The Writings of Maria Valtorta

224. Le secret de l’apôtre Jean dévoilé.

224. The secret of the apostle John is revealed.

224.1

La “ suite ” des animaux du groupe des apôtres a subi un changement. Il n’y a plus de bouc, mais une brebis et deux petits agneaux, une brebis bien grasse avec des mamelles pleines, des agnelets joyeux comme des gamins. Cela forme un minuscule troupeau qui, bien qu’ayant un aspect moins magique que le bouc tout noir, plaît davantage à tout le monde.

« Je vous avais dit qu’il viendrait une chèvre pour faire de Marziam un petit berger heureux. Au lieu de la chevrette, puisque vous ne voulez pas entendre parler de chèvres, voilà des brebis, qui plus est blanches, comme Pierre les rêvait.

– Mais certainement ! J’avais l’impression d’avoir Béelzéboul derrière moi ! Dit Pierre.

– En effet, depuis qu’il était avec nous, les événements pénibles se sont succédé. C’était le sortilège à nos trousses, confirme Judas, irrité.

– Un bon sortilège, alors. Car qu’est-ce qui nous est arrivé de mal ? » intervient tranquillement Jean.

Tous se récrient comme pour lui reprocher son aveuglement.

« Tu n’as donc pas vu comment on s’est moqué de nous à Modîn ?

– Et cette chute qu’a faite mon frère te paraît peu de choses ? Il aurait pu se blesser grièvement. Comment aurions-nous fait pour l’emmener s’il s’était fracturé une jambe ou la colonne vertébrale ?

– Et, la nuit dernière, l’intermède t’a paru charmant ?

– J’ai tout vu, tout pris en considération et j’ai béni le Seigneur parce qu’il ne nous est rien arrivé de mal. Le mal est venu vers nous, mais il s’est enfui, comme toujours. En outre, il est certain que la rencontre a servi à laisser des semences de bien tant à Modîn qu’auprès des vignerons, accourus avec la certitude de trouver au moins un blessé et le regret d’avoir manqué de charité, de sorte qu’ils ont voulu réparer ; comme auprès des voleurs de la nuit dernière. Ils ne nous ont pas fait de mal et nous, c’est-à-dire Pierre, y a gagné les brebis en échange du bouc, en guise de cadeau parce qu’ils avaient été sauvés. En outre, les pauvres ont maintenant beaucoup d’argent grâce aux bourses données par les marchands et ce qu’ont offert les femmes. Et, ce qui a plus de valeur, tous ont reçu la parole de Jésus.

– Jean a raison », disent Simon le Zélote et Jude.

Et ce dernier conclut :

« Il semble vraiment que tout survient d’après une nette connaissance de l’avenir. Se trouver justement là, en retard, par suite de ma chute, en même temps que ces femmes couvertes de bijoux, que ces bergers aux gras troupeaux, que ces marchands chargés d’argent, qui étaient autant de proies magnifiques pour les brigands !

224.2

Mon frère, dis-moi la vérité. Savais-tu ce qui allait arriver ? demande Jude à Jésus.

– Je vous ai dit bien des fois que je lis dans les cœurs et que, quand mon Père n’en dispose pas autrement, je n’ignore pas ce qui doit arriver.

– Mais alors, pourquoi t’arrive-t-il de faire des erreurs, comme celle d’aller à la rencontre de pharisiens malveillants ou dans des villes vraiment hostiles ? » demande Judas.

Jésus le fixe longuement, puis répond avec calme, lentement :

« Ce ne sont pas des erreurs. Ce sont les nécessités de ma mission. Les malades ont besoin du médecin et les ignorants du maître. Les uns comme les autres repoussent le médecin ou le maître. Mais eux, s’ils sont de bons médecins et de bons maîtres, continuent d’aller vers ceux qui les repoussent, car c’est leur devoir d’y aller. Moi, j’y vais. Vous voudriez que toute résistance cède là où je me présente. Je pourrais le faire, mais je ne fais violence à personne. Je persuade. La contrainte s’emploie dans des cas très exceptionnels et seulement quand l’âme éclairée par Dieu comprend qu’elle peut servir à persuader de l’existence de Dieu et qu’il est le plus fort, ou encore quand il s’agit de sauver une multitude.

– Comme hier soir, hein ? demande Pierre.

– Hier soir, les brigands ont eu peur en nous voyant bien éveillés pour les recevoir, lance Judas avec un mépris visible.

– Non, ils ont été persuadés par les paroles de Jésus, dit Thomas.

– Ouais… Tu peux toujours attendre ! Ce sont vraiment des âmes tendres que deux mots, fussent-ils de Jésus, ont suffi à convaincre ! Je le sais, moi, depuis que nous avons été assaillis, toute ma famille et moi, ainsi que de nombreux habitants de Bethsaïde dans le défilé d’Adomin ! Répond Philippe.

– Maître, dis-le moi : depuis hier je voulais te le demander. Est-ce que ce sont tes paroles ou ta volonté qui font que rien de mal n’arrive ? » demande Jacques, fils de Zébédée.

Jésus sourit, mais garde le silence.

Matthieu répond :

« Je crois que c’est sa volonté qui a vaincu la dureté de leurs cœurs et l’a paralysée, pour ainsi dire, pour lui permettre de parler et de sauver.

– Moi aussi, je crois qu’il en est ainsi. C’est pour cela qu’il est resté là-bas, seul à regarder le bois. Il les tenait subjugués par son regard, par sa confiance en eux, par son calme sans défense. Il n’avait pas même un bâton ! Dit André.

– D’accord. Mais c’est nous qui le disons. Ce sont nos idées. Je veux connaître l’avis du Maître », dit Pierre.

Il s’ensuit une vive discussion, à laquelle Jésus laisse libre cours. Les uns avancent que Jésus, ayant déclaré qu’il ne force personne, n’aura pas usé de violence même avec ces brigands. C’est ce qu’affirme Barthélemy. Judas au contraire, quelque peu soutenu par Thomas, déclare qu’il ne peut croire que le regard d’un homme ait tant de puissance.

Matthieu réplique :

« Il a cette puissance, et plus encore. J’ai été converti par son regard, avant même de l’être par ses paroles. »

Les pour et les contre s’opposent violemment, chacun s’en tenant à son point de vue. Jean se tait comme Jésus, et il sourit en baissant la tête pour cacher son sourire.

Pierre revient à l’assaut, car les arguments de ses compagnons n’arrivent pas à le convaincre. Il pense et il dit que le regard de Jésus est différent de celui d’un homme quelconque, et il veut savoir si c’est parce qu’il est Jésus, le Messie, ou si c’est parce qu’il est toujours Dieu.

224.3

Jésus prend la parole :

« En vérité, je vous dis que non seulement moi, mais quiconque s’unira à Dieu par une sainteté, une pureté, une foi sans faille pourra en faire autant, et encore davantage. Le regard d’un enfant, si son esprit est uni à celui de Dieu, peut faire crouler les temples des idoles, sans les secouer comme Samson, imposer la douceur aux fauves et aux hommes-fauves, repousser la mort, vaincre les maladies de l’âme, tout comme la parole d’un enfant, instrument du Seigneur et uni à lui, peut aussi guérir des maladies, enlever leur venin aux serpents, accomplir toutes sortes de miracles. Car c’est Dieu qui agit en lui.

– Ah ! J’ai compris ! » dit Pierre.

Il regarde longuement Jean, puis conclut à voix haute tout un raisonnement qu’il se faisait intérieurement :

« Voilà ! Toi, Maître, tu as eu ce pouvoir en tant que Dieu, et en tant qu’homme uni à Dieu. Et il en va de même de celui qui arrive ou qui est déjà arrivé à l’union avec Dieu. J’ai compris ! J’ai bien compris !

– Mais tu ne demandes pas quelle est la clé de cette union, ni le secret de cette puissance ? Tous les hommes n’y arrivent pas forcément, alors qu’ils ont les mêmes qualités requises pour y parvenir.

– C’est juste ! Où se trouve la clé de cette force qui unit à Dieu et domine les choses ? Une prière, ou bien des paroles secrètes…

– Tout à l’heure, Judas accusait le bouc de toutes les mésaventures qui nous sont arrivées. Il n’y a pas de sortilèges attachés aux animaux. Chassez ces superstitions qui sont encore de l’idolâtrie et qui peuvent provoquer des malheurs. Et, de même qu’il n’existe pas de formules pour envoûter par de la sorcellerie, il n’existe pas de paroles secrètes pour accomplir des miracles. Il n’y a que l’amour. Comme je l’ai dit hier soir, l’amour calme les violents et rassasie ceux qui sont avides. L’Amour, c’est Dieu. Avec Dieu en vous, possédé pleinement par le mérite d’un amour parfait, l’œil devient un feu qui brûle toutes les idoles et jette à terre les statues, la parole devient puissance. Plus encore : l’œil devient une arme qui désarme. On ne résiste pas à Dieu, à l’Amour. Seul le démon y résiste parce qu’il est la Haine parfaite et, avec lui, ses fils. Les autres, les faibles possédés par une passion, mais qui ne se sont pas vendus volontairement au démon, n’y résistent pas. Quelle que soit leur religion, ou leur absence de foi, quel que soit le niveau de leur bassesse spirituelle, ils sont atteints par l’Amour qui est le grand Victorieux. Essaie vite d’y parvenir et tu feras ce que font les fils de Dieu et ceux qui portent Dieu. »

224.4

Pierre ne quitte pas Jean des yeux ; Simon le Zélote aussi, les fils d’Alphée, Jacques et André ont l’intelligence éveillée et en recherche.

« Mais alors, Seigneur, dit Jacques, fils de Zébédée, qu’est-il arrivé à mon frère ? Tu parles de lui. C’est lui, l’enfant qui fait des miracles ! Est-ce cela ? En est-il bien ainsi ?

– Qu’a-t-il fait ? Il a tourné une page du livre de la Vie, et il a lu et connu de nouveaux mystères. Rien de plus. Il vous a précédés, car il ne s’arrête pas à considérer chaque obstacle, à soupeser chaque difficulté, à calculer ce qui rapporte. Mais il ne voit pas la terre. Il ne la voit plus. Il voit la Lumière et se dirige vers elle. Sans arrêt. Mais laissez-le tranquille. Les âmes consumées par une telle flamme ne doivent pas voir troublée l’ardeur qui les remplit de joie et qui les consume. Il faut les laisser brûler. C’est leur suprême joie et leur plus grande fatigue. Dieu leur accorde des instants de nuit parce qu’il sait que l’ardeur tue les âmes-fleurs si elles sont continuellement exposées au soleil. Dieu accorde du silence et des rosées mystiques à ces âmes-fleurs, comme aux fleurs des champs. Laissez reposer l’athlète de l’amour quand Dieu vous le laisse. Imitez les professeurs de gymnastique qui accordent à leurs élèves les détentes normales… Quand vous en serez au même point que lui – et même plus loin, car vous irez plus loin, aussi bien vous que lui –, vous comprendrez le besoin de respect, de silence, de pénombre qu’éprouvent les âmes dont l’Amour a fait sa proie et son instrument. N’allez pas vous imaginer : “ Moi, alors, j’aurai un plaisir qui sera connu, et Jean est un sot, parce que l’âme du prochain, comme celle des enfants, demande à être attirée par le merveilleux. ” Non. Quand en vous serez arrivés là, vous éprouverez le même désir de silence et de pénombre que connaît Jean aujourd’hui. Et quand je ne serai plus parmi vous, souvenez-vous qu’avant de porter un jugement sur une conversion et sur un degré de sainteté, vous devez toujours vous baser sur l’humilité. Si l’orgueil persiste chez quelqu’un, ne vous faites pas d’illusion sur sa conversion. Et si une personne que l’on dit “ sainte ” est dominée par l’orgueil, soyez certains qu’elle ne l’est pas. Elle aura beau jouer au saint comme un pharisien, et simuler des prodiges comme un charlatan, elle n’est pas sainte pour autant. Son apparence n’est qu’hypocrisie, ses prodiges ne sont que satanisme. Avez-vous compris ?

– Oui, Maître. »

Tous se taisent et restent pensifs. Mais si les bouches demeurent fermées, on devine clairement leurs pensées à leurs regards, à l’expression de leur physionomie. Un grand désir de savoir émane d’eux comme une vapeur enivrante d’éther…

224.5

Simon le Zélote s’ingénie à distraire ses compagnons pour avoir l’occasion de leur parler en particulier et certainement de leur conseiller encore le silence. J’ai l’impression que Simon le Zélote joue beaucoup ce rôle dans le groupe des apôtres. C’est le modérateur, le conciliateur, le conseiller de ses compagnons, sans compter qu’il est celui qui comprend si bien le Maître. Il dit maintenant :

« Nous voici déjà sur les terres de Jeanne. Le village qui se trouve dans ce creux, c’est Béther. Ce palais, sur la crête, c’est son château natal. Sentez-vous dans l’air ce parfum ? Ce sont les rosiers qui commencent à le répandre au soleil du matin. Le soir, il est encore plus puissant. Mais maintenant, ces arbustes sont si beaux, dans cette fraîcheur du matin, encore couverts d’une rosée qui brille comme des millions de diamants sur les corolles en train de s’ouvrir. Au coucher du soleil, on cueille toutes les fleurs arrivées à leur complet développement. Venez : je veux vous montrer un coteau d’où l’on voit l’ensemble des roseraies qui débordent du sommet en cascade sur les pentes de l’autre versant. C’est une avalanche de roses qui, ensuite, remonte comme une marée sur deux autres collines. C’est un amphithéâtre, un lac de fleurs. C’est magni­fique. La pente du chemin est plus raide, mais cela vaut la peine de le suivre car, de là, on domine tout ce paradis. Et nous serons vite arrivés au château. Jeanne y vit librement, au milieu de ses paysans qui gardent seuls toute cette richesse. Mais ils aiment tant leur maîtresse, qui fait de ces vallées un paradis de beauté et de paix, qu’ils valent mieux que tous les gardes d’Hérode. Voici, regarde, Maître. Regardez, mes amis. »

Et, de la main, il montre un hémicycle de collines envahies par les roses.

De quelque côté qu’on tourne les yeux, on voit partout des rosiers et encore des rosiers, sous des arbres très hauts, chargés d’abriter des vents et des rayons trop chauds du soleil et de la grêle. Le soleil se répand et l’air circule, sous ces abris feuillus qui servent de léger voile aux plantes sans les opprimer, que les jardiniers main­tiennent en état et sous lesquels vivent heureux les plus beaux rosiers du monde. On en trouve des milliers, de toutes variétés : rosiers nains, tiges, buissons, géants. Disposés en touffes, comme des coussins brodés de fleurs aux pieds des arbres, sur les prés d’herbes verdoyantes, ou formant des haies le long des sentiers, au bord des ruisseaux, en cercle autour des bassins d’irrigation, disséminés dans un parc qui comprend des collines, ou bien grimpant autour des arbres, avec des chevelures fleuries qui d’un arbre à l’autre forment des festons et des guirlandes. Un vrai jardin de rêve. Toutes les tailles, toutes les nuances s’y trouvent et s’entremêlent, disposant les couleurs ivoire des roses thé auprès des couleurs rouge sang d’autres fleurs et, régnant comme des souveraines grâce à leur nombre, les vraies roses de la couleur des joues d’un enfant, avec un dégradé blanc teinté de rose sur les bords.

Tous les disciples sont éberlués par tant de beauté.

« Mais que fait-elle de tout cela ? demande Philippe.

– Elle en profite, répond Thomas.

– Non. Elle en extrait aussi l’essence, donnant ainsi du travail à des centaines de serviteurs fleuristes et aux spécialistes de l’extraction des essences. Les romains en sont avides. Jonathas me le disait en me montrant les comptes de la dernière récolte.

224.6

Mais voici là-bas Marie, femme d’Alphée, avec l’enfant. Ils nous ont vus et ils appellent les autres… »

En effet, voici Jeanne et les deux Marie que précède Marziam qui descend en courant, les bras déjà prêts à embrasser. Elles se hâtent vers Jésus et Pierre, et se prosternent devant Jésus.

« La paix à vous toutes. Où se trouve ma Mère ?

– Au milieu des rosiers, Maître, avec Elise. Ah ! Cette dernière est bien guérie ! Elle peut affronter le monde et te suivre. Merci de t’être servi de moi pour cela.

– Merci à toi, Jeanne. Tu vois qu’il était utile de venir en Judée ? Marziam, voici des cadeaux pour toi : ce beau pantin et ces belles brebis. Cela te plaît ? »

De joie, l’enfant en a le souffle coupé. Il s’avance vers Jésus qui s’est penché pour lui donner la poupée et est resté ainsi pour le regarder en face. L’enfant se jette à son cou, et l’embrasse le plus fort qu’il peut.

« Comme ça, tu vas devenir doux comme ces brebis et tu deviendras plus tard un bon berger pour ceux qui croient en Jésus. N’est-ce pas ? »

Tout essoufflé, les yeux illuminés par la joie, Marziam dit oui, oui, oui…

« Maintenant, va voir Pierre ; moi, je vais trouver ma Mère. J’aperçois là-bas un pan de son voile qui voltige le long d’une haie de rosiers. »

Il court vers Marie et la reçoit sur son cœur au détour du sentier. Marie, après le premier baiser, explique, encore tout essoufflée :

« Elise arrive derrière moi… J’ai couru pour t’embrasser… car je n’aurais pas pu m’en priver, mon Fils… et je ne voulais pas le faire devant elle… Elle est bien changée… Mais son cœur souffre encore devant les joies des autres, qui lui sont pour toujours refusées. La voilà qui arrive. »

Elise fait vivement les derniers pas et s’agenouille pour baiser le vêtement de Jésus. Ce n’est plus la femme tragique de Bet-çur, mais une vieille femme, austère, marquée par la souffrance et par la trace qu’elle a laissée sur son visage et dans son regard.

« Béni sois-tu, Maître, maintenant et toujours, pour m’avoir rendu la sérénité que j’avais perdue.

– Toujours plus de paix pour toi, Elise. Je suis content de te trouver ici. Relève-toi.

– Moi aussi, je suis contente. J’ai tant de choses à te dire et à te demander, Seigneur !

– Nous en aurons tout le temps car je vais rester ici quelques jours. Viens que je te fasse connaître tes condisciples.

– Oh ! Tu as donc déjà compris ce que je voulais te dire ? Que je veux renaître à une vie nouvelle : la tienne ; me refaire une famille : la tienne ; retrouver des fils : les tiens. Comme tu l’as dit en parlant de Noémi chez moi, à Bet-çur. Moi, je suis une nouvelle Noémi, par ta grâce, mon Seigneur. Sois-en béni. Je ne suis plus amère et stérile. Je serai encore mère. Et, si Marie le permet, un peu ta mère aussi, ainsi que la mère des fils de ta doctrine.

– Oui, tu le seras. Marie n’en sera pas jalouse, et moi, je t’aimerai de façon à ne pas te faire regretter d’être venue. Allons maintenant trouver ceux qui veulent te dire qu’ils t’aiment comme des frères. »

Et Jésus la prend par la main pour la conduire vers sa nouvelle famille.

Le voyage dans l’attente de la Pentecôte est terminé.

224.1

The train of animals following the apostolic college has undergone a change. The billygoat is no longer there and in its place there is a sheep and two lambs. A fat sheep with turgid udder, two little lambs as cheerful as urchins. A tiny flock that looks less magic than the very dark billygoat, and makes everybody happy.

«I told you that we would have a little goat to make Marjiam a little happy shepherd. Instead of the little goat, since you will not hear of goats, we got sheep. And white ones, exactly as Peter wanted them.»

«Of course! I thought I was pulling Beelzebub behind me» says Peter.

«In fact, since it was with us, how many unpleasant things have happened. It was a spell following us» confirms the Iscariot angrily.

«A good spell, then. Because what harm has really befallen us?» says John calmly.

They all shout at him reproaching him for his blindness. «Didn’t you see how they were mocked at Modin?» «And do you think my brother’s fall was just nothing? He might have been ruined. If he had broken his legs or his back, how could we have carried him away from there?» «And do you think that last night’s incident was a pleasant one?»

«I saw everything, I considered everything and I blessed the Lord because nothing wrong happened to us. Evil came towards us, but then it ran away, as usual, and the incidents have certainly served to leave seeds of goodness both at Modin and with the vine-dressers, who came with the certainty that they would find at least one person wounded and with the remorse of having been without charity, and in fact they wanted to make amends; and the same happened last night with the robbers. They did no harm and we, that is Peter, got the sheep in exchange for the goat and as a present for their safety, and there is now a good deal of money for the poor because the merchants and the women gave us purses of money and offerings. And what is more important, they all received the word of Jesus.»

«John is right» say the Zealot and Judas Thaddeus. And the latter concludes: «Everything seems to be taking place through a clear foreknowledge of the future. It is odd that we should be there, and we were late, because of my fall, at the same time as the jewelled women, and the shepherds with large flocks, as well as the merchants lousy with money: all of whom were a wonderful prey for the robbers!

224.2

Brother, tell me the truth. Did You know that all that was going to happen?» Thaddeus asks Jesus.

«I told you many a time that I can read the hearts of men, and when the Father does not dispose otherwise, I do not ignore what must happen.»

«Well, why do You at times make mistakes, such as going towards hostile Pharisees, or to towns that are completely hostile?» asks Judas Iscariot.

Jesus stares at him and then says calmly and slowly: «They are not mistakes. They are necessities of My mission. The sick need a doctor and the ignorant a master. Both the former and the latter at times reject doctor or master. But if they are good doctors and good masters, they continue to go to those who refuse them because it is their duty to go. And I go. You would like all resistance to collapse wherever I go. I could do that. But I do not use violence against anyone. I convince people. Coercion is to be used only in very exceptional cases and only when a spirit enlightened by God understands that it may serve to persuade that God exists, and is the strongest, or when many people are to be saved.»

«Like yesterday evening, eh?» asks Peter.

«Yesterday evening those robbers were afraid because they saw that we were wide awake and waiting for them» says the Iscariot with evident scorn.

«No. They were convinced by words» says Thomas.

«No. They would not dream of it! They are indeed tender souls that can be convinced by a couple of words, even if spoken by Jesus! I know what they are like when I was attacked with my family and many people of Bethsaida in the gorge of Adummim» replies Philip.

«Master, tell me. It’s since yesterday that I wanted to ask You. Was it Your words or Your will to prevent anything from happening?» asks James of Zebedee.

Jesus smiles and is silent.

Matthew replies: «I think that it was His will to overcome the hardness of those hearts, which He almost paralysed in order to be able to speak and save them.»

«I say that, too. That is why He remained there by Himself, looking at the wood. He subdued them with His look, by means of His defenceless calm and by trusting them. He did not even have a stick in His hands!…» says Andrew.

«All right. That’s what we say. That’s what we think. But I want to hear it from the Master» says Peter.

There is a lively discussion, in which Jesus does not interfere. Some say that since Jesus has declared that He does not force anyone, He has not used coercion in the case of those robbers either. That is what Bartholomew states. The Iscariot instead, who is mildly supported by Thomas, declares that he cannot believe that the look of a man can do so much. Matthew retorts: «It can do that and much more. I was converted by His look even before He spoke to me.» The opposite opinions cause a lively discussion, as each stubbornly insists in his own. John, like Jesus, is silent and he smiles lowering his head to conceal his smile. Peter revives the discussion as none of the arguments of his companions convince him. He thinks and says that the look of Jesus is different from the look of an ordinary man, and he wants to know whether it is because He is Jesus, the Messiah, or because He is always God.

224.3

Jesus speaks: «I solemnly tell you that not only I, but anyone who is united to God by means of faultless holiness, purity and faith will be able to do that and much more. The look of a child, if his spirit is united to God, can cause vain temples to collapse, without shaking them as Samson did, it can command wild beasts and men-beasts to be meek, it can repel death and defeat diseases of the spirit, and the word of a child, united to God and an instrument of God can also cure diseases, make the poison of snakes harmless, work all kinds of miracles. Because it is God Who works in Him.»

«Ah! I understand!» says Peter. And He stares at John. And after a long internal conversation with himself, he concludes in a loud voice: «Yes! You, Master, can do that, because You are God, and because You are Man united to God. And the same happens to those who go so far, or have gone so far as to be united to God. I understand! I really understand!»

«But are you not inquiring about the key to that union, or about the secret of that power? Not all men are successful in going so far, although they all have the same means to succeed.»

«Quite right! Where is the key to that strength which unites man to God and dominates matter? A prayer or secret words…»

«A short while ago Judas of Simon was blaming the billygoat for all the unpleasant incidents that happened to us. There are no spells connected with animals. Reject superstitions, which are also a form of idolatry and can cause misfortunes. And as there are no formulas to work witchcraft, so there are no secret words to work miracles. There is only love. As I said yesterday evening, love calms the violent and satisfies the greedy. Love: God. With God within you, fully possessed through perfect love, your eye will become a fire capable of burning every idol and knocking down their simulacra, and your word will become power. And your eye will become an arm that disarms. You cannot resist God, you cannot resist Love. Only the demon can resist it, because he is perfect Hatred, and his children can resist with him. The others, the weak people seized with passions, but who have not sold themselves voluntarily to the demon, cannot resist. Whatever their religion may be, or their indifference to any faith, whatever the level of their spiritual base, they are struck by Love, the great Winner. Endeavour to arrive there soon, and you will do what the children of God and the bearers of God do.»

224.4

Peter does not take his eyes off John; also the sons of Alphaeus, James and Andrew are lively and watchful.

«Well, then, my Lord» says James of Zebedee, «what has happened to my brother? You are speaking of him. He is the boy who works miracles! Is that it? Is it so?»

«What has he done? He turned a page of the book of Life, and he read and learned new mysteries. Nothing else. He preceded you, because he does not stop to consider every obstacle, to weigh every difficulty, to work out every profit. He no longer sees the earth. He sees the Light, and goes towards it. Without stopping. But leave him alone. The souls burning with greater flames are not to be disturbed in their ardour which gladdens and burns. You must let them burn. It is utmost joy and utmost toil. God grants them moments of darkness because He knows that fierce heat kills delicate souls, when they are exposed to continuous sunshine. God grants silence and mystic dew to such delicate souls, as He grants it to wild flowers. Let the athlete of love rest, when God allows him to rest. Imitate gymnasiarchs who grant their pupils due rest… When you arrive where he has already arrived, and beyond, because both you and he will go beyond that point, you will realise the need for respect, silence and dim light that souls feel when they become the prey of Love and its instrument. Do not think: “I will be glad to be known, and John is a fool, because the souls of our neighbours, like the souls of children, want to be attracted by wonders”. No, when you are there, you will have the same desire for silence and dim light as John has now. And when I shall no longer be amongst you, remember that when you have to pronounce sentence on a conversion or on possible holiness, you must always use humility as your measure. If a man is still proud, do not believe that he is converted. And if pride reigns in a man, who may even be said to be a “saint”, you may be sure that he is not a saint. He may quackishly and hypocritically play the saint and pretend he works wonders. But he is no saint. His appearance is hypocrisy, his wonders are satanism. Have you understood?»

«Yes, Master.»… They are all quiet and pensive. But if their lips are closed, it is possible to guess their thoughts by their countenance. A deep desire to know quivers like ether around them, emanating from them…

224.5

The Zealot endeavours to divert their attention and thus gain time to speak to them separately and advise them to be quiet. I think that the Zealot has taken that task upon himself in the apostolic group. He is the moderator, the adviser, the peacemaker of his companions, besides being one who understands the Master so well. He says: «We are already in Johanna’s estate. That village in that little valley is Bether. The large building on that top is the castle where she was born. Can you smell this perfume in the air? It comes from the roseries which begin to give off scent in the moring sun. In the evening it is a powerful fragrance. But it is so beautiful to see them in the cool morning, covered with dew drops, like millions of diamonds thrown on to millions of opening corollas. When the sun sets they pick all the roses that are completely open. Come. I want to show you from a knoll the view of roseries that overflow from the top, like a waterfall, down the crags on the other side. A cascade of flowers, which climbs back up again, like a wave, on two other hills. It is an amphitheatre, a lake of flowers. It is really wonderful. The road is steeper. But it is worth while climbing up, because from that spot one overlooks all this paradise. And we shall soon be at the castle. Johanna lives there in perfect freedom, amongst her peasants, who are the only guards of so much wealth. But they are so fond of their mistress, who has turned these valleys into a paradise of beauty and of peace, that they are worth much more than all Herod’s guards. Here, look, Master. Look, my friends» and he points at a semicircle of hills invaded with roses.

Wherever one’s eyes rest, one can see roseries, under very tall trees, to shield them from winds, from excessive heat of the sun and hailstorms. There is sunshine and air also under this light roof, which is like a veil but is not oppressive, and is duly controlled by the gardeners, and the most beautiful roseries in the world grow there. There are thousands and thousands of all kinds of rose-bushes. There are miniature, low, tall, very tall plants. They grow in tufts, like cushions studded with flowers, at the foot of trees, on very green meadows, as hedges along paths, on the banks of streams, in circles around irrigation vats, spread over the whole park which comprises hills, or twined round tree trunks, or from tree to tree forming flowery festoons and garlands. It is really a dream. All sizes and shades are present blending beautifully, with the ivory hue of tea-roses close to the blood red of other corollas. The true roses, which like the cheek of a child, shade on the contours into white tinged with pink, reign as queens, also because of their number.

They are all struck by so much beauty.

«But what does she do with all this?» asks Philip.

«She enjoys it» replies Thomas.

«No. She extracts the essence and thus employs hundreds of servants and gardeners who work at the presses. The Romans make great use of it. Jonathan was telling me when he showed me the figures of the last crop.

224.6

But there is Mary of Alphaeus with the boy. They have seen us and they are calling the others…»

In fact there are Johanna and the two Maries, who are preceded by Marjiam, who runs down towards Jesus and Peter, with his arms stretched out ready for an embrace. The women arrive as well and they prostrate themselves before Jesus.

«Peace to you all. Where is My Mother?»

«Among the roseries, Master, with Eliza. Oh! She is definitely cured! She can now face the world and follow You. Thanks for making use of me for that purpose.»

«Thanks to you, Johanna. You can see that it was useful to come to Judaea. Marjiam: here are your presents. This lovely puppet and these beautiful sheep. Do you like them?»

The boy is breathless with joy. He leans towards Jesus Who has bent to give him the puppet and has remained thus to look at him in the face, and he clasps His neck, kissing Him with utmost ardour.

«And thus you will become as meek as the little sheep and then you will become a good shepherd for those who believe in Jesus. Is that right?»

Marjiam replies «Yes» in a choked voice, while his eyes shine with joy.

«Now go and see Peter, because I am going to My Mother. I can see a strip of Her veil moving along a hedge of roses.»

And He runs to Mary embracing Her to His heart at a corner of a path. After a first kiss, Mary, still panting, explains: «Eliza is coming behind Me… I ran to kiss You, because it was not possible for Me not to kiss You… but I did not want to kiss You in front of her… She has changed a great deal… But her heart still aches in the presence of other people’s joy, now denied to her forever. Here she is coming.»

Eliza walks the last few yards with a rapid step and kneels down to kiss Jesus’ tunic. She is no longer the tragic woman of Bethzur. She is an old austere lady, marked by sorrow that has left a deep trace on her countenance.

«May You be blessed, my Master, now and ever, for giving back to me what I had lost.»

«May a greater peace be with you, Eliza. I am happy to see you here. Stand up.»

«I am happy, too. I have so many things to tell You and to ask You, Lord.»

«We shall have plenty of time because I am staying here for a few days. Come, that I may introduce My disciples to you.»

«Oh!!! You have already understood what I wanted to tell You?! That I want to start a new life: Yours; and have a new family: Yours; and sons: Yours; as You told me speaking of Naomi, in my house, at Bethzur. I am the new Naomi through Your grace, my Lord. May You be blessed for it. I am no longer depressed and barren. I will still be a mother. And if Mary allows me, I will also be a mother to You, besides being a mother to the sons of Your doctrine.»

«Yes. You will be. Mary will not be jealous and I will love you so much that you will not regret coming with us. Let us go now to those who wish to tell you that they love you as brothers.» And Jesus takes her by the hand and leads her towards her new family.

The journey made while waiting for Pentecost is over.