The Writings of Maria Valtorta

382. Halte restauratrice chez Nikê, qui devra

382. A restoring stop at the house of Nike

382.1

La route a beau traverser de vertes campagnes bordées d’arbres feuillus jusqu’à la limite de la route, c’est une fournaise sous le soleil de midi. Il monte des champs, où les moissons vont bientôt arriver à maturité, une chaleur et une odeur de four où la fleur de farine devient du pain. La lumière est aveuglante. Chaque épi semble être une petite lampe dorée dans les enveloppes d’or et les barbes piquantes, et le scintillement du soleil sur la paille des tiges est une torture pour les yeux, de même que le scintillement du chemin que le soleil rend aveuglant. C’est en vain que le regard cherche à se reposer sur les feuillages. Si on lève les yeux rougis et irrités à leur recherche, on est encore davantage à la merci d’un soleil impitoyable et il faut aussitôt les baisser pour fuir sa violence, les fermer et se contenter d’une fente à travers les cils poussiéreux. La sueur trace des lignes brillantes sur les joues cramoisies. Les pieds fatigués se traînent, en soulevant une nouvelle poussière qui est un perpétuel tourment.

Jésus réconforte ses apôtres fatigués. Comme il transpire, lui aussi, il s’est mis son manteau sur la tête pour se défendre du soleil et il conseille aux autres de l’imiter. Ils obéissent sans mot dire, trop épuisés pour pouvoir se livrer à leurs habituelles lamentations. Ils titulent comme des gens ivres…

« Prenez courage. Voici une maison, là-bas, dans les champs…, dit Jésus.

– Si elle est comme les autres… on n’y trouve que le découragement de se traîner, sans but, dans une campagne brûlante » bougonne Pierre dans son manteau.

Les autres approuvent par un “ ouais ! ” découragé.

« Moi, j’y vais. Vous, restez ici à l’abri de ce peu d’ombre.

– Non, non. Nous t’accompagnons. Au moins y trouverons-nous un puits, ici où l’eau ne manque pas… et nous boirons pour éteindre le feu qui est en nous.

– Boire, quand vous avez aussi chaud, vous ferait du mal.

– Nous mourrons… mais ce sera toujours mieux que ce que nous supportons maintenant… »

Jésus ne réplique rien. Il soupire et part en avant par un petit sentier à travers les moissons.

382.2

Les champs ne vont pas jusqu’à la maison, mais s’arrêtent à la limite d’un merveilleux verger, ombragé, où les feuillages tempèrent la lumière et la chaleur. Il forme autour de la maison une couronne épaisse et reposante. Les apôtres y entrent avec un “ ah ! ” de soulagement. Jésus va de l’avant sans se soucier de leurs demandes de s’arrêter un peu.

Un roucoulement de pigeons, un grincement de poulie, des voix paisibles de femmes arrivent de la maison et se répandent dans le silence absolu de la campagne.

Jésus débouche sur une petite terrasse qui entoure la maison, comme un trottoir large et propre sur lequel une tonnelle de vigne étend une dentelle de feuillage et une ombre protectrice. Il y a deux puits, l’un à droite de la maison, l’autre à gauche, ombragés par la vigne. Des parterres s’étendent contre les murs de la maison. Des rideaux légers, à rayures sombres, ondulent devant les portes ouvertes. On entend des voix de femmes et des bruits de vaisselle provenir d’une pièce.

Jésus va dans cette direction, et une douzaine de pigeons, qui becquetaient du grain jeté sur le sol, s’envolent à son passage avec de grands battements d’ailes. Le bruit attire l’attention des gens qui se trouvent dans la salle, et on remarque le déplacement du rideau que Jésus écarte de la main droite. Une servante le pousse aussi à gauche et reste saisie d’étonnement devant l’Inconnu.

« Paix à cette maison ! Puis-je, comme pèlerin, me restaurer ? » dit Jésus en restant sur le seuil de la pièce.

C’est une vaste cuisine dans laquelle les servantes sont en train de ranger la vaisselle utilisée pour le repas de midi.

« La maîtresse ne te repoussera pas. Je vais l’avertir.

– J’ai douze compagnons avec moi, et si je devais être seul à pouvoir me restaurer, je préférerais m’en passer.

– Nous le dirons à la maîtresse et certainement…

382.3

– Maître et Seigneur ! Toi, ici ? Chez moi ? Quelle grâce est-ce donc ? » interrompt une voix, et une femme, Nikê, se précipite et s’agenouille pour baiser les pieds de Jésus.

Les servantes sont de vraies statues. Celle qui lavait les assiettes est restée avec un torchon dans la main droite et une assiette qui dégouline dans la main gauche, rougie par l’eau bouillante. Une autre, occupée à nettoyer les couteaux, assise par terre dans un coin sur ses talons, se met à genoux pour mieux voir et les couteaux tombent avec fracas sur le sol. Une troisième, qui est en train de vider la cendre des fourneaux, lève son visage noirci et reste bouche bée au-dessus du foyer.

« Me voilà. On nous a repoussés de plusieurs maisons. Nous sommes fatigués et morts de soif.

– Oh ! viens, viens ! Pas ici. Dans les salles situées au nord qui sont fraîches et ombragées. Quant à vous, préparez de l’eau pour la toilette et les boissons aromatisées. Et toi, fillette, cours éveiller l’intendant pour qu’il s’occupe d’un casse-croûte en attendant le banquet…

– Non, Nikê ! Je ne suis pas un hôte mondain. Je suis ton Maître persécuté. Je te demande abri et amour plutôt que de la nourriture. Je demande de la pitié, plus pour mes amis que pour moi-même…

– Oui, Seigneur. Mais quand avez-vous pris votre dernier repas ?

– Eux, je ne sais pas. Moi, hier à l’aurore avec eux.

– Tu vois donc… Je ne ferai pas d’excès. Mais comme une sœur ou une mère, je donnerai à tous ce qu’il faut et à toi, comme servante et disciple, je donnerai amour et aide. Où sont les frères ?

– Dans le verger. Mais peut-être arrivent-ils déjà. J’entends leurs voix. »

Nikê court au-dehors, elle les voit et les appelle, puis elle les conduit avec Jésus dans un frais vestibule où il y a déjà des bassins et des serviettes et où ils peuvent se rafraîchir le visage, les bras et les pieds poussiéreux et en nage.

« Je vous en prie, ôtez vos vêtements trempés de sueur. Donnez-les tout de suite aux servantes. Cela vous fera du bien d’avoir des habits propres et des sandales fraîches. Puis venez dans cette salle. Je vous y attends. »

Elle sort et ferme la porte…

382.4

…« Ah ! qu’on est bien à l’ombre, ainsi rafraîchis ! soupire Pierre en entrant dans la salle où Nikê les attend, prévenante et respectueuse.

– Ma joie de pouvoir vous soulager est certainement plus grande que le soulagement lui-même, ô apôtre de mon Seigneur.

– Hum ! Apôtre… Oui… Mais, vois-tu, Nikê, pas de façons. Toi, sans montrer que tu es riche et sage, moi sans faire sentir que je suis apôtre. Comme ça… en bons frères qui ont besoin l’un de l’autre pour l’âme et pour la chair. Cela me fait trop… peur de penser que je suis “ apôtre ”.

– Peur de quoi ? demande la femme, stupéfaite, avec un sourire.

– De… d’être trop… trop gros par rapport à la glaise que je suis et peur que le poids me fasse crouler… Peur de… d’être orgueilleux et de faire mon petit coq… Peur que… avec l’idée que je suis un apôtre, les autres… les disciples, je veux dire, et les bonnes âmes se tiennent à distance et gardent le silence même si je me trompe… Or je ne veux pas cela, car parmi les disciples, même parmi ceux qui croient, comme ça, tout simplement, il y en a beaucoup qui sont meilleurs que moi, les uns en ceci, les autres en cela… moi, je veux faire comme… comme cette abeille qui est entrée et qui s’est régalée dans les paniers de fruits que tu nous as fait apporter, en prenant un peu de ceci, un peu de cela, et maintenant y met pour compléter les sucs de ces fleurs, et qui ensuite sortira pour sucer les trèfles et les bleuets, les camomilles et les liserons. Elle prend de tout, et moi, j’ai besoin de faire comme elle…

– Mais tu goûtes à la plus belle fleur : le Maître !

– Oui, Nikê. Mais de lui j’apprends à devenir fils de Dieu. Des hommes bons, j’apprendrai à devenir homme.

– Tu l’es déjà.

– Non, femme. Je suis un peu mieux qu’un animal, et je ne sais vraiment pas comment le Maître me supporte…

– Je te supporte parce que tu sais ce que tu es, et parce qu’à cause de cela on peut te travailler comme une pâte. Mais si tu étais obstiné, têtu, orgueilleux surtout, je te chasserais comme un démon », dit Jésus.

382.5

Des servantes arrivent avec des tasses de lait froid et des amphores poreuses où les boissons sont certainement très fraîches.

« Veuillez vous restaurer » dit Nikê. « Ensuite, vous pourrez vous reposer jusqu’au soir. La maison a des pièces et des lits, et s’il n’y en avait pas, je donnerais les miens pour votre repos. Maître, je me retire pour les occupations de la maison. Vous savez tous où me trouver et où trouver les servantes.

– Va, et ne te fais aucun souci pour nous. »

Nikê sort. Les apôtres font honneur au goûter qui leur a été offert. Ils mangent de bon appétit, parlent et commentent.

« Quels bons fruits !

– Et quelle bonne disciple !

– Une belle maison, sans luxe, mais sans misère.

– Et dirigée par une femme qui exerce une douce autorité. Il y règne ordre, propreté, respect et, en même temps, bonté.

– Quels beaux champs elle possède tout autour ! Une vraie richesse !

– Oui. Et une fournaise !… » dit Pierre, qui n’a pas encore oublié ce qu’il a enduré.

Les autres rient.

« Pourtant, ici, on est bien. Mais savais-tu que Nikê habitait ici ? demande Thomas.

– Pas plus que vous. Je savais qu’elle avait près de Jéricho des terres récemment acquises. Rien de plus. Le cher ange des pèlerins nous a guidés.

– Vraiment, c’est toi qu’il a guidé. Nous ne voulions pas venir.

– Moi, j’étais prêt à me jeter par terre et à me faire brûler par le soleil plutôt que de faire un pas de plus, dit Matthieu.

– On ne peut plus voyager de jour. Cette année, le soleil a déjà pris beaucoup de force. Il semble devenir fou lui aussi.

– Oui, nous marcherons aux premières heures du jour et dans la soirée. Mais bientôt nous partirons dans les montagnes. La chaleur y est plus tempérée.

– Chez moi ? demande Judas.

– Oui, Judas. Et aussi à Yutta et à Hébron.

– Mais nous n’irons pas à Ascalon, hein ?

– Non, Pierre. Nous irons là où nous ne sommes pas encore allés. Mais nous aurons sûrement encore du soleil et de la chaleur. Un peu de sacrifice pour l’amour de moi et pour celui des âmes. Maintenant, reposez-vous. Moi, je vais prier dans le verger.

– Mais n’es-tu jamais fatigué ? Ne vaudrait-il pas mieux que tu prennes quelque repos, toi aussi ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Peut-être le Maître veut-il s’arrêter ici…, insinue Simon le Zélote.

– Non. Nous partirons à l’aube pour traverser le fleuve à gué aux heures fraîches.

– Où allons-nous, au-delà du Jourdain ?

– Les foules reviennent à leurs maisons après la Pâque. A Jérusalem, un trop grand nombre de personnes m’ont cherché en vain. Je prêcherai et je guérirai au gué. Ensuite, nous irons mettre en ordre la petite maison de Salomon. Elle nous sera précieuse…

– Mais nous ne retournons pas en Galilée ?

– Nous irons aussi. Mais nous resterons beaucoup dans cette partie méridionale et ce sera un précieux abri. Dormez, moi je sors. »

382.6

Le souper doit avoir eu lieu. Il fait nuit. Une rosée abondante tombe bruyamment des corniches sur les feuilles de vigne. Dans le ciel, il y a un nombre invraisemblable d’étoiles. Le regard se perd à les contempler. Chants des grillons et cris des oiseaux nocturnes… silence de la campagne…

Les apôtres se sont déjà retirés. Mais Nikê est levée et elle écoute le Maître.

Il est assis bien droit sur un siège de pierre contre la maison. La femme est debout, devant lui, dans une attitude d’attention respectueuse. Jésus doit terminer un entretien déjà commencé. Il dit :

« Oui, c’est une bonne observation. Mais j’étais certain que l’aide du Seigneur ne ferait pas défaut au pénitent, ou plutôt à celui “ qui allait renaître ”. Pendant qu’on dînait et que tu interrogeais tout en servant, je pensais que cette aide, ce serait toi. Tu as dit : “ Je ne peux te suivre que pendant de courtes périodes, parce qu’il me faut surveiller la maison et la nouvelle domesticité. ” Et tu le regrettais, en ajoutant que, si tu avais su que tu me trouverais si vite, tu n’aurais pas fait cette acquisition qui te retient. Tu vois qu’elle a été utile pour recevoir les évangélisateurs. Elle est donc bonne. Mais tu peux apporter encore ton aide… en attendant de servir parfaitement ton Seigneur. Je te demande une faveur, pour l’amour de cette âme qui est en train de renaître, qui est pleine de bonne volonté, mais qui est très faible. L’excès de pénitence pourrait l’angoisser et Satan pourrait utiliser cette angoisse.

– Que dois-je faire, mon Seigneur ?

– Aller là-bas, à chaque lune, comme si c’était un rite. C’en est un : c’est un rite d’amour fraternel. Tu iras à Carit et, en montant par le sentier parmi les ronces, tu appelleras : “ Elie ! Elie ! ” Il apparaîtra, tout étonné, et tu le salueras ainsi : “ Paix à toi, frère, au nom de Jésus le Nazaréen. ” Tu lui apporteras autant de pains biscuités qu’il y a de jours dans une lune. Pas plus en été. A partir de la fête des Tentes, tu joindras aux pains quatre logs[1] d’huile chaque mois. A la fête des Tentes, tu lui apporteras une peau de chèvre, lourde et ne prenant pas l’eau, et une couverture. Rien d’autre.

– Et pas un mot ?

– Le strict nécessaire. Il te demandera de mes nouvelles. Tu diras ce que tu sais. Il te confiera ses doutes, ses espoirs, et ce qui l’accablera. Tu répondras ce que ta foi et ta pitié t’inspireront. Son sacrifice ne durera pas longtemps, d’ailleurs… Pas même douze lunes… Veux-tu faire preuve de pitié envers moi et envers ce pénitent ?

– Oui, mon Seigneur…

382.7

Mais pourquoi es-tu si triste ?

– Et toi, pourquoi pleures-tu ?

– Parce que je sens dans tes paroles un présage de mort… te perdrai-je si tôt, mon Seigneur ? »

Nikê pleure dans son voile.

« Ne pleure pas ! Ce sera une telle paix pour moi ensuite…. Plus de haine, plus de pièges, plus toute cette… horreur du péché sur moi, autour de moi, plus de contacts atroces… Ne pleure pas, Nikê ! Ton Sauveur sera en paix. Il sera victorieux…

– Mais avant… mais avant… Avec mon mari, nous lisions toujours les prophètes… Et nous tremblions d’horreur à cause des paroles de David et d’Isaïe… Mais vraiment, vraiment, en sera-t-il ainsi de toi ?

– Cela et davantage encore…

– Oh !… Qui te réconfortera ? Qui te fera mourir avec… espoir encore ?

– L’amour des disciples et spécialement des femmes fidèles.

– Le mien aussi, alors. Car, à aucun prix, je ne serai loin de mon Rédempteur. Seulement… oh, Seigneur ! Exige de moi n’importe quelle pénitence, n’importe quel sacrifice, mais donne-moi un courage viril à cette heure-là. Quand tu seras[2] “ comme une terre desséchée ”, “ la langue attachée au palais ” à cause de la soif, quand tu auras l’air d’un “ lépreux qui se couvre le visage ”, fais que je reconnaisse en toi le Roi des rois, et que je vienne à ton secours en servante dévouée. Ne me cache pas ton visage torturé, mon Dieu ! Mais permets-moi de me délecter comme maintenant de la splendeur de ta face, ô Etoile du matin, et fais que je puisse te regarder alors et que, ce jour-là, ton visage s’imprime dans mon cœur, que la douleur aura rendu, comme le tien, aussi mou que cire… »

Nikê est maintenant à genoux, presque prosternée, en larmes, et de temps à autre, elle lève la tête pour regarder son Seigneur, pureté de chair sous la pureté de la lune, sur le sombre arrière-fond du mur.

« Tu auras tout cela. Et moi, j’aurai ta pitié. Elle montera avec moi sur mon gibet et de là, avec moi au Ciel. Ce sera ta couronne pour l’éternité. Les anges et les hommes feront de toi le plus bel éloge : “ A l’heure du malheur, du péché, du doute, elle fut fidèle, elle n’a pas péché et elle est venue au secours de son Seigneur. ” Lève-toi, femme, et sois bénie dès maintenant et pour toujours. »

Il lui impose les mains alors qu’elle est en train de se lever, puis ils rentrent dans la maison silencieuse pour le repos de la nuit.

382.1

Although the road runs through a green country, with leafy trees along its sides, it is as hot as an oven in the midday sun. Heat and the aroma of bread being baked in an oven come from the fields, where the crops are maturing rapidly. The light is dazzling. Each ear of corn looks like a tiny gilded lamp among the golden glumes and the pointed awns, and the sunshine sparkling on the straw of the cornstalks is as troublesome to the eye as the dazzling road. In vain the pilgrims seek relief in the leaves. If they look up at them, they expose their eyes even more to the glare of the oppressive sunshine, and they must lower them at once, to shun such violence, and close them, leaving a narrow gap between their dusty reddened irritated eyelashes. Perspiration trickling down their dusty cheeks leaves shiny streaks on them. They drag their tired feet raising more dust, which increases their torture.

Jesus comforts His tired apostles. Although He is perspiring as well, He has covered His head with His mantle, to protect it from the sun, and advises the others to do likewise. They obey without speaking. They are too exhausted to waste their breath on one of their usual complaints. They are proceeding like drunk men…

«Cheer up. There is a house over there in the fields…» says Jesus.

«If it is like the others… there will be nothing but the distress of walking so much through fiery fields to no purpose» grumbles Peter within his mantle. The others confirm uttering a depressed «h’m!».

«I will go. You stay here in this little shade.»

«No. We will come with You. They will have at least a well, as there is no shortage of water here… and we will have a drink to quench the fire within us.»

«It will do you harm to drink while you are so hot.»

«We shall die… but it will be better than what we have now…»

Jesus does not reply. He sighs and He goes ahead of them along a path through fields of corn.

382.2

The fields do not stretch as far as the house, but they end at the border of a wonderful shady orchard, which forms a rich refreshing ring around the house, as both light and heat are mitigated in it. And the apostles thrust themselves into it, with an «ah!» of relief. But Jesus goes on, heedless of their entreaties to stop for a little while.

The cooing of doves, the creaking of pulleys and the calm voices of women are heard from the house and spread in the dead silence of the country.

Jesus arrives at a little esplanade, which surrounds the house like a wide clean pavement, over which a pergola of grapes spreads its entangled leafy branches and a protecting shade. There are two wells, one on the left and one on the right hand side of the house, shaded by the vine. There are some flowerbeds against the walls of the house. Light dark-striped curtains are fluttering at the open doors. Voices of women and noise of dishes come from a room. Jesus goes towards it and as He passes by, a dozen doves, which were pecking cereals spread on the ground, take flight with loud flapping of wings. The noise draws the attention of those in the room and it is contemporaneous with the drawing of the curtain, which Jesus moves to the right with His hand, while a servants pulls it to the left and remains astonished before the Unknown visitor.

«Peace to this house! May I, as a pilgrim, have some refreshment?» asks Jesus standing on the threshold of the room, a large kitchen in which servants are washing the dishes used for the midday-meal.

«The landlady will not reject You. I will go and tell her.»

«There are twelve more people with Me, and if I should get refreshment only for Myself, I would prefer to have none.»

«We will tell the mistress and she certainly…»

382.3

«Master and Lord! You here? In my house? What grace is this?» interrupts a voice, and a woman, Nike, rushes forward and kneels to kiss Jesus’ feet.

The maidservants are left like statues. The one who was washing the dishes is standing with a towel in her right hand and a dripping dish in her left one, reddened by the boiling water. Another one, who was polishing knives, crouching in a corner, gets up on her knees to see better, and the knives fall on the floor with a crash. A third one, intent on removing ashes from the cookers, raises her face covered with ashes and remains thus, emerging open mouthed from the level of the fireplace.

«I am here. Many houses rejected us. We are tired and thirsty.»

«Oh! Come! Not here. Let us go into the rooms facing north, which are cool and shady. And you, prepare water so that they can wash, and bring some aromatic drinks. And you, girl, go and awake the steward and ask him to let you have some snacks, while waiting for the meal…»

«No, Nike! I am not a worldly guest. I am your persecuted Master. I ask for shelter and love, rather than for food. I ask for pity, more for My friends than for Myself…»

«Yes, Lord. But when did You have Your last meal?»

«They… I do not know. I, yesterday at dawn, with them.»

«So You can see… I will not commit excesses. But as a sister or a mother I will give everybody what is necessary, and as a servant and disciple, I will give You honour and assistance. Where are the brothers?»

«In the orchard. But I think that they are coming. I can hear their voices.»

Nike runs out, she sees them and calls them and then she leads them with Jesus into a cool entrance-hall, where there already are basins and towels, so that they can wash their faces, hands and feet and get rid of dust and perspiration.

«I beg you, take off your dusty clothes and give them to the servants at once. You will feel much better with clean clothes and cool sandals on. Then come into that hall. I will wait for you there.»

And Nike goes out closing the door…

382.4

… «Ah! It is lovely in this shade and so refreshing!» says Peter with a sigh entering the room where Nike is waiting for them kindly and respectfully.

«My joy in giving you relief is certainly greater than your relief, O apostle of my Lord.»

«H’m! Apostle… Of course… But, listen, Nike, let us do without ceremony. You: without attaching importance to the fact that you are rich and wise; I, without attaching importance to the fact that I am an apostle. So… like good brothers and sisters, who need each other’s help for their souls and their bodies. The thought that I am an “apostle” frightens me too much.»

«What are you afraid of?» asks the amazed woman smiling.

«Of being… too big… with regard to the clay I am, and that I may collapse because of the weight… I am afraid of… becoming arrogant with pride… I am afraid that… the others, I mean the disciples and good souls, knowing that I am the apostle, may keep away from me and hold their tongues even if I make mistakes… And I do not want that because among the disciples, also among those who believe in a simple way, there are many who are better than I am, some with regard to this, some with regard to that, and I want to do as… as that bee over there, which has come in, and of the baskets of fruit that you ordered to be brought in for us, it sucked a little here and a little there, and now, to complete the task, is sucking those flowers and then it will go out and suck clover and cornflowers, camomiles and bindweeds. It takes a little of everything. And I must do likewise…»

«But you suck the most beautiful flower! The Master.»

«Yes, Nike. But from Him I learn to become a son of God. Men will teach me to become a man.»

«You are.»

«No, woman. I am little less than an animal. And really I do not know how the Master puts up with me…»

«I put up with you because you know what you are, and I can work on you as easily as one can knead dough. But if you were stubborn and offered resistance, and above all if you were proud, I would drive you away as if you were a demon» says Jesus.

382.5

Some maidservants come in with cups of cold milk, and porous amphoras, which keep liquids very cool.

«Take some refreshment» says Nike. «Then you will be able to rest until evening. There are rooms and beds in the house. And if I did not have them, I would give you mine, to let you rest. Master, I will now withdraw to attend to household matters. You all know where to find me and the maidservants.»

«Go and do not worry about us.»

Nike goes out. The apostles do ample justice to the snack offered to them. And while eating with a good appetite, they speak and make comments.

«Lovely fruit!»

«And a good disciple.»

«Beautiful house. Not magnificent, not poor.»

«And it is controlled by a woman who is both kind and firm. There is order, neatness, respect, and tenderness at the same time.»

«There are beautiful fields around it! A fortune!»

«Yes. And a furnace!…» says Peter, who has not forgotten what he suffered. The others laugh.

«But it is very pleasant here. Did You know that Nike lived here?» asks Thomas.

«Not anymore than you did. I knew that she had recently bought some property near Jericho. But that was all. The dear angel of pilgrims led us here.»

«Actually, he led You. We did not want to come.»

«I was ready to throw myself on the ground and let the sun burn me, rather than take another step» says Matthew.

«It is not possible to travel during the day. The sun is very strong this year. It seems to be going mad as well.»

«Yes, we will travel during the first hours in the morning and in the evening. But we shall soon be up on the mountains. It is milder there.»

«To my house?» asks the Iscariot.

«Yes, Judas. And to Juttah and to Hebron.»

«Not to Ashkelon, eh?»

«No, Peter. We will go where we have never been. We shall still have to suffer from sunshine and heat. A little sacrifice for My sake and for the sake of souls. Rest now. I am going into the orchard to pray.»

«But are You never tired? Would it not be better if You had a rest as well?» asks Judas of Alphaeus.

«Perhaps the Master wishes to stop here…» remarks the Zealot.

«No. We will leave at dawn to wade across the river in the cool hours.»

«Where are we going beyond the Jordan?»

«The crowds are going home after Passover. Too many looked in vain for Me in Jerusalem. I will preach and cure at the ford. Then we will go and tidy up Solomon’s house. It will be invaluable to us…»

«But are we not going back to Galilee?»

«We will go there, too. But we will remain in these southern parts for a long time, and a shelter will be most useful to us. Sleep. I am going.»

382.6

Supper must be over. It is night. Dew drops fall from cornices and resound on the vine leaves. There is an unbelievable number of stars in the sky and eyes get lost contemplating them. Chirps of crickets and night birds. The silence of the country.

The apostles have already withdrawn. But Nike is up and she is listening to the Master. He is sitting stiffly on a stone seat against the house. The woman is standing before Him, in an attitude of respectful attention.

Jesus must be concluding a speech already started. He says: «Yes. The remark is correct. But I was sure that the penitent, or rather the “reviving man” would not be left without the help of the Lord. While we were having supper and you were serving and asking questions, I was thinking that you are the help. You said: “I can only follow You for short periods of time, because I have to watch over the house and the new domestic staff”. And you regretted that and you said that if you had known you were going to find Me so soon, you would not have bought the property, which is now binding you. You can see that it has served to give hospitality to the evangelizers. So it is good. And it may be useful again… while waiting to serve your Lord perfectly. I now ask a service of you, for the sake of that soul, who is reviving and is full of goodwill, but is very weak. Excessive penance might distress him, and Satan might take advantage of such distress.»

«What must I do, my Lord?»

«Go to him: Go to him every month, as if it were a rite. It is a rite of brotherly love. You will go to the Cherith and climbing up the path among the bushes you will call: “Elijah! Elijah!”. He will look out in amazement and you will greet him thus: “Peace to you, brother, in the name of Jesus the Nazarene”. You will take him as many pieces of bread baked twice, as the days of a month. Nothing else in summer. From the Feast of the Tabernacles onwards, you will take him also four log[1] of oil each month, together with the bread. And at the Tabernacles take him a garment made of goat-skin, a heavy one, water resistant, and a blanket. Nothing else.»

«And no word?»

«Only those strictly useful. He will ask after Me. Tell him what you know. He will confide his hesitations, his hopes and low spirits to you. You will tell him what your faith and piety inspire you. The sacrifice, in any case, will not last long… Not even twelve months… Will you be merciful to Me and to the penitent?»

«Yes, my Lord…

382.7

But why are You so sad?»

«And why are you weeping?»

«Because in Your words I hear a foreboding of death… Will I be losing You so soon, Lord?» Nike weeps behind her veil.

«Do not weep! There will be so much peace for Me, afterwards… No more hatred. No more ambushes. No more all this… horror of sin against Me and around Me… No more atrocious contacts… Oh! Do not weep, Nike! Your Saviour will be in peace. He will be victorious…»

«But before… I always read the prophets with my husband… And we shuddered with horror at the words of David and Isaiah… But will it really be like that for You?»

«That and more…»

«Oh!… Who will comfort You? Who will let You die still… hopeful?»

«The love of My disciples and particularly of My women disciples.»

«Also mine, then. Because at no cost I will be far from my Saviour. Only… oh! Lord! Exact any kind of penance from me, any sacrifice, but give me manly courage for that hour. When you will[2] be like “a dry potsherd”, “with Your tongue stuck to Your jaw” out of thirst, when You will look “like a leper who covers his face”, grant that I may recognize You as the King of kings and I may assist You, as a devoted servant. Do not conceal Your tortured face from me, O my God! But as You now allow me to delight in Your brightness, O Morning Star, let me look at You then and may Your face be impressed in my heart, because, oh! also my heart, like Yours, will melt like wax on that day, through grief…» Nike is now on her knees, almost prostrated and now and again she raises her weeping face to look at her Lord, Whose body is white in the white moonlight against the dark wall.

«You will have all that. And I shall have your pity. And it will come with Me to the scaffold and from there it will rise to Heaven. Your crown forever. Angels and men will utter the most beautiful praise of you: “In the hour of calamity, of sin, of doubt, she was faithful, she did not sin and she assisted her Lord”. Stand up, woman. And may you be blessed as from now and forever.»

He lays His hands on her head while she is getting up, and they then go into the silent house, for their night’s rest.


Notes

  1. logs : c’est une mesure de capacité pour les liquides, mentionnée à plusieurs reprises dans le passage de Lv 14, 10-24. Elle correspondait à un demi-litre environ. Un autre mesure est le bat, que nous rencontrerons en 467.3.
  2. tu seras, comme on le voit en Ps 22, 16 ; Is 53,3.

Notes

  1. log, a unit of measurement mentioned several times in the text of Leviticus 14,10-24, corresponded to approximately half a litre. Another measurement is bat, that we will find in 467.3.
  2. you will, as said in: Psalm 22,16; Isaiah 53,3.