Los Escritos de Maria Valtorta

396. Avec les enfants près de Yutta.

396. En Yuttá, con los niños.

396.1

Ma joie d’aujourd’hui :

Je vois un lieu montagneux. J’ignore où cela se trouve[1]. Il y a une gorge au milieu de monts dont les contreforts encadrent une vallée, au fond de laquelle bondit un torrent plein d’écume. Il est étroit mais, comme tous les cours d’eau de montagne, il bouillonne de petites cascades. Bien en face de moi, il se dirige vers le sud. Au-delà d’une autre pente qui tombe à pic et d’une autre vallée, on aperçoit plusieurs hauteurs éloignées.

Je comprends qu’il s’agit d’un groupe de hauteurs, pas très élevées, certes, mais plus que des collines. Cela ressemble à beaucoup d’endroits de nos Apennins, par exemple dans la vallée de Magra ou aux environs de Porretta. La végétation est plus propice à l’élevage des moutons qu’à toute autre culture. Des prés verts descendent en pente douce ou s’élèvent çà et là sur des escarpements dont les parties les plus basses semblent prendre, à cette heure du crépuscule — me semble-t-il —, une teinte violet indigo. Ce doit être le début de l’été, car l’herbe est belle, déjà haute, mais pas encore brûlée par le soleil.

De l’endroit où je suis, je vois un chemin muletier grimper vers une bourgade et entrer dans le groupe de maisons. C’est une route de montagne typique, pierreuse, sans cesse en dénivellation. Elle s’élève du sud vers le nord (toujours face à moi), pour pénétrer dans le village et aller à la rencontre du petit torrent, qui coule en sens inverse, pas du côté des habitations mais vers le fond du vallon.

Il y a encore une autre route qui, de la vallée, escalade l’éperon sur lequel le hameau est construit. Etroite au point de ressembler plutôt à un sentier, elle longe la ligne de faîte. Plus bas, la montagne, couverte de verts pâturages, descend en pente raide jusqu’au petit torrent écumant, au-delà duquel des prés prennent d’assaut d’autres monts groupés à l’est.

396.2

Jésus monte par ce chemin avec quelques apôtres seulement : je reconnais Pierre et André, Jean et Judas ; où sont les autres ? Jésus, vêtu de blanc, porte un manteau bleu foncé — plus précisément couleur de mer —. Il est tête nue et marche avec agilité, seul. Derrière, en groupe, les quatre apôtres discutent. Jésus, qui les précède de quelques mètres, ne dit rien. Il réfléchit et observe les alentours.

A un certain moment, le sentier longe un muret de pierres sèches qui, me semble-t-il, délimite une propriété, comme pour empêcher la terre de s’ébouler dans la vallée. Jésus y entre. Pommiers, noyers et figuiers s’élèvent çà et là dans des pâtures très bien soignées. Tous sont entretenus méticuleusement et déjà couverts de fruits.

Jésus s’arrête un instant à l’endroit exact où l’éperon de la montagne forme une sorte de triangle pointu, semblable à la proue d’un navire. Il s’appuie au muret et regarde en haut, en bas, autour de lui. Il attend que les apôtres montent, en particulier Pierre, qui est assez lent. Lorsqu’ils sont tous réunis, il leur dit quelque chose que je ne comprends pas, en se penchant légèrement pour parler, car il est bien plus grand qu’eux. J’ai beau ne pas entendre les mots, j’en devine le sens, car je vois Judas se diriger d’un pas leste vers une maison qui s’élève au bout du muret.

Elle est bien différente de celle de Cana ! Elle n’a pas de terrasse sur le toit, mais est surmontée d’une espèce de dôme incliné, peut-être pour empêcher les neiges hivernales d’y stagner. Vu l’endroit, en effet, l’hiver doit apporter de la neige ou du moins des pluies en abondance. A la place de cette terrasse manquante, elle a d’un côté une aile en saillie sur laquelle arrive l’escalier, extérieur toujours, mais abrité comme par un toit débordant. Cette aile forme, au sol, un portique, et au-dessus une galerie couverte.

La maison, toute blanche, se détache sur la verdure environnante. Au devant se trouve une vaste pelouse avec, au centre, un puits entouré d’arbres fruitiers plantés là par désir de créer un jardin, car des fleurs ont été semées tout autour, de manière à former des parterres ronds. J’ai l’impression qu’il s’agit de la demeure de personnes aisées et plus raffinées qu’à Cana.

La route muletière passe devant la maison, de sorte qu’on peut y accéder facilement, et aussi bien par le raccourci. La haie de ronces ne forme pas un obstacle insurmontable, et encore moins les deux grilles rustiques qu’il suffit de pousser.

396.3

Judas entre sans façons dans la maison, comme s’il connaissait parfaitement ses habitants. Il en sort aussitôt une femme épanouie, entourée de trois enfants, et tenant le plus petit dans les bras. Tout sourire, elle s’avance vers Jésus qui, entre-temps, est arrivé au puits.

Je remarque que cette femme est une très belle brune et qu’elle doit avoir la trentaine. Ses cheveux, noirs et plutôt frisés, sont tirés en deux tresses qui lui entourent la tête. Ses yeux eux aussi sont noirs et grands. Elle a le nez aquilin et d’assez grosses lèvres, très rouges. Elle est grande et bien faite. Je note encore qu’elle est vêtue autrement que Marie et les autres femmes que j’ai vues à Cana : elle aussi porte un long habit d’un bleu très clair, mais elle s’enveloppe entièrement dans une sorte de châle bleu foncé qui l’enserre en modelant ses formes. Il passe sous les aisselles, des deux côtés, puis le pan supérieur tourne derrière son épaule gauche et monte sur la tête, qu’il voile. Les franges de la pointe retombent sur son front. Tout cela m’incite à penser qu’elle n’est pas galiléenne, car ses caractéristiques physiques et sa manière de s’habiller diffèrent de ce que j’ai déjà observé chez les femmes de Galilée.

Le petit qu’elle tient dans les bras, aussi brun qu’elle, doit avoir deux ans tout au plus. C’est un bel enfant qui porte une chemise de laine blanche. La fratrie comprend aussi une fillette de six ans environ, toute bouclée, aux cheveux blonds tirant sur le châtain et vêtue de rose pâle, ainsi que deux garçons plus petits, portant une courte tunique de laine bleu clair comme leur mère. Ils doivent très bien connaître Jésus, car ils se pressent autour de lui en riant.

396.4

La jeune mère le salue en souriant :

« Entre, Maître, ma maison est la tienne ! »

Jésus lui répond :

« Que le Seigneur te récompense ! »

Puis, étendant le bras droit — le gauche, replié sur sa poitrine, tient un pan de son manteau —, il caresse l’enfant. Je vois la belle main de mon Jésus toucher le front du bébé, qui fait des manières et, en riant, se cache la tête contre le cou de sa mère ; de ce nid, il guette Jésus et rit aux éclats pour l’inviter à réitérer son geste.

Près du puits, sous un pommier chargé de fruits qui commencent à mûrir, il y a un banc de pierre, un siège. Jésus s’y assied, tandis que la femme rentre dans la maison chercher un broc. Jésus l’invite à lui donner l’enfant, qu’il pose sur ses genoux pendant qu’elle puise de l’eau ; elle revient avec une coupe pleine d’eau et une autre de lait, qu’elle offre à Jésus. Elle lui choisit encore des pommes mûres en écartant les vertes, et les lui donne. Elle pose le tout sur un plat posé sur le banc, à côté de Jésus. On comprend qu’elle a fait de même à d’autres reprises : elle sait ce qui lui plaît.

Les apôtres ont suivi Judas et se désaltèrent eux aussi sous les arcades.

Jésus commence par boire l’eau ; il tient toujours l’enfant contre lui et rit parce que le marmot lui tire les cheveux et la barbe. Les trois autres se tiennent autour de lui. Jésus prend les pommes, et les tend une par une aux trois plus grands, puis il en mange une lui aussi. Au petit, en revanche, il donne du lait de la coupe, puis en boit. Jésus est content. Il rit comme jamais je ne l’ai vu rire.

La fillette va se placer contre ses genoux et, en toute confiance, pose la tête sur sa poitrine. Jésus caresse ses cheveux bouclés. Les deux petits garçons, qui s’étaient éloignés en courant, reviennent, l’un avec une colombe serrée sur son cœur, l’autre en traînant par l’oreille un agnelet de quelques jours qui bêle désespérément. Ils montrent à Jésus leurs trésors.

Il s’y intéresse, mais, pris de pitié devant la condition des deux pauvres bêtes, il se fait confier la colombe, l’admire, puis la laisse s’envoler vers son nid. Ensuite, il hisse l’agneau sur le siège en le caressant, le garde en sûreté jusqu’au retour de la mère des enfants, et le ramène à sa place.

La fillette, qui ne possède rien d’autre, se penche, fait un petit bouquet de fleurs et le tend à Jésus.

396.5

Même avec ces enfants, le Seigneur est le Maître et, tout en gardant le plus petit dans les bras, il parle aux grands des fleurs “ si jolies, de toute taille, créées par le Père céleste. Aux yeux de Dieu, elles sont aussi belles que les enfants lorsqu’ils sont bons. Donc, pour être bon, il faut leur ressembler : elles ne font de mal à personne, mais offrent à tous parfum et joie, et elles accomplissent toujours la volonté du Seigneur en naissant et en s’épanouissant là où il le veut, et en se laissant cueillir si cela lui plaît ”.

Il parle des colombes “ si fidèles à leur nid et si propres qu’elles ne se posent jamais sur des choses sales. Elles se souviennent toujours de leur maison, et Dieu les aime précisément parce qu’elles sont fidèles et pures. Les enfants de Dieu doivent ressembler à ces tourterelles qui aiment la maison du Seigneur et y établissent leur nid d’amour, et qui, pour en être dignes, savent se garder pures ”.

Il en vient ensuite aux agnelles “ si douces, si patientes, si résignées, qui fournissent de la laine, du lait et leur chair ; les agneaux se laissent immoler pour notre bien et nous donnent un bel exemple d’amour et de douceur. Ils sont tellement aimés de Dieu qu’il appellera son Fils ‘ Agneau ’. Le Seigneur aime comme des fils de prédilection ceux qui savent garder une âme d’agneau jusqu’à leur mort ”.

Pendant que Jésus parle, d’autres enfants entrent dans le jardin. Des adultes eux aussi viennent l’écouter. D’autres mères présentent à Jésus leurs bébés, dont certains sont malades, afin qu’il les caresse et les prenne un moment sur son cœur. Les plus grands y pensent d’eux-mêmes.

396.6

Jésus est entouré d’une nichée d’enfants. Il en a devant lui, à côté, derrière lui, entre les jambes. Il ne peut plus bouger ! Mais il rit au milieu de cette haie agitée et même un peu bagarreuse. Tous voudraient la première place. Or les “ petits maîtres ” de maison n’ont pas l’intention de la céder, ce qui donne à Jésus l’occasion d’être Maître une nouvelle fois :

« Il ne faut pas être égoïste, même dans le bien. Je sais que vous m’aimez, et cela me réjouit. Moi aussi, je vous aime, mais encore plus si vous laissez les autres venir à moi : un peu pour chacun, en bons frères. Aux yeux de Dieu et aux miens, vous êtes tous frères et égaux. Mieux, ceux qui font preuve d’obéissance et d’amour à l’égard de leurs compagnons sont encore plus aimés par Dieu et par moi. »

L’essaim, pour bien montrer qu’il est… obéissant et aimant, s’écarte subitement. Ils sont tous bons (!). Jésus rit.

Mais le groupe innocent ne tarde pas à revenir, malgré les mères qui voudraient empêcher ce sans-gêne irrespectueux, et surtout malgré les disciples. Judas est le plus intransigeant, Jean le moins. Il est assis dans l’herbe et rit lui aussi, entouré d’enfants. Mais Judas fait les gros yeux et ronchonne. Même Pierre rouspète.

Les gamins, serrés autour de Jésus, ne s’en soucient guère. Ils regardent les bougons avec un air de défi, et seul leur respect pour le Seigneur les retient de faire quelque grimace aux deux hommes. Ils se sentent protégés par Jésus, qui a ouvert les bras et attiré à lui le plus d’enfants possible : c’est un vrai bouquet de fleurs vivantes !

Certains lui présentent des jouets… cassés. Avec une petite branche, il remet l’axe des roues d’un petit chariot et ajuste, à l’aide d’une ficelle et le renfort d’un morceau de bois, la jambe d’un cheval de bois qu’un petit brun lui montre. De jeunes bergers qui ont laissé un instant leur troupeau sur la route — la nuit tombe désormais — s’approchent de Jésus. Il leur fait une caresse et les bénit. L’un d’eux porte une agnelle blessée. Comme Jésus ne veut pas que son jeune ami soit grondé par son patron, il arrête le sang de la pauvre bête et la lui rend.

396.7

Une mère entre et se fraye un chemin. Elle tient dans ses bras un enfant au teint cireux, très malade. Il s’abandonne complètement sur la poitrine de sa mère. Jésus, qui a déjà touché d’autres enfants gravement atteints présentés par leur mère, ouvre les bras et prend sur son cœur le petit mourant — ou peu s’en faut —. La mère le supplie en priant.

Jésus l’écoute et la regarde. Puis il observe le pauvre petit être décharné et exsangue, le caresse et l’embrasse en le berçant un peu, parce qu’il pleure. Le petit garçon — ou la petite fille, je ne vois pas bien parce que l’enfant a les cheveux longs jusqu’aux oreilles — ouvre à demi les yeux avec un triste sourire. Jésus lui parle tout doucement. Comme il murmure, je ne comprends pas ce qu’il dit. Le petit malade sourit encore.

Jésus le rend à sa mère en pleurs, et la fixe de ses yeux dominateurs :

« Femme, aie foi. Demain matin, ton enfant jouera avec ceux-ci. Va en paix ! »

Puis il trace un signe de bénédiction sur le petit visage livide.

396.8

Et à ce moment-là, Père, j’ai l’impression de m’approcher de mon Jésus et de lui dire :

« Maître, qu’y a-t-il dans ta main pour que tout se répare, guérisse ou change d’aspect quand tu le touches ? »

C’est une question vraiment très naïve, mais Jésus y répond avec une divine bonté :

« Rien, ma fille, hormis le fluide de mon immense amour. Regarde ma main, observe-la. »

Et il me tend sa main droite.

Je la prends avec vénération, du bout des doigts, sur le bout des doigts. Je n’ose pas davantage, car mon cœur bat à rompre. Jamais je n’ai touché Jésus. J’ai été touchée par lui, mais moi je n’aurais jamais osé. Maintenant, je le touche. Je sens la tiédeur de ses doigts. Je sens sa peau lisse, ses ongles très longs (non pas qu’ils soient mal taillés, mais leur forme sur la dernière phalange est longue). Je vois ses grands doigts fins, sa paume fortement concave, je remarque que le métacarpe est beaucoup plus court que les doigts, j’observe au début du poignet la dentelle des veines.

Jésus me laisse sa main avec bienveillance. Il s’est maintenant levé alors que moi, je suis à genoux. Par conséquent je ne le vois pas de face, mais je devine qu’il sourit, car cela s’entend quand il dit :

« Tu vois, âme que j’aime, qu’il n’y a rien de spécial. Mes années de travail m’ont laissé l’aptitude à réparer les jouets des enfants, et je m’en sers, car cela aussi permet d’attirer à moi les créatures que je préfère : les enfants. Mon humanité, qui se rappelle avoir été ouvrière, agit ici. Ma divinité est à l’œuvre quand je guéris les enfants malades, tout comme je le fais à l’égard des jouets malades et des agneaux. Je n’ai rien d’autre que mon amour et ma puissance de Dieu. Et je ne les répands avec une pareille joie sur personne d’autre que ces innocents que je vous donne en modèle pour entrer dans le Royaume des Cieux. Je me repose, au milieu d’eux. Ils sont simples et francs. Moi, qui suis le Trahi[2] et qui ai horreur des traîtres, je trouve de la paix auprès d’eux, car ils ne savent pas trahir. Moi qui serai celui dont beaucoup vont se méfier, je trouve ma joie auprès de ces enfants qui ne connaissent pas la méfiance. Et moi qui serai renié par des hommes qui, réfléchissant en adultes, penseront à leur propre sécurité aux heures de tempête, je trouve mon réconfort auprès de ces petits qui croient en moi sans imaginer que, de leur foi, il puisse leur provenir un bien ou un mal. Ils croient parce qu’ils m’aiment. Toi aussi, sois pure comme un enfant, comme l’un de ceux-ci. Alors tu obtiendras le Royaume des Cieux, qui s’ouvre sous la poussée impatiente de Jésus, brûlant d’avoir auprès de lui ceux qu’il a le plus aimés parce qu’ils l’ont le plus aimé. Maintenant, va en paix. Je te caresse comme l’un de ces petits pour te faire plaisir. Va en paix. »

396.9

Notez que cette vision m’est venue alors que, écœurée par une réponse désagréable — et ce n’était pas la première, aujourd’hui ! —, je pleurais, découragée, pleine de tristesse et de dégoût devant ce que je constate dans l’âme d’autrui. Aussitôt, cette vision m’a calmée, puis réjouie. Mais quand ensuite j’ai pu avoir la joie de sentir les doigts de Jésus, j’ai éprouvé la douceur de l’extase effacer toute amertume.

Je garde la sensation d’avoir touché la main de Jésus et pose les yeux sur ma main qui écrit[3]. Elle me semble aussi sainte que si elle avait été au contact d’une relique. Que mon Jésus soit béni !

396.1

Mi alegría de hoy.

Veo un lugar de montaña. No sé dónde está[1]. Hay una angostura formada por montes que entran y salen con sus ramales en un valle por cuyo lecho corre un riachuelo torrentoso lleno de saltos y espumas. Es estrecho, pero, como todos los cursos de agua montanos es rápido, todo un sonar de cascaditas. Va en dirección sur respecto a mí. Hay otros montes más lejanos, tras otra ladera de pendiente muy pronunciada, tras otro valle.

Comprendo que estoy en un grupo de montes, no excesivamente altos, pero ya montes, no colinas. Como son nuestros Apeninos en muchos lugares, como, por ejemplo, en el valle de la Magra o hacia Porretta. La vegetación es más adecuada para el pastoreo que para cultivos. Veo prados verdes que descienden o suben, arriba y abajo, por las escarpas, que, en esta hora que me parece aviarse ya al ocaso, parecen teñirse, en las partes más bajas, de un violeta añil. La estación del año debe ser un comienzo de verano, porque la hierba está hermosa (ya alta, pero todavía no agostada).

Veo, desde el lugar en que me encuentro, un camino de herradura que sube hacia un pueblo y entra por entre sus casas. Un típico camino de montaña, pedregoso y con continuos desniveles. Sube de Sur a Norte (siempre respecto a mí), de forma que lo veo entrar en esa dirección en el pueblo y correr al encuentro del arroyo, que va en la dirección contraria, pero no por el pueblo sino abajo, por el valle.

Hay también otro caminito, que desde el valle trepa hacia lo alto de este espolón donde se anida el pueblo. Un caminito que es más un sendero que un camino, y que sigue exactamente la cresta del monte; por debajo de este sendero, la montaña desciende en pronunciado declive con pastos verdes que llegan hasta el torrentillo espumeante, allende el cual hay más pastos que acometen otros montes agrupados al Este.

396.2

Por el sendero sube Jesús junto con los discípulos. No todos. Veo a Pedro y a Andrés, a Juan y a Judas Iscariote. No veo a los otros. Jesús está vestido de blanco, y envuelto en un manto azul obscuro, más azul marino que azul. Va con la cabeza descubierta y sube ágilmente, solo. Detrás, en grupo, los cuatro apóstoles, hablando entre sí. Jesús los precede unos metros y no habla. Piensa. Mira en torno a sí, pero no habla nunca.

En un cierto lugar, el caminito bordea un murete de piedra seca que delimita — al menos me lo parece — una propiedad, como para impedir que la tierra de ésta se deslice hacia el valle. Jesús entra en esta propiedad, de pastos muy bien cuidados, en los cuales hay, diseminados, manzanos, nogales e higueras, árboles todos ellos cuidados con esmero y ya llenos de frutos.

Jesús se detiene un instante justo en el punto donde el espolón del monte forma como un triángulo puntiagudo, semejante al tajamar de un barco. Se apoya en el murete y mira hacia abajo, hacia arriba, alrededor. Espera a los apóstoles, que suben, especialmente Pedro, más bien lentos. Luego, una vez juntos, les dice unas palabras que no capto. Le veo inclinarse ligeramente para hablar, porque es mucho más alto que ellos. No comprendo las palabras, pero intuyo su significado, porque veo a Judas Iscariote dirigirse a buen paso hacia una casa que se alza al final del murete.

Es una casa muy distinta de la de Caná. Ésta no tiene terraza en el tejado, sino que está coronada por una especie de cúpula de doble curvatura, quizás para impedir que las nieves invernales se depositen en el tejado, porque, dada la zona, el invierno debe ser, sin duda, nevoso, o por lo menos muy lluvioso. En vez de la terraza que falta, tiene una ala que sobresale por un lado, ala en la que termina la escalera, externa pero protegida como por un techo saliente. Esta ala tiene: en el bajo, un pórtico; encima, una galería cubierta. La casa es toda blanca y destaca contra el verde que la rodea. Tiene en la parte de delante una explanada herbosa, con un pozo en el centro, rodeado de árboles frutales plantados ya con la intención de hacer un jardín, porque hay florecillas sembradas alrededor de ellos formando parterres circulares. Me da la impresión de que es casa de personas acomodadas y más finas que las de la casa de Caná.

El camino de herradura pasa por el frente de la casa, de forma que se puede acceder a ésta tanto por el atajo como por este camino. El seto de espinos no es una barrera infranqueable, y mucho más si se considera que las dos toscas cancillas que en él se abren están sólo un poco entornadas.

396.3

Judas entra libremente en la casa, como si conociera muy bien a sus habitantes. Y sale enseguida una lozana mamá rodeada por tres niños y con el más pequeño en brazos. Se dirige sonriendo hacia Jesús, que entre tanto se ha acercado hasta el pozo.

Observo que esta mujer es muy morena y de formas venustas. Tiene unos treinta años. Lleva el pelo, negrísimo y más bien rizado, recogido en dos trenzas que rodean su cabeza. También los ojos son negros y grandes. La nariz, aguileña; su boca, con labios más bien gruesos y muy rojos. Es alta y bien modelada. Observo también que

va vestida de forma distinta de como visten María y las otras mujeres vistas en Caná. Lleva también ésta una larga túnica de un azul casi blanco; pero está toda envuelta en una especie de chal azul obscuro, ceñido, que resalta sus formas y que pasa por debajo de las axilas, por las dos partes, y un extremo, el superior, va luego por detrás del hombro izquierdo, sube hasta velar la cabeza, para caer luego su punta franjeada sobre la frente. El conjunto de todo me hace pensar que no es galilea, porque los caracteres somáticos y el vestido son distintos de los observados en las mujeres galileas.

El pequeñuelo que está en brazos de la mujer, morenito como ella, tendrá dos años como mucho. Es un niño lindo, vestido con una especie de camisita de lana blanca. Los otros niños son: una niñita de aproximadamente seis años, de pelo muy rizado rubio castaño, vestida de color rosa pálido; y dos chiquillos, más pequeños, que llevan también dos tuniquitas de lana color azul claro, como su mamá. Deben conocer muy bien a Jesús, porque se arremolinan risueños alrededor de Él.

396.4

La joven mamá le saluda: «Entra, Maestro, que mi casa es tuya» y sonríe.

Jesús le responde: «El Señor te recompense», y luego alarga el brazo derecho — el izquierdo lo tiene doblado, en el pecho, y tiene recogido con la mano un extremo del manto — para acariciar al pequeñín. Veo la bonita mano de mi Jesús acariciando la frente del pequeñuelo, que se pone mimoso y esconde su cabecita, riendo, contra el cuello de su mamá, y desde ese nido mira a Jesús y ríe, ríe para invitarle a repetir la caricia.

Cerca del pozo, bajo un manzano, cargado de fruta que ya empieza a madurar, hay un banco de piedra, un lugar para sentarse. Jesús se sienta allí, mientras la mujer entra en casa y vuelve con una ánfora. Jesús le dice que le deje el niñito, y le sienta en sus piernas mientras la mujer saca el agua y luego vuelve con una copa colmada de agua y otra de leche, y se las da a Jesús, y elige para Él manzanas maduras (entre otras agrias), y se las ofrece también, disponiendo todo en una bandeja colocada encima del banco, al lado de Jesús. Se comprende que ya otras veces lo ha hecho así. Sabe lo que le gusta a Jesús.

Los apóstoles han seguido a Judas y también beben bajo el pór­tico.

Jesús bebe primero el agua; sigue teniendo al pequeñuelo en sus piernas, y ríe, porque el niño le coge el pelo y la barba. Los otros tres están alrededor de Jesús. Jesús coge las manzanas y da, una a una, a los tres más grandes y, por último, toma Él también una y se la come. Al pequeño, sin embargo, le da de beber de la leche que hay en la copa y luego bebe Él también. Jesús está contento. Ríe como nunca le he visto reír.

La niña se echa contra sus rodillas y, confidentemente, le pone la cabecita encima de las piernas. Jesús le acaricia los rizos. Los dos chiquitos, que se habían alejado corriendo, vuelven: uno con una palomita contra su pecho; el otro arrastrando, cogido de una oreja, a un corderito de pocos días, que bala desesperadamente. Muestran a Jesús sus tesoros.

Jesús se interesa, pero, apiadado de la condición de los dos pobres animales, dice que le den la palomita y, después de admirarla, la deja volar a su nido, y sube al corderito al banco y lo acaricia y le tiene custudiado hasta que la mamá de los niños vuelve y le lleva de nuevo a su sitio.

La niña, no teniendo otra cosa, se agacha, hace un ramito de flores y se lo da a Jesús.

396.5

El Maestro es maestro también con estos pequeñuelos, y habla de las flores a los más grandes, mientras sigue teniendo en brazos al más pequeño, de las flores «hechas tan bonitas por el Padre celestial, desde las más grandes a las más pequeñas; las flores, que son a los ojos de Dios bonitas como los niños cuando son buenos. Y para ser buenos hay que ser como las flores que no hacen el mal a nadie, sino que, al contrario, dan perfume y alegría a todos y hacen siempre la voluntad del Señor naciendo donde Él quiere, floreciendo cuando Él quiere, dejándose arrancar si le place a Él».

Habla de las palomas «tan fieles a su nido y tan limpias, que no se posan nunca encima de las cosas feas, y que recuerdan siempre su casa, y amadas por Dios porque son fieles y puras. También los hijos de Dios deben ser así: como tortolitas que aman la casa del Señor y en ella hacen su nido de amor y que, para ser dignos de ella, saben conservarse puros».

Habla de los corderitos «tan mansos, tan pacientes, tan resignados, que dan lana y leche y carne y se dejan inmolar para bien nuestro, dándonos un gran ejemplo de amor y mansedumbre; los corderitos, tan amados de Dios, que Dios llamará “Cordero” a su Hijo. El buen Dios ama, como a hijos predilectos, a aquellos que saben conservar su alma de cordero hasta la muerte».

Mientras Jesús habla, otros niños entran en el recinto y se arremolinan a su alrededor. Y no sólo niños. También hay adultos escuchando. Hay otras mamás, que ofrecen a los más pequeños y a algunos que están enfermos a Jesús para que los acaricie, los suba un momento a sus piernas. Los más grandecitos se las arreglan solos.

396.6

Jesús está rodeado de una nidada de niños. Tiene niños delante, a los lados, detrás, entre las piernas. No puede moverse. Pero ríe en medio de esta barrera agitada y también un poco reñidora. Todos querrían el primer puesto y los amitos de casa no tienen intención de cederlo, cosa que da la manera a Jesús de ser maestro una vez más: «No hay que ser egoístas ni siquiera en el bien. Sé que me queréis, y me alegro por ello. Yo también os quiero, pero os querré más si ahora dejáis a los otros venir a mí. Un poco para cada uno. Como buenos hermanos. Sois todos hermanos e iguales ante los ojos de Dios y ante los ojos míos. Todos iguales. Es más, los que son obedientes y amorosos para con sus compañeros son los más amados por mí y por Dios».

El enjambre, para mostrar que… es obediente y amoroso, se aleja de golpe. Son todos buenos (!). Jesús ríe.

Pero luego vuelve otra vez el enjambre inocente; vuelve a despecho de las mamás, que no querrían tanta extralimitación impertinente, y a despecho, sobre todo, de los discípulos. Judas Iscariote es el más intransigente, Juan el menos (se ha sentado en la hierba y ríe él también, rodeado de niños). Pero Judas pone ojos amenazadores y gruñe. También Pedro se queja.

Pero los niños, apiñados en torno a Jesús, no hacen caso. Miran desafiantes a los rezongadores y sólo el respeto a Jesús los contiene de hacer alguna mueca contra los dos. Se sienten protegidos por Jesús, que ha abierto los brazos y ha arrimado hacia sí a la mayor cantidad de niños que ha podido: un ramo de flores vivas.

Hay algunos niños que enseñan a Jesús unos juguetes… rotos. Y Jesús, con un trocito de rama, pone de nuevo el eje a las ruedas de un carrito, y arregla (con una cuerdecita y el refuerzo de un palo) la pierna a un caballito de madera que le enseña un niño morenito. Hay unos pastorcitos que, dejado un momento el rebaño en el camino — ya cae la tarde —, se acercan a Jesús, que los acaricia y bendice. Uno le trae una corderita herida, y Jesús, que no quiere que el patrón regañe a su pequeño amigo, detiene la sangre de la corderita y la devuelve.

396.7

Entra una mamá y se abre paso. Lleva en brazos a un niño céreo, enfermo. Está muy enfermo. Totalmente sin fuerzas sobre el pecho de su madre. Jesús, que ya ha tocado a otros niños enfermizos que le habían presentado las madres, abre los brazos y toma en sus piernas al casi muertecito. La madre implora llorando.

Jesús la escucha y la mira. Luego mira a la pobre criaturita flaca y pálida. La acaricia y la besa, y la acuna un poco porque llora. El niño, o niña — no distingo lo que es, porque tiene el pelito largo hasta las orejas — abre los ojos y mira a Jesús con una triste sonrisa. Jesús le habla en voz baja. No entiendo lo que dice, porque lo dice susurrando. El enfermito sonríe otra vez.

Jesús se lo devuelve a su mamá, que está llorando, y la mira fijamente con sus ojos dominadores: «Mujer, ten fe. Mañana por la mañana, tu niño jugará junto con éstos. Ve en paz». Y traza una señal de bendición en la carita de cera.

396.8

Y aquí, ¡oh, Padre! Y aquí tengo la impresión de acercarme a mi Jesús y decirle: «Maestro, ¿qué hay en tu mano, que todo se arregla, o se cura, o cambia de aspecto, cuando uno la toca?».

Una pregunta muy tonta, verdaderamente. Pero a ella mi Jesús responde con divina bondad: «Nada, hija, aparte del fluido de mi inmenso amor. Mira mi mano, obsérvala». Y me ofrece la derecha.

La tomo con veneración, con la punta de los dedos, por la punta de los dedos. No me atrevo a más, mientras el corazón me late muy fuerte. No he tocado nunca a Jesús. Él me ha tocado, pero yo no me había atrevido nunca. Ahora le toco. Siento el leve calor de sus dedos. Siento su epidermis lisa, las uñas muy largas (no salientes, sino largas de forma en la última falange). Veo los largos dedos delgados, la palma marcadamente cóncava; noto que el metacarpo es mucho más corto que los dedos; observo, en donde empieza la muñeca, el recamo de las venas.

Jesús me deja su mano benignamente. Ahora se ha puesto de pie y yo estoy de rodillas. Por eso no veo su cara, pero siento que sonríe, porque su voz porta la sonrisa:

«Como puedes ver, alma amada, no hay nada. Mis años de trabajo me han proporcionado la habilidad de arreglar los juguetes de los niños, y uso esta habilidad mía porque sirve también para atraer hacia mí a las criaturas que prefiero: los niños. Mi humanidad, que se acuerda de haber sido obrera, obra en esto. Mi divinidad obra en esto otro de curar a los niños enfermos, de la misma forma que curo los juguetes enfermos y los corderitos. No tengo nada aparte de mi amor y mi poder de Dios. Y no lo derramo sobre nadie con tanta alegría como sobre estos inocentes que os doy como modelo para entrar en el reino de los Cielos. En su com pañía, Yo descanso. Son sencillos y francos. Y Yo, que soy el Traicionado[2], y siento horror de quien traiciona, hallo paz junto a estos que no saben traicionar; y Yo, que seré Aquel de quien tantos desconfiarán, hallo alegría junto a estos que no saben desconfiar. Y Yo, que seré abandonado por quienes, con reflexión de adulto, piensen en ponerse a salvo en horas de borrasca, hallo consuelo junto a estos que creen en mí sin pensar si su fe puede acarrearles un bien o un mal; creen porque me aman. Sé tú también una niña. Como una de éstas, y tuyo será el reino de los Cielos, que se abre con el empuje impaciente de Jesús, que arde en deseos de tener a su lado a aquellos a quienes más ha amado porque le han amado más. Puedes ir en paz ahora. Te acaricio como a uno de estos pequeñuelos para hacerte feliz. Ve en paz».

396.9

Observe que la visión ha venido mientras, con el sinsabor de una respuesta desconsiderada — que no es la primera de hoy — lloraba desconsolada y desolada y llena de nostalgia y sinsabor por las cosas que constato del corazón de otros. La visión me ha tranquilizado desde que empezó, y luego me ha dado alegría. Y, cuando luego he podido experimentar la alegría de sentir los dedos de Jesús, he sentido la dulzura del éxtasis sobrepujando todas las amarguras.

Miro mi mano, que escribe[3] y conserva la sensación de haber tocado la mano de Jesús, y me parece santa como una cosa que ha tocado una reliquia. ¡Bendito sea mi Jesús!


Notes

  1. J’ignore où cela se trouve. C’est en 1945 que Maria Valtorta aura les visions des deux visites précédentes de Jésus à Yutta, qui ont formé les chapitres 76 (76.8 rappelle la présente vision) et 212.
  2. Moi, qui suis le Trahi : ici, cette intuition intérieure me fait comprendre que Jésus dit “ moi qui suis ”, et plus loin “ je serai ”, parce que la trahison de Judas fermentait dès le début, et le Christ le savait. C’est une note de Maria Valtorta sur la page manuscrite du cahier.
  3. ma main qui écrit, la droite, est restée, à la mort de l’écrivain, blanche et belle, à la différence de la gauche, blême aux extrémités.

Notas

  1. No sé dónde está. La presente visión, en efecto, es anterior a las de los capítulos 76 y 212, relativas a las precedentes visitas de Jesús a Yuttá.
  2. Y Yo, que soy el Traicionado... A pie de página, en el autógrafo, MV señala: aquí, la intuición interna me hace comprender que Jesús dice “soy”, y más adelante “seré”, porque la traición de Judas se incubaba ya desde el principio, y Cristo lo sabía.
  3. mi mano, que escribe, es decir, la mano derecha, en el momento de la muerte de la escritora permanecerá cándida y hermosa; no así la izquierda, que estaba amoratada.