Los Escritos de Maria Valtorta

368. Le jeudi avant la Pâque.

368. El jueves prepascual.

368.1

Je ne vois pas la distribution de la nourriture aux lépreux d’Hinnon, et j’en entends seulement parler. Mais il ne me semble pas qu’il y ait eu des miracles parmi eux, car Simon-Pierre dit :

« Leur atroce solitude ne leur a pas donné la grâce de croire et de savoir où est le Salut. »

Ensuite, la ville les accueille par la porte qui donne accès au bruyant et populeux faubourg d’Ophel.

Après quelques mètres, Annalia bondit joyeusement par une porte entrouverte et vénère le Maître en disant :

« J’ai la permission de ma mère, Seigneur, de rester avec toi jusqu’au soir.

– Cela ne déplaira-t-il pas à Samuel ?

– Il n’y a plus de Samuel dans ma vie, Seigneur. Que le Très-Haut en soit remercié et m’accorde seulement de ne pas te quitter, toi mon Dieu, comme mon fiancé m’a quittée. »

Sa bouche juvénile sourit héroïquement alors qu’une larme brillante resplendit dans son regard pudique.

Jésus la regarde fixement et lui dit pour toute réponse :

« Rejoins tes sœurs, les disciples. »

Et il reprend sa route. Mais la vieille mère d’Annalia, abattue par la souffrance plus que par l’âge, s’approche à son tour et salue, toute courbée par le respect et l’accablement. Elle dit :

« Paix à toi, Maître. Quand pourrais-je te parler ? J’ai tant d’ennuis !

– Maintenant, femme. »

Et, s’adressant à ceux qui se trouvent là, il ordonne :

« Restez dehors. Moi, j’entre un instant dans cette maison. »

Au moment où il va s’éloigner derrière la femme, Annalia, du groupe des femmes disciples, le rappelle d’un seul mot :

« Maître ! »

Mais que n’y a-t-il pas dans ce simple mot ! En le prononçant, elle joint les mains comme pour supplier…

« Ne crains rien. Reste en paix. Ta cause est entre mes mains, ainsi que ton secret » dit Jésus pour la rassurer.

Puis il entre vivement par la porte entrouverte.

Au-dehors, on commente le fait, et la curiosité des hommes rivalise avec celle des femmes pour savoir… savoir… savoir…

368.2

A l’intérieur, on écoute et on gémit. Les épaules appuyées contre la porte qu’il a fermée de lui-même dès son entrée, les bras croisés sur la poitrine, Jésus écoute la mère de la jeune fille lui parler, en pleurant, de l’inconstance du fiancé qui a choisi un prétexte pour se libérer de tout lien….

« Annalia est donc dans la même situation qu’une femme répudiée, et elle ne pourra plus se marier. En effet, elle a déclaré que tu n’approuves pas que l’on se marie après une répudiation. Mais ce n’est pas son cas. C’est encore une jeune fille ! Elle ne se vend pas à un autre homme, puisqu’elle n’a appartenu à aucun. Et lui est coupable de cruauté, et plus que cela : il veut faire un autre mariage, mais ce sera ma fille qui paraîtra coupable, et elle sera la risée de tous. Occupe-t’en, Seigneur, car c’est à cause de toi que cela arrive.

– A cause de moi, femme ? En quoi ai-je péché ?

– Oh ! tu n’as pas péché, mais Samuel dit qu’Annalia t’aime. Et il simule la jalousie. Hier soir, il est venu, or elle était chez toi. Il est entré en furie et a juré qu’il n’en voulait plus pour épouse. Arrivant alors, Annalia lui a répondu : “ Tu fais bien. Je ne regrette qu’une chose : que tu cherches à revêtir la vérité de mensonge et de calomnie. Tu sais que l’on n’aime Jésus qu’avec son âme. Mais c’est ton âme qui est maintenant corrompue, et elle quitte la Lumière pour la chair, alors que je quitte la chair pour la Lumière. Nous ne pourrions plus être une seule pensée comme deux époux doivent l’être. Va donc, et que Dieu veille sur toi. ” Pas une larme, tu comprends ? Rien qui ait touché le cœur de l’homme ! Mes espérances sont déçues ! Elle… ah ! certainement par légèreté, cause sa propre ruine.

368.3

Appelle-la, Seigneur. Parle-lui. Ramène-la à la raison. Va chercher Samuel. Il est chez Abraham son parent, la troisième maison après la fontaine du figuier. Aide-moi ! Mais d’abord, adresse-toi à Annalia, tout de suite…

– Pour ce qui est de parler, je parlerai. Mais tu devrais remercier Dieu qui délie un lien humain, dont on voit bien qu’il ne méritait aucune confiance. Cet homme est inconstant et injuste envers Dieu et envers sa femme…

– Oui, mais il est atroce que le monde la croie coupable, te croie coupable, uniquement parce qu’elle est pour toi une disciple.

– Le monde accuse et puis oublie. Le Ciel, au contraire, est éternel. Ta fille sera une fleur du Ciel.

– Alors pourquoi l’as-tu fait vivre ? Elle aurait été une fleur sans devoir subir la lapidation des calomnies. Oh, toi qui es Dieu, appelle-la, ramène-la à la raison, puis fais réfléchir Samuel…

– Souviens-toi, femme, que Dieu lui-même ne peut violer la liberté de l’homme et sa volonté. Samuel et ta fille ont le droit de suivre ce qu’ils pensent être bon pour eux, et Annalia tout particulièrement…

– Mais pourquoi ?

– Parce que, plus que par Samuel, elle est aimée de Dieu. Parce que, plus que Samuel, elle donne de l’amour à Dieu. Ta fille appartient à Dieu !

– Non, en Israël, cela n’existe pas. La femme doit être une épouse… Elle est à moi, ma fille… Son mariage m’apportait la paix pour l’avenir…

– Sans mon intervention, ta fille serait au tombeau depuis un an. Qui suis-je pour toi ?

– Le Maître et Dieu.

– Et comme Dieu et comme Maître, j’affirme que le Très-Haut a plus que tout autre des droits sur ses enfants, et qu’il va y avoir beaucoup de changements dans la Religion ; dorénavant, il sera possible aux vierges de le rester éternellement pour l’amour de Dieu.

368.4

Ne pleure pas, mère ! Quitte ta maison et viens avec nous, aujourd’hui. Viens ! Au-dehors, se trouvent ma Mère et les autres mères héroïques qui ont donné leurs enfants au Seigneur. Unis-toi à elles…

– Parle à Annalia… Essaie, Seigneur ! gémit la femme en sanglotant.

– Bon. Je vais faire ce tu veux » dit Jésus.

Et, ouvrant la porte, il appelle sa Mère et Annalia. Elles s’approchent rapidement et entrent.

« Mon enfant, ta mère désire que je te conseille de réfléchir encore. Elle veut que je parle à Samuel. Que dois-je faire ? Quelle réponse me donnes-tu ?

– Adresse-toi donc à Samuel. Je te supplie même, moi aussi, de le faire, mais seulement parce que je souhaite qu’en t’entendant, il devienne juste. En ce qui me concerne, tu sais ce qu’il en est. Je te prie de donner à ma mère la réponse la plus vraie.

– Tu entends, femme ?

– Quelle est donc sa réponse ? demande d’une voix brisée la femme qui, aux premières paroles de sa fille, croyait à son regret, et qui a ensuite compris que ce n’était pas le cas.

– Voici sa réponse : depuis un an, ta fille appartient à Dieu, et son vœu est perpétuel, pour la durée de la vie.

– Ah ! pauvre de moi ! Quelle mère est plus malheureuse que moi ! »

Marie lâche la main de la jeune fille pour embrasser la femme et lui dire doucement :

« Ne pèche pas en pensée et en paroles. Ce n’est pas un malheur que de donner à Dieu un enfant, mais une gloire bien grande. Tu m’as confié un jour que tu souffrais de n’avoir eu qu’une fille, car tu aurais aimé avoir un garçon consacré au Seigneur. Ce n’est pas un garçon, mais un ange que tu as, un ange qui précédera le Sauveur dans son triomphe. Et tu veux te dire malheureuse ? Ma mère m’a consacrée spontanément au Seigneur dès le premier battement qu’elle a perçu dans son sein, moi qu’elle avait conçue tardivement. Elle ne m’a gardée que trois ans. Et moi, je ne l’ai possédée que dans mon cœur. Ce fut néanmoins sa paix, au moment de sa mort, de m’avoir donnée à Dieu… Allons, viens au Temple chanter les louanges de Celui qui t’a aimée au point de choisir ta fille pour son épouse. Aie dans ton cœur une véritable sagesse : or la vraie sagesse, c’est de ne pas mettre de limites à sa générosité envers le Seigneur. »

La femme ne pleure plus, elle écoute… Puis elle se décide. Elle prend son manteau et s’en entoure. Mais en passant devant sa fille, elle soupire :

« D’abord la maladie, puis le Seigneur… Ah ! je ne devais pas te posséder…

– Non, maman. Ne dis pas cela ! Jamais tu ne m’as possédée comme maintenant. Toi et Dieu, Dieu et toi, vous seuls, jusqu’à la mort… »

Et elle l’embrasse doucement en lui demandant :

« Une bénédiction, mère ! Une bénédiction… parce que j’ai tant souffert de devoir te faire de la peine. Mais je suis ce que Dieu voulait… »

Elles s’embrassent en pleurant. Puis elles sortent, précédées de Jésus et de Marie, et ferment la maison pour se joindre aux femmes disciples…

368.5

…« Pourquoi entrons-nous par ici, Seigneur ? Ne valait-il pas mieux entrer de l’autre côté ? demande Jacques, fils de Zébédée.

– Parce que, en prenant par ici, nous passons devant l’Antonia.

– Et tu espères… Fais attention, Maître !… Le Sanhédrin t’espionne, dit Thomas.

– Comment le sais-tu ? demande Barthélemy.

– Il suffit de réfléchir à l’intérêt des pharisiens pour comprendre. Vous me dites qu’avec mille excuses, ils viennent continuellement surveiller ce que nous faisons ! Dans quel but, si ce n’est pour prendre le Maître en faute ?

– Tu as raison. Alors, Maître, ne passons pas par l’Antonia. Si les Romains ne te voient pas, tant mieux.

– Mais cette bonne raison est moins due à quelque préoccupation pour moi qu’à ton mépris pour eux, n’est-ce pas, Barthélemy ? Comme tu serais plus sage si tu ôtais de ton cœur ces misères ! » répond Jésus qui poursuit sa route sans écouter personne.

Pour aller à l’Antonia, ils doivent passer par le Siste où se trouvent le palais de Jeanne et celui d’Hérode, peu éloignés l’un de l’autre. Jonathas se tient à la porte du palais de Kouza et, dès qu’il voit Jésus, il le signale à ceux de la maison. Kouza sort aussitôt et s’incline. Jeanne le suit, déjà prête à rejoindre le groupe des femmes disciples.

Kouza prend la parole :

« J’ai appris que tu es aujourd’hui chez Jeanne. Accorde à ton serviteur de t’avoir comme hôte dans un banquet.

– Oui, mais à condition que tu me permettes d’en faire un banquet de charité pour les pauvres et les malheureux.

– Comme tu veux, Seigneur. Ordonne et je ferai ce que tu désires.

– Merci. Que la paix soit avec toi, Kouza. »

Jeanne demande :

« As-tu des ordres pour Jonathas ? Il est à ta disposition.

– Je les donnerai après être passé au Temple. Allons, parce que nous sommes attendus. »

Les voilà bientôt à proximité du beau et cruel palais d’Hérode. Mais il est fermé comme s’il était inhabité. Ils longent l’Antonia. Les soldats regardent passer le petit cortège du Nazaréen.

368.6

Ils entrent dans le Temple ; et alors que les femmes s’arrêtent à la partie inférieure, les hommes continuent vers le lieu qui leur est réservé.

Ils arrivent à l’endroit où les enfants sont présentés et les femmes purifiées. Un petit groupe de gens accompagne une jeune mère et s’arrête pour observer les cérémonies rituelles.

« Un enfant consacré au Seigneur, Maître ! dit André qui contemple la scène.

– Si je ne me trompe, c’est la femme[1] de Césarée de Philippe, celle du château. Elle est passée devant moi pendant que nous t’attendions à la porte Dorée, dit Jacques, fils d’Alphée.

– Oui. Il y a aussi sa belle-mère et l’intendant de Philippe. Ils ne nous ont pas vus, mais, nous, nous les avons vus » renchérit Jude.

Et Matthieu ajoute :

« Nous deux, d’autre part, nous avons vu Marie, femme de Simon, avec un vieil homme. Mais Judas n’y était pas. Elle semblait très triste. Elle regardait autour d’elle avec anxiété.

– Nous la chercherons plus tard. Maintenant, prions. Et toi, Simon, fils de Jonas, fais l’offrande au trésor[2] pour tout le monde. »

Ils prient longuement, très remarqués par les gens qui se montrent le Maître les uns aux autres.

368.7

Une brève altercation, où domine la note aiguë d’une voix féminine, fait tourner la tête à ceux qui prient avec moins de recueillement.

« Si je suis venue ici pour offrir un garçon à Dieu, je peux rester un peu pour l’offrir à Celui qui l’a sauvé pour le Seigneur » dit la voix aiguë.

Et des voix nasales d’hommes insistent :

« Il n’est pas permis à une femme de rester ici après la cérémonie rituelle. Va-t’en.

– Je vais partir, mais derrière lui.

– Alors, appelle-le et sors avec lui.

– Doucement ! Doucement ! Laissez la femme parler : qu’elle dise comment elle peut prétendre que le Nazaréen a sauvé l’enfant pour Dieu, dit une voix traînante d’homme.

– En quoi cela t’intéresse-t-il, Jonathas, fils d’Uriel ?

– Si cela m’intéresse ? Il y a certainement là un nouveau péché, une nouvelle preuve. Ecoute-moi, femme. Comment cet individu a-t-il sauvé ton fils ? Veux-tu le dire à ceux qui cherchent avec ardeur la vérité ? demande d’un ton mielleux ce pharisien que j’ai déjà vu[3].

– Oh, oui ! C’est avec reconnaissance que j’en parle. J’étais désespérée parce que l’enfant était mort-né. Je suis veuve, et cet enfant est tout pour moi. Le Maître est venu et il lui a donné la vie.

– Quand ? Où ?

– A Césarée de Philippe. Je suis au château de Césarée.

– La vie ! Sans doute une défaillance de l’enfant…

– Non. Il était mort. Ma mère peut le dire, et aussi l’intendant du château. Le Sauveur est venu, il lui a soufflé dans la bouche, et le bébé a remué et vagi.

– Et toi, où étais-tu ?

– Au lit, Seigneur. J’avais à peine accouché.

– Quelle horreur !

– Quel anathème !

– Impureté !

– Sacrilège !

– Vous voyez bien que j’avais raison de l’interroger !

– Tu es sage, Jonathas, fils d’Uriel ! Comment as-tu deviné ?

– Je connais l’homme. Je l’ai vu violer le sabbat sur mes terres de la plaine pour rassasier sa faim.

– Chassons-le d’ici !

– Allons rapporter l’abomination aux Princes des prêtres.

– Non. Demandons-lui s’il s’est purifié. Nous ne pouvons l’accuser sans savoir…

– Tais-toi, Eléazar. Ne te souille pas par une sotte défense. »

Au milieu de cette scène, la jeune Dorca, cause de cette bagarre, éclate en sanglots et s’écrie :

« Ah ! ne lui faites pas de mal à cause de moi ! »

368.8

Mais quelques forcenés ont rejoint le Seigneur et lui disent d’un ton autoritaire :

« Viens ici et réponds. »

Les apôtres et les disciples s’agitent de colère et de crainte. Jésus, calme et solennel, suit celui qui l’appelle.

« Reconnais-tu cette femme ? crient-ils en le poussant au milieu du cercle qui s’est formé autour de Dorca, qu’ils montrent du doigt comme si elle était lépreuse.

– Oui, c’est une jeune mère qui est veuve, de Césarée de Philippe. Cette autre femme est sa belle-mère, et cet homme, l’intendant du château. Eh bien ?

– Elle t’accuse d’être entré chez elle pendant qu’elle accouchait.

– Ce n’est pas vrai, Seigneur ! Je n’ai pas dit cela. J’ai dit que tu as ranimé mon fils. Rien d’autre ! Je voulais te faire honneur, et je te fais du mal. Ah ! pardon, pardon ! »

L’intendant de Philippe vient à son secours :

« Ce n’est pas vrai. Vous mentez. La femme n’a pas dit cela, et j’en suis témoin. Je suis prêt à le jurer, et aussi que le Rabbi n’est pas entré dans la pièce, mais que c’est du seuil qu’il a opéré ce miracle.

– Tais-toi, serviteur.

– Non, je ne me tairai pas ! Et je le rapporterai à Philippe, qui vénère le Rabbi plus que vous, faux dévots du Dieu très-haut. »

L’altercation glisse de la femme au terrain religieux et politique. Jésus se tait. Dorca pleure.

368.9

Eléazar, l’hôte juste du banquet chez Ismaël, intervient :

« Je crois que le doute est éclairci. L’accusation tombe, et le Rabbi, justifié, est libre d’aller où il veut.

– Non. Je veux savoir s’il s’est purifié d’avoir touché le mort. Qu’il le jure sur Yahvé ! crie Jonathas, fils d’Uriel.

– Je ne me suis pas purifié car l’enfant n’était pas mort, mais il avait du mal à respirer.

– Ah ! cela t’arrange maintenant de dire qu’il n’est pas ressuscité, hein ! s’écrie un pharisien.

– Pourquoi ne t’en vantes-tu pas, comme tu l’as fait à Cédés ? demande un autre.

– Mais ne perdons pas notre temps à parler ! Chassons-le et transmettons au Sanhédrin cette nouvelle accusation. Cela en fait un paquet !

– Quelles sont les autres ? demande Jésus.

– Les autres ? Et d’avoir touché une lépreuse sans te purifier ? Peux-tu le nier ? Et d’avoir blasphémé à Capharnaüm, au point que les plus justes t’ont abandonné ? Peux-tu le nier ?

– Je ne nie rien. Mais je suis sans péché. En effet, Sadoq, toi qui m’accuses, tu sais par le mari d’Anastasica qu’elle n’était pas lépreuse ; tu le sais, toi, l’entremetteur de l’adultère de Samuel, toi qui as menti devant tout le monde avec lui, pour favoriser la débauche d’un homme dégoûtant en qualifiant de lépreuse celle qui ne l’était pas, et en condamnant une femme à cette torture qu’est le fait d’être traité de “ lépreux ” en Israël, uniquement parce que tu es complice du mari coupable. »

Le scribe Sadoq, l’un de ceux qui se trouvaient à Giscala, puis à Cédés, frappé de plein fouet, s’esquive sans rien dire. Les gens le poursuivent de leurs railleries.

« Silence ! Ce lieu est sacré » dit Jésus.

Il ordonne à la femme et à ceux qui l’accompagnent :

« Allez, venez avec moi là où je suis attendu. »

Et il s’éloigne, sévère et majestueux, suivi de ses disciples.

368.10

Pendant ce temps, la femme, interrogée par plusieurs, ne cesse de raconter, en répétant à chaque fois :

« Mon fils lui appartient, et je le lui consacre. »

De son côté, l’intendant s’approche de Jésus :

« Maître, j’ai raconté ce miracle à Philippe. Il m’a envoyé te dire qu’il t’aime. Aie recours à lui lors des embûches d’Hérode… et des autres. Mais il voudrait te voir lui aussi et t’entendre. Ne viendrais-tu pas aujourd’hui chez lui ? Il te garderait volontiers, même dans la Tétrarchie.

– Je ne suis pas un histrion, ni un mage. Je suis le Maître de la vérité. Qu’il vienne à la vérité, et je ne le repousserai pas. »

Les voilà dans la cour des femmes.

« Le voilà ! Le voilà ! » disent les femmes disciples à Marie, qui s’inquiète du retard.

Ils se réunissent, et Jésus voudrait congédier ceux de Césarée pour aller à la recherche de Marie, mère de Judas, mais Dorca s’agenouille et lui dit :

« Je t’ai cherché avant elle, avant celle que tu cherches et qui est la mère d’un disciple. Je t’ai cherché pour te dire : “ Ce fils t’appartient. Fils unique, je te le consacre. Tu es le Dieu Vivant. Qu’il soit ton serviteur.

– Sais-tu ce que cela signifie ? Cela veut dire consacrer ton fils à la souffrance, le perdre comme mère et l’avoir comme martyr au Ciel. Es-tu capable d’être martyre en ton enfant ?

– Oui, mon Seigneur. Sa mort aurait fait de moi une martyre, et d’un martyre de pauvre mère. Je le serai pour toi, d’une manière parfaite, agréable au Seigneur.

– Qu’il en soit ainsi !

368.11

Oh ! Marie, femme de Simon, quand es-tu arrivée ?

– A l’instant. Avec Ananias, mon parent… Moi aussi, je te cherchais, Seigneur…

– Je sais. J’ai envoyé Judas te dire de venir. N’est-il pas arrivé ? »

La mère de Judas baisse la tête et murmure :

« Je suis sortie tout de suite après lui pour me rendre à Gethsémani. Mais tu étais parti de là ! J’ai couru au Temple… Maintenant je te trouve… à temps pour entendre cette enfant, déjà mère, et si heureuse ! Ah ! comme je voudrais pouvoir parler ainsi, Seigneur, et d’un Judas nouveau-né… doux, doux… comme l’un de ces agneaux… »

Elle montre en pleurant les agneaux bêlants qui marchent vers le sacrificateur. Elle s’enveloppe dans son manteau pour cacher ses larmes.

« Viens avec moi, mère. Nous parlerons chez Jeanne. Ici, ce n’est pas l’endroit qui convient. »

Les femmes prennent avec elles Marie, mère de Judas, tandis que son parent Ananias se mêle aux disciples. Dorca et sa belle-mère rejoignent elles aussi les femmes, tandis que Marie, femme d’Alphée, et Salomé, extasiées, cajolent le bébé.

Ils se dirigent vers la sortie. Mais avant d’y arriver, un esclave romain apporte à Jeanne une tablette de cire. Elle la lit et lui dit :

« Tu diras que oui. Dans l’après-midi, chez moi, au palais. »

Puis c’est le cri de Jaia et de sa mère à la vue du Sauveur :

« Le voilà, le voilà, celui qui donne la lumière ! Béni sois-tu, Lumière de Dieu ! »

Ils sont le front contre terre, heureux. Les gens se pressent, interrogent, comprennent, crient des hosannas. C’est ensuite le vieux Matthias, l’homme qui, une nuit de tempête, a hébergé Jésus et ses disciples près de Jabès Galaad, qui vénère et bénit Jésus.

Puis vient le tour du grand-père de Marziam et des autres paysans auxquels Jésus, après avoir parlé à Jeanne, dit : “ Venez avec moi ”, comme il l’a déjà dit à Dorca, à Jaia, à Matthias.

368.12

Mais, près de la porte Dorée, voici Marc, fils de Josias, le disciple traître, qui discute avec animation avec Judas. Celui-ci voit venir le Maître et avertit son interlocuteur. Quand celui-ci se retourne, Jésus est déjà derrière lui. Leurs regards se croisent. Quel regard a le Christ ! Mais l’autre est désormais sourd à tout pouvoir saint. Pour fuir plus vite, il repousse presque Jésus contre une colonne et Jésus, pour toute réaction, dit :

« Marc, arrête-toi. Par pitié pour ton âme et pour ta mère !

– Satan ! lance l’autre, en s’en allant.

– Horreur ! » s’écrient les disciples. « Maudis-le, Seigneur ! »

Et le premier à le dire, c’est Judas.

« Non. Je ne serais plus Jésus… Allons.

– Mais comment, comment a-t-il pu devenir ainsi ? Il était si bon ! s’interroge Isaac, qui paraît transpercé par une flèche, tant il est affligé du changement de Marc.

– C’est un mystère. Une chose inexplicable ! » disent plusieurs.

Judas intervient :

« Oui. Je le faisais parler : une véritable hérésie ! Mais comme il l’explique ! Il vous persuade presque. Il n’était pas si sage quand il était juste.

– Tu devrais dire qu’il n’était pas si fou, quand il était possédé près de Gamla ! » dit Jacques, fils de Zébédée.

Jean demande :

« Pourquoi, Seigneur, te nuisait-il moins quand il était possédé que maintenant ? Ne pourrais-tu pas le guérir, pour qu’il ne te porte pas tort ?

– Parce que, maintenant, il a accueilli en lui un démon ingénieux. C’était d’abord une auberge prise de force par une légion de démons, mais il ne consentait pas à les loger. Maintenant, sa raison a voulu Satan, et Satan a mis en lui une force démoniaque intelligente. Contre cette seconde possession, je ne puis rien. Je devrais violenter la volonté libre de l’homme.

– Tu souffres, Maître ?

– Oui. Ce sont mes angoisses… mes défaites… Et je m’en afflige, car ce sont des âmes qui se perdent. Cela seulement me peine, non pas le mal qu’ils me font, à moi. »

368.13

Ils se sont arrêtés pour attendre que le chemin soit dégagé d’un engorgement d’hommes et de montures, et ils se trouvent tous groupés. Le regard de la mère de Judas est si perçant que son fils lui demande :

« Mais, enfin, qu’as-tu ? Est-ce la première fois que tu vois mon visage ? En vérité, tu es malade et je dois te faire soigner…

– Je ne suis pas malade, mon fils ! Et ce n’est pas la première fois que je te vois !

– Alors ?

– Alors… rien. Je voudrais seulement que tu ne mérites jamais ces paroles du Maître.

– Moi, je ne l’abandonne pas et je ne l’accuse pas. Je suis son apôtre, moi ! »

Ils reprennent la route jusqu’à ce que Jésus s’arrête pour saluer Jeanne et les femmes disciples qui vont avec elle dans son palais. Les hommes, de leur côté, vont tous à Gethsémani.

« Nous pouvions tous nous rendre là-bas. J’aurais voulu entendre ce que disait Elise, grommelle Pierre.

– Tu le sauras. Car c’est aujourd’hui seulement qu’elle apprendra, et par moi, que je lui confie Anastasica.

– Et le repas, ce soir ?

– Oui. J’ai dit à Jeanne ce qu’elle doit faire.

– Qu’est-ce qu’elle doit faire ? Quand le lui as-tu dit ? demandent plusieurs.

– Vous le verrez. Avant de la quitter, pendant que je la saluais. Dépêchons-nous pour être de bonne heure dans le jardin de Jeanne.

368.1

No veo la distribución de comida a los leprosos de Hinnón, de los cuales sólo oigo hablar. No creo que se hayan producido milagros entre ellos, porque Simón Pedro dice: «La soledad atroz no les ha dado la gracia de creer y saber dónde está la Salud».

Después la ciudad los recibe por la Puerta que introduce en el bullicioso o poblado barrio de Ofel.

Después de algunos metros, por la puerta entreabierta de una casa, aparece al improviso, jubilosa, Analía, que hace un acto de veneración al Maestro mientras dice: «Tengo permiso de mi madre para estar hasta la noche contigo, Señor».

«¿No se sentirá molesto Samuel?».

«Ya no existe Samuel en mi vida, Señor. Y gracias sean dadas al Altísimo. Solamente me conceda que no te deje a ti, mi Dios, como me ha dejado a mí». La boca juvenil sonríe heroicamente, mientras un brillo de llanto resplandece en sus ojos castos.

Jesús la mira fijamente y, por toda respuesta, le dice: «Únete a las discípulas», y reanuda el camino.

Pero la anciana madre de Analía, más anciana por los dolores que por la edad, se acerca a su vez, muy inclinada en un saludo devotísimo y rendido, y dice: «La paz a ti, Maestro. ¿Cuándo podría hablar contigo? ¡Estoy muy acongojada!…».

«En seguida, mujer». Y, volviéndose a los que están con Él, ordena: «Quedaos aquí fuera. Voy a entrar un momento en esta casa» y hace ademán de seguir a la mujer.

Pero Analía, desde el grupo de las mujeres, reclama su atención, con una sola palabra: «¡Maestro!», ¡pero cuánto hay en ese palabra! Y junta las manos al decirla, como si suplicara…

«No temas. Ten paz. Tu causa está en mis manos, y también tu secreto» la tranquiliza Jesús. Y luego, raudo, entra por la puerta entreabierta.

Fuera se hacen comentarios sobre este hecho, y curiosidades masculinas y femeninas compiten para saber… saber… saber…

368.2

Dentro se escucha y se llora. Jesús escucha. Apoyado de espaldas contra la puerta, que ha cerrado tras sí en cuanto ha entrado, con los brazos recogidos sobre el pecho, escucha a la madre de la muchacha, que le habla de la volubilidad del novio, el cual habría aprovechado un pretexto para liberarse completamente del vínculo… «De forma que Analía es como una repudiada, y nunca más se casará, porque ha declarado que Tú no apruebas a quien después del repudio vuelve a casarse. Pero no es así. ¡Ella es célibe todavía! No se vende a otro hombre, porque de ningún hombre ha sido. Y él es culpable de crueldad. Y más. Porque le han venido ganas de otras bodas; pero es mi hija la que va a aparecer como culpable, y el mundo la escarnecerá. Haz algo, Señor, porque es por ti por quien sucede esto».

«¿Por mí, mujer? ¿En qué he pecado?».

«¡No, Tú no has pecado! Pero él dice que Analía te ama. Y finge estar celoso. Ayer noche ha venido. Ella había ido a verte. Se enfureció y juró que ya no la querría por esposa. Analía, que llegó en ese momento, le respondió: “Haces bien. Lo único que siento es que vistas la verdad de mentira o de calumnia. Sabes que a Jesús se le ama sólo con el alma. Pero es precisamente tu alma la que se ha corrompido y deja la Luz por la carne, mientras que yo dejo la carne por la Luz. No podríamos ser ya un solo pensamiento, como dos esposos deben ser. Ve, pues, y que Dios te ampare”. Ni una lágrima, ¿comprendes? ¡Nada que tocara el corazón del hombre! ¡Mis esperanzas defraudadas! Ella… ciertamente por superficialidad, causa su ruina.

368.3

Llámala, Señor. Habla con ella. Doblégala a la razón. Busca a Samuel. Está en casa de Abraham su pariente, en la tercera casa después de la Fuente de la higuera. ¡Ayúdame! Pero primero habla en seguida con ella…».

«Hablar, hablaré. Pero deberías dar gracias a Dios, que rompe un vínculo humano que está claro que no prometía mucho. Ese hombre es voluble e injusto para con Dios y para con su novia…».

«Sí, pero es atroz que el mundo la crea culpable, y que te crea culpable a ti, por el simple hecho de que sea discípula tuya».

«El mundo acusa y luego olvida. El Cielo, por el contrario, es eterno. Tu hija será una flor del Cielo».

«¿Entonces por qué has permitido que viviera? Habría sido una flor sin sufrir la lapidación de las calumnias. ¡Tú que eres Dios llámala, hazla razonar, y luego haz razonar a Samuel…».

«Recuerda, mujer, que ni siquiera Dios puede avasallar la voluntad y libertad del hombre. Ellos, Samuel y tu hija, tienen derecho a seguir lo que sienten que es bueno para ellos. Especialmente Analía tiene derecho…».

«¿Por qué?».

«Porque Dios la ama más que a Samuel. Porque ella da a Dios más amor que Samuel. ¡Tu hija es de Dios!».

«No. En Israel no es así. La mujer debe casarse… Es mía la hija… Sus esponsales me prometían paz para el futuro…».

«Tu hija estaría en el sepulcro desde hace un año, si Yo no hubiera actuado. ¿Quién soy Yo para ti?».

«El Maestro y Dios».

«Y como Dios y Maestro digo que el Altísimo tiene más derecho que nadie sobre sus hijos, y que mucho va a cambiar en la Religión, y de ahora en adelante podrán las vírgenes ser vírgenes eternamente por amor a Dios.

368.4

No llores, madre. Deja tu casa y ven con nosotros, hoy. ¡Ven! Ahí afuera está mi Madre y otras madres heroicas que han dado sus hijos al Señor. Únete a ellas…».

«Habla con Analía… ¡Inténtalo, Señor!» gime la mujer entre sollozos.

«De acuerdo. Haré como quieres» dice Jesús. Y, abierta la puerta, llama: «Madre, ven con Analía».

Las dos requeridas van presurosas. Entran.

«Muchacha, tu madre quiere que te diga que lo pienses más. Quiere que hable con Samuel. ¿Qué debo hacer? ¿Qué respuesta me das?».

«Habla con Samuel si quieres. Es más, te suplico que lo hagas. Pero sólo porque querría que se hiciera justo oyéndote. Respecto a mí, ya sabes; te ruego que le des a mi madre la respuesta más verdadera».

«¿Has oído, mujer?».

«¿Cuál es la respuesta?» pregunta con voz quebrada la anciana, la cual al principio de las palabras de su hija creía que ésta se hubiera vuelto atrás y luego ha comprendido que no es así.

«La respuesta es que desde hace un año tu hija es de Dios, y el voto es perenne mientras dura la vida».

«¡Pobre de mí! ¡¿Qué madre hay más infeliz que yo?!».

María suelta la mano de la joven para abrazar a la mujer y decirle dulcemente: «No peques con tu pensamiento y con tu lengua. Dar a Dios un hijo no es una desdicha; antes al contrario, es una gran gloria. Un día me dijiste que tu dolor era el haber tenido sólo una hija, porque querrías haber tenido el varón consagrado al Señor. Tú tienes no un varón sino un ángel, un ángel que precederá al Salvador en su triunfo. ¿Y te vas a considerar infeliz? Mi madre, habiéndome concebido en tarda edad, espontáneamente me consagró al Señor desde el primer latido mío que oyó en su seno. Y me tuvo sólo tres años. Y yo tampoco la tuve, sino en mi corazón. Pues bien, su paz al morir fue el haberme dado a Dios… ¡Ánimo, ven al Templo a cantar las alabanzas a Aquel que tanto te ama que ha elegido a tu hija como esposa! Ten una verdadera sabiduría en tu corazón. Verdadera sabiduría es no poner límites a la propia generosidad hacia el Señor».

La mujer ha dejado de llorar. Escucha… Luego se decide. Toma el manto y se envuelve en él. Y al pasar por delante de la hija suspira: «Primero la enfermedad, luego el Señor… ¡Se ve que no debía tenerte!…».

«No, mamá. No digas eso. Nunca me has tenido tanto como ahora. Tú y Dios. Dios y tú. Sólo vosotros, hasta la muerte…» y la abraza dulcemente y le pide: «¡Una bendición, madre! Una bendición… porque he sufrido por tener que hacerte sufrir. Pero Dios me quería así…».

Se besan llorando. Luego salen, precedidas por Jesús y María, y cierran la casa; luego se ponen detrás del grupo de las discípulas…

368.5

«¿Por qué entramos por aquí, Señor? ¿No era mejor entrar por la otra parte?» pregunta Santiago de Zebedeo.

«Porque, pasando por aquí, pasamos por delante de la Antonia».

«Y esperas… ¡Ten cuidado, Maestro!… El Sanedrín te espía» dice Tomás.

«¿Cómo lo sabes?» le pregunta Bartolomé.

«Basta reflexionar en el interés de los fariseos para comprender. ¡Me decís que con mil disculpas vienen continuamente a observar lo que hacemos!… ¿Con qué finalidad, si no es buscando de qué acusar al Maestro?».

«Tienes razón. Entonces es mejor no pasar por delante de la Antonia, Maestro. Si los romanos no te ven, pues mejor».

«Y en esta razón está contenido más el asco por ellos que la solicitud por mí, ¿no es verdad, Bartolmái? ¡Qué sabio serías si quitaras de tu corazón estas miserias!» responde Jesús, que sigue de todas formas por su camino sin escuchar a nadie.

Para ir a la Antonia tienen que pasar por el Sixto, donde están el palacio de Juana y el de Herodes, poco separados el uno del otro. Jonatán está en la puerta del palacio de Cusa. En cuanto ve a Jesús, da la voz a los de la casa. Sale inmediatamente Cusa y hace una reverencia. Le sigue Juana, ya preparada para unirse al grupo de las discípulas.

Cusa habla: «He oído que hoy estarás donde Juana. Concede a tu siervo tenerte como invitado en un banquete».

«Sí. Con tal de que me concedas que haga de él un banquete de caridad para los pobres y los infelices».

«Como te parezca, Señor. Ordena y haré lo que Tú quieras».

«Gracias. La paz sea contigo, Cusa».

Juana pregunta: «¿Tienes órdenes para Jonatán? Está a tu disposición».

«Las daré cuando vuelva del Templo. Vamos, porque nos esperan».

Pasan poco después junto al bonito y cruel palacio de Herodes (cerrado como si estuviera deshabitado). Pasan junto a la Antonia. Los soldados observan el pequeño cortejo del Nazareno.

368.6

Entran en el Templo. Mientras las mujeres se detienen en la parte inferior, los hombres prosiguen por el lugar concedido a ellos. Llegan así al sitio donde se presenta a los niños y se purifican las mujeres. Un pequeño grupito de gente acompaña a una joven madre y se detiene para cumplir las ceremonias del rito.

«¡Un pequeñuelo consagrado al Señor, Maestro!» dice Andrés, que observa la escena.

«Es, si no me equivoco, la mujer de Cesarea de Filipo[1], la del castillo. Pasó por delante de mí mientras te esperábamos en la Puerta Dorada» dice Santiago de Alfeo.

«Sí. Está también la suegra y el administrador de Felipe. No nos han visto. Pero nosotros los hemos visto a ellos» añade Judas Tadeo.

Y Mateo añade: «Y nosotros dos hemos visto a María de Simón con un anciano. Pero Judas no estaba. Parecía muy triste la mujer. Miraba afligida a su alrededor».

«Luego la buscaremos. Ahora vamos a orar. Y tú, Simón de Jonás, presenta la ofrenda en el gazofilacio[2]. Por todos».

Oran largamente. La gente advierte claramente su presencia y unos a otros se señalan al Maestro.

368.7

Un breve altercado, del que sobresale la nota aguda de una voz femenina, hace volver la cabeza a los que oran menos recogidos.

«Si he estado aquí para ofrecer el hijo varón a Dios, puedo quedarme otro poco para ofrecérselo a quien le salvó para el Señor» dice la voz aguda.

Y voces nasales de hombre insisten: «No le es lícito a la mujer detenerse aquí después del rito. Márchate».

«Me iré. Pero detrás de Él».

«Llámale entonces y vete con Él».

«¡Calma! ¡Calma! Dejad que la mujer hable y cuente en qué se basa para decir que el Nazareno ha salvado al niño para Dios» dice una voz despaciosa de hombre.

«¿Y qué interés tienes en ello, Jonatán de Uziel?».

«¡Mucho interés! Aquí hay ciertamente un nuevo pecado. Una nueva prueba. Escúchame, mujer. ¿Cómo te salvó a tu hijo ese hombre? ¿Quieres decírselo a los buscadores tenaces de la verdad?» solicita con hipócrita dulzura este fariseo que no me resulta nuevo.

«¡Sí! Lo digo con gratitud. Estaba desesperada porque el niño me había nacido muerto. Soy viuda, y esta criatura es todo para mí. Él vino y le dio vida».

«¿Cuándo? ¿Dónde?».

«En Cesarea de Filipo. Soy del castillo de Cesarea».

«¡La vida! Habrá sido sólo un repentino desmayo del niño…».

«No. Estaba muerto. Mi madre lo puede decir. Y lo puede decir el administrador del castillo. Vino y le infundió su aliento en la boca y el niño se agitó y lloró».

«¿Y tú dónde estabas?».

«En la cama, señor. Acababa de dar a luz».

«¡Qué horror!».

«¡Anatema!».

«¡Impuro!».

«¡Sacrílego!».

«¡Ahora veis si tenía o no razón al preguntar!».

«¡Eres sabio, Jonatán de Uziel! ¿Cómo lo has intuido?».

«Conozco a ese hombre. Le vi violar el sábado en mis tierras de la llanura para quitarse el hambre».

«¡Vamos a expulsarle de aquí!».

«¡Vamos a decírselo a los Príncipes de los sacerdotes!».

«No. Preguntémosle si se purificó. No podemos acusar sin saber…».

«Estáte callado, Eleazar. No te ensucies con una estúpida defensa».

La joven Dorca, implicada en medio, causa de tanto jaleo, rompe a llorar y grita: «¡No le hagáis ningún mal por causa mía!».

368.8

Pero ya algunos exaltados han llegado donde el Señor y le dicen impositivamente: «Ven aquí y responde».

Los apóstoles y discípulos están agitados de ira y temor. Jesús, sereno y solemne, sigue a los que le han llamado.

«¿Reconoces a esta mujer?» gritan mientras le empujan al centro del corro que se ha formado alrededor de Dorca, a la que señalan como si fuera una leprosa.

«Sí. Es una joven viuda y madre de Cesarea de Filipo. Y ésa es su suegra. Y ése es el administrador del castillo. ¿Y entonces…!».

«Ella te acusa de que entraste en su habitación mientras se producía el parto».

«¡No es verdad, Señor! No he dicho eso. He dicho que me reviviste a mi hijo. ¡Y nada más! Quería rendirte honor, y te he perjudicado. ¡Perdón, perdón!».

El administrador de Filipo interviene para ayudarla y dice: «No es verdad. Vosotros mentís. La mujer no ha dicho eso, y yo soy testigo y puedo jurarlo; como también que el Rabí no entró en la habitación, sino que obró el milagro desde la puerta».

«Calla, siervo».

«No. No callaré. Y se lo diré a Filipo, que venera al Rabí más que vosotros, falsos devotos del Dios altísimo».

El altercado pasa de la mujer al terreno religioso y político. Jesús guarda silencio. Dorca llora.

368.9

Eleazar, el invitado justo del banquete de la casa de Ismael, dice: «Creo que se ha aclarado la duda y no tiene ya objeto la acusación; y que el Rabí, justificado, puede libremente marcharse».

«No. Quiero saber si se purificó después de tocar al muerto. ¡Que lo jure por Yehoveh!» grita Jonatán de Uziel.

«No me purifiqué porque el niño no estaba muerto, sino que sólo tenía dificultad para respirar».

«¡Ah, ahora te va bien decir que no resucitó, ¿eh?!» grita un fariseo.

«¿Por qué no haces ostentación como en Quedes?» pregunta otro.

«¡No perdamos tiempo en palabras! Vamos a echarle de aquí y a llevar esta nueva imputación al Sanedrín. ¡Un cúmulo de imputaciones!».

«¿Qué otra?» pregunta Jesús.

«¿Que qué otra! ¿El haber tocado a la leprosa sin purificarte después? ¿Puedes negarlo? ¿Y haber blasfemado en Cafarnaúm, tanto que los más justos te han abandonado? ¿Puedes negarlo?».

«No niego nada. Pero no tengo pecado, porque tú, Sadoq, tú que acusas, sabes por el marido de Anastática que no estaba leprosa; tú lo sabes, paraninfo del adulterio de Samuel, tú, embustero con él ante el mundo para favorecer la lujuria de un inmundo, dando el nombre de lepra a lo que no era tal, y condenando a una mujer a la tortura que significa el ser llamado “leproso” en Israel, sólo porque eres cómplice del marido culpable».

El escriba Sadoq, uno de los que estaban en Yiscala y luego en Quedes, herido en pleno centro, se escabulle sin decir nada más. Le siguen los gritos burlones de la gente.

«¡Silencio! Es lugar sagrado» dice Jesús. Y ordena a la mujer y a los que estaban con ella: «Vamos. Venid conmigo a donde me esperan». Y se encamina, severo y majestuoso, seguido por los suyos.

368.10

Entretanto, la mujer, ante las preguntas de muchos, cuenta una y otra vez, repitiendo siempre: «Mi hijo es suyo y a Él se lo consagro».

El administrador se acerca a Jesús y dice: «Maestro, he referido a Filipo el milagro. Me ha enviado para decirte que te estima. Tenlo presente en las insidias de Herodes… y de los otros. Querría ver también él, y oírte. ¿No vienes hoy a su casa? Te acogería con gusto, incluso en la Tetrarquía».

«No soy ni un histrión ni un mago. Soy el Maestro de la Verdad. Que venga a la Verdad y no le rechazaré».

Están en el patio de las mujeres. «¡Ahí está! ¡Ahí está!» dicen las discípulas a María, que está preocupada por el retraso.

Se reúnen. Jesús quisiera despedirse de los de Cesarea, para ir a buscar a María, madre de Judas; pero Dorca se arrodilla y dice: «Te buscaba yo antes que ella, antes que esa mujer que buscas y que es madre de un discípulo. Te buscaba para decirte: “Este hijo es tuyo. Varón unigénito. Te lo consagro. Tú eres el Dios vivo. Que sea siervo tuyo”».

«¿Sabes lo que esto significa? Quiere decir consagrar a tu hijo al dolor, perderlo como madre y ganarlo como mártir en el Cielo. ¿Te sientes con fuerzas de ser mártir en tu hijo?».

«Sí, mi Señor. Mártir me habría hecho su muerte, un martirio de una pobre mujer madre. Por ti seré mártir de forma perfecta, grata al Señor».

«¡Pues así sea!…

368.11

¡Oh, María de Simón! ¿Cuándo has venido?».

«Ahora. Con Ananías, un pariente mío… Yo también te buscaba, Señor…».

«Lo sé. Y había enviado a Judas a decirte que vinieras. ¿No ha ido?».

La madre de Judas agacha la cabeza y susurra: «Salí inmediatamente después de él para ir al Getsemaní. ¡Pero ya te habías marchado!… He venido rápidamente al Templo… Ahora te encuentro… A tiempo de oír a esta muchacha, ya madre, ¡y tan dichosa!… ¡Cómo desearía poder decirte sus mismas palabras, Señor, respecto a un Judas recién nacido… lleno de dulzura… como uno de estos corderitos…» y, llorando, señala a los corderitos baladores que van hacia los que los han de inmolar. Se envuelve en el manto para esconder su llanto.

«Ven conmigo, madre. Hablaremos en casa de Juana. Éste no es el sitio apropiado».

Las discípulas toman consigo, en medio de ellas, a María, madre de Judas. El pariente Ananías, por su parte, se mezcla con los discípulos. Entre las discípulas también van Dorca y su suegra. María de Alfeo y Salomé entran en éxtasis haciendo mimos al pequeñuelo.

Se encaminan hacia la salida. Pero, antes de llegar, he aquí que un esclavo romano trae una tablilla encerada a Juana, que la lee y responde: «Dirás que sí. Por la tarde en mi casa, en el palacio».

Y luego es el gorjeo de Yaia y su madre al ver al Salvador: «¡Ahí está el Donador de la luz! ¡Bendito seas, Luz de Dios!» y están rostro en tierra, felices.

La gente se arremolina, pregunta, comprende, aclama.

Y luego es el anciano Matías el que venera y bendice (el hombre que ofreció hospedaje en la noche de tormenta a Jesús y a los suyos cerca de Yabés Galaad).

Luego es el abuelo de Margziam y los otros campesinos. Jesús, después de hablar con Juana, les dice: «Venid conmigo». Y ya se lo ha dicho a Dorca, a Yaia, a Matías.

368.12

Pero, cerca de la Puerta Dorada, están Marcos de Josías (el discípulo apóstata) y Judas Iscariote hablando animadamente. Judas ve venir al Maestro y se lo dice a su compañero; éste, quando tiene a Jesús detrás, se vuelve. Las miradas se entrecruzan. ¡Qué mirada la de Cristo! Pero el otro ya está sordo ante cualquier santo poder. Para huir antes, casi echa a Jesús contra una columna. Y Jesús no reacciona sino diciendo: «¡Marcos, deténte! ¡Por piedad de tu alma y de tu madre!».

«¡Satanás!» grita el otro. Y se marcha.

«¡Qué horror!» gritan los discípulos. «¡Maldícele, Señor!». Y el primero en decirlo es Judas Iscariote.

«No. Dejaría de ser Jesús… Vamos…».

«¿Pero cómo, cómo es que se ha vuelto así? ¡Tan bueno como era!» dice Isaac, que parece como traspasado por una flecha de lo apenado que está por el cambio de Marcos.

«Es un misterio. ¡Una cosa inexplicable!» dicen muchos.

Y Judas de Keriot: «Sí. Le dejaba hablar. Todo una herejía. ¡Pero cómo la dice! Casi te persuade. No era tan sabio cuando era justo».

«Debes decir que no estaba tan enajenado cuando estaba endemoniado cerca de Gamala» dice Santiago de Zebedeo.

Y Juan pregunta: «¿Por qué, Señor, cuando estaba endemoniado te causaba menos daño que ahora? ¿No puedes curarle para que no te perjudique?».

«Porque ahora ha recibido dentro de sí a un demonio inteligente. Antes era una posada tomada por la fuerza por una legión de demonios. Pero faltaba en él el consenso de tenerlos. Ahora su inteligencia ha querido a Satanás, y Satanás ha puesto en él una fuerza demoníaca inteligente. Contra esta segunda posesión nada puedo. Debería violentar la voluntad libre del hombre».

«¡¿Sufres, Maestro?!».

«Sí. Son mis angustias… mis derrotas… Y si me aflijo es porque son almas que se pierden. Sólo por esto. No por el mal que me hacen a mí».

368.13

Estando todos parados, a la espera de que el camino quede libre de un atasco de gente y caballerías, forman corrillo. La mirada de la madre de Judas es de una potencia tal, que su hijo le pregunta: «¡Pero bueno!, ¿qué te pasa? ¿Es la primera vez que ves mi cara? Tú es que estás enferma. Tengo que llevarte al médico…».

«¡No estoy enferma, hijo! ¡Ni es la primera vez que te veo!».

«¿Y entonces?».

«Entonces… nada. Lo único es que quisiera que no merecieras jamás estas palabras del Maestro».

«Yo ni le abandono ni le acuso. ¡Soy su apóstol!».

Reanudan la marcha, hasta que Jesús se detiene para saludar a Juana y a las discípulas que van con Juana a su casa. Los hombres, todos, van al Getsemaní.

«Podíamos haber ido todos allá. Hubiera querido ver lo que decía Elisa» masculla Pedro.

«Lo verás. Porque será hoy cuando sepa, y de mi boca, que a Anastática se la confío a ella».

«¿Y esta noche banquete?».

«Sí. Ya he dicho a Juana lo que debe hacer».

«¿Qué debe hacer? ¿Cuándo se lo has dicho?» pregunta más de uno.

«Lo veréis. Antes de dejarla. Mientras la saludaba. Vamos sin demora, para estar pronto en el jardín de Juana».


Notes

  1. femme : il s’agit de Dorca, rencontrée en 345.3/5.
  2. trésor : on appelait ainsi le lieu, à l’intérieur de l’enceinte du Temple, où les fidèles déposaient leurs offrandes en argent. Dans l’œuvre de Maria Valtorta, il est mentionné, par exemple, en 197.3, 523.8, 596.4, 645.2. Ce pourrait être aussi la grande pièce bien décorée de 506.1.
  3. que j’ai déjà vu, parce que déjà rencontré en 207.2/4.

Notas

  1. la mujer de Cesarea de Filipo es Dorca, con quien ya nos hemos encontrado en 345.3/5; este fariseo que no me resulta desconocido, de doce párrafos más abajo, es Jonatán de Uziel, con quien nos habíamos encontrado en 217.2/4.
  2. Se llamaba gazofilacio a un recinto del Templo en que los fieles depositaban las ofrendas de dinero, como será confirmado en 523.8. Mencionado en Juan 8,20 (aunque las nuevas traducciones dicen lugar del tesoro), podría ser la vasta habitación bien adornada que nos encontraremos en 506.1.