Los Escritos de Maria Valtorta

382. Halte restauratrice chez Nikê, qui devra

382. Un alto en casa de Nique.

382.1

La route a beau traverser de vertes campagnes bordées d’arbres feuillus jusqu’à la limite de la route, c’est une fournaise sous le soleil de midi. Il monte des champs, où les moissons vont bientôt arriver à maturité, une chaleur et une odeur de four où la fleur de farine devient du pain. La lumière est aveuglante. Chaque épi semble être une petite lampe dorée dans les enveloppes d’or et les barbes piquantes, et le scintillement du soleil sur la paille des tiges est une torture pour les yeux, de même que le scintillement du chemin que le soleil rend aveuglant. C’est en vain que le regard cherche à se reposer sur les feuillages. Si on lève les yeux rougis et irrités à leur recherche, on est encore davantage à la merci d’un soleil impitoyable et il faut aussitôt les baisser pour fuir sa violence, les fermer et se contenter d’une fente à travers les cils poussiéreux. La sueur trace des lignes brillantes sur les joues cramoisies. Les pieds fatigués se traînent, en soulevant une nouvelle poussière qui est un perpétuel tourment.

Jésus réconforte ses apôtres fatigués. Comme il transpire, lui aussi, il s’est mis son manteau sur la tête pour se défendre du soleil et il conseille aux autres de l’imiter. Ils obéissent sans mot dire, trop épuisés pour pouvoir se livrer à leurs habituelles lamentations. Ils titulent comme des gens ivres…

« Prenez courage. Voici une maison, là-bas, dans les champs…, dit Jésus.

– Si elle est comme les autres… on n’y trouve que le découragement de se traîner, sans but, dans une campagne brûlante » bougonne Pierre dans son manteau.

Les autres approuvent par un “ ouais ! ” découragé.

« Moi, j’y vais. Vous, restez ici à l’abri de ce peu d’ombre.

– Non, non. Nous t’accompagnons. Au moins y trouverons-nous un puits, ici où l’eau ne manque pas… et nous boirons pour éteindre le feu qui est en nous.

– Boire, quand vous avez aussi chaud, vous ferait du mal.

– Nous mourrons… mais ce sera toujours mieux que ce que nous supportons maintenant… »

Jésus ne réplique rien. Il soupire et part en avant par un petit sentier à travers les moissons.

382.2

Les champs ne vont pas jusqu’à la maison, mais s’arrêtent à la limite d’un merveilleux verger, ombragé, où les feuillages tempèrent la lumière et la chaleur. Il forme autour de la maison une couronne épaisse et reposante. Les apôtres y entrent avec un “ ah ! ” de soulagement. Jésus va de l’avant sans se soucier de leurs demandes de s’arrêter un peu.

Un roucoulement de pigeons, un grincement de poulie, des voix paisibles de femmes arrivent de la maison et se répandent dans le silence absolu de la campagne.

Jésus débouche sur une petite terrasse qui entoure la maison, comme un trottoir large et propre sur lequel une tonnelle de vigne étend une dentelle de feuillage et une ombre protectrice. Il y a deux puits, l’un à droite de la maison, l’autre à gauche, ombragés par la vigne. Des parterres s’étendent contre les murs de la maison. Des rideaux légers, à rayures sombres, ondulent devant les portes ouvertes. On entend des voix de femmes et des bruits de vaisselle provenir d’une pièce.

Jésus va dans cette direction, et une douzaine de pigeons, qui becquetaient du grain jeté sur le sol, s’envolent à son passage avec de grands battements d’ailes. Le bruit attire l’attention des gens qui se trouvent dans la salle, et on remarque le déplacement du rideau que Jésus écarte de la main droite. Une servante le pousse aussi à gauche et reste saisie d’étonnement devant l’Inconnu.

« Paix à cette maison ! Puis-je, comme pèlerin, me restaurer ? » dit Jésus en restant sur le seuil de la pièce.

C’est une vaste cuisine dans laquelle les servantes sont en train de ranger la vaisselle utilisée pour le repas de midi.

« La maîtresse ne te repoussera pas. Je vais l’avertir.

– J’ai douze compagnons avec moi, et si je devais être seul à pouvoir me restaurer, je préférerais m’en passer.

– Nous le dirons à la maîtresse et certainement…

382.3

– Maître et Seigneur ! Toi, ici ? Chez moi ? Quelle grâce est-ce donc ? » interrompt une voix, et une femme, Nikê, se précipite et s’agenouille pour baiser les pieds de Jésus.

Les servantes sont de vraies statues. Celle qui lavait les assiettes est restée avec un torchon dans la main droite et une assiette qui dégouline dans la main gauche, rougie par l’eau bouillante. Une autre, occupée à nettoyer les couteaux, assise par terre dans un coin sur ses talons, se met à genoux pour mieux voir et les couteaux tombent avec fracas sur le sol. Une troisième, qui est en train de vider la cendre des fourneaux, lève son visage noirci et reste bouche bée au-dessus du foyer.

« Me voilà. On nous a repoussés de plusieurs maisons. Nous sommes fatigués et morts de soif.

– Oh ! viens, viens ! Pas ici. Dans les salles situées au nord qui sont fraîches et ombragées. Quant à vous, préparez de l’eau pour la toilette et les boissons aromatisées. Et toi, fillette, cours éveiller l’intendant pour qu’il s’occupe d’un casse-croûte en attendant le banquet…

– Non, Nikê ! Je ne suis pas un hôte mondain. Je suis ton Maître persécuté. Je te demande abri et amour plutôt que de la nourriture. Je demande de la pitié, plus pour mes amis que pour moi-même…

– Oui, Seigneur. Mais quand avez-vous pris votre dernier repas ?

– Eux, je ne sais pas. Moi, hier à l’aurore avec eux.

– Tu vois donc… Je ne ferai pas d’excès. Mais comme une sœur ou une mère, je donnerai à tous ce qu’il faut et à toi, comme servante et disciple, je donnerai amour et aide. Où sont les frères ?

– Dans le verger. Mais peut-être arrivent-ils déjà. J’entends leurs voix. »

Nikê court au-dehors, elle les voit et les appelle, puis elle les conduit avec Jésus dans un frais vestibule où il y a déjà des bassins et des serviettes et où ils peuvent se rafraîchir le visage, les bras et les pieds poussiéreux et en nage.

« Je vous en prie, ôtez vos vêtements trempés de sueur. Donnez-les tout de suite aux servantes. Cela vous fera du bien d’avoir des habits propres et des sandales fraîches. Puis venez dans cette salle. Je vous y attends. »

Elle sort et ferme la porte…

382.4

…« Ah ! qu’on est bien à l’ombre, ainsi rafraîchis ! soupire Pierre en entrant dans la salle où Nikê les attend, prévenante et respectueuse.

– Ma joie de pouvoir vous soulager est certainement plus grande que le soulagement lui-même, ô apôtre de mon Seigneur.

– Hum ! Apôtre… Oui… Mais, vois-tu, Nikê, pas de façons. Toi, sans montrer que tu es riche et sage, moi sans faire sentir que je suis apôtre. Comme ça… en bons frères qui ont besoin l’un de l’autre pour l’âme et pour la chair. Cela me fait trop… peur de penser que je suis “ apôtre ”.

– Peur de quoi ? demande la femme, stupéfaite, avec un sourire.

– De… d’être trop… trop gros par rapport à la glaise que je suis et peur que le poids me fasse crouler… Peur de… d’être orgueilleux et de faire mon petit coq… Peur que… avec l’idée que je suis un apôtre, les autres… les disciples, je veux dire, et les bonnes âmes se tiennent à distance et gardent le silence même si je me trompe… Or je ne veux pas cela, car parmi les disciples, même parmi ceux qui croient, comme ça, tout simplement, il y en a beaucoup qui sont meilleurs que moi, les uns en ceci, les autres en cela… moi, je veux faire comme… comme cette abeille qui est entrée et qui s’est régalée dans les paniers de fruits que tu nous as fait apporter, en prenant un peu de ceci, un peu de cela, et maintenant y met pour compléter les sucs de ces fleurs, et qui ensuite sortira pour sucer les trèfles et les bleuets, les camomilles et les liserons. Elle prend de tout, et moi, j’ai besoin de faire comme elle…

– Mais tu goûtes à la plus belle fleur : le Maître !

– Oui, Nikê. Mais de lui j’apprends à devenir fils de Dieu. Des hommes bons, j’apprendrai à devenir homme.

– Tu l’es déjà.

– Non, femme. Je suis un peu mieux qu’un animal, et je ne sais vraiment pas comment le Maître me supporte…

– Je te supporte parce que tu sais ce que tu es, et parce qu’à cause de cela on peut te travailler comme une pâte. Mais si tu étais obstiné, têtu, orgueilleux surtout, je te chasserais comme un démon », dit Jésus.

382.5

Des servantes arrivent avec des tasses de lait froid et des amphores poreuses où les boissons sont certainement très fraîches.

« Veuillez vous restaurer » dit Nikê. « Ensuite, vous pourrez vous reposer jusqu’au soir. La maison a des pièces et des lits, et s’il n’y en avait pas, je donnerais les miens pour votre repos. Maître, je me retire pour les occupations de la maison. Vous savez tous où me trouver et où trouver les servantes.

– Va, et ne te fais aucun souci pour nous. »

Nikê sort. Les apôtres font honneur au goûter qui leur a été offert. Ils mangent de bon appétit, parlent et commentent.

« Quels bons fruits !

– Et quelle bonne disciple !

– Une belle maison, sans luxe, mais sans misère.

– Et dirigée par une femme qui exerce une douce autorité. Il y règne ordre, propreté, respect et, en même temps, bonté.

– Quels beaux champs elle possède tout autour ! Une vraie richesse !

– Oui. Et une fournaise !… » dit Pierre, qui n’a pas encore oublié ce qu’il a enduré.

Les autres rient.

« Pourtant, ici, on est bien. Mais savais-tu que Nikê habitait ici ? demande Thomas.

– Pas plus que vous. Je savais qu’elle avait près de Jéricho des terres récemment acquises. Rien de plus. Le cher ange des pèlerins nous a guidés.

– Vraiment, c’est toi qu’il a guidé. Nous ne voulions pas venir.

– Moi, j’étais prêt à me jeter par terre et à me faire brûler par le soleil plutôt que de faire un pas de plus, dit Matthieu.

– On ne peut plus voyager de jour. Cette année, le soleil a déjà pris beaucoup de force. Il semble devenir fou lui aussi.

– Oui, nous marcherons aux premières heures du jour et dans la soirée. Mais bientôt nous partirons dans les montagnes. La chaleur y est plus tempérée.

– Chez moi ? demande Judas.

– Oui, Judas. Et aussi à Yutta et à Hébron.

– Mais nous n’irons pas à Ascalon, hein ?

– Non, Pierre. Nous irons là où nous ne sommes pas encore allés. Mais nous aurons sûrement encore du soleil et de la chaleur. Un peu de sacrifice pour l’amour de moi et pour celui des âmes. Maintenant, reposez-vous. Moi, je vais prier dans le verger.

– Mais n’es-tu jamais fatigué ? Ne vaudrait-il pas mieux que tu prennes quelque repos, toi aussi ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Peut-être le Maître veut-il s’arrêter ici…, insinue Simon le Zélote.

– Non. Nous partirons à l’aube pour traverser le fleuve à gué aux heures fraîches.

– Où allons-nous, au-delà du Jourdain ?

– Les foules reviennent à leurs maisons après la Pâque. A Jérusalem, un trop grand nombre de personnes m’ont cherché en vain. Je prêcherai et je guérirai au gué. Ensuite, nous irons mettre en ordre la petite maison de Salomon. Elle nous sera précieuse…

– Mais nous ne retournons pas en Galilée ?

– Nous irons aussi. Mais nous resterons beaucoup dans cette partie méridionale et ce sera un précieux abri. Dormez, moi je sors. »

382.6

Le souper doit avoir eu lieu. Il fait nuit. Une rosée abondante tombe bruyamment des corniches sur les feuilles de vigne. Dans le ciel, il y a un nombre invraisemblable d’étoiles. Le regard se perd à les contempler. Chants des grillons et cris des oiseaux nocturnes… silence de la campagne…

Les apôtres se sont déjà retirés. Mais Nikê est levée et elle écoute le Maître.

Il est assis bien droit sur un siège de pierre contre la maison. La femme est debout, devant lui, dans une attitude d’attention respectueuse. Jésus doit terminer un entretien déjà commencé. Il dit :

« Oui, c’est une bonne observation. Mais j’étais certain que l’aide du Seigneur ne ferait pas défaut au pénitent, ou plutôt à celui “ qui allait renaître ”. Pendant qu’on dînait et que tu interrogeais tout en servant, je pensais que cette aide, ce serait toi. Tu as dit : “ Je ne peux te suivre que pendant de courtes périodes, parce qu’il me faut surveiller la maison et la nouvelle domesticité. ” Et tu le regrettais, en ajoutant que, si tu avais su que tu me trouverais si vite, tu n’aurais pas fait cette acquisition qui te retient. Tu vois qu’elle a été utile pour recevoir les évangélisateurs. Elle est donc bonne. Mais tu peux apporter encore ton aide… en attendant de servir parfaitement ton Seigneur. Je te demande une faveur, pour l’amour de cette âme qui est en train de renaître, qui est pleine de bonne volonté, mais qui est très faible. L’excès de pénitence pourrait l’angoisser et Satan pourrait utiliser cette angoisse.

– Que dois-je faire, mon Seigneur ?

– Aller là-bas, à chaque lune, comme si c’était un rite. C’en est un : c’est un rite d’amour fraternel. Tu iras à Carit et, en montant par le sentier parmi les ronces, tu appelleras : “ Elie ! Elie ! ” Il apparaîtra, tout étonné, et tu le salueras ainsi : “ Paix à toi, frère, au nom de Jésus le Nazaréen. ” Tu lui apporteras autant de pains biscuités qu’il y a de jours dans une lune. Pas plus en été. A partir de la fête des Tentes, tu joindras aux pains quatre logs[1] d’huile chaque mois. A la fête des Tentes, tu lui apporteras une peau de chèvre, lourde et ne prenant pas l’eau, et une couverture. Rien d’autre.

– Et pas un mot ?

– Le strict nécessaire. Il te demandera de mes nouvelles. Tu diras ce que tu sais. Il te confiera ses doutes, ses espoirs, et ce qui l’accablera. Tu répondras ce que ta foi et ta pitié t’inspireront. Son sacrifice ne durera pas longtemps, d’ailleurs… Pas même douze lunes… Veux-tu faire preuve de pitié envers moi et envers ce pénitent ?

– Oui, mon Seigneur…

382.7

Mais pourquoi es-tu si triste ?

– Et toi, pourquoi pleures-tu ?

– Parce que je sens dans tes paroles un présage de mort… te perdrai-je si tôt, mon Seigneur ? »

Nikê pleure dans son voile.

« Ne pleure pas ! Ce sera une telle paix pour moi ensuite…. Plus de haine, plus de pièges, plus toute cette… horreur du péché sur moi, autour de moi, plus de contacts atroces… Ne pleure pas, Nikê ! Ton Sauveur sera en paix. Il sera victorieux…

– Mais avant… mais avant… Avec mon mari, nous lisions toujours les prophètes… Et nous tremblions d’horreur à cause des paroles de David et d’Isaïe… Mais vraiment, vraiment, en sera-t-il ainsi de toi ?

– Cela et davantage encore…

– Oh !… Qui te réconfortera ? Qui te fera mourir avec… espoir encore ?

– L’amour des disciples et spécialement des femmes fidèles.

– Le mien aussi, alors. Car, à aucun prix, je ne serai loin de mon Rédempteur. Seulement… oh, Seigneur ! Exige de moi n’importe quelle pénitence, n’importe quel sacrifice, mais donne-moi un courage viril à cette heure-là. Quand tu seras[2] “ comme une terre desséchée ”, “ la langue attachée au palais ” à cause de la soif, quand tu auras l’air d’un “ lépreux qui se couvre le visage ”, fais que je reconnaisse en toi le Roi des rois, et que je vienne à ton secours en servante dévouée. Ne me cache pas ton visage torturé, mon Dieu ! Mais permets-moi de me délecter comme maintenant de la splendeur de ta face, ô Etoile du matin, et fais que je puisse te regarder alors et que, ce jour-là, ton visage s’imprime dans mon cœur, que la douleur aura rendu, comme le tien, aussi mou que cire… »

Nikê est maintenant à genoux, presque prosternée, en larmes, et de temps à autre, elle lève la tête pour regarder son Seigneur, pureté de chair sous la pureté de la lune, sur le sombre arrière-fond du mur.

« Tu auras tout cela. Et moi, j’aurai ta pitié. Elle montera avec moi sur mon gibet et de là, avec moi au Ciel. Ce sera ta couronne pour l’éternité. Les anges et les hommes feront de toi le plus bel éloge : “ A l’heure du malheur, du péché, du doute, elle fut fidèle, elle n’a pas péché et elle est venue au secours de son Seigneur. ” Lève-toi, femme, et sois bénie dès maintenant et pour toujours. »

Il lui impose les mains alors qu’elle est en train de se lever, puis ils rentrent dans la maison silencieuse pour le repos de la nuit.

382.1

El camino, a pesar de que corte verdes campos orlados de árboles frondosos en su linde con él, es un horno bajo el sol cenital. De los campos — los cereales se encaminan rápidamente a su maduración — viene un calor y olor como de horno en que la flor de la harina se transforma en pan. La luz es deslumbradora. Cada espiga, entre las glumas áureas y las aristas puntiagudas, parece una pequeña lámpara de oro, y los visos del sol en la paja de los tallos molesta a los ojos, como también los reflejos del camino, cegador de tanto sol. En vano los ojos buscan alivio en las frondas: si se alzan buscándolo, quedan aún más a merced del sol despiadado y han de bajarse enseguida, huyendo de esa violencia, y restringirse, reducirse a una abertura sutil entre las pestañas polvorientas, entre los bordes de los párpados enrojecidos y doloridos. El sudor forma líneas brillantes en los carrillos polvorientos. Los pies cansados se arrastran levantando nuevo polvo que atormenta, atormenta, atormenta.

Jesús consuela a sus cansados apóstoles. Aunque Él también suda, se ha puesto sobre la cabeza el manto, para defenderse del sol, y aconseja a los demás que hagan lo mismo. Ellos obedecen sin decir nada. Están demasiado cansados para encontrar la fuerza necesaria para una de sus habituales manifestaciones de descontento. Van como borrachos…

«¡Ánimo!, que allá entre los campos hay una casa…» dice Jesús.

«Si es como las otras… lo único será el desconsuelo de recorrer mucho camino sin sentido por esas tierras abrasadoras» rezonga Pedro bajo el manto. Y los otros lo confirman con un «¡mmm!» desconsolado.

«Voy Yo. Quedaos aquí, debajo de esta poca sombra».

«No. No. Vamos también nosotros. Aquí no falta el agua. Al menos tendrán un pozo… Y bebemos para apagar el fuego que tenemos dentro».

«Beber tan sudorosos os haría daño».

«Moriremos… pero en todo caso será mejor que lo que tenemos ahora…».

Jesús no rebate. Suspira y se pone a caminar delante del grupo, por un senderillo que hay entre los campos de cereales.

382.2

Los campos no llegan hasta la casa, sino sólo hasta los límites de un pomar maravilloso, lleno de sombra, donde la luz y el calor están mitigados, y que forma un cinturón opimo y reconfortador en torno a la casa. Y los apóstoles, con un «¡ah!» de alivio, se lanzan adentro. Jesús sigue andando, sin tener en cuenta sus peticiones de quedarse allí un buen rato.

Zurear de palomas, chirrío de garruchas, serenas voces de mujer vienen de la casa y se esparcen en el silencio soleado del campo.

Jesús aparece en una placita que circunda a la casa, como una acera ancha y limpia sobre la que una pérgola de uva extiende un bordado de frondas y sombra protectora. Dos pozos, uno en el lado derecho, otro en el lado izquierdo de la casa, asombrados por la vid. Arriates junto a las paredes de la casa. Cortinas ligeras, de rayas obscuras, ondean en las puertas abiertas. Voces de mujeres y rumor de movimiento de loza salen de una habitación.

Jesús se dirige a ella, y a su paso una docena de palomas, que estaban picoteando unos granos de cereales, alzan el vuelo con fuerte aleteo. El ruido atrae la atención de quien está en la habitación, y mientras Jesús aparta la cortina con la mano por la parte derecha, contemporáneamente una criada la aparta por la izquierda… y se queda asombrada ante el Desconocido.

«¡Paz a esta casa! ¿Podéis darme refrigerio, como peregrino?» dice Jesús desde la puerta de esta habitación, que es una cocina grande donde las domésticas están lavando la loza usada para la comida del mediodía.

«La ama no te cerrará su casa. Voy a avisarla».

«Pero traigo conmigo a otros doce, y si pudiera darme refrigerio sólo a mí preferiría quedarme sin él».

«Vamos a decírselo a la ama sin duda…».

382.3

«¡Maestro y Señor! ¿Tú aquí? ¿En mi casa? ¿Qué gracia especial es ésta?» interrumpe una voz; y una mujer, Nique, se acerca rápidamente y se arrodilla a besar los pies de Jesús.

Las criadas parecen estatuas. La que estaba lavando los platos se ha quedado con el trapo en la derecha y un plato que gotea en la izquierda enrojecida por el agua hirviendo. Otra, que estaba sacando brillo a los cuchillos, en un rincón, sentada en el suelo sobre los talones, se yergue sobre sus rodillas para ver mejor, y se le caen los cuchillos al suelo con estrépito. Una tercera, que estaba vaciando de ceniza los fogones, levanta la cara cenizosa y se queda así, por encima del nivel del hogar, con la boca abierta.

«Aquí estoy. Nos han rechazado en muchas casas. Estamos cansados y sedientos».

«¡Oh! ¡Ven! ¡Ven! No aquí. A las salas de septentrión, que son frescas y umbrosas. Y vosotras preparad agua para los cuerpos y bebidas aromáticas. Y tú, niña, corre a despertar al administrador; que te ayude para las primeras cosas de comer, en espera del banque­te…».

«¡No, Nique! No soy el invitado mundano. Soy tu Maestro perseguido. Te pido alojamiento y amor más que comida. Pido piedad. Más para mis amigos que para mí mismo…».

«Sí, Señor. Pero ¿cuándo habéis comido por última vez?».

«Ellos no lo sé. Yo ayer, al rayar el día, con ellos».

«¿Lo ves!… No voy a derrochar. Pero, como una madre o hermana, voy a darles a todos lo necesario, y a ti, como sierva y discípula, honor y ayuda. ¿Dónde están los hermanos?».

«En el huerto. Pero quizás ya vienen. Oigo voces».

Nique corre afuera y los ve. Los llama y luego los conduce, junto con Jesús, a un fresco vestíbulo donde ya hay barreños y toallas y pueden refrescarse la cara, brazos y pies, del abundante polvo y del sudor.

«Por favor, quitaos esa ropa tan sudada; dádselo todo inmediatamente a las criadas. Es un gran descanso tener los vestidos limpios y las sandalias frescas. Y luego venid a esa sala. Os espero allí».

Y Nique se marcha, cerrando la puerta…

382.4

…«¡Ah! ¡Pues se está bien en esta sombra y así, bien refrescados!» suspira Pedro entrando en la sala donde Nique los espera, atenta y respetuosa.

«Mi alegría por poderos aliviar es más grande que tu propio alivio, apóstol de mi Señor».

«¡Mmm! Apóstol… Ya… bueno… Mira, Nique, vamos a hacer una cosa simple, ¿eh? Tú sin mostrar que eres rica y culta, yo sin mostrar que soy apóstol; así… como buenos hermanos, que tienen necesidad el uno del otro para el alma y el cuerpo. Me da demasiado… miedo pensar que soy “apóstol”».

«¿Miedo a qué?» pregunta sorprendida la mujer, y sonríe.

«De… ser demasiado… demasiado voluminoso respecto a la arcilla que soy, y de que vaya a romperme por el peso… Miedo a… hacerme un engreído por la soberbia… Miedo de que… con la idea de que soy el apóstol, los otros… quiero decir, los discípulos… y las almas buenas, se mantengan distantes de mí y callen aunque me equivoque… Y yo esto no lo quiero, porque entre los discípulos, incluso entre los que creen, así, llanamente y sin más, hay muchos que son mejores que yo, unos en una cosa, otros en otra; y yo quiero hacer como… como esa abeja que ha entrado y se ha chupado un poco de esto un poco de lo otro de las cestas de fruta que has mandado traer para nosotros, y ahora, para completar, añade los jugos de esas flores, y luego irá afuera a chupar tréboles y flores de lis, manzanillas y convólvulos. Toma de todos. Y yo necesito hacer como ella…»

«¡Tú libas la más hermosa flor: el Maestro!».

«Sí, Nique. Pero de Él aprendo a hacerme hijo de Dios; de los hombres aprenderé a hacerme hombre».

«Lo eres».

«No, mujer. Soy poco menos que un animal. Y no sé verdaderamente cómo es que me soporta el Maestro…».

«Te soporto porque sabes lo que eres, y por eso puedes ser trabajado como la pasta. Pero si hicieras resistencia y fueras terco, soberbio sobre todo, te alejaría de mí como a un demonio» dice Jesús.

382.5

Entran unas criadas con tazas de leche fría, y ánforas porosas donde los líquidos ciertamente están muy frescos.

«Por favor, tomad este refresco» dice Nique. «Después podréis descansar hasta la noche. La casa tiene habitaciones y camas. Y, si no las tuviera, dejaría las mías para que descansarais vosotros. Maestro, me retiro para las labores de la casa. Sabéis todos dónde encontrarme, a mí y a las criadas».

«Ve. Y no estés preocupada por nosotros».

Nique sale. Los apóstoles hacen honor al refresco que les ha sido ofrecido. Y, comiendo con alegre apetito, hablan y comentan.

«¡Buena fruta!».

«Y buena discípula».

«Bonita casa. No lujosa, pero no pobre».

«Y gobernada por una mujer que es dulce y fuerte al mismo tiempo. Orden, limpieza, respeto, y al mismo tiempo afectuosidad».

«¡Qué campos tan bonitos tiene alrededor! ¡Una buena riqueza!».

«Sí. ¡Un horno!…» dice Pedro, que no ha olvidado todavía lo que ha sufrido. Los otros ríen.

«Pero aquí se está bien. ¿Y sabías que Nique estaba aquí?» pregunta Tomás.

«No más de lo que lo supierais vosotros. Sabía que cerca de Jericó tenía unas tierras que había adquirido hacía poco. Nada más. El amado ángel de los peregrinos nos ha guiado».

«La verdad es que te ha guiado a ti. Nosotros no queríamos venir».

«Yo estaba dispuesto ya a echarme al suelo y dejarme achicharrar por el sol antes que dar un sólo paso más» dice Mateo.

«Ya no se puede andar de día. Este año el sol muy pronto es fuerte. Parece que también él se está volviendo loco».

«Sí. Vamos a caminar durante las primeras horas del día y cuando sea de noche. Pero pronto iremos a los montes. Allí el calor está más mitigado».

«¿A mi casa?» pregunta Judas Iscariote.

«Sí, Judas. Y a Yuttá y a Hebrón».

«Pero no a Ascalón, ¿eh?».

«No, Pedro. Iremos a lugares a donde no hayamos ido todavía. De todas formas, tendremos también sol y calor. Un poco de sacrificio por amor a mí y a las almas. Ahora descansad. Voy a orar al huerto».

«¿Pero Tú no estás nunca cansado? ¿No sería mejor que descansaras Tú también?» pregunta Judas de Alfeo.

«Quizás el Maestro quiere estar aquí un tiempo…» observa el Zelote.

«No, partimos al rayar el alba. Para esguazar el río durante las horas frescas».

«¿A dónde vamos a la otra orilla del Jordán?».

«Las turbas regresan después de la Pascua a sus casas. En Jerusalén demasiados me buscaron en vano. Predicaré y curaré en el vado. Luego iremos a poner en orden la casita de Salomón. Nos será preciosa…».

«¿Pero no volvemos a Galilea?».

«También iremos allí. Pero estaremos mucho en estas partes meridionales y un refugio será precioso. Dormid. Yo salgo».

382.6

La cena debe haber tenido lugar. Es de noche. Abundantes gotas de rocío que de los aleros caen sonando en las hojas de la vid. Estrellas inverosímiles en el cielo; un número incalculable de estrellas, de estrellas en que se pierde la mirada. Cantos de grillos y aves nocturnas, y silencio de los campos.

Los apóstoles ya se han retirado. Pero Nique está levantada, escuchando al Maestro. Él está sentado rígidamente en un asiento de piedra que apoya contra la casa. La mujer está de pie, delante de Él, con postura de atento respeto.

Jesús debe estar terminando de desarrollar unas palabras. Dice: «Sí. La observación es cabal. Pero es cierto que a este penitente, o mejor: a este que “está renaciendo”, no le habría faltado la ayuda del Señor. Mientras cenábamos y tú preguntabas al mismo tiempo que servías, Yo pensaba que la ayuda eres tú. Has dicho: “No puedo seguirte sino por breves períodos, porque se debe vigilar la casa y a la servidumbre nueva”. Y manifestabas tu desazón por ello, diciendo que si hubieras sabido que me ibas a haber encontrado en seguida, no habrías adquirido esto que te vincula. Como puedes ver, esto ha servido para hospedar a los evangelizadores. Por tanto, es bueno. Pero es que, de todas formas, puedes servir… En espera de servir perfectamente a tu Señor, te pido un servicio, por amor a esa alma que está renaciendo, que está llena de buena voluntad, pero que es muy débil. El exceso de penitencia podría angustiarla, y Satanás servirse de esa angustia».

«¿Qué debo hacer, mi Señor?».

«Ir. Cada luna, ir como si fuera un rito. Lo es. Es un rito de amor fraterno. Irás al Carit y, subiendo por el sendero que va entre los robles, llamarás: “¡Elías! ¡Elías!”. Él se asomará, extrañado, para ver. Tú le saludarás así: “La paz a ti, hermano, en nombre de Jesús el Nazareno”. Le llevarás tantos panes bizcochados cuantos días tiene una luna. Nada más en el verano. Desde los Tabernáculos en adelante, junto con los panes le llevarás cuatro loges[1] de aceite cada mes. Y para los Tabernáculos le llevarás una túnica caprina, que es pesada y no se moja, y una manta. Ninguna otra cosa».

«¿Y ninguna palabra?».

«Las estrictamente útiles. Te preguntará por mí. Dirás lo que sabes. Te confiará sus dudas, esperanzas y desalientos. Tú dirás lo que tu fe y piedad te inspiren. Por otra parte, no durará mucho el sacrificio… Ni siquiera doce lunas… ¿Quieres ser compasiva conmigo y con el penitente?».

«Sí, mi Señor…

382.7

Pero ¿por qué tan triste?».

«¿Y tú por qué lloras?».

«Porque en tus palabras presiento presagio de muerte… ¿Te voy a perder tan pronto, Señor?». Nique llora en su velo.

«¡No llores! Tendré mucha paz, después… Sin odio. Sin celadas. Sin todo este… horror del pecado contra mí, en torno a mí… Sin compañías atroces… ¡No llores, Nique! Tu Salvador estará en paz. Victorioso…».

«Pero antes… pero antes… Con mi marido siempre leíamos a los profetas… Y temblábamos de horror por las palabras de David e Isaías… Pero, ¿te va a pasar eso?, ¿exactamente eso?».

«Eso y más todavía…».

«¡Oh!… ¿Quién te consolará? ¿Quién hará que en tu muerte tengas… esperanza todavía?».

«El amor de los discípulos, y especialmente de las discípulas fieles».

«También el mío, entonces. Porque yo bajo ningún concepto estaré lejos de mi Redentor. Sólo… ¡oh! ¡Señor!… exige de mi todas las penitencias, todos los sacrificios, pero dame un coraje viril para esa hora. Cuando Tú seas[2] “como una teja reseca”, y tengas “la lengua pegada al paladar” por la sed, cuando parezcas “el leproso que se cubre la cara”, haz que yo te conozca como Rey de reyes y te asista como sierva devota. ¡No me escondas tu rostro torturado, Dios mío! Como ahora dejas que me deleite en tu fulgor, Estrella de la mañana, haz que pueda mirarte entonces, y que tu rostro se estampe en mi corazón, que — ¡ay, el mío también, como el tuyo! — ese día estará blando como la cera, por el dolor…». Nique está ahora de rodillas, casi abatida, y de vez en cuando levanta su cara bañada en lágrimas a mirar a su Señor, candor de carne bajo el candor de la luna contra el color obscuro de la pared.

«Tendrás todo esto. Y Yo, tu piedad. Subirá conmigo a mi patíbulo y de allí subirá conmigo al Cielo. Tu corona para toda la eternidad. Ángeles y hombres dirán de ti la más bella alabanza: “En la hora de la desventura, del pecado, de la duda, ella fue fiel, no pecó y socorrió a su Señor”. Levántate, mujer. Y bendita seas ya desde ahora y para siempre».

Le impone las manos mientras ella hace ademán de ponerse de pie, y luego vuelven a la casa silenciosa, para el descanso de la noche.


Notes

  1. logs : c’est une mesure de capacité pour les liquides, mentionnée à plusieurs reprises dans le passage de Lv 14, 10-24. Elle correspondait à un demi-litre environ. Un autre mesure est le bat, que nous rencontrerons en 467.3.
  2. tu seras, comme on le voit en Ps 22, 16 ; Is 53,3.

Notas

  1. Log (aquí) y bat (que encontraremos como bates en 467.3) son dos medidas de capacidad para líquidos. Corresponden: la primera a, aproximadamente, medio litro (aparece mencionada en Levítico 14, 10 y 12); la segunda, a, aproximadamente, 45 litros (aparece en 1 R 7, 26 y en otros lugares).
  2. Cuando Tú seas... Las tres definiciones que siguen están tomadas del Salmo 22, 16 y de Isaías 53, 3.