Los Escritos de Maria Valtorta

416. Un mendiant samaritain sur la route de Jéricho.

416. Un mendigo samaritano en el camino de Jericó.

416.1

Je vois Jésus sur une grand-route inondée de soleil. Il n’y a pas un brin d’ombre, pas un brin de verdure. Tout n’est que poussière sur la chaussée et sur la campagne en friche qui la borde.

Cela n’a rien à voir avec les douces collines de Galilée, ou les monts plus boisés de Judée, si riches en eaux et en pâtures. Ici, le sol n’est pas naturellement désertique, mais l’homme l’a rendu tel en le laissant inculte. C’est une plaine, et je ne vois aucune hauteur, même au loin. Ne connaissant pas du tout la Palestine, je ne puis dire de quelle région il s’agit. Mais il est sûr que je ne l’ai jamais vue dans les précédentes visions. Des pierres sont entassées sur un côté de la route, peut-être en attente de sa réfection, car elle est dans un très piteux état. Pour l’instant, elle est couverte d’une couche épaisse de poussière. Quand il pleut, ce doit être un torrent de boue. Je ne vois aucune maison, ni à proximité, ni au loin.

Jésus, comme toujours, marche à quelques mètres en avant des apôtres, qui le suivent en groupe, en nage et fatigués. Pour s’abriter du soleil, ils ont relevé leurs manteaux sur la tête et ils ressemblent à quelque confrérie vêtue d’habits multicolores. Jésus, au contraire, a la tête nue. Le soleil ne semble pas le gêner. Il porte une tunique de lin blanc avec des manches qui lui arrivent au coude. Elle est large et floue, elle n’a même pas le cordon qui fait d’ordinaire office de ceinture. C’est vraiment un habit fait pour ce lieu torride. Même le manteau bleu doit être en lin, car il est très fin et retombe avec légèreté autour du corps, qu’il enveloppe beaucoup moins que d’habitude. Il couvre les épaules, mais laisse les bras libres. Je ne sais pas comment Jésus l’a fixé pour le faire tenir ainsi.

416.2

Assis, à demi-allongé même, sur un tas de cailloux, il y a un homme : un pauvre, un mendiant certainement. Il est vêtu (si on peut dire) d’une tunique sale et déguenillée, qui peut-être a été blanche, mais qui est maintenant couleur de boue. Ses méchantes sandales sont éculées : ce ne sont que deux semelles à moitié usées, retenues par des bouts de ficelle. Il tient dans ses mains un bâton fait d’une branche d’arbre. Une bande souillée entoure son front, et un autre chiffon, crasseux et ensanglanté, lui serre la cuisse gauche, entre le genou et la hanche. Le malheureux, qui n’a que la peau sur les os, est hirsute, fétide et humilié.

Avant même qu’il ne quémande, Jésus est là. Il s’approche du misérable et l’interroge :

« Qui es-tu ?

– Un pauvre qui demande du pain.

– Sur cette route ?

– Je vais à Jéricho.

– Le chemin est long et la contrée dépeuplée.

– Je le sais, mais il est plus facile d’obtenir du pain et une pièce de monnaie de la part des païens qui passent par cette route que des Judéens de chez qui je viens.

– Tu viens de Judée ?

– Oui, de Jérusalem. Mais j’ai dû faire un long détour pour passer chez de braves gens des campagnes qui m’apportent toujours de l’aide. En ville, non. Il n’y a pas de pitié.

– Tu as raison : il n’y a pas de pitié.

– Toi, tu en montres. Tu es judéen ?

– Non, je suis de Nazareth.

– Autrefois, les nazaréens avaient mauvaise réputation, mais aujourd’hui il faut reconnaître qu’ils sont meilleurs que les habitants de Juda. Même à Jérusalem, il n’y a de bons que ceux qui suivent ce Nazaréen que l’on dit prophète. Le connais-tu ?

– Et toi, est-ce que tu le connais ?

– Non. J’y étais allé car, comme tu vois, j’ai une jambe morte et tordue, et je me traîne péniblement. Je ne peux pas travailler, de sorte que je meurs de faim et sous les coups. J’espérais le rencontrer, car on me dit qu’il guérit ceux qu’il touche. C’est vrai que je n’appartiens pas au peuple élu… mais on assure qu’il est bon envers tout le monde. On m’avait informé qu’il se trouvait à Jérusalem pour la fête des semaines. Mais moi, je marche lentement… On m’a frappé, et j’ai été malade en route… Quand je suis arrivé à Jérusalem, il était parti parce que, m’a-t-on dit, les juifs l’ont maltraité lui aussi.

– Et toi, ils t’ont malmené ?

– Toujours. Seuls les soldats romains me donnent du pain.

416.3

– Et que dit-on dans le peuple, à Jérusalem, de ce Nazaréen ?

– Que c’est le Fils de Dieu, un grand prophète, un saint, un juste.

– Et toi, qui penses-tu qu’il soit ?

– Moi, je suis… je suis un idolâtre, mais je crois qu’il est le Fils de Dieu.

– Comment peux-tu croire cela, puisque tu ne le connais même pas ?

– Je connais ses œuvres. Seul un Dieu peut être bon et parler comme lui.

– Qui t’a rapporté ses paroles ?

– D’autres pauvres, des malades guéris, des enfants qui m’apportaient du pain… Les enfants sont bons, et ils ne savent rien des croyants et des idolâtres.

– Mais d’où es-tu ?

– …

– Réponds. Moi, je suis comme les enfants. N’aie pas peur. Sois seulement sincère.

– Je suis… samaritain. Ne me frappe pas…

– Je ne frappe jamais personne. Je ne méprise personne. J’ai pitié de tout le monde.

– Alors… Alors, tu es le Rabbi de Galilée ! »

Le mendiant se prosterne, tombe comme une masse, le visage dans la poussière, en bas de son tas de cailloux, devant Jésus.

« Relève-toi. C’est bien moi, ne crains rien. Relève-toi et regarde-moi. »

Le mendiant lève la tête en restant toujours à genoux, tout recroquevillé à cause de sa difformité.

« Donnez à manger et à boire à cet homme » ordonne Jésus aux disciples, qui sont survenus.

C’est Jean qui lui tend de l’eau et du pain.

« Aidez-le à s’asseoir pour qu’il soit commodément installé. Mange, frère. »

Au lieu de manger, l’homme pleure. Il regarde Jésus avec les yeux d’un pauvre chien perdu qui, pour la première fois, se voit caresser et rassasier par quelqu’un qui a pitié.

« Mange ! » répète Jésus en souriant.

Le malheureux mange entre deux sanglots et les larmes imprègnent son pain, mais dans ses larmes il y a aussi un sourire. Il se rassure tout doucement.

416.4

« Qui t’a fait cette blessure ? demande Jésus en touchant du doigt la bande souillée du front.

– C’est un riche pharisien qui m’a renversé exprès avec son char… Je m’étais placé à un carrefour pour demander du pain. Il a envoyé sur moi ses chevaux, si vite que je n’ai pas pu m’écarter. J’ai failli en mourir. J’ai encore un trou dans la tête et il en sort du pus.

– Et là, qui t’a frappé ?

– Je m’étais approché de la maison d’un sadducéen, où se tenait un banquet, pour demander les restes des tables, après que les chiens en avaient pris le meilleur. Il m’a vu et les a lancés contre moi. L’un d’eux m’a déchiré la cuisse.

– Et cette grande cicatrice qui t’a estropié la main ?

– C’est un coup de bâton qui m’a été donné par un scribe, il y a trois ans. Il a reconnu que j’étais samaritain et il m’a frappé en me brisant les doigts. Voilà pourquoi je ne peux pas travailler. Ma main droite mutilée, une jambe morte, comment gagner ma vie ?

– Mais pourquoi sors-tu de Samarie ?

– Le besoin est une vilaine condition, Maître. Nous sommes beaucoup de malheureux, et il n’y a pas assez de pain pour tous. Si tu m’aidais…

– Que veux-tu que je fasse pour toi ?

– Me guérir pour que je puisse travailler.

– Crois-tu que je puisse le faire ?

– Oui, je le crois, car tu es le Fils de Dieu.

– Tu crois cela ?

– Oui.

– Toi, un samaritain, tu le crois ? Pourquoi ?

– J’ignore pourquoi. Je sais que je crois en toi et en Celui qui t’a envoyé. Maintenant que tu es venu, il n’y a plus de différence d’adoration. Il suffit de t’adorer, toi, pour adorer ton Père, Seigneur éternel. Là où tu es, là est le Père.

416.5

– Mes amis, entendez-vous ? » (Jésus se tourne vers les disciples). « Cet homme parle par la vertu de l’Esprit Saint qui lui éclaire la vérité. Il est vraiment supérieur aux scribes et aux pharisiens, aux sadducéens cruels, à tous ces idolâtres qui se prétendent mensongèrement fils de la Loi. La Loi dit qu’après Dieu, il faut aimer son prochain. Or, à leur prochain qui souffre et demande du pain, ces gens donnent des coups ; contre celui qui supplie, ils lancent des chevaux et des chiens ; contre celui qui s’abaisse plus bas que les chiens du riche, ils lancent les chiens eux-mêmes pour le rendre plus malheureux encore que l’infirmité ne le faisait. Méprisants, cruels, hypocrites, ils ne veulent pas que Dieu soit connu et aimé. S’ils le voulaient, ils le feraient connaître par leurs œuvres, comme cet homme l’a dit.

Ce sont les œuvres et non les pratiques, qui font voir Dieu vivant dans le cœur des hommes et qui mènent les hommes à Dieu.

Dis-moi, Judas, toi qui me reproches d’être imprudent : ne devrais-je pas les frapper par ma réprobation ? Me taire, faire semblant d’être d’accord, serait ratifier leur conduite. Non. Pour la gloire de Dieu, je ne puis, moi son Fils, permettre que les humbles, les malheureux, les hommes bons, s’imaginent que j’approuve leurs péchés. Des païens, je suis venu faire des fils de Dieu, mais cela m’est impossible s’ils voient les fils de la Loi — ils se prétendent tels, mais ce sont des bâtards — pratiquer un paganisme plus coupable que le leur. En effet ces hébreux ont connu la Loi de Dieu, mais maintenant, comme des animaux immondes, ils crachent sur elle le dégorgement de leurs passions satisfaites. Dois-je croire que tu es comme eux, Judas, toi qui me réprimandes de dire des vérités ? Ou bien dois-je penser que tu es inquiet pour ta vie ? Celui qui me suit ne doit pas avoir de préoccupations humaines. Moi, je l’ai dit. Il est encore temps, Judas, de choisir entre ma route et celle des juifs que tu approuves. Cependant, réfléchis : la mienne mène à Dieu, l’autre à l’Ennemi de Dieu. Réfléchis et décide, mais sois franc.

416.6

Quant à toi, mon ami, lève-toi et marche. Enlève ces bandes. Retourne chez toi. Tu es guéri en raison de ta foi. »

Le mendiant le regarde avec étonnement. Il n’ose pas essayer d’allonger la main… puis il s’y risque. Elle est intacte, redevenue identique à la main gauche. Il laisse tomber son bâton, appuie les mains sur le tas de pierre et fait un effort. Il se lève. Il se tient debout. La paralysie qui déformait sa jambe est guérie. Il bouge la jambe, la plie… fait un pas, puis deux, puis trois. Il marche… Il regarde Jésus, en poussant un cri et en pleurant de joie. Il enlève la bande de sa tête. Il se tâte du côté de l’occiput où se trouvait le trou infecté : plus rien. Tout est guéri. Il arrache de sa hanche le chiffon taché de sang : la peau est intacte.

« Maître, mon Maître et mon Dieu ! s’écrie-t-il en levant les bras et en se jetant ensuite à genoux pour baiser les pieds de Jésus.

– Maintenant, retourne chez toi, et crois toujours dans le Seigneur.

– Et que dois-je faire, mon Maître et mon Dieu, si ce n’est te suivre, toi qui es saint et bon ? Ne me repousse pas, Maître…

– Va en Samarie et parle de Jésus de Nazareth. L’heure de la Rédemption est proche. Sois mon disciple auprès de tes frères. Va en paix. »

Jésus le bénit, puis ils se séparent. L’homme guéri part d’un pas leste vers le nord, en se retournant de temps à autre pour regarder encore.

Jésus et les apôtres quittent la route et pénètrent dans des champs incultes vers l’orient par un sentier qui coupe la grand-route et qui ne s’élargit que beaucoup plus loin. Peut-être est-ce la route de Jéricho. Je ne sais pas.

[…]

416.1

Veo a Jesús yendo por una calzada de primer orden llena de polvo y sol. No hay ni un hilo de sombra ni una pizca de verdor. Polvo en el camino y en las incultas tierras que lo bordean. Ciertamente no son las dulces colinas de Galilea, ni los montes más bosquivos de Judea, tan ricos en agua y pastos. Este terreno no es desértico por propia naturaleza, pero ha venido a serlo por la acción del hombre, que lo ha dejado yermo. Es llanura. No veo ninguna colina, ni siquiera en la lejanía. No conociendo en absoluto Palestina, no puedo decir qué región es. Eso sí, es una región que no he visto nunca en las precedentes visiones[1]. A un lado de la calzada hay montones de pedralla; quizás acumulados para repararla, pues está en pésimas condiciones. Por ahora uno se hunde en la arena. Cuando llueve debe transformarse en un torrente de lodo. No veo ninguna casa, ni cercana ni lejana.

Jesús, como siempre, va algunos metros delante de los apóstoles, que le siguen en grupo, sudorosos y cansados. Para resguardarse del sol se han echado sobre la cabeza los mantos: parecen una cofradía vestida con hábitos multicolores. Jesús, sin embargo, lleva la cabeza descubierta. Parece que no le da ninguna molestia el sol. Viste una túnica de lino blanco, de mangas cortas hasta el codo, muy amplia y suelta; no lleva siquiera el habitual cinturón de cordones: es un indumento verdaderamente indicado para este lugar tórrido. También el manto debe ser de lino — teñido de azul —, porque es muy fino y cae liviano sobre el cuerpo, al que arropa mucho menos de lo habitual; cubre los hombros pero deja libres los brazos. No sé cómo lo ha sujetado para hacer que esté así.

416.2

Sentado, semiechado más bien, en uno de los montones de pedralla, hay un hombre. Un pobre, un mendigo sin duda. Está vestido — digámoslo así — con una sucia y andrajosa, pequeña túnica que quizás ha sido blanca pero que ahora es de color barro. Calza dos miserables sandalias destaconadas: dos suelas semidesfondadas sujetas con unos cordeles. En las manos, un bastón hecho con una rama de árbol. En la frente una venda sucia; en la pierna izquierda, entre la rodilla y el extremo superior, otro trapajo sucio y ensangrentado. El pobre está demacrado: un montón de huesos; abatido, sucio, hirsuto, despeinado.

Antes de que él invoque a Jesús, Jesús va hacia él. Se acerca al mísero y pregunta: «¿Quién eres?».

«Un pobre que pide pan».

«¿Por este camino?».

«Voy a Jericó».

«El camino es largo y la región está despoblada».

«Lo sé, pero es más fácil que me den un pan y una moneda los gentiles que pasan por este camino, que no los judíos. Vengo de estar entre judíos».

«¿Vienes de Judea?».

«Sí. De Jerusalén. Pero he tenido que dar una vuelta grande para pasar por donde ciertas personas buenas de los campos, que siempre me ofrecen ayuda. En la ciudad no. No hay piedad».

«Es como has dicho. No hay piedad».

«Tú la tienes. ¿Eres judío?».

«No. De Nazaret».

«Hace tiempo tenían mal nombre los nazarenos. Pero ahora hay que decir que son mejores que los de Judá. También en Jerusalén sólo los seguidores de ese Nazareno que llaman Profeta son buenos. ¿Le conoces?».

«¿Y tú le conoces?».

«No. Había ido porque, mira, tengo la pierna muerta y agarrotada, y me muevo con dificultad. No puedo trabajar. Me muero de hambre, y también por los golpes. Tenía esperanza de encontrarle, porque me dicen que cura a quien toca. Es verdad que no soy del pueblo elegido… pero dicen que es bueno con todos. Me habían dicho que estaba en Jerusalén para la fiesta de las Semanas. Pero yo andaba lento… y me han pegado, y he enfermado por el camino… Cuando llegué a Jerusalén ya se había marchado, porque, me han dicho, los judíos le han tratado mal también a Él».

«¿Y a ti te han maltratado?».

«Siempre. Sólo los soldados romanos me dan un pan».

416.3

«¿Y qué se dice en Jerusalén, entre el pueblo, de este Nazare­no?».

«Que es Hijo de Dios, un gran profeta, un santo, un justo».

«¿Y tú qué crees que es?».

«Yo soy… soy un idólatra. Pero creo que es el Hijo de Dios».

«¿Cómo puedes creerlo, si ni siquiera le conoces?».

«Conozco sus obras. Sólo un Dios puede ser bueno como Él y decir las palabras que dice Él».

«¿Quién te ha referido esas palabras?».

«Otros pobres, enfermos curados, niños que me traen el pan… Los niños son buenos y no saben nada ni de creyentes ni de idólatras».

«¿Pero de dónde eres?».

«…».

«Dilo. Yo soy como los niños. No tengas miedo. Sólo sé sincero».

«Soy… samaritano. Pero no me pegues…».

«No pego a nadie. No desprecio nunca a nadie. Tengo piedad de todos».

«Entonces… ¡Entonces eres el Rabí de Galilea!».

El mendigo se postra, se arroja abajo desde su montón de piedras, como un cuerpo muerto, rostro en tierra delante de Jesús.

«Levántate. Soy Yo. No temas. Levántate y mírame».

El mendigo alza el rostro, aunque sigue de rodillas, muy ladeado por su deformidad.

«Dad un pan y de beber a este hombre» ordena Jesús a los discípulos que ya han llegado. Es Juan el que da pan y agua. «Ponedle sentado, que coma tranquilamente. Come, hermano».

El pobre llora. No come. Mira a Jesús con los ojos de un pobre perro vagabundo que por primera vez se ve acariciado y alimentado por una persona compasiva.

«¡Come!» ordena Jesús sonriendo.

El pobrecillo come entre un sollozo y otro, y las lágrimas mojan el pan. Pero en su llanto hay también una sonrisa. Poco a poco se tranquiliza.

416.4

«¿Quién te ha hecho esta herida?» pregunta Jesús, tocando con sus dedos la venda sucia de la frente.

«Me atropelló, adrede, con su carro, un fariseo rico… Yo me había puesto en un cruce pidiendo un pan. Dirigió contra mí a los caballos, tan rápido que no pude apartarme. Por eso he estado a punto de morir. Tengo todavía un agujero en la cabeza que mana materia putrefacta».

«¿Y ahí quién te ha golpeado?».

«Me había acercado a la casa de un saduceo, donde había un banquete, para pedir las sobras de las mesas, después de que habían elegido los restos mejores para los perros. Me vio y me embriscó los perros. Uno me desgarró el muslo».

«¿Y esta cicatriz grande que te deforma la mano?».

«Fue un golpe con un palo que me dio un escriba hace tres años. Me reconoció como samaritano y me golpeó y me rompió los dedos. Por esto no puedo trabajar. Deformada la derecha, muerta una pierna, ¿cómo puedo ganar para vivir?».

«¿Pero por qué sales de la Samaria?».

«La necesidad es dura, Maestro. Somos muchos los necesitados y no hay pan para todos. Si Tú me ayudaras…».

«¿Qué quieres que haga contigo?».

«Sanar para trabajar».

«¿Crees que puedo hacerlo?».

«Sí, lo creo, porque Tú eres el Hijo de Dios».

«¿Crees tú esto?».

«Lo creo».

«¿Tú, samaritano, lo crees? ¿Por qué?».

«Por qué, no lo sé. Sé que creo en ti y en quien te ha enviado. Ahora que has venido, ya no hay diferencia de adoración. Basta adorarte a ti para adorar a tu Padre, Señor eterno. Donde Tú estás está el Padre».

416.5

«¿Oís, amigos? (Jesús se vuelve a los discípulos). Este hombre habla por el Espíritu que le ilumina la verdad. Y este hombre, en verdad os digo, es superior a los escribas y fariseos, a los saduceos crueles, a todos estos idólatras que mentirosamente se dicen hijos de la Ley. La Ley dice que hay que amar al prójimo, después de a Dios. Y éstos al prójimo que sufre y pide pan le dan palos; contra el prójimo que suplica lanzan caballos y perros; al prójimo que se rebaja, que se coloca más abajo que los perros del rico, le embriscan a los mismos perros para hacerle todavía más infeliz de lo que ya la enfermedad le hace. Despreciadores, crueles, hipócritas, no quieren que Dios sea conocido ni amado. Si lo quisieran, le darían a conocer a través de las obras, como éste ha dicho. Son las obras, no las prácticas, las que revelan a Dios vivo en el corazón de los hombres y llevan a los hombres a Dios. ¿No debo, Judas que me echas en cara que soy imprudente, censurarlos? Callar, fingir que los apruebo, sería aprobar su conducta. No. Por la gloria de Dios, no puedo Yo, su Hijo, permitir que la gente humilde, infeliz, buena crea que apruebo los pecados de éstos. He venido para hacer, de los gentiles, hijos de Dios. ¿Pero cómo puedo hacerlo si ellos ven que los hijos de la Ley — se llaman eso a sí mismos, pero son bastardos — practican un paganismo más culpable que el suyo?, porque estos hebreos han conocido la Ley de Dios y ahora escupen encima de nosotros el vómito de sus pasiones apagadas a la manera de animales inmundos. ¿Debo creer, Judas, que tú eres como ellos? ¿Tú que me censuras por las verdades que digo? ¿O debo pensar que estás preocupado por tu vida? El que me sigue no debe tener preocupaciones humanas. Lo he dicho. Estás a tiempo todavía, Judas, de elegir entre mi vida y la de los judíos que apruebas. Pero piensa: la mía va a Dios; la otra, al Enemigo de Dios. Piensa y decide. Pero sé auténtico.

416.6

Y tú, amigo, levántate y anda. Quítate esas vendas. Vuelve a tu casa. Estás curado por tu fe».

El mendigo le mira asombrado. No se atreve a tratar de extender la mano… luego prueba. Está intacta. Vuelve a ser idéntica a la izquierda. Deja el bastón, apoya las manos en el montón de piedras y hace fuerza. Se levanta. Se sujeta de pie. La parálisis que agarrotaba la pierna está curada. Mueve la pierna, la dobla… da un paso, dos, tres. Camina… Mira a Jesús con un grito y un sollozo de alegría. Se quita la venda de la cabeza de un tirón. Se toca hacia el occipital, donde estaba el agujero purulento. Nada. Todo curado. Se quita, también bruscamente, del muslo el andrajo ensangrentado: la piel está intacta.

«¡Maestro! ¡Maestro y Dios mío!» grita alzando los brazos para arrojarse luego de rodillas a besar los pies de Jesús.

«Ve a casa ahora y cree siempre en el Señor».

«¿Y a dónde debo ir, Maestro y Dios, sino tras ti, que eres santo y bueno? No me rechaces, Maestro…».

«Ve a Samaria. Y habla de Jesús de Nazaret. La hora de la Redención está cercana. Sé me discípulo entre tus hermanos. Ve en paz».

Jesús le bendice y luego se separan. El curado va raudo hacia el Norte. Se vuelve de vez en cuando para mirar otra vez.

Jesús con los apóstoles deja el camino, y se adentran hacia oriente por los campos incultos, para tomar una vereda que corta al camino de primer orden y que no se hace más ancha hasta mucho más adelante. Quizás es el camino de Jericó. No lo sé.


Notas

  1. que no he visto nunca en las precedentes visiones, es decir, en las visiones escritas antes del 17 de mayo de 1944.