The Writings of Maria Valtorta

384. Le vieil Ananias devient le gardien

384. Old Ananias becomes the guardian

384.1

La petite maison de Salomon, que, sans en connaître le propriétaire, j’ai vue en mars 1944 dans la vision[1] de la résurrection de Lazare, est l’une des dernières de ce hameau pauvre et perdu. Elle se trouve dans l’unique rue, qui débouche sur le fleuve. C’est un modeste village de pêcheurs, dont les maisonnettes les plus… riches sont situées le long de la ruelle poussiéreuse, et les autres éparpillées au hasard parmi les arbres de la rive. Et elles ne sont guère nombreuses. Je crois qu’il y en a moins de cinquante, et elles sont si petites qu’à elles toutes, elles tiendraient dans l’un de ces immeubles populaires des grandes villes actuelles. En ce moment, le printemps les fait paraître moins misérables, car il les décore de sa fraîcheur, des guirlandes de liserons et des festons de vignes. Les fleurs jaunes des courges, à la boucle rieuse grande ouverte, garnissent les palissades rudimentaires qui délimitent les propriétés, le bord des toits, l’encadement des portes, sans parler quelques roses dont la beauté paraît s’être égarée au milieu des paniers et des filets, de la teinte jaunâtre des fleurs de sénevé et de l’humble balancement des premières cosses de légumes.

La route elle-même paraît moins laide, parce que la cannaie tout au fond ne porte pas seulement les baies dures des broussins poussiéreux, mais s’enrubanne de panaches et, parmi les rubans des feuilles des roseaux, dresse les couteaux des glaïeuls sauvages qui se gonflent au milieu des épis multicolores de leurs fleurs ; les liserons légers aux tiges filiformes s’enroulent en spirales autour des broussins et des roseaux, et déposent à chaque tour le calice très délicat de leur petite fleur d’un rosé lilas très tendre. Des oiseaux, par myriades, se courtisent et font les coquets dans les roseaux, se balançant, perchés sur les tiges des liserons, animant par leurs trilles et leurs couleurs la verdure des rives marécageuses.

Jésus pousse la petite grille sans prétention qui permet d’entrer dans un jardinet ou une courette. Une chose est sûre : si cela a été un jardin, c’est aujourd’hui un fouillis sauvage d’herbes qui l’ont envahi ; si c’était une cour, c’est également tout un désordre de plantes semées par les vents. Seules des courges ont fait preuve de sagesse : s’attachant à l’unique pied de vigne et au figuier, elles ont grimpé pour placer les corolles riantes de leurs fleurs à côté des grappes minuscules de la vigne ou des feuilles tendres du figuier qui, à la base, dans le berceau du pétiole, ont la gemme dure des figues en fleur à peine formées. Les orties font souffrir les pieds nus. Aussi Pierre et Thomas, ayant trouvé deux rames vermoulues, se mettent-ils à battre les plantes urticantes pour atténuer leur venin.

Pendant ce temps, Jacques et Jean essaient de faire fonctionner la grosse serrure rouillée ; quand ils y parviennent, ils ouvrent la porte rustique et pénètrent dans une cuisine qui exhale une forte odeur de moisi et de renfermé. Les murs sont couverts de poussière et de toiles d’araignées. Une table rudimentaire, des bancs et des sièges, une console la meublent, et deux portes s’ouvrent dans un mur.

384.2

Pierre explore…

« Il y a ici une petite pièce avec un seul lit : c’est bien pour Jésus… Et ici ? Ah, j’ai compris ! C’est la réserve, l’arsenal, le grenier, et le nid à rats… Regarde ces courses de rats ! Ils ont tout rongé pendant ces mois. Mais moi, je vais m’occuper de vous maintenant, n’en doutez pas. Maître… on peut agir en propriétaire ici ?

– C’est ce qu’a dit Salomon.

– Très bien ! Dis, mon frère, et toi aussi, Jacques : venez ici boucher tous les trous. Quant à toi, Matthieu, mets-toi à la porte avec Judas et veille à ce qu’il ne sorte pas un seul rat. Pense que tu es encore l’aimable contrôleur des impôts de Capharnaüm. A cette époque, aucun client ne t’échappait, même s’il se rendait aussi agile qu’un lézard qui s’éveille… Et vous, allez prendre dans le jardin le plus d’herbes possible et apportez-les ici. Toi, Maître, va… là où bon te semble, pendant que… je m’occupe de ces satans malpropres qui ont abîmé ces filets commodes et mangé une quille entière de barque… »

Tout en parlant, il entasse du bois rongé, des morceaux de filets réduits à l’état d’étoupe, des fagots… le tout au milieu de la pièce. Quand il a les herbes vertes, il les jette par dessus le reste, y met le feu et s’échappe dès que les premières volutes de fumée s’élèvent du tas. Puis il dit en riant :

« Et que meurent tous les philistins !

– Mais ne vas-tu pas mettre le feu à la baraque ? demande Simon le Zélote.

– Non, mon cher. Car l’humidité des branches retient les flammes et le feu dégage la fumée des herbes. Ainsi, par une bonne alliance, le sec et le vert s’aident mutuellement pour exercer la vengeance. Tu sens cette puanteur ? Bientôt, tu n’entendras que des cris ! Qui est-ce qui me parlait des cygnes qui chantent avant de mourir ? Ah ! Syntica ! Les rats vont bientôt chanter. »

Judas interrompt son éclat de rire pour enquêter :

« On n’a rien pu savoir d’elle, ni de Jean d’En-Dor. Qui sait où ils se trouvent ?

– Là où il faut, certainement, répond Pierre.

– Tu sais où ?

– Je sais qu’ils ne sont plus à servir de cible à la malveillance.

– Tu n’as interrogé personne ? Moi, si.

– Et moi, non. Cela ne m’intéresse pas de savoir où ils sont. Il me suffit de penser à eux et de prier pour qu’ils restent saints. »

Thomas dit :

« Pour ma part, de riches pharisiens, des clients de mon père, me l’ont demandé. Mais je leur ai répondu que je n’en savais rien.

– Et tu n’es pas curieux de le savoir ? insiste Judas.

– Moi, non, et je dis la vérité…

– Ecoutez ! Ecoutez ! La fumée fait son effet. Mais sortons pour qu’elle ne nous étouffe pas, nous aussi » dit Pierre, dont la diversion met fin à la discussion.

384.3

Jésus est dans le jardin. Il redresse des tiges couchées de légumes venus à partir de graines tombées.

« Tu fais le jardinier, Maître ? demande Philippe en souriant.

– Oui. Cela me peine de voir même une plante ramper et être inutile, alors qu’elle est destinée à s’élever vers le soleil et à fructifier.

– Beau sujet pour un discours, Maître, observe Barthélemy.

– En effet. Mais tout sert de sujet pour qui sait méditer.

– Nous allons t’aider, nous aussi. Allons ! Qui va au fleuve chercher des roseaux pour tuteurer les légumes ? »

Les jeunes partent en riant, et les plus âgés se mettent à nettoyer en arrachant attentivement les plantes parasites.

« Ah ! on voit ainsi que c’est un potager. Il n’y a pas de salade, mais des poireaux, de l’ail, des fines herbes, des légumes. Et des courges ! Que de courges ! Il faut tailler la vigne, dégager le figuier et…

– Mais, Simon, nous ne restons pas ici ! dit Matthieu.

– Mais nous y viendrons plusieurs fois. Jésus l’a dit et cela ne nous gênera pas de trouver un peu d’ordre tout autour. Regarde, regarde ! Il y a même un jasmin, le pauvre, sous cette cascade de courges. Si Porphyrée voyait cette plante si maltraitée, elle pleurerait sur elle et lui parlerait comme à un enfant. Oui, car avant d’avoir Marziam, elle parlait à ses fleurs comme à des enfants… Voilà. Ici aussi, j’ai fait de la place. J’ai enlevé les courges parce que…

384.4

Ah ! voici les garçons avec les roseaux et accompagnés d’un… Maître, c’est ton affaire. Il est aveugle ! »

Entrent en effet Jacques et Jean, André et Thomas, chargés de roseaux ; Thomas porte comme un fardeau un pauvre petit vieux tout dépenaillé, aux yeux blanchis par la cataracte.

« Maître, il cherchait de la chicorée sur les berges et, pour un peu, il tombait à l’eau. Il est resté seul depuis quelques mois, car son fils qui l’entretenait est mort, sa belle-fille est retournée chez elle, et lui… il vit comme il peut. N’est-ce pas, père ?

– Oui, oui ! Où est le Seigneur ? demande-t-il en tournant ses yeux voilés.

– Il est ici. Tu vois cette haute blancheur ? C’est lui. »

Déjà Jésus s’avance vers lui et le prend par la main.

« Tu es seul, pauvre père, et tu n’y vois pas ?

– Non. Tant que j’ai vu, j’ai tressé des paniers et des nasses, et je faisais des filets, mais maintenant… Je vois mieux avec les doigts qu’avec les yeux. En cherchant des herbes, je me trompe et j’attrape mal au ventre à cause des plantes nuisibles.

– Mais dans le village…

– Oh ! ils sont tous pauvres et chargés d’enfants, et moi, je suis âgé… S’il meurt un âne… cela désole. Mais s’il meurt un vieillard !… Qu’est-ce qu’un vieillard ! Que suis-je ? Ma bru m’a tout pris. Si au moins elle m’avait emmené avec elle, comme une vieille brebis, j’aurais mes petits-enfants avec moi… les enfants de mon fils… »

Il pleure en s’abandonnant sur la poitrine de Jésus, qui le tient dans ses bras et lui fait une caresse.

« Tu n’as pas de maison ?

– Elle l’a vendue.

– Comment vis-tu donc ?

– Comme les bêtes. Les premiers jours, le village m’aidait. Mais ensuite il est lassé…

– Dans ce cas, Salomon n’est pas de la même race, car lui, il est généreux, observe Matthieu.

– Avec nous, oui. Pourquoi n’a-t-il pas donné sa maison à ce malheureux ? demande Philippe.

– Parce que, quand il est passé ici la dernière fois, j’avais encore une maison. Salomon est bon, mais le village l’appelle “ le fou ” depuis quelque temps et ne fait plus ce que Salomon avait enseigné, dit le vieil homme.

384.5

– Aimerais-tu rester ici, avec moi ?

– Ah ! je ne regretterais plus mes petits-enfants !

– Même si tu restais pauvre et aveugle, te suffirait-il de me servir pour être heureux ?

– Oui ! »

C’est un oui tremblant, mais si assuré…

« C’est bien, père. Ecoute : tu ne peux marcher comme je le fais. Moi, je ne puis rester ici. Mais nous pouvons nous aimer et nous faire du bien l’un à l’autre.

– Toi à moi, oui. Mais moi… Que peut faire le vieil Ananias ?

– Garde-moi la maison et le jardin pour que je la trouve rangée à chaque retour. Cela te plaît ?

– Oh oui ! Mais je suis aveugle… La maison… je m’habituerai aux murs. Mais le jardin… Comment faire pour m’en occuper si je ne distingue pas les plantes ? Ah ! ce serait si beau de te servir, Seigneur ! Finir ainsi ma vie… »

Le petit vieux met la main sur son cœur en rêvant à l’impossible.

Jésus se penche en souriant et embrasse ses yeux aveugles…

« Mais… je commence à voir… Je vois… Oh ! Oh ! Oh !… »

La joie le fait vaciller, et il tomberait si Jésus ne le soutenait.

« Eh, quelle joie !… fait Pierre d’une voix très émue.

– Et quelle faim aussi… Il a dit que, depuis plusieurs jours, il ne vit que de chicorée sans huile ni sel, achève Thomas.

– Oui, c’est pour cela que nous l’avons amené : pour lui donner à manger…

– Pauvre vieux ! » disent-ils tous avec tristesse.

Le vieillard revient à lui et pleure abondamment. Ces pauvres larmes des personnes âgées… sont bien tristes, même quand ce sont des pleurs de joie ! et il murmure :

« Maintenant, oui, maintenant je peux te servir. Sois béni ! Béni ! Béni ! »

Il voudrait se pencher pour baiser les pieds de Jésus.

« Non, père. Entrons maintenant, et nous allons manger. Ensuite nous te donnerons un vêtement. Tu seras parmi des fils, et nous aurons un père qui nous souhaitera la bienvenue à chaque retour et nous donnera sa bénédiction à chaque départ. Nous irons chercher deux colombes pour que tu aies des créatures vivantes auprès de toi. Nous allons prendre des graines pour le jardin et tu en sèmeras dans les parterres, ainsi que la foi en moi dans les cœurs de ce village.

– J’enseignerai la charité. Ils n’en ont guère !

– La charité aussi, mais sois doux…

– Oh ! je le serai ! Je n’ai pas dit un seul mot dur à ma bru qui m’abandonnait. J’ai compris et pardonné.

– J’ai vu cela dans ton cœur. C’est pour cela que je t’ai aimé. Viens, viens avec moi… »

Et Jésus entre dans la maison en tenant le petit vieux par la main.

384.6

Pierre les regarde s’en aller et essuie une larme du revers de la main avant de reprendre son travail interrompu.

« Tu pleures, mon frère ? »

Pierre ne répond pas. Mais André insiste :

« Pourquoi pleures-tu, mon frère ?

– Toi, occupe-toi du chiendent. Si je pleure, c’est parce que… je sais bien pourquoi, moi…

– Dis-le-nous. Sois gentil, disent plusieurs.

– C’est parce que… C’est parce que ces instructions-là me touchent davantage le cœur… oui… en somme… quand elles sont faites de cette façon, plus que quand il tonne d’un air imposant…

– Mais, à ces moments-là, on voit en lui le Roi ! s’exclame Judas.

– Et ici on voit le Saint. Pierre a raison, dit Barthélemy.

– Mais pour régner, il doit être fort.

– Pour racheter, il doit être saint.

– Pour les âmes, oui. Mais pour Israël…

– Israël ne sera jamais Israël, si les âmes ne se sanctifient pas. »

Les “ oui ” et les “ non ” s’entrecroisent et chacun donne son avis.

Le vieillard ressort avec un petit broc à la main. Il va chercher de l’eau à la source. Il ne ressemble plus à ce qu’il était auparavant, tant il est heureux.

« Vieux père, écoute. D’après toi, de quoi Israël a-t-il besoin pour être grand : d’un roi ou d’un saint ? demande André.

– C’est de Dieu qu’il a besoin. De ce Dieu qui, là, à l’intérieur, prie et médite. Ah ! mes fils, mes fils ! Soyez bons, vous qui le suivez ! Soyez bons, bons, bons ! Ah ! quel don le Seigneur vous a fait ! Quel don ! Quel don ! »

Et il s’en va en levant les bras vers le ciel et en murmurant :

« Quel don ! Quel don ! »…

384.1

Solomon’s little house, which I saw in the vision[1] of the resurrection of Lazarus in 1944, without knowing its owner, is one of the last houses in the only road that takes one to the river, in this poor village that is out of the way, a little village of boatmen, where the houses of the… wealthier people are situated along the little dusty road, and the others are spread at random among the trees of the embankments. They are not many. I do not think that they are fifty in all. And they are so small, that they could be all contained in one of those tenement houses in large modern towns. Springtime now makes them appear less miserable, because it adorns them with its freshness, while garlands of bindweed or festoons of vines, or cheery smiling yellow flowers of vegetable marrows adorn the coarse fences marking the boundaries of properties, the borders of roofs, the doors of houses. There are also some roses, which sees out of place in there beauty in the midst of baskets and nets, of yellow mustards in bloom and of the early pods of humble swinging beans.

Also the road looks prettier as the cane-brake at its end has not only the hard berries of the dusty knots, but it is also decorated with plumes, and wild gladioli display their sword-shaped leaves and bright-coloured flower spikes, while light bind-weeds with thread like stems embrace canes and knots winding round them and at each twirl they put forth the very delicate chalice of their little lilac-pink flower. And myriads of birds make love among the reed-thickets, flirting on the canes, swinging on the bearbines, enlivening the green marshy embankments with their chirping and multi-coloured feathers.

Jesus pushes the little rustic gate providing access to a small kitchen garden or courtyard. If it was a kitchen garden, now it is certainly a wild entanglement of grass, if it was a courtyard it is still a disorder of weeds sown by the wind. Only some vegetable marrows have been wise by clinging to the only vine and fig-tree, climbing up to put forth the smiling mouths of their flowers close to the miniature bunches of grapes of the vine, or to the tiny tender fig leaves, which at their joints, in the cradles of the stalks, have the hard gems of the fig-flowers just formed. Stinging-nettles are tormenting the apostles’ bare feet, so much so that Peter and Thomas pick up two worm-eaten oars and are busy beating the irritating plants to lessen their poisonous effect.

In the meantime James and John are trying to turn the big rusty lock, and when they succeed, they open the rustic door, entering a kitchen room smelling mouldy and close. Dust and cobwebs decorate the walls. A rough table, some benches and seats and a shelf furnish it; there are two doors in one of the walls.

384.2

Peter explores… «There is a little room with one bed only. It’s good for Jesus… And there? Ah! I see! This is the store-room, the lumber-room, the barn and the rats’ nest… Look how they run! They have gnawed away everything these months. But now I will see to you, don’t you worry. Master… can we act as if we were at home here?»

«That is what Solomon said.»

«Very well! Listen, brother, and you, James. Come here and close all these holes. And you, Matthew stand here at the door with Judas, and make sure that not even one mouse gets out. Just imagine that you are still the kind toll-collector at Capernaum. No customer escaped you then, not even if he became as thin as a lizard after hibernating… And you go and get as much weed as you can in the kitchen garden and bring it here. And You, Master, go… wherever You like, while I will fix these filthy devils, which have ruined these good nets and have eaten the whole keel of a boat…» And while speaking he gathers together gnawed bits of wood, bits of nets reduced like tow, faggots… everything in the middle of the room, and when he gets the green grass, he places it on top of the rest and then sets fire to the lot and runs out when the first spirals of smoke rise from the pile. And he laughs saying: «Let all the Philistines die!»

«But you are not going to set everything on fire?» asks Simon Zealot.

«No, my dear. Because the damp green grass chokes the flames, and the flames exhale smoke from the grass and thus, as good allies, the dry and green elements help each other in taking revenge. Can you smell how it stinks? And before long you will hear screams! Who told me that swans sing before dying? Ah! Syntyche did! The mice will be singing, too, shortly.»

Judas Iscariot suddenly stops laughing and remarks: «We have not been able to find out anything about her. And we have heard nothing of John of Endor. I wonder where they have ended up.»

«In the right place certainly» replies Peter.

«Do you know where?»

«I know that they are no longer here to be harassed by ill-will.»

«Have you ever inquired about them? I have.»

«I have not. I am not interested in knowing where they are. I am quite satisfied thinking and praying that they may persevere in holiness.»

Thomas says: «Some rich Pharisees asked me about them. They are customers of my father. I replied that I do not know.»

«And are you not anxious to know?»

«I am not and that is the truth…»

«Listen! Listen! It’s starting to smoke. But let us go out, otherwise we shall be choking, too» says Peter. And the distraction puts an end to the discussion.

384.3

Jesus is in the kitchen garden and is straightening the stems of legumes, creeping on the ground, which have come up from seed fallen there.

«Are You working as a kitchen gardener?» asks Philip smiling.

«Yes. It upsets Me to see a plant creep uselessly, whereas it is destined to rise towards the sun and bear fruit.»

«A beautiful subject matter for a sermon, Master» remarks Bartholomew.

«Yes. Beautiful. But everything can be used as a subject, when one knows how to meditate.»

«We will help You, too. Come on! Who will go down to the river to get some canes for the legumes?»

The younger disciples go away laughing, and the elder ones get busy weeding carefully.

«Oh! One can see that it is a kitchen garden like that. There is no salad. But there are leeks, garlic, vegetables, fine herbs and legumes. And vegetable marrows! How many of them! The vine needs pruning and the fig-tree wants to be cleared…»

«But, Simon, we are not staying here!…» says Matthew.

«But we shall come here often. He said so. And it will do us no harm to have a little order here. Look! There is also a jasmine, poor thing, under this cascade of marrows. If Porphirea saw this plant so dejected, she would weep over it, and she would talk to it as to a child. Of course, before she had Marjiam she used to talk to her flowers as if they were her children… Here you are!

I have made room here. I removed the marrow because…

384.4

Oh! Here are the boys with the canes and a… Master, there is work for You. He is blind!»

In fact James, John, Andrew and Thomas come in, laden with canes, and Thomas is almost carrying a poor old man, covered with rags; his eyes are white with cataracts.

«Master, he was trying to find chicory on the banks and almost fell into the water. He has been left alone for some months, because the son who kept him died, and his daughter-in-law went back to her house and he… lives as best he can. Is that right, father?»

«Yes, it is. Where is the Lord?» he says turning round his veiled eyes.

«He is here. Can you see that long whiteness? It’s Him.»

But Jesus comes forward and takes him by the hand. «Are you alone, poor father? And you cannot see?»

«No, I cannot. When I could, I made baskets and eel-pots and I made also nets. But now… I can see more with my fingers than with my eyes, and looking for herbs, I make mistakes, and at times I have suffered from stomach disorder because of harmful herbs.»

«But in the village…»

«Oh! They are all poor and with many children, and I am old… If a donkey dies… one is sorry. But if an old man dies!… What is an old man? What am I? My daughter-in-law took everything away. If she had only taken me with her, like an old sheep, that I might be near my grandchildren… my son’s children…» he weeps resting his head on the chest of Jesus, Who holds him in His arms caressing him.

«Have you got a house?»

«She sold it.»

«And how do you live?»

«Like an animal. At first the people in the village helped me. Then they became tired…»

«Solomon in that case is no longer of the same race, because he is generous» remarks Matthew.

«With us, though. Why did he not give the house to the old man?» asks Philip.

«Because the last time he came here, I had a house. Solomon is good. But for some time the people of the village have said that he is mad, and they no longer do what Solomon had taught them» says the old man.

384.5

«Would you be willing to stay with Me?»

«Oh! I would no longer regret my grandchildren!»

«Even if you were to remain poor and blind, would you be happy just by serving Me?»

«Yes!» A trembling yes, and yet so firm…

«All right, father. Listen. You cannot travel about as I do. And I cannot remain here. But we can love each other and do each other a good turn.»

«You can, yes, to me. But I… What can old Ananias do?»

«You can take care of the house and of the kitchen garden so that I may find them in good order when I come back. Do you like the idea?»

«Yes, I do! But I am blind… The house… I will become accustomed to the walls. But the kitchen garden… How can I take care of it, if I cannot tell one herb from another? Oh! How lovely it would be to serve You thus, Lord! And end my life thus…» The old man is pressing his hands against his heart, dreaming of what is impossible.

Jesus bends smiling and kisses his dimmed eyes…

«But I… I am beginning to see… I can see… Oh! Oh!…» He staggers in his joy and would fall if Jesus did not support him.

«Eh! what joy does!…» says Peter in a deeply moved voice.

«And hunger… He says that he has been living for days on chicory, without any oil or salt…» concludes Thomas.

«Yes, that is why we brought him here. To feed him…»

«Poor old soul!» they all exclaim sympathetically.

The old man recovers his senses and weeps. The poor tears of old people… so sad also when they are tears of joy, and he whispers: «Now… now I can serve You, Blessed One!» and he wants to bend to kiss Jesus’ feet.

«No, father. Now we shall go inside and we shall have something to eat. Then we will give you a tunic and you will be among sons, and we shall have a father who will welcome us every time we come back and will bless us every time we depart. We will go and find two doves, so that you may always have living creatures around you. We will get seed for the kitchen garden and you will sow them in the soil and you will sow faith in Me in the hearts of the people here.»

«I will teach them charity, for they have none!»

«Yes, also charity. But be kind…»

«Oh! I will be. I did not say one harsh word to my daughter-in-law when she left me. I understood and I forgave.»

«I read that in your heart. That is why I loved you. Come. Come with Me…» And Jesus goes into the house holding the old man by the hand.

384.6

Peter looks at them, and with the back of his hand he wipes off a tear, before resuming his work.

«Are you weeping, brother?»

Peter does not reply.

Andrew insists: «Why are you weeping, brother?»

«Mind your own business, the weeds in this case. If I am weeping it’s because… it’s because I know why…»

«Tell us, too, be good» say several apostles.

«It’s because, these lessons… given so… they touch my heart more than when He thunders imposingly…»

«But we see the King in Him then!» exclaims Judas.

«And here we see the Saint. Peter is right» says Bartholomew.

«But He must be powerful in order to reign.»

«And He must be holy in order to redeem.»

«I agree, with regards to souls. But with regards to Israel…»

«Israel will never be Israel unless souls become holy.»

The conflicting opinions bounce backwards and forwards.

The old man comes out with a water-jug in his hand. He is going to the fountain. He is so happy that he is entirely different from the man he was previously.

«Old father, listen. According to you, what does Israel need to become great?» Andrew asks him. «A king or a saint?»

«It needs God. That God Who is praying and meditating in there. Ah! My sons! Be good, you who follow Him! Be good, very good! Ah! what a gift the Lord has given you! What a gift!» and he goes away raising his arms towards the sky whispering: «What a gift! What a gift!»…


Notes

  1. vision du 23 mars 1944, rapportée dans le volume « Les Cahiers de 1944 ». La “ résurrection de Lazare ” rapportée dans le chapitre 548 du présent ouvrage date du 26 décembre 1948. Nous traiterons, dans une note de 587.13, de ce qui concerne la double version de certains épisodes.

Notes

  1. the vision, of 23rd March 1944, indicated in the volume “The Notebooks. 1944”. The “resurrection of Lazarus” narrated in this work, in chapter 548, is dated 26dt December 1946.