Los Escritos de Maria Valtorta

384. Le vieil Ananias devient le gardien

384. El anciano Ananías, guardián

384.1

La petite maison de Salomon, que, sans en connaître le propriétaire, j’ai vue en mars 1944 dans la vision[1] de la résurrection de Lazare, est l’une des dernières de ce hameau pauvre et perdu. Elle se trouve dans l’unique rue, qui débouche sur le fleuve. C’est un modeste village de pêcheurs, dont les maisonnettes les plus… riches sont situées le long de la ruelle poussiéreuse, et les autres éparpillées au hasard parmi les arbres de la rive. Et elles ne sont guère nombreuses. Je crois qu’il y en a moins de cinquante, et elles sont si petites qu’à elles toutes, elles tiendraient dans l’un de ces immeubles populaires des grandes villes actuelles. En ce moment, le printemps les fait paraître moins misérables, car il les décore de sa fraîcheur, des guirlandes de liserons et des festons de vignes. Les fleurs jaunes des courges, à la boucle rieuse grande ouverte, garnissent les palissades rudimentaires qui délimitent les propriétés, le bord des toits, l’encadement des portes, sans parler quelques roses dont la beauté paraît s’être égarée au milieu des paniers et des filets, de la teinte jaunâtre des fleurs de sénevé et de l’humble balancement des premières cosses de légumes.

La route elle-même paraît moins laide, parce que la cannaie tout au fond ne porte pas seulement les baies dures des broussins poussiéreux, mais s’enrubanne de panaches et, parmi les rubans des feuilles des roseaux, dresse les couteaux des glaïeuls sauvages qui se gonflent au milieu des épis multicolores de leurs fleurs ; les liserons légers aux tiges filiformes s’enroulent en spirales autour des broussins et des roseaux, et déposent à chaque tour le calice très délicat de leur petite fleur d’un rosé lilas très tendre. Des oiseaux, par myriades, se courtisent et font les coquets dans les roseaux, se balançant, perchés sur les tiges des liserons, animant par leurs trilles et leurs couleurs la verdure des rives marécageuses.

Jésus pousse la petite grille sans prétention qui permet d’entrer dans un jardinet ou une courette. Une chose est sûre : si cela a été un jardin, c’est aujourd’hui un fouillis sauvage d’herbes qui l’ont envahi ; si c’était une cour, c’est également tout un désordre de plantes semées par les vents. Seules des courges ont fait preuve de sagesse : s’attachant à l’unique pied de vigne et au figuier, elles ont grimpé pour placer les corolles riantes de leurs fleurs à côté des grappes minuscules de la vigne ou des feuilles tendres du figuier qui, à la base, dans le berceau du pétiole, ont la gemme dure des figues en fleur à peine formées. Les orties font souffrir les pieds nus. Aussi Pierre et Thomas, ayant trouvé deux rames vermoulues, se mettent-ils à battre les plantes urticantes pour atténuer leur venin.

Pendant ce temps, Jacques et Jean essaient de faire fonctionner la grosse serrure rouillée ; quand ils y parviennent, ils ouvrent la porte rustique et pénètrent dans une cuisine qui exhale une forte odeur de moisi et de renfermé. Les murs sont couverts de poussière et de toiles d’araignées. Une table rudimentaire, des bancs et des sièges, une console la meublent, et deux portes s’ouvrent dans un mur.

384.2

Pierre explore…

« Il y a ici une petite pièce avec un seul lit : c’est bien pour Jésus… Et ici ? Ah, j’ai compris ! C’est la réserve, l’arsenal, le grenier, et le nid à rats… Regarde ces courses de rats ! Ils ont tout rongé pendant ces mois. Mais moi, je vais m’occuper de vous maintenant, n’en doutez pas. Maître… on peut agir en propriétaire ici ?

– C’est ce qu’a dit Salomon.

– Très bien ! Dis, mon frère, et toi aussi, Jacques : venez ici boucher tous les trous. Quant à toi, Matthieu, mets-toi à la porte avec Judas et veille à ce qu’il ne sorte pas un seul rat. Pense que tu es encore l’aimable contrôleur des impôts de Capharnaüm. A cette époque, aucun client ne t’échappait, même s’il se rendait aussi agile qu’un lézard qui s’éveille… Et vous, allez prendre dans le jardin le plus d’herbes possible et apportez-les ici. Toi, Maître, va… là où bon te semble, pendant que… je m’occupe de ces satans malpropres qui ont abîmé ces filets commodes et mangé une quille entière de barque… »

Tout en parlant, il entasse du bois rongé, des morceaux de filets réduits à l’état d’étoupe, des fagots… le tout au milieu de la pièce. Quand il a les herbes vertes, il les jette par dessus le reste, y met le feu et s’échappe dès que les premières volutes de fumée s’élèvent du tas. Puis il dit en riant :

« Et que meurent tous les philistins !

– Mais ne vas-tu pas mettre le feu à la baraque ? demande Simon le Zélote.

– Non, mon cher. Car l’humidité des branches retient les flammes et le feu dégage la fumée des herbes. Ainsi, par une bonne alliance, le sec et le vert s’aident mutuellement pour exercer la vengeance. Tu sens cette puanteur ? Bientôt, tu n’entendras que des cris ! Qui est-ce qui me parlait des cygnes qui chantent avant de mourir ? Ah ! Syntica ! Les rats vont bientôt chanter. »

Judas interrompt son éclat de rire pour enquêter :

« On n’a rien pu savoir d’elle, ni de Jean d’En-Dor. Qui sait où ils se trouvent ?

– Là où il faut, certainement, répond Pierre.

– Tu sais où ?

– Je sais qu’ils ne sont plus à servir de cible à la malveillance.

– Tu n’as interrogé personne ? Moi, si.

– Et moi, non. Cela ne m’intéresse pas de savoir où ils sont. Il me suffit de penser à eux et de prier pour qu’ils restent saints. »

Thomas dit :

« Pour ma part, de riches pharisiens, des clients de mon père, me l’ont demandé. Mais je leur ai répondu que je n’en savais rien.

– Et tu n’es pas curieux de le savoir ? insiste Judas.

– Moi, non, et je dis la vérité…

– Ecoutez ! Ecoutez ! La fumée fait son effet. Mais sortons pour qu’elle ne nous étouffe pas, nous aussi » dit Pierre, dont la diversion met fin à la discussion.

384.3

Jésus est dans le jardin. Il redresse des tiges couchées de légumes venus à partir de graines tombées.

« Tu fais le jardinier, Maître ? demande Philippe en souriant.

– Oui. Cela me peine de voir même une plante ramper et être inutile, alors qu’elle est destinée à s’élever vers le soleil et à fructifier.

– Beau sujet pour un discours, Maître, observe Barthélemy.

– En effet. Mais tout sert de sujet pour qui sait méditer.

– Nous allons t’aider, nous aussi. Allons ! Qui va au fleuve chercher des roseaux pour tuteurer les légumes ? »

Les jeunes partent en riant, et les plus âgés se mettent à nettoyer en arrachant attentivement les plantes parasites.

« Ah ! on voit ainsi que c’est un potager. Il n’y a pas de salade, mais des poireaux, de l’ail, des fines herbes, des légumes. Et des courges ! Que de courges ! Il faut tailler la vigne, dégager le figuier et…

– Mais, Simon, nous ne restons pas ici ! dit Matthieu.

– Mais nous y viendrons plusieurs fois. Jésus l’a dit et cela ne nous gênera pas de trouver un peu d’ordre tout autour. Regarde, regarde ! Il y a même un jasmin, le pauvre, sous cette cascade de courges. Si Porphyrée voyait cette plante si maltraitée, elle pleurerait sur elle et lui parlerait comme à un enfant. Oui, car avant d’avoir Marziam, elle parlait à ses fleurs comme à des enfants… Voilà. Ici aussi, j’ai fait de la place. J’ai enlevé les courges parce que…

384.4

Ah ! voici les garçons avec les roseaux et accompagnés d’un… Maître, c’est ton affaire. Il est aveugle ! »

Entrent en effet Jacques et Jean, André et Thomas, chargés de roseaux ; Thomas porte comme un fardeau un pauvre petit vieux tout dépenaillé, aux yeux blanchis par la cataracte.

« Maître, il cherchait de la chicorée sur les berges et, pour un peu, il tombait à l’eau. Il est resté seul depuis quelques mois, car son fils qui l’entretenait est mort, sa belle-fille est retournée chez elle, et lui… il vit comme il peut. N’est-ce pas, père ?

– Oui, oui ! Où est le Seigneur ? demande-t-il en tournant ses yeux voilés.

– Il est ici. Tu vois cette haute blancheur ? C’est lui. »

Déjà Jésus s’avance vers lui et le prend par la main.

« Tu es seul, pauvre père, et tu n’y vois pas ?

– Non. Tant que j’ai vu, j’ai tressé des paniers et des nasses, et je faisais des filets, mais maintenant… Je vois mieux avec les doigts qu’avec les yeux. En cherchant des herbes, je me trompe et j’attrape mal au ventre à cause des plantes nuisibles.

– Mais dans le village…

– Oh ! ils sont tous pauvres et chargés d’enfants, et moi, je suis âgé… S’il meurt un âne… cela désole. Mais s’il meurt un vieillard !… Qu’est-ce qu’un vieillard ! Que suis-je ? Ma bru m’a tout pris. Si au moins elle m’avait emmené avec elle, comme une vieille brebis, j’aurais mes petits-enfants avec moi… les enfants de mon fils… »

Il pleure en s’abandonnant sur la poitrine de Jésus, qui le tient dans ses bras et lui fait une caresse.

« Tu n’as pas de maison ?

– Elle l’a vendue.

– Comment vis-tu donc ?

– Comme les bêtes. Les premiers jours, le village m’aidait. Mais ensuite il est lassé…

– Dans ce cas, Salomon n’est pas de la même race, car lui, il est généreux, observe Matthieu.

– Avec nous, oui. Pourquoi n’a-t-il pas donné sa maison à ce malheureux ? demande Philippe.

– Parce que, quand il est passé ici la dernière fois, j’avais encore une maison. Salomon est bon, mais le village l’appelle “ le fou ” depuis quelque temps et ne fait plus ce que Salomon avait enseigné, dit le vieil homme.

384.5

– Aimerais-tu rester ici, avec moi ?

– Ah ! je ne regretterais plus mes petits-enfants !

– Même si tu restais pauvre et aveugle, te suffirait-il de me servir pour être heureux ?

– Oui ! »

C’est un oui tremblant, mais si assuré…

« C’est bien, père. Ecoute : tu ne peux marcher comme je le fais. Moi, je ne puis rester ici. Mais nous pouvons nous aimer et nous faire du bien l’un à l’autre.

– Toi à moi, oui. Mais moi… Que peut faire le vieil Ananias ?

– Garde-moi la maison et le jardin pour que je la trouve rangée à chaque retour. Cela te plaît ?

– Oh oui ! Mais je suis aveugle… La maison… je m’habituerai aux murs. Mais le jardin… Comment faire pour m’en occuper si je ne distingue pas les plantes ? Ah ! ce serait si beau de te servir, Seigneur ! Finir ainsi ma vie… »

Le petit vieux met la main sur son cœur en rêvant à l’impossible.

Jésus se penche en souriant et embrasse ses yeux aveugles…

« Mais… je commence à voir… Je vois… Oh ! Oh ! Oh !… »

La joie le fait vaciller, et il tomberait si Jésus ne le soutenait.

« Eh, quelle joie !… fait Pierre d’une voix très émue.

– Et quelle faim aussi… Il a dit que, depuis plusieurs jours, il ne vit que de chicorée sans huile ni sel, achève Thomas.

– Oui, c’est pour cela que nous l’avons amené : pour lui donner à manger…

– Pauvre vieux ! » disent-ils tous avec tristesse.

Le vieillard revient à lui et pleure abondamment. Ces pauvres larmes des personnes âgées… sont bien tristes, même quand ce sont des pleurs de joie ! et il murmure :

« Maintenant, oui, maintenant je peux te servir. Sois béni ! Béni ! Béni ! »

Il voudrait se pencher pour baiser les pieds de Jésus.

« Non, père. Entrons maintenant, et nous allons manger. Ensuite nous te donnerons un vêtement. Tu seras parmi des fils, et nous aurons un père qui nous souhaitera la bienvenue à chaque retour et nous donnera sa bénédiction à chaque départ. Nous irons chercher deux colombes pour que tu aies des créatures vivantes auprès de toi. Nous allons prendre des graines pour le jardin et tu en sèmeras dans les parterres, ainsi que la foi en moi dans les cœurs de ce village.

– J’enseignerai la charité. Ils n’en ont guère !

– La charité aussi, mais sois doux…

– Oh ! je le serai ! Je n’ai pas dit un seul mot dur à ma bru qui m’abandonnait. J’ai compris et pardonné.

– J’ai vu cela dans ton cœur. C’est pour cela que je t’ai aimé. Viens, viens avec moi… »

Et Jésus entre dans la maison en tenant le petit vieux par la main.

384.6

Pierre les regarde s’en aller et essuie une larme du revers de la main avant de reprendre son travail interrompu.

« Tu pleures, mon frère ? »

Pierre ne répond pas. Mais André insiste :

« Pourquoi pleures-tu, mon frère ?

– Toi, occupe-toi du chiendent. Si je pleure, c’est parce que… je sais bien pourquoi, moi…

– Dis-le-nous. Sois gentil, disent plusieurs.

– C’est parce que… C’est parce que ces instructions-là me touchent davantage le cœur… oui… en somme… quand elles sont faites de cette façon, plus que quand il tonne d’un air imposant…

– Mais, à ces moments-là, on voit en lui le Roi ! s’exclame Judas.

– Et ici on voit le Saint. Pierre a raison, dit Barthélemy.

– Mais pour régner, il doit être fort.

– Pour racheter, il doit être saint.

– Pour les âmes, oui. Mais pour Israël…

– Israël ne sera jamais Israël, si les âmes ne se sanctifient pas. »

Les “ oui ” et les “ non ” s’entrecroisent et chacun donne son avis.

Le vieillard ressort avec un petit broc à la main. Il va chercher de l’eau à la source. Il ne ressemble plus à ce qu’il était auparavant, tant il est heureux.

« Vieux père, écoute. D’après toi, de quoi Israël a-t-il besoin pour être grand : d’un roi ou d’un saint ? demande André.

– C’est de Dieu qu’il a besoin. De ce Dieu qui, là, à l’intérieur, prie et médite. Ah ! mes fils, mes fils ! Soyez bons, vous qui le suivez ! Soyez bons, bons, bons ! Ah ! quel don le Seigneur vous a fait ! Quel don ! Quel don ! »

Et il s’en va en levant les bras vers le ciel et en murmurant :

« Quel don ! Quel don ! »…

384.1

La casita de Salomón — la que vi sin saber quién era su propietario, en marzo de 1944, en la visión de la resurrección de Lázaro — es una de las últimas de la única calle, que acaba en el río, de este pueblecito pobre y apartado. Un pueblecito de barqueros. Sus casitas más… ricas están dispuestas a lo largo de esta callecita polvorienta; las otras, esparcidas a la buena de Dios entre los árboles de las orillas. Verdaderamente no son muchas — no creo que lleguen a cincuenta —, y tan pequeñas que cabrían todas en uno de esos bloques de viviendas proletarias de las grandes ciudades actuales. Ahora la primavera les da una apariencia menos mísera, porque las decora con su frescura, y hay guirnaldas de convólvulos, o festones de vides, o un franco reír de flores amarillas de calabaza, en las rudimentarias estacadas que señalan las propiedades, en las orillas de los techos, u orlando las puertas de las casas, y no falta alguna rosa como desorientada, ella bella en medio de cestas y redes, en medio del dorado de la mostaza en flor, en medio del humilde cimbreo de las primeras vainas de las legumbres.

La calle también parece menos fea, porque el cañaveral del fondo no tiene sólo las cuentas duras de los nudos polvorientos, sino que se adorna con los penachos de las heleocarias, y, entre las cintas de las hojas de las cañas, eleva los cuchillos de los gladios silvestres, que lucen las multicolores mazorcas de sus flores, mientras los sutiles zarcillos de tallito filiforme abrazan en espiral nudos y cañas y en cada giro ponen el cáliz delicadísimo de su florecilla de un color rosa lila tenuísimo. Y pájaros, a miríadas, se requieren de amores entre los cañizares, coqueteando en lo alto de las cañas, acunándose colgados de los zarcillos, poniendo trinos y colores entre el verdor de las orillas palustres.

Jesús empuja la tosca cancilla, pequeña, que introduce en una huertecilla o patio. La verdad es que, si era una huerta, ahora es un revoltijo agreste de hierbas crecidas de nuevo; y, si era un patio, es igualmente un lío de yerbajos sembrados por los vientos. Sólo algunas calabazas han mostrado inteligencia, agarrándose a la única planta de vid y a la higuera, y subiendo a poner las bocas rientes de sus flores al lado de los racimos en miniatura de la vid o al lado de las tiernas hojas de la higuera, las cuales en su base, en la concavidad del pecíolo, tienen la yema dura de los higos-flor apenas formados. Las ortigas martirizan los pies desnudos, tanto que Pedro y Tomás, recogidos dos remos carcomidos, se lían a abatir las irritantes plantas para disminuir su veneno.

Entretanto, Santiago y Juan tratan de hacer funcionar la grande cerradura oxidada, y, conseguido su objetivo, abren la tosca puerta y entran en una habitación-cocina que huele fuertemente a moho y a cerrado. Polvo y telarañas decoran las paredes; una basta mesa, unos bancos y otros asientos, una repisa, son su mobiliario; dos puertas se abren en una de las paredes.

384.2

Pedro explora… «Aquí hay un cuarto pequeño con una cama sola. Buena para Jesús… ¿Y aquí? ¡Ah! ¡Ya! Esto es la despensa, el trastero, el granero y la ratonera… ¡Fíjate qué carreras de ratones! Han roído todo en estos meses. Pero ahora voy a arreglaros yo, no lo dudéis. Maestro… ¿podemos movernos aquí como si fuéramos los amos?».

«Eso dijo Salomón».

«¡Muy bien! ¡Venga, hermano, y tú, Santiago! Venid aquí a cerrar todos los agujeros. Y Tú, Mateo, con Judas, métete en la puerta, y estáte atento a que no salga ni un solo ratón. Imagínate que eres todavía el amable recaudador de Cafarnaúm. Entonces no se te escapaba ni un solo cliente, ni aunque se hiciera ligero como una lagartija cuando se despierta… Y vosotros id a la huerta a recoger la mayor cantidad que podáis de yerbajos y traedlos aquí. Y tú, Maestro, ve… donde quieras, mientras… yo arreglo a estos diablos inmundos que han destrozado estas cómodas redes y se han comido la quilla entera de una barca…». Y mientras habla amontona maderas roídas, pedazos de red reducida a estopa, haces de leña… todo en medio de la habitación, y, cuando ya tiene las hierbas verdes, las pone encima de lo demás y prende fuego y se separa mientras las primeras espiras de humo se alzan del montón. Ríe diciendo: «¡Y que mueran todos los filisteos!».

«¿No vas a prender fuego a todo?» pregunta Simón Zelote.

«No, amigo. Porque la humedad de los ramajes mantiene bajas las llamas, y las llamas sacan de las yerbas el humo, de forma que, con buena alianza, lo seco y lo verde se ayudan en la venganza. ¿Sientes qué mal huele? ¡Dentro de poco verás qué chillidos! ¿Quién me hablaba de los cisnes que cantan antes de morir? ¡Ah, Síntica! Dentro de poco también cantarán los ratones».

Judas Iscariote corta bruscamente una carcajada y observa: «No se ha podido saber nada más de ella. Y tampoco nada de Juan de Endor. ¿Quién sabe a dónde habrán ido a parar?».

«Sin duda al lugar adecuado» responde Pedro.

«¿Lo sabes?».

«Sé que ya no están para ser diana de la malevolencia».

«¿No has preguntado a nadie? Yo sí».

«Y yo no. No es una cosa que me interese el saber dónde están. Me basta con pensar que son santos y orar porque sigan siéndolo».

Tomás dice: «A mí me han preguntado por ellos algunos fariseos ricos, clientes de mi padre. Pero he respondido que no sé nada».

«¿Y no sientes curiosidad por saberlo?» insiste Judas.

«Yo no, y digo la verdad…».

«¡Mirad! ¡Mirad! El humo hace efecto. Pero vamos a salir, que, si no, nos ahogamos también nosotros» dice Pedro. Y desviando así la atención se pone fin al tema.

384.3

Jesús está en la huerta. Endereza unos tallos de legumbres arrastradas por el suelo, nacidas de semillas que han caído ahí.

«¿Estás de hortelano, Maestro?» pregunta sonriendo Felipe.

«Sí. Me da pena ver una planta arrastrada por el suelo, inútil, cuando, por el contrario, está destinada a elevarse hacia el sol y a dar fruto».

«Bonito tema para un discurso, Maestro» observa Bartolomé.

«Sí. Bonito. Todo sirve como tema para quien sabe meditar».

«Te ayudamos también nosotros. ¡Venga! ¿Quién va a las cañas del río, a coger algunas para las legumbres?».

Van los jóvenes, riendo, y los más ancianos se ponen a hacer limpieza arrancando con atención las hierbas parásitas.

«¡Así se ve que es una huerta! No hay hortalizas para ensalada. Pero sí que hay puerros, ajos, verduras, hierbas delicadas y legumbres. ¡Y calabazas! ¡Cuántas calabazas! Hay que podar la vid, liberar la higuera y…».

«¡Pero Simón, no nos vamos a quedar aquí!…» dice Mateo.

«Pero vendremos varias veces. Lo ha dicho Él. Y no nos perjudicará el tener un poco de orden aquí alrededor. ¡Mira, mira! También hay un jazmín — ¡pobrecito! — debajo de esta cascada de calabazas. Si viera Porfiria esta planta tan triste, lloraría sobre ella y le hablaría como a un niño. Sí, porque antes de tener a Margziam les hablaba a sus flores como a hijos… Exactamente. También aquí he hecho espacio. He quitado la calabaza porque…

384.4

¡Ah!, ahí vienen los muchachos con las cañas y con un… ¡Maestro, hay trabajo para ti! ¡Está ciego!».

En efecto, entran Santiago y Juan, Andrés y Tomás, cargados de cañas, y Tomás trae, casi en peso, a un pobre viejecito todo harapiento y que tiene los ojos blancos debido a las cataratas.

«Maestro, estaba buscando plantas de achicoria en las orillas y le ha faltado poco para caerse al agua. Está solo desde hace algunos meses, porque el hijo que le mantenía ha muerto; la nuera se ha vuelto a su casa y él… vive como puede. ¿Verdad, padre?».

«Sí. Sí. ¿Dónde está el Señor?» dice mientras le giran los ojos velados.

«Aquí está. ¿Ves esa blancura alargada? Es Él».

Pero Jesús ya se ha acercado y le toma de la mano. «¿Estás solo, pobre padre? ¿Y no ves?».

«No. Mientras podía ver, tejía cestas y nasas, y hacía redes. Pero ahora… Veo más con los dedos que con los ojos, y cuando busco hierbas me equivoco y algunas veces me hago daño al vientre con hierbas nocivas».

«Pero en el pueblo…».

«Son todos pobres y están llenos de hijos, y yo soy viejo… Duele que se muera un burro…. ¡Pero si se muere un viejo!… ¿Qué es un viejo? ¿Qué soy? Mi nuera se me ha llevado todo. Pero si por lo menos me hubiera llevado con ella, como una oveja vieja, para que gozara de la presencia de mis nietos… los hijos de mi hijo…»; llora apoyado en el pecho de Jesús, que le tiene entre sus brazos y le acaricia.

«¿No tienes casa?».

«La vendí».

«¿Y cómo vives?».

«Como los animales. Los primeros días me ayudaba el pueblo. Pero luego se cansaron…».

«Salomón está degenerando entonces, porque es generoso» observa Mateo.

«Es generoso con nosotros. ¿Por qué no ha dado la casa a este anciano?» pregunta Felipe.

«Porque, cuando pasó por aquí la última vez, yo tenía todavía una casa. Salomón es bueno. Pero el pueblo le llama “el loco” desde hace un tiempo, y ya no hacen lo que él había enseñado que había que hacer» dice el anciano.

384.5

«¿Quisieras quedarte aquí conmigo?».

«¡Ya no echaría de menos a mis nietos!».

«Aunque siguieras siendo pobre y siguieras estando ciego, ¿te bastaría servirme para ser feliz?».

«¡Sí!». Un “sí” tembloroso pero muy seguro.

«De acuerdo, padre. Escúchame. Tú no puedes andar el camino que ando Yo. No puedo quedarme aquí. Pero podemos querernos y hacernos el bien mutuamente».

«Tú a mí, sí. Pero yo… ¿Qué puede hacer el viejo Ananías?».

«Cuidarme la casa y la huerta, para que cada vez que vuelva las encuentre ordenadas. ¿Te gusta?».

«¡Sí! Pero estoy ciego… La casa… me acostumbraré a las paredes. Pero la huerta… ¿Qué puedo hacer para cuidarla, si no distingo las hierbas? ¡Oh, sí, qué bonito sería servirte, Señor! Terminar la vida así…». El viejecito tiene las manos contra el corazón, soñando esta cosa imposible.

Jesús se inclina sonriendo y le besa los ojos velados…

«Pero yo… empiezo a ver… Veo… ¡Oh! ¡Oh! ¡Oh!…». Vacila de alegría, y se desplomaría si Jesús no le sujetase.

«¡Claro… la alegría!…» dice Pedro con la voz ronca de la emoción.

«Y también el hambre… Ha dicho que hace días que vive sólo a base de achicoria, sin aceite ni sal…» termina Tomás.

«Sí, por eso le hemos traído. Para darle de comer…».

«¡Pobre anciano!» todos se muestran compasivos.

El viejecito vuelve en sí y llora, llora. El pobre llanto de los ancianos… tan triste, aun cuando es de alegría; y susurra: «¡Ahora sí, ahora puedo servirte, bendito! ¡Bendito! ¡Bendito!», y hace ademán de agacharse a besar los pies de Jesús.

«No, padre. Ahora vamos a entrar, vamos a comer, y luego te damos una túnica; tú estarás entre hijos y nosotros tendremos un padre que nos dará su bienvenida cada vez que volvamos y su bendición cada vez que salgamos. Buscaremos dos palomas, para que tengas criaturas vivas a tu alrededor. Buscaremos simientes para la huerta. Sembrarás semillas en los cuadros de la huerta, y la fe en mí en los corazones de este pueblo».

«¡Enseñaré la caridad! ¡No la tienen!».

«También la caridad. Pero sé dulce…».

«Lo seré. No dije ninguna palabra dura a mi nuera mientras me abandonaba. He comprendido y perdonado».

«Te lo he visto en tu corazón. Por eso te he amado. Ven. Ven conmigo…». Y Jesús entra en la casa llevando de la mano al viejecito.

384.6

Pedro los ve caminar y se seca una lágrima con el dorso de la mano, antes de reanudar el trabajo interrumpido.

«¿Lloras, hermano?».

Pedro no responde.

Andrés insiste: «¿Por qué lloras, hermano?».

«Tú preocúpate de las gramas. Si lloro es porque… bueno, yo sé por qué…».

«Dínoslo, sé condescendiente» dicen varios.

«Es porque… Es porque a mí me tocan más el corazón estas lecciones tan… tan… bueno este tipo de lecciones, que no sus solemnes invectivas…».

«¡Pero en esos casos se ve en Él el Rey!» exclama Judas.

«Y aquí se ve el Santo. Tiene razón Pedro» dice Bartolomé.

«Pero para reinar tiene que ser fuerte».

«Pero para redimir tiene que ser santo».

«Para las almas, sí; para Israel…».

«Israel no será nunca Israel si las almas no se santifican».

Los síes y los noes se entrecruzan. Y cada uno con su distinto parecer.

El viejecito sale de nuevo, esta vez con una jarra en la mano. Va a tomar agua a la fuente. Está tan feliz, que no parece el mismo de antes.

«Anciano padre, escucha. Según tú, ¿de qué tiene necesidad Israel para ser grande — pregunta Andrés —, de un rey o de un santo?».

«Tiene necesidad de Dios. De ese Dios que ahí dentro ora y medita. ¡Ah! ¡hijos, hijos! ¡Sed buenos, vosotros que le seguís! ¡Sed buenos, buenos, buenos! ¡Qué don os ha dado el Señor! ¡Qué don! ¡Qué don!» y se aleja, agitando los brazos hacia el cielo y susurrando: «¡Qué don! ¡Qué don!»…


Notes

  1. vision du 23 mars 1944, rapportée dans le volume « Les Cahiers de 1944 ». La “ résurrection de Lazare ” rapportée dans le chapitre 548 du présent ouvrage date du 26 décembre 1948. Nous traiterons, dans une note de 587.13, de ce qui concerne la double version de certains épisodes.