Je ne vois pas la distribution de la nourriture aux lépreux d’Hinnon, et j’en entends seulement parler. Mais il ne me semble pas qu’il y ait eu des miracles parmi eux, car Simon-Pierre dit :
« Leur atroce solitude ne leur a pas donné la grâce de croire et de savoir où est le Salut. »
Ensuite, la ville les accueille par la porte qui donne accès au bruyant et populeux faubourg d’Ophel.
Après quelques mètres, Annalia bondit joyeusement par une porte entrouverte et vénère le Maître en disant :
« J’ai la permission de ma mère, Seigneur, de rester avec toi jusqu’au soir.
– Cela ne déplaira-t-il pas à Samuel ?
– Il n’y a plus de Samuel dans ma vie, Seigneur. Que le Très-Haut en soit remercié et m’accorde seulement de ne pas te quitter, toi mon Dieu, comme mon fiancé m’a quittée. »
Sa bouche juvénile sourit héroïquement alors qu’une larme brillante resplendit dans son regard pudique.
Jésus la regarde fixement et lui dit pour toute réponse :
« Rejoins tes sœurs, les disciples. »
Et il reprend sa route. Mais la vieille mère d’Annalia, abattue par la souffrance plus que par l’âge, s’approche à son tour et salue, toute courbée par le respect et l’accablement. Elle dit :
« Paix à toi, Maître. Quand pourrais-je te parler ? J’ai tant d’ennuis !
– Maintenant, femme. »
Et, s’adressant à ceux qui se trouvent là, il ordonne :
« Restez dehors. Moi, j’entre un instant dans cette maison. »
Au moment où il va s’éloigner derrière la femme, Annalia, du groupe des femmes disciples, le rappelle d’un seul mot :
« Maître ! »
Mais que n’y a-t-il pas dans ce simple mot ! En le prononçant, elle joint les mains comme pour supplier…
« Ne crains rien. Reste en paix. Ta cause est entre mes mains, ainsi que ton secret » dit Jésus pour la rassurer.
Puis il entre vivement par la porte entrouverte.
Au-dehors, on commente le fait, et la curiosité des hommes rivalise avec celle des femmes pour savoir… savoir… savoir…