310.1
La matinée est bien avancée quand Pierre arrive, seul et sans être attendu, à la maison de Nazareth. Il est chargé comme un baudet de paniers et de sacs, mais il est si heureux qu’il ne sent pas le poids et la fatigue.
A Marie, qui va lui ouvrir, il adresse un sourire rayonnant et une salutation à la fois joyeuse et respectueuse. Puis il demande :
« Où sont le Maître et Marziam ?
– Ils sont sur le talus, au-dessus de la grotte, mais du côté de la maison d’Alphée. Je crois que Marziam cueille des olives et Jésus médite certainement. Je vais les appeler.
– Je m’en charge moi-même.
– Débarrasse-toi au moins de tous ces colis.
– Non, non. Ce sont des surprises pour l’enfant. J’aime le voir écarquiller les yeux et fouiller avec impatience… Ce sont les joies de mon pauvre enfant. »
Il sort dans le jardin, passe au-dessous du talus, se cache bien à l’intérieur de la grotte et il crie en changeant un peu sa voix : « Paix à toi, Maître » et puis d’une voix naturelle : « Marziam !… »
La voix fluette de Marziam qui remplissait d’exclamations l’air tranquille, se tait… Une pause, puis la petite voix semblable à celle d’une fillette demande :
« Maître, n’est-ce pas mon père qui m’a appelé ? »
Jésus devait être tellement plongé dans ses pensées qu’il n’a rien entendu, et il le reconnaît simplement.
Pierre appelle de nouveau : « Marziam ! », puis il pousse un grand éclat de rire.
« Oh ! C’est bien lui ! Père ! Mon père ! Où es-tu ? »
Il se penche pour regarder dans le jardin, mais ne voit rien… Jésus aussi s’avance et regarde… Il voit Marie qui sourit sur le pas de la porte, et Jean et Syntica qui l’imitent de la pièce au fond du jardin, près du four.
Mais Marziam se décide : il se jette du haut du talus tout près de la grotte, et Pierre l’attrape rapidement avant qu’il ne touche le sol. Leur effusion est émouvante. Jésus, Marie et les deux disciples qui sont au fond du jardin les observent en souriant, puis s’approchent du petit groupe affectueux.