Los Escritos de Maria Valtorta

395. Les deux malheureuses mères de Kérioth.

395. Las dos madres infelices de Keriot.

395.1

« Seigneur, tu ne viendrais pas avec moi, avec moi seule, chez une mère malheureuse ? C’est ce que je désire plus que tout » dit Marie, femme de Simon.

Elle se tient respectueusement en face de Jésus, tandis qu’après le repas de midi les apôtres se sont dispersés pour se reposer, avant de reprendre la route dans la soirée. Jésus, de son côté, est à l’ombre des pommiers chargés de fruits verts qui commencent à mûrir. Il semble que Marie reprenne une conversation déjà commencée.

« Oui, femme. Je désire moi aussi rester avec toi, seuls en ces dernières heures, comme je l’ai été dans les premières. Allons-y. »

Ils rentrent dans la maison, Jésus pour y chercher son manteau, et Marie le sien ainsi que son voile.

Ils prennent des chemins à travers les prés, parmi les pommiers et d’autres arbres de haute futaie. Il fait encore chaud. Des souffles brûlants proviennent des champs de moissons arrivés à maturité. Mais le vent de la montagne tempère la chaleur qui, en plaine, serait insupportable.

« Je suis désolée de te faire marcher par cette canicule. Mais plus tard… nous ne pourrions plus. Et j’ai tant désiré cette faveur, sans jamais oser te la demander. Tout à l’heure, tu m’as dit : “ Marie, pour te montrer que je t’aime comme si tu étais pour moi une mère, je te propose de me demander ce que tu désires, et je te satisferai. ” J’ai donc osé.

395.2

Seigneur, sais-tu où nous nous rendons ?

– Non, femme.

– Nous allons chez celle qui devait être la belle-mère de Judas… » Marie soupire douloureusement. « Elle le devait… Elle ne l’est pas et ne le sera jamais, car Judas a abandonné la jeune fille, qui en est morte de chagrin… Sa mère éprouve du ressentiment contre mon fils et moi. Elle ne cesse de nous maudire… Judas est tellement… tellement faible devant le mal, qu’il n’a besoin que de bénédictions !… Je voudrais que tu lui parles… Tu peux la convaincre… lui dire que cela a été une grâce que ces noces n’aient pas eu lieu… lui faire savoir que je n’y suis pour rien… lui conseiller de mourir sans rancœur — car elle dépérit lentement, l’âme étranglée. Je voudrais que la paix s’établisse entre nous… car moi, j’en ai souffert, je suis honteuse de ce qui est arrivé, et c’est avec douleur que je vois déchirée une amitié avec une femme qui était pour moi une compagne depuis que je suis arrivée ici comme épouse. En somme tu sais, Seigneur…

– Oui, n’aie pas d’inquiétude. Ta demande est juste, et je me charge de cette bonne démarche. »

Après avoir franchi une petite vallée, ils montent sur une autre hauteur sur laquelle se trouve un village.

« Anne réside ici depuis la mort de sa fille, dans sa propriété. Auparavant, elle était à Kérioth. Mais tant qu’elle y vivait et qu’on s’y rencontrait, ses reproches me déchiraient l’âme. »

395.3

Ils tournent sur un sentier peu avant le village et arrivent à une maison basse au milieu des champs.

« Voilà ! Oh ! mon cœur frémit maintenant que je suis ici ! Elle ne voudra pas me voir… elle va me chasser… elle sera fâchée, et son pauvre cœur souffrira davantage… Maître…

– Oui. J’y vais seul. Reste ici jusqu’à ce que je t’appelle. Et prie pour m’aider. »

Jésus s’avance jusqu’à la porte grande ouverte de la maison, où il entre avec sa douce salutation. Une femme accourt :

« Que veux-tu ? Qui es-tu ? »

– Je viens apporter quelque réconfort à ta maîtresse. Conduis-moi à elle.

– Un médecin ? Inutile ! Il n’y a plus d’espoir, son cœur meurt.

– Son âme aussi doit être soignée. Je suis le Rabbi.

– C’est tout aussi inutile à ce titre. Elle ne se repose pas sur l’Eternel et ne veut pas entendre de sermons. Laisse-la tranquille.

– C’est parce qu’elle est dans cet état que je suis venu. Laisse-moi passer, et elle sera moins malheureuse dans ses derniers jours. »

La femme hausse les épaules et dit :

« Entre ! »

395.4

Un couloir à demi obscur et frais, des portes… Au fond, la dernière est entrouverte, et on entend des lamentations. La femme y va et entre en disant :

« Maîtresse, il y a là un rabbi qui veut te parler.

– Pourquoi ?… Pour me dire que je suis maudite ? Que je n’aurai pas la paix même dans l’autre vie ? dit-elle, fâchée, le souffle court.

– Non. Pour t’apprendre que ta paix sera complète, pourvu que tu le veuilles, et tu seras heureuse avec ta Jeanne éternellement » dit Jésus en apparaissant sur le seuil.

Haletant sur son lit, la malade est jaune, enflée, appuyée à de nombreux oreillers. Elle le regarde et dit :

« Oh ! Quelles paroles ! C’est la première fois qu’un rabbi ne me fait pas de reproches… Quelle espérance !… Ma Jeanne… avec moi… dans la béatitude… plus de souffrance… cette souffrance causée par un maudit… que n’a pas empêchée celle qui l’a engendré… et qui m’a trahie… après m’avoir flattée… Ma pauvre fille… »

Elle halète de plus en plus fort.

« Tu vois, tu la rends malade. Je le savais bien ! Sors ! »

– Non. Va-t’en. Laisse-moi seul… »

La servante sort en hochant la tête. Jésus s’approche du lit lentement. Il essuie avec bonté la sueur de la malade, qui a du mal à le faire avec ses mains incroyablement enflées. Il l’aère avec un éventail de palmier et lui donne à boire, car elle cherche à se rafraîchir avec la boisson posée sur sa petite table. On dirait un fils près de sa mère malade. Puis il s’assied, doucement, mais fermement décidé à accomplir sa mission.

395.5

Plus calme, la femme l’observe et, avec un sourire douloureux, elle lui dit :

« Tu es beau et tu es bon. Qui es-tu, Rabbi ? Tu as la délicatesse de ma fille bien-aimée pour me soulager.

– Je suis Jésus de Nazareth !

– Toi ? ! Toi ? !… Chez moi ?… Pourquoi ?

– Parce que je t’aime. J’ai une Mère, moi aussi ; en toute mère, je vois la mienne, et dans les larmes des mères, je vois celles de ma Mère…

– Pourquoi ? Ta Mère pleure ? Pourquoi ? Elle a perdu un enfant ?

– Pas encore… Je suis son Fils unique et je vis toujours. Mais elle pleure déjà parce qu’elle sait que je dois mourir.

– Ah ! la malheureuse ! Savoir à l’avance qu’un enfant va mourir ! Mais comment le sait-elle ? Tu es en bonne santé. Tu es fort. Tu es bon. Moi, je me suis fait des illusions jusqu’à sa mort, or elle était si malade… Comment ta Mère peut-elle savoir que tu dois mourir ?

– Parce que je suis le Fils de l’Homme, prédit par les prophètes. Je suis l’Homme des douleurs qu’a vu Isaïe, le Messie chanté par David et dont les tortures de Rédempteur sont décrites. Je suis le Sauveur, le Rédempteur, femme. Et une horrible mort m’attend… Ma Mère y assistera… Et elle sait, depuis le moment où je suis né, que son cœur sera ouvert comme le mien par la douleur… Ne pleure pas… Par ma mort j’ouvrirai à ta Jeanne les portes du Paradis…

– A moi aussi ! A moi aussi !

– Oui. En son temps. Mais tu dois d’abord apprendre à aimer et à supporter. A revenir à l’amour, à être juste, et à pardonner… Autrement, tu ne pourras pas aller au Ciel, avec Jeanne, avec moi… »

Angoissée, la femme pleure. Elle gémit :

« Aimer… Aimer quand les hommes nous ont appris à haïr… quand Dieu a cessé de nous aimer en manquant de pitié envers nous, c’est difficile… Comment aimer lorsque les hommes nous ont torturées, les amies blessées, et que Dieu nous a abandonnées ?…

– Non. Pas abandonnées. Moi, je suis ici, pour t’annoncer les promesses célestes, et pour te donner l’assurance que ta douleur finira en joie, pourvu que tu le veuilles.

395.6

Anne, écoute-moi… Tu pleures à cause de l’annulation des noces, tu en fais la cause de toute ta douleur, tu accuses d’assassinat un homme pour cette raison et de complicité sa malheureuse mère. Ecoute, Anne : il ne se passera que peu de mois pour que tu voies que ce fut une grâce du Ciel que Jeanne n’ait pas été l’épouse de Judas…

– Ne me parle pas de lui ! s’écrie la femme.

– Si : pour te dire que tu dois remercier le Seigneur et que tu le feras dans quelques mois…

– Je serai bientôt morte…

– Non. Tu seras vivante. Tu te souviendras de moi, et tu comprendras alors qu’il y a des douleurs plus grandes que la tienne…

– Plus grandes ? Ce n’est pas possible !

– Alors que sera celle de ma Mère qui me verra mourir en croix ? »

Jésus s’est levé. Il est imposant.

« Et celle de la mère de celui qui trahira Jésus Christ, le Fils de Dieu ? Pense, femme, à cette mère… Toi… Kérioth tout entière, les campagnes et même au-delà ont eu compassion de ta douleur ! Tu as pu t’en glorifier comme d’une couronne de martyre. Mais cette mère ! Comme Caïn sans être Caïn, mais Abel — la victime de son fils traître, meurtrier de Dieu, sacrilège, maudit —, elle ne pourra supporter un regard d’homme, car tout regard sera comme une pierre pour la lapider, et en toute voix, en toute parole, il lui semblera entendre une malédiction, une injure. Elle ne trouvera aucun refuge sur la terre, jamais, jusqu’à sa mort, jusqu’à ce que le Seigneur, qui est juste, prenne avec lui la martyre et lui fasse oublier qu’elle est la mère du meurtrier de Dieu, en lui donnant la possession de Dieu… La souffrance de cette mère n’est-elle pas plus grande ?

– Ah ! quelle immense douleur !

– Tu vois… Sois bonne, Anne. Reconnais que la manière d’agir de Dieu a montré combien il est bon…

– Mais ma fille est morte ! Judas a causé sa mort pour chercher une plus grosse dot… Sa mère l’a approuvé.

– Non, ce n’est pas cela. C’est moi qui te l’affirme, moi qui vois dans les cœurs. Judas — c’est mon apôtre, mais je le dis — a mal agi et en sera puni. Mais sa mère est innocente. Elle t’aime, et elle voudrait que tu l’aimes en retour… Anne, vous êtes deux mères malheureuses. Mais si toi, tu te glorifies de ta fille morte, innocente, pure, que le monde célèbre avec honneur, Marie, femme de Simon, ne peut pas se glorifier de son fils. Ses actes sont blâmés par les hommes.

– C’est vrai. Mais s’il avait épousé Jeanne, ce ne serait pas le cas.

– D’ici peu, tu aurais vu Jeanne mourir de chagrin, car Judas périra de mort violente.

– Que dis-tu ? Oh ! malheureuse Marie ! Quand ? Comment ? Où ?

– Bientôt. Et d’une manière horrible…

395.7

Anne ! Anne ! Tu es bonne ! Tu es mère ! Tu sais ce qu’est la douleur d’une mère ! Anne, redeviens l’amie de Marie ! Que la souffrance vous unisse comme la joie devait vous lier. Permets-moi de partir heureux de savoir qu’elle aura une amie, une seule, une au moins…

– Seigneur… l’aimer… cela veut dire lui pardonner… C’est très pénible… Il me semble ensevelir de nouveau ma fille, la tuer, moi aussi…

– Ce sont des pensées qui viennent des Ténèbres ! Ne leur prête pas attention. Ecoute-moi, moi qui suis la Lumière du monde. La Lumière te dit que le sort de Jeanne mourant vierge a été moins amer que si elle était morte veuve de Judas. Crois-moi, Anne. Et pense que Marie, femme de Simon, est plus malheureuse que toi… »

La femme réfléchit, lutte, pleure, et dit :

« Mais je l’ai maudite, elle et le fruit de ses entrailles ! J’ai péché…

– Et moi, je t’en absous. Et plus tu l’aimeras, plus le Ciel t’absoudra.

– Et puis, si je suis son amie… je rencontrerai Judas. Seigneur, cela m’est impossible !

– Tu ne le verras plus. Moi, je ne reviendrai plus jamais à Kérioth, et Judas non plus. Nous avons déjà pris congé des habitants…

– Oh ! Tu as dit…

– Que je ne reviendrai plus. Judas a annoncé qu’il ne pourrait plus venir jusqu’après mon élévation. Mais lui croit qu’il me verra monter sur un trône ; or ce qui m’attend, au contraire, c’est la mort de la croix. Il pense devenir l’un de mes ministres. Au lieu de cela, c’est la mort qui l’attend. Quant à toi, tu n’en diras rien, jamais. Il faut que sa mère l’ignore jusqu’à ce que tout soit accompli. Tu l’as dit : “ La malheureuse ! Savoir à l’avance que son fils doit mourir. ” Mais si les souffrances de ma Mère, même pour cette raison, tendent déjà à augmenter les mérites de mon sacrifice, pour Marie, femme de Simon, garder le silence est faire preuve de pitié. Tu n’en parleras pas.

– Non, Seigneur. Je le jure au nom de ma Jeanne.

– Je veux une autre promesse : une grande, une sainte promesse ! Tu es bonne. Tu m’aimes déjà…

– Oui, beaucoup. Je suis en paix depuis que tu es ici.

– Quand Marie, femme de Simon, n’aura plus de fils, et que le monde la couvrira de… mépris, toi, toi seule tu lui ouvriras ta maison et ton cœur. M’en fais-tu le serment, au nom de Dieu et de Jeanne ? Elle, ta fille, l’aurait fait, car Marie était toujours pour elle la mère de celui qu’elle aimait toujours, poursuit Jésus.

– Oui ! »

Anne pleure…

« Que Dieu te bénisse, femme, et qu’il te donne paix… et santé…

395.8

Viens, allons à la rencontre de Marie, pour lui donner le baiser de paix…

– Mais… Seigneur… Je ne peux pas marcher ! J’ai les jambes enflées et inertes. Tu vois ? Je suis ici, habillée, mais je ne suis qu’un tronc…

– Tu l’étais. Viens ! »

Et il lui tend la main pour l’inviter.

La femme, les yeux dans les yeux de Jésus, bouge les jambes, les sort du lit, pose par terre ses pieds nus, se lève, marche… Elle paraît fascinée. Elle ne se rend même pas compte de la guérison survenue… Elle sort, la main toujours dans celle de Jésus, dans le couloir à moitié obscur… Elle va vers la sortie. Elle y est presque arrivée quand elle rencontre la servante d’auparavant, qui pousse un cri de joie effrayée… Les autres serviteurs accourent, craignant que ce ne soit signe de mort. Ils voient leur maîtresse, tout à l’heure mourante et avec de la rancune envers Marie, femme de Simon, courir les bras tendus, après avoir quitté Jésus, vers Marie humiliée. Elle l’appelle, l’accueille sur son cœur, et toutes les deux pleurent…

395.9

… Pendant le retour à sa maison, après l’adieu de paix, Marie, femme de Simon, remercie le Seigneur et demande :

« Quand viendras-tu accorder d’autres bienfaits ?

– Plus jamais, femme. Je l’ai déjà annoncé aux habitants. Mais mon cœur sera toujours avec toi. Rappelle-toi, rappelle-toi toujours que je t’ai aimée et que je t’aime. Rappelle-toi que je sais que tu es bonne, et que Dieu t’aime pour cela. Souviens-t’en toujours, même au moment des heures terribles. Que jamais l’idée ne te vienne que Dieu te juge coupable. A ses yeux, ton âme apparaîtra toujours comme parée des pierres précieuses de tes vertus et des perles de ta souffrance. Marie, femme de Simon, mère de Judas, je veux te bénir, je veux te serrer sur mon cœur et te donner un baiser afin que ton baiser maternel, sincère, fidèle, soit pour moi la compensation de tout autre… et afin que le mien soit pour toi la compensation de toute douleur. Viens, mère de Judas. Et merci, merci pour tout ce que tu m’as donné d’amour et d’honneur. »

Il la prend dans ses bras et lui baise le front, comme il le fait pour Marie, femme d’Alphée.

« Mais, nous nous verrons encore ! Je viendrai à la Pâque…

– Non, ne viens pas. Je t’en prie. Veux-tu me faire plaisir ? Ne viens pas. Pas de femmes à la Pâque prochaine !

– Mais pourquoi ?…

– Parce qu’il y aura alors un terrible soulèvement à Jérusalem. Ce ne sera pas la place des femmes ! Et même… Marie, j’ordonnerai à ton parent de te rejoindre. Restez ensemble. Tu en auras besoin car… désormais, Judas ne pourra plus t’aider, ni venir…

– Je ferai ce que tu dis… Donc jamais plus, jamais plus je ne verrai ton visage où se reflète la paix du Ciel ? Quelle paix tu as déversé de tes yeux dans mon cœur douloureux… »

Marie sanglote.

« Ne pleure pas. La vie est courte. Ensuite, tu me verras pour toujours dans mon Royaume.

– Alors tu penses que ton humble servante y entrera ?

– Je vois déjà ta place dans la troupe des martyrs et des corédempteurs. N’aie pas peur, Marie. Le Seigneur sera ton éternelle récompense. Partons. Le soir vient et c’est l’heure de nous remettre en route… »

Et ils refont le trajet à travers les champs et les pommeraies jusqu’à la maison où les apôtres attendent. Jésus brusque les adieux, bénit, se met à la tête de ses disciples… Il s’en va… Marie pleure, à genoux…

395.1

«¿Señor, aceptarías venir conmigo, sólo conmigo, a ver a una madre infeliz? Esto es lo que deseo, más que ninguna otra cosa» dice María de Simón, en actitud respetuosa delante de Jesús, mientras, después de la comida de mediodía, los apóstoles se han separado para el descanso, antes de reanudar el camino al atardecer. Jesús, por su parte, está bajo la sombra fresca de los manzanos plagados de manzanitas verdes que levemente empiezan a madurar. Da la impresión de que María reanudara una precedente conversación.

«Sí, mujer. Yo también he deseado estar contigo, solos en estas últimas horas, como en las primeras que estuve aquí. Vamos». Y entran en la casa para tomar Jesús el manto y María el velo y el manto.

Van por unos caminos situados entre los campos, entre manzanos y otros árboles, agrestes. Hace todavía calor. De los campos de cereales maduros llegan hálitos ardientes; pero el viento de la montaña atenúa el calor, que en la llanura sería insoportable.

«Siento hacerte caminar con este calor. Pero después… ya no podríamos. Y he deseado mucho esto, aunque nunca me atrevía a pedírtelo. Hace poco me has dicho: “María, para mostrarte que te quiero como si fueras mi madre, te digo: pídeme lo que desees, que te complaceré”, y entonces me he atrevido.

395.2

Señor, ¿sabes a dónde vamos?».

«No, mujer».

«Vamos a la casa de la que debería haber sido la suegra de Judas… (María suspira con dolor). Debería haber sido… Pero ni lo es ni lo será jamás, porque Judas abandonó a la muchacha, que murió de dolor… y la madre nos guarda rencor a mí y a mi hijo. Lo maldice siempre… Judas es tan… es tan… tan débil para el Mal, que la verdad es que necesita sólo bendiciones… Yo quisiera que hablaras con ella… Tú la puedes convencer… decirle que ha sido una gracia el que no se verificara esa boda… decirle que yo no tengo culpa de ello… decirla que muera sin rencor; porque esa mujer está muriendo lentamente, y con ese nudo en el alma. Querría que entre nosotras hubiera paz… porque he sufrido, y con vergüenza, por cuanto sucedió; y veo con dolor rota una amistad con una que era para mí una compañera desde que vine aquí cuando me casé. Bueno, ya lo sabes, Señor…».

«Sí, no te angusties. Tu petición es justa, y Yo cumpliré esta petición buena».

Suben, después de dejar atrás un pequeño valle, a otra elevación sobre la cual hay un pueblecillo.

«Ana está aquí desde que ocurrió la muerte de su hija. En sus propiedades. Antes estaba en Keriot. Pero, mientras vivía allí, cuando nos veíamos, sus reproches me atormentaban el corazón».

395.3

Tuercen por un sendero poco antes del pueblo y llegan a una casa baja que está entre los campos.

«Hemos llegado. Se estremece mi corazón ahora que estoy aquí. No querrá verme… me echará… se irritará y su pobre corazón sufrirá más todavía… Maestro…».

«Sí, voy Yo. Tú quédate aquí hasta que te llame. Y ora para ayudarme».

Y Jesús va adelante, solo, hasta la puerta de la casa, abierta de par en par; entra saludando con su dulce saludo.

Acude una mujer: «¿Qué quieres? ¿Quién eres?».

«Vengo a dar consuelo a tu ama. Llévame donde ella».

«¿Un médico? ¡No hace falta ya! ¡Ya no hay esperanza! Su corazón se está muriendo».

«Todavía hay que curar el alma. Soy el Rabí».

«No haces falta tampoco en ese sentido. Está irritada con el Eterno y no quiere oír sermones. Déjala tranquila».

«Precisamente porque está en ese estado, he venido. Déjame pasar y ella será menos infeliz en sus últimos días».

La mujer se encoge de hombros y dice: «Entra».

395.4

Un pasillo semiobscuro y fresco. Unas puertas. En el fondo, la última está entreabierta y por ella salen unos lamentos. La mujer va allí y entra. Dice: «Ama mía, hay un rabí que quiere hablar conti­go».

«¿Para qué?… ¿Para llamarme maldita? ¿Para decirme que no tendré paz ni siquiera en la otra vida?» dice, jadeando, inquieta, la enferma.

«No. Para decirte que tu paz será completa y que serás bienaventurada con tu Yoana, eternamente, con sólo quererlo tú» dice Jesús apareciendo en el umbral de la puerta.

La enferma, amarilla, hinchada, jadeante en la cama, apoyada sobre muchos almohadones, le mira y dice: «¡Qué palabras! Es la primera vez que un rabí no me reprende… ¡Qué esperanza!… Mi Yoana… conmigo… en bienaventuranza… sin dolor ya… el dolor producido por un hombre maldito… no impedido por la que le engendró… y que me traicionó… después de decirme lisonjas… Pobre hija mía…». Jadea cada vez más fuerte.

«¿Ves como la haces estar mal. Ya lo sabía yo. Sal».

«No. Sal tú. Déjame sólo…».

La mujer sale meneando la cabeza.

Jesús se acerca a la cama lentamente. Seca con bondad el sudor de la enferma, que ella con dificultad trata de enjugar con sus manos increíblemente hinchadas; le da aire con un abanico de palma; le da de beber, pues ella busca refresco en la bebida que hay encima de una mesilla: parece un hijo junto a su madre enferma. Luego se sienta, dulcemente pero firmemente decidido a cumplir su misión.

395.5

La mujer le observa y contemporáneamente se calma, y con una sonrisa impregnada de sufrimiento dice: «Eres hermoso y bueno. ¿Quién eres, Rabí? Me alivias con la delicadeza de mi amada hija».

«¡Soy Jesús de Nazaret!».

«¡¿Tú?! ¡¿Tú?!… ¿Has venido a mi casa?… ¿Por qué?…».

«Porque te amo. Yo también tengo una madre, y en todas las madres veo a la mía, y en las lágrimas de las madres veo las de la mía…».

«¿Por qué? ¿Llora tu Madre? ¿Por qué? ¿Es que se le ha muerto un hijo?».

«Todavía no… Yo soy su unigénito y vivo todavía. Pero llora porque sabe que debo morir».

«¡Pobrecilla! ¡Saber con antelación que un hijo debe morir! Pero, ¿cómo lo sabe? Estás sano y fuerte. Eres bueno. ¡Yo me hice ilusiones hasta que se me murió, y estaba muy enferma!… ¿Cómo puede saber tu Madre que debes morir?».

«Porque soy el Hijo del hombre, anunciado por los profetas. Soy el Varón de dolores que vio Isaías, el Mesías cantado por David y descrito en sus torturas de Redentor. Soy el Salvador, el Redentor, mujer. Y la muerte me espera, una muerte horrenda… y mi Madre asistirá a ella… y mi Madre sabe, desde que nací, que su corazón será abierto como el mío por el dolor… No llores… Con mi muerte abriré las puertas del Paraíso a tu Yoana…».

«¡También a mí! ¡También a mí!».

«Sí. A su tiempo. Pero antes debes aprender a amar y a perdonar. A volver a amar. A ser justa. Y a perdonar… Si no, no podrás ir al Cielo, con Yoana, conmigo…».

La mujer llora con congoja. Gime: «Amar… Amar cuando los hombres nos han enseñado a odiar… cuando Dios ha dejado de amarnos no usando piedad con nosotros, es difícil… ¿Cómo amar, cuando los hombres nos han torturado, las amigas nos han herido y Dios nos ha abandonado?…».

«No. Abandonado, no. Yo estoy aquí. Para hablarte de promesas celestiales. Para asegurarte que tu dolor acabará en gozo con sólo quererlo tú.

395.6

Ana, escúchame… Lloras por unas nupcias anuladas, a las que consideras causante de todos tus dolores; acusas de homicidio a un hombre por esto, y de cómplice a su infeliz madre. Escucha, Ana. No pasarán más que unos meses y verás que fue una gracia del Cielo el que Yoana no fuera mujer de Judas…».

«¡No le menciones!» grita la mujer.

«Le menciono. Y es para decirte que debes dar gracias al Señor, y le darás gracias dentro de pocos meses…».

«Pronto moriré…».

«No. Estarás viva y me recordarás, y comprenderás que hay dolores mayores que el tuyo…».

«¿Mayores? ¡Imposible!».

«¿Dónde colocas el dolor de mi Madre, que me verá morir en una cruz?». Jesús se ha puesto de pie. Su aspecto es majestuoso. «¿Y dónde colocas el de la madre del traidor de Jesucristo, del Hijo de Dios? Piensa, mujer, en esa madre… Tú… Toda Keriot, y los campos y otros lugares más lejanos, se han compadecido de tu dolor, del cual has podido gloriarte como de corona de mártir. ¡Pero esa madre! Como Caín, sin ser Caín, es más siendo Abel — la víctima de su hijo traidor, asesino de Dios, sacrílego, hombre maldito —, ella no podrá soportar la mirada de los hombres, porque todas las miradas serán como una piedra de lapidación, y en todas las palabras de los hombres, en todas las palabras, le parecerá oír una maldición, un improperio, y no encontrará refugio sobre la faz de la Tierra, jamás, hasta la muerte, hasta que Dios, que es justo, no tome consigo a la mártir y cancele de su memoria el hecho de ser la madre del asesino de Dios, dándole la posesión de Dios… ¿No es mayor este dolor de esta madre?».

«¡Un inmenso dolor!…».

«Ya lo ves… Sé buena, Ana. Reconoce que Dios ha sido bueno en su actuación…».

«¡Pero mi hija ha muerto! Judas hizo que se me muriera, porque buscaba una dote mayor… Su madre lo aprobó».

«No. Eso no. Te lo digo Yo, que veo dentro de los corazones. Judas — es mi apóstol, pero lo digo — ha obrado mal, y recibirá su castigo. Pero la madre es inocente. Te ama, querría que tú la amaras… Ana, sois dos madres infelices. Pero tú te glorías de tu niña muerta, inocente, pura, celebrada con honor por el mundo… María de Simón no puede gloriarse de su hijo. Los hombres condenan sus acciones».

«Eso es verdad. Pero si se hubiera casado con Yoana no sería censurado».

«Pero dentro de poco verías morir de dolor a Yoana, porque Judas morirá de muerte violenta».

«¿Qué dices? ¡Oh, pobre María! ¿Cuándo? ¿Dónde?».

«Pronto. Y de una manera horrenda…

395.7

¡Ana! ¡Ana! ¡Tú eres buena! ¡Eres madre! ¡Sabes lo que es el dolor de una madre! ¡Ana, vuelve a ser amiga de María! Que el dolor os una como habría debido uniros la alegría. Déjame partir contento sabiendo que ella tendrá una amiga, una sola, una al menos…».

«Señor… amarla… quiere decir perdonarla… Es muy penoso… Me parece como sepultar de nuevo a mi hija… matarla yo tam­bién…».

«¡Pensamientos que vienen de las Tinieblas! No los escuches. Escúchame a mí, Luz del mundo. La Luz te dice que la suerte de Yoana, muriendo virgen, ha sido menos amarga que muriendo viuda de Judas. Créeme, Ana. Y piensa que, más infeliz que tú es María de Simón…».

La mujer piensa, piensa, lucha, llora, dice: «Pero yo la he maldecido, a ella y al fruto de sus entrañas. He pecado…».

«Y Yo te absuelvo de ello. Y, cuanto más la ames, mayor será tu absolución en el Cielo».

«Pero, si soy amiga suya… me veré con Judas. ¡No puedo hacer esto, Señor!…».

«No te volverás a encontrar con él. Yo no volveré ya nunca más a Keriot, y Judas tampoco. Hemos saludado ya a los de Keriot…».

«Has dicho…».

«Que no volveré nunca más. Judas ha dicho que no podrá volver hasta después de mi elevación; pero él cree que me verá subir a un trono. Y, sin embargo, me espera la muerte de cruz. Y cree que será un ministro mío. Y, sin embargo, le espera la muerte. Pero tú no has de decir esto. Jamás. Que la madre lo ignore hasta que todo se cumpla. Tú lo has dicho: “¡Pobrecilla! ¡Saber con antelación que el hijo debe morir!”. Pero, si los sufrimientos de mi Madre, incluido ése, van a aumentar ya los méritos de mi sacrificio, para María de Simón es misericordioso el silencio. No hablarás».

«No, Señor. Lo juro en nombre de mi Yoana».

«¡Quiero otra promesa! ¡Grande! ¡Santa! Tú eres buena. Me amas ya…».

«Sí. Mucho. Estoy en paz desde que estás aquí…».

«Cuando María de Simón no tenga ya a su hijo y el mundo la cubra de… desprecio, tú — y serás la única — le abrirás casa y corazón. ¿Me lo prometes? En nombre de Dios y de Yoana. Ella lo habría hecho, porque María era siempre para ella la madre del siempre amado» insta Jesús.

«¡…Sí!», y un sollozo…

«¡Dios te bendiga, mujer, y te dé paz… y salud!…

395.8

Ven, vamos a ver a María, a darle el beso de paz…».

«Pero… Señor… Yo no puedo andar. Tengo hinchadas e inmóviles las piernas. ¿Ves? Estoy aquí, vestida, pero soy sólo un tronco…».

«Lo eras. ¡Ven!» y alarga, invitante, hacia ella la mano.

La mujer, fijos sus ojos en los de Jesús, mueve las piernas, las saca de la cama, pone en el suelo sus pies descalzos, se levanta, anda… Parece hechizada. No se da cuenta siquiera de la curación que se ha producido… Sale, cogida todo el tiempo de la mano de Jesús, al pasillo semiobscuro… Va hacia la salida. Estando ya cerca, encuentra a la criada de antes, la cual da un grito de gozoso susto… Acuden otros servidores, temiendo que sea indicio de muerte, y ven a su ama, que antes se moría y guardaba rencor a María de Simón, ir deprisa ahora, habiendo dejado a Jesús; ir hacia María, que está abatida; ir con los brazos abiertos y llamarla y recibirla en su corazón, llorando ambas…

395.9

…Y, regresando hacia la casa, después del saludo de paz, María de Simón da las gracias a su Señor y pregunta: «¿Cuándo vas a venir otra vez a hacer otro bien?».

«Nunca más, mujer. Ya se lo he dicho a los de Keriot. Pero mi corazón estará siempre contigo. Recuerda, recuerda siempre que te he amado y que te amo. Recuerda que sé que eres buena, y que Dios te ama por ello. Recuérdalo siempre. Incluso cuando lleguen tremendas horas. Que no se apodere de ti jamás el pensamiento de que Dios te juzga como culpable. A sus ojos, tu alma aparece y aparecerá siempre adornada con las gemas de tus virtudes y con las perlas de tu sufrimiento. María de Simón, madre de Judas, quiero bendecirte, quiero abrazarte y besarte, para que tu beso materno, sincero, fiel, me compense todos los otros… para que mi beso te compense de todos los dolores. Ven, madre de Judas. Y gracias, gracias por todo el amor y honor que me has dado», y la abraza y la besa en la frente, como hace con María de Alfeo.

«¡Pero nos veremos todavía! Iré para la Pascua…».

«No. No vayas. Te lo ruego. ¿Quieres hacerme feliz? No vayas. ¡Las mujeres en la próxima Pascua no!».

«¿Y por qué?…».

«Porque… Jerusalén estará tremendamente revuelta la próxima Pascua. ¡No es lugar para mujeres! Es más… María, ordenaré a tu pariente que venga aquí contigo. Estad juntos. Lo necesitas, porque… Judas, de ahora en adelante, no va a poder ayudarte ni venir…».

«Haré como Tú dices… ¿Y entonces ya nunca más voy a ver tu rostro, que refleja la paz del Cielo? ¡Cuánta paz has vertido en mi corazón doliente a través de tus ojos!…». María llora.

«No llores. La vida es breve. Después me verás para siempre en mi Reino».

«¿Entonces piensas que tu humilde sierva va a entrar en él?…».

«Veo ya tu sitio entre las filas de las mártires y de las corredentoras. No temas, María. El Señor será tu eterno premio. Vamos. Cae la tarde y es hora de ponerse en camino…».

Y recorren en sentido inverso el mismo camino entre los campos y las matas de árboles frutales, hasta la casa donde están esperando los apóstoles.

Jesús abrevia las despedidas, bendice, se pone a la cabeza de los suyos… Se marcha… María llora, de rodillas…