pourquoi t’arrive-t-il de faire des erreurs, comme celle d’aller à la rencontre de pharisiens malveillants ou dans des villes vraiment hostiles ? » demande Judas.

Jésus le fixe longuement, puis répond avec calme, lentement :

« Ce ne sont pas des erreurs. Ce sont les nécessités de ma mission. Les malades ont besoin du médecin et les ignorants du maître. Les uns comme les autres repoussent le médecin ou le maître. Mais eux, s’ils sont de bons médecins et de bons maîtres, continuent d’aller vers ceux qui les repoussent, car c’est leur devoir d’y aller. Moi, j’y vais. Vous voudriez que toute résistance cède là où je me présente. Je pourrais le faire, mais je ne fais violence à personne. Je persuade. La contrainte s’emploie dans des cas très exceptionnels et seulement quand l’âme éclairée par Dieu comprend qu’elle peut servir à persuader de l’existence de Dieu et qu’il est le plus fort, ou encore quand il s’agit de sauver une multitude.

– Comme hier soir, hein ? demande Pierre.

– Hier soir, les brigands ont eu peur en nous voyant bien éveillés pour les recevoir, lance Judas avec un mépris visible.

– Non, ils ont été persuadés par les paroles de Jésus, dit Thomas.

– Ouais… Tu peux toujours attendre ! Ce sont vraiment des âmes tendres que deux mots, fussent-ils de Jésus, ont suffi à convaincre ! Je le sais, moi, depuis que nous avons été assaillis, toute ma famille et moi, ainsi que de nombreux habitants de Bethsaïde dans le défilé d’Adomin ! Répond Philippe.

– Maître, dis-le moi : depuis hier je voulais te le demander. Est-ce que ce sont tes paroles ou ta volonté qui font que rien de mal n’arrive ? » demande Jacques, fils de Zébédée.

Jésus sourit, mais garde le silence.

Matthieu répond :

« Je crois que c’est sa volonté qui a vaincu la dureté de leurs cœurs et l’a paralysée, pour ainsi dire, pour lui permettre de parler et de sauver.

– Moi aussi, je crois qu’il en est ainsi. C’est pour cela qu’il est resté là-bas, seul à regarder le bois. Il les tenait subjugués par son regard, par sa confiance en eux, par son calme sans défense. Il n’avait pas même un bâton ! Dit André.

– D’accord. Mais c’est nous qui le disons. Ce sont nos idées. Je veux connaître l’avis du Maître », dit Pierre.

Il s’ensuit une vive discussion, à laquelle Jésus laisse libre cours. Les uns avancent que Jésus, ayant déclaré qu’il ne force personne, n’aura pas usé de violence même avec ces brigands. C’est ce qu’affirme Barthélemy. Judas au contraire, quelque peu soutenu par Thomas, déclare qu’il ne peut croire que le regard d’un homme ait tant de puissance.

Matthieu réplique :

« Il a cette puissance, et plus encore. J’ai été converti par son regard, avant même de l’être par ses paroles. »

Les pour et les contre s’opposent violemment, chacun s’en tenant à son point de vue. Jean se tait comme Jésus, et il sourit en baissant la tête pour cacher son sourire.

Pierre revient à l’assaut, car les arguments de ses compagnons n’arrivent pas à le convaincre. Il pense et il dit que le regard de Jésus est différent de celui d’un homme quelconque, et il veut savoir si c’est parce qu’il est Jésus, le Messie, ou si c’est parce qu’il est toujours Dieu.

224.3

Jésus prend la parole :

« En vérité, je vous dis que non seulement moi, mais quiconque s’unira à Dieu par une sainteté, une pureté, une foi sans faille pourra en faire autant, et encore davantage. Le regard d’un enfant, si son esprit est uni à celui de Dieu, peut faire crouler les temples des idoles, sans les secouer comme Samson, imposer la douceur aux fauves et aux hommes-fauves, repousser la mort, vaincre les maladies de l’âme, tout comme la parole d’un enfant, instrument du Seigneur et uni à lui, peut aussi guérir des maladies, enlever leur venin aux serpents, accomplir toutes sortes de miracles. Car c’est Dieu qui agit en lui.

– Ah ! J’ai compris ! » dit Pierre.

Il regarde longuement Jean, puis conclut à voix haute tout un raisonnement qu’il se faisait intérieurement :

« Voilà ! Toi, Maître, tu as eu ce pouvoir en tant que Dieu, et en tant qu’homme uni à Dieu. Et il en va de même de celui qui arrive ou qui est déjà arrivé à l’union avec Dieu. J’ai compris ! J’ai bien compris !

– Mais tu ne demandes pas quelle est la clé de cette union, ni le secret de cette puissance ? Tous les hommes n’y arrivent pas forcément, alors qu’ils ont les mêmes qualités requises pour y parvenir.

– C’est juste ! Où se trouve la clé de cette force qui unit à Dieu et domine les choses ? Une prière, ou bien des paroles secrètes…

– Tout à l’heure, Judas accusait le bouc de toutes les mésaventures qui nous sont arrivées. Il n’y a pas de sortilèges attachés aux animaux. Chassez ces superstitions qui sont encore de l’idolâtrie et qui peuvent provoquer des malheurs. Et, de même qu’il n’existe pas de formules pour envoûter par de la sorcellerie, il n’existe pas de paroles secrètes pour accomplir des miracles. Il n’y a que l’amour. Comme je l’ai dit hier soir, l’amour calme les violents et rassasie ceux qui sont avides. L’Amour, c’est Dieu. Avec Dieu en vous, possédé pleinement par le mérite d’un amour parfait, l’œil devient un feu qui brûle toutes les idoles et jette à terre les statues, la parole devient puissance. Plus encore : l’œil devient une arme qui désarme. On ne résiste pas à Dieu, à l’Amour. Seul le démon y résiste parce qu’il est la Haine parfaite et, avec lui, ses fils. Les autres, les faibles possédés par une passion, mais qui ne se sont pas vendus volontairement au démon, n’y résistent pas. Quelle que soit leur religion, ou leur absence de foi, quel que soit le niveau de leur bassesse spirituelle, ils sont atteints par l’Amour qui est le grand Victorieux. Essaie vite d’y parvenir et tu feras ce que font les fils de Dieu et ceux qui portent Dieu. »

224.4

Pierre ne quitte pas Jean des yeux ; Simon le Zélote aussi, les fils d’Alphée, Jacques et André ont l’intelligence éveillée et en recherche.

« Mais alors, Seigneur, dit Jacques, fils de Zébédée, qu’est-il arrivé à mon frère ? Tu parles de lui. C’est lui, l’enfant qui fait des miracles ! Est-ce cela ? En est-il bien ainsi ?

– Qu’a-t-il fait ? Il a tourné une page du livre de la Vie, et il a lu et connu de nouveaux mystères. Rien de plus. Il vous a précédés, car il ne s’arrête pas à considérer chaque obstacle, à soupeser chaque difficulté, à calculer ce qui rapporte. Mais il ne voit pas la terre. Il ne la voit plus. Il voit la Lumière et se dirige vers elle. Sans arrêt. Mais laissez-le tranquille. Les âmes consumées par une telle flamme ne doivent pas voir troublée l’ardeur qui les remplit de joie et qui les consume. Il faut les laisser brûler. C’est leur suprême joie et leur plus grande fatigue. Dieu leur accorde des instants de nuit parce qu’il sait que l’ardeur tue les âmes-fleurs si elles sont continuellement exposées au soleil. Dieu accorde du silence et des rosées mystiques à ces âmes-fleurs, comme aux fleurs des champs. Laissez reposer l’athlète de l’amour quand Dieu vous le laisse. Imitez les professeurs de gymnastique qui accordent à leurs élèves les détentes normales… Quand vous en serez au même point que lui – et même plus loin, car vous irez plus loin, aussi bien vous que lui –, vous comprendrez le besoin de respect, de silence, de pénombre qu’éprouvent les âmes dont l’Amour a fait sa proie et son instrument. N’allez pas vous imaginer : “ Moi, alors, j’aurai un plaisir qui sera connu, et Jean est un sot, parce que l’âme du prochain, comme celle des enfants, demande à être attirée par le merveilleux. ” Non. Quand en vous serez arrivés là, vous éprouverez le même désir de silence et de pénombre que connaît Jean aujourd’hui. Et quand je ne serai plus parmi vous, souvenez-vous qu’avant de porter un jugement sur une conversion et sur un degré de sainteté, vous devez toujours vous baser sur l’humilité. Si l’orgueil persiste chez quelqu’un, ne vous faites pas d’illusion sur sa conversion. Et si une personne que l’on dit “ sainte ” est dominée par l’orgueil, soyez certains qu’elle ne l’est pas. Elle aura beau jouer au saint comme un pharisien, et simuler des prodiges comme un charlatan, elle n’est pas sainte pour autant. Son apparence n’est qu’hypocrisie, ses prodiges ne sont que satanisme. Avez-vous compris ?

– Oui, Maître. »

Tous se taisent et restent pensifs. Mais si les bouches demeurent fermées, on devine clairement leurs pensées à leurs regards, à l’expression de leur physionomie. Un grand désir de savoir émane d’eux comme une vapeur enivrante d’éther…

224.5

Simon le Zélote s’ingénie à distraire ses compagnons pour avoir l’occasion de leur parler en particulier et certainement de leur conseiller encore le silence. J’ai l’impression que Simon le Zélote joue beaucoup ce rôle dans le groupe des apôtres. C’est le modérateur, le conciliateur, le conseiller de ses compagnons, sans compter qu’il est celui qui comprend si bien le Maître. Il dit maintenant :

« Nous voici déjà sur les terres de Jeanne. Le village qui se trouve dans ce creux, c’est Béther. Ce palais, sur la crête, c’est son château natal. Sentez-vous dans l’air ce parfum ? Ce sont les rosiers qui commencent à le répandre au soleil du matin. Le soir, il est encore plus puissant. Mais maintenant, ces arbustes sont si beaux, dans cette fraîcheur du matin, encore couverts d’une rosée qui brille comme des millions de diamants sur les corolles en train de s’ouvrir. Au coucher du soleil, on cueille toutes les fleurs arrivées à leur complet développement. Venez : je veux vous montrer un coteau d’où l’on voit l’ensemble des roseraies qui débordent du sommet en cascade sur les pentes de l’autre versant. C’est une avalanche de roses qui, ensuite, remonte comme une marée sur deux autres collines. C’est un amphithéâtre, un lac de fleurs. C’est magni­fique. La pente du chemin est plus raide, mais cela vaut la peine de le suivre car, de là, on domine tout ce paradis. Et nous serons vite arrivés au château. Jeanne y vit librement, au milieu de ses paysans qui gardent seuls toute cette richesse. Mais ils aiment tant leur maîtresse, qui fait de ces vallées un paradis de beauté et de paix, qu’ils valent mieux que tous les gardes d’Hérode. Voici, regarde, Maître. Regardez, mes amis. »

Et, de la main, il montre un hémicycle de collines envahies par les roses.

De quelque côté qu’on tourne les yeux, on voit partout des rosiers et encore des rosiers, sous des arbres très hauts, chargés d’abriter des vents et des rayons trop chauds du soleil et de la grêle. Le soleil se répand et l’air circule, sous ces abris feuillus qui servent de léger voile aux plantes sans les opprimer, que les jardiniers main­tiennent en état et sous lesquels vivent heureux les plus beaux rosiers du monde. On en trouve des milliers, de toutes variétés : rosiers nains, tiges, buissons, géants. Disposés en touffes, comme des coussins brodés de fleurs aux pieds des arbres, sur les prés d’herbes verdoyantes, ou formant des haies le long des sentiers, au bord des ruisseaux, en cercle autour des bassins d’irrigation, disséminés dans un parc qui comprend des collines, ou bien grimpant autour des arbres, avec des chevelures fleuries qui d’un arbre à l’autre forment des festons et des guirlandes. Un vrai jardin de rêve. Toutes les tailles, toutes les nuances s’y trouvent et s’entremêlent, disposant les couleurs ivoire des roses thé auprès des couleurs rouge sang d’autres fleurs et, régnant comme des souveraines grâce à leur nombre, les vraies roses de la couleur des joues d’un enfant, avec un dégradé blanc teinté de rose sur les bords.

Tous les disciples sont éberlués par tant de beauté.

« Mais que fait-elle de tout cela ? demande Philippe.

– Elle en profite, répond Thomas.

– Non. Elle en extrait aussi l’essence, donnant ainsi du travail à des centaines de serviteurs fleuristes et aux spécialistes de l’extraction des essences. Les romains en sont avides. Jonathas me le disait en me montrant les comptes de la dernière récolte.

224.6

Mais voici là-bas Marie, femme d’Alphée, avec l’enfant. Ils nous ont vus et ils appellent les autres… »

En effet, voici Jeanne et les deux Marie que précède Marziam qui descend en courant, les bras déjà prêts à embrasser. Elles se hâtent vers Jésus et Pierre, et se prosternent devant Jésus.

« La paix à vous toutes. Où se trouve ma Mère ?

– Au milieu des rosiers, Maître, avec Elise. Ah ! Cette dernière est bien guérie ! Elle peut affronter le monde et te suivre. Merci de t’être servi de moi pour cela.

– Merci à toi, Jeanne. Tu vois qu’il était utile de venir en Judée ? Marziam, voici des cadeaux pour toi : ce beau pantin et ces belles brebis. Cela te plaît ? »

De joie, l’enfant en a le souffle coupé. Il s’avance vers Jésus qui s’est penché pour lui donner la poupée et est resté ainsi pour le regarder en face. L’enfant se jette à son cou, et l’embrasse le plus fort qu’il peut.

« Comme ça, tu vas devenir doux comme ces brebis et tu deviendras plus tard un bon berger pour ceux qui croient en Jésus. N’est-ce pas ? »

Tout essoufflé, les yeux illuminés par la joie, Marziam dit oui, oui, oui…

« Maintenant, va voir Pierre ; moi, je vais trouver ma Mère. J’aperçois là-bas un pan de son voile qui voltige le long d’une haie de rosiers. »

Il court vers Marie et la reçoit sur son cœur au détour du sentier. Marie, après le premier baiser, explique, encore tout essoufflée :

« Elise arrive derrière moi… J’ai couru pour t’embrasser… car je n’aurais pas pu m’en priver, mon Fils… et je ne voulais pas le faire devant elle… Elle est bien changée… Mais son cœur souffre encore devant les joies des autres, qui lui sont pour toujours refusées. La voilà qui arrive. »

Elise fait vivement les derniers pas et s’agenouille pour baiser le vêtement de Jésus. Ce n’est plus la femme tragique de Bet-çur, mais une vieille femme, austère, marquée par la souffrance et par la trace qu’elle a laissée sur son visage et dans son regard.

« Béni sois-tu, Maître, maintenant et toujours, pour m’avoir rendu la sérénité que j’avais perdue.

– Toujours plus de paix pour toi, Elise. Je suis content de te trouver ici. Relève-toi.

– Moi aussi, je suis contente. J’ai tant de choses à te dire et à te demander, Seigneur !

– Nous en aurons tout le temps car je vais rester ici quelques jours. Viens que je te fasse connaître tes condisciples.

– Oh ! Tu as donc déjà compris ce que je voulais te dire ? Que je veux renaître à une vie nouvelle : la tienne ; me refaire une famille : la tienne ; retrouver des fils : les tiens. Comme tu l’as dit en parlant de Noémi chez moi, à Bet-çur. Moi, je suis une nouvelle Noémi, par ta grâce, mon Seigneur. Sois-en béni. Je ne suis plus amère et stérile. Je serai encore mère. Et, si Marie le permet, un peu ta mère aussi, ainsi que la mère des fils de ta doctrine.

– Oui, tu le seras. Marie n’en sera pas jalouse, et moi, je t’aimerai de façon à ne pas te faire regretter d’être venue. Allons maintenant trouver ceux qui veulent te dire qu’ils t’aiment comme des frères. »

Et Jésus la prend par la main pour la conduire vers sa nouvelle famille.

Le voyage dans l’attente de la Pentecôte est terminé.

224.1

La comitiva apostólica ha sufrido una mutación en cuanto a su componente animal. Ya no está el macho cabrío; en cambio, hay una oveja y dos corderitos. La oveja, bien pingüe y de ubres llenas; los corderitos, jubilosos como dos picaruelos: un minúsculo rebaño que, por su aspecto menos mágico que la negrísima cabra, da más alegría a todos.

«Ya os dije que vendría la cabrita, para hacer de Margziam un diminuto pastor feliz. En vez de la cabrita, dado que no queréis saber nada de cabras, han venido ovejas, y además blancas, exactamente como Pedro las soñaba».

«¡Hombre, claro! ¡Tenía la impresión de llevar conmigo a Belcebú!» dice Pedro.

«En efecto, desde que empezó a venir con nosotros, han sucedido cosas negativas; debido al sortilegio que nos seguía» dice, irritado y como queriendo confirmar, Judas Iscariote.

«Pues habrá sido un buen sortilegio, porque no nos ha sucedido nada negativo, ¿no?» dice Juan con serenidad.

Todos desaprueban, como recriminándole por su ceguera: «¿Pero no has visto cómo se han burlado de nosotros en Modín?»; «¿te parece nada la caída de mi hermano?... pues se podía haber hecho daño de verdad... y, si se hubiera roto las piernas o la columna, ¿cómo nos las hubiéramos arreglado para transportarle?»; «¿te ha parecido bonito el entreacto de ayer?».

«He visto todo. Todo lo he considerado. Y he bendecido al Señor porque no nos ha sucedido nada malo. El mal ha venido hacia nosotros, pero luego se ha alejado, como siempre. El encuentro con el mal ha servido para dejar la simiente del bien, tanto en Modín como con los viñadores, que vinieron inmediatamente con la certeza de encontrar una persona al menos herida, arrepentidos por haberse comportado sin caridad, hasta el punto de que quisieron reparar el mal de alguna forma. Y también con los ladrones de ayer noche, que no han hecho ningún mal. Además, hemos ganado — bueno, Pedro nos ha conseguido — las ovejas a cambio del macho cabrío y como regalo por haber salido ilesos. Por si fuera poco, ahora tenemos mucho dinero para los pobres (las bolsas que nos han dado los mercaderes, y las ofrendas de las mujeres). Además todos — y es lo que más valor tiene — han recibido la palabra de Jesús».

«Juan tiene razón» dicen Simón Zelote y Judas Tadeo. Y este último añade: «Da la impresión de que todo suceda por una clara cognición de las cosas venideras. ¡Mira que encontrarnos precisamente allí, con retraso, por causa de mi caída, junto a aquellas mujeres enjoyadas, con esos pastores de pingües rebaños, con esos mercaderes repletos de dinero!... Todos ellos magníficas presas para los ladrones.

224.2

Hermano, dime la verdad, ¿sabías que iba a suceder lo que ha sucedido?» pregunta Judas Tadeo a Jesús.

«Os he dicho muchas veces que leo en los corazones y que, cuando el Padre no lo dispone de forma distinta, no ignoro lo que debe suceder».

«Pero entonces — pregunta Judas Iscariote — ¿por qué algunas veces cometes errores, como el de dirigirte a los fariseos enemigos, o a ciudades completamente hostiles?».

Jesús le mira muy fijamente y dice lenta y serenamente: «No son errores, sino necesidades de mi misión. Los enfermos necesitan al médico y los ignorantes al maestro; aunque tanto estos últimos como aquéllos algunas veces rechazan al maestro o al médico. Pero éstos, si son buenos médicos y buenos maestros, siguen yendo a quienes los rechazan, porque es su deber. Yo voy. Vosotros quisierais que en donde me presentase se difuminara todo tipo de resistencia. Lo podría hacer, pero Yo no fuerzo a nadie, persuado. Sólo en casos especialísimos debe usarse coerción, y sólo cuando el espíritu iluminado por Dios comprende que tal gesto puede servir para persuadir de que Dios existe y es el más fuerte, o también en casos de salvación múltiple».

«Como ayer noche, ¿no?» pregunta Pedro.

«Ayer por la noche aquellos ladrones sintieron miedo al vernos bien despiertos para recibirlos» dice, con evidente desprecio, Judas Iscariote.

«No. Las palabras los persuadieron» dice Tomás.

«¡Sí! ¡Estás listo! ¡Como si fueran tiernas almas que se dejan persuadir por dos palabras, aunque sean de Jesús! ¡Bien presente tengo aquella vez que nos asaltaron a toda mi familia y a mí y a muchos de Betsaida en el desfiladero de Adomín!» responde Felipe.

«Maestro, dime — desde ayer estoy queriendo preguntártelo —, ¿fueron tus palabras o tu voluntad lo que hizo que no sucediera nada?» pregunta Santiago de Zebedeo.

Jesús sonríe y calla.

Responde Mateo: «Yo creo que ha sido su voluntad la que ha batido la insensibilidad de esos corazones, la que casi la ha paralizado para poder hablar y salvar».

«Yo también soy de esa opinión. Por eso se quedó allí solo, mirando al bosque; los tenía subyugados con su mirada, con su confianza en ellos, sereno e inerme. ¡No tenía ni siquiera una estaca!...» dice Andrés.

«Bien, de acuerdo, pero todas estas cosas es lo que decimos nosotros, son ideas nuestras; yo lo quiero saber del Maestro» dice Pedro.

Entonces se enciende un vivo debate, que Jesús permite, entre quien piensa — concretamente Bartolomé — que, habiendo declarado Jesús que no fuerza a nadie, no habrá aplicado la violencia tampoco con estos ladrones, y, por otra parte, Judas Iscariote — apoyado, aunque moderadamente, por Tomás —, que dice que no puede creer que la mirada de un hombre tenga tanto poder.

Mateo replica a esto último diciendo: «Eso y más. A mí me convirtió su mirada antes que sus palabras».

Todos se muestran tenaces en su propia tesis, de forma que se elevan “síes” y “noes” discrepantes, violentos. Juan, como Jesús, guarda silencio, sonríe con la cabeza inclinada (lo hace para disimular su sonrisa).

Pedro vuelve al asalto, porque ninguna de las razones de los compañeros le convence. Piensa — y dice — que la mirada de Jesús es distinta que la de los otros hombres, pero quiere saber si es por ser Jesús, el Mesías, o por ser Dios.

224.3

Jesús habla: «En verdad os digo que no sólo Yo, sino quienquiera que esté fundido con Dios, con santidad, pureza y fe sin fisuras, podrá hacer esto y más aún. La mirada de un muchacho, si su espíritu está unido al de Dios, puede hacer que se desplomen los templos vanos, sin necesidad de imprimir ninguna sacudida como la de Sansón; puede ordenar la mansedumbre a las fieras y a los hombres-fiera, rechazar la muerte, domeñar las enfermedades del espíritu. De la misma forma, la palabra de un muchacho fundido con el Señor e instrumento del Señor puede curar enfermedades, quitar el veneno a las serpientes, obrar cualquier milagro. Porque Dios obra en él».

«¡Ah, entiendo!» dice Pedro, mientras mira fijamente a Juan, y termina todo un razonamiento hecho consigo mismo pero en voz alta: «¡Eso es! Tú, Maestro, has podido hacerlo por ser Dios, y por ser Hombre unido a Dios. Y lo mismo sucede con quien sabe llegar, o ha llegado, a estar unido con Dios. ¡Entiendo, entiendo perfectamente!».

«Pero, ¿no te preguntas acerca de la clave de esta unión y el secreto de este poder? No todos lo alcanzan, incluso en el caso de hombres dotados de iguales capacidades».

«¡Exacto! ¿Dónde está la clave de esta fuerza para unirse a Dios y someter las cosas? Una oración, o quizás palabras secretas...».

«Hace un momento, Judas de Simón echaba la culpa al macho cabrío de todas las vicisitudes por las que hemos atravesado. No, no hay sortilegios asociados a los animales. Arrojad de vosotros las supersticiones, que son todavía idolatrías y pueden causar desventuras. Y, así como no hay fórmulas para las hechicerías, no hay palabras secretas para hacer milagros. Es sólo el Amor. Como he dicho ayer por la noche, el Amor calma a los violentos y sacia a los codiciosos. El Amor es Dios. Con Dios en vosotros, plenamente poseída por el mérito de un amor perfecto, vuestra mirada se transforma en fuego que quema todo ídolo y echa por tierra sus imágenes, y la palabra se transforma en potencia. Y, os digo, la mirada es, entonces, arma que desarma. Dios, el Amor, es irresistible. Sólo el demonio le resiste, porque es el Odio perfecto, y, con él, los que son hijos suyos. Los otros, los débiles, los que están subyugados por una pasión, pero que no se han vendido voluntariamente al demonio, no le resisten: sea cual sea su religión, o su abstención completa de fe, sea cual sea su bajeza espiritual, reciben el impacto del Amor, que es el gran Vencedor. Trata de llegar a esto, pronto, y harás lo que hacen los hijos y portadores de Dios».

224.4

Pedro no quita los ojos de Juan. También las inteligencias de Simón Zelote, los hijos de Alfeo, y Santiago y Andrés, se han despertado e indagan.

«Pero entonces, Señor» dice Santiago de Zebedeo «¿qué es lo que le ha acontecido a mi hermano? Hablas de él. ¡Es él el muchacho que hace milagros! ¿Es eso?, ¿es así?».

«¿Qué ha hecho? Ha pasado una página del libro de la Vida, ha leído y ha conocido nuevos misterios. Nada más. Os ha precedido porque no se detiene a considerar cada uno de los obstáculos, a sopesar cada dificultad, a calcular si compensa o no; ya no ve este mundo, ve la Luz y a ella va, sin momentos de pausa. Dejadle, dejadle tranquilo. Hay almas que arden más que otras. No se debe poner dificultad a este fuego suyo que alegra y consume. Hay que dejarlas arder, lo cual es al mismo tiempo sumo gozo y sumo esfuerzo. Dios les concede momentos de noche, porque sabe que el ardor mata a estas almas-flor si están expuestas a un sol continuo. Dios concede silencio y místico rocío a estas almas-flor, como a las flores del campo. Dejad descansar al atleta del amor cuando Dios le deja descansar. Imitad a los preparadores de los gimnastas, que conceden a éstos el debido descanso... Cuando lleguéis vosotros adonde él ha llegado, y más lejos — pues tanto vosotros como él llegaréis a más todavía — comprenderéis la necesidad de respeto, de silencio, de penumbra que experimentan esas almas de las que el Amor se ha apropiado y a las que ha hecho instrumento suyo. Y no penséis: “Llegado ese momento querré darlo a conocer. Juan se comporta como un necio, porque el alma del prójimo, como la de los niños, desea la seducción de lo maravilloso”. No. Cuando lleguéis a ese estado, sentiréis el mismo deseo de silencio y penumbra que ahora siente Juan. Cuando yo no esté ya con vosotros, acordaos de que, teniendo que juzgar sobre una conversión o sobre una santidad exuberante debéis tomar siempre como medida la humildad. Si en uno permanece el orgullo, no os hagáis ilusiones de que esté convertido. Si en uno, aunque le llamen “santo”, reina la soberbia, estad ciertos de que no es santo; podrá, como un charlatán y un hipócrita, hacerse el santo y simular prodigios, pero no es santo: la apariencia es hipocresía; los prodigios, satanismo. ¿Habéis entendido?».

«Sí, Maestro».... Todos, muy pensativos, guardan silencio. Pero, aunque las bocas estén cerradas, los pensamientos se adivinan con claridad a través de sus miradas y expresiones. Los envuelve, como un éter tembloroso que emanase de ellos, un gran deseo de saber.

224.5

Simón Zelote se esfuerza en distraer a sus compañeros para tener tiempo de aconsejarlos aparte, para insistir en que sepan callar. Tengo la impresión de que Simón Zelote tiene mucho este ministerio en el grupo apostólico; es el moderador, el conciliador, el consejero de sus compañeros, además de ser un apóstol que comprende muy bien al Maestro.

En este momento está diciendo: «Estamos ya en las tierras de Juana. Aquel pueblo que se ve en aquella cuna es Béter. Aquel palacio que está en aquella cima es su castillo natal. ¿No sentís este perfume del aire? Son los rosales, que empiezan a perfumar bajo el sol de la mañana; por la tarde es una exuberancia de aromas. Pero ahora, con el frescor de la mañana es precioso verlos, aljofarados todavía de rocío, como millones de diamantes desparramados sobre millones de corolas que florecen. Cuando declina el Sol recogen todas las flores que están completamente abiertas. Venid. Os quiero mostrar desde una loma la vista de los rosales, que desde la cima rebosan como en cascada y van descendiendo por los rellanos de la otra ladera. Una cascada de flores que luego vuelve a subir, como una ola, por las otras dos colinas. Es un anfiteatro, un lago de flores. ¡Espléndido! El camino es más empinado, pero merece la pena ir, porque desde aquel borde se domina todo ese paraíso. Llegaremos pronto también al castillo. Juana vive allí, libre, con sus campesinos, que es la única vigilancia de tanta copiosidad; pero, estiman tanto a su ama — que hace de estos valles un edén de belleza y paz —, que son más eficientes que toda la guardia de Herodes. Mira, Maestro; mirad, amigos» y con el gesto indica un semicírculo de colinas invadido de rosales.

La mirada, en cualquier parte en que se deposite, ve, bajo altísimos árboles que tienen la función de proteger del viento, de los rayos de sol demasiado intensos y de las granizadas, un sinfín de rosales. El sol traspasa y el aire circula bajo este leve techo, que hace de velo pero no ahoga y que los jardineros mantienen en las debidas condiciones: debajo viven, felices, los más bellos rosales del mundo. Son millares y millares de rosales de toda especie: enanos, bajos, altos, altísimos; formando un matorral, como cojines recamados de flores al pie de los árboles, o esparcidos por los prados de verdísima hierba, o formando setos a lo largo de los senderos y de los leves cursos de agua, o en círculo alrededor de los estanques de riego que están diseminados por este parque que comprende también colinas, o enroscados en los troncos de los árboles y tendiendo de uno a otro sus cabelleras florecidas para formar festones y guirnaldas. Es una cosa realmente de sueño. Todos los tamaños, las tonalidades, están representados, y se entremezclan colocando los colores marmóreos de las rosas de té al lado del sangriento ardor de otras corolas, y reinando, soberanas, por número, las verdaderas rosas del color de mejilla infantil que va atenuándose hacia los bordes hasta una tonalidad blanquecina rosácea.

Todos quedan impresionados por tanta belleza.

«¿Para que quiere todo esto?» pregunta Felipe.

«Se lo goza» responde Tomás.

«No. También saca esencias, con lo cual da trabajo a cientos de jardineros y de trabajadores de las prensas para extraer esencias. Los romanos las solicitan con avidez. Jonatán me lo decía mientras me mostraba las cuentas de la última recolección.

224.6

Pero... ahí está María de Alfeo con el niño. Nos han visto. Están llamando a las otras...».

Así es. Juana y las dos Marías, precedidas de Marziam, que baja corriendo, con los brazos ya preparados para el abrazo, vienen deprisa, hacia Jesús y Pedro. Se postran ante Jesús.

«Paz a todas vosotras. ¿Dónde está mi Madre?».

«Entre los rosales, Maestro. Está con Elisa, ¡que está bien curada y puede afrontar el mundo y seguirte! ¡Gracias por haberte servido de mí para esto!».

«Gracias a ti, Juana. ¿Ves como era provechoso venir a Judea? Marziam, estos regalos son para ti: este bonito muñeco y estas lindas ovejitas. ¿Te gustan?».

El niño, de la alegría, se ha quedado sin respiración. Se echa hacia Jesús, que se había agachado para darle el muñeco y se había quedado mirando su rostro, y se abraza a su cuello y le besa con toda la vehemencia de que es capaz.

«Así te harás manso como las ovejas y luego serás un buen pastor para los que crean en Jesús. ¿Verdad?».

Marziam dice “sí, sí, sí” con la respiración entrecortada y los ojos brillantes de alegría.

«Ahora ve donde Pedro. Yo voy con mi Madre. Veo allí una parte de su velo moviéndose a lo largo de un seto de rosas».

Y corre al encuentro de María, y la recibe en su corazón a la altura de la curva del sendero. Después del primer beso, María, todavía jadeante, explica: «Detrás viene Elisa... He corrido para besarte... porque, Hijo mío, no besarte no podía... y besarte ante ella, no quería... Está muy cambiada... pero el corazón sigue doliendo ante una alegría ajena que a ella le ha sido negada para siempre. Ahí viene».

Elisa recorre veloz los últimos metros y se arrodilla para besar la túnica de Jesús. Ya no es la mujer de trágica imagen de Betsur. Ahora es una anciana austera, marcada por el dolor, solemne por la huella que la pena ha dejado en su rostro y su mirada.

«¡Bendito seas, Maestro mío, ahora y siempre, por haberme procurado de nuevo lo que había perdido!».

«Paz cada vez mayor a ti, Elisa. Me alegro de verte aquí. Levántate».

«Yo también me alegro. Tengo muchas cosas que decirte y que preguntarte, Señor».

«Tendremos todo el tiempo que queramos, dado que pienso permanecer aquí unos días. Ven, que quiero que conozcas a los condiscípulos».

«¡Oh..., ¿entonces has entendido ya lo que quería decirte? ¡Que quiero renacer a vida nueva: la tuya; tener de nuevo una familia: la tuya; unos hijos: los tuyos; como dijiste en mi casa, en Betsur, hablando de Noemí. Yo soy una nueva Noemí gracias a ti, Señor mío. ¡Bendito seas por ello! Ya no vivo afligida, ni soy infecunda. Seré todavía madre. Y, si María lo permite, incluso un poco madre tuya, además de madre de los hijos de tu doctrina».

«Sí, lo serás. María no se sentirá celosa y Yo te querré de forma que no te arrepentirás de tu decisión. Vamos ahora a ver a los que quieren decirte que te quieren como hermanos». Y Jesús la toma de la mano y la lleva con su nueva familia.

El viaje en espera de Pentecostés ha terminado.