Los Escritos de Maria Valtorta

275. Quatre nouveaux disciples.

275. Cuatro nuevos discípulos. Jesús habla

275.1

Jésus se trouve dans les plaines de Chorazeïn, le long de la vallée du haut Jourdain, entre le lac de Génésareth et le lac Mérom. C’est une campagne pleine de vignobles où déjà com­mencent les vendanges.

Il doit y être depuis quelques jours déjà car, ce matin, les disciples qui étaient à Sycaminon sont avec lui, et parmi eux, de nouveau Etienne et Hermas. Isaac s’excuse de n’avoir pu être là plus tôt, car, dit-il, il se demandait s’il était bien d’amener ou non avec lui les nouveaux venus et ces réflexions l’avaient retardé.

« Mais, ajoute-t-il, j’ai pensé que le chemin du Ciel est ouvert à tous les hommes de bonne volonté et il me semble que ceux-ci, bien que disciples de Gamaliel, le sont.

– Tu as bien dit et bien fait. Amène-les-moi ici. »

Isaac s’en va et revient avec les deux hommes.

« paix à vous. Est-ce que la parole des apôtres vous a semblé si vraie que vous vouliez vous y unir ?

– Oui, et la tienne davantage. Ne nous repousse pas, Maître.

– Pourquoi le devrais-je ?

– Parce que nous appartenons à Gamaliel.

– Et avec cela ? J’honore le grand Gamaliel et je voudrais qu’il soit avec moi, car il est digne d’y être. Il ne lui manque que cela pour faire de sa sagesse une perfection. Que vous a-t-il dit quand vous l’avez quitté ? Car vous l’avez certainement salué.

– Oui. Il nous a dit : “ Heureux êtes-vous de pouvoir croire. Priez pour que j’oublie pour pouvoir me souvenir. ” »

Curieux, les apôtres qui se serrent autour de Jésus, se re­gardent l’un l’autre et se demandent à voix basse :

« Qu’est-ce qu’il a voulu dire ? Que veut-il ? Oublier pour se souvenir ? »

Jésus entend ce chuchotement et explique :

« Il veut oublier sa propre sagesse pour prendre la mienne. Il veut oublier qu’il est le rabbi Gamaliel pour se rappeler qu’il est un fils d’Israël qui attend le Christ. Il veut s’oublier lui-même pour se rappeler la vérité.

– Ce n’est pas un menteur, Gamaliel, Maître, dit Hermas pour l’excuser.

– Non. Mais c’est le fatras des pauvres mots humains qui est mensonge. Les paroles qui remplacent la Parole, il faut les oublier, s’en dépouiller, venir nu et vierge à la vérité pour être revêtu et fécondé. Cela requiert de l’humilité. L’écueil…

– Alors, nous aussi, nous devons oublier ?

– Sans aucun doute. Oublier tout ce qui est d’ordre humain. Se rappeler tout ce qui est d’ordre divin. Venez, vous pouvez le faire.

– Nous voulons le faire, assure Hermas.

– Avez-vous déjà vécu la vie des disciples ?

– Oui, à partir du jour où nous avons appris le meurtre de Jean-Baptiste. La nouvelle est arrivée très vite à Jérusalem, apportée par des courtisans et des officiers d’Hérode. Sa mort nous a tirés de notre torpeur, répond Etienne.

– Le sang des martyrs est toujours vie pour ceux qui sont dans la torpeur. Rappelle-le-toi, Etienne.

– Oui, Maître.

275.2

Parleras-tu aujourd’hui ? J’ai faim de ta parole.

– J’ai déjà parlé, mais je vous parlerai encore beaucoup, à vous les disciples. Vos compagnons, les apôtres, ont déjà commencé la mission après une active préparation. Mais ils ne suffisent pas aux besoins du monde. Et il faut avoir tout terminé, dans un temps précis. Je suis dans la même situation qu’une personne qui a une échéance et doit avoir tout fait dans un temps limité. Je vous demande à tous de l’aide et, au nom de Dieu, je vous promets de l’aide et un avenir de gloire. »

L’œil perçant de Jésus découvre un homme tout enveloppé dans un manteau de lin :

« N’es-tu pas le prêtre Jean ?

– Si, Maître. Le cœur des juifs est plus aride que le vallon maudit. Je me suis enfui à ta recherche.

– Et le sacerdoce ?

– La lèpre m’en avait banni une première fois, les hommes la seconde fois, parce que je t’aime. Ta grâce m’attire à elle : à toi. Elle aussi m’avait expulsé d’un lieu profané pour m’amener dans un lieu pur. Tu m’as purifié, Maître, physiquement et spirituellement. Or une chose pure ne peut pas, ne doit pas, s’approcher d’une chose impure. Ce serait une offense pour celui qui a purifié.

– Tu as un jugement sévère, mais il n’est pas injuste.

– Maître, les laideurs de famille sont connues de celui qui vit dans la famille et ne doivent être dites qu’à celui dont l’âme est droite. C’est ton cas et, d’ailleurs, tu le sais. Je ne le dirais pas à d’autres. Ici, il y a toi, tes apôtres et deux personnes qui sont au courant, comme toi et comme moi. Par conséquent…

– D’accord. Mais… oh, toi aussi ? ! Paix à toi ! Tu es venu pour donner d’autre nourriture ?

– Non. Pour avoir, moi, ta nourriture.

– Est-ce que tes récoltes sont perdues ?

– Oh, non ! Elles n’ont jamais été aussi belles. Mais, mon Maître, je cherche un autre pain, une autre récolte : les tiens. Et, avec moi, j’ai le lépreux que tu as guéri sur mes terres. Il est revenu à son maître. Mais lui et moi avons maintenant un maître à suivre et à servir : toi.

– Venez. Un, deux, trois, quatre… Bonne récolte ! Mais avez-vous réfléchi à votre situation auprès du Temple ? Vous savez, et moi aussi… et je ne dis rien de plus…

– Je suis un homme libre et je vais avec qui je veux, dit le prêtre Jean.

– Et moi aussi, dit le nouveau venu, le scribe Jean – c’est l’homme qui a donné de la nourriture[1] le jour du sabbat, au pied du Mont des Béatitudes –.

– Et nous aussi » disent Hermas et Etienne.

Et Etienne ajoute :

« Parle-nous, Seigneur. Nous ignorons ce qu’est précisément notre mission. Donne-nous le minimum pour pouvoir te servir tout de suite. Le reste viendra en te suivant.

– Oui. Sur la montagne, tu as parlé des béatitudes. C’était une instruction pour nous. Mais nous, auprès des autres, pour le second amour, celui du prochain, que devons-nous faire ? demande le scribe Jean.

275.3

– Où est Jean d’En-Dor ? demande Jésus pour toute réponse.

– Là-bas, Maître, avec ceux qui ont été guéris.

– Qu’il vienne ici. »

Jean d’En-Dor accourt. Jésus lui pose la main sur l’épaule en le saluant en particulier et dit :

« Voilà, maintenant, je vais parler. Je veux vous avoir devant moi, vous qui portez le nom saint. Toi, mon apôtre ; toi, le prêtre ; toi, le scribe ; toi, Jean disciple de Jean-Baptiste ; et toi, enfin, pour fermer la couronne des grâces faites par Dieu. Et si je te nomme en dernier, tu sais que tu n’es pas le dernier dans mon cœur. Je te l’ai promis, un jour, ce discours. Tu vas l’avoir. »

Alors Jésus, comme il le fait d’ordinaire, monte sur un petit talus pour que tous puissent le voir. Il a devant lui, au premier rang, les cinq Jean. Derrière se trouve la foule des disciples, mêlés à ceux qui sont accourus de toute la Palestine, pour leur santé ou pour entendre la parole.

275.4

« Paix à vous tous, et la sagesse sur vous.

Ecoutez. Quelqu’un, en un jour lointain, m’a demandé si Dieu est miséricordieux envers les pécheurs et jusqu’à quel point il l’est. Celui qui le demandait était un pécheur pardonné qui n’arrivait pas à se persuader de l’absolu pardon de Dieu. Par des paraboles, je l’ai calmé, rassuré, et je lui ai promis que pour lui j’allais toujours parler de miséricorde pour que son cœur repenti qui, tel un enfant égaré, pleurait en lui, se sente assuré d’être déjà en possession de son Père des Cieux.

Dieu est Miséricorde parce que Dieu est Amour. Le serviteur de Dieu doit être miséricordieux pour imiter Dieu.

Dieu se sert de la miséricorde pour attirer à lui ses fils dévoyés. Le serviteur de Dieu doit se servir de la miséricorde comme d’un moyen pour amener à Dieu les fils dévoyés.

Le précepte de l’amour doit être obligatoire pour tous, mais il doit l’être trois fois pour les serviteurs de Dieu. On ne conquiert pas le Ciel si on n’aime pas. Mais cela, il suffit de le dire aux croyants. Aux serviteurs de Dieu, je dis : “ On ne fait pas conquérir le Ciel aux croyants si on n’aime pas parfaitement. ”

Et vous, qui êtes vous, vous qui vous pressez tout autour de moi ? Pour la plupart, vous êtes des créatures qui tendez à une vie parfaite, à la vie bénie, à la vie pénible, lumineuse du serviteur de Dieu, du ministre du Christ. Et quels devoirs avez-vous en cette vie de serviteurs et de ministres ? Un amour total pour Dieu, un amour total pour le prochain. Votre but, c’est de servir. Comment ? En rendant à Dieu ceux que le monde, la chair, le démon ont pris à Dieu. De quelle façon ? Par l’amour. L’amour qui a mille façons de s’exercer et une fin unique : faire aimer.

275.5

Pensons à notre beau Jourdain. Comme il est imposant à Jéricho ! Mais l’était-il autant à sa source ? Non, c’était un filet d’eau, et il le serait resté s’il était toujours resté seul. Au contraire, des milliers d’affluents, les uns seuls, d’autres déjà formés de cent ruisseaux, descendent des montagnes et des collines, des deux rives de sa vallée, et tous se déversent dans son lit, qui ne cesse de croître jusqu’à devenir, du doux ruisseau d’argent bleu­té qu’il était, riant et s’amusant dans son enfance de fleuve, le fleuve large, solennel, paisible qui déroule son ruban bleu au milieu de ses rives fertiles couleur d’émeraude.

Ainsi en est-il de l’amour. C’est un filet initial chez ceux qui sont des enfants sur le chemin de la Vie et savent à peine se garder du péché grave par crainte de la punition ; mais au fur et à mesure que l’on avance sur le chemin de la perfection, voilà que de nombreuses rivières de cette principale vertu jaillissent, par la volonté de l’amour, des montagnes rugueuses, arides, orgueilleuses et dures de l’humanité. Tout sert à les faire surgir et jaillir : les douleurs et les joies, de même que, sur les montagnes, aussi bien les neiges gelées que le soleil qui les fait fondre servent à faire des ruisseaux. Tout sert à leur frayer un chemin : l’humilité comme le repentir. Tout sert à les faire confluer vers le fleuve initial, car l’âme, poussée sur cette voie, aime descendre dans l’anéantissement du moi et aspire à remonter, attirée par le Soleil-Dieu, après être devenue un fleuve puissant, magnifique, bienfaisant.

Les ruisseaux qui nourrissent le ruisseau embryonnaire de l’amour de respect sont, outre les vertus, les œuvres que les vertus apprennent à accomplir, les œuvres qui justement, pour être des ruisselets d’amour, sont des œuvres de miséricorde. Voyons-les ensemble. Certaines étaient déjà connues d’Israël, mais d’autres, c’est moi qui vous les fais connaître parce que ma loi est perfection d’amour.

275.6

Donner à manger aux affamés.

C’est un devoir de reconnaissance et d’amour, et un devoir d’imitation. Les enfants sont reconnaissants à leur père du pain qu’il leur procure et, devenus des adultes, ils l’imitent en procurant du pain à leurs enfants ; plus tard, quand l’âge rend leur père incapable de travailler, ils lui procurent de quoi manger par leur propre travail, en guise de restitution affectueuse et juste des bienfaits qu’ils ont reçus. Le quatrième commandement le dit : “ Honore ton père et ta mère. ” C’est aussi honorer leurs cheveux blancs de ne pas les réduire à quémander leur pain à d’autres.

Mais, avant le quatrième commandement, il y a le premier : “ Aime Dieu de tout ton être ” et le second : “ Aime ton prochain comme toi-même. ” Aimer Dieu pour lui-même et l’aimer dans le prochain, voilà la perfection. On l’aime en procurant du pain à ceux qui ont faim en souvenir des nombreuses fois où c’est lui qui a rassasié l’homme par des actes miraculeux.

Mais sans regarder uniquement la manne et les cailles, voyons le miracle continuel du blé qui germe par la bonté de Dieu qui a donné une terre propice à la culture et qui règle les vents, les pluies, la chaleur, les saisons pour que la semence devienne épi et que l’épi devienne pain.

Et est-ce que cela n’a pas été un miracle de sa miséricorde d’avoir enseigné par une lumière surnaturelle à son fils coupable que ces herbes grandes et fines, qui se terminent par un épi de grains d’or à la chaude odeur de soleil, enfermés dans une dure enveloppe d’écailles épineuses, étaient une nourriture qu’il fallait récolter, égrener, réduire en farine, pétrir, cuire ? Dieu a enseigné tout cela, et aussi comment le récolter, le trier, l’écraser, le pétrir, le cuire. Il a mis les pierres près des épis et de l’eau près des pierres, il a allumé par des réverbérations de l’eau et du soleil le premier feu sur la terre et le vent a amené sur le feu des grains qui ont grillé en répandant une odeur agréable pour faire comprendre à l’homme qu’il est meilleur ainsi qu’au sortir de l’épi, comme les consomment les oiseaux, ou pétri après avoir été moulu, formant ainsi une pâte gluante que l’on cuit au feu.

Vous qui mangez maintenant du bon pain cuit dans le four familial, ne pensez-vous pas à toute la miséricorde que révèle le fait d’être parvenus à cette perfection de cuisson, à tout ce chemin indiqué à la connaissance humaine depuis le premier épi que l’homme a mastiqué comme le fait le cheval, jusqu’au pain actuel ? Et grâce à qui ? A Celui qui a donné le pain. Et ainsi en est-il pour toute espèce de nourriture que l’homme a su, par une lumière bienfaisante, distinguer parmi les plantes et les animaux dont le Créateur a couvert la terre, lieu de châtiment du père pour son fils coupable.

Donc, donner à manger aux affamés, c’est une prière de reconnaissance au Seigneur et Père qui nous rassasie, et c’est imiter le Père dont nous avons reçu gratuitement la ressemblance, et qu’il faut augmenter toujours plus en imitant ses actions.

275.7

Donner à boire à ceux qui ont soif.

Avez-vous jamais pensé à ce qui se produirait si le Père ne faisait plus pleuvoir ? Et pourtant, s’il disait : “ A cause de votre dureté envers ceux qui ont soif, j’empêcherai les nuages de descendre sur la terre ”, pourrions-nous protester et maudire ? L’eau, plus encore que le blé, appartient à Dieu. Car le blé est cultivé par l’homme, mais c’est Dieu seul qui cultive les champs de nuages qui descendent en pluie ou en rosée, ou sous la forme de brouillard ou de neige, alimentent champs et citernes, et remplissent fleuves et lacs, en offrant un refuge aux poissons qui, avec d’autres animaux, rassasient l’homme. A celui qui vous demande : “ Donne-moi à boire ”, pouvez-vous donc répondre : “ Non. Cette eau m’appartient et je ne t’en donne pas ” ? Menteurs ! Qui de vous a fait un seul flocon de neige ou une seule goutte de pluie ? Qui a évaporé un seul diamant de rosée par sa chaleur astrale personnelle ? Personne. C’est Dieu seul qui le fait. Et si les eaux descendent du ciel et y remontent, c’est seulement parce que Dieu règle cette partie de la création comme il règle le reste.

Donnez donc à qui a soif la bonne eau fraîche qui sort des veines du sol, ou l’eau pure de votre puits, ou bien celle qui remplit vos citernes. Les eaux appartiennent à Dieu. Elles sont pour tous. Donnez-en à qui a soif. Pour une si petite œuvre, qui ne vous coûte pas un sou, qui n’impose pas d’autre fatigue que celle de tendre une tasse ou une cruche, je vous le dis, vous obtiendrez une récompense au Ciel. Car ce n’est pas l’eau, mais l’acte de charité qui est grand aux yeux et à l’appréciation de Dieu.

275.8

Vêtir ceux qui sont nus.

Il passe sur les routes de la terre des misères nues, honteuses, pitoyables. Il y a les vieillards abandonnés, il y a ceux qui sont invalides à la suite de maladie ou d’accident ; il y a les lépreux qui reviennent à la vie par la bonté du Seigneur ; il y a les veuves, chargées de famille ; il y a ceux qui ont été frappés par des malheurs qui leur ont enlevé toute aisance ; il y a les orphelins innocents. Où que je pose les yeux sur la vaste terre, je vois partout des personnes nues ou couvertes de haillons qui protègent à peine la décence et ne mettent pas à l’abri du froid, et ces personnes regardent d’un œil humilié les riches qui passent en vêtements somptueux, les pieds chaussés de confortables sandales. Humiliation qui s’accompagne de bonté chez ceux qui sont bons, humiliation mêlée de haine chez ceux qui le sont moins. Mais pourquoi ne venez-vous pas en aide à leur humiliation, ce qui les rendrait meilleurs s’ils sont bons, et détruirait leur haine par votre amour s’ils sont moins bons ?

Ne prétendez pas : “ J’en ai juste assez pour moi. ” Comme pour le pain, vous avez plus que le nécessaire sur votre table et dans vos armoires par rapport à ceux qui sont absolument démunis de tout. Parmi ceux qui m’écoutent, il en est plus d’un qui a su, d’un vêtement mis de côté à cause de son usure, tirer un petit vêtement pour un orphelin ou pour un enfant pauvre, et d’un vieux drap faire des langes pour un innocent qui n’en a pas ; et il en est un qui, mendiant, a su pendant des années partager son pain, qu’il s’était péniblement procuré par l’aumône, avec un lépreux qui ne pouvait aller tendre la main à la porte des riches. Et, en vérité, je vous dis que ces gens miséricordieux, il ne faut pas les chercher parmi les gens nantis, mais dans les humbles rangs des pauvres qui savent, de par leur condition, combien la pauvreté est pénible.

Là aussi, comme pour l’eau et le pain, pensez que la laine et le lin dont vous vous revêtez proviennent d’animaux et de plantes que le Père a créés, non seulement pour les hommes riches, mais pour tous les hommes. Car Dieu a donné une seule richesse à l’homme : celle de sa grâce, de la santé, de l’intelligence, mais pas cette richesse souillée qu’est l’or. Vous l’avez élevé, du rang de métal qui n’est pas plus beau qu’un autre, beaucoup moins utile que le fer avec lequel on fabrique les houes et les charrues, les herses et les faux, les burins, les marteaux, les scies, les rabots, les outils saints du saint travail, au rang d’un métal noble, d’une noblesse inutile, mensongère, à l’instigation de Satan qui, d’enfants de Dieu, vous a rendus sauvages comme des fauves. La richesse de ce qui est saint vous avait donné de quoi devenir toujours plus saints ! Non pas cette richesse homicide qui fait couler tant de sang et de larmes.

Et donnez comme on vous a donné. Donnez au nom du Seigneur, sans craindre de rester nus. Il vaudrait mieux mourir de froid pour s’être dépouillé en faveur d’un mendiant, que de se laisser geler le cœur, même sous des vêtements délicats, par manque de charité. La tiédeur du bien que l’on a fait est plus douce que celle d’un manteau de laine très pure, et le corps du pauvre qui a été recouvert parle à Dieu et lui dit : “ Bénis ceux qui nous ont vêtus. ”

275.9

Si rassasier, désaltérer, vêtir, en se privant pour donner aux autres, unit la sainte tempérance à la très sainte charité et si la bienheureuse justice vous unit aussi, elle par qui on modifie saintement le sort des frères malheureux en donnant de ce que nous avons en abondance, par la permission de Dieu, en faveur de ceux qui en sont privés par la méchanceté des hommes ou par les maladies, l’hospitalité accordée aux voyageurs unit la charité à la confiance et à l’estime du prochain. C’est aussi une vertu, vous savez ? Une vertu qui dénote, chez ceux qui la possèdent, l’honnêteté en plus de la charité. En effet, l’homme honnête agit bien, et puisqu’on pense que les autres agissent comme on agit à l’ordinaire, voilà que la confiance, la simplicité qui croient à la sincérité des paroles d’autrui, dénotent que celui qui les écoute dit la vérité dans les grandes et les petites choses, donc sans arriver à se méfier des récits d’autrui.

Pourquoi penser, en présence d’un voyageur qui vous de­mande l’hospitalité : “ Et si c’était un voleur ou un meurtrier ? ” Tenez-vous tant à vos richesses que tout étranger qui se présente vous fasse trembler pour elles ? Tenez-vous tant à votre vie que vous vous sentiez frémir d’horreur à la pensée de pouvoir en être privés ? Eh quoi ! Pensez-vous que Dieu ne puisse pas vous dé­fendre des voleurs ? Eh quoi ! Vous craignez que le passant ne soit un voleur et vous n’avez pas peur de l’hôte ténébreux qui vous dérobe ce qui est irremplaçable ? Combien hébergent le démon dans leurs cœurs ! Je pourrais dire : tous hébergent le péché capital, et pourtant personne ne tremble devant lui. N’y a-t-il donc rien de plus précieux que le bien de la richesse et de l’existence ? N’est-elle pas plus précieuse, l’éternité que vous vous laissez dérober et tuer par le péché ? Pauvres, pauvres âmes, dépouillées de leur trésor, tombées aux mains des assassins, comme si c’était une chose insignifiante, alors qu’ils barricadent les maisons, mettent des verrous, des chiens, des coffres-forts pour défendre des choses qu’ils ne pourront pas emporter dans l’autre vie !

Pourquoi vouloir voir en tout voyageur un voleur ? Nous sommes frères. La maison s’ouvre aux frères de passage. Le voyageur n’est pas de notre sang ? Oh, si ! Il est du sang d’Adam et Eve. Il n’est pas notre frère ? Comment ! Il n’y a qu’un seul Père : Dieu qui nous a donné une même âme, comme un père donne un même sang aux enfants d’un même lit. Est-il pauvre ? Faites en sorte que votre âme, privée de l’amitié du Seigneur, ne soit pas plus pauvre que lui. Son vêtement est-il déchiré ? Faites en sorte que votre âme ne soit pas davantage déchirée par le péché. Ses pieds sont-ils boueux ou poussiéreux ? Faites en sorte que votre moi ne soit pas plus abîmé par les vices que sa sandale n’est souillée par tant de chemin, ou usée par un long voyage. Son aspect est-il désagréable ? Faites en sorte que le vôtre ne le soit pas davantage aux yeux de Dieu. Parle-t-il une langue étrangère ? Faites en sorte que le langage de votre cœur ne soit pas incompréhensible dans la Cité de Dieu.

Voyez dans le voyageur un frère. Nous sommes tous des pèlerins en route pour le Ciel et tous nous frappons aux portes qui se trouvent au long de la route qui mène au Ciel. Les portes en sont les patriarches et les justes, les anges et les archanges, auxquels nous nous recommandons pour obtenir d’eux aide et protection pour arriver au but, sans tomber d’épuisement dans l’obscurité de la nuit, dans la rigueur du froid, en proie aux pièges des loups et des chacals que sont les passions mauvaises et les démons. Comme nous voulons que les anges et les saints nous ouvrent leur amour pour nous abriter et nous redonner des forces pour continuer la route, agissons de même, nous aussi, à l’égard des voyageurs de la terre. Et chaque fois que nous ouvrirons notre maison et nos bras en saluant du doux nom de frère un inconnu, en pensant à Dieu qui le connaît, je vous dis que vous aurez parcouru plusieurs milles sur le chemin qui mène aux Cieux.

275.10

Visiter les malades.

Ah ! En vérité, comme les hommes sont des voyageurs, ils sont tous malades. Et les maladies les plus graves sont celles de l’âme, les maladies invisibles et les plus mortelles. Et pourtant elles ne provoquent pas de dégoût. La plaie morale n’inspire pas de répugnance. La puanteur du vice ne donne pas la nausée. La folie démoniaque ne fait pas peur. La gangrène d’un lépreux spirituel ne repousse pas. Le tombeau rempli d’ordure d’un homme dont l’âme est morte et putréfiée ne fait pas fuir. Ce n’est pas un anathème de s’approcher de l’une de ces impuretés. Pauvre, étroite pensée de l’homme !

Mais dites-moi : est-ce l’âme qui a le plus de valeur ou bien la chair et le sang ? Ce qui est matériel a-t-il le pouvoir de cor­rompre ce qui est incorporel, par l’effet du voisinage ? Non. Je vous assure que non. L’âme a une valeur infinie en comparaison de la chair et du sang, cela, oui ; mais la chair n’a pas un pouvoir supérieur à celui de l’âme. Et l’âme peut être corrompue, non par des choses matérielles, mais par des choses spirituelles. Même si quelqu’un soigne un lépreux, son âme ne devient pas lépreuse, mais au contraire, grâce à la charité qu’il pratique héroïquement jusqu’à s’isoler dans des vallées de mort par pitié pour son frère, toute tache de péché disparaît de lui. Car la charité est absolution du péché et la première des purifications.

Partez toujours de cette pensée : “ Qu’est-ce que je voudrais qu’on me fasse, si j’étais comme lui ? ” Et agissez comme vous voudriez qu’on agisse à votre égard.

Maintenant encore, Israël a ses anciennes lois. Mais un jour viendra – et son aurore n’est plus très lointaine –, où l’on vénérera comme symbole d’absolue beauté l’image d’un Homme en qui sera reproduit matériellement l’Homme des douleurs d’Isaïe et le Torturé du psaume de David, Celui qui, pour s’être rendu semblable à un lépreux, deviendra le Rédempteur du genre humain. On verra accourir vers ses plaies, comme des cerfs vers les sources, tous ceux qui ont soif, qui sont malades, épuisés, tous ceux qui pleurent sur la terre, et il les désaltérera, les guérira, les restaurera, les consolera spirituellement et physiquement. Et les meilleurs aspireront à devenir semblables à lui, couverts de blessures, exsangues, frappés, couronnés d’épines, crucifiés, par amour des hommes qu’il faut racheter, continuant ainsi l’œuvre de Celui qui est le Roi des rois et le Rédempteur du monde. Vous qui êtes encore d’Israël, mais qui déjà dressez vos ailes pour voler vers le Royaume des Cieux, commencez dès maintenant à concevoir cette valeur nouvelle des maladies et, en bénissant Dieu qui vous garde en bonne santé, penchez-vous sur ceux qui souffrent et qui meurent.

L’un de mes apôtres a dit un jour à l’un de ses frères : “ Ne crains pas de toucher les lépreux. Par la volonté de Dieu aucun mal ne s’en prendra à nous. ” Il disait juste : Dieu protège ses serviteurs. Mais, même si vous étiez contaminés en soignant les malades, vous seriez portés dans l’autre vie au rang des martyrs de l’amour.

275.11

Visiter les prisonniers.

Croyez-vous que, dans les galères, il n’y ait que des criminels ? La justice humaine est aveugle d’un œil, et l’autre a des troubles visuels. Elle voit des chameaux là où il y a des nuages et prend un serpent pour un rameau fleuri. Elle juge mal. Plus mal encore, parce que celui qui préside crée volontairement des nuages de fumée pour qu’elle voie encore plus mal. Mais même si tous les prisonniers étaient des voleurs et des meurtriers, il n’est pas juste de nous rendre voleurs et homicides en leur enlevant, par notre mépris, l’espoir du pardon.

Pauvres prisonniers ! Ils n’osent tourner les yeux vers Dieu, accablés comme ils le sont par leurs fautes. Les chaînes, en vérité, lient davantage leur âme que leurs pieds. Mais malheur s’ils désespèrent de Dieu ! Au crime envers le prochain, ils unissent celui de désespérer du pardon. La galère est expiation comme l’est la mort sur le gibet. Mais il ne suffit pas de payer ce qui est dû à la société humaine pour le crime accompli. Pour obtenir la vie éternelle, il faut payer aussi et surtout la part qui doit être payée à Dieu pour expier. Or l’homme révolté et désespéré n’expie qu’à l’égard de la société humaine. Qu’au condamné ou au prisonnier aille l’amour des frères. Ce sera pour lui une lumière dans les ténèbres, ce sera une voix. Ce sera une main qui montre les hauteurs tandis que la voix dit : “ Que mon amour te dise que Dieu aussi t’aime. C’est lui qui m’a mis au cœur cet amour pour toi, mon frère infortuné ” et la lumière permet d’entrevoir Dieu, Père plein de pitié.

Que votre charité aille avec plus de raison consoler les martyrs de l’injustice humaine. Ceux qui ne sont pas du tout cou­pables ou qu’une force cruelle a amenés à tuer. Ne jugez pas vous aussi là où un jugement a été porté. Vous, vous ignorez pourquoi un homme a pu tuer. Vous ne savez pas que, bien des fois, le meurtrier n’est lui-même qu’un mort, un automate privé de raison parce que, sans verser le sang, un assassin lui a enlevé la raison par la lâcheté d’une trahison cruelle. Dieu sait. Cela suffit. Dans l’autre vie, on verra au Ciel beaucoup de galériens, beaucoup qui auront tué et volé, et on verra en enfer beaucoup d’hommes qui auront semblé avoir été volés ou tués car, en réalité, ils auront été les vrais voleurs de la paix d’autrui, de l’honnêteté, de la confiance, les véritables assassins d’un cœur : les pseudo-victimes. Victimes, parce qu’ils ont fini par être frappés, mais après que, pendant des années, ils ont eux-mêmes silencieusement frappé. L’homicide et le vol sont des péchés, mais entre celui qui tue et vole parce qu’il y a été amené par d’autres puis s’en repent, et celui qui en porte d’autres au péché et ne se repent pas, c’est ce dernier, qui amène au péché sans en éprouver de remords, qui sera davantage puni.

Par conséquent, sans jamais juger, soyez pleins de pitié pour les prisonniers. Pensez toujours que si tous les homicides et les vols des hommes devaient se trouver punis, il y aurait peu d’hommes et peu de femmes qui ne mourraient pas aux galères ou sur un gibet.

Ces mères qui conçoivent, mais ne veulent pas amener leur fruit à la lumière, comment les appellera-t-on ? Ah ! Ne jouons pas sur les mots ! Appelons-les franchement par leur nom : “ Assassins ”. Ces hommes qui volent des réputations et des places, quel nom leur donnera-t-on ? Mais simplement ce qu’ils sont : “ Voleurs ”. Ces hommes et ces femmes qui sont adultères ou qui, tourmentant leurs conjoints, les poussent à l’homicide ou au suicide et pareillement ceux qui, étant les grands de la terre, poussent leurs sujets au désespoir et par le désespoir à la violence, quel est leur nom ? Le voici : “ Homicides ”. Eh bien ? Personne ne fuit ? Vous voyez bien que parmi ces galériens échappés à la justice qui remplissent les maisons et les villes, nous frôlent sur les routes, dorment dans les mêmes auberges que nous et partagent nos repas, on vit sans même y penser. Eh bien, qui est sans péché ?

Si le doigt de Dieu écrivait sur les murs de la pièce où banquettent les pensées de l’homme – c’est-à-dire sur leur front –, les paroles accusatrices de ce que vous avez été, êtes ou serez, peu de fronts porteraient en lettres de lumière le mot : “ innocent ”. Les autres fronts, en caractères verts comme l’envie, ou noirs comme la trahison, ou rouges comme le crime, porteraient les mots : “ adultères ”, “ assassins ”, “ voleurs ”, “ homicides ”.

Soyez donc, sans orgueil, miséricordieux pour vos frères moins heureux humainement qui sont aux galères, expiant ce que vous n’expiez pas pour la même faute. Cela profitera à votre humilité.

275.12

Ensevelir les morts.

La contemplation de la mort est une école de la vie. Je voudrais pouvoir vous amener tous en face de la mort et vous dire : “ Sachez vivre en saints pour n’avoir que cette mort-ci – la séparation temporaire du corps et de l’âme – pour ressusciter ensuite triomphalement pour l’éternité, réunis, bienheureux. ”

Tous, nous naissons nus. Tous, nous mourons en devenant une dépouille vouée à la décomposition. Rois ou gueux, on meurt comme on vient au monde. Et si le faste des rois leur permet une plus longue conservation du cadavre, la décomposition est toujours le sort de ce qui est de la chair morte. Les momies elles-mêmes, que sont-elles ? De la chair ? Non : une matière fossilisée par les résines, lignifiée, pas la proie des vers parce qu’elle est vidée et brûlée par des essences, mais la proie des vers, rongeurs du vieux bois.

Car la poussière redevient poussière, comme Dieu l’a dit. Et pourtant, uniquement parce que cette poussière a enveloppé l’âme et en a été vivifiée, voici que, parce qu’elle a touché une gloire de Dieu – telle est l’âme de l’homme –, il faut penser que c’est une poussière sanctifiée d’une manière qui ne diffère pas des objets qui ont touché le Tabernacle. Il y a eu au moins un moment où l’âme a été parfaite : pendant que Dieu la créait. Et si ensuite le péché originel l’a souillée, en lui enlevant sa perfection, de par sa seule origine elle communique de la beauté à la matière et, en raison de cette beauté qui vient de Dieu, le corps s’embellit et mérite le respect. Nous sommes des temples, et comme tels, nous méritons l’honneur, comme ont toujours été honorés les endroits où avait séjourné le Tabernacle.

Faites donc aux morts la charité d’un repos honoré dans l’attente de la résurrection, en voyant dans les admirables harmonies du corps humain l’esprit et la main de Dieu qui l’a pensé et modelé avec perfection, en vénérant même dans sa dépouille l’œuvre du Seigneur.

275.13

Mais l’homme n’est pas seulement chair et sang. Il est aussi âme et pensée. Celles-ci souffrent aussi et il faut miséricordieusement subvenir à leurs besoins.

Il y a des ignorants qui font le mal parce qu’ils ne con­naissent pas le bien. Combien n’ont jamais ou trop peu entendu parler des choses de Dieu et même des lois morales ! Ils s’affaiblissent comme des affamés parce qu’il n’y a personne pour leur donner de quoi manger et ils tombent dans la confusion, faute de vérités qui les nourrissent. Allez les instruire, car c’est pour cela que je vous rassemble et vous envoie. Apportez du pain spirituel à la faim des âmes.

Instruire les ignorants correspond, dans l’ordre spirituel, à nourrir les affamés, et si on accorde une récompense pour un pain donné au corps qui dépérit, pour qu’il ne meure pas ce jour-là, quelle récompense sera accordée à celui qui nourrit une âme des vérités éternelles, en lui procurant la vie éternelle ! Ne soyez pas avares de ce que vous savez. Cela vous a été donné gratuitement et sans mesure. Donnez-le sans avarice car cela vient de Dieu comme l’eau du ciel, et il faut l’offrir comme elle a été offerte. Ne soyez pas possessifs et orgueilleux de votre savoir, mais partagez-le avec une humble générosité.

275.14

Et apportez le rafraîchissement limpide et bienfaisant de la prière aux vivants et aux morts qui ont soif de grâces. On ne doit pas refuser l’eau aux gosiers desséchés. Que faut-il donner aux cœurs des vivants angoissés et aux âmes des morts qui souffrent leurs peines ? Des prières, des prières, fécondes parce qu’elles sont inspirées par l’amour et l’esprit de sacrifice.

La prière doit être vraie, pas mécanique comme le bruit d’une roue sur le chemin. Est-ce le bruit ou la roue qui fait avancer le char ? C’est la roue qui s’épuise à faire avancer le char. Il en va de même de la prière vocale et mécanique et de la prière active. La première n’est que du bruit, rien de plus. La seconde est un travail où les forces s’usent et où s’accroît la souffrance, mais on arrive au but. Priez davantage par vos sacrifices que par vos lèvres et vous procurerez le repos aux vivants et aux morts en faisant la seconde œuvre de miséricorde spirituelle. Le monde sera davantage sauvé par les prières de ceux qui savent prier que par les batailles bruyantes, inutiles, meurtrières.

275.15

Beaucoup de personnes dans le monde savent. Mais elles ne savent pas croire avec fermeté. Comme si elles étaient prises entre deux camps opposés, elles hésitent, elles hésitent sans avancer d’un seul pas, et elles épuisent leurs forces sans arriver à rien. Ce sont les indécis, les gens des “ mais ”, des “ si ”, des “ et puis ”. Ceux qui demandent : “ Plus tard, en sera-t-il ainsi ? ”, “ et s’il n’en était pas ainsi ? ”, “ est-ce que j’en serai capable ? ”, “ et si je ne réussis pas ? ”, et ainsi de suite. Ce sont les velléitaires qui, s’ils ne trouvent pas où s’accrocher, ne s’élèvent pas et, même s’ils le trouvent, s’agrippent ici et là, et non seulement il faut les soutenir, mais les faire monter à chaque nouveau tournant de la journée. Ah ! Vraiment, ils obligent à faire preuve de patience et de charité plus qu’un enfant attardé !

Mais, au nom du Seigneur, ne les abandonnez pas ! Donnez toute votre foi lumineuse, toute votre force ardente à ces gens prisonniers d’eux-mêmes, de leur maladie brumeuse. Conduisez-les vers le soleil et les hauteurs. Soyez des maîtres et des pères pour ces timorés, sans vous lasser ni vous impatienter. Ils vous font tomber les bras ? Très bien. Vous aussi, tant de fois, vous me les faites tomber, à moi, et encore plus au Père qui est dans les Cieux, qui doit souvent penser qu’il semble inutile que la Parole se soit faite Chair, puisque l’homme est encore hésitant, même maintenant qu’il entend parler le Verbe de Dieu. Vous ne voudrez pas présumer être plus grand que Dieu et que moi !

Ouvrez donc les cages de ces prisonniers des “ mais ” et des “ si ”. Délivrez-les des chaînes des “ est-ce que je serai capable ? ” et des “ si je ne réussis pas ? ”. Persuadez-les qu’il suffit de tout faire de son mieux pour que Dieu soit content. Et si vous les voyez tomber de l’appui, ne les abandonnez pas, mais relevez-les une fois de plus, comme le font les mères qui ne continuent pas leur chemin si leur petit enfant vient à tomber, mais s’arrêtent, le relèvent, le nettoient, le consolent, le soutiennent jusqu’à ce qu’il ne craigne plus une nouvelle chute. Et elles agissent ainsi pendant des mois et des années si l’enfant a des jambes faibles.

275.16

Revêtez ceux dont l’âme est nue en pardonnant à ceux qui vous offensent.

L’offense s’oppose à la charité. S’opposer à la charité dépouille de Dieu. Aussi celui qui commet l’offense s’est-il dévêtu, et seul le pardon de celui qu’il a offensé pourra couvrir cette nudité et lui redonner Dieu. Dieu attend, pour pardonner, que l’offensé ait pardonné. Et il accorde son pardon aussi bien à l’offenseur de l’homme et de Dieu qu’à l’offensé. Car, allons donc, il n’est personne qui n’ait offensé son Seigneur ! Mais Dieu nous pardonne, si nous pardonnons nous-mêmes à notre prochain, et il pardonne au prochain si l’offensé pardonne à son offenseur. Il vous sera fait comme vous avez fait.

Par conséquent, pardonnez si vous voulez qu’on vous pardonne et vous vous réjouirez au Ciel en raison de votre charité, comme si on posait un manteau d’étoiles sur vos épaules saintes.

275.17

Soyez miséricordieux envers ceux qui pleurent. Ce sont ceux que la vie a blessés, ceux dont le cœur a été brisé dans ses affections.

Ne vous enfermez pas dans votre sérénité comme dans une forteresse. Sachez pleurer avec ceux qui pleurent, consoler les affligés, combler le vide de celui qui est privé d’un parent par la mort. Soyez pères avec les orphelins, enfants avec les parents, frères les uns pour les autres.

Aimez. Pourquoi n’aimer que ceux qui sont heureux ? Ils ont déjà leur part de soleil. Aimez ceux qui pleurent. Ce sont les moins aimables pour le monde, mais le monde ne connaît pas la valeur des larmes. Vous, vous la connaissez. Aimez donc ceux qui pleurent. Aimez-les s’ils sont résignés malgré leur chagrin. Aimez-les, et plus encore si la douleur les révolte. Ne leur adressez pas de reproches, mais faites preuve de douceur pour les persuader, dans leur peine, de la valeur de la souffrance. Ils peuvent, à travers le voile de leurs larmes, voir d’une manière déformée le visage de Dieu qu’ils réduisent à l’expression d’une toute-puissance vengeresse. Non, ne vous en scandalisez pas ! Ce n’est qu’une hallucination qui vient de la fièvre de la souffrance. Secourez-les pour faire tomber leur fièvre. Que votre foi toute fraîche soit comme la glace qu’on applique à celui qui délire.

Puis, quand le plus fort de la fièvre tombe et qu’arrive le temps de l’abattement et de la stupeur hébétée de celui qui a subi un traumatisme, alors, comme pour des enfants que la maladie a retardés, recommencez à parler de Dieu comme d’une chose nouvelle, doucement, patiemment… Ah ! Une belle histoire que l’on raconte pour distraire cet éternel enfant qu’est l’homme ! Ensuite, taisez-vous. N’insistez pas… L’âme se travaille elle-même. Aidez-la par des caresses et par la prière. Et quand elle dit : “ Alors, ce n’était pas Dieu ? ” répondez : “ Non, lui, il ne voulait pas te faire du mal, parce qu’il t’aime, même pour celui qui ne t’aime plus à cause de la mort ou d’autre chose. ” Et quand l’âme reprend : “ Mais moi, je l’ai accusé ”, répondez : “ Il l’a oublié parce que c’était dû à la fièvre. ” Et quand elle dit : “ Alors, je voudrais qu’il soit là ”, dites : “ Le voici ! Il se tient à la porte de ton cœur et attend que tu lui ouvres. ”

275.18

Supportez les importuns. Ils viennent déranger la petite maison de notre moi, comme les voyageurs viennent déranger la maison que nous habitons. Mais, tout comme je vous ai dit d’accueillir ces derniers, accueillez aussi les premiers.

Ce sont des importuns ? Mais, si vous, vous ne les aimez pas à cause du dérangement qu’ils vous causent, eux, plus ou moins bien, vous aiment. Accueillez-les en raison de cet amour. Et même s’ils venaient poser des questions indiscrètes, vous dire leur haine, vous insulter, faites preuve de patience et de charité. Vous pouvez les rendre meilleurs par votre patience, vous pouvez les scandaliser par votre manque de charité. Vous souffrez de les voir pécher, d’eux-mêmes ; mais souffrez davantage de les faire pécher et de pécher vous-mêmes. Recevez-les en mon nom si vous ne pouvez les recevoir avec votre amour. Et Dieu vous récompensera en venant lui-même, ensuite, vous rendre visite et effacer le souvenir désagréable par ses caresses surnaturelles.

275.19

Enfin, efforcez-vous d’ensevelir les pécheurs pour préparer leur retour à la vie de la grâce. Savez-vous comment le faire ? En les reprenant avec une insistance paternelle, patiente, affectueuse. C’est comme si vous ensevelissiez peu à peu les laideurs du corps avant de le confier au tombeau en attendant le commandement de Dieu : “ Lève-toi et viens à moi. ”

Ne purifions-nous pas les corps, nous les juifs, par respect pour le corps qui doit ressusciter ? Redresser les pécheurs, c’est comme purifier leurs membres avant l’opération de l’ensevelissement. Le reste, c’est la grâce du Seigneur qui le fera. Purifiez-les par la charité, les larmes et les sacrifices. Soyez héroïques pour arracher une âme à la corruption. Soyez héroïques !

Cela ne restera pas sans récompense. Car si on donne une récompense pour une coupe d’eau offerte pour étancher une soif matérielle, qu’est-ce qu’on donnera pour avoir évité à une âme la soif infernale !

J’en ai terminé. Telles sont les œuvres de miséricorde du corps et de l’âme qui font grandir l’amour. Allez et accomplissez-les. Et que la paix de Dieu, qui est aussi la mienne, soit avec vous maintenant et pour toujours. »

275.1

Jesús está en las llanuras de Corazín, extendidas a la largo del valle del alto Jordán, entre el lago de Genesaret y el de Merón: una campiña llena de viñas en que ya se empieza a vendimiar.

Debe estar aquí desde hace algunos días, porque esta mañana se han unido a Él los discípulos que estaban en Sicaminón —entre éstos, de nuevo Esteban y Hermas—, e Isaac justifica el no haber podido llegar antes porque dice que los que han llegado nuevos y las consideraciones acerca de si era conveniente o no traerlos lo han retrasado. «Pero» sigue diciendo «he pensado que el camino del Cielo está abierto para todos los que tienen buena voluntad, y a mí me parece que éstos, a pesar de ser discípulos de Gamaliel, la tienen».

«Has hablado y obrado bien. Tráemelos aquí».

Isaac se marcha, y regresa con los dos.

«La paz a vosotros. ¿Tan verdadera habéis juzgado la palabra apostólica, que habéis querido uniros a ella?».

«Sí. Y más la tuya. No nos rechaces, Maestro».

«¿Por qué habría de hacerlo?».

«Porque somos de Gamaliel».

«¡¿Y qué?! Yo honro al gran Gamaliel y quisiera tenerle conmigo porque es digno de ello. Sólo le falta esto para que su sabiduría se convierta en perfección. ¿Qué os ha dicho cuando os habéis despedido de él? Porque os habréis despedido de él, ¿no?».

«Sí. Nos ha dicho: “Dichosos vosotros que podéis creer. Orad porque yo olvide para poder recordar”».

Los apóstoles, que, curiosos, se han apiñado en torno a Jesús, se miran unos a otros y se preguntan en voz baja: «¿Qué ha querido decir? ¿Qué quiere? ¿Olvidar para recordar?».

Jesús oye este cuchicheo y explica: «Quiere olvidar su sabiduría para asumir la mía. Quiere olvidar que es el rabí Gamaliel para acordarse de que es un hijo de Israel que espera al Cristo. Quiere olvidarse de sí mismo para acordarse de la Verdad».

«Gamaliel no miente, Maestro» interviene Hermas disculpán­dole.

«No. Lo engañoso es la maraña de pobres palabras humanas, las palabras que ocupan el puesto de la Palabra; hay que olvidarlas, despojarse de ellas, acercarse desnudo y virgen a la Verdad, para ser vestido y fecundado. Esto requiere humildad. El escollo…».

«¿Entonces nosotros también tenemos que olvidar?».

«Sin duda. Olvidar todo lo que es cosa de hombre. Recordar todo lo que es cosa de Dios. Venid. Vosotros podéis hacerlo».

«Queremos hacerlo» asegura Hermas.

«¿Habéis vivido ya la vida de los discípulos?».

«Sí. Desde el día en que supimos que habían matado al Bautista. La noticia llegó muy rápida a Jerusalén, por boca de los cortesanos y principales de Herodes. Su muerte nos sacó del entorpecimiento» responde Esteban.

«La sangre de los mártires siempre significa vida para los pusilánimes, Esteban; no lo olvides».

«Sí, Maestro.

275.2

¿Vas a hablar hoy? Siento hambre de tu palabra».

«Ya he hablado. Pero hablaré más, mucho, a vosotros discípulos. Los compañeros vuestros, los apóstoles, han empezado ya su misión tras una activa preparación. Pero no son suficientes para las necesidades del mundo. Y es preciso tener todo hecho dentro de los márgenes de tiempo. Yo soy como quien tiene un plazo y antes de que termine ese tiempo tiene que tener todo hecho. Os pido, a todos, ayuda, y ayuda os prometo y un futuro de gloria en nombre de Dios».

La penetrante mirada de Jesús detecta a un hombre todo arropado en un manto de lino: «¿No eres el sacerdote Juan?».

«Sí, Maestro. El corazón de los judíos es áspero como la quebrada maldita. He huido para buscarte».

«¿Y el sacerdocio?».

«La lepra fue la primera que me expulsó del sacerdocio; luego fueron los hombres, porque te amo. Tu Gracia me aspira hacia sí: hacia ti; ella también me arroja de un lugar profanado para conducirme a lugar puro. Tú me has purificado, Maestro, en el cuerpo y en el espíritu. Una cosa pura no puede acercarse a una cosa impura; sería una ofensa para quien ha purificado».

«Tu juicio es severo, pero no injusto».

«Maestro, las fealdades de la familia son patentes sólo a quienes viven en ella, y no deben manifestarse sino a la persona de recto corazón. Tú lo eres. Y además Tú sabes las cosas. A otros no se lo diría. Aquí estamos Tú, tus apóstoles, y otros dos que también saben como Tú y como yo. Por tanto…».

«Bien. Pero… ¡¿Tú también?! ¡Paz a ti! ¿Has venido para ofrecer más comida?».

«No. He venido por tu alimento».

«¿Se te ha malogrado la cosecha?».

«¡No! ¡Nunca tan rica! Maestro mío, busco otro pan y otra cosecha: los tuyos. Tengo conmigo al leproso que curaste en mis tierras. Ha vuelto a su patrón. Pero tanto él como yo tenemos ahora un patrón al que seguir y servir: Tú».

«Venid. Uno, dos, tres, cuatro… ¡Buena recolección! Pero, ¿habéis reflexionado sobre vuestra posición en el Templo? Vosotros ya sabéis, Yo también… y no digo más…».

«Soy hombre libre y voy con quien quiero» dice el sacerdote Juan.

«Yo también» dice el último que ha llegado, el escriba Juan, que es el que el sábado dio comida al pie del monte de las Bienaventuranzas.

«Y nosotros también» dicen Hermas y Esteban. Y Esteban añade: «Háblanos, Señor. No sabemos en qué consiste exactamente nuestra misión. Danos lo mínimo para poderte servir inmediatamente. El resto vendrá mientras te seguimos».

«Sí. En el monte hablaste de las bienaventuranzas. Ello era lección para nosotros. Pero, respecto a los demás, en el segundo amor, el del prójimo, ¿qué debemos hacer?» pregunta el escriba Juan.

275.3

«¿Dónde está Juan de Endor?» pregunta, por toda respuesta, Jesú­s.

«Allí, Maestro, con aquellos curados».

«Que venga aquí».

Acude Juan de Endor. Jesús le pone la mano en el hombro, con especial saludo, y dice: «Pues bien, voy a hablar ahora. Quiero teneros delante de mí a vosotros que lleváis nombre santo: tú, mi apóstol; tú, sacerdote; tú, escriba; tú, Juan del Bautista; y tú, por último, cerrando la corona de gracias concedidas por Dios. Y, aunque te nombre el último, sabes que no eres el último en mi corazón. Un día te prometí estas palabras que voy a decir. Recíbelas».

Y Jesús, como hace habitualmente, sube a un pequeño ribazo, para que todos puedan verle. Tiene en frente, en primera fila, a los cinco Juanes. Detrás de éstos, el nutrido grupo de los discípulos mezclado con la multitud de los que, de todas las partes de Palestina, han venido por necesidad de salud o de palabra.

275.4

«Paz a todos vosotros. La sabiduría descienda sobre vosotros.

Escuchad. Un día ya lejano uno me preguntó si Dios es misericordioso con los pecadores y hasta qué punto lo es. Quien lo preguntaba era un pecador que había sido perdonado y que no lograba convencerse del absoluto perdón de Dios. Yo por medio de parábolas le calmé, le conforté y prometí que para él hablaría siempre de misericordia, para que su corazón arrepentido —que, cual niño extraviado, lloraba dentro de él— se sintiera seguro de ser ya propiedad de su Padre del Cielo.

Dios es Misericordia porque es Amor. El siervo de Dios debe ser misericordioso para imitar a Dios.

Dios se sirve de la misericordia como de un medio para atraer hacia sí a los hijos descarriados. El siervo de Dios debe servirse de la misericordia como de un medio para llevar a Dios a los hijos descarriados.

El precepto del amor es obligatorio para todos. Pero debe ser triplemente obligatorio en los siervos de Dios. No se conquista el Cielo si no se ama. Decir esto es suficiente para los creyentes. A los siervos de Dios les digo: “No se hace conquistar el Cielo a los creyentes si no se los ama con perfección”.

¿Y vosotros, quiénes sois, vosotros que os ceñís aquí alrededor de mí? Por lo general sois criaturas que tendéis a la vida perfecta, a la vida bendita, fatigosa, luminosa, del siervo de Dios, del ministro de Cristo. ¿Cuáles son vuestros deberes en esta vida de siervo y ministro? Un amor total a Dios, un amor total al prójimo. Vuestra finalidad: servir. ¿Cómo? Restituyendo a Dios a aquellos que el mundo, la carne, el demonio le han arrebatado. ¿En qué modo? Con el amor: el amor que tiene mil formas para desarrollarse, y un único fin: hacer amar.

275.5

Pensemos en nuestro hermoso Jordán. ¡Qué imponente, a su paso por Jericó! Pero, ¿era así en su nacimiento? No. Era un hilo de agua, y lo hubiera seguido siendo si hubiera estado siempre solo. Mas he aquí que de los montes y collados, de una y otra ribera de su valle, desciende un sinfín de afluentes, unos solos, otros ya formados de cien regatos; y todos desaguan en el lecho que va creciendo y creciendo hasta convertirse, del delicado riachuelo de plata azul que reí­a y jugaba en su niñez de río, en el amplio, solemne, pacífico río que inserta una cinta de azul celeste entre las feraces riberas de esmeralda.

Así es el amor. Un hilo inicial en los párvulos del camino de la Vida, que apenas si saben salvarse del pecado grave por temor al castigo; luego, prosiguiendo en el camino de la perfección, he aquí que de las montañas de lo humano, agrestes, áridas, soberbias, duras, se exprimen, por voluntad de amor, multitud de riachuelos de esta principal virtud; y todo sirve para que ésta mane y brote: los dolores, las alegrías, de la misma forma que sobre los montes sirven para formar riachuelo las nieves heladas y el sol que las derrite. Todo sirve para abrir a éstas el camino: la humildad como el arrepentimiento; todo sirve para llevarlas al río principal. Porque el alma, impulsada por ese Camino, se complace en bajar al anonadamiento del yo, aspirando a subir de nuevo, atraída por el Sol-Dios, una vez transformada en río caudaloso, hermoso, benefactor.

Los regatos que nutren el arroyo embrional del amor de temor son, además de las virtudes, las obras que las virtudes enseñan a cumplir; las obras que, precisamente por ser regatos de amor, son de misericordia. Examinémoslas juntos. Algunas ya eran conocidas por Israel, otras os las doy a conocer Yo, porque mi ley es perfección de amor.

275.6

Dar de comer a los hambrientos.

Es deber de gratitud y amor. Deber de imitación. Los hijos se sienten agradecidos a su padre por el pan que les procura, y, cuando se hacen hombres, le imitan procurando pan a sus hijos; y también procuran con su propio trabajo el pan a su padre, ya incapacitado para el trabajo por la edad: es ésta una amorosa restitución, obligada restitución de un bien recibido. Lo dice el cuarto precepto: “Honra a tu padre y a tu madre”. También es honrar su canicie no reducirlos a mendigar el pan de otros.

Pero antes del cuarto está el primer precepto: “Ama a Dios con todo tu ser” y el segundo: “Ama a tu prójimo como a ti mismo”. Amar a Dios por sí mismo y amarle en el prójimo es perfección. Se le ama dando pan a quien tiene hambre, en recuerdo de cuantas veces Él sació el hambre del hombre con milagros.

Mas no nos fijemos sólo en el maná y las codornices, fijémonos también en el milagro continuo del trigo que germina por bondad de Dios, que ha dado la tierra capaz de ser cultivada, y que regula los vientos, lluvias, estaciones, para que la semilla se haga espiga y la espiga pan. ¿No ha sido, acaso, milagro de su misericordia el haber enseñado con luz sobrenatural al hijo culpable que esos tallitos altos y finos, terminados en granazón de semillas de oro con caliente fragancia de sol, encerradas dentro de la dura capa de escamas espinosas, eran alimento que había que recolectar, y quitarle la cáscara, molerlo, amasarlo, cocerlo? Dios ha enseñado todo esto; cómo recolectarlo, limpiarlo, molerlo, amasarlo y cocerlo. Puso las piedras junto a las espigas, puso el agua junto a las piedras; encendió, con tornasoles de agua y sol, el primer fuego sobre la tierra, y el viento trajo granos y los colocó encima del fuego, y ardieron emanando agradable fragancia, para que el hombre entendiera que mejor que cuando se saca de la espiga, como es uso de las aves, o como glutinoso amasijo de harina empapada de agua, es cuando el fuego le tuesta.

¿No pensáis, vosotros que ahora coméis el buen pan cocido en el horno familiar, en cuánta misericordia significa el hecho de haber llegado a este acabado de la cocción?, ¿cuánto camino se ha hecho recorrer al conocimiento humano desde la primera espiga masticada como hace el caballo hasta el pan actual? ¿Y quién lo ha hecho? El que da el pan. Y lo mismo para todos los otros alimentos que el hombre, por benéfica luz, ha sabido detectar entre las plantas y los animales con que el Creador ha cubierto la faz de la tierra, lugar de castigo paterno para el hijo culpable.

Dar, pues, de comer a los hambrientos es oración de gratitud al Señor y Padre que nos da de comer, y es imitar al Padre, de quien tenemos semejanza dada gratis, y que es necesario aumentar cada vez más imitando sus acciones.

275.7

Dar de beber a los sedientos.

¿Habéis pensado alguna vez que sucedería si el Padre no hiciera llover las aguas? Pues bien, si dijera: “Por vuestra dureza para con quien tiene sed, impediré a las nubes que desciendan a la tierra”, ¿podríamos protestar y maldecir? El agua, más incluso que el trigo, es de Dios; porque el trigo es cultivado por el hombre, mas sólo Dios cultiva los campos de las nubes que descienden en forma de lluvias o rocíos, de nieblas o nieves, y nutren campos y aljibes, y colman ríos y lagos, recibiendo así a los peces que, junto con otros animales, sacian al hombre. ¿Podéis, pues, responder a quien os dice: “Dame de beber”: “No. Esta agua es mía y no te la doy”? ¡Mentirosos! ¿Quién de vosotros ha hecho un solo copo de nieve o una sola gota de lluvia?, ¿quién ha evaporado un solo diamante de rocío con su calor astral? Ninguno. Es Dios quien lo hace. Y si las aguas descienden del cielo y vuelven a subir es sólo porque Dios regula esta parte de creación, como regula el resto.

Dad pues la buena agua fresca de las venas del suelo, o la pura de vuestro pozo, o la que ha llenado vuestras cisternas, a quien tiene sed. Son aguas de Dios. Y son para todos. Dadlas a quien tiene sed. Por una obra tan pequeña, que no os cuesta dinero, que no requiere más trabajo que el de acercar una taza o una jarra, os digo que seréis recompensados en el Cielo. Porque no ya el agua sino la obra de caridad es grande ante los ojos y el juicio de Dios.

275.8

Vestir a los desnudos.

Pasan por los caminos de la tierra personas necesitadas desnudas, avergonzadas, en condiciones que da pena. Son ancianos abandonados, inválidos por enfermedades o desgracias, leprosos que por la bondad del Señor regresan a la vida, viudas cargadas de hijos, personas a quienes un infortunio ha privado de todo lo que significa comodidad, o huerfanitos inocentes. Si tiendo mi mirada por la vasta tierra, por todas partes veo personas desnudas o cubiertas de andrajos que apenas si resguardan la decencia y no amparan del frío; y estas personas miran con ojos descorazonados a los ricos que pasan envueltos en esponjosas vestiduras, cubiertos sus pies con suave calzado: descorazonados con bondad, los buenos; con odio, los menos buenos. ¿Por qué no aligeráis su desaliento, y los hacéis mejores si ya son buenos o destruís el odio si son menos buenos, con vuestro amor?

No digáis: “Sólo me alcanza para mí”. Como para el pan, siempre hay algo más de lo necesario en la mesa y en los armarios de quien no es un completo desvalido. Entre los que me estáis escuchando hay más de uno que ha sabido, de un vestido que ya no se usaba por estar deteriorado, sacar un vestidito para un huérfano o para un niño pobre, y de una sábana vieja hacer pañales para un inocente que no los tenía; y hay uno que, siendo él un pordiosero, supo compartir durante años el pan mendigado trabajosamente con quien, por la lepra, no podía ir extendiendo la mano por las puertas de los ricos. Pues bien, en verdad os digo que estos misericordiosos no han de buscarse entre los poseedores de bienes, sino entre las humildes huestes de los pobres, que, por serlo, saben lo penosa que es la pobreza.

También en este caso, como para el agua y el pan, pensad que la lana y el lino con que os vestís provienen de animales y plantas creadas por el Padre no sólo para los hombres ricos, sino para todos los hombres. Porque Dios ha dado una sola riqueza al hombre, la suya, que es la riqueza de la Gracia, de la salud, de la inteligencia. No la contaminada riqueza del oro, que habéis elevado —de metal no más bonito que los demás, y mucho menos útil que el hierro, con el cual se hacen layas y arados, gradas y hoces, cinceles, martillos, sierras, cepillos para los carpinteros, las santas herramientas del santo trabajo— a metal noble; lo habéis elevado a una nobleza inútil, engañosa, por instigación de Satanás, que, de hijos de Dios, os ha reducido a seres salvajes como fieras. ¡La riqueza de lo santo os había puesto en condiciones de santificaros cada vez más! ¡No esta riqueza que tanta sangre y lágrimas hace brotar!

Dad como se os ha dado. Dad en nombre del Señor, sin temor a quedaros desnudos. Mejor sería morir de frío por haberse desnudado en favor del mendigo, que congelar el corazón, aun estando cubierto por esponjosas vestiduras, por falta de caridad. El suave calor del bien cumplido es más dulce que el de un manto de purísima lana, y la carne vestida del pobre habla a Dios y dice: “Bendice a quien nos ha cubierto”.

275.9

Si dar de comer, dar de beber, vestir, privándose uno a sí mismo para dar a los demás, une la santa templanza a la santísima caridad, y también la bienaventurada justicia, por la cual se modifica con santidad la suerte de los hermanos infelices, dando de lo que no sin el permiso de Dios abundantemente tenemos, en pro de quien, o por la maldad de los hombres o por enfermedad, carece de ello, hospedar a los peregrinos une la caridad a la confianza y al recto pensamiento sobre el prójimo. Sabed que éstas son también virtudes. Virtudes que denotan, en quien las posee, además de caridad, honestidad. Porque el que es honesto obra bien, y, dado que se piensa que los demás actúan como habitualmente actuamos, sucede que la confianza, la sencillez, que creen que las palabras de los demás son verdaderas, denotan que el que escucha estas palabras dice la verdad en las cosas grandes y pequeñas, por lo que no desconfía de lo que los demás manifiestan.

¿Por qué pensar, frente al peregrino que os pide hospedaje: “¿Y si luego es un ladrón o un homicida?”? ¿Tanta estima tenéis de vuestras riquezas, que os echáis a temblar por ellas ante cada extraño que llega? ¿Tanta estima tenéis de vuestra vida, que os acurrucáis de horror al pensar que os podáis quedar sin ella? ¿Acaso creéis que Dios no puede defenderos de los ladrones? ¿Acaso teméis que en el viandante se cele un ladrón y no tenéis miedo del tenebroso huésped que os despoja de aquello que es insustituible? ¡Cuántos hospedan en su corazón al demonio! Podría decir: Todos alojan el pecado capital, y ninguno tiembla por ello. ¿Entonces sólo es precioso el bien de la riqueza y la existencia? ¿No será más valiosa la eternidad, que os dejáis arrebatar y matar por el pecado? ¡Pobres almas, pobres almas despojadas de su tesoro, entregadas a las manos de los asesinos —así, sin más, como si tuviera poca importancia—, mientras que se abaluartan las casas, se meten cerrojos, perros, cajas de seguridad, para defender las cosas que no nos llevamos a la otra vida!

¿Por qué querer ver en cada peregrino un ladrón? Somos hermanos. La casa se abre para los hermanos que van de paso. ¿No es de nuestra misma sangre el peregrino? ¡Sí! Es sangre de Adán y Eva! ¿No es nuestro hermano? ¡Claro que sí! El Padre es uno sólo: Dios, que nos ha dado un alma igual, de la misma forma que a los hijos de un mismo lecho un solo padre da una misma sangre. ¿Es pobre? Haced que vuestro espíritu, privado de la amistad del Señor, no sea más pobre que él. ¿Lleva un vestido roto? Haced que no esté más rota vuestra alma por el pecado. ¿Su pie está lleno de barro o polvoriento? Haced que vuestro yo no esté más deteriorado por los vicios, que sucias sus sandalias por tanto camino hecho, rotas por haber andado mucho. ¿Su aspecto es desagradable? Haced que no lo sea más el vuestro ante los ojos de Dios. ¿Habla una lengua extranjera? Haced que el lenguaje de vuestro corazón no sea incomprensible en la ciudad de Dios.

Ved en el peregrino a un hermano. Todos somos peregrinos en camino hacia el Cielo, todos llamamos a las puertas que hay a lo largo del camino que va al Cielo; las puertas son los patriarcas y los justos, los ángeles y los arcángeles, a los cuales nos encomendamos para recibir ayuda y protección y así llegar a la meta sin caer exhaustos en la obscuridad de la noche, en medio de la crudeza del hielo, víctimas de las asechanzas de los lobos y chacales de las malas pasiones, y de los demonios. De la misma forma que queremos que los ángeles y los santos nos abran su amor para recibirnos e infundirnos nuevo aliento para proseguir el camino, hagamos lo mismo nosotros con los peregrinos de la tierra. Por cada vez que abramos la casa y los brazos, saludando con el dulce nombre de hermano a un desconocido, pensando en Dios que le conoce, os digo que habrán quedado recorridas muchas millas del camino que va al Cielo.

275.10

Visitar a los enfermos.

¡Oh, verdaderamente todos los hombres, de la misma forma que son peregrinos, están enfermos! ¡Verdaderamente las enfermedades más graves son las del espíritu; las invisibles y mayormente letales! Y, a pesar de ello, de éstas no se siente asco; no repugna la llaga moral, no produce náuseas el hedor del vicio, no da miedo la locura demoniaca, no horroriza la gangrena de un leproso del espíritu, no pone en fuga el sepulcro lleno de podredumbre de un hombre de corazón corrompido y putrefacto, no implica anatema acercarse a una de estas impurezas vivientes. ¡Oh, cuán pobre y pequeño es el pensamiento del hombre!

Decidme: ¿qué vale más, la carne y la sangre o el espíritu?, ¿puede lo material corromper, por proximidad, a lo incorpóreo? No, os digo que no. El espíritu tiene infinito valor respecto a la carne y la sangre; esto sí. Pero, que tenga más poder la carne que el espíritu, no. Y el espíritu puede ser corrompido por cosas espirituales, no por cosas materiales. No porque uno cuide a un leproso queda contaminado de lepra en su espíritu; antes al contrario, por la caridad ejercitada hasta el punto de aislarse en valles de muerte por piedad hacia el hermano, cae de él toda mancha de pecado. Porque la caridad es absolución del pecado y la primera de las purificaciones.

Que vuestro pensamiento inicial sea siempre: “¿Qué querría que hicieran conmigo, si estuviera como éste?”. Y obrad como quisierais que se obrase con vosotros.

Ahora todavía Israel tiene sus antiguas leyes. Mas llegará un día, cuya aurora no está muy lejana, en que se venerará como símbolo de absoluta belleza la imagen de Uno en quien quedará reproducido materialmente el Varón de dolores de Isaías y el Torturado del salmo davídico; Aquel que, por haberse hecho semejante a un leproso, vendrá a ser el Redentor del género humano; a sus llagas acudirán —como los ciervos a los manantiales— todos los sedientos, los enfermos, los exhaustos, los que sobre la faz de la tierra lloran, y Él calmará su sed, los curará, los reanimará, consolará su espíritu y su carne; será aspiración de los mejores hacerse como Él, cubiertos de llagas, exangües, maltratados, coronados de espinas, crucificados, por amor de los hombres necesitados de redención, continuando la obra del Rey de los reyes y Redentor del mundo. Vosotros, que todavía sois Israel, pero que ya estáis echando las alas para volar al Reino de los Cielos, tened desde ahora esta concepción y valoración nueva de las enfermedades, y, bendiciendo a Dios que os mantiene sanos, avecinaos a los que sufren y mueren.

Un apóstol mío dijo un día a su hermano: “No temas tocar a los leprosos. No se nos pega ninguna enfermedad por voluntad de Dios”. Bien dijo. Dios tutela a sus siervos. Pero, en el caso de que fuerais contagiados cuidando a los enfermos, cual mártires del amor seréis introducidos en la otra vida.

275.11

Visitar a los presos.

¿Creéis que en las cárceles están sólo los delincuentes? La justicia humana tiene un ojo ciego y el otro alterado por perturbaciones visuales, y es así que ve camellos donde hay nubes o confunde una serpiente con una rama florecida. Juzga mal. Y peor todavía porque es frecuente que el que la dirige cree nubes de humo para que la justicia vea peor aún. Pero, aunque todos los presos fueran ladrones y homicidas, no es justo que nosotros nos hagamos ladrones y homicidas quitándoles la esperanza del perdón con nuestro desprecio.

¡Pobres presos! Sintiéndose bajo el peso de su delito, no se atreven a alzar los ojos a Dios. En verdad, cargan sus cadenas más el espíritu que los pies. Pero, ¡ay si desesperan de Dios!: unen entonces a su delito hacia el prójimo el de la desesperación de obtener perdón. La cárcel, como la muerte en el patíbulo, es expiación. Pero no basta con pagar la parte debida a la sociedad humana por el delito cometido; hay que pagar también, y principalmente, la parte debida a Dios, para expiar, para obtener la vida eterna. Y el que es rebelde y está desesperado sólo expía respecto a la sociedad. Al condenado o al prisionero vaya el amor de los hermanos. Será una luz entre las tinieblas. Será una voz. Será una mano que señala hacia lo alto, mientras la voz dice: “Que mi amor te exprese que también Dios te ama, Él, que me ha puesto en el corazón este amor hacia ti, hermano desventurado”, y la luz permite vislumbrar a Dios, Padre compasivo.

Con mayor razón aún, vaya vuestra caridad para consuelo de los mártires de la injusticia humana, de los que no son culpables de ninguna manera, o de aquellos que han sido conducidos a matar por una fuerza cruel. No añadáis vuestro juicio donde ya se ha juzgado. No sabéis la razón de por qué un hombre pudo matar. No sabéis tampoco que muchas veces el que mata no es sino un muerto, un autómata carente de razón porque un incruento asesino se la ha quitado con la mezquindad de una cruel traición. Dios sabe las cosas. Basta. En la otra vida se verán muchos de las cárceles, muchos que mataron y robaron, en el Cielo, y se verán muchos, que parecieron sufrir robo y muerte homicida, en el Infierno, porque, en realidad, los verdaderos ladrones de la paz, honradez, confianza ajenas, los verdaderos asesinos de un corazón, fueron ellos: las pseudo-víctimas: víctimas sólo en cuanto que recibieron en el extremo momento el golpe, pero después de que durante años, en el silencio, lo habían descargado ellos. El homicidio y el hurto son pecados. Pero, entre quien mata y roba arrastrado por otros a estas acciones y luego se arrepiente, y quien induce a otros al pecado y no se arrepiente de ello, recibirá mayor castigo el que induce al pecado sin sentir remordimiento.

Por tanto, no juzgando nunca, sed compasivos con los presos. Pensad siempre que, si fueran castigados todos los homicidios y robos del hombre, pocos hombres y mujeres no morirían en las cárceles o en los patíbulos.

¿Esas madres que conciben y luego no quieren traer a la luz el propio fruto, cómo habrán de llamarse? ¡No hagamos juegos de palabras! Digámosles sinceramente su nombre: “Asesinas”. ¿Los hombres que roban reputaciones y puestos, cómo los llamaremos? Pues sencillamente como lo que son: “Ladrones”. ¿Esos hombres y mujeres que, por ser adúlteros o por ser atormentadores familiares para con los suyos, impulsan a éstos al homicidio o al suicidio —y lo mismo los grandes de la tierra que llevan a la desesperación a sus subordinados, y con la desesperación a la violencia—, qué nombre tienen? Éste: “Homicidas”. ¿Y entonces? ¿No huye ninguno? Ya veis que se vive sin darle mayor importancia a la cosa en medio de estos presidiarios escapados a la justicia, que llenan las casas y las ciudades, que nos pasan rozando por las calles y duermen en las posadas con nosotros y con nosotros comparten la mesa. ¿Y quién está libre de pecado?

Si el dedo de Dios escribiera en la pared de la sala en que celebran su festín los pensamientos de los hombres —en la frente— las acusadoras palabras de lo que fuisteis, sois o seréis, pocas frentes llevarían escrita, con letras de luz, la palabra “inocente”. Las otras frentes, con letras verdes como la envidia, o negras como la traición, o rojas como el delito, llevarían las palabras “adúlteros”, “asesinas”, “ladrones”, “homicidas”.

Sed pues, sin soberbia, misericordiosos para con los hermanos menos afortunados, humanamente, que están en las cárceles expiando lo que vosotros no expiáis por la misma culpa: saldrá beneficiada vuestra humildad.

275.12

Enterrar a los muertos.

La contemplación de la muerte es escuela de la vida. Quisiera poder conduciros a todos ante la muerte y decir: “Sabed vivir como los santos para sufrir sólo esta muerte: pasajera separación del cuerpo del espíritu, para luego resucitar en triunfo eternamente, reintegrados, dichosos”.

Todos nacemos desnudos. Todos morimos y venimos a ser restos destinados a corromperse. Reyes o pordioseros, así se nace, así se muere. Y aunque el fasto del rey permita una más duradera conservación del cadáver, sigue siendo la desintegración el destino de la carne muerta. Las mismas momias, ¿qué son? ¿Carne? No. Materia fosilizada por las resinas, lignificada. No será víctima de los gusanos, por haber sido vaciada y quemada por los extractos, mas sí de la carcoma, como una madera vieja.

Pero el polvo se convierte de nuevo en polvo, porque así lo ha dicho Dios. Y a pesar de todo, por el solo hecho de que este polvo haya envuelto al espíritu y por éste haya sido vivificado, hay que pensar que, cual cosa que ha tocado una gloria de Dios —tal es el alma del hombre—, hay que pensar que es polvo santificado de forma no distinta de los objetos que han estado en contacto con el Tabernáculo. Al menos hubo un momento en que el alma fue perfecta: mientras el Creador la creaba. Si después la Mancha la desfiguró, quitándole perfección, no obstante, por el solo hecho de su Origen ya comunica belleza a la materia, y por esa belleza que viene de Dios el cuerpo se embellece y merece respeto. Somos templos y, como tales, merecemos honor, de la misma forma que siempre reciben honor los lugares en que estuvo el Tabernáculo.

Dad, pues, a los muertos la caridad de un descanso venerado en espera de la resurrección, viendo en la admirable armonía del cuerpo humano la mente divina que lo ideó y el divino pulgar que lo modeló con perfección, y venerando incluso en el cadáver la obra del Señor.

275.13

Pero el hombre no es solamente carne y sangre. Es también alma y pensamiento. También éstos sufren y deben ser socorridos misericordiosamente.

Hay ignorantes que hacen el mal sólo porque no conocen el bien. ¡Cuántos, que no saben, o saben mal, las cosas de Dios y las leyes morales! Cual hambrientos flaquean porque nadie les da de comer, caen en el marasmo por falta de verdades que los nutran. Id e instruidlos, pues para esto os reúno y envío. Dad el pan del espíritu para el hambre de los espíritus.

Instruir a los que no saben corresponde, en lo espiritual, a dar de comer a los hambrientos; y, si ofrecer un pan al cuerpo que flaquea, de forma que ese día no muera, será premiado, ¿qué premio recibirá aquel que dé de comer a un espíritu hambriento de verdades eternas y le dé así eterna vida? No seáis avaros de lo que sabéis. Os ha sido dado gratis y sin medida. Dadlo sin avaricia, porque es cosa de Dios como el agua del cielo y ha de darse como se nos da a nosotros. No seáis avaros, y tampoco soberbios, de lo que sabéis. Antes bien, dad con humilde generosidad.

275.14

Y dad el alivio límpido y benéfico de la oración a los vivos y a los muertos que tienen sed de gracias. No se debe negar el agua a las gargantas sedientas. ¿Y qué se deberá dar a los corazones de los vivos angustiados; qué, a los espíritus en pena de los muertos? Oraciones, oraciones activas, de amor y espíritu de sacrificio; por tanto, fecundas.

La oración debe ser verdadera, no mecánica como sonido de rueda en el camino. ¿Qué hace avanzar al carro, el sonido o la rueda? La rueda, que se consume para hacerle avanzar. Lo mismo para la oración vocal y mecánica y la oración activa. La primera es sonido, nada más; la segunda es obra en que se desgastan las fuerzas y crece el sufrimiento: pero se obtiene la finalidad. Orad más con el sacrificio que con los labios, y proporcionaréis alivio a los vivos y a los muertos, haciendo la segunda obra de misericordia espiritual. Las oraciones de los que saben orar salvarán más al mundo que las fragorosas, inútiles, mortíferas batallas.

275.15

Hay muchas personas con saber en el mundo, pero que no saben creer con firmeza. Titubean, titubean, como aferrados por dos sogas opuestas, y no caminan ni un solo paso; se cansan las fuerzas y no se logra nada. Son los vacilantes. Son los de los “pero”, los de los “si”, los de los “¿y luego?”; los de las preguntas: “¿Será así?”, “¿Y si no fuera así?”, “¿Voy a poder?”, “¿Y si no lo logro?”, etc. Son esos convólvulos que si no encuentran dónde agarrarse no suben; y, aunque lo encuentren, se bambolean para un lado o para otro, y no sólo hay que procurarles el soporte, sino que hay que colocarlos en él a cada cambio de la jornada. ¡Verdaderamente hacen practicar la paciencia y la caridad más que un párvulo retrasado!

¡Pero, en nombre del Señor, no los abandonéis! Dad toda la fe luminosa, la fortaleza ardiente, a estos prisioneros de sí mismos, de su enfermedad neblinosa. Guiadlos hacia el sol y hacia lo alto. Sed maestros y padres para con estas personas inseguras. Sin cansancios ni impaciencias. ¿Que le hacen caérsele el alma a los pies a uno? Muy bien. También vosotros muchas veces me la hacéis caer a mí, y más todavía al Padre que está en el Cielo, que debe pensar muchas veces que parece inútil el que la Palabra se haya hecho Carne, ya que el hombre, aun oyendo hablar ahora al Verbo de Dios, sigue dudando. ¡No querréis ya presumir de estar por encima de Dios y de mí!

Abrid, pues, las cárceles a estos prisioneros de los “pero” y de los “si”. Romped las cadenas de los “¿voy a poder?”, “¿si no lo logro?”. Persuadidlos de que basta con hacer lo mejor posible todo; Dios está contento así. Y, si los veis deslizarse y caer de su soporte, no paséis de largo; levantadlos otra vez; como hacen las madres, que no siguen su camino si su pequeñuelo se cae, sino que se paran, le levantan, le limpian, le consuelan, le sujetan, hasta que se le pasa el miedo de caerse otra vez; y esto lo hacen durante meses y años si el niño es débil de piernas.

275.16

Vestid a los desnudos del espíritu perdonando a quien os ofende.

La ofensa es anticaridad. La anticaridad desnuda de Dios. Por tanto, quien ofende se queda desnudo, y sólo el perdón del ofendido devuelve los vestidos a la desnudez, porque los lleva de nuevo Dios. Dios espera a que el ofendido haya perdonado para perdonar. Perdonar tanto al que ha sido ofendido por el hombre como al ofensor del hombre y de Dios. Porque, ¡digámoslo claramente!, ninguno está libre de ofensas a su Señor. Pero Dios nos concede el perdón si nosotros se lo concedemos al prójimo, y se lo concede a este prójimo si el ofendido por éste perdona. Seréis tratados de la misma forma como os comportéis con los demás.

Perdonad, pues, si queréis perdón, y exultaréis en el Cielo por la caridad que habéis dado, como por un manto de estrellas colocado sobre vuestros santos hombros.

275.17

Sed misericordiosos con los que lloran. Son los heridos de esta vida, los enfermos del corazón, de los sentimientos de su corazón.

No os cerréis dentro de vuestra serenidad como en una fortaleza. Sabed llorar con el que llora, consolar al afligido, llenar el vacío de quien ha quedado privado, por la muerte, de un familiar; sed padres para los huérfanos, hijos para los padres, hermanos recíprocamente los unos de los otros.

Amad. ¿Por qué amar solamente a los que son felices? Ellos tienen ya su parte de sol. Amad a los que lloran. Para el mundo, son los que menos suscitan amor. Pero el mundo no conoce el valor de las lágrimas. Vosotros lo conocéis. Amad, pues, a los que lloran. Amadlos si lloran con resignación; amadlos más todavía si sufren con rebeldía: no los reprendáis, sino sed dulces con ellos para persuadirlos de la verdad del dolor y de la verdad sobre el dolor. Pueden, tras el velo del llanto, ver deformado el rostro de Dios, reducido a una expresión de un excesivo, vindicativo poder. No. ¡No os escandalicéis! No es sino alucinación producida por la fiebre del dolor. Socorredlos para que la fiebre desaparezca. Sea vuestra fresca fe hielo que ofrecéis al que delira.

Y, cuando desaparezca la fiebre aguda, para dejar paso a la postración y al atontamiento extrañado del que sale de un trauma, entonces, como a niños cuya formación ha sido retardada por una enfermedad, reanudad vuestras palabras sobre Dios, como si se tratara de algo nuevo, hablando dulcemente, pacientemente… ¡Ah, una bonita fábula con intención de distraer a ese eterno niño que es el hombre! Luego callad. No impongáis… El alma trabaja por sí sola: “¿Entonces no era Dios?”, decid: “No. Él no quería hacerte daño, porque te quiere; incluso por aquellos que ya no te quieren, o por haber muerto o por otros motivos”. Y cuando el alma dice: “Pero le he acusado”, decid: “Lo ha olvidado porque era fiebre”. Y cuando dice: “Entonces… le anhelo”, decid: “¡Está ahí!, a la puerta de tu corazón, esperando a que le abras”.

275.18

Soportad a las personas pesadas. Entran en la pequeña casa de nuestro yo y crean molestias, de la misma forma que los peregrinos respecto a la casa en que vivimos. Pues bien, de la misma forma que os he dicho que acojáis a éstos, os digo también que acojáis a aquéllos.

¿Os resultan pesadas? Vosotros no las amáis, debido a la molestia que os causan; sin embargo, ellas, mejor o peor, os aman. Acogedlas por este amor. Y aunque vinieran indagando, odiando, insultando, ejercitad la paciencia y la caridad. Podéis mejorar a estas personas con vuestra paciencia, podéis escandalizarlas con vuestra anticaridad. Os debe doler el que pequen, por ellas; pero más os debe doler el hacerles pecar, y pecar vosotros mismos. Recibidlas en nombre mío, si no podéis recibirlas por amor vuestro. Dios os recompensará yendo Él mismo, después, a devolveros la visita, y a borrar, con sus sobrenaturales caricias, el desagradable recuerdo.

275.19

En fin, haced por sepultar a los pecadores para preparar su retorno a la Vida de la Gracia.

¿Sabéis cuándo hacéis esto? Cuando los amonestáis con paterna, paciente, amorosa insistencia. Es como si fuerais enterrando poco a poco las fealdades del cuerpo, antes de deponer éste en el sepulcro en espera de la orden de Dios: “Levántate y ven a mí”.

¿No purificamos, nosotros hebreos, a los muertos por respeto al cuerpo que habrá de resucitar? Reprender a los pecadores es como purificar sus miembros, que es la primera operación de la sepultura. La Gracia del Señor hará el resto. Purificadlos con caridad, lágrimas y sacrificios. Sed heroicos para arrebatar a un espíritu de la corrupción. ¡Sed heroicos!

No quedará sin premio, porque, si se premia el ofrecimiento de un vaso de agua a un sediento del cuerpo, ¿qué habrá de recibir el que aleje de la sed infernal a un espíritu?

He dicho. Éstas son las obras de misericordia del cuerpo y del espíritu, que aumentan el amor. Id y ponedlo en práctica. Y que la paz de Dios y mía sea con vosotros ahora y siempre».


Notes

  1. donné de la nourriture : épisode relaté en 175.4/5.