Los Escritos de Maria Valtorta

332. Les états d’âme de Barthélemy qui, avec Philippe, rejoint le Maître.

332. La sufrida separación de Bartolomé,

332.1

Jésus et les six apôtres sont réunis dans une pièce où il y a des lits très misérables, entassés les uns près des autres. L’espace qui reste libre suffit à peine pour aller d’un bout à l’autre de la pièce. Ils prennent un repas plus que frugal, assis sur les lits, car il n’y a ni table ni sièges. A un certain moment, Jean va s’asseoir sur le rebord de la fenêtre, à la recherche du soleil. C’est ainsi qu’il est le premier à voir ceux que l’on attend : Pierre, Simon, Philippe et Barthélemy qui se dirigent vers la maison. Il les hèle et sort en courant, suivi de tous. Il ne reste que Jésus qui, pour tout mouvement, se lève et se tourne pour regarder du côté de la porte…

Ceux qui viennent d’arriver entrent, et il est facile d’imaginer l’exubérance de Pierre, tout comme il est facile de se représenter la révérence profonde de Simon le Zélote. Ce qui surprend, c’est l’attitude de Philippe et surtout de Barthélemy. Ils entrent, je dirais comme craintifs, angoissés, et bien que Jésus leur ouvre les bras pour échanger avec eux le baiser de paix qu’il a déjà donné à Pierre et à Simon, eux tombent à genoux et se penchent, le front jusqu’au sol, en baisant les pieds de Jésus et ils restent ainsi… et les soupirs étouffés de Barthélemy montrent qu’il pleure silencieusement sur les pieds de Jésus.

« Pourquoi ce chagrin, Barthélemy ? Tu ne viens pas dans les bras du Maître ? Et toi, Philippe, pourquoi es-tu si tendu ? Si je ne savais pas que vous êtes deux hommes honnêtes dont le cœur ne saurait héberger de malice, je devrais soupçonner que vous êtes coupables. Mais ce n’est pas le cas. Levez-vous donc ! Il y a si longtemps que je désire vous embrasser et voir le regard limpide de vos yeux fidèles…

– Nous aussi, Seigneur… » dit Barthélemy en levant son visage sur lequel brillent des larmes. « Nous n’avons désiré que toi, et nous nous sommes demandé ce en quoi nous pouvions t’avoir déplu pour mériter de rester si longtemps séparés. Cela nous paraissait injuste… Mais maintenant, nous savons… Oh ! Pardon, Seigneur ! Nous te demandons de nous pardonner. Moi surtout, parce que Philippe a été séparé de toi à cause de moi. Et à lui, je l’ai déjà demandé. C’est moi le seul coupable, moi, le vieux juif si dur à se renouveler, qui t’ai fait de la peine… »

Jésus se penche et le relève de force, et de même pour Philippe, puis il les étreint ensemble en disant :

« Mais de quoi t’accuses-tu ? Tu n’as pas fait de mal. Aucun mal ! Et Philippe non plus. Vous êtes mes chers apôtres, et aujourd’hui je suis heureux de vous avoir avec moi, réunis pour toujours…

– Non, non…

332.2

Pendant longtemps nous avons ignoré le motif pour lequel tu t’es justement méfié de nous, au point de nous exclure de ta famille apostolique. Mais maintenant nous le savons… et nous te demandons pardon, mille fois pardon, moi surtout, Jésus, mon Maître… »

Et Barthélemy le regarde avec anxiété, avec amour, avec compassion. Agé comme il l’est, il semble être un père qui contemple son fils affligé, qui en découvre le visage émacié par une peine qu’il n’avait pas remarquée et dont tout d’abord il n’avait pas vu l’amaigrissement, le vieillissement… Et de nouvelles larmes coulent sur les joues de Barthélemy. Il s’écrie :

« Mais que t’ont-ils fait ? Que nous ont-ils fait pour nous faire tous souffrir ainsi ? On dirait qu’un esprit mauvais est entré parmi nous, pour nous troubler, nous rendre tristes, affaiblis, apathiques, stupides… Stupides au point de ne pas comprendre que tu souffrais… Au contraire, au point d’accroître tes souffrances par nos mesquineries, notre inconscience, nos respects humains, notre vieille humanité… Oui, le vieil homme a toujours triomphé en nous, sans que ta vitalité parfaite ait jamais pu nous renouveler. C’est cela, cela qui ne me laisse pas en paix ! Avec tout mon amour, je n’ai pas su me renouveler et te comprendre, te suivre… Ce n’est que matériellement que je t’ai suivi… Mais toi, tu voulais que nous te suivions spirituellement… et que nous te comprenions dans ta perfection… pour devenir capables de te perpétuer… Oh, mon Maître ! Mon Maître qui t’en iras un jour, après tant de luttes, d’embûches, de dégoûts, de douleurs, et avec la douleur de nous savoir encore insuffisamment préparés !… »

Barthélemy incline sa tête sur l’épaule de Jésus, et il pleure, vraiment désespéré, brisé par la conscience d’avoir été un disciple sans intelligence.

« Ne te laisse pas abattre, Nathanaël. Tu vois tout avec un grossissement qui te surprend. Mais ton Jésus savait que vous étiez des hommes… et il n’exige rien de plus que ce que vous pouvez donner. Ah ! Vous me donnerez tout, vraiment tout. Mais maintenant vous devez grandir, vous former… Et c’est un travail lent. Mais je sais attendre, et je me réjouis de votre croissance car vous grandissez continuellement dans ma vie. Même ton chagrin, même la concorde de ceux qui étaient avec moi, même la pitié qui succède à des duretés qui étaient votre nature, à des égoïsmes, à des cupidités spirituelles, même votre gravité actuelle, tout en vous est phase de progression en moi. Allons ! Reste en paix puisque je sais tout. Je connais ton honnêteté, ta bonne foi, ta générosité, ton amour sincère. Pourrais-je douter de mon sage Barthélemy et de Philippe, si bien équilibré et fidèle ? Ce serait faire tort à mon Père qui m’a accordé de vous compter parmi mes plus chers amis.

332.3

Mais maintenant… Allons, asseyons-nous ici, et que ceux qui se sont déjà reposés s’occupent de nos frères fatigués et affamés en leur procurant nourriture et repos. Et pendant ce temps, racontez à votre Maître et à vos frères ce qu’ils ignorent. »

Sur ce, il s’assied sur son lit avec Philippe et Nathanaël à ses côtés, tandis que Pierre et Simon prennent place sur le lit voisin, en face de Jésus, genoux contre genoux.

« A toi de prendre la parole, Philippe. Moi, j’ai déjà parlé. Et tu as été plus juste que moi pendant ce temps…

– Oh, Barthélemy ! Juste ! J’avais seulement compris que ce n’était pas malveillance ou inconstance du Maître de n’avoir pas voulu de nous… Et j’essayais de te tranquilliser ainsi… en t’empêchant de songer à des choses qui t’auraient donné plus tard la douleur et le remords d’avoir eu ces pensées, et… Moi, j’avais un seul remords… De t’avoir retenu de désobéir au Maître quand tu voulais suivre Pierre qui allait à Nazareth chercher Marziam… Après… je t’ai vu tant souffrir dans ton corps et dans ton âme, que je me disais : “ Il aurait mieux valu que je le laisse faire ! Le Maître lui aurait pardonné sa désobéissance et Barthélemy n’aurait plus eu l’âme empoisonnée par de telles idées ”… Mais tu le vois ! Si tu étais parti, tu n’aurais jamais eu la clef du mystère… et peut-être le soupçon que tu avais sur l’inconstance du Maître n’aurait jamais été levé. Ainsi, au contraire…

– Oui. Ainsi, au contraire, j’ai compris.

332.4

Maître, Simon-Pierre et Simon le Zélote, que j’ai assaillis de questions, pour savoir beaucoup de choses et avoir la confirmation d’autres que je savais déjà, m’ont seulement répondu : “ Le Maître a énormément souffert, à tel point qu’il est amaigri et vieilli. Israël tout entier, et nous les premiers, en portons la responsabilité. Lui, il nous aime et nous pardonne. Mais il souhaite ne pas parler du passé. C’est pourquoi nous vous conseillons de ne pas le questionner et de ne pas parler… ” Mais je veux parler. Pour ce qui est de te questionner, je ne le ferai pas, mais je dois parler pour que tu saches. Car rien ne doit t’être caché de ce qu’il y a dans l’âme de ton apôtre. Un jour – Simon et les autres étaient partis depuis quelques jours –, Mickael de Cana est venu chez moi. Il m’est un peu apparenté, et c’est un très bon ami et un compagnon d’études depuis l’enfance… Lui, j’en suis certain, est venu de bonne foi, par affection pour moi. Mais celui qui l’a envoyé n’est pas de bonne foi. Il voulait savoir pourquoi j’étais resté à la maison… alors que les autres étaient partis. Et il m’a dit :

“ Alors c’est vrai ? Tu t’es séparé parce que, en bon juif, tu ne peux approuver certaines choses. Et c’est volontiers que les autres te laissent de côté, à commencer par Jésus de Nazareth, parce qu’ils sont certains que tu ne les aiderais pas, même en devenant un complice silencieux. Tu fais bien ! Je reconnais en toi l’homme d’autrefois. Je croyais que tu t’étais corrompu et que tu reniais Israël. Tu fais bien pour ton âme comme pour ton bien-être et celui des tiens. Car ce qui arrive ne sera pas pardonné par le Sanhédrin et on persécutera ceux qui y ont pris part. ”

Moi, je lui ai répondu : “ Mais de quoi parles-tu ? Je t’ai dit que j’avais reçu l’ordre de rester à la maison à cause de la saison et pour diriger vers Nazareth les éventuels pèlerins, ou pour leur dire d’attendre le Maître vers la fin du mois de Shebat[1] à Capharnaüm et toi, tu me parles de séparations, de complicité, de persécutions ? Explique-toi !…” C’est bien ce que j’ai répondu, Philippe, n’est-ce pas ? »

Philippe confirme.

« Alors, reprend Barthélemy, Mickael m’a dit qu’il était notoire que tu t’étais révolté contre le conseil et le commandement des membres du Sanhédrin, en gardant avec toi Jean d’En-Dor et une Grecque… Seigneur, je te fais de la peine, n’est-ce pas ? Pourtant, il me faut parler. Je te demande : est-ce vrai qu’ils étaient à Nazareth ?

– Oui. C’est vrai.

– Est-il vrai qu’ils sont partis avec toi ?

– Oui. C’est vrai.

– Philippe : Mickael avait raison ! Mais comment pouvait-il le savoir ?

– Voyez-vous ça ! Ce sont ces serpents qui nous ont arrêtés, Simon et moi, et qui sait combien d’autres… Ce sont les vipères habituelles » dit Pierre avec véhémence.

Jésus, en revanche, demande paisiblement :

« Il ne t’a rien dit d’autre ? Sois vraiment sincère avec ton Maître.

– Rien d’autre. Il voulait apprendre de moi… Et moi, j’ai menti à Mickael. Je lui ai dit : “ Je reste à la maison jusqu’à la Pâque. ” Par peur qu’il me suive, que… je ne sais pas… Par peur de te faire du mal… Alors j’ai compris aussi pourquoi tu m’as quitté… Tu avais senti que j’étais encore trop Israël… »

Barthélemy se remet à pleurer… et conclut :

« …et tu as douté de moi…

– Non. Ce n’est pas cela ! Absolument pas. Tu n’étais pas nécessaire à ce moment-là auprès de tes compagnons, alors que tu l’étais, comme tu le vois, à Bethsaïde. A chacun sa mission, et à chaque âge ses fatigues…

– Non, non ! Ne me mets plus de côté pour aucune fatigue, Seigneur. Ne tiens compte de rien… Tu es bon, mais je veux rester avec toi. C’est une punition d’être loin de toi… Et moi qui suis sot et bon à rien, j’aurais pu au moins te consoler, à défaut d’autre chose. J’ai compris… Tu as envoyés mes compagnons avec les deux disciples. Ne me le confirme pas. Je ne veux pas le savoir. Mais je me rends compte que c’est le cas, et je le dis moi-même. Eh bien, alors j’aurais pu et dû rester avec toi. Mais tu ne m’as pas pris pour me punir d’être si incapable de devenir “ nouveau ”. Mais, je te jure, Maître, que ce que j’ai souffert m’a renouvelé, et que jamais plus tu ne reverras le vieux Nathanaël.

– Tu vois donc que, pour tous, la souffrance s’est changée en bienfait.

332.5

Et maintenant nous irons, sans nous presser, à la rencontre de Thomas et de Judas, sans attendre qu’ils arrivent au lieu qui était prévu. Puis, avec eux, nous marcherons encore… Il y a tant à faire !… Nous nous mettrons en route demain, de bonne heure.

– Et tu feras bien : le temps va changer au nord. C’est mauvais pour les cultures, dit Philippe.

– Oui ! Les dernières grêles ont dévasté la campagne par bandes. Si tu voyais ça, Seigneur ! On dirait que le feu est passé à certains endroits. Et le plus curieux, c’est que cette catastrophe est survenue comme je l’ai dit : par bandes, dit Pierre.

– Pendant votre absence, il a beaucoup grêlé. Un jour, au milieu de la lune de Tébet, on aurait dit un vrai fléau. Il paraît que, dans la plaine, on doit recommencer les semailles. Il faisait plus chaud avant mais, depuis, on recherche le soleil avec plaisir. On revient en arrière… Quels signes étranges ! Qu’est-ce que ça peut être ? demande Philippe.

– Rien de plus que des effets de lunaisons. Ne t’en soucie pas. Il ne faut pas se laisser impressionner par ce genre de choses. D’ailleurs, nous allons nous diriger vers la plaine et il fera bon marcher. Du temps froid, mais pas tellement, et en revanche sec. Venez, en attendant. Il y a un beau soleil sur la terrasse. Nous allons nous reposer là-haut, tous ensemble… »

332.1

Jesús está reunido con los seis en una habitación donde hay yacijas muy míseras, arrimadas unas a otras. El espacio que queda libre apenas si consiente andar de un lado a otro de la estancia. Comen su más que humilde comida sentados encima de los lechos, porque no hay ni mesa ni asientos. Pasa un rato y Juan va a sentarse en el alféizar de la ventana, en busca de sol. Por eso él es el primero que ve a los esperados Pedro, Simón, Felipe y Bartolomé, que vienen en dirección a la casa. Les da una voz y sale corriendo, seguido por todos. Se queda sólo Jesús, el cual los únicos movimientos que hace son ponerse en pie y volverse hacia la puerta para mirar…

Entran los llegados. Es fácil imaginar la exuberancia de Pedro; también, la reverencia profunda de Simón Zelote. Lo que causa sorpresa es la actitud de Felipe, y especialmente la de Bartolomé. Entran, yo diría que casi con temor, con congoja, y, a pesar de que Jesús les abra los brazos para intercambiar con ellos el ósculo de paz que ya ha dado a Pedro y a Simón, ellos caen de rodillas y se curvan hasta tocar casi con la frente en el suelo, y besan los pies de Jesús. Permanecen así… Y los suspiros ahogados de Bartolomé denuncian que llora silenciosamente sobre los pies de Jesús.

«¿Por qué esta congoja, Bartolmái? ¿No vienes a los brazos del Maestro? ¿Y tú, Felipe, por qué tan temeroso? Si no supiera que sois dos hombres honestos, en cuyo corazón no puede anidar la malicia, tendría que sospechar que sois culpables de algo. Pero no es así. ¡Ánimo, pues! Hace mucho que deseo vuestro beso y ver la límpida mirada de vuestros ojos fieles…».

«También nosotros, Señor…» dice Bartolomé, levantando su cara, en que brillan las lágrimas. «Tú has sido nuestro único deseo. Nos preguntábamos en qué podíamos haberte desagradado para merecer tanta separación. Nos parecía una cosa injustificada… Pero ahora sabemos… ¡Oh, perdón, Señor! Te pedimos perdón. Sobre todo yo, porque Felipe ha estado separado de ti por mí. A él ya le he pedido perdón. Yo, yo sólo culpable, yo, el viejo israelita reticente a renovarse, yo, que te he causado dolor…».

Jesús se inclina y le alza con la fuerza, como alza también a Felipe, y, juntos, los aprieta entre sus brazos, mientras dice: «¿Pero de qué te acusas? No has hecho nada malo. ¡Ningún mal! Y Felipe tampoco. Sois mis amados apóstoles, y hoy me siento verdaderamente feliz de teneros conmigo, de nuevo juntos, para siempre…».

«No, no…

332.2

Durante mucho tiempo hemos ignorado el motivo por el que, justamente, has desconfiado de nosotros hasta el punto de excluirnos de tu familia apostólica. Pero ahora lo sabemos… y te pedimos perdón, perdón, perdón; yo especialmente. Jesús, Maestro mío…». Y Bartolomé le mira con congoja, con amor, con compasión. Siendo anciano como es, parece un padre mirando a su hijo afligido, examinando su rostro, más afilado a causa de una pena que no había intuido, y en el cual antes no había notado el enflaquecimiento, el envejecimiento… Entonces, nuevas lágrimas gotean en las mejillas de Bartolomé. Y exclama: «¿Pero qué te han hecho? ¿Qué nos han hecho, para hacernos sufrir a todos de este modo? Parece como si un espíritu malo hubiera entrado entre nosotros, para turbarnos, para volvernos tristes, débiles, apáticos, necios… Necios hasta el punto de no comprender que Tú sufrías… Es más, hasta el punto de aumentarte el sufrimiento con nuestras mezquindades, cerrazones, respetos humanos, y con nuestras vejeces, las de nuestro hombre viejo… Sí, el hombre viejo ha triunfado en nosotros, siempre, y tu vitalidad perfecta no nos ha podido renovar nunca. ¡Esto, esto es lo que no me deja tranquilo! No he sabido renovarme, comprenderte, seguirte, con todo mi amor… Te he seguido sólo materialmente… Pero Tú… Tú querías que te siguiéramos espiritualmente… y te comprendiéramos en tu perfección… para ser capaces de perpetuarte… ¡Oh! ¡Maestro mío! ¡Maestro mío, que un día te marcharás, después de tantas luchas, insidias, desazones, después de tantos dolores, y con el dolor de vernos todavía inmaduros!…». Y Bartolomé reclina su cabeza en el hombro de Jesús y llora, lleno de desolación, compungido por la conciencia de haber sido un discípulo obtuso.

«No te achiques, Natanael. Ves todo esto como una enormidad que te sorprende. Pero tu Jesús sabía que sois hombres… y no pretende nada por encima de cuanto podáis dar. ¡Ah, me daréis todo, absolutamente todo! Mas ahora tenéis que crecer, formaros… Es una obra lenta. Pero sé esperar. Y gozo con vuestro crecimiento. Porque es un crecimiento continuo en mi Vida. Incluso tu llanto, y la concordia de los que estaban conmigo, y la piedad que ha substituido a las intransigencias que constituían vuestra naturaleza, a egoísmos, a avaricias espirituales; incluso vuestra seriedad actual: todo es fase de crecimiento en mí. Ánimo, pues. Queda en paz, porque Yo sé. Todo. Conozco tu honestidad, tu buena fe, tu generosidad, tu sincero amor. ¿Dudar Yo de mi sabio Bartolmái y de Felipe, tan equilibrado y fiel? Sería hacer un agravio a mi Padre, que me ha concedido el contaros entre los más amados.

332.3

Pero ahora… ¡venga, vamos a sentarnos aquí!, y que quien ya haya descansado se ocupe de los hermanos cansados y hambrientos, ofreciéndoles comida y descanso. Entretanto contad a vuestro Maestro y a los hermanos lo que ellos ignoran».

Y se sienta en su yacija, teniendo consigo, a ambos lados, a Felipe y a Natanael; Pedro y Simón se sientan en la yacija que hay frente a Jesús: unas rodillas contra otras.

«Habla tú, Felipe. Yo ya he hablado. Y tú has sido más justo que yo en este tiempo…».

«¡Oh! ¡Bartolomé! ¡Justo! Sólo había entendido que el hecho de no haber querido que estuviéramos a su lado no era ni animosidad ni cambio voluble del Maestro respecto a nosotros… Intentaba tranquilizarte así… tratando de impedirte que pensaras en cosas que te habrían dado dolor por haberlas pensado, y remordimiento. Yo tenía sólo un remordimiento: haberte retenido la desobediencia al Maestro cuando querías seguir a Simón de Jonás, que iba por Margziam a Nazaret… Después… te veía sufrir tanto en el cuerpo y en el alma, que decía: “¡Mejor hubiera sido dejarle hacer lo que quería! El Maestro le habría perdonado su desobediencia, y Bartolomé no se seguiría envenenando el alma con estas ideas”… Pero tú mismo puedes ver que, si hubieras partido, no habrías tenido nunca la clave del misterio… y quizás tu sospecha sobre la volubilidad del Maestro no habría desaparecido ya nunca. Sin embargo, así…».

«Sí. Sin embargo, así he entendido.

332.4

Maestro, Simón de Jonás y Simón Zelote — los asalté con mis preguntas para saber muchas cosas o para que me confirmaran muchas otras que ya sabía — me dijeron solamente: “El Maestro ha sufrido mucho; tanto, que ha adelgazado y se ha envejecido. Y todo Israel, nosotros los primeros, tenemos la culpa. Él nos ama y perdona. Pero desea no hablar del pasado. Por tanto os aconsejamos que ni preguntéis ni habléis…”. Pero yo quiero hablar. Preguntar, no preguntaré. Pero debo hablar. Para que Tú sepas. Porque ninguna cosa presente en el alma de tu apóstol te debe quedar celada. Un día — ya llevaban varios fuera Simón y los otros — vino a verme Micael de Caná. Un poco pariente, muy amigo, compañero de estudios ya desde la infancia… Él, estoy seguro, venía con buena fe. Por afecto hacia mí. Pero quien le enviaba no tenía buena fe. Quería saber por qué yo me había quedado en casa… mientras que los otros se habían marchado. Y me dijo: “¡Entonces es verdad! Te has separado porque eres un buen israelita y no puedes aprobar ciertas cosas. Y de buena gana te dejan separado los otros, empezando por Jesús de Nazaret, porque están seguros de que no los ayudarías ni siquiera con la complicidad del silencio. ¡Haces bien! Reconozco en ti al hombre de tiempos pasados. Creía que te habías corrompido, que habías renegado de Israel. Haces bien, por tu espíritu y por tu bienestar y el de los tuyos. Porque lo que está sucediendo no será perdonado por el Sanedrín, y serán perseguidos los que hayan participado en ello”. Yo le dije: “¿Pero de qué estás hablando? Ya te he dicho que recibí la orden de quedarme en casa por la estación que era. Eso por una parte, y también por si venían peregrinos, para encaminarlos hacia Nazaret, o decirles que esperasen al Maestro para el final de Sabat en Cafarnaúm. ¿Y tú me hablas de separaciones, complicidades, persecuciones! ¡Explícate!…”. ¿No es verdad que le dije eso, Felipe?».

Felipe asiente con un gesto. «Entonces» prosigue Bartolomé, «Micael me dijo que se sabía que Tú te mostrabas rebelde al consejo y a la orden de los miembros del Sanedrín, porque seguías teniendo contigo a Juan de Endor y a una griega… Señor, te causo dolor, ¿verdad? Pero… tengo que hablar. Te pregunto: ¿Es verdad que estaban en Nazaret?».

«Sí. Es verdad».

«¿Es verdad que partieron contigo?».

«Sí. Es verdad».

«¡Felipe, Micael tenía razón! ¡Pero cómo podía saberlo?».

«¡Pero hombre, si son las serpientes que me pararon a mí, y a Simón, y quién sabe a cuántos más. Son las víboras de siempre» dice Pedro, vehemente.

Jesús, sin embargo, sereno pregunta: «¿No te dijo nada más? Sé totalmente sincero con tu Maestro».

«Nada más. Quería saber por boca mía… Pero yo le mentí a Micael. Dije: “Hasta Pascua estoy en mi casa”. Por miedo a que me siguiera, por miedo a que… no sé… Por miedo a perjudicarte… Y entonces comprendí también por qué me habías dejado… Habías sentido que yo era todavía demasiado Israel…». Bartolomé llora de nuevo… «… y dudaste de mí…».

«No. ¡Eso no! En absoluto. En ese momento no se necesitaba tu presencia junto a tus compañeros; sin embargo, eras necesario, como puedes ver, en Betsaida. A cada uno su misión. A cada edad sus fatigas…».

«¡No, no! No me vuelvas a separar por ninguna fatiga, Señor. No tengas en cuenta nada… Tú eres bueno. Pero yo quiero estar contigo. Es un castigo estar lejos de ti… Y yo, necio, incapaz de todo, hubiera podido al menos consolarte, si no podía hacer otra cosa. He comprendido… Has enviado a éstos con los dos… No me lo digas. No quiero saberlo. Pero siento que es así y lo digo. Pues entonces, habría podido, y debido, estar contigo. Pero Tú no me has tomado contigo como castigo por ser tan reacio a hacerme “nuevo”. Pero, te juro, Maestro, que lo que he sufrido me ha renovado, y que jamás volverás a ver al viejo Natanael».

«Como puedes ver, el sufrimiento ha terminado para todos en alegría.

332.5

Ahora nos pondremos en marcha, al encuentro de Tomás y Judas. Sin esperar a que vayan al lugar establecido. Luego, con ellos, seguiremos caminando… ¡Hay mucho que hacer!… Mañana nos pondremos en camino. Pronto».

«Y harás bien. Porque el tiempo se pone nórtico. Una desgracia para los cultivos…» dice Felipe.

«¡Pues sí! Las últimas granizadas han quemado en franjas los campos. ¡Si lo hubieras visto, Señor! Parece como si hubiera pasado el fuego por ciertos lugares. Y lo curioso es que son así verdaderamente: devastaciones en franjas» dice Pedro.

«En vuestra ausencia, ha granizado mucho. Un día, a mitad de la luna de Tébet, parecía un flagelo. Me dicen que en la llanura algunos tienen que volver a sembrar. Hacía más calor antes. Pero, desde entonces, se busca el sol con placer. Se vuelve para atrás… ¡Qué signos más extraños! ¿Qué serán?» pregunta Felipe.

«Sólo efectos de lunaciones. No le des importancia. No son éstas las cosas que deben causar impresión. Además, nosotros iremos hacia la llanura, y la marcha será bonita. Frío, pero no mucho; en cambio, tiempo seco. Entretanto, venid. En la terraza hay buen sol. Estaremos ahí arriba descansando todos juntos…».


Notes

  1. la fin du mois de Shebat, c’est-à-dire début février.